À partir de 2 ans


Marcher dans la forêt, écouter les oiseaux, le vent dans les arbres, observer les petites fourmis travailler, respirer l’odeur de l’humus ou des fleurs, goûter les baies et plantes comestibles… Cette relation à la nature offre une intense connexion aux sens. En journée, l’air de la forêt nous offre des tonnes de dioxygène qui permet au cerveau de mieux fonctionner. De surcroît, des bénéfices physiologiques ont récemment été scientifiquement prouvés : les phytoncides, molécules émises par les arbres, les sons naturels du chant des oiseaux, la couleur verte de la chlorophylle ont des propriétés de détente psychique et corporelle en stimulant le système nerveux parasympathique, celui-là même qui agit sur la relaxation et les processus de régénération du corps.
Le jeu, intimement lié à l’action et dont la notion de plaisir est centrale, est fondamental pour l’enfant. Il représente un champ d’expérimentation intense pour apprendre à s’ouvrir au monde, à soi, aux autres… Il étend le vocabulaire, l’imaginaire et la créativité. Il stimule toutes les capacités d’apprentissages fondamentaux de planification, de réflexion, d’organisation, etc.
En jouant, l’enfant apprend à comprendre ses émotions pour mieux les appréhender, il devient acteur et développe sa propre personnalité. Dans le jeu, le corps et les sens sont stimulés. L’enfant exerce conjointement ses capacités sensorielles (toucher, vue, ouïe, etc.) et motrices (coordinations fines et générales, équilibre, adresse, etc.). Il connaît mieux son corps et prend confiance en ses possibilités. Il est difficile pour un jeune enfant de se détendre en restant immobile. C’est en bougeant, en expérimentant le tonus qu’il perçoit la différence entre contraction et décontraction des muscles. Il a donc toujours besoin d’expériences corporelles ludiques pour explorer la détente physique et mentale. Et lorsque les jeux sont partagés, le plaisir est décuplé pour chacun. Pour beaucoup de parents, après une journée difficile (travail, transport…), il peut être plus amusant de profiter avec son enfant d’un jeu dans la conscience corporelle que de s’éloigner de lui afin de méditer en pleine conscience.
Le bébé commence à découvrir ses mains en jouant à les faire apparaître puis disparaître. Dans ce premier jeu corporel, il prend peu à peu conscience par la vue et le mouvement non seulement de ses mains, mais aussi de sa propre existence qui le rassure.
De même, quand son parent joue à disparaître puis aussitôt à se montrer, quelle jubilation de le voir réapparaître ! Grâce à cette expérience répétée, l’enfant est apaisé, il sait que sa figure d’attachement, cette personne qui prend soin de lui, va revenir et il accepte ainsi mieux l’absence.
Plus tard, le jeu de coucou-caché évolue en jeu de cache-cache. L’enfant alterne entre l’agitation de la course quand il cherche et le calme nécessaire pour rester caché. Les émotions et le rapport au corps sont intenses et contrastés, tout comme dans la vie quotidienne où le retour au calme est nécessaire malgré les vives émotions.
Le jeu, tout comme les histoires, permet d’identifier ses propres affects et de les mettre à distance. Quand l’enfant joue au loup, il joue avec ses peurs (peur de l’inconnu, peur de perdre sa toute-puissance, peur de la fragilité, etc.). La figure du loup, du monstre, de la sorcière, du fantôme ou de l’ogre permet d’expérimenter symboliquement sans être face au danger réel, et donc de le faire en toute sécurité. Dans le jeu, l’enfant maîtrise la situation et peut donc mieux accepter de ne pas toujours pouvoir tout contrôler dans la vie. Quand il joue le rôle de l’agresseur, il exprime ainsi sa part d’agressivité et met sa pulsion à distance. Tant qu’il n’y a pas de passage à l’acte avec mise en danger de soi ou d’autrui, il peut exprimer ses affects et prendre du recul. Il sera ainsi mieux préparé à vivre ses fortes émotions sans trop de débordement et à se confronter au quotidien.
Beaucoup d’éléments de la nature sont propices à des jeux de respiration. Ne serait-ce que prendre un grand bol d’air apaise. C’est pourquoi, quand un enfant est tendu, au bord d’une crise, lui proposer de sortir et de respirer amplement peut faire redescendre la pression.
Prendre un grand bol d’air frais, au figuré comme au sens propre : faire choisir à l’enfant un bol qu’il va remplir d’air frais une fois qu’il est dehors. Inspirer l’air extérieur et le rejeter dans le bol pour le remplir « d’air » qui fait du bien.
Sentir les plantes (fleurs, herbes aromatiques, etc.) en demandant à l’enfant s’il aime l’odeur.
Cueillir ensemble le plus d’éléments possible sur lesquels on peut souffler (feuilles, aigrettes de pissenlit, pétales de fleurs, etc.) puis s’amuser à souffler et à les regarder s’envoler.
Faire l’oiseau en prenant une grande inspiration et en ouvrant ses bras sur le côté. On imagine être un aigle majestueux avec des ailes immenses, puis on replie les ailes en soufflant lentement.
<< Vent frais >>
Sur l’air de la chanson « Vent frais, vent du matin », souffler sur la main selon les indications du texte de la chanson adaptée. Elle peut être chantée à tout moment et reprise à un moment où l’enfant est triste, a mal ou est fatigué. Lui-même peut souffler sur sa main en même temps que l’adulte.
Vent frais, vent du matin
Joie du vent qui souffle au-dessus de ma main, fffffff
Joie du vent qui souffle
Allons dans le grand
Vent frais, vent du matin
Vent qui souffle au souffle sur la paume de ma main, fffffff
Joie du vent qui souffle
Allons dans le grand
Vent frais, vent du matin
Vent qui souffle sur les doigts de ma main, fffffff
Joie du vent qui souffle
Allons dans le grand
Vent frais, vent du matin
Vent qui souffle au-dessus de ma main, fffffff (recommencer en soufflant sur l’autre main) …
Pour les enfants de 3 à 7 ans, mettre en lien des images avec la respiration est propice à la coordination entre le geste, le souffle et le regard. L’enfant parvient mieux à se représenter la longueur de son souffle et peut allonger son expiration.
Suivre monsieur Colimaçon avec son doigt en partant de la tête jusqu’à la queue et en soufflant tranquillement du début à la fin.
On choisit un crayon et on imagine que c’est un dauphin qui suit les vagues. Dessiner des vagues en produisant le son des dauphins (« sssss ») quand la vague descend, inspirer quand la vague monte.
Dessiner une chaîne avec des montagnes plus ou moins grandes. Suivre cette chaîne de montagnes avec son doigt : on monte la montagne en inspirant, au sommet on s’arrête, on la descend en soufflant.
S’amuser à dessiner un escalier qui descend en expirant jusqu’au bout.
Vous pouvez proposer à l’enfant de choisir son jouet et son jeu en lien avec la respiration. Le souffle va l’aider à évacuer le trop-plein d’émotions.
Par exemple
S’il prend une flûte, vous pouvez lui demander de souffler le plus fort possible puis tout doucement, d’écouter le son de son excitation qui se calme.
S’il prend un moulin à vent, invitez-le à souffler toute sa colère, son énervement ou sa tristesse.
S’il choisit une plume ou une balle de ping-pong, proposez-lui de souffler sa colère représentée par l’objet. Lorsque celui-ci tombe de la table, demandez-lui si la colère est tombée également.
Vous aussi, vous pouvez matérialiser une pensée encombrante par une plume, un ballon de baudruche, une bulle de savon et souffler dessus pour la laisser partir loin, très loin…
Une autre petite aide à la détente : après avoir pris conscience de vos tensions corporelles, expirez en portant votre attention sur la partie corporelle concernée par la tension et en visualisant le relâchement musculaire. C’est comme si le souffle nettoyait les contractions pour les adoucir.
Nous l’avons vu, l’un des éléments les plus utiles pour se détendre et se connecter au moment présent est notre propre corps. Apprendre à se relier à son corps est essentiel pour petits et grands.
Avant de profiter des petites histoires et comptines de conscience corporelle avec votre enfant ou avec un groupe d’enfants, entraînez-vous avec cet exercice du balayage corporel.
Chez les jeunes enfants, les tempêtes émotionnelles peuvent être fréquentes. En effet, avant 7 ans, ils n’ont pas la maturité pour les gérer, c’est alors à l’adulte d’essayer de les accompagner dans le calme. Bien plus facile à écrire qu’à faire ! Ce livre est là pour vous y aider lorsque vous vous sentez démuni, tendu, stressé ou même triste devant certaines réactions excessives de votre enfant.
Vous y découvrirez toutes les clés pour le comprendre, saisir l’importance du mouvement dans son développement, réaliser des jeux corporels pour son équilibre émotionnel et aussi le vôtre. Comptines à gestes, parcours de motricité, jeux de rythme, massages…
Sans livrer de recettes magiques toutes prêtes, cet ouvrage vous apportera de nombreuses idées de jeux partagés propices à l’apaisement commun et des outils pour accompagner votre enfant tout en prenant soin de vous !