RSA
Une (nouvelle) réforme qui ne passe pas
Alors que le Gouvernement envisage de conditionner le versement du RSA à la réalisation de 15 à 20 heures d’activités par semaine, des voix s’élèvent pour lui demander de revoir ses plans. Le tout, dans un contexte social plus que tendu par la réforme des retraites.
PRÉVENTION
Prenez rendez-vous avec votre santé !
Jeudi 8 juin, à la salle Joliot-Curie, se dérouleront les deuxièmes “Rendez-vous avec ma santé”. Une rencontre qui a pour vocation de “renforcer la prévention en matière de santé, et de créer les conditions durables pour assurer l’accès à ce droit fondamental”, selon Michèle Picard, maire de Vénissieux.
Le bel âge xpressionse
N° 758 du 31 mai au 13 juin 2023
www.expressions-venissieux.fr
L e s n o u v e l l e s d e V é n i s s i e u x
LYCÉE JACQUES-BREL
Dans les pas des marcheurs de 1983
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Fort de ses 350 adhérents, animé par un noyau dur d’une trentaine de bénévoles, l’Office municipal des retraités (OMR) vient de fêter ses quarante ans. PAGE 3
ENTREPRISES
Boostheat repasse la marche avant
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THÉÂTRE DE VÉNISSIEUX
Venez découvrir la prochaine saison
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SÉCURITÉ
La résidentialisation, une solution ?
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Pour lutter contre les points de deal, les opérations de résidentialisation se multiplient à Vénissieux.
EMMANUEL FOUDROT PAGE 4 PAGES 9 À 11
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PHOTO EMMANUEL FOUDROT
RÉFORME DES RETRAITES 200 manifestants dans les rues de Vénissieux
Jeudi 25 mai, ils étaient près de 200 à manifester dans les rues de Vénissieux. Un round “local” avant la journée de mobilisation interprofessionnelle du 6 juin.
Le 25 mai, à l’appel de l’Union locale CGT, près de 200 personnes ont manifesté dans les rues de Vénissieux, afin de réaffirmer leur opposition à la réforme des retraites. Le cortège est parti de l’hôtel de ville pour se rendre près de l’arrêt de tramway Joliot-Curie/Marcel-Sembat.
“ Cette manifestation constitue l’occasion de rappeler la prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle, prévue le 6 juin, explique Gilles de Gea, pour l’Union locale CGT. Il n’y a pas eu de mobilisation depuis quelques semaines, mais l’opposition à cette réforme est toujours aussi marquée dans la population. D’autres sources de financement des retraites existent, mais Emmanuel
DISPARITION
Macron s’entête à ne pas vouloir nous écouter. Il vole deux ans de leur vie aux travailleurs : qu’il ne compte pas sur nous pour le laisser faire sans rien dire.”
La manifestation lyonnaise du 6 juin partira de la Manufacture des Tabacs. Deux jours plus tard, l’Assemblée nationale aura à se prononcer sur une proposition de loi déposée par le groupe LIOT, permettant un retour de l’âge de départ à la retraite de 64 à 62 ans — si cette proposition n’est pas bloquée en amont par le gouvernement.
“Il est urgent de mettre la question des salaires et du pouvoir d’achat au centre de tous les débats, déclarait, à la fin du parcours du cortège, Michèle Picard, maire de
Vénissieux. La France est riche, riche de ce que nous produisons, riche de nos ressources et de nos savoir-faire. D’autres solutions sont possibles : taxer les superprofits générés par les grosses
Jean-Paul Bouit, figure du monde de la restauration
mettaient des écarts de conduite”, se rappelle Tayeb, responsable de Vénicopie.
Toujours à la recherche de nouveaux défis, Jean-Paul et Célérina, qui résident rue Gaspard-Picard, prennent en mains, en 2003, Le République à Lyon, une brasserie installée en face de l’Hôtel-Dieu. Le concept construit sur des animations tous azimuts et tout public, est une réussite sans précédent : concerts, retransmissions de matchs de foot, soirées à thèmes ou réservées aux étudiants… Le Rep devient une institution de la jeunesse lyonnaise.
L’heure de la retraite avait-elle sonné quand le couple revend Le République en 2009 ? C’était sans compter un dernier challenge, la reprise, en 2013, du Grand Café de la Soierie, à la Croix-Rousse.
entreprises, indexer les salaires sur l’inflation, prendre en compte réellement les carrières longues, la pénibilité au travail, les inégalités salariales entre les hommes et les femmes... Nous devons res-
FESTI’JEUNES
ter mobilisés contre une réforme qui créera plus d’inégalités et sera plus discriminante encore envers les femmes. La retraite à 60 ans, c’est possible !” g
Un programme riche pour une première édition
“Trois journées, trois ambiances”, le ton est donné pour la première édition du Festi’jeunes, qui a lieu ce mercredi 31 mai, le vendredi 2 juin et le samedi 3 juin. Dédié à la jeunesse, ce festival, ouvert aux 11-25 ans et à leurs parents, prévoit trois journées thématiques.
Pour ouvrir l’événement, ce mercredi 31 mai au cinéma
Gérard-Philipe de 18 heures à 21 heu res, des débats sont proposés avec “ Place O débat ”.
12 portraits de jeunes et de collectifs de jeunes engagés seront présentés. En partenariat avec l’association La Perche, des humoristes comme Solo La Barbe, Farouche ou Thomas Fernande viendront ensuite divertir le public. Pour terminer la soirée en beauté, à partir de 22 heures, le DJ Greezly, du collectif La Fougue, fera danser les participants.
Jean-Paul Bouit est décédé le 22 mai dernier à l’âge de 73 ans. Quelques anciens Vénissians l’appelaient “Monsieur Bouit”, mais l’essentiel de ses clients, amis ou proches, se contentaient de Jean-Paul.
Figure du monde de la restauration, ce Stéphanois décide de s’installer à Lyon en 1981, où il lance Le Fleurie, place des Terreaux. Avec son épouse Célérina, il ouvre en 1989 à Vénissieux Le Café de la Paix, une brasserie qui devient très vite un rendez-vous incontournable. “Généreux et disponible, il savait hausser le ton et se montrer persuasif quand quelques-uns se per-
Affaibli par des ennuis de santé, Jean-Paul s’était retiré avec Célérina, chez lui à Vénissieux. “Il avait ses habitudes, comme venir boire son café avec son épouse et sa belle-mère, chez moi, pour partager des moments d’amitié avec des clients qui l’avaient connu”, évoque Bouzid, gérant de la brasserie Le Vieux Bourg, située à une centaine de mètres de la demeure du couple Bouit. Avec la disparition de Jean-Paul Bouit, la rédaction d’Expressions perd un ami. Elle adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. g
À 18 h 30, une joute verbale autour de l’éloquence aura lieu puis, dès 19 h 30, une table ronde intergénérationnelle sur le thème “ Vénissieux hier, Vénissieux aujourd’hui ” sera animée par Julien Maniez, animateur radio France Bleu. Une synthèse graphique des échanges sera réalisée en temps réel par l’illustratrice Le Trait de Lou. Le vendredi 2 juin, une soirée festive sera organisée à Bizarre!
Pour la dernière journée du Festi’jeunes, l’après-midi du samedi 3 juin sera consacrée aux pratiques numériques à la salle Joliot-Curie. Dix ateliers de découvertes et d’initiation pédagogiques et ludiques seront proposés comme de la robotique, de la réalité virtuelle ou un escape game. Un tournoi du jeu vidéo Mario Kart sera aussi organisé. La finale sera diffusée et commentée en direct sur Twitch par le streamer vénissian Amar Volte. g
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G.M.
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OFFICE MUNICIPAL DES RETRAITÉS
L’OMR, tout jeune quadra
L’OMR fête ses quarante ans. L’association, qui compte aujourd’hui 350 adhérents, a rajeuni son image et ses activités pour s’adapter aux nouvelles attentes des retraités.
“On a 40 ans et tout roule pour nous !” , se réjouit Jean-Bernard Bert, président de l’Office municipal des retraités (OMR). Pour célébrer cet anniversaire, une fête était organisée ce vendredi 26 mai, à la salle Joliot-Curie, en présence du maire Michèle Picard, du député du Rhône Idir Boumertit, de l’ancien député-maire de Vénissieux André Gerin ainsi que de nombreux élus.
“Nous avons un bureau qui fonctionne, un noyau dur d’une trentaine de bénévoles qui fait un travail formidable, et des liens étroits avec la municipalité, détaille le président. On ne peut que se satisfaire de cette situation.” Un constat partagé par Michèle Picard, présidente d’honneur de l’association : “L’OMR s’est inscrit dans l’Histoire
et le paysage vénissian. Elle agrémente et égaie le quotidien des retraités vénissians. Le troisième âge est devenu un véritable enjeu de nos sociétés et de nos villes. (…) 40 ans, c’est le bel âge, avec assez de recul pour faire fructifier l’expérience accumulée, bravo à tous !”.
Lutter contre L’isoLement
Dès 1965, la municipalité fait des retraités une priorité. Marie Cazorla, adjointe du maire Marcel Houël, propose alors la mise en place de salles dédiées aux retraités pour des activités comme des jeux de cartes ou de la danse. Quelques années plus tard, en 1983, alors que Marcel Houël est toujours maire, l’OMR est officiellement créé.
Une des grandes priorités de l’association est la lutte contre l’isolement
des personnes âgées. Surtout depuis le Covid-19. “La crise sanitaire a fait beaucoup de dégâts, confirme Jean-Bernard Bert. De nombreux retraités se sont habitués à être seuls. Il faut les aider à sortir de cet isolement.” Le passage à la retraite peut aussi être une étape délicate à passer pour certaines personnes. “Au début, ils ont l’impression d’être en vacances, détaille Sophie Vouilloz, directrice de l’OMR. Ensuite ils comprennent vraiment qu’ils ne reprendront pas leur activité professionnelle. Ils perdent leur identité sociale et certains peuvent très mal le vivre.”
Des retraités “muLticartes”
L’OMR met l’accent sur la convivialité des animations organisées pour les 350 adhérents de l’association. “Ils peuvent rencon-
trer de nouvelles personnes. Ils créent du lien et peuvent ensuite se voir en dehors de l’association et quand ça arrive, c’est là qu’on se dit qu’on a gagné quelque chose.” En poste depuis 2016, Jean-Bernard Bert s’est fixé pour objectif de redynamiser l’image de l’OMR : “Les retraités d’aujourd’hui ne sont pas ceux des années quatre-vingt-dix, affirme-t-il. Ils n’ont pas les mêmes envies, ils sont plus dynamiques et multicartes : un jour ils vont vouloir faire de la marche nordique, un autre jour de l’aquabike, des sorties, etc...” L’association s’assure donc de proposer un grand nombre d’activités et de ne pas se limiter aux temps libres dans les foyers. Elle essaie de se moderniser en proposant des ateliers originaux, comme la généalogie. “Un de nos adhérents est passionné par le sujet, explique Jean-Bernard Bert. Toutes les deux semaines, il organise des cours où il aide les autres adhérents à remonter dans leur arbre généalogique pour en savoir plus sur leurs ancêtres. Nous allons au musée, au théâtre, dans des cabarets à Vénissieux, Lyon, mais aussi parfois plus loin à Villefranche ou Roanne. Nous allons aussi voir des spectacles comme Starmania ou Holiday on Ice.”
La Ville de Vénissieux subventionne l’association à hauteur de 120 000 euros par an pour les frais de fonctionnement et la mise à disposition du personnel. “Cette structure permet aux retraités de s’épanouir, sur le plan sportif, culturel tout en proposant des prix très accessibles. L’association est très dynamique”, affirme Saliha Prudhomme-Latour, adjointe aux personnes âgées à la mairie de Vénissieux.
L’OMR a de nombreux projets en tête : “Nous souhaitons axer notre travail sur l’intergénérationalité, assure le président. Nous évoluons, et ça me plaît, c’est une grande fierté pour nous. Notre plus grande joie, c’est de voir les adhérents satisfaits de ce qu’on propose.” g
POUTCHIE GONZALES
EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 3 Actus
PHOTO EMMANUEL FOUDROT
PRÉVENTION
Deuxième édition des Rendez-vous avec ma santé
Jeudi 8 juin, la Ville propose un nouveau rendez-vous santé aux Vénissians. Ateliers, dépistages et animations sont programmés toute la journée à la salle Joliot-Curie.
la Fédération française de cardiologie, des médiateurs santé ou encore des infirmières scolaires. La municipalité souhaite notamment sensibiliser les habitants aux problématiques de surpoids, de diabète et de souffrance psychique, des pathologies très présentes sur le territoire.
Au programme
g Prévention des addictions et des conduites à risque
Lors de la première édition, en novembre dernier
Prendre rendez-vous avec sa santé, ce sera à nouveau possible le 8 juin à Vénissieux. La Ville organise cette opération grand public pour la deuxième année consécutive.
Cette rencontre a pour vocation de “renforcer la prévention en matière de santé, et de créer les conditions durables pour assurer l’accès à ce droit fondamental”, comme le décrivait le maire de
MOULIN-À-VENT
Vénissieux, Michèle Picard, lors du lancement du forum l’an dernier.
Trois thématiques seront mises en avant le 8 juin : la prévention des addictions et des conduites à risque, la prévention santé et les gestes citoyens, et la santé environnementale. Des ateliers, des dépistages et des animations seront proposés aux habitants en lien avec différents partenaires comme la Ligue contre le cancer,
D’après le Diagnostic local de santé, réalisé en 2019, les frais financiers sont l’une des principales raisons du renoncement aux soins, en particulier dans les domaines de la vision et des soins bucco-dentaires. Ce forum sera donc l’occasion pour les personnes qui le souhaitent de s’informer sur les solutions proposées par les professionnels de santé afin de leur venir en aide. g
POUTCHIE GONZALES
Rendez-vous avec ma santé : le jeudi 8 juin de 9 heures à 17 heures, salle Irène-Joliot-Curie, 68, boulevard IrèneJoliot-Curie. Entrée gratuite. Programme complet sur le site www.venissieux.fr.
L’objectif est avant tout de sensibiliser les habitants aux dangers de l’alcool, du tabac et de la drogue comme le cannabis et le protoxyde d’azote dont les effets néfastes touchent de nombreux jeunes. La Ville souhaite aussi prévenir les comportements à risques sur les réseaux sociaux, en lien avec l’intimité et la surexposition numérique. La santé mentale et la sexualité seront également mises en avant.
g Prévention santé et gestes citoyens
Se faire dépister est essentiel à tous les âges. Pour inciter les Vénissians, de nombreux partenaires tels que la Fédération française de la cardiologie, les infirmières scolaires municipales ou le Pôle 3e âge de la Ville proposeront des dépistages du diabète, de l’hypertension,de la vision... L’Atelier santé ville donnera également des conseils sur l’alimentation.
g Santé environnementale
La santé passe notamment par la qualité de l’air. Le forum proposera donc des conseils pour assainir l’air de son logement en identifiant les sources de pollution. Des stands autour de la sensibilisation au zéro déchet et à la biodiversité seront présents. Les habitants seront aussi informés sur la conduite à tenir pour se protéger des moustiques-tigres et limiter leur prolifération. Pendant le temps méridien et sur inscription, un atelier buffet antigaspi sera organisé et animé par l’association Récup & gamelles. Enfin, à 17 heures, un théâtre-débat La santé en scène sera proposé par Ariane Echallier, comédienne, metteuse en scène et art-thérapeute.
Le centre social interroge les habitants
Redéfinir les objectifs, c’était l’objectif de la soirée du 16 mai dernier.
Les adhérents ont débattu pour déterminer les lignes directrices du centre social pour les prochaines années.
but d’intégrer pleinement les habitants et les adhérents au futur de l’association. “Nous essayons de remobiliser les membres, explique Pascal Branchard, le directeur. Ce rendez-vous nous permet de préparer les futurs projets, de prendre en compte le regard des adhérents sur le rôle du centre et la place qu’il tient dans la ville et dans le quartier.”
riés ou encore d’adolescents. Pour répondre à cette demande, le centre a décidé de partager un questionnaire à des élèves de CM2, de troisième ainsi qu’à des adultes, afin “de prendre la température” entre les générations et voir si des écarts se creusent sur certains sujets. Les personnes interrogées seront ensuite invitées à débattre sur les questions soulevées.
Ouverture des inscriptions au centre de loisirs
Dès lundi 12 juin, une permanence téléphonique est proposée pour inscrire les enfants scolarisés en maternelle au centre de loisirs Les P’tits loups. Du 10 au 28 juillet, l’aventure reprend avec un programme autour de la nature proposé aux petits.
Au centre social du Moulin-à-Vent, l’heure est à la réflexion. Ils étaient une quarantaine d’adhérents à se retrouver, le 16 mai, pour une soirée débat. Trois thèmes d’échange étaient au programme : l’utilité du centre dans le quartier, l’évolution du regard avec le Covid et le contexte de crise que nous traversons, les nouvelles attentes et les nouvelles idées. Des questionnements larges qui ont pour
Une veille sociale dU territoire
Pour les participants, l’élément central à travailler concerne l’intergénérationnel.
Même si “le centre social accueille près d’un siècle de vie, du bébé qui va à la crèche aux visiteurs de plus de 90 ans”, tous se prononcent pour une plus grande diversité dans les âges des adhérents, espérant notamment plus de jeunes parents, de sala-
L’association travaille également en lien étroit avec différents partenaires afin de réaliser un diagnostic des problématiques du territoire. “Nous réalisons une veille sociale collectivement, avec la Ville, la Métropole, mais aussi les pharmaciens, travailleurs sociaux… Nous partageons nos regards sur le quartier pour ensuite définir ensemble nos objectifs.” g
Tous les mardis, Carisa, danseuse et chorégraphe professionnelle, interviendra pour faire découvrir les pouvoirs des insectes grâce à des mouvements de danse et la création d’une fresque colorée. Les mercredis, les enfants seront en sortie dans la pataugeoire du Centre nautique intercommunal avec un pique-nique sur place. Les jeudis, des sorties à la journée ou à la demi-journée, selon les âges, seront proposées (lac, ferme, parc).
De 6,50 à 30 euros la journée selon le quotient familial. Inscriptions obligatoires à partir du 12 juin, de 9 heures à midi, au 06 61 48 38 69.
Actus 4 Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 / EXPRESSIONS
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BON À SAVOIR
RÉFORME DU LYCÉE PROFESSIONNEL
Les syndicats dénoncent “une vision idéologique”
Présentée début mai, la réforme du lycée professionnel fait grincer des dents les enseignants et promet de nombreux chamboulements dès la rentrée prochaine.
Une territorialisation des formations, la suppression de certains cours généraux et la fermeture de 80 filières. Début mai, Emmanuel Macron a présenté la réforme du lycée professionnel et ses trois objectifs : la lutte contre le décrochage scolai re, l’amélioration de l’insertion professionnelle et la reconnaissance du travail et de l’engagement du corps enseignant.
Moins de cours, plus de stages
Les annonces se veulent fortes et ambitionnent de changer l’image de la voie professionnelle dans les lycées : “Aujourd’hui, la moitié de ceux qui ont un bac pro et les troisquarts de ceux qui ont un CAP ne trouve pas un emploi un an après la sortie du lycée, ce qui est une aberration” , a rappelé Emmanuel Macron.
MARCHE POUR L’ÉGALITÉ
Pourtant, les enseignants ne sont pas convaincus par ces annonces. Samuel Delor, professeur au lycée professionnel Marc-Seguin et syndicaliste CGT Éduc’Action, va même jusqu’à affirmer que cette réforme est “une catastrophe à plusieurs niveaux”.
80 filières suppri Mées
À commencer par le doublement de la durée des stages, au détriment des cours généraux. “Les jeunes des quartiers populaires vont subir de plein fouet cette réforme, estime le syndicaliste. Ces dernières années, le tronc général et les fondamentaux diminuent de plus en plus pour favoriser la pratique. Pourtant, les mathématiques, la compréhension de texte ou la construction de l’esprit critique sont des notions essentielles qui permettent aux jeunes d’évoluer, ils en ont besoin.” Emmanuel Macron a aussi
annoncé la refonte des filières du bac professionnel avec notamment la suppression de 80 d’entre elles, jugées sans débouchés. D’autres seront renforcées ou seront créées en fonction des besoins des territoires. “C’est une logique à court terme, affirme le syndicaliste. On crée une carte de formation par rapport à un bassin d’emplois immédiat et aux besoins des entreprises, pas en fonction des projets des jeunes. C’est une vision idéologique.”
La question de l’avenir des professeurs concernés par la fermeture des filières fait également débat. “Une fois la filière supprimée, que vont-ils faire ?” se demande Samuel Delor. Interrogé à ce sujet sur l’antenne de France Info, le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a répondu : “Nous allons les tourner vers le professorat des écoles ou également vers le collège (...). Nous visons d’abord l’intérêt des
élèves, qu’ils ne soient pas au chômage et qu’ils aient des perspectives professionnelles”.
“On est face à des ados qui ont besoin de grandir, d’avoir un cadre éducatif, de prendre conscience du monde qui les entoure, s’insurge Samuel Delor. Avec cette réforme, cela va être supprimé au profit des
40 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, les élèves du lycée Jacques-Brel ont défilé symboliquement pour rendre hommage à leurs aînés.
Il n’y avait que 500 mètres à parcourir, mais la marche était avant tout symbolique. Mardi 23 mai, des élèves du lycée vénissian Jacques-Brel et du collège René-Cassin à Corbas ont défilé de la mairie de Vénissieux au lycée pour célébrer le 40e anniversaire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme.
Côte à côte, élèves et professeurs, accompagnés d’élus de Vénissieux, ainsi que de Farid L’Haoua, Arbi Rezgui et Toumi Djaïdja, marcheurs de la première heure, ont lancé la marche. Damien Coursodon, proviseur de Jacques-Brel, s’adressait alors aux élèves : “Profitez de ce temps pour écouter les marcheurs de 1983 et faites-vous entendre en 2023.”
Pancartes à la main, tous ont tenu à rendre hommage à ceux qui ont traversé la France en 1983. Farid L’Haoua, Arbi Rezgui et Toumi Djaïdja ont longuement échangé avec les élèves, avides d’informations, notamment sur l’ambiance de la marche en 1983. “Il y avait quelque chose de miraculeux, se souvient Toumi Djaïdja, vénissian et à l’initia-
tive de l’événement historique. C’est une France de toutes les couleurs qui se retrouvait. La marche du début était avant tout pour l’égalité avant d’être contre le racisme.”
Pour Farid L’Haoua, coordinateur, porte-parole et photographe de la marche de 1983, il est important de partager son expérience avec les nouvelles générations : “La trans-
mission est essentielle, il faut qu’eux aussi, ils se mobilisent sur les enjeux et les conflits d’aujourd’hui.”
“grâce à eux, la france a changé” Cette action s’inscrit dans un projet pédagogique mené tout au long de l’année autour de cet événement qui a fait date dans l’his-
entreprises. On ne prend pas en compte les besoins de la société.” Dès la rentrée prochaine, la réforme sera mise en place dans les lycées professionnels. À Vénissieux, le lycée Jacques-Brel devrait être concerné par la fermeture de plusieurs filières. g
POUTCHIE GONZALES
toire nationale. C’est suite à des affrontements survenus en 1983 aux Minguettes, entre des jeunes et des policiers, que cette marche antiraciste avait été initiée. Partie de Marseille le 15 octobre, elle s’était achevée à Paris le 3 décembre par un défilé réunissant plus de 100 000 personnes... Et une délégation sera reçue par le président de la République, François Mitterrand.
“Grâce à eux, la France a changé, ils se sont battus pour leurs idées. Aujourd’hui, on se bat encore et on les remercie pour ce qu’ils ont fait”, témoignait Wanh-Kom, 17 ans. “Les mentalités ne bougent pas beaucoup, estime Camille, 19 ans. On est 2023, et les choses devraient être différentes. On est tous égaux, qu’importent notre origine, notre religion ou nos croyances.”
Une conférence a ensuite été donnée au lycée Jacques-Brel par Yves Gastaut, spécialiste des questions migratoires. Les élèves ont aussi pu échanger avec le footballeur Lilian Thuram qui a créé la fondation Éducation contre le racisme. g
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“Faites-vous entendre en 2023”
P.G.
PHOTO ARCHIVES EXPRESSIONS RAPHAËL BERT
PHOTO ARHIVES EXPRESSIONSRAPHAËL BERT
Les nouveaux marcheurs ont beaucoup échangé avec les anciens. Comme ici avec Farid L’Haoua (à droite)
Boostheat entrevoit le bout du tunnel
Le 23 mai, le tribunal de commerce a validé le nouveau projet industriel de l’entreprise. Le spécialiste de l’efficacité énergétique sort de la procédure de sauvegarde.
Àl’automne dernier, en proie à d’importantes difficultés financières, Boostheat avait entamé une procédure de sauvegarde devant le tribunal de commerce de Lyon. Celle-ci est désormais terminée, avec une issue positive, puisque le projet de retournement de l’activité a convaincu la juridiction lyonnaise. Une décision qui valide définitivement l’offre de reprise par HBR Investment Group, ainsi que “l’ensemble des actions menées depuis plusieurs mois, en particulier sur la restructuration opérationnelle et financière de l’entreprise”, indique Boostheat dans un communiqué de presse.
“Nous avons réussi à convaincre l’ensemble des organes de la procédure de la pertinence de ce plan ambitieux construit sur les fondamentaux technologiques et humains de Boostheat, une situation financière largement assainie et un soutien significatif d’HBR Investment Group , a commenté Hugo Brugière, président-directeur géné-
ral de l’entreprise. Nous pouvons désormais nous concentrer pleinement sur le retournement de Boostheat. Avec une technologie de rupture hors du commun et une équipe d’experts pleinement mobilisés dans l’action, je suis convaincu que Boostheat a tous les atouts pour mener à bien sa nouvelle orientation stratégique.”
Boostheat a abandonné son activité productive à Vénissieux. Sur son site d’Usin Lyon Parilly, l’entreprise n’a conservé que des bureaux et des laboratoires, dans des locaux plus adaptés. Elle se focalise désormais sur le développement de la compression thermique et de logiciels. Et annonce, à ce sujet, avoir reçu une lettre d’intention de la part d’un acteur industriel de la valorisation de la biomasse, pour un projet de partenariat de développement sur une nouvelle solution logicielle “edge IoT”. “Ce projet de partenariat associerait des tests pilotes opérationnels en intégrant la solution logicielle ‘edge IoT’ développée par
INDUSTRIE Bosch Rexroth enregistre un chiffre d’affaires record
Boostheat dans les machines, indique le groupe. Cette solution innovante permet de traiter les données collectées au sein même de la machine plutôt que dans le Cloud pour fournir des informations sur l’efficacité et
la productivité de la machine. Ceci réduit les temps et les coûts de traitement des données et améliore l’efficacité des process ” g
Sept milliards d’euros : ce chiffre d’affaires de 2022, Bosch Rexroth ne l’avait encore jamais atteint. La filiale du groupe allemand Robert Bosch se porte bien. L’an passé, le spécialiste des technologies d’entraînement et de commande avait déjà retrouvé un niveau de ventes similaires de celui d’avant la crise (6,2 milliards d’euros). Après le continent américain (+34 %), c’est en Europe — hors Allemagne — que la progression du CA est la plus importante
(+16,5%, soit 2,4 milliards d’euros). Dans le même temps, Bosch Rexroth a investi 388 millions d’euros dans la recherche et développement, particulièrement pour électrifier les machines mobiles.
L’entreprise peut compter sur 32 100 collaborateurs, dont 430 à Vénissieux. Sur le site du boulevard Irène-Joliot-Curie, son usine produit les composants hydrauliques et électroniques qui équipent les engins agricoles et de chantier. g
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G.M.
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Un bout de solution contre les trafics
Pour déplacer les points de deal et retrouver la tranquillité, locataires et bailleurs croient beaucoup en l’efficacité des opérations de résidentialisation.
La présence de vendeurs de drogue devant les allées, dans les squares et les halls dérange. À Vénissieux, le sujet revient inlassablement dans les discussions et fait l’objet de vifs échanges lors des assemblées générales des conseils de quartier. “Débarrassez-nous des dealers” : plus qu’un refrain, c’est un cri du cœur. La police ne reste pas inactive. Tant s’en faut. Mais quand ils sont démantelés, les points de deal se reconstituent très rapidement. Pour redonner une certaine tranquillité aux habitants, même s’il s’agit d’une solution partielle, les bailleurs sociaux s’attachent depuis quelques années à donner un caractère privé aux immeubles. C’est ce que l’on appelle la résidentialisation : des grilles autour des bâtiments, un portillon sécurisé par badge et un parking réservé aux riverains.
Illustration au 56, boulevard Croizat, où la Sacoviv a circonscrit un grand immeuble. Les dealers sont allés trouver refuge ailleurs. “Il y avait beaucoup de problèmes ici, confie une jeune femme. Ils restaient tout le temps dans les allées. Ils ne sont pas partis bien loin mais au moins, on est tranquille.” Une maman, soulagée de ne plus constater de dégradations dans les parties communes, explique pouvoir laisser jouer sa fille au pied de l’immeuble : “Aujourd’hui, je peux la surveiller depuis la fenêtre.”
Sur le Plateau, le bailleur vénissian travaille sur un projet similaire au Couloud. Certains émettent pourtant quelques réserves. “Je ne pense pas que ça change quelque chose, estime un homme, résigné.
Regardez l’immeuble d’à côté : il a beau être clôturé, ils cassent la barrière et détruisent la caméra. Le week-end, ils squattent en permanence. Ils vendent, ils consomment.
un caractère privé aux immeubles, notamment grâce à des barrières et des digicodes
“On déplace de grOs dealers” Convaincus de l’efficacité de la résidentialisation, les bailleurs piochent dans leurs fonds propres pour investir dans ce type d’opérations, tout en sollicitant des aides publiques, principalement de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Le coût de ces aménagements varie. Boulevard Croizat, et à l’angle Duclos-Rosenberg, la Sacoviv a déboursé 100 000 euros. Alliade Habitat, qui porte huit projets de résidentialisation, donne une fourchette allant de 26 000 euros pour une simple barrière, à 150 000 voire 180 000 euros pour une résidentialisation comme celle de Rhapsodies.
En France, les trafics et les fusillades explosent
Le trafic de stupéfiants draine son lot de violences. Des fusillades éclatent dans le cadre de règlements de comptes, parfois jusqu’au pied des immeubles. Le phénomène ne touche plus uniquement les grandes villes et leurs proches banlieues. Il s’étend désormais aux villes de taille plus modeste. Ces dernières semaines, des fusillades mortelles ont eu lieu à Cavaillon, Valence, Villerupt et Verdun. À Vénissieux, même si le lien avec le trafic de drogue n’a pas été établi de façon certaine, les derniers coups de feu entendus remontent au mardi 16 mai. En plein après-midi, les passants et riverains de l’esplanade Jean-Cagne et les clients des commerces de Vénissy ont pu percevoir trois détonations. Un blessé est à déplorer : un adolescent touché à la nuque.
Le ministère de l’Intérieur martèle que la lutte contre la drogue est une priorité. Selon le dernier rapport de l’Office antistupéfiants (Ofast), 15 160 points de deal ont été démantelés en 2022, contre 5 849 en 2021 (+ 159 %). En termes de saisies, 2022 a été l’année de tous les records : 128,6 tonnes de cannabis, 27,7 tonnes de cocaïne et 1,4 tonne d’héroïne. Dans le Rhône, la préfecture a dressé un premier bilan de l’année 2023 : de janvier à avril, 555 trafiquants ont été mis en cause (+ 26 % par rapport à 2022), le nombre de points de deal a diminué de 11 %, et les forces de l’ordre ont saisi plus de 600 kg de cannabis, 41 kg d’héroïne et 15 kg de cocaïne.
Selon Bénédicte Chaillot, directrice de la maîtrise d’ouvrage chez Lyon Métropole Habitat (LMH), une résidentialisation complète mobilise des ressources importantes : “Cela peut monter à 500 000 euros pour un gros bâtiment d’une centaine de logements.” Depuis six mois, LMH tra -
vaille sur ses sept tours de La Darnaise, boulevard Lénine. “On ne clôture pas mais on reconfigure les halls et les pieds de tour, précise Bénédicte Chaillot. Cela nous coûte 700 000 euros par tour. On déplace de gros dealers. On y va à tâtons.” g
3 QUESTIONS À Pierre-Alain Millet, adjoint au logement
La résidentialisation ne fait-elle pas que déplacer les points de deal ?
Pierre-Alain Millet : En effet, cela ne résout ni le problème des trafics ni celui de la consommation de drogue. Mais une fois chassés, les dealers doivent tout de même se réadapter. On peut donc espérer que cela réduit l’impact de leurs activités. Certes, ce n’est pas une solution parfaite mais on aurait tort de ne pas s’en servir. On se doit de redonner aux habitants le cadre de vie auquel ils ont droit.
Comment éradiquer ce fléau ?
Il faut aussi agir sur la consommation et lutter contre les addictions. Ce problème de santé publique ne préoccupe pas grand monde. Sur le terrain, on note une forte répression du trafic. La police réalise un
énorme boulot. Mais ce n’est pas qu’un problème local. Dans la chasse à l’importation, quelle part de marchandise captet-on ?
Le modèle d’habitat social ouvert appartient-il au passé ?
Certains l’idéalisent parce qu’il favoriserait les rencontres. Dans la réalité, c’est très mal vécu. Plus personne ne recherche ce critère lorsqu’il demande un logement. Ce type d’habitat favorise les mésusages : rodéos motorisés, bricole automobile ou dépôt d’encombrants. On ne sait plus chez qui on est, à qui appartient la pelouse en bas de l’immeuble… Marquer la transition entre un espace public et privé aide à adopter de bons comportements. Les gens veulent investir un lieu dans lequel ils se sentent bien. g
Ils viennent de loin, parfois de l’Isère. Ce sont des bandits de grand chemin !”
FABRICE DUFAUD EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 7 Actus
RÉSIDENTIALISATION
PHOTO EMMANUEL FOUDROT
Les bailleurs s’attachent maintenant à donner
“Pas une solution parfaite, mais on aurait tort de ne pas s’en servir”
ICF HABITAT
Cette ancienne serrurerie abrite 14 logements sociaux
“Le Patio Nicolas” a été inauguré mercredi 24 mai. Pour aménager cette résidence de 14 logements aidés, ICF Habitat a restructuré une ancienne serrurerie située rue des Minguettes.
des Minguettes, au beau milieu du secteur résidentiel GabrielPéri, mener cette réhabilitation relevait du défi. “La fonction première de ce bâtiment a nécessité une première étape de dépollution et désamiantage, rappelle Sophie Matrat, présidente du directoire d’ICF Habitat Sud-Est Méditerranée, qui endosse le rôle de maître d’ouvrage. Les travaux ont dû s’adapter à la particularité de la parcelle, tout en longueur et insérée dans un tissu urbain dense, nécessitant une organisation spécifique dû à un accès sans possibilité d’espace de stockage.”
une cour intérieure à ciel ouvert a été créée pour inonder les quatorze logements de lumière naturelle. “Il s’agissait de profiter d’une de ces larges ouvertures latérales pour créer un patio autour duquel viendraient se positionner les nouveaux logements, illustre Pauline Quay, du cabinet d’architectes Modulart. Ce patio a permis d’utiliser ce bâtiment de manière optimale et de créer des logements avec de larges balcons, non visibles depuis la rue.”
Entre l’acquisition de la vieille serrurerie par l’Immobilière des chemins de fer (ICF Habitat) et le découpage du ruban tricolore, dix ans se sont écoulés. Transformer le bâti-
ment des années cinquante en immeuble d’habitation labellisé Bâtiment basse consommation rénovation n’a pas été une mince affaire.
Dans l’étroite et sinueuse rue
BOULEVARD DU DOCTEUR-COBLOD
La silhouette originelle et le volume du bâtiment restent intacts. Trois des quatre façades sont restées debout. De la rue, le changement est minime : l’immeuble d’habitation reste intégré au paysage, comme l’était l’ancienne fabrique.
Le programme a été baptisé “Le Patio Nicolas”. Le choix du nom s’explique aisément. Au centre,
“Le Patio NicoLas est à Notre image véNissiaNe” Les locataires profitent d’une bonne luminosité. Dans son salon orienté nord-ouest, monsieur Benmostefa profite d’une belle vue sur les tours de La Part-Dieu, les Monts d’Or et la basilique de Fourvière. “Et encore, vous n’avez pas vu ce que ça donne la nuit”, confie ce salarié du Technicentre SNCF Vénissieux qui a intégré son duplex du troisième étage en octobre dernier.
Les travaux seront terminés à la rentrée
“Depuis dix ans, nous avons reconstruit 166 logements neufs pour proposer une offre qualitative, indique Sophie Matrat. Nous en avons réservé à une grande partie des habitants de la barre Monmousseau détruite en 2021. Nous accompagnons également les relogements de la petite barre.” Aujourd’hui, Le Patio Nicolas fait le bonheur d’une famille logée jusqu’alors dans ce grand ensemble, lui aussi promis à la démolition. “Cinq autres familles ont préféré emménager ailleurs”, indique la présidente. Le coût du programme avoisine les 2 millions d’euros. La Ville l’a subventionné pour 30 473 euros et dispose en contrepartie d’un logement réservé. “Cette résidence est à notre image vénissiane, se réjouit le maire Michèle Picard. Fière de son histoire industrielle et fière de nos solidarités en matière de logement social.” g
Lancés en janvier, les travaux sur le boulevard du Docteur-Coblod avancent plus vite que prévu. Si certains riverains craignent, à terme, de voir la vitesse des automobilistes augmenter, la municipalité se veut rassurante.
Depuis le début de l’année, des travaux sont engagés sur le boulevard du DocteurCoblod, dans le quartier du Charréard. Prévus pour une durée de huit mois, ils devraient finalement être terminés à la rentrée.
“Les travaux avancent très bien, confirme Lanouar Sghaier, adjoint au maire de Vénissieux en charge de la voirie et du cadre de vie. Ils seront achevés plus tôt que prévu, sauf gros contretemps.”
Rappelons que ces travaux servent un objectif principal, faciliter le passage du bus 54, en provenance de Corbas, dans le cadre des projets de corridor-bus de la Métropole. Au passage, le fonctionnement du boulevard
est revu en profondeur : adieu, les priorités à droite accordées aux voitures venant des rues Rabelais, Lamaze et SaintExupéry. Lorsque le chantier sera terminé, les automobilistes en provenance de ces axes de circulation devront marquer un stop avant de s’engager sur le boulevard Coblod.
sécuriser
Le Passage des PiétoNs
Ce qui n’a pas manqué de générer quelques craintes dans les environs, relayées auprès du conseil de quartier Charrérard. “J’ai peur que la vitesse sur le boulevard ne soit excessive, explique ainsi une riveraine. Jusqu’à présent, elle était limitée par la présence des
priorités à droite. Quand ces dernières auront disparu, les automobilistes vont-ils vraiment respecter la vitesse maximale autorisée ?” “Oui, assure Lanouar Sghaier. Avant chaque intersection, nous allons installer des coussins berlinois pour casser la vitesse des automobilistes. Cela permettra aussi de sécuriser le passage des piétons. La circulation sur le boulevard Coblod sera apaisée, également grâce à la création d’aménagements cyclables. D’ailleurs, nous avons pour ambition de faire passer la limitation sur l’axe à 30 km/h. Et si besoin, il y aura bien sûr des contrôles.”
Parmi les dernières étapes de ce chantier, qui va véritablement donner un nouveau visage au
boulevard du Docteur-Coblod, le revêtement de la chaussée va aussi être changé, pour un nouveau, plus moderne et moins générateur de nuisances sonores.
“Ce sera fait de nuit, en août, annonce l’élu. Les riverains pour-
ront aussi profiter de trottoirs plus larges, qui seront appréciés des familles, ou encore de ceux qui ont des proches qui ont des difficultés à marcher et/ou qui se déplacent en fauteuil roulant.” g
Mercredi 31 mai 2023 - n° 758/ EXPRESSIONS 8 Actus
FABRICE DUFAUD
G.M. PHOTO F.D. PHOTO G.M.
Sophie Matrat, présidente du directoire d’ICF Habitat Sud-Est Méditerranée, et le maire de Vénissieux Michèle Picard, lors de l’inauguration de la résidence
RSA : des “heures d’activité” obligatoires qui ne passent pas
Le gouvernement envisage de conditionner le versement du RSA à la réalisation de 15 à 20 heures d’activités par semaine. Un projet qui fait grincer des dents, dans un contexte social plus que tendu par la réforme des retraites.
Alors que la mobilisation sociale contre la réforme des retraites entre dans son sixième mois, avec une nouvelle journée de manifestations prévue le 6 juin, un autre sujet explosif s’immisce dans les relations entre le Gouvernement et les syndicats : le conditionnement d u versement du RSA (Revenu de solidarité active), dans le cadre du projet de loi “Plein emploi”. L’idée ? Demander aux bénéficiaires de cette aide de s’engager à suivre “un parcours intensif” de formation ou d’insertion, de 15 à 20 heures par semaine.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, l’affirme : il ne s’agira pas de “travail gratuit, ni de bénévolat obligatoire” : “Il s’agit d’être accompa-
gné pour retrouver un emploi, de se former, de découvrir des métiers, de reprendre parfois tout simplement contact avec le monde du travail”, a-t-il précisé au Figaro fin avril. Une expérimentation de la réforme a d’ailleurs été lancée en avril dans 18 départements, avec pour ambition de l’étendre progressivement pour la généraliser début 2027.
Et Pôle emploi aura un rôle important dans cette nouvelle version du RSA. “Je souhaite notamment que, sauf exception liée à la santé, par exemple, les demandeurs du RSA soient automatiquement inscrits chez Pôle emploi. Actuellement, 40 % seulement d’entre eux le sont”, a expliqué Olivier Dussopt auprès du Parisien/Aujourd’hui en France
Chaque allocataire se verra ainsi proposer un diagnostic complet de sa situation et de ses besoins, en lien avec l’ensemble des acteurs de l’emploi. Lequel permettra de commencer le plus rapidement possible l’accompagnement, en orientant le bénéficiaire du RSA vers la structure et le parcours adéquats. Le projet de loi prévoit par ailleurs que le RSA pourra être suspendu temporairement, totalement ou en partie, lorsque le bénéficiaire refusera “sans motif légitime” d’élaborer un contrat d’engagement.
“Une main-d’œUvre encore moins chère”
Sans surprise, cette réforme est vivement critiquée, notamment par les syndicats et les associa-
EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 9 Dossier
TexTes : GréGory Moris
PHOTO G.M.
PhoTos : raPhaël BerT, G.M.
RÉFORME
tions de défense des plus précaires. Dans un communiqué, l’intersyndicale dénonce “la conditionnalité d’accès au RSA” , qui serait une “mesure de régression sociale”. “Ce projet de réforme est tout simplement inacceptable, estime Ludovic Rioux, délégué syndical CGT. Encore une fois, on fait culpabiliser des gens, souvent abîmés par un accident de la vie, de percevoir une petite somme d’argent qui ne permet même pas de vivre dignement. Ce sont des hommes et des femmes qui sont privés d’emploi, à qui on va demander de travailler gratuitement. Cette réforme va aussi avoir une conséquence désastreuse : les em ployeurs vont pouvoir faire appel à une main-d’oeuvre encore moins chère sous prétexte de ‘mise en situation sur le marché professionnel’. Ça ne va pas arranger la situation sur le marché de l’emploi.”
La MétropoLe expériMente sous conditions
Localement, la Métropole de Lyon s’est portée volontaire pour expérimenter ce RSA “new look”, tout en fixant ses conditions. “Nous partageons plusieurs des propositions formulées dans le cadre de France Travail et testées dans les expérimentations, explique Bruno
Bernard, dans un communiqué commun avec Jean-Luc Chenut, président du Département d’Ille-et-Vilaine, et Michel Ménard, président du Département de Loire-Atlantique. La nécessité de favoriser une entrée rapide et dynamique dans un parcours d’accompagnement pour éviter que les personnes ne perdent l’espoir et la capacité de se mobiliser dans leurs démarches. L’importance d’un accompagnement progressif et renforcé (...). L’exigence de mieux coordonner les efforts des divers acteurs concernés (...). L’importance de rapprocher les professionnels de l’insertion et l’emploi avec le monde de l’entreprise afin de favoriser l’accès à l’emploi durable, mais aussi de faire évoluer les entreprises vers des recrutements plus inclusifs, garants de la diversité et de l’égalité femmeshommes.”
“Il ne saurait être question de créer un ‘RSA sous condition’, renforçant les devoirs des allocataires du RSA et les sanctions à leur encontre, pointe le président de la Métropole.
Les personnes allocataires du RSA ont besoin d’être mieux accompagnées pour lever leurs difficultés et non d’être davantage sanctionnées alors qu’elles vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Le RSA est un revenu de solidarité. Dans le cadre
de l’expérimentation, nous refusons tout chantage à l’allocation à travers un pointage des heures d’activité. L’accompagnement est avant tout un droit pour les allocataires et un devoir pour la collectivité.”
“pas de travaiL obLigatoire”... vraiMent ?
Et Bruno Bernard de l’affirmer : si ces “principes fondamentaux” devaient être remis en cause dans le futur projet de loi ou “empêchés gravement par des mesures techniques contradictoires” , la Métropole “se retirerait sans délai de l’expérimentation”. “La Métropole s’est immédiatement engagée à tester le dispositif, mais elle prend des risques, commente Ludovic Rioux pour la CGT. D’abord, parce que le côté ‘pas de travail obligatoire’, c’est une promesse, et on sait ce que valent les promesses avec ce gouvernement. Ensuite, parce qu’une fois intégré au dispositif, il est difficile de revenir en arrière. Que pourra faire la Métropole si, par la suite, le contenu du projet de loi change, et que cette dernière est adoptée ? Pas grand-chose. Il faut se méfier de ces projets qui semblent pleins de vertus mais dont les plus précaires sont les seuls à payer la facture. Nous sommes
3 QUESTIONS À Marie-Christine Burricand, conseillère métropolitaine vénissiane
dans un contexte inquiétant pour les personnes en recherche d’emploi, avec la création de France Travail, qui va regrouper notamment Pôle emploi et les Missions
locales. J’aurai aimé plus de pru dence de la part de la Métropole...”
De quoi imaginer que cette réforme donne de l’élan à la mobilisation sociale, qui se concentre actuel
Conseillère métropolitaine (groupe Communiste et républicain), ancienne présidente de la Commission locale d’insertion, Marie-Christine Burricand regrette de voir le gouvernement “privilégier la contrainte”.
Le Gouvernement prévoit de conditionner le versement du RSA à la réalisation d’heures d’activité. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Marie-Christine Burricand : Avec cette réforme, le Gouvernement se trompe de combat. L’objectif à défendre, c’est que chacun ait droit à un emploi et à un salaire. Les premiers efforts devraient porter sur cette question. Ce qui est surprenant avec ce projet, c’est que dans un très grand nombre de secteurs d’activité on dit manquer de candidats alors qu’on a toujours beaucoup de gens au RSA : le vrai effort à faire, il devrait être de former ces derniers pour accéder à ces emplois — c’est d’ailleurs le sens même de cette aide sociale. Car on sait que pour un certain nombre de bénéficiaires du RSA, il existe un frein à l’emploi, qui peut être divers (maîtrise de la langue française, de santé, de formation, lié à un accident de la vie...) mais qui doit être levé pour revenir sur le
marché du travail. Pour cela, il n’y a pas d’autre solution que de mettre du budget dans la formation. Obliger les bénéficiaires à accomplir des travaux mal définis, ça n’a pas de sens. Cela va contribuer à les enfermer dans ce statut, et je doute très fortement que cela leur permette d’accéder à un emploi plus durable. On va créer des travailleurs captifs.
Est-ce qu’on ne stigmatise pas, une nouvelle fois, les bénéficiaires du RSA ?
Totalement. Mais ce n’est pas nouveau : cycliquement, depuis que le RMI — devenu RSA par la suite — existe, on a des gouvernements qui affirment que trop de bénéficiaires ne veulent en fait pas travailler, que d’autres fraudent... Sauf que les études ne montrent pas ça du tout ! La réalité, c’est que la part des bénéficiaires qui ne veulent pas travailler est très faible. On stigmatise les plus pauvres et les plus fragiles sous couvert d’une solution miracle, par la contrainte, qui n’existe pas.
Quelles autres solutions préconisez-vous ?
Tout est une question de budget : quand j’entends que le Gouvernement est prêt à porter, d’ici 2030, le budget de la Défense à 413 milliards, je m’étrangle. S’il y a de l’argent, plutôt que d’enrichir des marchands d’armes qui n’ont franchement pas besoin de cela pour avoir la belle vie, ne vaut-il pas mieux l’investir dans un programme de formation ambitieux, pour les plus éloignés du marché du travail notamment ? N’oublions pas que ce sont aujourd’hui des emplois essentiels, dans la santé par exemple, qui ne sont pas pourvus, faute de main d’œuvre qualifiée. Ce sont des besoins concrets, exprimés aussi par les plus fragiles — je pense notamment aux personnes âgées —, qui ne sont pas satisfaits. Et ce, alors que toute une partie de la population ne demande qu’à acquérir le savoir-faire nécessaire pour pouvoir travailler g
Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 / EXPRESSIONS 10 Dossier
PHOTOS ARCHIVES EXPRESIONS RAPHAËL BERT
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ARCHIVES EXPRESSIONSRAPHAËL BERT
“Le Gouvernement se trompe de combat ”
Le Revenu de solidarité active (RSA) repose sur l’accompagnement des bénéficiaires...
lement sur celle portant l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans ?
“Je ne sais pas, pointe Gilles de Gea, pour l’Union locale CGT. Ce qui est sûr, c’est qu’en ce moment, entre le
dossier des retraites, la réforme de l’assurance chômage et maintenant celle-ci, les plus précaires sont bien amochés par le Gouvernement... Toute mauvaise décision, et celle-ci
en fait partie, peut relancer la mobilisation sociale. Un ras-le-bol s’exprime dans le pays, et Macron serait bien avisé, pour une fois, de l’écouter." g
TÉMOIGNAGES
“La vie au RSA, c’est de la survie.”
Respectivement bénéficiaire et ex-bénéficiaire du RSA, Gus et Ranya portent un regard amer sur le projet de réforme de cette aide sociale.
Gus, 61 ans : “Personne ne veut m’embaucher”
“Je suis vieux. Personne ne veut m’embaucher, et il faudrait que je fasse semblant d’avoir une chance de trouver un emploi en allant 15 heures par semaine je ne sais où, faire je ne sais quoi ? Arrêtons l’hypocrisie. Les bénéficiaires du RSA sont avant tout, comme moi, des personnes qui rencontrent des difficultés d’emploi. Parfois, on peut le résoudre, par de la formation ou des soins médicaux, mais parfois non. Faire des formations 60 heures par semaine ne me fera pas rajeunir ! J’ai été ouvrier toute ma vie, j’ai les mains en compote et les usines ferment partout en France. Je n’ai plus droit au chômage, alors je touche le RSA. Je vis seul, je limite les dépenses au strict minimum. Mais j’essaie d’apporter autre chose à la société, je donne un coup de main, presque tous les jours, à l’association de mon fils, par exemple. Je suis plus utile là qu’en allant faire croire à un conseiller Pôle emploi que je peux devenir informaticien.”
REPÈRES
Le RSA en chiffres
g À Vénissieux, environ 6 % de la population bénéficie du RSA, ce qui représente un peu moins de 4 000 personnes.
g En France, 4,8 % de la population âgée de 15 à 69 ans bénéficie du RSA. En prenant en compte la composition des foyers, la population couverte par le RSA est passée d’environ 2,6 millions en 2009 à près de 4 millions en 2019-2020
g La crise du Covid-19 a fait passer le cap des 2 millions d’allocataires du RSA, avec un pic à 2,1 millions en novembre 2020 (contre moins de 1,4 million en 2009).
g En moyenne, 7 ans après l’entrée dans le RSA, 34 % des allocataires sont en emploi, 24 % sont sortis du RSA et 42 % le perçoivent encore.
ranya, 42 ans : “Il a fallu que je me reconstruIse”
“Le RSA, je l’ai touché pendant trois ans. Divorcée, j’ai vécu avec mon fils de 10 ans avec 900 euros par mois. J’entendais aux infos parler des fins de mois compliquées, mais pour moi la galère c’était dès les premiers jours ! La calculatrice, les rappels de paiement, les choix entre manger et acheter un livre pour l’école : la vie au RSA, c’est de la survie. Les bénéficiaires ne sont pas des feignants. Nous sommes tous pareils : un événement nous a fait tomber dans la précarité. Moi, c’est quand mon ex-mari est parti alors que j’étais en longue maladie et que je devais je me former à un nouvel emploi. Il a fallu que je me reconstruise, mentalement et physiquement. Avec cette réforme, on cherche de la main d’œuvre gratuite. Si l’on m’avait imposé 15 à 20 heures d’activité par semaine, sans pouvoir les moduler selon mes possibilités, je ne serai jamais sortie du RSA. Pire, je me dis que j’aurais pu finir à la rue.” g
g En 2019, sur les 2 millions de bénéficiaires du RSA, 15 % étaient depuis plus de dix ans dans le dispositif.
g La Cour des comptes estime que 3 personnes sur 10 potentiellement éligibles au RSA n’en font pas la demande.
g Seuls 4 bénéficiaires sur 10 bénéficient d’un suivi contractualisé, pour les encourager à reprendre une activité et les orienter vers un accompagnement professionnel. 60 % des bénéficiaires déclarent avoir eu entre zéro et 3 entretiens d’accompagnement sur la dernière année... et 11 % n’en ont eu aucun.
Chiffres publiés par la Cour des comptes en 2022, portant sur les données jusqu’en 2019 — DREES et CAF.
Métropole...” réforme mobilisation -
EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 11 Dossier
... Et ouvre la porte à des formations certifiantes
6 % de la population vénissiane bénéficie du RSA
Fort comme Hercule
Ce 17 juin au Théâtre de Vénissieux, l’association Bab Dance présente une adaptation scénique du célèbre dessin animé.
Ceux qui ont l’habitude de suivre les spectacles de l’association Bab Dance, écrits et mis en scène par Babeth Rivat, savent combien ils sont festifs, colorés, pleins de trouvailles et, surtout, qu’ils ne se prennent jamais au sérieux. Le but avoué est le plaisir partagé des comédiens-danseurs-chanteurs et du public et la troupe parvient toujours à ses fins. Chaque fois que l’on rencontre Babeth et Manon, la présidente de Bab Dance, on a l’impression que les choses se passent de la même façon. À peine un spectacle est achevé qu’une idée germe pour le suivant. Un sujet est proposé, Babeth doute, les autres insistent, Babeth se laisse convaincre et, au final, ne regrette jamais d’avoir cédé aux sirènes.
“La génération de Manon était emballée par l’idée de monter sur scène l’histoire d’Hercule, d’après le dessin animé de Disney. C’est vrai que c’est plein d’humour et on sera une quarantaine sur scène, de 6 à 65 ans.”
Manon va incarner Megara, “à terme, la chérie d’Hercule”, précise-t-elle. “Je connais le dessin
VÉNISSIEUX EN RIRE
Les feux de l’humour
animé par cœur. Tous ceux de mon âge, on en avait des souvenirs très forts. En le retravaillant, je me suis aperçue qu’il y avait une grosse double lecture sur les jeux de mots, les chansons. Je ne m’étais jamais posé la question de leur signification exacte quand je les chantais alors. Il y a de grosses subtilités qui sont très drôles et qui parlent aussi aux adultes.”
Douze ans De bonne humeur Babeth, quant à elle, préfère plus que tout trouver des idées pour chorégraphier telle ou telle scène, comme celle de l’hydre de Lerne, un monstre aux nombreuses têtes qui repoussent.
“C’est un super tableau, reconnaît Manon, que Babeth a rendu très impressionnant.”
Cette dernière admet que “le plus dur, c’est de créer !”. Elle ajoute : “Il faut démarrer l’écriture. Après, ça part tout seul. J’en parle au groupe et ils sont tous dans le délire. Chaque année, on a une sacrée équipe !”
Depuis douze ans que l’association existe, la bonne humeur a toujours été au rendez-vous. Manon se souvient de ses débuts : “J’avais dix ans quand j’ai commencé. C’était
Les 9 et 10 juin, le Théâtre de Vénissieux accueille l’association La Perche et la nouvelle édition de son festival de stand-up. Avec Farouk et Redouanne Harjane.
Difficile, pour les amateurs de stand-up vénissians, de ne pas connaître Farouk. Régulièrement à l’affiche des soirées organisées par l’association La Perche de Hamid Ferkioui et de son festival Vénissieux en rire, il remplit à chaque fois la salle Érik-Satie. À l’occasion de la nouvelle édition du festival, les 9 et 10 juin prochains au Théâtre de Vénissieux, Farouk sera la vedette du premier soir. Un véritable défi pour lui, cette salle de 500 places. “C’est vrai, reconnaît-il, que j’ai rempli Satie et même refusé du monde, que j’ai joué dans ce même théâtre la première partie du Comte de Bouderbala… mais ça met quand même la pression.”
Il admet que cette tension est importante. “Sans stress, on n’a pas la même énergie, la même hargne… Quand on l’a, on a envie de donner le meilleur et de toucher tout le public.”
Farouk présentera son nouveau spectacle, Avec les sous-titres….svp, le 9 juin à 20 h 45.
“Dans le premier, Guichet unique, je parlais un peu en arabe et certains spectateurs ne comprenaient pas. Celui-là aura des soustitres ! Le premier était basé sur mon boulot, le deuxième sera sur la famille.”
Quant à la place de l’impro, primordiale pour Farouk, elle s’invitera encore… de plus en plus maîtrisée. “Guichet unique durait 1 h 30 max et la captation vidéo a fait… 2 h 30.
Cela donne un ordre d’idée.”
Enfin, Farouk tient à donner un coup de chapeau au travail énorme accompli par Hamid
Ferkioui : “Il est sur le terrain, fait des propositions en direction des jeunes et assure la communication des spectacles qu’il organise. C’est un vrai passionné qui met les moyens. Il a imposé à Vénissieux ce gros festival, avec des artistes connus, comme Yassine Belattar ou Redouanne Harjane, qui lui font confiance
et se déplacent à Vénissieux. Ce n’est pas rien ! Il a accompli un boulot de titan en peu de temps et la meilleure rétribution est que les Vénissians sont présents.”
Redouanne Harjane sera donc, le lendemain 10 juin, au centre de la deuxième soirée du festival. Musicien (il a fait l’école de jazz de Nancy) et comédien (après le cours Simon, il est apparu au cinéma, notamment dans M de Sara Forestier et Le Nouveau Jouet de James Huth), l’humoriste met tous ses talents au service de ses spectacles. On le voit ainsi balancer une série de phrases aussi marrantes qu’absurdes se moquant de notre monde mais également jouer du piano ou de la guitare. g
J-C.L.
V énissieux en rire au Théâtre de Vénissieux : “Avec les soustitres….svp” de Farouk, le 9 juin à 20 h 45. Tarif unique : 16 euros. Redouanne Harjane le 10 juin à 20 h 45. Tarif unique : 27 euros. Places sur BilletReduc.
l’époque du CMO-V, puis Babeth a créé Bab Dance. Vingt-cinq ans après, l’équipe est solide.”
Ainsi, Babeth crée costumes et décors et les fabrique avec l’aide de celles et ceux qui sont doués pour les réaliser, telles ces deux retraitées de Vénissieux toujours prêtes à donner un coup de main. Elle s’amuse à parler des personnages. “Dans le dessin animé, Hercule n’est pas très fute-fute. On a aussi un satyre et des dieux : Zeus, Hadès, etc.”
Le vrai travail d’Hercule est bien de réussir à mettre en scène et chorégraphier quarante personnes, des dieux, un demi-dieu, quelques mortels, des Titans, un centaure, un cheval ailé, un cyclope, une hydre, sans parler d’un séjour aux Enfers. Bref, le quotidien, quoi, pour Babeth. g
JEAN-CHARLES LEMEUNIER
“Hercule” par l’association Bab Dance : le 17 juin à 19 h 30 au Théâtre de Vénissieux et le 1er juillet à 19 h 30 à la salle Deslyres (route du Stade) à Saint-Pierre-de-Chandieu.
Pour chaque soirée , l’entrée est à 10 euros. Gratuit pour les moins de 7 ans Informations et réservations : asso.bab.dance@gmail.com ou 06 38 04 72 20.
Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 / EXPRESSIONS 12 Culture
BAB DANCE PHOTO D.R. AFFICHE D.R.
Babeth, Manon et Stéphan
THÉÂTRE DE VÉNISSIEUX
À plus forte saison
Ce 15 juin à 18h30 sera dévoilée la programmation 2023-24 du Théâtre de Vénissieux et de Bizarre! Avec, pour finir la soirée en beauté, un spectacle de cirque gratuit et une playlist hip-hop.
Chaque lancement de saison est un moment d’attente et de surprises. Les abonnés le savent bien, qui comptent sur leurs doigts le nombre de spectacles qu’ils vont inscrire sur leur calendrier. Il faut préciser qu’à La Machinerie, qui réunit le Théâtre de Vénissieux et l’équipement de musiques actuelles “Bizarre !” un même abonnement peut être utilisé dans les deux structures.
C’est donc le 15 juin, à partir de 18 h 30 au Théâtre de Vénissieux, que Françoise Pouzache, la directrice de La Machinerie, nous mettra l’eau à la bouche avec la présentation de la saison théâtrale 202324, tandis que Nicolas Gonthier, nouveau programmateur rap et danse hip-hop, évoquera le premier semestre de Bizarre ! Et, pour bien faire les choses , l’équipe précise que “les places à l’unité et le Pack Machinerie seront disponibles dès cette date, en ligne et au guichet : une formule à la carte, sans contraintes. Un abonnement flexible dès trois évènements sur toute la programmation du théâtre et de Bizarre !”.
D épasser les limites D u corps Ensuite, à partir de 20 heures, on se rendra sur le parvis du théâtre pour suivre le spectacle Le Corps sans organes par Anahi de Las Cuevas et Lola Étiève. La première est une acrobate originaire de Buenos Aires qui, au cours d’un voyage, a intégré l’école nationale des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. La seconde est une créatrice sonore formée à l’ENSATT de Lyon.
JOUR DU LIVRE
“Ce sera, avait précisé Anahi de Las Cuevas lors de la présentation, en mars dernier, du festival UtoPistes — auquel le spectacle est lié —, une installation circassienne et sonore dans l’espace public.” Elle précisait alors la part de chacune des deux artistes : l’illusion sonore pour Lola et la performance physique pour elle-même. “J’utiliserai, continuait Anahi, un cerceau d’un nouveau diamètre, en continuel mouvement, histoire de dépasser les limites de mon corps.” Et elle se réjouissait de se retrouver au Théâtre de Vénissieux, “un nouveau lieu à investir, à redessiner”
À la fin de ces performances, vers 20 h 30, place à la musique avec une playlist hiphop et un verre partagé avec l’équipe de La Machinerie. De quoi danser sur les sons des artistes de la programmation de Bizarre !
Restons un instant sur le festival UtoPistes . Anahi de Las Cuevas proposera encore, les 1er et 2 juin à la Maison de la danse, le spectacle Seré Millones, sur le parcours du corps de la très populaire
Eva Perón, épouse du président, qui transita jusqu’en Italie. “Embaumé, explique Anahi, le cadavre disparut pendant 17 ans avant de réapparaître à Milan. C’est une histoire bizarre qui a contribué à la mythologie du personnage. De quoi un corps est-il capable ?
Rap pelons pour conclure que le festival UtoPistes fera encore étape au parc de Parilly pour Terces , avec le cirque de Johann Le Guillerm (31 mai, puis 2 au 4 juin), et Balestra (10 et 11 juin). Où quatorze jeunes artistes du Centre national des arts du cirque présenteront leur
Plus de 200 personnes à la médiathèque
Ce 20 mai, organisé par la Ville et l’Espace Pandora, le Jour du livre s’est tenu principalement à l’intérieur de la médiathèque Lucie-Aubrac, par crainte des intempéries. Une journée chaleureuse sous le signe du livre, avec de nombreuses personnes (plus de 200) ravies d’être là.
“Pari réussi, pari tenu, s’enthousiasmait à l’issue de la manifestation Thierry Renard, le directeur de l’Espace Pandora. Et ambiance garantie. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance — pont de l’Ascension et météo incertaine. Mais nous sommes tout de même parvenus à nos fins, avec un public métissé.
“Un peu moins de monde que l’année dernière, mais plus de deux cents personnes, tout de même, avec de nombreux participants (enfants et adultes) aux ateliers
d’écriture de Mathieu Tulissi Gabard et de Christophe La Posta.
“Le spectacle d’Heiko Wilhelm et de Sonia Viel, Bang Bang etc, ou Quand le poème devient chanson et quand la musique croise la prose, a rencontré un vif succès. Ça remue, ça bouleverse et ça donne à entendre.
“Un final en beauté, en paroles et en musique, avec une scène ouverte pleine de surprises où les voix des amateurs se sont mêlées à celles des professionnels.”
L’assistance eut en effet la surprise de voir arriver, en fin de la scène ouverte, une chanteuse marocaine et son musicien qui firent monter la température de plusieurs degrés. Ce qui n’était pas si mal en ce printemps tardif. g
spectacle de fin d’études, sous le regard attentif de Marie Molliens de la compagnie Rasposo. g
JEAN-CHARLES LEMEUNIER
15 juin à 18 h 30 au Théâtre de Vénissieux : présentation de la saison 2023-24 de La Machinerie , suivie par un spectacle de cirque gratuit (à partir de 7 ans) et une playlist hip-hop.
Réservation conseillée au 04 72 90 86 68 ou sur www.theatre-venissieux.fr
Dernière minute : à Bizarre !, la soirée est reportée. Prévues le 10 juin, les prestations de Stogie T et de Kaynixe sont décalées au jeudi 19 octobre. Quant au rappeur lyonnais Tejdeen, prévu lui aussi à cette même soirée, son concert est annulé.
Renseignements : 04 72 90 86 68 ou sur le site bizarre-venissieux.fr.
EXPRESSIONS /Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 1315
Culture
Anahi de Las Cuevas, dans son spectacle “Le corps sans organes”...
... Et à la conférence de presse des “UtoPistes”
J.-C.L.
PHOTO MARIA-PAZ-MARCIANO
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D.R.
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Médiathèque Lucie-Aubrac...
Le 3 juin à 10 heures, C’estmoiqui lis est réservé aux enfants à partir de 8 ans. Animé par les bibliothécaires, cet atelier pour apprendre à lire à voix haute se tiendra sur quatre séances, les samedis de 10 heures à midi, du 3 au 24 juin.
C’est encore le 3 juin, à 10 h 30, que les plus de 12 ans pourront se réunir pour le SlamRAPport, afin de débattre sur l’univers du rap et des cultures urbaines.
Les tout-petits attendent avec impatience le moment câlin du Bébébouquine qui se déroulera le 7 juin à 10 h 30. Ce même jour à 14 heures, les plus de 4 ans joueront aux jeux de société avec Mini Ludik. Pour découvrir la musique, Le Bon Son réunira les 16 ans et plus le 10 juin à 14 h 30.
Le 14 juin à 14 h 30, Geek&Co proposera des expériences numériques ludiques (dès 10 ans). À 15 heures, Raconte-moi une histoire sera réservé aux 4-6 ans.
Inscription sur place ou au 04 72 21 45 54.
À VENIR
... et bibliothèques de quartier
À Anatole-France, Mini Ludik se tiendra, pour les plus de 4 ans, le 7 juin à 9 h 30. À Robert-Desnos, ce sera le 14 juin à 9 h 30. Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Renseignements : 04 72 89 40 46 (A.-France) ou 04 78 76 64 15 (R.-Desnos).
Estival Unison
Le 3 juin, de 16 à 22 heures au 13 bis, rue Girié (Lyon 3e), la première édition de ce festival réunira L’air de rien (jazz), Vincent Chanet (chanson française), Hen’ Tucky (folk) et deux musiciens vénissians : Malik Derardja (pop-rock) et Jean Sangally (chanson française et blues).
Entrée libre, restauration proposée par l’association Eris. Chapeau solidaire.
Traction Avant
Le 31 mai à 11 heures, à la salle Érik-Satie, se déroulera un concours d’éloquence avec les
Cinéma Gérard-Philipe
élèves du lycée Jacques-Brel, coachés par Vincent Villemagne et Slimane Bounia (de Traction Avant). Il s’inscrit dans le cadre de la Cité éducative, en collaboration avec des enseignants. Pour son rendez-vous de fin de saison, l’atelier théâtre de la compagnie sera également à Satie le 3 juin à 20 h 30 et le 4 juin à 16 heures. Ce spectacle tout public (dès 12 ans), mis en scène par Vincent Villemagne, revisite le thème de Cendrillon, d’après la relecture moderne de Joël Pommerat.
Tarif : 12 euros. Réservations : 04 72 90 11 84.
École de musique Jean-Wiener Encore un dernier Mercredij’ai concert! le 14 juin, et la Semaine de la musique du 17 au 23 juin, et ce sera la fin de l’année scolaire. À partir du 1er juin, les inscriptions en ligne seront ouvertes pour les nouveaux élèves. Les cours collectifs s’arrêteront le 24 juin et les individuels le 1er juillet.
Renseignements : 04 37 25 02 77.
EXPOSITION
Les clameurs de Josselin Pietri
L’artiste vénissian expose jusqu’à fin juin son travail original au bar
Les Clameurs (23, rue d’Aguesseau, Lyon 7e). D’un Michael Jackson grandeur nature à un cockpit d’avion ou une voiture, le carton
est le matériau ennobli par Josselin Pietri. On retrouvera également un Van Gogh revisité et une télé qui, quand on l’allume, laisse apparaître une quarantaine de séquences de cinéma. g
Festi’Jeunes : Place o débat Dans le cadre du nouveau festival mis en place par la municipalité, une soirée se tiendra au cinéma le 31 mai à 18 heures, animée par Julien Maniez (de France Bleu). Après une joute verbale autour de l’éloquence (à 18h30), on assistera à une table ronde sur le Vénissieux d’hier et d’aujourd’hui, en présence d’habitants et de professionnels du territoire (à 19h30).
COUP DE PROJECTEUR Côté cour
Festival Hanabi
Du 31 mai au 3 juin, le cinéma japonais sera mis à l’honneur. Au programme : une avant-première par jour (à 18 heures) avec Love Life de Kôji Fukada (31 mai), Rendez-vous à Tokyo de Daigo Matsui (1er juin), La Beauté du geste de Sho Miyake (2 juin), Coming Soon de Takayuki Hirao (3 juin), A Man de Kei Ishikawa (4 juin), Comme un lundi de Ryo Takebayashi (5 juin) et La Comédie humaine de Kôji Fukada (6 juin). Un projet ambitieux et réjouissant avec sept films projetés en version originale sous-titrée.
Relaxe
Le 1er juin à 19h45, la projection de ce documentaire d’Audrey Ginestet sur les sabotages des lignes TGV de l’affaire Tarnac sera suivie d’un débat en présence de Catherine Chauvin (Les Amis du Monde diplomatique) et Jean-Christophe Berlioz (Syndicat de la magistrature).
La Du Barry serait-elle pour Maïwenn ce qu’a été Marie-Antoinette pour Sofia Coppola : parler de soi à travers un récit plongé dans l’Histoire ? On connaissait le talent de Maïwenn, actrice et réalisatrice, pour mettre en scène son époque, ce qui fut fait avec Le Bal des actrices, Polisse, Mon roi ou ADN. Mais il va falloir ici déchanter. Changement total de décor, donc, avec Jeanne du Barry, son nouveau film qui vient de faire l’ouverture du festival de Cannes, et plusieurs interrogations. Quoi, Johnny Depp dans le rôle de notre Louis XV, c’est pas un peu gonflé ? Et tous ces acteurs que l’on croise et qui n’ont qu’un ou deux dialogues, tels Robin Renucci, Noémie Lvovsky ou Pascal Greggory ? Il y a encore
ce dauphin, futur Louis XVI, personnage efflanqué qui prend des décisions face à la cour, tellement éloigné de l’image qu’on a de lui. Bousculer les idées reçues, pourquoi pas, mais encore faut-il avoir des raisons pour cela. Le discours n’est pas vraiment social. La Du Barry que Maïwenn incarne est une femme libre qui bouscule l’étiquette de la cour. La réalisatrice pense-t-elle qu’elle-même secoue le cocotier cinématographique ? Ce n’est pas vraiment le cas. Quel est l’intérêt de remettre sur le devant de la scène un personnage déjà tant de fois incarné à l’écran pour n’amener rien de plus que des histoires de règles courtisanes ? g
Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 / EXPRESSIONS 14 Culture
Classé Art et Essai
12, avenue Jean Cagne - 04 78 70 40 47 cinemagerard.philipe@ville-venissieux.fr www.ville-venissieux.fr/cinema/
J.-C.L.
20:1520:15 16:1516:00 20:15 14:30 ciné-café 18:1517:00 MAR 22 14:30 17:15 16:30 18:3016:3020:0018:1518:3020:3017:00 14:0018:0020:00 18:15 20:15 14:30 16:0020:00 LES FEMMES DU SQUARE 1h45 18:30 20:15 18:15 20:15 16:00 18:00 20:15 CLOSE 18:0014:0020:1514:0018:0016:0018:30 DU 30 NOV. AU 6 DÉC. MER 30 JEU 1 ER VEN 2 SAM 3 DIM 4 LUN 5 MAR 6 Sortie nationale FUMER FAIT TOUSSER 1h20 14:30 20:15 14:30 18:15 17:30 20:15 14:30 20:15 14:30 16:00 16:30 18:00 18:00 20:15 BLACK PANTHER 2, WAKANDA FOR EVER ( vf ) 2h41 14:30 17:30 20:0020:0014:30 20:00 17:3020:0014:30 17:30 LES MIENS 1h25 20:3014:30 16:30 16:15 18:00 16:15 20:15 14:30 18:30 14:30 18:15 16:30 LES ENGAGÉS 1h36 18:0020:1520:0018:0016:3020:1514:30 LES REPENTIS ( vost ) 1h56 16:00 18:0016:0016:00 Ciné gourmand MAURICE LE CHAT FABULEUX 1h33 14:30 LES FEMMES DU SQUARE 1h45 18:3018:1514:00 16:00 16:00 16:0016:15 LES AMANDIERS 2h06 16:15 20:00 14:15 20:15 vfst 14:3017:3018:0018:00 20:15 20:00 RESTE UN PEU 1h30 16:1516:30 18:15 14:30 18:00 14:3014:3014:3018:15 20:30 PANIQUE 1h30 14:00 Audiodescription pour les non-voyants Black panther
Jeanne du Barry de Maïwenn
D.R.
D.R.
(voir ci-contre)
Maïwenn, Johnny Depp et Pierre Richard
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AFFICHE
PHOTO J-C.L.
QUAND LE RHÔNE PASSAIT À VÉNISSIEUX
Les seigneurs du fleuve
Au XIXe siècle, Vénissieux compta des mariniers parmi sa population, et accueillit même un port ! Voyage vers un passé complètement oublié.
Les chevaux s’arc-boutent sous l’effort, tandis que leurs cavaliers les frappent à coups de fouet pour les stimuler davantage. La corde se tend, sort de l’eau, devient si raide que l’on pourrait à coup sûr marcher sur elle comme un funambule sur son câble. Combien sont-ils à tirer ainsi de toutes leurs forces ? Douze, quatorze, peut-être même une vingtaine, impossible à dire tant la file se perd au loin. Pas après pas, les bêtes avancent sur le chemin de halage, permettant au lourd convoi de bateaux de poursuivre sa “remonte” du Rhône. Alexandre Dubuisson, un peintre lyonnais, a immortalisé cette lutte contre le courant du fleuve en 1843, faisant de son tableau l’un des plus célèbres du musée des Beaux-Arts de Lyon. L’œuvre (voir ci-contre), que l’on imagine avoir été peinte quelque part entre Donzère et Vienne, aurait tout aussi bien pu avoir pour cadre… Vénissieux ! Car, avant que Saint-Fons soit détachée de notre ville pour devenir une commune à part entière — c’était en 1888 —, Vénissieux s’étendait à l’ouest jusqu’aux rives du Rhône, et comptait même des mariniers parmi sa population. La preuve, le recensement de 1836 en liste quatre : Pierre Bertrand, alors âgé de 45 ans ; Antoine Bernard, 36 ans ; Pierre Myon, 40 ans ; et André Michel, 49 ans. Ainsi, Vénissieux s’avérait une commune batelière, au même titre que Seyssel, Lyon, Vernaison, Givors, Serrières, Avignon, Arles et bien d’autres encore, qui toutes ensemble formaient une constellation de ports s’étendant des abords de la Suisse jusqu’aux portes de la Méditerranée.
14 jours de remontée entre A vignon et v énissieux Ceci dit, contrairement à bien d’autres cités des bords du Rhône, la vocation batelière vénissiane ne remontait pas à Mathusalem, mais seulement semble-t-il au début du XIX e siècle. Confirmation nous en est donnée par l’origine des personnages cités en 1836. Ces “voituriers par eau”, comme les appellent aussi les textes, sont en effet tous des néo-Vénissians. Pierre Myon et Antoine Bernard arrivent tout droit de Vernaison, tandis que Pierre Bertrand s’avère être un Givordin de naissance. Ils se sont installés à Vénissieux dans les années 1820, à l’occasion de leurs mariages, et n’en sont
plus repartis, élisant domicile à SaintFons pour les uns, et au Moulin-à-Vent pour les autres. Quant à leurs bateaux, ils s’amarraient au port situé à côté du hameau de Saint-Fons, que les Vénissians appelaient le “port de Pierre-Bénite” et que longeait le chemin de halage. Ils s’alignaient là, fièrement, sur les eaux du Rhône et de l’un de ses bras. Et n’allez pas imaginer de simples barques comme celles du lac de la Tête-d’Or ! Appelés “seysselandes” ou “savoyardes” pour la plupart, ces bateaux mesuraient dans les 20 à 30 mètres de long pour 4 à 7 mètres de large, et étaient capables d’embarquer 40 à 180 tonnes de marchandises. De vrais convois exceptionnels ! Ils étaient manœuvrés à la descente par de grandes rames situées à l’arrière et à l’avant, et se laissaient porter par le courant. Trois jours seulement suffisaient pour aller de Vénissieux à Avignon. Par contre la remontée, à la force des chevaux, nécessitait 11 à 14 jours. Dans un sens comme dans l’autre, le voyage réclamait une attention de tous les instants. Il fallait se jouer du courant, viser tantôt la rive gauche — “l’Empi” , comme la nommaient les mariniers —, tantôt la rive droite – “le Riaume” . Ne pas se perdre dans le dédale des bras morts, se méfier des bancs de galets prompts à vous échouer, mais aussi des crues
soudaines, voire des blocs de glace parfois charriés en hiver jusque dans le lit majeur. La navigation imposait donc une parfaite connaissance du Rhône, et faisait des bateliers des “seigneurs du fleuve” , pour reprendre le titre du beau roman que Bernard Clavel leur a consacré.
250 000 tonnes de m A rch A ndises et 80 000 voyA geurs pA r A n Sur leurs bateaux, les mariniers vénissians embarquaient des voyageurs, mais aussi et surtout des marchandises extrêmement variées : les tuiles et la chaux produites en bord de Rhône par les nomb reux ateliers vénissians, la pierre de taille de nos carrières souterraines, du blé, du vin, et peut-être aussi des produits chimiques, lorsque les premières usines vinrent s’implanter chez nous dans les années 1850. À la remonte, ils ramenaient du Sud du vin, du sel, de la soie, du coton, du charbon de la région de Saint-Étienne, soigneusement rangés sur le fond du bateau, ou empaquetés dans des ballots de tissu pour les marchandises les plus fragiles. Tous ces convois faisaient du Rhône l’un des axes majeurs du commerce en France, au point qu’au début du XIX e siècle, pas moins de 4 000 bateaux descendaient le fleuve chaque année, emportant 250 000 tonnes de marchandises et 80 000 voyageur s.
Pourtant, malgré leur rôle fondamental dans l’économie d’antan, les mariniers ne roulaient pas sur l’or. La preuve, lors de son mariage en 1824 avec la fille d’une aubergiste des bords du Rhône, le Vénissian Pierre Myon ne reçut de sa belle que 600 francs de dot, et son compère Pierre B ertrand 500 francs en 1825, soit des sommes égales à celles reçues par des artisans de village. Mais le pire restait encore à venir. En 1829, les premiers bateaux à vapeur s’invitèrent sur le cours du Rhône et, en ralliant Lyon à Beaucaire en seulement 14 heures, supplantèrent bientôt les seysselandes. Le coup de grâce fut donné en 1855, lorsque la ligne de chemin de fer Lyon-Avignon fut inaugurée. L’activité des mariniers de notre ville s’arrêta. Pierre Bertrand devint un simple journalier (ouvrier agricole), Antoine Bernard se reconvertit comme cultivateur, tandis qu’André Michel prit sa retraite dans sa maison du “chemin du Port aux Rivières” Seul Pierre Myon poursuivit un temps son activité, jusqu’à son décès en 1866 à l’âge de 70 ans. Il fut le dernier marinier vénissian. g
ALAIN BELMONT
Sources : Archives de Vénissieux, recensements (18361851) et actes d’État civil (1824-1872). Archives du Rhône, 3 E 11520 et 11521.
EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 15 Histoire
TABLEAU D’ALEXANDRE DUBUISSON “LE HALAGE SUR LE RHÔNE” 1843MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LYON
VÉNISSIEUX ESCRIME
Un, deux, trois…... Solenn !
La première compétition réservée aux jeunes catégories, les 27 et 28 mai au gymnase Jacques-Brel, a été encourageante. La relève s’affirme, avec notamment Solenn Ribes, qui se pose en espoir.
pressée d’en finir. Elle a compris que la patience était un atout supplémentaire”. Résultat : Solenn est qualifiée pour la Fête des Jeunes des moins de 15 ans, qui aura lieu prochainement à Albi, une compétition qui s’apparente à de véritables championnats de France.
Un circUit national poUr les moins de 17 ans ?
Coincé entre des épreuves nationales, le premier tournoi réservé aux jeunes catégories — et tout de même à une trentaine de seniors — a séduit et rassuré. “On est satisfait des 120 participants venus l’inaugurer sur un week-end.” , a commenté Thomas Bost, le tout jeune président de Vénissieux Escrime. Est-ce pour atténuer l’annulation du circuit national senior que cette compétition a vu le jour ? “Bien évidemment, confirme le responsable, ne nous le cachons pas. En dehors des JO ou des championnats du monde — et encore, seulement s’ils sont marqués du sceau de la réussite par les Français —, l’escrime redevient une discipline confidentielle. Les
g Athlétisme Aux championnats départementaux cadets et plus, le 29 mai au stade du Rhône de Parilly, avec une délégation de 17 athlètes, l’AFA Feyzin/Vénissieux a obtenu pas moins de six titres, deux places de vice-champion et une place de 3 e. Les têtes couronnées à cette occasion sont Djelika Diarra (1,58 m à la hauteur), Julie Orosmane (29,37 m au javelot), Clément Peyrard (11,39 m au poids), Léo Boudry (38,41 m au javelot), Marc Ozier
médias ne suivent plus, les grands circuits sont à la peine. Si on ne réagit pas, ça va devenir inquiétant. D’où notre désir d’offrir des compétitions de bonne tenue.”
Et sur deux jours, les assauts ont été de qualité, parfois même au-delà de toute espérance. Il y a eu Léonie Perrier, 2e chez les moins de 11 ans, Nicolas Flament, même place en senior. Mais la révélation du week-end a été Solenn Ribes (14 ans), surclassée, victorieuse avec une facilité déconcertante chez les… M17 (moins de 17 ans), l’équivalent des U17 (under 17) dans les autres sports. “L’escrime est l’une des très rares disciplines où le français reste la langue officielle utilisée pendant les matchs internationaux, précise à cet égard
Thomas Bos. Il est même obligatoire pour l’arbitrage. Des USA au Japon, les arbitres se servent de ‘En Garde ! Prêts ? Allez !’ » Mais revenons à Solenn. Du haut de ses 14 ans, elle progresse à chaque tournoi. Elle a découvert la discipline il y a seulement un an et demi. “J’avais bien fait un peu de gym, plus jeune. J’ai voulu essayer l’escrime, et ça me plaît”, commente simplement l’intéressée. Andréa Emerit, arrivée 3e dans la catégorie senior, pose un regard expert sur les qualités de Solenn : “Elle est grande, elle a de l’allonge et elle est gauchère, des atouts incontestables”. Ce que valident Julien Guichardan, maître d’armes, et Aurélien Tivilier, le vice-président : “À ses débuts, elle était impulsive,
On serait incomplet si on ne mettait pas en avant le travail des bénévoles, notamment la famille Lapierre, bien qu’en retrait des postes à responsabilité, toujours impliquée pour donner un coup de main. Le fils et petit-fils Lapierre étaient là : le premier, responsable du club de Meximieux, venu pour tirer en senior vétéran, et le second pour arbitrer. Stéphane Vienne, autre ancien escrimeur vénissian, désormais à Caluire, était également de la partie. “Malgré la baisse de licenciés — nous en comptons aujourd’hui une soixantaine au lieu des 75-80 d’avant-Covid – Vénissieux Escrime reste très actif, argumente le président. On va même déposer un dossier à la fédé. On veut organiser un circuit national mixte pour les M17 dès l’an prochain. Il y a pénurie de circuits en région. On veut se placer et rappeler que Vénissieux reste une place forte de l’escrime.” g
DJAMEL YOUNSI
Solenn (à g.) et la finaliste
AGENDA RÉSULTATS
(11”57 sur 100 m), ainsi que Christophe Lanneau (55”87 sur 400m).
g Gymnastique Lors des finales UFOLEP zone sud-est, réservées aux jeunes, les 27 et 28 mai à Boën-surLignon (42), le CMO-V a été conquérant. Par équipes, Maram Akroum, Miya Alleg, Layel Ahmed, Amel Mekideche et Aya Lazreug, coachées par Isabelle Cantaluppi, ont pris la deuxième place chez les 7-12 ans, derrière Loriol.
g Karaté C’est le 5 e titre national obtenu par le Sen No Sen cette saison. Ahmed Bitam est en effet devenu champion de France vétéran (V3, moins de 75 kg), le 28 mai, à Villebonsur-Yvette. Habituée des titres et podiums, Marie-Claude Barbin a obtenu pour sa part le bronze (vétéran 4, moins de 55 kg). Pierre-Yves Barbin et Mohamed Yazid, un voisin du Corps de Saint-Fons, étaient les deux autres karatékas invités à ces championnats.
g Samedi 3 juin
- Les footballeurs de Vénissieux FC accueillent Andrézieux (B) au stade Laurent-Gérin, à 18 heures.
- Rencontre des écoles de natation organisée par le CMO-Vénissieux, à la piscine Auguste-Delaune, de 13 heures à 17h30.
- Tournoi de pétanque organisé par l’Olympique de Vénissieux sur le terrain Jean-Guimier, de 8h30 à 20 heures.
- Rencontre “Handball-toi” organisée par le comité du Rhône
Métropole Lyon Handball au stade Laurent-Gérin, de 9h30 à 16 heures.
g Samedi 10 juin
- Challenge Zlatko-Portner, tournoi de hand masculin pour les 17 ans organisé par Vénissieux Handball aux gymnases Guimier, Anquetil et Tola-Vologe, de 9 à 19 heures.
g Vendredi 16 juin
- Gala de fin d’année du CMO-V GR au gymnase Alain-Colas, de 18h30 à 21 heures.
16 SportS Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 / EXPRESSIONS
D.Y. PHOTO D.Y.
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Solenn (ici de dos), a marqué de son empreinte le premier tournoi vénissian
L’été au CNI, coup d’envoi le 17 juin
Fort de son label intercommunal, le Centre nautique intercommunal (CNI) se fait beau à l’approche de la saison estivale. Changement de rythme, d’horaires mais pas de décor. L’équipement nautique va offrir son espace intérieur, trois bassins pour se baigner en fonction de ses envies, une pataugeoire avec jet d’eau et toboggan. “Une fois encore, des cours d’aquagym gratuits seront proposés du lundi au vendredi, à l’heure de la pause déjeuner (12 h 30-13 heures), développe Emmanuel Jacquemin, directeur adjoint. Pour ce qui est des extérieurs, 15 000 m 2 d’espaces composés de plages minérales et engazonnées avec transats, d’aires ombragées et de piquenique. Là encore, vaste patau -
geoire avec jeux d’eau pour les petits, des parcours acrobatiques, un espace dédié aux ballons et un snack pour se restaurer.”
Les horaires appliqués seront les mêmes que l’an dernier : ouverture du CNI tous les jours de 10 heures à 18 h 30. Pour rappel, les mineurs (+ de 12 ans) non accompagnés ne pourront accéd er à l’établissement qu’à partir de 14 heures. La direction, une fois de plus, consentira des efforts pour les adhérents des centres sociaux et de loisirs qui seront accueillis du lundi au vendredi de 10 à 14 heures. Un autre type de public aura droit à un programme de (re)mise en forme sur quinze jours : les adeptes de fitness en salle et d’aquabike, attendus du 19 juin
au 7 juillet. Comme de bien entendu, sur réservation. g
Centre nautique intercommunal : 16, avenue du Docteur-Georges-Lévy.
Tél. : 04 37 90 54 54.
LYON MÉTROPOLE DANSE SPORTIVE VÉNISSIEUX BOXE FRANÇAISE
Pour plus d’informations : resa-centre-nautique .fr ou secretariat@centre-nautique.fr
Un duo vénissian deux fois champion de France Linda et Audrey, les intouchables
les juniors 1, dans la catégorie nationale. Invités à se produire en Samba, Cha Cha, Rumba, Paso Doble et Jives, cinq danses latines, ils ont été intraitables, s’imposant devant Mathéo Recio/Rose Marquez, des danseurs de SaintCyprien, et Nathan Mandon/Maé Aunave, licenciés à l’Artistique Rumba Club de Romans.
Engagés chez les juniors 2, toujours en Latine, ils n’ont pu jouer aux récidivistes, s’installant à un pas du podium, 4e d’une épreuve remportée par les Parisiens Mica Petit et Dayana Desvennes.
On attendait non sans une certaine impatience le comportement de Linda Seddik-Khodja et Audrey Bonnefoy, engagées en championnat de France, les 20 et 21 mai derniers, au Puy-en-Velay.
Avec Aaewen Puillet et Lou Charasson, on passe du stade des espoirs à celui des confirmations.
Le duo de danseurs maintes fois récompensé a brillé sur les parquets du palais des sports marseillais, les 6 et 7 mai derniers.
À l’occasion des championnats de France Latine et Standard, Aaewen et Lou ont d’abord été titrés chez
Décidément insatiables, Aaewen et Lou ont ajouté un second titre chez les juniors, mais en danse standard, devançant cette fois un duo formé au team Le Studio de Rumilly. Toujours en standard, à l’issue d’un week-end marathon, ils se sont offert un podium en Juniors 2, battus par les mêmes Parisiens victorieux en Latine.
On notera pour l’anecdote la 15e place chez les adultes d’un duo vénissian, Maxence Piau et Doïska Puillet, en danse standard. g
Avec Laure Bruneau et Gaël Quignon, autres valeurs sûres de Vénissieux Boxe Française (VBF), elles avaient brillamment été sacrées championnes du Rhône, une épreuve qui s’est disputée sur trois tours, de janvier à mars. Pour le titre Rhône-Alpes (finales AURA qui se sont déroulées à Aix-les-Bains, en avril), Linda et Audrey avaient une fois de plus été irrésistibles. Gaël, le masculin du groupe, avait été éliminé en quart-de-finale, et Laure, sortie en finale.
Au championnat de France, il n’y avait pas de raison pour que ce duo s’arrête en si bon chemin.
Linda a été intouchable chez les moins de 48 kg, et Audrey s’est montrée invincible chez les moins de 60 kg. Avec brio, ce duo
de leaders a ajouté deux importants trophées dans la vitrine du club vénissian. La relève passe donc par les féminines, même si quelques espoirs masculins pointent le bout de leur savate. g
DJAMEL YOUNSI
EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 17 SportS
D.Y.
D.Y.
CENTRE NAUTIQUE INTERCOMMUNAL PHOTO ARCHIVES EXPRESSIONS RAPHAËL BERT PHOTO D.R PHOTO D.R.
Autour de leur entraîneur Rafik Chergui, Linda Seddik-Khodja et Audrey Bonnefoy
SPORTS COLLECTIFS
Une installation durable en Région ?
Quatre équipes fanions de clubs majeurs — en rugby, basket et football — évolueront à la rentrée à un second niveau régional. Une régression en attendant des lendemains qui chantent ?
B asket : les filles descendent d ’ un niveau “ Notre équipe féminine vient de descendre de Prénationale (Régionale 1) à Régionale 2, c’est difficile de faire des commentaires, admet sans détour Christine Thiebault, présidente du club de basket de l’ALVP. On paie le départ, pour raisons personnelles, de certaines joueuses. C’est ainsi... et on sait très bien qu’à partir de 27-30 ans, elles font leur vie. On a démarré la saison 2022-2023 avec de très jeunes basketteuses, des étudiantes, un groupe restreint, on s’est légèrement renforcé à la trêve, mais ça n’a pas suffi. Nous allons tirer de riches enseignements de la saison écoulée. On a un collectif qui affiche un vrai esprit club, qui s’y investit et qui ne peut que progresser. ”
L’équipe masculine a pour sa part fini 4e de son championnat.
Elle a dû passer par les poules de maintien pour conserver sa place en Régionale 2. Chose faite grâce à cinq succès obtenus entre le 28 janvier et le 13 mai.
R ug B y : sta B ilité du X v vénissian
En rugby, la dénomination des divisions diffère sensiblement
de celles des basketteurs ou des footballeurs. Avec la refonte des championnats régionaux de rugby, le XV de l’USV a été reversé, cette saison, en Promotion d’honneur… l’équivalent d’une Régionale 2 (R2).
“
À moins d’une nouvelle refonte des championnats amateurs, on devrait encore y évoluer à la rentrée prochaine, avance Michel Giuliani, le président vénissian. Depuis quelques saisons, on est à notre place, on ne peut raisonnablement espérer évoluer à l’étage supérieur.
On n’a pas les moyens financiers pour garder nos espoirs ou pour en enrôler d’autres, comme le font des clubs voisins tels que Saint-Genis-Laval, Bron ou même Chassieu — qui va évoluer à notre niveau, l’an prochain. Autrefois, on compensait ces lacunes en misant sur une convivialité hors-norme qui attirait public et joueurs. ” Qu’espérer alors ? “ Pour suivre notre politique sportive axée sur l’école de rugby, les catégories jeunes et les féminines. Nos passerelles avec des écoles s’étoffent, nos ententes avec Saint-Priest et Mions également. Et nous devrions engager une équipe féminine senior (à partir
des U18), nous avons déjà les éducateurs. ”
f oot B all : R estau R ation de l ’ équipe fanion
En football, la situation est décevante, notamment pour ceux qui ont connu l’USV et l’AS Minguettes à un niveau national (CFA et CFA 2). Même si le Covid est passé par là, les espoirs de progression de l’équipe fanion étaient nombreux après la fusion des deux clubs au sein du VFC.
Mais la dégringolade, en quelques années, d’un niveau CFA2 (premier niveau national) à une place en Régionale 2 interroge. Que s’est-il passé pour en arriver là ?
“Si on ne s’attache qu’à cette équipe fanion, la déception est légitime, convient Jean-Pierre Chaix, le président. Nous ne visions aucune accession en Nationale 3 pour cette année, mais au moins un maintien. Devoir évoluer à l’étage inférieur est contrariant.” Un échec ? “On va dire qu’il y a des années où cela ne tourne pas. Par contre, on va mettre en place un dispositif pour revenir en Régionale 1, antichambre de la Nationale 3, dès la saison prochaine.” Quelques lueurs d’espoirs pour le VFC ? “Les féminines — qui à l’image des U15 sont concernées
par une accession — affichent une incroyable progression. Même au niveau des effectifs, on est satisfait, le seuil des 100 licenciées a été dépassé. Même engouement en loi-
sirs, et en futsal, le VFC proposant de la diversité. Pour rester positifs, on va dire qu’on est en mode reconstruction .” g
DJAMEL YOUNSI
DU SPORT Lancement du tournoi de convivialité
OFFICE MUNICIPAL
Les dirigeants ont décidé d’organiser un tournoi de convivialité ouvert aux membres dirigeants des clubs adhérents et membres du CA de l’OMS. “Ce tournoi de pétanque permettra de créer du lien entre sportifs, dans le cadre d’un moment convivial et festif qui s’achèvera par le verre de l’amitié”, précisent les organisateurs. Néophytes en la matière,
ils se sont appuyés sur les compétences de Jean-Pierre Gomis, président du club de pétanque des Minguettes, pour gérer les parties et s’occuper de la table de marque. g
Tournoi de convivialité de pétanque. Jeudi 22 juin de 17h30 à 22 heures. Stade Laurent-Gérin.
18 SportS Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 / EXPRESSIONS
PHOTOS D.Y.
D.Y.
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Les Grandes Terres en fête
Les rendez-vous du Secours populaire Une brocante exceptionnelle (vêtements, vaisselle, jouets, objets divers) aura lieu samedi 10 juin de 9 à 17 heures.
Le jeudi 15 juin, ce sera une vente au sac, de 14 heures à 16 h 30 : des sacs de 20 litres (avec vêtements, chaussures et peluches) seront proposés à 5 €. 99, boulevard IrèneJoliot-Curie. Infos : 0 478 762 331.
Vélo’attitude
MENUS DES RESTAURANTS SCOLAIRES
Menus du 31 Mai au 13 juin
Mercredi 31 : pizza tomate mozzarella, omelette au fromage*, purée de petits pois, fruit de saison, pain*.
Jeudi 1er : carottes cuites au cumin, tajine d’agneau ou tajine du soleil (légumes, pois chiches), semoule*, pomme moelleuse à la cannelle, pain*
Vendredi 2 : salade de pâtes sauce Caesar, filet de poisson citron échalote, chou-fleur sauce Aurore*, fromage blanc nature*, cake maison aux fruits exotiques, pain*
Lundi 5 : radis/beurre demi-sel, quiche aux 3 fromages, salade verte / vinaigrette maison, fromage, compote pomme fraise, pain*
La 6e édition de ce rendez-vous incontournable du printemps est programmée samedi 3 juin 2023. Les activités sont organisées au for t de Feyzin, point de ralliement pour le départ des promenades sur ce plateau agricole de 600 hectares. Un marché de producteurs et des animations sont à découvrir, comme une visite des serres de rosiéristes, une initiation à la marche nordique, des contes sur le thème de la nature ou encore une balade sensorielle.
Cette année, une Véloparade est
mise au point avec Janus France.
L’association vénissiane a tracé deux itinéraires pour se rendre aux Grandes Terres à vélo à partir de Vénissieux et Corbas.
À Vénissieux, les mordus du guidon sont invités à se rassembler à 10 h 30 devant l’hôtel de ville pour arriver au fort à 11 h 30.
Pro gramme détaillé à consulter sur le site du fort de Feyzin : www.lefortdefeyzin.fr. g
Les Grandes Terres en fête : samedi 3 juin 2023 de 10 heures à 18 heures. Fort de Feyzin : 8, route du Docteur-Jean-Long. TCL : bus 39 et 60, arrêt Bégude.
PLAN DE MOBILITÉ Lancement d’une concertation citoyenne
Depuis le 9 mai et jusqu’au 29 septembre prochain, Sytral Mobilités organise une concertation citoyenne pour l’élaboration du Plan de mobilité des territoires lyonnais. Il s’agit de définir les nouvelles mesures et actions à engager dès 2025 et jusqu’à 2040 sur tous les modes de déplacements. Le périmètre concerné rassemble 263 communes et 1,9 million d’habitants, du cœur de la ville centre jusqu’aux territoires ruraux en passant par les villes de périphérie. Sytral Mobilités met à disposition du public divers outils pour s’informer et contribuer au projet.
S’informer :
• En consultant les documents en version numérique sur la plateforme à l’adresse suivante : mobiliteterritoireslyonnais.fr
• En consultant le cahier de concertation, aux horaires d’ouverture, à l’accueil de l’organisme, situé 21, boulevard Marius-Vivier-Merle, 69 003 Lyon.
S’exprimer :
• mobiliteterritoireslyonnais.fr
• concertation-citoyenne-pdm@
sytral.fr
• Par voie postale : Sytral Mobilités - CS 63 815 69 487 Lyon cedex 03. g
La Maison de quartier Darn aise, l’EPJ Charréard et l’association Janus France, organisent Vélo’attitude le mercredi 7 juin. Des ateliers et des parcours d’initiation seront proposés de 14 à 17 heures à la Halle à grains (87, boulevard du Dr-Coblod). Infos Maison de quartier Darnaise (04 78 74 21 08) ou Janus France (07 83 69 64 75).
Assemblée-débat sur l’accès aux soins
La France Insoumise de Vénissieux organise une assemblée-débat sur le thème “Défendre et reconquérir l’accès aux soins pour tous: une urgence !”, vendredi 2 juin à 18 heures, salle JeanneLabourbe. Seront notamment présents le député LFI-NUPES, Idir Boumertit, sa suppléante, Gisèle Putoud, ainsi que plusieurs militants et professionnels de santé.
Journée festive à Parilly Une journée festive est organisée au centre social le 10 juin prochain. Avec notamment, de 10 à 17 heures, une bourse aux vélos, un café d’autoréparation, un troc de vêtements... Gratuit et ouvert à tous. 27 bis, avenue Jules-Guesde.
Fête des voisins : rendez-vous le 2 juin Le collectif Immeubles en fête a choisi le vendredi 2 juin pour la Fête des voisins. Les habitants sont libres d’organiser des festivités à une autre date. Informations sur lafetedesvoisins.fr.
Vide-grenier
L’association des parents d’élèves UP’Arqam organise un vide-grenier le dimanche 4 juin de 7 à 19 heures sur l’avenue Marius-Berliet. Emplacements à 20 € les 5 m avec voiture. Réservations au 07 61 53 96 84.
Mardi 6 : salade verte / dés de fromage /vinaigrette maison, filet de poisson sauce beurre blanc, courgettes persillées*, semoule au lait et sauce caramel, pain*.
Mercredi 7 : concombres façon tzatziki, boulettes de pois chiches* poivron cumin / ketchup maison, lentilles, fromage, fruit de saison, pain*
Jeudi 8 : feuilleté au fromage, rôti de veau aux champignons ou aiguillette végétale aux champignons, jardinière de légumes, fruit de saison, pain*
Vendredi 9 : salade de haricots verts / œuf dur / vinaigrette maison, filet de poisson sauce poivrons, purée de pommes de terre, fromage*, fruit de saison*, pain*
Lundi 12 : pizza aux 4 légumes*, omelette nature*, épinards hachés* béchamel, yaourt nature*, fruit de saison*, pain*
Mardi 13 : concombres / sauce fromage blanc ciboulette, filet de lieu colin sauce hollandaise, riz et céréales (blé, soja, quinoa, tomate), fromage, fruit de saison, pain*.
(*) Produits Bio.
La Ville peut être amenée à modifier ces menus, consultables sur www.venissieux.fr.
CONSEILS DE QUARTIER Permanences et visites
● Pasteur/Monery
Permanence jeudi 8 jui n à 18 heures. Restaurant scolaire primaire Pasteur (6, route de Corbas).
Présidente : Sophia Brikh.
● Jules-Guesde
Permanence jeudi 8 juin à 18 h 30. Local du conseil (50, rue JoannèsVallet). Président : Pierre Matéo.
● Centre
Permanence mardi 13 juin à 18 heures. Foyer Paul-Langevin (13 A, avenue Marcel-Paul).
Présidente : Valérie Talbi.
● Joliot-Curie
Visite de quartier mardi 13 juin à 18 heures. Rendez-vous à l’angle de l’avenue Viviani et du boulevard Joliot-Curie. Présidente : Christelle Charrel.
● Jean-Moulin/Henri-Wallon
Permanence mercredi 14 juin à 18 heures. Maison des sportifs (10, rue des Martyrs-de-la-Résistance).
Président : Aurélien Scandolara.
PRATIQUE
● Georges-Lévy/Ernest-Renan/ Moulin-à-Vent
Visite de quartier mercredi 14 juin à 18 heures. Rendez-vous devant la salle du 44, rue Ernest-Renan.
Présidente : Samira Mesbahi.
● Charles-Perrault
Permanence jeudi 15 juin à 18 heures. Centre social EugénieCotton (23, rue Georges-Lyvet).
Président : Jeff Ariagno.
● Parilly
Permanence jeudi 15 juin à 18 h 30. Foyer Marcel-Sembat (11, bd MarcelSembat). Président : Murat Yazar.
Fêtes de quartier
● Charles-Perrault
Vendredi 2 juin, de 17 heures à 19 heures, sur l’espace du kiosque Monmousseau.
● Anatole-France/Paul-Langevin, le samedi 10 juin, de 15 heures à 19 heures, sur l’esplanade JeanCagne. g
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EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758 19 Au quotidien
Rédaction : 9 rue Aristide-Bruant 69 200 Vénissieux. Téléphone : 04 72 51 18 12. Mail : redaction@expressions-venissieux.fr Site du journal : www.expressions-venissieux.fr Paraît un mercredi sur deux sur papier recyclé. Directrice de publication : Delphine Peyre. Rédacteur en chef : Gilles Lulla & 04 72 51 18 12. Rédacteur en chef adjoint : Grégory Moris & 04 72 51 76 65. Secrétaire de rédaction : Alain Seveyrat & 04 72 51 76 84. Journalistes : Poutchie Gonzales & 04 72 51 04 78. Jean-Charles Lemeunier & 04 72 51 76 85. Djamel Younsi & 04 72 51 76 62. Fabrice Dufaud & 04 72 51 76 64. Assistante de gestion : Krisztina Papp. Chargé de publicité : Rémi Berthelot & 04 72 90 95 98. Éditeur : Régie autonome personnalisée du journal Expressions. Fabrication : CIRA - 01 150 Saint-Vulbas & 02 28 02 23 60. Distribution : Codice - 69 200 Vénissieux & 04 72 33 04 30. Abonnement : 45 euros par an. Prix au numéro : 1 euro. Tirage 33 500 exemplaires. ISSN : 1151-0935 xpressionse L e s n o u v e l e s d e V é n i s s i e u x
EXPRESS
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NUMÉROS RAPIDES D’URGENCE Samu : 15 - Police secours : 17 - Pompiers : 18 Sourds et malentendants : 114 - Violences conjugales, victime ou témoin : 39 19 - SOS Médecins : 04 78 83 51
LE 3
JUIN
NADIA BACHMAR
L’école de la République au centre du quartier
Il y a deux ans, les élèves de Louis-Pergaud ont créé le spectacle Vénissieux la belle, la rebelle joué au Théâtre de Vénissieux, qui suscita de grands moments d’émotion. Au cœur de cet événement, une enseignante, Nadia Bachmar, avait réussi à rassembler autour d’une thématique ambitieuse sa classe et son établissement, mais également des personnalités telles que JeanJacques Goldman et Michael Jones. Envolemoi ! la partie traitant de la Résistance et des guerres d’indépendance, sera encore montrée le 8 juillet prochain au cours du festival Dialogues en humanité, au parc de la Tête-d’Or. Avec la participation de la chanteuse algérienne Baraka Merzaia et de la compagnie vénissiane Second Souffle. L’occasion était trop belle pour demander à Nadia Bachmar de retracer son parcours. “Originaire des Minguettes, j’ai grandi à La Rotonde. Mes parents venaient des bidonvilles de Gerland. Ils sont arrivés à Vénissieux en novembre 1968 et ont été parmi les premiers habitants de la tour 15. J’ai fait toute ma scolarité aux Minguettes : Anatole-France, Elsa-Triolet et Jacques-Brel, qu’on appelait alors “le lycée bleu”. Et j’ai toujours voulu être prof aux Minguettes !”
Comme une évidenCe !
Affectée d’abord dans l’Ain, Nadia parvient à revenir dans le Rhône. “Je savais que je voulais enseigner sur le plateau. Comme une évidence ! Et je ne le regrette pas.”
Bien sûr les Minguettes ont évolué. “Mais je retrouve des gens attachants et j’ai beaucoup de plaisir à y être et à travailler avec des collègues motivés.”
Curieusement — attention ses élèves, ne lisez pas la phrase qui suit —, elle avoue qu’elle n’aimait pas l’école. “En 4e, j’ai fait une rencontre capitale avec un prof de français qui m’a donné le goût des lettres. C’était cela que je voulais faire et je me suis d’ailleurs inscrite, plus tard, en fac de lettres. Quand la fin du cours sonnait, déjà, il nous disait : ‘Le temps passe vite quand on s’aime.’ Puis, en seconde, c’est un prof de maths qui m’a ouvert un nouvel univers.” Là, c’était sûr, Nadia avait trouvé sa voie.
Sur ses projets — après Vénissieux la belle, la rebelle, Nadia a embarqué ses élèves à la découverte de la mythologie grecque —, elle n’a aucun doute. “Je trouve toujours une bonne raison d’être à fond. Les gamins sont hyper attachants et les parents jouent le jeu. Pour le voyage en Grèce, du 30 mai au 3 juin, ils sont super contents pour leurs enfants.”
Née à Vénissieux, cette enseignante de Louis-Pergaud n’a de cesse d’inculquer à ses élèves les valeurs républicaines.
MOI… “Le père de Jean-Jacques avait fait de la Résistance à Villeurbanne et Vénissieux et il avait été décoré sur la place Sublet.” L’enjeu du spectacle devient la citoyenneté. On doit, dit-elle, enseigner l’histoire pour comprendre d’où on vient. Elle demande à Goldman une chanson sur la Résistance mais un courrier se perd, une réponse arrive trop tard et Nadia n’ose pas relancer le chanteur. Le spectacle est créé au Théâtre de Vénissieux, invité dans la foulée aux Dialogues en humanité — en juillet prochain, cela fera donc la deuxième fois que les élèves joueront là-bas. La classe reçoit le deuxième prix au concours des Petits artistes de la mémoire, remis par la présidente de l’Office national des combattants et des victimes de guerre.
Alors que ses élèves sont passés en 6e, Nadia continue le travail avec eux lors des vacances apprenantes. Elle fait venir dans sa classe Azouz Begag et réexpédie un courrier à Goldman. Onze jours plus tard, il lui envoie une chanson. “C’est un fabuleux cadeau sur la résistance des gamins d’aujourd’hui. Il a communiqué en visio avec les élèves et on a enregistré un CD. Ce fut une très belle rencontre. On a ce point commun d’être nés en banlieue de parents immigrés, avec une reconnaissance infinie pour l’école de la République. C’est tout le sens de mon engagement.”
le voyage en grèCe
En 4e, j’ai fait une rencontre capitale avec un prof de français qui m’a donné le goût des lettres. C’était cela que je voulais faire et je me suis d’ailleurs inscrite, plus tard, en fac de lettres.”
Elle explique ses résultats par l’après-Covid et le bilan, fait par l’Éducation nationale, que “la continuité pédagogique avait été compliquée”. “Le gouvernement a mis en place l’école ouverte et les vacances apprenantes, sur la base du volontariat. En juillet et août, on propose sur deux semaines des activités aux élèves : du travail en classe le matin et des sorties l’après-midi. Cela fait trois ans que ça existe et c’est super intéressant. Chaque fois, on met en place un projet, sur la malbouffe, la santé du corps, etc. On rencontre
les parents, cela crée des liens entre l’école et les familles et, comme l’expression qui dit ‘remettre l’église au centre du village’, cela remet l’école de la République au centre du quartier. Bien sûr, il y a des exceptions mais les parents ne sont pas aussi éloignés de tout cela qu’on veut bien le dire.”
vénissieux la belle, la rebelle Alors qu’elle lance sa classe de CM1 dans un projet d’envergure à la rentrée 2019, Nadia est stoppée net par le Covid. “En plein élan”, précise-t-elle. “On s’est réuni avec les collègues et j’ai demandé que le projet se poursuive sur deux ans et que je puisse prendre les CM2 l’année suivante.” Ce qui fut accordé. En amont, Nadia avait écrit à JeanJacques Goldman, avec qui elle était en relation par mail depuis quelques années, qu’elle aimerait monter un spectacle musical. “L’histoire de Vénissieux est tellement belle, c’est une fierté d’être née ici.” Elle cite les grèves de 1936, la Résistance, les FTP-
Un nouveau projet culturel est donc né à Louis-Pergaud, initié par Maxime Monnot sur la mythologie grecque. Avec, à la clef, un voyage sur place. La classe de Nadia suit et sont inclus également des élèves en situation de handicap. Contactés, Stéphane Treppoz (alors dirigeant de Sarenza) et Jean-Jacques Goldman répondent immédiatement. “Ce sont nos deux grands mécènes mais il ne fallait pas que les enfants aient l’impression que l’argent tombait du ciel. Ils ont donc fait plusieurs fois le tour du stade Delaune à raison de 10 euros par tour. Ce mécénat non négligeable a permis de financer le tiers du voyage. Nous avons fait d’autres actions encore, comme des ventes de calendriers.” Pour le spectacle sur la Grèce qui se jouera le 29 juin au Théâtre de Vénissieux, les enfants ont suivi des ateliers avec la compagnie Colibri et, une fois de plus, les parents se sont beaucoup investis. D’où le credo de Nadia : “L’école de la République est le lieu de tous les possibles !” g
JEAN-CHARLES LEMEUNIER
20 Portrait
EXPRESSIONS / Mercredi 31 mai 2023 - n° 758
PHOTO EMMANUEL
“
FOUDROT