












La Préhistoire désigne l’histoire de l’homme depuis son apparition sur la Terre jusqu’à l’invention de l’écriture. Cette période représente 99,9 % de notre histoire. Que sont alors nos 2 000 ans d’existence depuis l’ère chrétienne comparés aux 7 millions d’années durant lesquelles les hommes préhistoriques ont inventé l’outil, maîtrisé le feu et conquis le monde à pied ! Débutée au XIXe siècle, l’étude de cette longue période présente encore beaucoup de mystères malgré les incessantes découvertes et les progrès scientifiques.
Kenyanthrope
Il y a 3,5 millions d’années Afrique de l’Est
La Préhistoire couvre une gigantesque période divisée en plusieurs souspériodes au cours desquelles le temps se compte en millions d’années. Elle va de l’apparition de nos tout premiers ancêtres, il y a 7 millions d’années environ, jusqu’à l’invention de l’écriture vers 3 000 avant J.-C., voire 5 000 selon certains.
Orrorin Il y a 6 millions d’années Afrique de l’Est Découvert en Éthiopie
En 1871, le naturaliste anglais Charles Darwin fait scandale en prétendant que l’homme descend du singe.
Le fossile est le reste ou l’empreinte d’une plante ou d’un animal, conservé dans la roche. Au XIXe siècle, fossiles et silex commencent à être dessinés et étudiés, comme ce crâne d’animal dessiné en 1849. L’archéologie et la paléontologie apparaissent.
Dès l’Antiquité, la découverte de fossiles fascine les hommes et les embarrassent. D’où proviennent-ils ? Quelles sont ces traces de vie ? Au XVIIIe siècle, des chercheurs s’interrogent : l’homme a-t-il toujours été homme ? Au XIXe siècle, l’étude des fossiles et squelettes retrouvés çà et là passionne. Pour la première fois, un scientifique anglais, Charles Darwin, soutient l’idée que l’homme et le singe sont parents et qu’ils ont une origine commune. C’est le début d’une véritable science, une course aux découvertes s’engage.
C’est
Ardipithèque
Il y a 5,5 millions d’années Afrique de l’Est
Homo
Il y a 2,5 millions d’années Cette famille comprend les Homo ergaster et erectus, l’homme de Néandertal et l’homme de Cro-Magnon.
Au XIXe siècle, les découvertes d’ossements se multiplient sans que l’on puisse déterminer leur origine, faute de connaissances. En 1847, le Français Boucher de Perthes, collectionneur de silex, soutient que ces objets sont des outils de pierre taillés par des hommes vivant à l’époque de grands mammifères disparus comme le mammouth. Il est le premier à diviser la Préhistoire en deux temps : le Paléolithique, ou culture de la pierre taillée, et le Néolithique, ou culture de la pierre polie.
Le silex est une pierre très dure composée de silice qui sert à fabriquer des outils à la Préhistoire.
Paranthrope
Il y a 2,5 millions d’années Afrique de l’Est et du Sud
Australopithèque
Il y a 4,5 millions d’années Afrique de l’Est, centrale et du Sud Ils sont longtemps considérés comme les premiers hommes.
Toumaï
Il y a 7 millions d’années Afrique centrale Découvert en 2001, il serait notre plus vieil ancêtre connu.
Les fouilles nécessitent un soin méthodique afin de dégager les traces les plus microscopiques. Des analyses sont ensuite poursuivies en laboratoire pour dater et étudier les différentes découvertes.
Pour reconstituer l’histoire de nos origines, les scientifiques se fondent sur l’archéologie : l’étude des vestiges, c’est-à-dire des fossiles, os, dents, outils, bijoux... On cherche aussi à connaître le contexte de chaque découverte : climat, faune, flore... Il s’agit de chercher non pas seulement à quoi ressemblaient ces hommes qui nous ont précédés, mais leur mode de vie, leur habitat, leur savoir-faire... L’archéologie tente de répondre à ces questions en faisant appel à des spécialistes. Le géologue explore les différentes couches du terrain, le paléontologue étudie les fossiles, l’archéozoologue se spécialise dans les restes d’animaux, le palynologue se penche sur les grains de pollen pour reconstituer la végétation et en déduire le climat...
Pour les préhistoriens, il n’est pas aisé de déterminer les toutes premières origines de l’homme. Ainsi vont-ils de surprise en surprise. Chaque nouvel ossement découvert s’avère plus ancien que le précédent et remet en cause les hypothèses de la veille. Longtemps considérés comme les plus lointains ancêtres de l’homme, les Australopithèques, vieux de quelque 4 millions d’années, ont été détrônés par Toumaï, Orrorin et Ardipithecus, âgées respectivement de 7,6 et 5,8 millions d’années !
Comme le chimpanzé, le bonobo et le gorille, l’homme appartient à la famille des hominidés. Entre - 8 et - 9 millions d’années, cette grande famille se serait séparée en trois : les gorilles, les chimpanzés, et les hominines qui correspondent à la lignée humaine. Toumaï, Orrorin et Ardipithecus se situeraient sur cette branche humaine comme leurs cousins Australopithèques, car tous semblent aptes à marcher debout, sur leurs deux pieds (c’est la bipédie), tout en grimpant aux arbres.
Les restes de Toumaï, nom qui signifie « espoir de vie », ont été découverts en Afrique, au Tchad, en juillet 2001. Ses découvreurs ont étudié les mâchoires et le crâne dont la base laisserait penser qu’il pouvait marcher. Ils en ont déduit qu’il s’agissait vraisemblablement de notre plus vieil ancêtre connu à ce jour. Cependant, un os de la cuisse, le fémur, retrouvé en même temps, est encore en cours d’étude. Cet os-là pourrait apporter la preuve que Toumaï marchait ou pas sur ses deux pattes. Alors, Toumaï est-il notre ancêtre ou celui d’un gorille ?
crâne de Toumai, certainement le plus vieil ancêtre de l’homme connu aujourd’hui, a été retrouvé entouré de plusieurs mâchoires et des dents isolées.
Découvert au Kenya en 2000, Orrorin (– 6 millions d’années) fut considéré comme le plus vieil ancêtre de l’homme avant l’exhumation de Toumaï. Quelques dents, un fémur, des phalanges... ont permis de déduire qu’Orrorin marchait sur ses deux pieds tout en s’accrochant aux arbres à l’occasion.
La forme du fémur, l’articulation de la hanche ou du genou sont des indices pour déterminer la bipédie, mais l’étude du crâne participe aussi à cette enquête : la position du trou occipital (en communication avec la colonne vertébrale) permet de savoir si l’on a affaire à un bipède ou à un quadrupède.
Tout comme Toumaï et Orrorin, on ne connaît Ardipithecus kadabba qu’à travers une vingtaine d’ossements et de dents découverts en Éthiopie. C’est toutefois suffisant pour le placer dans la course au titre de plus vieil ancêtre de l’homme. Âgé de - 5,8 à 5,2 millions d’années, Ardipithecus marche sur ses pattes arrière, et même s’il grimpe aux arbres, il est moins agile que les singes. Ses dents sont plus petites et plus fines.
Tous les hominidés, hommes et singes, ont pratiqué la marche debout. Certains chercheurs pensent qu’étant entourés de moins en moins d’arbres, nos ancêtres ont peu à peu marché exclusivement debout. D’autres scientifiques avancent que le tout dernier ancêtre commun aux chimpanzés et aux hominines était un primate qui vivait redressé dans les arbres. Il aurait existé il y a 15 millions d’années.
Ces empreintes de pas découvertes en Tanzanie ont été préservées dans la cendre volcanique. Elles appartiennent à un hominine et sont vieilles de 3,5 millions d’années. Ce sont les plus anciennes jamais retrouvées.
Les Australopithèques apparaissent il y a plus de 4 millions d’années et disparaissent vers - 1,8 million d’années. Il en existe de nombreuses espèces. Haut de 1 m à 1,35 m, il marche sur ses deux pieds et grimpe aux arbres. C’est là qu’il dort la nuit, à l’abri des carnivores. Ils se nourrit de charogne et de petit gibier, récolte des insectes, des larves, et surtout des plantes et des racines. Il utilise probablement des pierres, du bois et des os en guise d’outils.
En 1974, un squelette d’Australopithèque vieux de 3,2 millions d’années est mis au jour en Éthiopie. Avec 52 morceaux d’os, c’est le premier fossile d’hominine aussi complet. Mais en 1994, Lucy est détrônée par Little Foot, un autre fossile d’Australopithèque découvert en Afrique du Sud, âgé de 3,7 millions d’années. Son squelette est à 90 % complet ! Avec ses jambes plus longues que ses bras, nul doute qu’il marchait debout.
Le Paranthrope a une grosse tête et d’énormes dents, d’où son surnom de casse-noix ! Cet herbivore de plus de 2 millions d’années utilise des outils sommaires comme des bâtons pour creuser le sol ou des pierres pour fendre des noix. Il s’éteint sans descendance vers - 1,2 million d’années.
Vers 2,5 millions d’années, la Terre subit d’importants changements climatiques. Il fait de plus en plus froid. À l’est de l’Afrique, la savane se fait plus sèche et les arbres, moins nombreux. C’est dans ce contexte que serait apparu le premier représentant du genre Homo : Homo habilis. Pas tellement plus grand que son cousin l’Australopithèque, mais doté d’un cerveau un peu plus gros, il vit sur la terre en même temps que de nombreux autres hominines. Mais qu’est-ce qui différencie donc le genre Homo ?
Lorsque l’Homo habilis apparaît dans la savane, il coexiste avec les derniers Australopithèques, mais également avec le Paranthrope, l’Homo rudolfensis, et plus tard avec l’Homo ergaster pendant au moins 500 000 ans. En effet, nos différents ancêtres ne se succèdent pas sur la Terre. Pendant toute la Préhistoire, diverses espèces d’hominines vivent au même moment, plus ou moins longtemps, et certaines lignées s’éteignent sans que l’on comprenne pourquoi.
Haut de 1,15 à 1,30 m, l’Homo habilis n’est guère plus grand que l’Australopithèque. Son crâne est plus gros et sa face est plus allongée. Quant à son cerveau, il est beaucoup plus gros, même s’il ne représente que la moitié de celui d’un homme actuel. D’ailleurs, le développement de certaines parties du cerveau, notamment où sont élaborés les mots, laisse penser qu’il communique déjà avec un langage articulé probablement rudimentaire.
Entre l’Australopithèque (1) et l’homme moderne (3), le cerveau a plus que triplé de volume. Cette évolution s’est faite parallèlement à l’augmentation de la taille des espèces. On sait aujourd’hui que la taille du cerveau n’est pas directement liée à l’intelligence.
Galet aménagé
On a longtemps cru que l’Homo habilis était le premier véritable artisan, d’où son nom : « homme habile ». Or, la découverte au Kenya d’outils de pierre taillée remontant à 3,3 millions d’années, prouve que la fabrication d’outils n’est pas le propre du genre Homo Ce sont des contemporains des Australopithèques qui ont réalisé ces instruments, bien avant l’apparition de notre ancêtre direct. Comment ? Un bloc de roche repose sur le sol, celui qui doit être taillé est posé dessus, et une pierre sert de percuteur.
L’ Homo habilis récupère des galets au bord d’une rivière, puis les retouche pour fabriquer des outils coupants, les tranchoirs, qui servent sûrement à tailler des branches, couper la peau des animaux, casser des os pour en extraire la moelle.
Crâne d’Australopithèque 1 Crâne d’Homo habilis 2 Crâne humain 3Contrairement au Paranthrope qui vit à la même période, l’Homo habilis a une nourriture variée. Comme l’Australopithèque, il est omnivore : il mange principalement des baies, des racines, des champignons, mais aussi probablement des œufs, peut-être du poisson, et davantage de viande grâce à laquelle il fait le plein d’énergie.
Orrorin et Ardi marchent sur leurs deux pieds, ainsi que Lucy qui utilise probablement des outils, tout comme le Paranthrope. Alors, en quoi le genre Homo se distingue-t-il ? Pour certains chercheurs, ce serait le fait de se déplacer uniquement sur ses deux pieds, et d’être capable de marcher et de courir pendant un long moment.
Installé dans la savane arborée, en bordure de marécages, l’Homo habilis vit en petits groupes. Les conditions de vie étant rudes, hommes et femmes doivent participer aux différentes tâches, qu’il s’agisse de dépecer les animaux morts, de les transporter, de chasser des proies vivantes ou de fabriquer des outils.
Les premiers restes d’Homo rudolfensis sont exhumés en 1972 et datés de 1,9 million d’années. Au départ, les chercheurs pensent qu’il s’agit d’un Homo habilis, mais vu les importantes différences qui existent entre les ossements découverts et ceux de l’Homo habilis, surtout au niveau de la face, certains décident d’en faire une espèce distincte.
Quand il ne chasse pas lui-même des petites proies comme des lièvres ou des rats, l’ Homo habilis profite des cadavres d’animaux abandonnés par les fauves. Mais gare aux charognards comme les hyènes et les chacals qui lui disputent les carcasses.
Avec Homo erectus et ses acolytes, l’évolution continue à pas de géant. Solides marcheurs, les hommes se déplacent au gré des changements climatiques. Ils se nourrissent de noix, de racines, d’insectes, de coquillages et, plus que jamais, de viande. Ils sortent d’Afrique, s’aventurent en Asie, en Europe et atteignent même l’Indonésie. Capables de manger un peu de tout, fabriquant leurs outils et maîtrisant le feu, ils s’adaptent à leur environnement et évoluent selon les régions où ils se trouvent.
L’Homo ergaster est le premier du genre Homo à nous ressembler physiquement. Silhouette élancée et haute taille, « l’homme travailleur » est aussi un marcheur. Il ne grimpe plus aux arbres, n’est plus couvert de poils, mais il aime manger de la viande. Apparu en Afrique, il y a environ 2 millions d’années, il serait le précurseur de l’Homo erectus.
Homo erectus signifie « homme debout ». S’il n’est pas le premier hominine à se tenir sur ses pieds, il est le premier dont le cerveau dépasse 1 000 cm3, contre 1 350 en moyenne aujourd’hui. Apparu il y a environ 1,8 million d’années, il disparaît vers - 100 000 ans après avoir colonisé de nombreux territoires. Un record de longévité !
Pour réaliser un biface, l’homme choisit un bloc de pierre dure dont il va tailler les pourtours à l’aide d’un percuteur jusqu’à obtenir une forme en amande, arrondie et épaisse à la base, pointue au sommet, tranchante sur les côtés.
Le biface, cet outil symétrique taillé sur les deux faces, est le couteau suisse de la Préhistoire. Avec ses bords tranchants, il sert à couper, gratter, trancher, percer, et il s’affûte en quelques secondes. Il apparaît en Afrique vers - 1,6 million d’années et vers - 650 000 ans en Europe. Pour le fabriquer, l’homme ne taille pas au hasard : d’abord, il définit dans sa tête la forme qu’il veut donner à son outil, puis il fait en sorte que l’objet qu’il fabrique coïncide au mieux avec la forme souhaitée.
C’est vers - 2 millions d’années que les hommes quittent l’Afrique. Cette grande migration a lieu petit à petit, sur des générations. Un premier groupe arrive au Moyen-Orient, où il s’installe et crée une petite population. Puis les hommes repartent, reviennent.
Un jour, un groupe s’aventure plus loin encore, et tourne à l’Est, en direction de l’Asie. Vers - 1,8 million d’années, un descendant d’Homo habilis ou d’Homo erectus s’établit aux portes de l’Europe, dans le Caucase : on l’appelle Homo georgicus
C’est le premier presque Européen !
Excellent marcheur, l’Homo erectus est aussi un bon coureur et probablement un bon chasseur. Car pour marcher longtemps, et faire fonctionner son « gros cerveau », il lui faut beaucoup d’énergie. La viande lui fournit les protéines et les calories nécessaires. Il chasse sans doute en groupe, armé de lances. Ensuite, il organise des séances de boucherie : zèbres, antilopes, éléphants ou hippopotames sont découpés en morceaux, leur peau est ôtée, leurs os, brisés. Une fois débitée, la viande est rapportée au camp où elle est partagée.
Entre - 1,4 et - 1,2 million d’années
Vers - 1,8 million d’années
Vers - 2 millions d’années
Entre - 1,9 et - 1,8 million d’années
Vers - 1,6 million d’années
Endroit où on a retrouvé l’Homo georgicus il y a 1,8 million d’années Endroits où on a retrouvé des Homo erectus Zones où on a retrouvé des Australopithèques
Lors des périodes de grand froid, les glaciations, le niveau des mers baisse. C’est donc à pied que l’ Homo erectus rejoint l’île de Java en Indonésie.
La conquête du feu est l’une des plus grandes révolutions de la Préhistoire. Grâce au feu, l’homme peut s’éclairer, se chauffer, cuire ses aliments, se protéger des animaux féroces, améliorer ses outils, s’aventurer dans les profondeurs des cavernes, communiquer au coin du feu et développer une vie sociale. Il peut aussi explorer des territoires glacés, inaccessibles auparavant. Les scientifiques ont longtemps pensé que la maîtrise du feu remontait à environ - 400 000 ans, mais des foyers découverts en Israël suggèrent qu’elle daterait plutôt de - 790 000 ans.
L’homme a sûrement utilisé le feu bien avant de savoir le faire naître. Cette prodigieuse découverte est probablement un hasard : un tailleur de pierre cogne un silex contre un minerai de fer. Les étincelles qui jaillissent embrasent des herbes. Ou bien encore, en frottant deux morceaux de bois l’un contre l’autre, l’homme produit un petit tas de sciure échauffée qui joue le rôle de braises. Ainsi serait donc né le premier briquet !
Le feu est d’abord un élément effrayant. Les hommes redoutent la foudre qui s’abat sur l’arbre et le réduit en cendres ; ils craignent la lave des volcans, et les feux de savane à la saison sèche. Un jour, un homme, sans doute plus curieux et plus téméraire que les autres, a dû profiter d’un incendie naturel pour capturer une flamme au bout d’un bâton ou goûter un morceau de viande grillée. L’événement s’est reproduit et les hommes ont appris à apprivoiser la précieuse flamme en l’alimentant avec des herbes sèches et des brindilles pour ne pas qu’elle s’éteigne.
La maîtrise du feu s’est faite très progressivement et sur une période très longue. Pour y parvenir, il a fallu que des générations et des générations se transmettent leurs connaissances.
Le feu illumine la nuit et prolonge le jour. Le soir venu, les hommes se rassemblent probablement autour du foyer. Peut-être est-ce l’occasion de perfectionner le langage ? La lumière des flammes permet de s’enfoncer dans les cavernes : équipés de torches en bois de pin ou de lampes remplies de graisse animale, les hommes vont pouvoir dessiner sur les parois des grottes (voir pages 22-23).
Auprès d’un feu, l’homme peut dormir sans craindre l’apparition d’un fauve. Armé d’un bâton enflammé, il peut aussi se défendre des bêtes et même les effrayer en brandissant sa torche pour les acculer vers des pièges.
Le feu sert à perfectionner les outils. La chaleur permet d’affiner la taille des silex (voir pages 20-21), de durcir la pointe des épieux en bois, de redresser le bois de renne utilisé pour la confection de nombreux outils.
L’homme découvre probablement la cuisson par hasard, alléché par l’odeur de la viande cuite d’une bête victime d’un incendie. Avec le temps, le mode de cuisson varie : rôtie, grillée ou même bouillie en jetant des galets bouillants dans des récipients en peaux de bêtes, la viande peut aussi être séchée et fumée pour être conservée. Grâce à la cuisson, la viande est plus facile à mastiquer, elle est plus digeste. Il y a moins de parasites. Mieux nourris, les hommes sont en meilleure santé. Le feu, source de chaleur, fait aussi reculer le froid. Grâce à lui, l’homme peut s’aventurer dans des régions glacées (voir pages 12-13) et avancer toujours plus au nord (voir pages 18-19).
La paléoanthropogie moderne, c’est-àdire l’étude de l’évolution de l’homme, est née avec l’homme de Néandertal.
Après la découverte en 1856 d’un fossile à Néandertal, en Allemagne, le premier squelette complet est mis au jour en 1908.
Longtemps, sa grosse tête et son corps trapu ont valu à notre homme d’être traité de créature primitive. Mais le voilà désormais reconnu comme un humain à part entière. Apparu il y a environ 450 000 ans, c’est un artisan adroit qui parle, maîtrise le feu, sait cuire ses aliments, enterre ses morts, s’aventure dans le monde souterrain… Il pourrait même être un artiste.
Il fait parfois très froid en Europe, parfois moins, et le gibier prolifère sur cet immense territoire très peu peuplé. Une chance pour Néandertal qui est un gros mangeur de viande, même s’il apprécie aussi les végétaux, les coquillages, le poisson... Armé de lances ou de javelots, il préfère chasser les rennes, les bisons et les chevaux que les gigantesques mammouths et les rhinocéros laineux. Pour effrayer ses proies, il utilise probablement le feu afin de les rabattre vers des marais ou des vallons fermés où elles seront piégées.
Madame Néandertal mesure en moyenne 1,53 m et monsieur, 1,65 m. Trapus et tout en muscles, ils ont des os robustes adaptés à leurs conditions de vie rudes. Chasseurs et cueilleurs, ils trouvent tout ce dont ils ont besoin dans la nature et déplacent leurs campements au gré des saisons. Un homme vit environ 45 ans, une femme, 35 ans car les accidents sont fréquents lors des accouchements. Beaucoup de nouveaux nés et d’enfants meurent. Les jeunes adultes, eux, perdent souvent la vie à la chasse.
Habile artisan, Néandertal fabrique des outils — grattoirs, racloirs, couteaux — minces et tranchants. Il produit une grande variété de pointes, très longues, qu’il fixe à des manches en bois à l’aide d’un lien végétal. Il réalise ainsi de véritables javelots parfaitement adaptés à la chasse.
Il y a 176 500 ans, Néandertal s’aventure sous terre ! C’est à Bruniquel, en France, que se trouve la plus ancienne grotte aménagée par l’homme : 400 morceaux de stalagmites, d’un poids total de 2 tonnes, y ont été volontairement brisés, puis transportés et disposés en cercle. Pour effectuer un tel travail dans l’obscurité, les hommes ont dû utiliser des torches. Mais pourquoi tant d’efforts ? Les scientifiques pensent à un rite ou un culte.
Néandertal honore ses morts. Il les enterre dans des fosses qu’il enduit parfois de couleur ocre et garnit de fleurs ou d’ossements d’animaux. Dans une tombe retrouvée à Shanidar, en Irak, on a découvert une grande quantité de pollen, signe que de nombreuses fleurs auraient été déposées.
Loin d’être une brute épaisse, Néandertal aime les parures, collecte les coquillages, récupère les plumes d’oiseaux, les bois des cerfs, les serres d’aigles ; il utilise aussi les pigments colorés, noir, rouge, marron. Sur les parois de la grotte de La Pasiega, en Espagne, sont dessinés des formes géométriques et des animaux qui dateraient de 65 000 ans ! L’Homo sapiens n’arrivant en Europe que 20 000 ans plus tard, ces dessins seraient l’œuvre de Néandertal.
Néandertal occupe l’Europe pendant 400 000 ans. Il s’aventure jusqu’au ProcheOrient où il rencontre l’Homo sapiens, tout juste sorti d’Afrique, et les deux espèces s’accouplent. Puis Néandertal poursuit sa route jusqu’en Sibérie où il croise l’homme de Denisova ! L’Homo sapiens fait le chemin inverse, et s’installe en Europe vers - 40 000 ans, alors que Néandertal disparaît.
L’homme moderne est apparu en Afrique, avant - 300 000 ans, on l’appelle Homo sapiens, ce qui signifie « homme sage ». Avec son crâne arrondi, son front haut dépourvu de bourrelets au-dessus des yeux, son menton marqué et ses petites mâchoires, Homo sapiens, c’est nous !
De - 180 000 ans à - 12 000 ans, il colonise le monde depuis le Moyen-Orient jusqu’à l’Amérique du Sud. Au début de ce voyage, il coexiste avec au moins quatre espèces d’hommes. Or, vers - 40 000 ans, lui seul demeure sur la planète !
Contrairement à Néandertal qui est né en Europe, l’Homo sapiens est originaire d’Afrique. Ses représentants en sont sortis à diverses époques : le premier groupe vers - 180 000 ans, et celui dont nous sommes issus vers - 60 000 ans. Alors que les hommes se dispersent tout autour de la planète, des différences physiques commencent à apparaître selon le milieu où ils s’installent : la couleur de peau varie, tout comme les traits du visage et la taille.
Les hommes modernes arrivent au Proche-Orient vers - 180 000 ans où ils vont côtoyer Néandertal. Mais la colonisation de la Terre commence il y a environ 70 000 ans. Certains groupes vont jusqu’en Sibérie où ils rencontrent l’homme de Denisova, d’autres gagnent l’Asie du Sud-Est où vivent l’Homo floresiensis (Indonésie) et son voisin Homo luzonensis (Philippines). Ils continuent leur chemin vers l’Australie qu’ils atteignent vers - 65 000 ans. Quant à l’Europe de l’Ouest, ce n’est que vers - 40 000 ans que l’homme moderne, mieux connu sous le nom de « Cro-Magnon », s’y installe.
Entre - 40 000 et - 45 000 ans
- 50 000 ans
- 100 000 ans
- 180 000 ans
- 20 000 ans
- 12 000 ans
Toujours en quête de nourriture, l’ Homo sapiens va de campement en campement. Peutêtre transporte-t-il ses biens dans des sortes de baluchons en peau ou encore sur des peaux tendues entre deux bâtons qu’il traîne derrière lui.
Selon les régions, Cro-Magnon construit des huttes à l’aide de structures de bois ou de défenses de mammouths tendues de peaux. Il peut aussi installer des cabanes dans des abris naturels creusés au pied de falaises. L’espace intérieur est divisé par des peaux de bêtes tendues. Dans le « coin repos », des branchages sont étalés sur le sol et recouverts de peaux.
Cro-Magnon vit en petits groupes d’environ 25 personnes et mène une vie de nomade, il se déplace au fil des saisons pour suivre le gibier. Mais il n’est pas facile d’aller à pied en portant des tout-petits. Il semble donc que les familles n’ont pas beaucoup d’enfants. Nombre d’entre eux d’ailleurs meurent en bas âge.
Les hommes profitent peut-être de la baisse du niveau des mers pour rejoindre l’Amérique à pied sec, en traversant le détroit de Béring. Mais pour rallier l’Australie, quelle que soit la période, ils doivent franchir plusieurs bras de mer, dont un de 80 km ! Et construire des embarcations ! Est-ce la diminution des ressources en nourriture qui les incitent à cette traversée périlleuse ? Comment savent-ils qu’il y a une terre par-delà la mer ? Décident-ils de suivre le vol d’oiseaux ? Est-ce la lumière d’un volcan en éruption qui les attire ? Une chose est sûre, il faut plusieurs vagues de migrants motivés pour parvenir à occuper cette île.
L’ Homo sapiens n’a pas fait que croiser d’autres espèces d’hommes, il a aussi eu des enfants avec eux. C’est pourquoi certaines populations actuelles portent des gènes de Néandertal et d’autres, de Dénisovien.
Pourquoi l’Homo sapiens reste-t-il seul sur Terre ? Peut-être parce qu’il organise une société dans laquelle les individus collaborent assidûment, en se transmettant les informations et les savoir-faire. De même, à cause de leur « gros cerveau », les bébés sapiens naissent bien avant d’avoir fini de se développer et d’être autonomes. Ils bénéficient donc de longues années d’apprentissage. Sans compter que l’Homo sapiens est un grand consommateur de plantes et d’animaux. Si la faune et la flore ont souffert de sa présence, les autres espèces humaines ont pu également en pâtir, sans que l’Homo sapiens ait voulu les exterminer.
De l'immensité de la Terre à celle de l’invisible, de la graine qui germe à l'arbre majestueux, des volcans prodigieux aux fonds des océans...
DÉCOUVRE UNE INCROYABLE NATURE, PLEINE DE TRÉSORS, POUR MIEUX LA PROTÉGER !