Prodiges en Galilée

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Prodiges en Galilée

JEAN - MICHEL TOUCHE mame

À Camille, Simon et Jade, mes petits-enfants, à la mémoire de Charlotte à qui j’aimais lire les aventures des Messagers de l’Alliance.

Demain, nous partons pour Jérusalem.

J’en suis à la fois heureux et inquiet. Entre ceux qui s’apprêtent à faire au rabbi un accueil triomphal et les bruits alarmants que nous entendons de toute part sur les intentions des pharisiens et des prêtres, je ne sais plus que penser. J’ai comme un pressentiment, l’impression qu’un complot se trame dans notre dos. Une trahi son, quelque chose de pas clair du tout. Bien que Frédéric pense comme moi, nous ne voulons pas en parler avec Caroline, de peur deMaisl’effrayer.après tout, je me fais peut-être des idées ?

Pourtant, voici que me reviennent à l’esprit un certain nombre d’événements : ceux auxquels nous avons participé depuis notre dernier voyage à travers l’espace et le temps, Frédéric, Caroline et moi, et ceux que l’on nous a racontés avec tant de conviction qu’il me semble les avoir vécus moi-même.

Tous ces morceaux de vie et de découverte se bousculent dans ma tête à la manière d’un kaléidoscope. Lorsque nous serons à Jérusalem, je sais qu’ils vont s’assembler comme les éléments de la vérité. Alors, enfin, nous comprendrons. Le rabbi me l’a confié hier à l’oreille, chez Marthe et Marie, en m’assurant que le monde entier le saurait un jour : il est le chemin, la vérité et la vie.

Drôle de formule !

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Pour l’instant, assis à l’écart, les yeux fermés, je revois ces moments incroyables que nous venons de vivre. Ils ne défilent d’ailleurs pas nécessairement dans l’ordre dans lequel ils se sont produits, mais c’est ainsi qu’ils se nouent les uns aux autres dans mon esprit, et c’est ma manière à moi d’entrer peu à peu dans le mystère du rabbi de Nazareth.

J’en ai presque oublié le retour chez nos parents, après la reconstruction du Temple et de Jérusalem. C’est à peine si ce passage a duré le temps d’un éclair, juste assez pour rassurer Claire et Marc, mes parents, sur notre sort. Juste assez également pour rencontrer l’homme à l’imperméable gris qui m’a lancé à la figure cette phrase dont le sens m’échappe : « Ce n’est plus toi que j’ai dans le collimateur, je vise quelqu’un d’autre. »

Ensuite, Nataël nous a déclaré tout de go qu’il ne viendrait plus comme auparavant nous aider à avancer dans notre mission. « Vous n’allez pas tarder à rencontrer plus grand que le Temple », m’a-t-il donné comme excuse. C’étaient les mêmes mots que ceux du cylindre de lapis-lazuli. Cela m’a frappé. Il a ajouté avec un sourire un peu triste : « Alors tu comprends, moi, je n’ai plus qu’à me faire tout petit. En Haut, a-t-il ensuite précisé en levant le doigt vers le ciel comme chaque fois qu’il parle de “Là-Haut” ou du “Très-Haut”, je sais qu’on est vraiment content de vous. Maintenant, avant que je file, un dernier conseil : passez en revue les indices que vous avez trouvés lors de vos aventures précédentes. Ils vous aideront à y voir plus clair. Regardez bien le carnet secret. Bon ! À présent, je dois disparaître. »

Et sans nous laisser une seule seconde pour prévenir Claire et Marc que nous repartions, il nous a renvoyés dans le passé.

L’AFFAIRE BARABBAS

Quel choc en arrivant à Jérusalem ! Non pas que la traversée de l’espace et du temps fût plus brutale que d’habitude, mais nous atterrîmes au milieu d’une cohue invraisemblable. On aurait dit que la folie s’était emparée de la ville. Des cris montaient de toute part : Arrêtez-le ! À mort ! Lapidons-le ! À mort Barabbas !

Reprenant instantanément conscience, j’aperçus Caroline et Frédéric, à deux pas de moi, qui recouvraient également leurs esprits et s’interrogeaient, eux aussi, sur la raison de ce vacarme.

Nous n’eûmes pas le temps de nous concerter. Un bruit de course précipitée précéda de quelques secondes l’apparition, sur la minuscule place où nous nous trouvions, d’un homme immense, sorte de Goliath hirsute, le visage envahi par une barbe épaisse, drue comme la toison d’un bélier, et les yeux aussi sombres que la nuit. Il poussait d’épouvantables jurons.

Lancée à sa poursuite, une foule déchaînée, hystérique, rugissait derrière lui, proférant des appels à la vengeance et brandis sant leArrêtez-lepoing. ! hurlaient des voix éraillées de trop avoir vociféré.

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À mort Barabbas ! Tuez-le !

Déjà, les premiers rangs se baissaient pour ramasser des pierres et lapider cette bête, cette brute, leur ennemi juré. L’une d’elles, au tir sans doute mieux ajusté que les autres, l’atteignit au sommet du crâne et le fit trébucher. Au comble de l’ivresse, la meute en colère émit une clameur énorme où se mêlaient à la fois l’hallali et la satis faction d’avoir enfin atteint celui dont elle voulait la peau.

Comprenant que ses chasseurs étaient devenus des bêtes comme lui et n’auraient aucune pitié, le forcené se retourna brusquement, gronda à la façon d’un ours et brandit le poing, menaçant ses poursuivants qui stoppèrent net, médusés par cette audace, terrifiés peut-être aussi. Barabbas aperçut Caroline qui achevait de se lever. D’un bond, il se précipita sur elle, la saisit par le bras et la tint devant lui à la façon d’un bouclier.

C’est elle que vous voulez lyncher ? vociféra-t-il avec des accents de bête. C’est ça que vous cherchez ? Allez-y ! Qu’est-ce que vous attendez ? Lancez-les, vos pierres, et visez bien !

À l’instant, un silence de mort tomba sur la place. Gesticulations et vindictes cessèrent, laissant la place aux gémissements de Caroline qu’étouffait l’étreinte du géant et qui se débattait pour s’en délivrer. Aucun des poursuivants ne rompit les rangs pour tâcher de la libérer, à l’exception d’une femme qui s’écria : Lâche-la immédiatement, Barabbas, elle est trop jeune pour mourir

L’homme! jura de plus belle.

Sans nous concerter, nous bondîmes sur la brute, Frédéric de son côté et moi du mien, afin de délivrer Caro dont les bras s’agitaient

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en mouvements désordonnés. Surpris par cette attaque, l’immonde individu émit un son proprement inhumain et desserra son étreinte une fraction de seconde, suffisamment pour que Caroline parvienne à s’échapper.

Pendant que Frédéric, décidément plus adroit que moi dans ce genre de situation, réussissait à se cramponner à l’épaisse tignasse du forcené, un coup de poing, puissant comme le bélier qui avait autrefois ébranlé les remparts de Jérusalem, me cueillit à l’estomac, me coupant la respiration, tandis qu’un second, plus violent, plus sournois, m’atteignait au visage, m’obligeant à lâcher prise, et m’envoya rouler deux ou trois mètres plus loin. Je perdis aussitôt connaissance. La brute épaisse avait bien failli me tuer !

Je ne vis rien d’autre. Ni l’arrivée au pas de charge d’un détachement de soldats romains portant lances et boucliers, qui immobilisèrent le fou furieux, ni l’avalanche de coups dont les soldats durent le protéger car la foule exigeait sa mort et voulait l’écharper. Cela, je ne l’appris que plus tard.

PILATE ET CAÏUS

Lorsque je sortis de l’état semi-comateux dans lequel m’avait expédié Barabbas le barbare, un garde se penchait sur moi, un baquet entre les mains, prêt à déverser sur mon visage tuméfié un flot d’eau sale, histoire de me faire revenir aux dures réalités de l’existence.Ehbien,

ce n’est pas trop tôt ! s’exclama cet individu dont le faciès me parut assez primaire, accoutré d’un uniforme que, sur le moment, je trouvai plutôt bizarre, n’en ayant jamais vu de semblable, ni à Jérusalem ni à Babylone. À présent, mon bonhomme, dis-moi ton nom, que je t’inscrive.

Mon nom ? Il voulait inscrire mon nom ? Pour quoi faire ? Je tentai de me lever d’un bond, mais si le poing droit de Barabbas m’avait esquinté le profil, son gauche m’avait carrément démoli l’estomac. Un éclair me traversa les yeux, accompa gné d’une envie folle de refouler mon dernier repas, et c’est miracle que je ne sois pas retourné aussitôt dans l’état d’inconscience d’où je venais de sortir. Alors, ce nom, ça vient ?

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Ma parole ! Celui-ci aussi était un maniaque ! Que voulait-il faire de mon nom ? Sur le moment je fus tenté de me taire, mais à la réflexion n’importe qui pourrait lui dire comment je m’appelais. Aussi lui déclinai-je mon identité.

Nacklus ? C’est curieux, ce nom, fit l’homme, l’air étonné, en relisant ce qu’il venait d’écrire sur un grand registre.

Non. Ce n’est pas Nacklus, c’est Nacklas. Na-cklas ! Ben, tant pis, mon p’tit gars ! J’ai écrit Nacklus, on ne peut plus changer.

— Ah ! Eh bien, non ! Ça ne va pas du tout. Mon nom, c’est NACKLAS. J’insiste. Pas Nacklus. Ce n’est tout de même pas maintenant qu’on va le changer. Et puis inutile de m’appeler bonhomme ou p’tit gars. C’est insupportable.

Non mais dis donc, bonhomme, je vais te calmer, moi, tu vas voir, ricana le garde. Si tu ne nous avais pas permis d’arrêter l’autre tordu, j’te jetterais au trou, moi, pour t’apprendre.

— Pour m’apprendre quoi ? m’exclamai-je dans un état d’énervement de plus en plus difficile à maîtriser, bien que la plus élémentaire prudence me conseillât pourtant de me calmer.

Pour… pour t’apprendre… Et puis d’abord, j’ai pas d’explication à donner. Ensuite, j’te préviens, n’t’amuse plus à faire du bazar dans la rue, autrement j’te prends et j’te fiche au cachot, comme l’autre tordu.

L’autre tordu ?

Ouais, tu sais très bien de qui je veux parler. Barabbas. Ça fait des mois qu’on lui courait après, à ce criminel. Eh bien, si tu joues aux agitateurs, je t’attrape et…

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Octavus, arrête, maintenant, et amène-moi ce garçon.

La voix qui avait donné cet ordre provenait d’une terrasse que je n’avais pas remarquée jusque-là. Levant la tête, je vis un individu en tunique plissée d’une blancheur éclatante, qui nous regardait et donnait l’impression de s’amuser à nous écouter.

Le dénommé Octavus se figea dans un garde-à-vous impeccable et leva le menton en guise de salut. Il me jeta un regard à la fois furieux et menaçant et me conduisit vers un escalier qui menait à la terrasse.

À tes ordres, Procurateur ! lança-t-il à tue-tête. Mais atten tion ! Il est peut-être jeune, mais c’est une forte tête.

Ça va, Octavus. Je garderai la situation en main, ne t’inquiète pas. Laisse-nous à présent.

Raide et digne, sans faire le moindre commentaire, le soldat descendit les marches pour regagner la vaste cour où nous nous trouvions quelques minutes auparavant, mais je devinais un bouillonnement intérieur et je me dis qu’il serait prudent, à l’avenir, d’éviter de croiser son chemin. Il allait pénétrer dans un bâtiment qui faisait penser à une salle de garde, quand celui qu’il avait appelé « Procurateur » se pencha et le rappela.

À propos, Octavus, pour le nom, je crois que tu peux tout de même le Tournécorriger.versnous, le visage impassible, le garde fit semblant de ne pas avoir bien compris.

Oui, je pense que tu es comme moi, Octavus. Nacklus, ce n’est pas très joli. Nacklas, c’est bien mieux, tu ne trouves pas ? Corrige donc. Ça restera entre toi et moi. N’est-ce pas ?

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Bien sûr, Procurateur.

Il me semble, mais je ne voudrais pas être mauvaise langue, que le garde réprima une moue de désapprobation.

Le procurateur quitta le bord de la terrasse d’où il venait de s’adresser à Octavus, et se mit à l’ombre en m’invitant à le rejoindre. Une fois assis dans un vaste fauteuil, il frappa des mains et ordonna à un serviteur, qui apparut avec empressement, d’apporter des rafraîchissements.—Prendsplace, me dit-il en m’indiquant un siège.

Son visage changea d’expression et se fit songeur.

Il faut que tu excuses Octavus, me dit-il en souriant. Aux yeux de Rome, la Judée n’est qu’une lointaine province. C’est pour cela que l’on ne m’a pas donné la quintessence des légionnaires, même si ce sont des braves. Et cet Octavus, notamment, m’a sauvé la vie lors d’une bataille près du Pont-Euxin. Je lui fais une confiance totale. Il m’est très attaché.

Le serviteur réapparut, suivi de deux esclaves – je n’appris leur condition que plus tard – qui installèrent près de nous une table sur laquelle ils disposèrent un pot rempli d’eau parfumée au citron, ainsi que deux coupes.

Sers ce jeune homme, ordonna le procurateur.

Surpris par les égards qui m’étaient accordés après la brutalité de ma rencontre avec Barabbas et mon début d’altercation avec Octavus, c’est à peine si j’osais saisir la coupe que l’on me tendit.

Bois, n’aie pas peur, ça te fera du bien. Il fait horriblement chaud dans ce pays. Je le supporte de plus en plus difficilement,

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d’ailleurs. Ah ! Rome me manque. J’ai hâte que l’empereur se souvienne du procurateur qu’il a envoyé dans cette fichue région ! Depuis que je suis arrivé ici, les Juifs ne me causent que des soucis. Si on a le malheur de toucher à leur sacré temple, tout le peuple s’enflamme.Leprocurateur s’interrompit avec l’arrivée dans la cour d’un cavalier qui sauta de son cheval, escalada les marches à toute vitesse et s’inclina devant lui.

— Ave, Pilate ! Je viens te donner rapport de la mission que tu m’asPuis,confiée.mevoyant, le cavalier se tut et lança dans ma direction un regard chargé de suspicion.

Ça va, ça va, fit Pilate. Tu peux parler devant lui, Caïus. Ce jeune Juif a l’air d’un enfant, mais c’est lui qui a permis de mettre Barabbas en prison.

Caïus changea son regard et je crus discerner dans ses yeux un mélange de surprise et de considération, mais, bon, je n’étais pas sûr, donc je fis celui qui n’avait rien vu, histoire de rester modeste ! Ça bouge du côté du Jourdain, Pilate. Comme tu l’avais ordonné, j’ai mis en place un réseau d’espions pour surveiller les alentours de la Mer de sel, dans la région où se jette le Jourdain. Au début, ils n’ont rien noté d’anormal. Mais depuis quelque temps, plusieurs d’entre eux m’ont fait remonter des informations curieuses au sujet d’un ermite qui vit dans le désert, un certain Yohanân. Un homme qui vit de sauterelles et de miel sauvage, paraît-il, et qui baptise dans l’eau du Jourdain.

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Qui baptise ? s’étonna Pilate. Que veux-tu dire par là ?

Je ne sais pas très bien, avoua Caïus. C’est une coutume de leur religion, d’après ce que j’ai compris.

Ah ! soupira Pilate. Leur religion ! Cette population est insupportable avec sa religion ! On n’en sortira donc jamais ? Je crains le pire. Explique-toi.

En ce qui concerne le baptême, je me suis posé la même question que toi, Pilate, répondit Caïus. Qu’est-ce que ça signifie ? Pour en savoir plus, je me suis rendu sur les rives du fleuve, habillé comme les gens d’ici. On ne pouvait pas me remarquer.

Et ton accent ? Comment as-tu fait avec ton accent ?

J’ai fait semblant d’être muet. Comme ça, ni vu ni connu. Bravo, ça ne m’étonne pas de toi ! Alors, qu’as-tu vu là-bas, qui t’ait inquiété au point de venir me le rapporter ? Caïus hésita quelques secondes, comme s’il se demandait s’il était opportun d’en parler à Pilate. Il fronça les sourcils, baissa la tête, regarda autour de lui et sembla gêné de ma présence. Moi, je me faisais tout petit. Cet homme allait dire des choses impor tantes, je le sentais, et je voulais les entendre. Il ne fallait surtout pas que l’on m’écarte.

Non, non, fit Pilate qui avait remarqué, lui aussi, l’embarras de l’officier et me désigna du menton, ne crains rien. Je t’assure que tu peux parler devant lui.

Voilà. J’ai beaucoup réfléchi, reprit Caïus. Les Juifs forment un peuple différent des autres. Ici, tout tourne autour de la religion.

Ah, ça, je le sais bien, rétorqua Pilate avec une grimace. La moindre étincelle risque de mettre le feu aux poudres et

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Prodiges en Galile e d’entraîner une tentative de sédition. En acceptant le poste de procurateur de Judée, je n’imaginais pas le cadeau empoisonné que me faisait Tibère !

Pourquoi ? me risquai-je à demander car je ne comprenais pas en quoi le cadeau était « empoisonné ».

Pourquoi ? Mais mon jeune ami, on ne peut pas avoir un ins tant de tranquillité, ici. À chaque fête religieuse, je suis obligé de quitter ma résidence de Césarée et de venir m’installer à Jérusalem pour garder la situation en main.

— Pourquoi ? demandai-je de nouveau. C’est plutôt bien, les fêtes, non Plutôt?

bien ? s’exclama Pilate en bondissant de son siège. Je vois que tu ne sais pas de quoi tu parles. Chaque fois qu’il y a une fête religieuse, je suis obligé de mettre la Légion en état d’alerte par crainte de débordements. Et pour en célébrer, ils en célèbrent, des fêtes religieuses, les Juifs. Ils n’arrêtent pas. La fête des Huttes, la fête des Expiations, la fête de la Pentecôte pour les moissons, celle de la Dédicace pour le nouvel autel des holocaustes, et la fête de ceci, et la fête de cela. Et la Pâque. Tiens, j’allais l’oublier, celle-là ! Alors là, c’est l’apothéose ! Toute la Judée monte à Jérusalem. Yérouchalaïm, comme ils chantent. Chaque année, on frise la catastrophe. Et le plus agaçant, c’est que je n’ai toujours pas compris ce qu’ils fêtent ce jour-là.

Sans réfléchir aux conséquences de ma réaction, je quittai à mon tour mon siège et rétorquai en regardant Pilate droit dans les yeux : Pâque, c’est le passage de Dieu à travers l’Égypte et la libération de son peuple.

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Puis je me rassis. Cette repartie eut le don de faire baisser d’un cran le niveau d’adrénaline de Pilate qui me regarda, incrédule, comme si je venais d’ailleurs.

Et qu’est-ce que tu en sais, toi ? finit-il par demander après quelques secondes d’hésitation.

Je faillis répondre du tac au tac « Parce que j’y étais », mais une voix intérieure (Nataël ne nous avait peut-être pas complètement abandonnés) me le déconseilla vivement, me faisant comprendre que ce serait de mauvais goût et que l’on ne me prendrait pas au sérieux. Aussi je me contentai d’affirmer que c’était mon secret.

Curieusement, l’assurance avec laquelle j’avais parlé du passage de Dieu pour la libération des Hébreux laissait Pilate pantois. Toutefois, pour ne pas laisser paraître sa perplexité, il changea de sujet et se tourna vers Caïus.

Alors, ce Yohanân, cet ermite qui mange de la sauterelle et du miel sauvage, c’est un agitateur, lui aussi ?

— Non, Pilate. Pas à proprement parler. Il se contente de baptiser tous ceux qui viennent le trouver et qui souhaitent se faire par donner leurs Commentfautes.ça, se faire pardonner leurs fautes ? Je suis seul ici à pouvoir le faire, sur délégation de Tibère et en vertu des pouvoirs qu’il m’a confiés.

Une fois encore, constatant que le procurateur faisait fausse route, je me permis d’intervenir. Je pense qu’il ne s’agit pas de la même chose. Les fautes dont les Juifs demandent le pardon sont des fautes religieuses. C’est très différent.

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Mais dis donc, toi, fit Pilate de plus en plus étonné, tu en sais, des choses. D’où tiens-tu cela ?

Que faire ? Je ne pouvais pas, évidemment, parler de notre mission à cet homme qui ne savait rien du peuple juif bien qu’il repré sentât, je le comprenais, un pouvoir politique très puissant. D’un autre côté, il fallait dire quelque chose. Mais quoi ? Je me contentai d’affirmer que j’avais beaucoup lu, ce qui parut une explication suffisante aux yeux du procurateur qui, peut-être, n’était pas coutumier des livres.

— Bon ! fit-il pour revenir au sujet qui préoccupait Caïus. Maintenant, c’est grave, cette affaire de baptême ?

En tant que telle, je ne pense pas. Mais ce qui est important, c’est plutôt la personnalité de ce Yohanân. Les Juifs viennent le voir d’un peu partout, même de Jérusalem. Certains prétendent qu’il s’agit d’Élie, un ancien prophète qui serait revenu sur terre.

Balivernes ! explosa Pilate. Ce peuple est d’une crédulité ridicule.Jem’efforçai de rester silencieux malgré l’envie qui me prit d’intervenir. Ce que je venais d’entendre confirmait que Pilate ignorait tout de la religion du peuple élu. S’il savait qu’Élie était parti à bord d’un char de feu tiré par des chevaux de feu et qu’on ne l’avait jamais retrouvé, il ferait moins le prétentieux. Mais reve nons aux propos de Caïus.

D’autres affirment qu’il est habité par ce qu’ils appellent « l’Esprit », poursuivit l’officier, après s’être raclé la gorge, visiblement mal à l’aise devant la réaction du procurateur.

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Habité par l’esprit ! explosa Pilate. Et quoi en plus ? Pourquoi pas Jupiter, tant qu’ils y sont ? De plus en plus gêné, Caïus leva la main pour montrer qu’il avait encore quelque chose à dire.

Bien que très modeste, poursuivit-il, la voix moins assurée qu’auparavant, ce qui est important à signaler, c’est qu’il annonce la venue de quelqu’un qu’il présente comme « plus grand que lui », ainsi que l’approche imminente d’un nouveau royaume.

Un nouveau royaume ? s’écria Pilate. Pourquoi ne m’avoir pas dit ça tout de suite ? Et d’abord, c’est quoi, ce royaume ?

Justement, fit Caïus, c’est très curieux. Ce royaume dont il parle, c’est celui de leur Dieu. Le matin, quand il se rend au-devant de la foule venue le voir, il proclame : « Préparez le chemin du Seigneur. Convertissez-vous, le Royaume de Dieu est proche. » Hou, que je n’aime pas ça ! s’exclama Pilate en se renfrognant.—Ilajoute, précisa encore Caïus, qu’il ne s’estime pas digne de dénouer les sandales de celui qui viendra après lui. Il parle d’un nouveau David.

Pilate se redressa et tendit l’index en direction de Caïus.

Envoie immédiatement des hommes pour surveiller cet ermite. Je veux un rapport tous les deux jours. Je veux savoir qui est ce nouveau David.

C’est fait, Pilate. J’ai laissé des observateurs avec ordre de me tenir au courant pour que je puisse t’informer en cas de nécessité.

UN REGARD COMPLICE

Le reste de la conversation se noya dans une sorte de brouillard. Laissant pérorer Pilate qui visiblement adorait s’écouter, je fis appel à mes souvenirs car ce titre de nouveau David m’était familier. Qui m’en avait parlé ? En cherchant bien, je finis par me le rappeler. C’était Ézéquiel, à Babylone, au moment où Cyrus avait décidé de rendre leur liberté aux Juifs. Il avait dit quelque chose comme : « Le Seigneur donnera un chef, un nouveau David. » Dès que possible, il faudrait vérifier dans les notes du carnet secret. Mais quelqu’un d’autre en avait également parlé. Qui ça ? À force de me creuser les méninges et de m’agiter fébrilement les neurones, le souvenir de Jérémie me revint à l’esprit. Je le revis, s’adressant à la population de Jérusalem, devant le Temple que les Chaldéens avaient entièrement détruit. C’était particulièrement pénible. Tout le monde était sous le choc. Et lui, Jérémie, il avait pris la parole et avait proclamé, de la part de Yahvé : « Je ferai revenir un rejeton de David. » Nataël m’avait bien recommandé de chercher tous les signes que nous avions reçus au cours de nos aventures précédentes.

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Le nouveau David en était un, ça ne faisait aucun doute. Mais de là à savoir comment l’interpréter, c’était autre chose.

Pendant que je réfléchissais ainsi, Pilate et Caïus avaient conti nué deUnparler.royaume de Dieu et un homme dont l’ermite n’est pas digne de dénouer les sandales ! maugréait Pilate lorsque je me remis à les écouter. Voyez-moi ça ! Je veux tout savoir sur lui, sur ce fameux royaume et sur cet individu que ce Yohanân présente comme plus fort que lui. Si ça se trouve, celui dont il parle pourrait prendre plus d’importance que le Temple aux yeux du peuple. Mieux vaut rester vigilant. Je vais donner des ordres pour que la Légion se tienne sur ses gardes, et prévenir Claudia, mon épouse, que nous rentrerons à Césarée plus tard que prévu. J’espérais quitter Jérusalem dès la fin de la Fête des Huttes, mais après ce que tu viens de m’annoncer, il est préférable que je reste quelque temps. De ton côté, va t’installer en Galilée et tâche d’en savoir davantage sur cet individu qui serait plus grand que le baptiseur. Et surtout, sur ce fameux royaume. Ça m’ennuie beaucoup, cette histoire.

Cette repartie de Pilate fit tilt dans mon esprit et, comme en écho, j’entendis le message énigmatique du cylindre de lapislazuli : « Après le serment du peuple, vous verrez plus grand que le Temple. » Chaque fois que nous y avions pensé, Caroline, Frédéric et moi, nous avions envisagé un bâtiment ou quelque chose de ce genre. Or cette idée d’un homme qui prendrait plus d’importance que le Temple ouvrait à mes yeux des horizons nouveaux. Et si c’était un homme que nous devions

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chercher ? Décidément, ma rencontre avec le procurateur s’avérait des plus instructives.

Caïus prit congé et adressa un salut respectueux à Pilate. Avant de partir, il se tourna vers moi et nous échangeâmes, je ne sais pourquoi, un regard complice. Celui-ci, je pourrais certainement compter sur lui en cas de coup dur. Pilate, c’était moins sûr.

Une fois l’officier parti, le procurateur se mit à marcher de long en large sur la terrasse, avant de s’arrêter et de me fixer avec des yeux soupçonneux.

— Tu y crois vraiment à cette histoire de Pâque, avec le passage de Dieu et tout le toutim ? Et d’ailleurs, je n’arrive jamais à me rappeler le nom de votre Dieu.

Ah, eh bien, ça ne m’étonne pas, parce qu’on ne doit pas le prononcer.Pilateferma les yeux, porta les mains devant sa poitrine, paume ouverte dans ma direction, avec l’air de celui qui se dit : « Restons calme, tout va finir par s’arranger. »

Comment ça, on ne peut pas prononcer son nom ? Eh bien non ! C’est comme ça ! Mais enfin Nacklus…

Non ! NACKLAS !

— Oui, c’est vrai. Bon, enfin, Nacklas, qu’est-ce que c’est que ce Dieu dont on ne peut pas dire le nom ? Nous, nous disons Jupiter, ou Mars, ou Vénus, je ne sais pas, moi, le nom du dieu ou de la déesse que l’on souhaite honorer ou invoquer.

Eh bien, nous, c’est différent. D’ailleurs il s’est nommé luimême « Je suis ».

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Pilate me regarda, complètement ébahi. Sûr, il devait me prendre pour un extraterrestre. De nouveau il fit un grand effort pour conserver son calme.

Écoute, finit-il par dire, tu m’es plutôt sympathique. Ça se voit, non ?

Je fis signe que ça se voyait en effet, mais comme je ne saisissais pas bien où il voulait en venir, je demeurai extrêmement prudent. Alors, regarde. Tu m’es sympathique, mais ce n’est pas une raison pour en abuser. Moi, je dis qu’un dieu dont on ne doit pas dire le nom, ça n’existe pas. Et un dieu qui dit : « Je m’appelle Je suis », ça sort tout droit de ton imagination. Qu’est-ce que cela veut dire, « Je suis » ?

C’est effrayant, quand on veut expliquer quelque chose à quelqu’un qui refuse de comprendre. Je ne sais pas si ça vous est arrivé, moi je trouve ça usant ! Bon. Moi aussi, je me dis : « Restons calme ! »

— « Je suis » ? Ça veut dire qu’il est. Qu’il est tout. Absolument tout, comme me l’avait expliqué Moïse devant le Buisson Ardent. Il est celui qui existe, voilà ce que veut dire « Je suis ». Tout autre nom ne pourrait désigner qu’une toute petite partie de lui. Et comme Dieu a créé le monde, de toute manière, personne ne peut pénétrer dans son secret. Bon. Je vois que ce n’est pas clair.

En face de moi, le procurateur avait fermé les yeux, enfoui son visage dans ses mains et baissé la tête. Manifestement, il ne comprenait rien et je commençai à craindre qu’il ne se mît en colère. Aussi est-ce avec satisfaction que je l’entendis murmurer : JE SUIS ! C’est inouï, ce nom ! Ça me dépasse.

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Écoute, Nacklas, dit-il en se tournant vers moi, tu es étonnant. Tu sais des choses que personne ne m’avait expliquées jusqu’à présent. Et puis avec toi, au moins, on peut parler. Ce n’est pas comme avec vos maîtres de la Loi qui considèrent comme impur de m’adresser la parole.

Il hésita avant de poursuivre.

J’aimerais que Claudia, mon épouse, te rencontre. Tu verras, c’est une femme instruite, et le peu qu’elle connaît de la religion juive l’intrigue énormément. Je suis sûr qu’elle aimerait en discu ter avec toi. Tu peux rester un peu, n’est-ce pas ?

C’était davantage un ordre qu’une question, je compris que je n’avais pas tellement le choix. Le procurateur frappa des mains pour faire venir un serviteur ; il l’envoya chercher son épouse et me servit un verre d’eau citronnée avant de s’éponger le front.

Quelle chaleur ! soupira-t-il.

Le serviteur revint quelques minutes plus tard, précédant une grande femme vêtue simplement, à la mode d’ici. Ses cheveux, coiffés en chignon, dégageaient sa nuque et elle portait aux oreilles, pour toute parure, des anneaux d’or très fins.

Qu’est-ce que j’apprends, Pilate, dit-elle en s’adressant à son mari, il y aurait ici quelqu’un susceptible de me parler de la religion des Juifs ? Où est-il ? Devant toi.

L’épouse du procurateur fit demi-tour et, ne voyant que moi, interrogeaMaisPilate.oùest-il donc ?

Pilate éclata de rire.

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Devant toi. Je te présente Nacklas.

Claudia eut un mouvement de surprise, me trouvant sans doute trop jeune pour pouvoir lui parler de religion, mais l’arrivée inopinée d’un centurion ne lui laissa pas le temps d’exprimer son étonnement. L’officier s’inclina devant le procurateur, s’excusa de le déranger et lui rappela une réunion importante à laquelle il devait participer avec les chefs des différentes centuries de Jérusalem.

Ah, oui, j’oubliais, fit Pilate. Fais-les patienter, j’arrive. Et appelle Octavus, dis-lui de venir.

L’officier s’inclina de nouveau et s’en alla.

Tu vois ce garçon, dit Pilate à Octavus quand celui-ci nous eut rejoints et se fut incliné à son tour devant le procurateur. Tu le laisses entrer quand il veut. Oui, Octavus, quand il veut, tu m’as bienOctavusentendu.me

regarda de biais et je compris que je ne m’en étais pas fait un ami. Mais je n’y étais pour rien ! Pilate nous laissa après avoir bu un grand verre d’eau et murmuré

Quelle: chaleur !

Tandis qu’il descendait les marches de la terrasse, je l’entendis distinctement marmonner :

Je Suis ! Quel nom pour un dieu ! C’est inouï ! Claudia m’emmena dans les pièces qui servaient de résidence au procurateur lors de ses séjours à Jérusalem, et, là, elle me posa trente-six questions en même temps. Ce n’était pas comme ça que nous allions avancer ! Aussi je pris les choses en main et décidai de

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Prodiges en Galile e

lui raconter quelques-uns des événements auxquels nous avions participé, seuls ou ensemble, Caroline, Frédéric et moi, sans lui laisser entrevoir que nous en étions acteurs. Cela, bien sûr, elle ne l’aurait ni compris ni admis.

Le Buisson Ardent la laissa sans voix, la construction du Temple et l’entrée de la Nuée de Yahvé dans le Débir également. Elle me fixait avec de grands yeux médusés, comme si elle découvrait le sens de la vie. C’était la première fois que j’étais amené à raconter à quelqu’un plusieurs épisodes qui avaient marqué l’apprentissage de notre mission, et je découvris que, mis bout à bout, ils prenaient une signification dont je n’avais jamais pris conscience. Cela, il faudrait absolument que j’en parle à Caroline et Frédéric, et que je l’inscrive dans mon carnet.

Mais comment sais-tu tout ça ? réussit-elle à dire après un long moment de réflexion. Quand on t’écoute, on dirait que tu y asJeparticipé.demeurai extrêmement modeste et ne m’aventurai à faire aucune révélation qui eût pu laisser entrevoir notre rôle de messa gers de l’Alliance. Claudia éclata de rire en écoutant le récit de l’intrusion chez les Philistins par le souterrain de Guibéa (là, je faillis vendre le morceau et j’eus grand peine à ne pas lui dire que ces personnages qui avaient dérobé les lances des ennemis, c’était nous). Elle faillit s’étrangler avec l’histoire des « sinistrés de l’espace » et l’incroyable entrée dans Jérusalem. Mais son attention se porta principalement sur les paroles des prophètes.

Nacklas, dit-elle après que j’eus achevé de lui raconter le retour de Babylone et la difficile reconstruction du Temple, j’ai

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Prodiges en Galile e

besoin de réfléchir. Tout ce que tu m’as dit me fait envisager la religion d’ici sous un jour différent de ce que je croyais. Arrêtons pour aujourd’hui, mais promets-moi de revenir. Tout ça me passionne. Je vais te montrer par où je passe lorsque je veux me prome ner dans Jérusalem sans que Pilate le sache, mais ne lui en parle surtout pas, il serait furieux ! Viens. Tu pourras entrer par là quand tu voudras me voir. J’y compte !

Claudia me fit emprunter un dédale de couloirs qui menaient à une porte donnant directement sur une ruelle désaffectée.

— J’aime marcher dans cette ville, me confia-t-elle. Au début, elle me faisait peur. À présent je m’aventure de plus en plus loin. Un jour, j’irai jusqu’à votre temple. Quand tu m’en auras parlé. D’accordJ’acquiesçai.?

Claudia pouvait devenir une alliée. Elle avait montré un réel intérêt durant notre conversation, peut-être un jour aurions-nous recours à elle ?

TABLE DES MATIÈRES

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I. L’affaire Barabbas............................................................................... 7 II. Pilate et Caïus.................................................................................. 10 III. Un regard complice ...................................................................... 20 IV. Le nouveau Temple....................................................................... 28 V. Déborah ............................................................................................ 34 VI. Yohanân le Baptiste ...................................................................... 46 VII. Le vin des noces ........................................................................... 55 VIII. Nazareth en Galilée .................................................................. 66 IX. La prodigieuse annonce .............................................................. 72 X. Capharnaüm ................................................................................... 82 XI. Une fête chez Zébédée ................................................................ 90 XII. Les Béatitudes .............................................................................. 95 XIII. Le lépreux .................................................................................... 98 XIV. Le serviteur de Caïus ..............................................................106 XV. Tempête sur le lac ......................................................................110 XVI. Le possédé de Gadara .............................................................115 XVII. La fille de Jaïre ........................................................................119 XVIII. Opération « descente guidée »........................................124 XIX. La femme au parfum ..............................................................132 XX. Jésus, un vrai mystère ...............................................................137 XXI. Le Fils prodigue .......................................................................142

Prodiges en

XXII.

XXIII.

XXIV.

XXV.

XXVI.

XXVII.

XXVIII.

XXIX.

XXX.

XXXI.

XXXII.

XXXIII.

XXXIV.

XXXV.

XXXVI.

XXXVII.

XXXVIII.

XXXIX.

XL.

Galile e
Les Douze ...............................................................................146
La vengeance d’Hérodiade ...............................................152
Rencontre avec Claudia .....................................................159
La piscine de Béthesda..........................................................165
La multiplication des pains ...............................................171
Jésus marche sur l’eau ........................................................177
Le pain de vie.....................................................................182
La Transfiguration ..............................................................187
Que dire à Dieu ?...................................................................193
Le champ et le sabbat .........................................................197
Le bon Samaritain .............................................................203
Un jeune homme riche ...................................................206
L’annonce de la Passion ..................................................212
Plus grand que le Temple..................................................218
La Samaritaine ..................................................................225
Les dix lépreux ................................................................230
Zachée .............................................................................235
La résurrection de Lazare...............................................240
Jésus et la mission des Messagers ...........................................244
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