Jouer aux échecs dès 4 ans

Page 1

JOUER

Roger Louvrier-Saint-Mary Monique Calecki Fabrice Mosca
ÉCHECS
AUX DÈS 4 ANS

Sommaire

Introduction

Le jeu d’échecs, une école de vie 6

Le jeu d’échecs, un jeu pour grandir et se construire 8

Principes fondamentaux 15

Le jeu d’échecs, une grande aventure 16

Comment expliquer le jeu d’échecs aux jeunes enfants ? 16

L’échiquier 18

Position initiale des pièces et des pions 19

Codage des pièces 19

Les pièces et les pions 20

Déplacement des pièces et des pions 22

La marche du Roi 22

La marche de la Dame 22

La marche de la Tour 23

La marche du Cavalier 23

La marche du Fou 24

La marche du pion 24

La prise en passant 24

Valeur des pièces 25

Codage 25

Déplacements et prises 25

Règles primordiales 26

« Pièce touchée, pièce à jouer » 26

« Pièce lâchée, pièce jouée » 26

Adouber 26

Règles fondamentales concernant le Roi 27

Échec au Roi/Échec et mat – Codage 27

Le roque – Codage 28

L’opposition des Rois 29

L’échec au Roi 29

Échec au Roi jusqu’au mat de l’escalier 30

L’échec et mat 3 Roi et Dame contre Roi 32

Échec à la découverte 36

L’échec double 36

4

Le match nul 37

Le pat 37

L’échec perpétuel 37

La position répétée 38

La règle des 50 coups 38

Nullité par convention 38

Notions de stratégie 39

La prise 39

Le clouage 40

L’échange 41

Contrôler le centre 41

Un bon développement 42

Le pion isolé 42

Le pion doublé 43

Le pion passé 43

La majorité de pions 43

Le sacrifice 44

Promotion du pion 45

Contrôler les colonnes 45

Pénétrer sur les traverses 46

La partie d’échecs 47

L’ouverture 48

Le milieu du jeu 48

La fin de partie, mats typiques 49

Mat étouffé 49

Mat aux épaulettes 50

Mat du berger 51

Le mat du sot ou harakiri 53

Exercices 54

Mats en 1 coup 54

Mats en 2 coups 57

Solutions 60

Problèmes 61

5

Le jeu d’échecs, une école de vie

UN JEU QUI PLAÎT BEAUCOUP AUX ENFANTS

Ce jeu – dit intellectuel et réputé difficile –est très bien assimilé par les enfants, parfois même par simple imprégnation dans le cas d’enfants agités. Il n’est nullement réservé à ceux qui seraient plus doués pour l’abstraction ou plus calmes que la moyenne de leurs petits camarades.

L’expérience montre que le jeu d’échecs est assimilé très facilement parce qu’il attire, intrigue et fascine toute la palette de nos petites personnalités. Il séduit par exemple « l’enfant bagarreur », qui trouve là un jeu d’affrontement pourtant très réglementé. Le jeu d’échecs attire tout autant le timide qui, lui, peut « oser » cette forme d’affrontement, parce qu’elle est policée et valorise un comportement de « gentleman », même en dehors du jeu.

UN JEU ÉMINEMMENT ÉDUCATIF

Celui qui essaie d’en explorer tous les aspects est surpris de constater à quel point le jeu d’échecs peut répondre à l’éventail des objectifs d’éveil de l’école maternelle et de l’école élémentaire, parfois même davantage que des activités dont les bienfaits sont unanimement reconnus. Le jeu d’échecs peut également faire partie de l’éducation à l’intérieur du cadre familial.

LE JEU D’ÉCHECS, UNE GYMNASTIQUE MENTALE

L’assimilation des règles et la conduite d’une partie mobilisent de multiples facultés et suscitent des capacités très variées qui favorisent le développement intellectuel et préparent directement aux disciplines scientifiques : l’organisation de l’espace et du temps, l’attitude objective et critique, la logique, l’esprit d’analyse et de synthèse, la mémoire, l’imagination, etc. Avec moins d’évidence au premier abord, l’expression verbale apparaît cependant comme un des points forts de ce jeu, tout au long de l’apprentissage : constamment, nos jeunes joueurs s’interrogent (et interrogent) ou essaient de trouver des justifications ou des réserves à tel ou tel mouvement de pièce envisagé. Ainsi se développe progressivement l’exigence de précision et de rigueur dans l’expression. Chaque nouvelle phase de jeu entraîne un nouveau débat : le dialogue est naturel, spontané et permanent. Dans ces échanges – facilement débordants – l’enfant fait aussi l’expérience de la nécessaire maîtrise de soi et de la sociabilité : il faut savoir attendre son tour pour intervenir, apprendre à se mettre à la place du partenaire, prendre en compte sa démarche et sa réflexion, pour pouvoir trouver de bonnes suggestions, de bonnes critiques, de bonnes parades.

6

Véritable art de vivre, ce jeu contribue efficacement au développement harmonieux de la personnalité des enfants : il aide à maîtriser ses émotions, développe l’analyse silencieuse, la concentration ; il stimule une saine compétitivité ou, au contraire, canalise une combativité trop brutale ou anarchique ; il incite à s’affirmer ou, au contraire, à se modérer dans l’affirmation de soi.

UN JEU QUI VALORISE L’ENFANT

Jouer au « jeu des Rois » et au « roi des jeux » est prestigieux. Des occasions d’échanges supplémentaires entre la famille et l’école, ainsi qu’à l’intérieur de la famille se créent. Les enfants apprennent à jouer avec leurs camarades, puis jouent avec leurs parents, leurs frères et sœurs – qu’ils initient éventuellement – renforçant ainsi leurs liens par une nouvelle activité partagée et valorisante pour eux-mêmes. Dans cette perspective d’éveil, l’expérience conduite

depuis 1984 par Roger Louvrier-Saint-Mary, fondateur de l’Association Européenne de Compétition d’Échecs de haut niveau, fait découvrir et permet de mettre en évidence toute la richesse de l’outil pédagogique que constitue l’initiation des enfants au jeu d’échecs dès l’école maternelle. À ce niveau – et même plus tard à l’école –, une exploitation du jeu d’échecs peut être envisagée par les parents et les enseignants. En effet, ce jeu offre une palette diversifiée d’activités possibles : dessin, découpage, collage, modelage de l’échiquier et des pièces, construction de marionnettes, ateliers de déguisements, jeux dramatiques, etc.

Nous avons ainsi un ensemble pluridisciplinaire vécu, où seraient intimement imbriqués travail manuel et travail intellectuel. Si le but immédiat est, bien entendu, le plaisir des enfants à maîtriser le déroulement d’une partie, notre objectif véritable se situe bien au-delà de l’apprentissage du jeu : il s’agit de réaliser un projet d’éveil.

7

Le jeu d’échecs, un jeu pour grandir et se construire

Nous pouvons en finir avec certaines idées reçues telles que : « Le jeu d’échecs est un jeu difficile et trop sérieux. Ses origines se perdent dans la nuit des temps. Cette noble distraction n’est donc pas pour les enfants, sauf pour quelques rares prodiges. » Ce livre nous montre que la pratique du jeu d’échecs à l’école maternelle peut être d’une efficacité pédagogique remarquable. Essayons d’expliquer en quoi et comment en abordant des sujets tel que l’agressivité, le jeu des identificationsprojections ou encore le bon usage des échecs à l’école.

L’AGRESSIVITÉ

RESPECTER LES AUTRES ET SE RESPECTER SOI-MÊME

La partie d’échecs se joue sur un terrain symbolique et surtout très précis, délimité, quadrillé : l’échiquier qu’on ne peut ni déborder ni saccager, et surtout sur lequel on ne peut pas jouer autrement que dans le respect absolu des règles. Les échecs sont même un jeu où tricher ne présente aucun intérêt. Dès lors, en respectant les règles, le joueur apprend à respecter son partenaire, et par conséquent à se respecter lui-même. Aux échecs, au lieu de tuer des soldats, on prend les pions et les pièces du partenaire, et c’est amusant. Cela fait plaisir, cela satisfait la pulsion d’agressivité, sans faire de mal à personne ! Or, ce passage du soldat

au pion, ce remplacement de « l’objet », comme disent les « psys » dans leur jargon, est le fondement du mécanisme de la sublimation. Grâce au jeu d’échecs, on passe de la cruauté au respect.

En jouant aux échecs, je respecte aussi ma force, et en même temps je la contrôle. Je m’entraîne donc à m’épanouir en tant qu’individu tout en devenant un être social. J’apprends que cet épanouissement n’est pas l’anarchie et que ma liberté n’est pas caprice. Moins de coups de poing et de pied d’un côté. Plus de confiance en soi chez les timides de l’autre. Voilà ce à quoi, par la pratique des échecs, nous pouvons aboutir.

8

IDENTIFICATIONS ET PROJECTIONS

L’IDENTIFICATION AUX PIÈCES

Dans la tête de tout joueur d’échecs, se produit un véritable feu d’artifice d’identifications. Pendant toute la partie, le joueur ne cesse de « se mettre à la place de… », devenant la pièce qu’il se prépare à jouer. Il en possède tous les attributs. C’est vrai pour les adultes, mais aussi pour les enfants, les auteurs du livre l’ont parfaitement souligné.

Pion, je suis le petit « monsieur tout le monde » qui va son bonhomme de chemin, et à qui il est permis de rêver car je peux prendre n’importe qui, même le Roi adverse.

Cavalier, pourfendeur et bondissant, je « m'éclate ».

Fou, je surprends les conformistes « coincés » dans le quadrillage de l’échiquier.

Tour, me voici inexpugnable, solide comme un roc.

Dame, je suis premier ministre, mère, épouse.

Roi enfin, et ici la psychanalyse montre le bout de l’oreille, je suis le Père, mais surtout ce que, consciemment, je rêve d’être (le « Moi idéal »), en même temps que ce que, inconsciemment, je me dois d’être (l’« Idéal du Moi »).

9

LE JEU DES PIÈCES OU « JE COMMANDE TOUTE UNE ARMÉE »

Tout au long de la partie, ces pièces vont être jouées et, dans un carrousel mental vertigineux, je passerai d’une pièce à l’autre plusieurs dizaines de fois. En passant par exemple d’un pion « n’importe qui » à une pièce qui, comme le Roi, « n’est pas n’importe qui », vont s’éveiller, donc se libérer en moi, à travers ces différents modèles à la fois symboliques et concrets, les virtualités de qui je vais être un jour : un adulte modeste quoi qu’entreprenant, prudent et pourtant audacieux, prompt mais plein de patience, etc. Par conséquent, en jouant aux échecs, j’apprends à pratiquer les qualités de mes pièces, et ce faisant, j’acquiers ces qualités.

LES PROJECTIONS

Dès que la partie commence, il se produit une autre série de phénomènes psychologiques qui complètent celle des identifications : le joueur se projette sur les pièces, il les imprime de sa propre marque. Trop audacieux, il pousse ses modestes pions jusqu’à les rendre téméraires. Pusillanime, il se sert mal de ses bondissants Cavaliers. Conformiste, il ne tire aucun parti de ses Fous non-conformistes. Franc-tireur impulsif, il sort sa Dame trop tôt et la voilà qui se met à fuir dans tous les sens, pour finir par se faire prendre… Le joueur se projette donc avec ses propres défauts et il en subira les conséquences. Mais il se projette aussi avec ses qualités et il en est récompensé. On voit en effet des joueurs qui, projetant leurs qualités sur des pièces du jeu, font de celles-ci un usage qui donne parfois des résultats impressionnants.

10

QUELS RÉSULTATS PEUT-ON ATTENDRE DES ENFANTS ?

Ceux que peut obtenir le bon joueur, c’est-à-dire celui qui, en se penchant sur l’échiquier comprend et apprend qu'aux échecs comme dans la vie, il faut savoir ce que l’on veut et où aller (quoi jouer). En jouant aux échecs, j’apprends donc ce que signifie avoir un but, et que pour atteindre ce but, il y a des choses qu’il faut faire et d’autres qu’il ne faut pas faire. Par exemple, je découvre que pour gagner la partie, il ne faut pas jouer n’importe quoi, il faut savoir combiner une attaque avec 2 pièces, avec 3 pièces : j’apprends la stratégie. Or, les lois de la stratégie du jeu d’échecs sont les mêmes que celles qu’il faut connaître pour vivre bien et pour bien vivre. Quand je joue aux échecs, se manifeste un autre jeu, entre ma conscience d’une part (je fais attention, je m’applique, je réfléchis et je m’amuse, j’ai peur de perdre une pièce et je ris quand

j’en prends une) et mon inconscient d'autre part (mes pulsions, mes identifications, mes projections). C’est aussi par ce jeu d’identification et de projection que l’on découvre les bienfaits pédagogiques du jeu d’échecs. Sans qu’il soit nécessaire d’entrer dans le détail, on peut alors remarquer sur quels points le psychologue et le pédagogue se rencontrent. Le psychologue, par exemple, dira : « Voyons comment cet enfant joue, nous saurons qui il est », et le pédagogue dira : « Voyons comment il joue, nous saurons où il en est ». Le pédagogue constatera que la façon de jouer de l’enfant le transforme. On comprend aussi pourquoi la pratique de ce jeu qui, objectivement, est le même pour tout le monde (même échiquier, mêmes pièces, mêmes règles) ne risque pas de couler les enfants dans le même moule, et de fabriquer des stéréotypes. Chacun se sert du jeu, qui est le même pour tous, pour se construire à sa manière.

11

S’ÉPANOUIR GRÂCE AU JEU D’ÉCHECS

Nous avons jusqu’ici essayé de voir ce qu’il se passe quand un jeune enfant joue aux échecs. Il s’agit maintenant de l’expliquer. Car le mécanisme est surprenant : c’est parce que ma conscience et mon inconscient communiquent activement que la pratique des échecs peut avoir des effets pédagogiques et, en même temps, cette pratique a pour effet de faciliter, développer, voire rétablir de bonnes communications entre ma conscience et mon inconscient. Nous pouvons commencer à entrevoir pourquoi tant de remue-ménage internes fascinent le joueur. Effectivement, sitôt la partie commencée, et jusqu’à la fin, l’attention du joueur est sollicitée, une tension permanente s’installe. Plus rien d’autre n’existe. J’oublie tout. J’oublie l’heure. Je suis, au plein sens du terme, absorbé. J’ai trente-six raisons d’être fasciné. La plus plaisante étant une agréable revanche sur le monde entier !

Souhaitons alors que ces essais d’explorations aient levé quelques voiles et permis de découvrir :

• l’aspect formateur de ce jeu : je joue aux échecs, j’apprends à vivre ;

• l’aspect éducatif : je joue aux échecs, je remets sur le tapis mes petits défauts ;

• l’aspect cognitif : je joue aux échecs, j’apprends à me connaître et à me faire connaître ;

• l’aspect thérapeutique : je joue aux échecs, je m’équilibre.

FAIRE PREUVE DE BON SENS

Les enfants sont plus réceptifs que les adultes, plus malléables, à la fois plus fragiles et plus forts. Si la « magie » opère sur les grands, elle opère davantage sur les petits. Sachons doser, point trop n’en faut ! On a parfois remarqué en effet que de très bons joueurs semblaient perdre leurs qualités dans la vie courante. Il en est de même des enfants.

C’est probablement parce que l’investissement dans le jeu est excessif.

Le joueur trop absorbé, s’épuise, se dilue dans le jeu, et risque alors de s’y abîmer.

La remarque s’adresse tout autant aux parents qu’aux enseignants : faites jouer vos enfants mais n’en faites pas des champions.

Aux pédagogues, et aux parents de jouer maintenant !

12

Les champions du monde officiels du jeu d’échecs

NOM

W. Steinitz

NATIONALITÉ

CHAMPION

Américain d’origine tchèque 1886-1894

E. Lasker Allemand 1894-1921

J.-R. Capablanca Cubain 1921-1927

A. Alekhine

Français d’origine russe 1927-1935

M. Euwe Néerlandais 1935-1936

Alekhine Français d’origine russe 1936-1946

M. Botvinnik Russe 1948-1957

V. Smyslov Russe 1957-1958

Botvinnik Russe 1958-1960

M. Tal Russe 1960-1961

Botvinnik Russe 1961-1963

T. Petrossian Russe 1963-1969

B. Spassky Russe 1969-1972

B. Fischer Américain 1972-1975

A. Karpov Russe 1975-1985

G. Kasparov Russe 1985-1993 Karpov Russe 1993-1999

A. Khalifman Russe 1999-2000

V. Anand Indien 2000-2002

R. Ponomariov Russe 2002-2004

R. Kasimdzhanov Russe 2004-2005

V. Topalov Bulgare 2005-2006

V. Kramnik Russe 2006-2007

W. Anand Indien 2007-2013

M. Carlsen Norvégien 2013 à aujourd'hui

13

JOUER AUX ÉCHECS

DÈS L'ÂGE DE LA MATERNELLE, C'EST POSSIBLE !

Preux chevaliers, soldats intrépides, gentes dames et rois valeureux, voilà de quoi passionner les enfants à qui l’on présente ce jeu comme une grande aventure. Source d’amusement, le jeu d’échecs est aussi un outil d’éveil qui favorise le développement intellectuel des enfants, mobilisant mémoire, logique, esprit d’analyse et de synthèse.

Une méthode d’apprentissage ludique et accessible avec des exercices corrigés et des illustrations amusantes !

Code MDS : FS80432 12,95 € TTC www.fleuruseditions.fr

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.