Une consultation psy sans souci

LES MYTHES SUR LES PSYS, LES PSYS VOUS RÉPONDENT

Qui dit consultation psy, dit aussi tout ce qui va avec… C’est-à-dire toutes les images et représentations que l’on a sur les psys et sur ce qui se passe en consultation. Soit parce qu’on l’a vécu, soit par les médias et ce qui nous est raconté. C’est le moment de balancer ! Quelles sont vos croyances sur les psys ? Je vous partage celles que j’entends le plus souvent et je vous décortique tout ça.

› Les psys ne disent rien.

C’est majoritairement faux. En fonction des professionnels que vous allez consulter et de leurs méthodes, les psys peuvent varier dans leur niveau de réponse verbale. Le psy silencieux est un cliché hérité de la psychanalyse qui n’est pas du tout représentatif des autres approches psychothérapeutiques. Cela dit, ne vous attendez pas à ce que nous parlions trop non plus. L’espace de la consultation psy est un espace qui vous appartient. Il est créé pour vous, c’est votre lieu de travail et nous allons vous laisser un maximum de place. Nous n’interviendrons qu’avec des interjections, questions ou suggestions quand cela est pertinent.

› Les psys sont neutres, les psys n’ont pas d’opinion. Impossible. Les psys ont forcément des opinions, mais ce n’est pas pour autant que vous allez y avoir accès. Ce que nous partageons, ce pourquoi vous nous consultez d’ailleurs, c’est notre expertise. Pas nos opinions. La différence peut être subtile, mais elle permet surtout de vous laisser cheminer sans notre influence. Nos enjeux ne sont pas les mêmes, nous ne vivons pas votre vie. Et en cela, il serait prétentieux de notre part de prétendre que, sous prétexte d’être des personnes expertes en psychologie, nous savons mieux que vous ce qui vous conviendrait. La nuance entre une opinion professionnelle basée sur une expertise et maîtrise scientifique et une opinion personnelle fait toute la différence dans la consultation psy.

› Les psys demandent toujours : « Que ressentez-vous ? »

Disons que c’est une technique pour avoir accès à vos ressentis lorsque vous nous partagez des choses. Elle permet de s’attarder sur l’expérience émotionnelle de votre vécu et de ne pas passer à côté de quelque chose d’important. Souvent, si l’émotion rattachée à la situation est gênante ou malaisante pour vous, vous aurez envie de passer à autre chose. C’est là que le travail en consultation devient intéressant. C’est loin d’être la seule question que nous vous posons, et si vous n’aimez pas cette question, n’hésitez pas à nous le faire savoir.

› Les psys lisent dans les pensées.

Si seulement… mais non ! Ce n’est ni notre métier, ni nos capacités professionnelles. Nous vous écoutons attentivement, nous notons, nous retenons ce que vous nous dites, nous constatons, nous réfléchissons. Parfois, nous relevons des choses que vous ne nous dites pas, mais ce n’est pas en lisant dans vos pensées. C’est en pratiquant des techniques d’écoute et de connaissance du fonctionnement humain que nous pouvons faire ça. Pas de mystère.

› Pour être psy, il faut être perspicace et avoir une bonne intuition.

Pas du tout. Pour être psy, il faut suivre une formation, pratiquer, s’exercer et s’améliorer. On ne naît pas psy, on le devient. Comme dans n’importe quel domaine professionnel, des aptitudes personnelles peuvent faciliter l’apprentissage ou la mise en pratique de ces compétences. Mais aucunement besoin de naître psy, perspicace ou intuitif pour le devenir. Pour être psy, il faut surtout aimer les études, le fonctionnement humain, et être au contact des gens.

› Les psys retournent le cerveau des gens, et/ou leur mettent des idées dans la tête.

Les mauvaises pratiques de la psychologie peuvent avoir des conséquences délétères. Mais le rôle des psys, ce n’est pas d’influencer les personnes ou de les manipuler. C’est avant tout d’accompagner les personnes vers des changements personnels et leur faire du bien. C’est d’ailleurs pour cela qu’il existe un Code de déontologie qui guide la pratique psychologique et dans lequel il est précisé :

ET POUR LES LGBTQIA+15 ?

Chaque expérience en consultation est individuelle. Cependant, il y a quand même des expériences et des trajectoires communes qui nous en disent long sur ces questions. Les personnes LGBTQIA+ risquent plus fréquemment d’avoir des symptômes de détresse psychologique. Non pas à cause de leur identité, mais souvent à cause du manque d’acceptation et des discriminations que ces personnes subissent au quotidien. Ce qui est d’autant plus malheureux que ces mêmes personnes sont plus susceptibles de ne pas recevoir de soins à cause de ces mêmes discriminations. C’est une double peine.

Le conseil le plus courant est de chercher des psys « gay-friendly » ou « trans-friendly ». Mais qu’est-ce que c’est ? Au-delà de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle de votre psy, qu’il ou elle soit LGBTQIA-friendly signifie respecter les points suivants :

• Ne pas considérer votre appartenance à la communauté LGBTQIA+ comme une maladie.

•  Ne pas considérer que tous vos soucis et difficultés sont forcément liés au fait que vous êtes LGBTQIA+.

•  Aller au-delà de la tolérance dans une acceptation inconditionnelle de la diversité des genres, des sexualités, des pratiques.

•  Être au fait des enjeux sociétaux et savoir ce qu’ils représentent au quotidien (ex. vos droits, les procédures administratives et médicales, les risques de santé, etc.).

•  Connaître votre réalité historique, sociologique et culturelle.

•  Ne pas vous pousser à trouver une explication à votre identité LGBTQIA+. Ne pas vous faire ressentir que vous dépensez trop de temps en consultation à l’éduquer, car après tout, le temps est compté (et rémunéré !).

• C’est légitime d’attendre tout cela des psys qui vont vous accompagner.

15 LGBTQIA+ : Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe, Asexuel·le. Le + permet d’inclure un éventail plus large de minorités sexuelles, romantiques et de genre.

LA RELATION THÉRAPEUTIQUE

Une relation soutenante, engageante et positive avec votre psy est le pilier de la consultation psy. Elle est basée sur plusieurs facteurs :

• La personnalité : sentir que vous pouvez entrer en lien avec votre psy est essentiel. Dans le jargon psy, ce processus a un nom. C’est ce que nous appelons « le rapport ».

• La confiance : pensez bien que c’est la personne à qui vous allez avoir envie de raconter même les choses les plus gênantes sur vous-même.

• Le regard positif inconditionnel : le psy que vous choisissez est digne de vos choix et croit en vous et vos capacités d’avancer. Il ou elle ne vous considère pas comme devant dépendre de son expertise.

• La communication positive : une communication ouverte et bienveillante, durant tout le temps de la consultation, permet de s’éloigner du côté performance. La consultation psy n’est pas une évaluation de comment vous vous en sortez. Cette communication doit être positive, sur tous les sujets qui sont abordés.

• Votre préférence : il n’y a pas plus thérapeutique qu’une relation dans laquelle vous vous sentez bien, et en connexion avec la personne qui vous écoute. Ce n’est pas qu’une question de diplôme.

Dans le jargon psychologique, cette relation s’appelle « l’alliance thérapeutique ». C’est

celle qui vous permettra de dévoiler votre intimité en toute sécurité, et de cheminer vers les changements que vous souhaitez.

On en parle !

Une consultation psychologique, que ça soit la première ou non, peut être stressante par son caractère intime mais aussi par les questions qu’elle suscite, la peur de l’inconnu, ou encore la crainte qu’on ne nous écoute pas, qu’on ne nous comprenne pas.

En réalité, la consultation psychologique peut être un lieu de confiance, où chaque personne peut se sentir libre de se découvrir, s’explorer, questionner, aborder tout ce qui a besoin d’être dit et discuté. La sérénité est possible, avant, pendant et après son rendez-vous.

Dans ce guide, Myriam Paperman vous propose de préparer votre consultation, déconstruire les barrières pour consulter, prendre conscience de ce qui est acceptable ou non en consultation, et trouver la personne qui vous correspond pour un meilleur suivi.

Docteure en psychologie clinique, Myriam Paperman se passionne pour la prévention en santé mentale. Après avoir vécu aux USA pendant plus de 10 ans, son retour en France la pousse à créer sa page Instagram @mental_myriam pour vulgariser la psychologie et parler d’identité. Son plus grand souhait : dé-stigmatiser et rendre accessible la santé mentale pour tout le monde.