Sophie De Mullenheim & Annick Masson
À mes enfants qui sont les six premières jolies choses de chaque journée !
S. de M.
Pour ma marraine, si formidable, qui m’a fait découvrir tant de belles choses.
A. M.
Une histoire de Sophie de Mullenheim illustrée par Annick Masson
ette année, Victor passe quelques jours de vacances chez O’Ma, dans sa petite maison au bord de la mer.
Victor aime passer du temps avec sa grand-mère. Tous les deux, ils cuisinent à quatre mains et inventent des noms rigolos à leurs recettes : le gâteau fondant d’amour, les profiteroles folles de chocolat, la charlotte de la fraise… Parfois, ils vont pêcher des crevettes, regarder les bateaux rentrer au port ou manger une crêpe près du grand phare.
Mais ce soir, Victor mange du bout des lèvres son mælleux au caramel, et même les cabrioles du chat ne le font pas sourire. Depuis ce matin, Victor a l’impression que tout va mal. Il s’est écorché le genou en tombant dans le jardin et il a raté le dessin qu’il voulait offrir à O’Ma. Et puis, son papa et sa maman lui manquent. Ses amis, Julie, Paul et Gabin aussi.
– Ouh là là ! s’étonne O’Ma. C’est quoi, cette soupe à la grimace ?
– Tout est nul, bougonne Victor.
– Rien que ça ! s’exclame O’Ma. Il n’y a pas eu la moindre jolie petite chose dans ta journée ?
– Non ! Rien ! râle Victor de mauvaise humeur. En plus, maintenant, il pleut !
Après le dîner, O’Ma vient trouver Victor dans sa chambre. Elle s’assoit au bord de son lit et lui sourit.
– Tu sais, mon bonhomme, moi, je ne me couche jamais sans me souvenir de trois jolies choses qui me sont arrivées dans la journée. Ainsi, je m’endors toujours le cœur joyeux.
– Trois choses ? C’est impossible ! déclare Victor.
– Pas du tout ! Il suffit de savoir regarder. Parfois ce sont de toutes, toutes petites choses, mais très jolies quand même. Voyons…, commence O’Ma. Premièrement, le mælleux était délicieux.
Victor sourit à demi : c’est vrai que le mælleux au caramel est son dessert préféré.
– Deuxièmement, j’ai l’impression que tu as aimé le pansement pirate que j’ai mis sur ton bobo.
Victor regarde fièrement son genou : il n’a jamais eu un aussi joli pansement.
– Troisièmement…
Tout à coup, le téléphone sonne. Victor bondit de son lit. – C’est papa et maman ! s’écrie -t-il joyeusement en s’élançant pour décrocher. O’Ma sourit.
– Et de trois ! murmure-t-elle.
Le lendemain matin, Victor se sent léger comme un petit nuage. Le coup de téléphone de papa et maman lui a redonné le sourire. Il est d’excellente humeur, et plus encore lorsqu’il découvre une carte postale de Julie dans la boîte aux lettres.
Aussi, quand il va se coucher, Victor n’a aucun mal à trouver les trois jolies choses de sa journée : la lettre de Julie, son record du monde de course dans le jardin et les frites pour le déjeuner !
– C’est facile, finalement, soupire Victor en s’endormant tout heureux.
C’est l’histoire de trois jolies petites choses qui illuminent la vie et lui donnent ses couleurs.
C’est l’histoire d’un vieil appareil photo, un appareil un peu magique !
C’est l’histoire d’un secret confié à un petit garçon par sa grand-mère, un secret pour s’émerveiller de tout et savourer chaque instant, un secret qui mène au bonheur…
