PÉRISCOLAIRE
SOLIDARITÉ
À partir du 18 janvier, les parents qui souhaitent inscrire leur enfant à la garderie du matin pourront le faire. Sa mise en place est prévue au retour des vacances de février, si le contexte sanitaire le permet. Ce système d’accueil matinal sera ouvert à tous les enfants dès 2 ans, les lundis, mardis, jeudis et vendredis, de 7 h 30 à 8 h 20.
+116 %. C’est, en juin et en novembre 2020, la hausse constatée à Vénissieux des demandes de secours alimentaires par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. Face à cette situation préoccupante, la ville se serre les coudes. Outre l’action du CCAS, les acteurs associatifs redoublent d’efforts afin de venir en aide aux plus précaires.
Une garderie du matin en février
PHOTO RAPHAËL BERT
PAGE 2
Plongée dans une ville qui s’entraide
DOSSIER PAGES 7 À 9
N° 701 du 23 décembre 2020 au 12 janvier 2021
www.expressions-venissieux.fr
Le T10 en approche Après le T4 en 2009 et le T6 en 2019, un nouveau tramway est annoncé à Vénissieux : le T10 reliera la gare à Gerland. Sa réalisation est inscrite au nouveau plan de mandat du Sytral. PAGE 3
COVID-19
Prudence sous le sapin P. 5
CULTURE
Rideaux baissés au moins jusqu’au 7 janvier P. 10
PORTRAIT
Un Vénissian qui a du nez
PHOTO ARCHIVES RAPHAËL BERT
P. 15
Stefan Malfondet est apprenti nez chez Sevessence, une maison qui élabore des parfums de bien-être, éthiques, solidaires et responsables. "On ne naît pas nez, on le devient", affirme ce jeune Vénissian, qui a pourtant trouvé sa vocation dès l’âge de 7 ans, en décryptant les effluves d’une ratatouille familiale.
ACTUS
2
Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701 / EXPRESSIONS
OFFRE PÉRISCOLAIRE
La garderie du matin devrait ouvrir en février ’était l’un des 150 engage-
C
Ce système d’accueil matinal sera
un sondage à la rentrée. Quelque
combien seraient éventuellement
sianes sera très accessible. Le prix
Michèle Picard. Les élus ont
les lundis, mardis, jeudis et ven-
une sur quatre. Parmi elles, 815
sitif, précise Véronique Forestier.
le quotient familial de 0,30 à
rie du matin dans les groupes sco-
tincts sont prévus : l’un régulier
À partir du 18 janvier, les parents qui souhaitent inscrire leur enfant à la garderie du matin pourront le faire. Sa mise en place est prévue au retour des vacances de février, si le contexte sanitaire le permet. ments de campagne de
approuvé à l’unanimité, lors du
conseil municipal du 7 décembre, la création d’un service de garde-
laires de la ville. Il sera mis en œuvre dès le premier trimestre 2021. “Les inscriptions débuteront
le 18 janvier, annonce Véronique Forestier, adjointe en charge des affaires scolaires, pour un démar-
rage prévu au retour des vacances de février, sous réserve de l’évolution des conditions sanitaires, bien
évidemment.” Il sera possible de s’inscrire sur le portail famille du
site Internet de la Ville, ou à la
direction éducation et enfance, au troisième étage de l’hôtel de ville.
Une plaquette sera distribuée début janvier dans les écoles.
ouvert à tous les enfants dès 2 ans, dredis, de 7 h 30 à 8 h 20, avec deux temps d’arrivée possibles : à 7 h 30
et 7 h 55. Deux types d’accueil dis-
pour les parents qui sont en situa-
tion d’emploi ou en formation, l’autre occasionnel en cas de mode
de garde ponctuel (rendez-vous
administratif ou médical, convo-
cation judiciaire…). “Dans ce cas, ajoute Véronique Forestier, il sera
demandé un délai de quelques jours
pour inscrire l’enfant.” Selon le nombre d’enfants concernés, les
1 500 familles ont répondu, soit ont exprimé un besoin en mode de garde matinal dès cette année, et 952 à compter de l’année sco-
laire 2021-2022. Environ 15 % des élèves
pourraient
donc
être
concernés à terme. “Les chiffres seront forcément affinés au fil du
temps, a indiqué le maire, mais le calibrage proposé permet l’accueil sés réguliers.”
UN ACCUEIL LE MERCREDI EN VUE
taire séparés), soit communes.
avec un accueil le mercredi à la
vice correspondait à une véritable attente des parents, la Ville a mené
devrions
connaître
les
réponses à ce sondage début jan-
vier, pour une mise en place en septembre 2021.”
À l’instar de la tarification du périscolaire du soir et de la restauration scolaire, le coût de ce
familles qui n’habitent pas Vénissieux, dont les enfants sont scola-
risés dans la commune, ainsi que les “occasionnelles”, le tarif est de 0,60 à 0,80 euro par jour. g
service pour les familles vénis-
MICHÈLE FEUILLET
s’élargir à la rentrée prochaine journée. “Nous avons envoyé le 7 décembre un questionnaire pour connaître le souhait des familles et
La Sacoviv s’allie à Habitat Réuni a “Saco” s’entoure. Début
L
dans un réseau qui nous permettra
cipal de Vénissieux a validé
de rechercher des mutualisations
coopérative de coordination Habi-
d’euros de chiffre d’affaires. Il gère,
décembre, le conseil muni-
l’adhésion de la Sacoviv, société
d’économie mixte détenue majoritairement par la Ville, à la société tat Réuni.
Cette adhésion répond avant tout
à une obligation légale. La loi ELAN a engagé une réforme pro-
fonde de l’organisation du secteur
du logement locatif social. Elle
impose notamment aux bailleurs de rejoindre un groupe, lorsqu’ils
n’atteignent ni les 12 000 logements gérés ni les 40 millions de
chiffre d’affaires. Ce qui est dou-
blement le cas de la Sacoviv, qui dispose de 2 057 logements, pour
des revenus d’un peu plus de 10 millions d’euros par exercice comptable. PHOTO ARCHIVES RAPHAËL BERT
“Cette adhésion garantit l’avenir de
L’accueil matinal sera ouvert à tous les enfants dès 2 ans.
0,40 euro par jour. Pour les
LOGEMENT SOCIAL
L’offre périscolaire devrait encore
Pour s’assurer que ce nouveau ser-
Nous
d’un accueil quotidien varie selon
de 1 280 enfants, dont 1 075 suppo-
garderies seront soit distinctes
(élèves de maternelle et d’élémen-
intéressées par ce nouveau dispo-
la Sacoviv dans le cadre de cette loi, en ouvrant une nouvelle époque qui
permet de garder notre autonomie et nos choix en direction de la ville
et des habitants, commente Pierre-
Alain Millet, adjoint au maire en
charge du logement et président du bailleur social. Le tout, en entrant
de bénéficier d’autres expériences, utiles…” Habitat Réuni est un groupe de plus de 20 bailleurs, qui représente quelque 750 millions
au total, plus de 140000 logements, répartis sur dix régions. “Ses asso-
ciés ont choisi un statut coopératif, apprécie Pierre-Alain Millet. C’est
un groupe qui repose exclusivement sur la volonté de ses associés
de partager des projets, des com-
pétences, mais dont la taille lui permet d’accompagner les projets de ses associés.”
Reste une question : que va changer au quotidien, pour les locataires de la “Saco”, cette adhésion
à Habitat Réuni ? Concrètement,
rien, assure Pierre-Alain Millet.
“Ils seront bien sûr informés par lettre, et associés dans le conseil de
concertation locative. Le plus important est qu’ils peuvent être
sûrs que la Sacoviv ne sera pas
mangée par un grand du logement, et qu’elle continuera à travailler à la réponse à leurs besoins.” g
G.M.
ACTUS
EXPRESSIONS / Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701
3
TRANSPORTS EN COMMUN
Le T10 reliera Vénissieux à Gerland L
Voté le 17 décembre, le plan de mandat 2020-2026 du Sytral comprend un projet de ligne de tramway T10. Celle-ci devrait relier la gare de Vénissieux à Gerland. 22 000 voyages par jour sont attendus à l’horizon 2030. e tramway qui devrait relier la gare de Vénissieux
au quartier de Gerland à
Lyon s’appellera ligne T10. C’est ce qu’a annoncé Bruno Bernard,
président du Sytral, ce jeudi 17 décembre, à l’occasion d’un vote du plan de mandat 2020-2026. Cette ligne au tracé encore hypo-
thétique avait fait l’objet à la rentrée d’un premier appel d’offres à
maîtrise d’ouvrage. Selon les informations contenues dans ce dernier, le T10 devrait parcourir environ 7,4 km, et passer par les
quartiers Carnot/Parmentier, l’Arsenal, Sampaix (zone industrielle),
ou encore le quartier biodistrict par jour sont attendus dès 2030.
PHOTO ARCHIVES RAPHAËL BERT
de Gerland. Plus de 22 000 voyages
Au rang des nouveautés, le T10
rejoindra les T8 et T9, qui devraient respectivement relier
la Part-Dieu à Bellecour, et Vaulxen-Velin à La Doua. Au total, entre
T8, T9 et T10, ce sont 24 kilomè-
tres de nouvelles lignes qui s’ajou-
La ligne de tramway T10 devrait parcourir 7,4 kilomètres, de la gare de Vénissieux au 7e arrondissement de Lyon en passant par Saint-Fons.
Sytral. Ce dernier devrait égale-
Elles concerneront la création du
tantes, avec une commande à
d’éventuels prolongements du
teront au réseau qu’opère le
ment renforcer les lignes exisvenir de 43 nouvelles rames.
UN MÉTRO ABSENT
métro E jusqu’à Tassin ainsi que métro B au nord vers Rillieux-la-
Pape et du métro D jusqu’à la Duchère. Celui de la ligne B vers
DU PLAN DE MANDAT
le sud reste en revanche exclu, le
a annoncé prévoir d’investir
par là de contribuer “à l’étalement
Quid du métro, alors que le Sytral
2,55 milliards d’euros durant le mandat, tous projets confondus ?
Bruno Bernard l’a admis à plusieurs reprises, il n’en est pas un grand fan. “Trop cher”, “trop long
à construire”, il ne constituera pas une priorité pour l’équipe métropolitaine. Aucun coup de pioche
ne sera ainsi donné durant le man-
dat pour creuser un métro —
même si, bien sûr, le prolonge-
ment du métro B jusqu’aux Hôpitaux Sud sera inauguré. Des études seront néanmoins lancées.
président de la Métropole refusant urbain”.
Enfin, la création d’un aérotram a
été validée par le Sytral. La ligne Francheville-Gerland (5,6 kilomè-
tres) sera la première lancée, avec
des télécabines en service d’ici la fin de l’année 2025 et un temps de par-
cours de l’ordre de 20 minutes. Elle
devrait coûter 160 millions d’euros.
Et sur celle-ci, ce sont 20000 à
25000 voyageurs qui sont attendus, à terme, tous les jours. g
GRÉGORY MORIS
BON À SAVOIR
Ligne T6 : jusqu’à 20 000 voyages par jour, hors confinement Mardi 15 décembre, en fin de journée, arrêt Moulin-à-Vent. Simon descend de sa rame du tramway T6, et s’apprête à rentrer chez lui. “Je travaille dans le centre de Lyon, explique-t-il. Avec le T6, je me rends en quelques minutes au métro Debourg. Puis je prends la ligne B jusqu’à Saxe-Gambetta. Avant, je devais prendre le bus, la ligne C12. Mais entre les retards, les embouteillages, les imprévus, avec le T6, la durée de mes trajets matinaux s’est considérablement raccourcie. C’est la même chose le soir, je mets moins de temps pour rentrer, c’est appréciable.” Mise en service en novembre 2019, la ligne T6 est un succès. Et ce, malgré les confinements
successifs. “Jusqu’en mars, nous constations une moyenne de 20 000 voyages par jour, indique le Sytral. La crise sanitaire a évidemment réduit cette statistique, tombée à 12 000 voyages par jour jusqu’à la fin de l’été. Mais jusqu’au reconfinement, nous étions revenus à hauteur de 20 000 voyages par jour. Cela a duré jusqu’en novembre, et depuis, c’est plutôt 13 000.” Des chiffres, de l’aveu de Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et du Sytral, “nettement supérieurs aux attentes, démontrant incontestablement l’intérêt des habitants pour ces modes doux de transport et leur potentiel de réduction de la place de la voi-
ture dans la Métropole”. C’est pourquoi le Sytral a validé, le 17 décembre, le principe d’un prolongement de cette ligne entre les Hôpitaux Est et La Doua, sur 5,5 km. Ce projet doit permettre de desservir les centres de vie de Villeurbanne, Bron et Lyon et différents grands équipements. Nommée T6 Nord, cette extension pourrait être mise en service à l’horizon 2026. 12 nouvelles stations seraient alors créées, pour un budget total de l’ordre de 140 millions d’euros. La fréquentation ferait alors un véritable bond, faisant de la ligne T6, avec 55 000 voyages par jour en moyenne, l’une des lignes fortes de la Métropole de Lyon.
ACTUS
4
Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701 / EXPRESSIONS
RÉNOVATION THERMIQUE
Le PIG Énergie 2 double la mise Après un premier volet qui a permis de traiter 591 logements collectifs, le PIG Énergie 2 prévoyait d’injecter 4 millions d’euros supplémentaires. Finalement, ce sera près du double. ’est le genre de dossier tech-
C
(ANAH) avait été mené entre 2013
diatement l’attention dans
591 logements collectifs et 33 mai-
rière cet intitulé très administratif,
(Les Soyouz et Le Nouveau Mon-
un ordre du jour de conseil munici-
pal: "Convention PIG Énergie 2 Autorisation de l’avenant n° 1". Der-
se cache une ambitieuse opération, à la fois sociale et environnemen-
tale. Il s’agit de lutter contre la vul-
nérabilité et la précarité énergétique
des ménages modestes, tout en
réduisant les émissions de gaz à effets de serre liées au chauffage des bâtiments.
Un premier Programme d’intérêt général (PIG) de 13 millions d’eu-
ros associant la Métropole, la Ville et l’Agence nationale de l’habitat
et 2018, permettant de rénover
sons individuelles. Le second volet, signé début 2020, portait initialement sur deux copropriétés chaud, soit 345 appartements) et
ARCHIVES RAPHAËL BERT
nique qui n’attire pas immé-
70 logements individuels. L’avenant adopté le 7 décembre par le
conseil municipal fait entrer dans le dispositif trois nouvelles copropriétés fragiles (452 logements) et
L’enveloppe dédiée au PIG Énergie 2 passe de 3,91 à 7,46 millions d’euros.
duels, notamment la résidence des
gie 2, qui court jusqu’en 2022,
étant apporté par la Métropole et
d’euros auront donc été investis
une rénovation qui permettra un
soit une rallonge de 3,55 millions.
seule plus des deux tiers du pro-
2013 et 2022, dans l’isolation ther-
268 maisons et logements indivi-
Platanes (32 copropriétaires) pour gain énergétique de 35 %.
L’enveloppe dédiée au PIG Éner-
passe ainsi de 3,91 à 7,46 millions, La Ville de Vénissieux participe à hauteur de 680 000 euros, le reste
surtout l’ANAH, qui finance à elle
gramme. En englobant le PIG Énergie 1, plus de 20 millions
à Vénissieux, entre les années mique de l’habitat. g
G.L.
PÉRIMÈTRES D’INTÉRÊT PATRIMONIAL
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Pour conserver l’ambiance de quartier
La Ville sur la bonne voie
Présenté au conseil municipal de
Vénissieux du 7 décembre, le rap-
Vénissieux compte neuf périmètres d’intérêt patrimonial (PIP). Des secteurs, comme le Charréard ou le Cluzel, dans lesquels les travaux sont plus strictement encadrés qu’ailleurs.
port sur la situation interne et territoriale en matière de déve-
lin-à-Vent, vers la rue Chausson ;
Pour les propriétaires, les éven-
naise et défini dans le Plan local
lectifs du boulevard Pinel ; la cité
d’une déclaration préalable. Cela
qui composent la Métropole lyond’urbanisme, le PIP (périmètre d’intérêt patrimonial) sert à pré-
server et valoriser l’identité des quartiers, le patrimoine qualifié "d’ordinaire".
"Ce que l’on appelle ordinaire, pré-
cise Yolande Peytavin, est plus dis-
cret, souvent méconnu, pluriel, contrasté." La première adjointe,
ayant notamment pour délégation
le Développement de la ville, cite
ainsi à Vénissieux neuf PIP : la
petite cité Clémenceau, à la limite de Vénissieux et Saint-Fons ; la cité André-Lebon, vers la rue de l’In-
un ensemble de six immeubles col-
du Professeur-Roux et la cité du Cluzel.
"Il ne s’agit pas forcément de bâti-
façades, la réalisation d’extensions de moins de 40 m2 de surface de
plancher, de réalisation d’annexes
mémorielle", précise l’élue.
moins de 20 m ou de la modifica-
d’un intérêt ayant une valeur Le texte officiel définit le PIP comme "un périmètre géographique comportant des ensembles
urbains, bâtis et paysagers consti-
tués et cohérents, identifiés au regard de leurs qualités d’ordre cul-
turel, historique, architectural, urbain et paysager". Il est évident
alors que les projets de démolition
et les nouvelles constructions doi-
Croizat ; la cité du Charréard ; le
phologie du quartier, en harmonie
bourg ancien ; le faubourg du Mou-
concerne les modifications de
ments mais d’un environnement
dustrie ; la cité des Cigognes, en contrebas du boulevard Ambroise-
tuels travaux doivent faire l’objet
vent prendre en compte la moravec le bâti existant.
ou de nouvelles constructions de
PHOTO DRC VILLE DE VÉNISSIEUX - YVES RICARD
Mis en place sur les 59 communes
loppement durable témoigne de sensibles améliorations sur de nombreux points concernant les
consommations énergétiques des équipements et services municipaux.
Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre “Patrimoine et services”
sont passées de 12 000 teq CO2 (tonnes équivalent CO2) en 2010,
dans la consommation de chauf-
long des voies et entre les proprié-
consommations d’eau du patri-
est passée de 6 % à 39 %.
Sans
de 26,6 % par rapport au début
2
tion ou la création de clôtures le tés.
vouloir
ajouter
des
contraintes, il s’agit, pour Yolande Peytavin, "de trouver un bon com-
promis pour préserver l’ambiance
de quartier, d’apporter des outils d’informations et de dialogue entre les collectivités et les porteurs de projets". g
à 10 000 teq CO2 en 2018. Les
moine bâti ont reculé, à fin 2019,
de la décennie. De même, la consommation d’eau dédiée à
l’entretien des espaces verts a chuté, passant de 47 245 à 23 584 m3 par an. Les consomma-
tions d’énergie pour le chauffage du patrimoine de la ville ont elles
baissé de 18,2 %, tandis que la
JEAN-CHARLES LEMEUNIER
part des énergies renouvelables
fage des bâtiments communaux Le recyclage est par ailleurs entré dans les mœurs des
employés municipaux. La part des déchets triés par la Ville, hors
collecte Métropole, s’affiche à 93 %, contre 45 % en 2010. En 2019, ce sont ainsi 8,4 tonnes de
papier qui ont été triées et valorisées, à comparer à 3,5 tonnes neuf ans plus tôt. g
G.M.
ACTUS
EXPRESSIONS / Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701
5
COVID-19
Prudence sous le sapin F
Seul le réveillon de Noël, le 24 décembre, fera exception au couvre-feu. Le 31 décembre, il s’appliquera sur l’ensemble du territoire. ace à la récente dégrada-
et accompagnants, ou encore pour
miques, un déconfinement
Une nouvelle attestation déroga-
plus important avec la réouver-
ture des lieux culturels n’a pu avoir
lieu
comme
prévu
le
15 décembre. Il aurait fallu que le pic des contaminations soit inférieur à 5000, ce qui est loin d’être
le cas : plus de 12 000 cas sont encore recensés quotidiennement
(lire ci-dessous). Un chiffre qui stagne depuis début décembre et qui pourrait présager d’un rebond
épidémique en janvier, surtout si l’on observe un relâchement des précautions durant les fêtes.
Pour limiter les risques de conta-
mination, le gouvernement a donc décidé d’instaurer un couvre-feu
sortir son animal de compagnie. toire est en ligne sur le site du ministère de l’Intérieur.
Seul le réveillon de Noël échap-
pera aux restrictions de circula-
tion. Durant la nuit du 24 au 25 décembre, les déplacements seront autorisés. En revanche, le
Nouvel An ne bénéficiera finale-
ment pas d’une exception de couvre-feu.
Et
l’horizon
de
réouverture pour les cafés, bars,
restaurants et salles de sport
demeure pour l’instant fixé au 20 janvier.
UN PROTOCOLE ALLÉGÉ DANS LES EHPAD
PHOTO RAPHAËL BERT
tion des indicateurs épidé-
de 20 heures à 6 heures du matin.
Concernant les Ehpad, des visites
tocole, les visites : elles se feront
(en respectant strictement le pro-
amende de 135 euros. Quelques
dans les familles sont autorisées
nombre de visiteurs par résident
les résidents ayant des difficultés
Tout contrevenant s’expose à une
dérogations de sortie sont appliquées : pour des motifs professionnels, familiaux impérieux, des raisons médicales, des missions
d’intérêt général, pour les personnes en situations de handicap
plus conviviales et des sorties jusqu’au 3 janvier. À leur retour
dans l’établissement, les résidents
devront subir un test PCR ou antigénique et s’abstenir, pendant
sept jours, de participer aux activités collectives. Autre pan du pro-
toujours sur rendez-vous mais le
et les heures de la journée dédiées
pourront être revus à la hausse pour permettre aux familles de se
retrouver dans des conditions plus conviviales. Elles pourront
même être autorisées en chambre
LES DERNIERS CHIFFRES
le Covid-19 du 16 au 23 décembre. décrue du nombre de patients
pendant cette seconde vague de
tants, s’élève à 166, toujours parmi
16 décembre, on dénombrait
bre la situation s’améliorait dou-
cement, les indicateurs les plus
récents appellent à la vigilance. Selon les chiffres publiés par Santé
publique France le 18 décembre,
le taux de positivité repart à la
hausse dans certains départements (l’Allier, le Cantal et l’Isère).
Le taux d’incidence, déterminant le
les plus élevés de France. Il reste largement supérieur au seuil d’alerte fixé à 50.
À ce stade, l’augmentation des indicateurs virologiques n’entraîne toutefois pas d’augmenta-
tion des consultations en médecine de ville. Les passages aux urgences
pour suspicion de Covid sont en
recul de 17 %. En revanche, la
Un dépistage de masse avant Noël
sionnels de santé, a organisé une semaine de dépistage de masse contre
nombre de cas positifs sur les sept
l’épidémie. Si depuis mi-novem-
2 600 SITES IDENTIFIÉS
nale de santé, la Caisse primaire d’assurance maladie et des profes-
La région Auvergne-Rhône-Alpes
derniers jours pour 100000 habi-
à se déplacer. g
Malgré les mesures sanitaires et les campagnes de dépistage, le nombre de cas recensés tous les jours n’est pas passé sous les 5 000.
La Région Auvergne-Rhône-Alpes, en partenariat avec l’Agence régio-
La circulation du virus reste importante est celle qui a été le plus touchée
tocole sanitaire) notamment pour
dans les hôpitaux est lente. Le
encore 4 431 malades hospitalisés
dont 480 en réanimation. Pour la première fois depuis début novembre, le nombre de nouvelles admis-
sions en réanimation tend à se stabiliser (-0,5 %) au niveau régio-
nal. Mais elles sont en augmentation dans le Rhône. g
Sur l’ensemble du territoire régional, des tests (PCR et antigéniques), gratuits et effectués sur la base du volontariat, ont été proposés dans 2 600 sites, 1 300 centres fixes et 1 300 temporaires. 15 000 personnes
ont été mobilisées : médecins, infirmiers, sapeurs-pompiers, étudiants en médecine, kinés, pharmaciens…
À Vénissieux, l’opération s’est appuyée sur les laboratoires et les phar-
macies qui pratiquaient déjà des tests, mais également sur un centre de dépistage éphémère, installé les 18 et 19 décembre dans la galerie marchande de Carrefour Vénissieux.
Chaque prélèvement a été suivi d’un enregistrement sur la base Si-Dep
en lien avec la base de données contacts Covid. Les cas positifs ont été alertés par les équipes de l’assurance maladie. À l’heure ou nous publions, il est encore trop tôt pour connaître précisément le nombre
M.F.
de personnes testées localement. g
ACTUS
6
Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701 / EXPRESSIONS
ZONE DE FAIBLES ÉMISSIONS
VALLÉE DE LA CHIMIE
Des “actes forts” attendus de l’État e projet d’élargissement et
L
Entouré d’autres présidents de
mots, nous attendons des actes
de faibles émissions (ZFE)
Bernard a pu échanger sur le sujet
presse du Grand Lyon. Nous avons
Bruno Bernard, veut bannir les
logiste de réaffirmer sa détermi-
de renforcement de la Zone
porté par la Métropole de Lyon a déjà fait couler beaucoup d’encre. D’ici 2026, le président écologiste, véhicules diesel et les véhicules essence antérieurs à 2011. Une
grandes agglomérations, Bruno début décembre avec le président
de la République, Emmanuel Macron. L’occasion pour l’élu éco-
nation à aller de l’avant. Il a notamment évoqué "la mise en
mesure écologiquement justifiée,
place de radars automatiques aux
la mesure où elle frapperait avant
Mais le président de la Métropole,
mais socialement contestable dans tout les ménages modestes. Com-
munistes et Insoumis, pourtant membres de la majorité métropo-
litaine, ont du reste émis de fortes réserves (lire Expressions n° 699).
entrées de la ZFE".
joignant sa voix aux maires de
Lyon, Grenoble et Strasbourg, a également placé l’État face à ses
responsabilités. "Nous avons rap-
Le PPRT validé par la cour d’appel
forts, indique un communiqué de
Le Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) de la Val-
réclamé un soutien financier pour
sieux, sur un périmètre qui comprend plus de 7 000 logements et
les investissements en faveur des transports en commun et des mobilités actives, afin d’offrir de vérita-
bles alternatives aux citoyens. Dans son plan de relance, le gouvernement ne consacre que 330 millions
aux transports en commun hors Île-de-France. De quoi construire
12 km de tramway ou deux stations de métro. Nous sommes très loin des enjeux." g
pelé au président qu’au-delà des
lée de la chimie concerne une dizaine de communes, dont Vénis2 400 activités économiques. Sa fonction ? Prévenir les accidents
et gérer au mieux la cohabitation entre les riverains et les sites industriels à risque, en particulier les sites classés “Seveso seuil haut”.
Approuvé une première fois en 2016, le PPRT avait été annulé par
le tribunal administratif de Lyon en 2019 suite à des recours déposés par l’entreprise Plymouth, qui contestait son classement en
zone d’expropriation, et la commune de Solaize, qui dénonçait la proximité entre les sites Seveso et la gare de triage de Sibelin. Par
décision de la cour d’appel, le PPRT a retrouvé sa pleine validité le 4 décembre dernier. “S’agissant de la gare de Sibelin, le sujet est
pleinement pris en compte, a indiqué la préfecture dans un com-
G.L.
muniqué de presse. Sur la base du retour d’expérience d’un récent
exercice, un plan particulier d’intervention est en voie de finalisation, en lien avec les communes de Solaize et Feyzin.”
La Métropole de Lyon s’est également félicitée de la décision de la cour d’appel. “Cela permet au dispositif "Sécurinov" d’être relancé,
INFO COMMERCE
souligne la collectivité. Son objectif est la sécurisation des 7 000 loge-
ments situés dans le périmètre, dont 2 000 sur la seule commune de
L’Escale Gourmande défie la crise
Feyzin, par le renforcement des huisseries ou encore l’installation d’une pièce de confinement en cas de catastrophe.” g
L’Escale Gourmande se trouve dans la zone industrielle intercommunale. Nichée au cœur de la zone industrielle inter-
tivité par la vente à emporter. « C’est aussi
l’adresse accueillait jusqu’à il y a peu le res-
attendant de pouvoir accueillir tout le
communale (Vénissieux/Corbas/Saint-Priest), taurant Le Malakoff. C’est désormais sous l’enseigne de L’Escale Gourmande que Sté-
phanie Lorie et son équipe font tourner la
cuisine. Une cuisine du jour, selon arrivage
du marché, qui ne s’étale pas sur une longue
carte mais se dessine à même l’ardoise autour d’un plat du jour à 10,50 euros.
Une ouverture qui ne manque pas de sur-
prendre alors que la restauration est un des secteurs les plus touchés par la crise
sanitaire. « Nous n’avions plus vraiment le
choix, nous nous sommes lancés dans l’aven-
ture avant les confinements, il arrive un moment où les dépenses fixes doivent trou-
ver leurs recettes », explique Stéphanie
Lorie, qui a donc décidé de démarrer l’ac-
une manière de nous faire connaître, en monde à table ».
L’Escale Gourmande vise prioritairement
les salariés des entreprises du secteur, mais
pas seulement. La patronne compte bien
en faire un lieu de vie qui dépasse la seule zone industrielle.
En attendant que les restrictions sanitaires soient levées, Stéphanie Lorie propose un
repas de Noël à emporter : salade de gésier,
magret, foie gras ; civet de sanglier ou papillote de saumon ; gâteau aux trois chocolats… g
RÉSERVATION PAR MAIL OU TÉLÉPHONE RESTAURANT.ESCALEGOURMANDE69@GMAIL.COM 04 87 77 36 00.
DOSSIER
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PHOTO RAPHAËL BERT
EXPRESSIONS / Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701
SOLIDARITÉ
Le visage masqué, mais la main tendue À Vénissieux, les acteurs du monde associatif redoublent d’effort pendant cette crise sanitaire, afin de venir en aide aux plus précaires. Expressions est allé à leur rencontre. ne hausse sans précédent. En juin et novem-
U
tant de 95 600 euros, ces aides entrent dans le cadre du
rappelle, pour sa part, Saliha Prudhomme-Latour, adjointe
ont augmenté de 116 % par rapport aux mêmes
cipale le 15 juillet dernier.
pauvreté. Le CCAS a ainsi continué de fonctionner et d’assu-
tants vivent sous le seuil de pauvreté. Et où 14,4 % des
les Restos du cœur, 8 000 euros ; le Secours catholique,
DOSSIER RÉALISÉ PAR : MICHÈLE FEUILLET ET GRÉGORY MORIS. PHOTOS : RAPHAËL BERT bre 2020, les demandes de secours alimentaires
mois de l’année précédente. C’est dire à quel point la soli-
darité s’avère incontournable dans la troisième plus grande ville de la Métropole de Lyon, dans laquelle 31 % des habiménages sont bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active), contre 5,8 % au niveau national.
Les associations et les acteurs de la solidarité ont mis, en
cette fin d’année 2020, les bouchées doubles pour venir en
aide aux plus démunis. Des “grands noms” du secteur (Res-
tos du cœur, Secours populaire, Secours catholique…) aux
groupes d’habitants qui se retrouvent autour de l’envie d’aider leurs voisins (Ymne, ASP…).
La Ville s’est aussi impliquée, afin de permettre aux asso-
ciations de « passer le cap » du Covid-19. Le conseil muni-
cipal a ainsi voté, début décembre, une première série d’attributions de subventions exceptionnelles. D’un mon-
fonds d’urgence de 300 000 euros décidé par l’équipe muniParmi les aides validées, après propositions formulées par
une commission d’attribution, le Secours populaire percevra 14 000 euros ; le centre associatif Boris-Vian, 12 000 euros ; 2 000 euros ; le Réseau d’alerte et de solidarité, 2 000 euros ; Oyenga Simy Flo, 5 000 euros. “Cette enveloppe [globale] de 300 000 euros doit permettre une remise à niveau si l’asso-
ciation a pâti de difficultés financières conséquentes de la crise sanitaire”, expliquait alors Idir Boumertit, adjoint au maire en charge du grand projet de ville et du patrimoine.
Car les conséquences économiques de la crise sanitaire pour les associations, sont réelles. Près d’un tiers des asso-
ciations disait, cet été, manquer de visibilité à court et moyen terme sur le plan financier.
“Dès l’annonce du confinement, les services de la ville se sont réorganisés pour répondre aux sollicitations des habitants,
au maire en charge notamment de la lutte contre la grande rer l’instruction des demandes d’aides sociales. Beaucoup d’actions de solidarité ont été menées, souvent en lien avec
les associations. Agents municipaux et élus ont par ailleurs
assuré la livraison des colis de fin d’année aux personnes
âgées de la ville. La cellule de veille a également été réactivée, avec un contact hebdomadaire pour les seniors isolés. Bref,
élus, agents municipaux et militants associatifs n’ont pas ménagé leurs efforts pour que ce second confinement soit le moins difficilement vécu par les habitants.”
“Le monde de demain, que nous promettait Emmanuel Macron, n’a fait qu’accentuer les inégalités déjà existantes,
relevait début décembre le maire de Vénissieux, Michèle Picard. Ce monde, c’est à nous de le créer par nos luttes, en mettant au cœur de toutes nos actions, l’humain et l’intérêt
général.” Les acteurs locaux de la solidarité montrent la voie à suivre. g
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Dossier
Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701 / eXPressioNs
RASSEMBLEMENT CONTRE LA PAUVRETÉ
Mobilisés pour le 8 décembre Une centaine de sympathisants, de
ble des interventions. D’abord en
nées par la précarité, un des
“un million de concitoyens se sont
militants et de personnes concer-
fléaux que la crise sanitaire a
accentué, ont bravé le froid, mardi 8 décembre, et participé au rassemblement contre la pauvreté organisé place Léon-Sublet par le PCF de Vénissieux.
Tour à tour, Serge Truscello, secré-
taire de la section PCF de Vénis-
sieux, deux délégués syndicaux CGT, Arlette Cavillon (responsable locale
du Mouvement de la Paix), et André Mazuir (Réseau d’alerte et de soli-
darité), ont rappelé les enjeux liés à la pauvreté, à la précarité et au chô-
mage. Et c’est Michèle Picard, maire de la ville, qui a synthétisé l’ensem-
rappelant que sur le plan national, ajoutés aux 9,3 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, et que 300 000 femmes et hommes sont sans domicile fixe.”
À Vénissieux, la situation est encore plus inquiétante. “Ce sont
31 % des Vénissians qui vivent sous le seuil de pauvreté, et plus de 20 %
des salariés qui sont en contrats précaires (intérim, CDD, emploi
aidé, stage…), a indiqué le maire. En juin et novembre, les demandes
de secours alimentaires ont augmenté de plus de 116 % par rapport aux mêmes mois de l’année précédente.” g
COMITÉ LOCAL DU SECOURS POPULAIRE
Des colis par centaines
“
31 % des Vénissians vivent sous le seuil de pauvreté, et plus de 20 % des salariés sont en contrats précaires (intérim, CDD, emploi aidé, stage…)
MOSQUÉE TURQUE DE PARILLY
“Tendre la main à son voisin”
Michèle Picard, maire de Vénissieux
Au sein de la communauté turque de Vénissieux, qui fréquente la mos-
quée Eyup Sultan de Parilly, l’entraide n’est pas un vain mot. Depuis plusieurs semaines, ses membres mènent des actions solidaires.
“Nous avons organisé des maraudes dans le centre de Lyon, afin de venir
en aide aux personnes sans abri, explique Murat Yazar, le responsable
jeunesse. Nous avons notamment pris le temps d’échanger pour maintenir Au 1er étage du local du Secours Populaire, l’am-
précise Josy Ingargiola, la responsable. C’est un
terminent d’emballer les jouets prêts à être dis-
là, puisque les ventes solidaires de vêtements,
biance est animée ce 10 décembre. Des bénévoles
tribués quelques jours plus tard aux 150 enfants
des familles suivies par l’association : tous recevront un cadeau neuf, un livre, ainsi qu’un goûter. D’autres s’affairent à confectionner les colis de Noël offerts aux mêmes familles, qui contiennent
des produits de premières nécessité, mais aussi
des papillotes, une bûche, des clémentines… “Les
fêtes de fin d’année sont préparées très en amont,
travail considérable.” Et l’action ne s’arrête pas
jouets et vaisselle restent ouvertes en parallèle. Face à la crise inédite que nous traversons, le
comité vénissian du Secours populaire est mobilisé comme jamais. “C’est très difficile en ce
moment, témoigne une bénéficiaire. Mon mari
qui avait un petit contrat dans un bar ne bosse
plus. Sans le SPF, je ne sais pas comment on pourrait s’en sortir.” g
le lien social. La crise sanitaire a eu d’énormes conséquences, beaucoup de personnes sont tombées dans la précarité.”
Pendant les vacances de fin d’année, une distribution de paniers solidaires sera organisée à la mosquée. Ils seront composés d’une dizaine de produits (pâtes, riz, huile). “Il s’agit d’une aide ouverte à toutes les
familles, sans justificatif. Nous souhaiterions pouvoir faire plus, donc nous espérons que les lecteurs du journal n’hésiteront pas à faire circuler l’information et, s’ils peuvent trouver une utilité à nos paniers, à venir
nous voir pour en récupérer un. En ces temps troublés, c’est important de tendre la main à son voisin.” g
Pour plus de renseignements sur les paniers solidaires : 06 59 04 89 22.
DOSSIER
EXPRESSIONS / Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701
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ASSOCIATION YMMNE
Une aide pour une centaine de familles À la maison de quartier Darnaise,
mune. “J’ai l’habitude de venir régu-
son. Au total, une centaine de
voles de l’association Ymmne,
explique-t-elle. Maeva m’a fait part
aux Minguettes, auront ainsi béné-
depuis le 26 novembre, les béné-
emmenés par l’infatigable et
incontournable Maeva Ah-Sha, distribuent chaque jeudi aprèsmidi des produits de première nécessité aux familles dans le besoin. Parmi les bénéficiaires, ce
jour-là, nous rencontrons Basma, maman de trois enfants, adressée par les services sociaux de la com-
lièrement à la maison de quartier,
de cette distribution. Avec le Covid, tout est devenu compliqué, mon mari faisait des remplacements qui
n’ont plus lieu actuellement. C’est une situation excessivement diffi-
cile.” Dans le colis qu’elle récupère, du lait, du sucre, de la farine, des
pâtes, des gâteaux secs… sans oublier quelques papillotes de sai-
familles, habitant pour la plupart ficié de cette aide ponctuelle, ren-
due possible par un soutien financier de l’État et la contribu-
tion de divers commerces locaux. “Nous
remercions
notamment
Casino Vénissy et Carrefour qui nous permettent d’acheter à moin-
dre coût ces produits”, tient à souligner Mavea Ah-Sha. g
RESTOS DU COEUR
Pas de jour férié pour les bénévoles
Veille de fête ou pas, l’ensemble des bénévoles des Restos seront à pied d’œuvre les 24 et le 31 décembre. “Nous ne changeons rien à nos habitudes, les distributions auront lieu aux horaires habituels. En cette période difficile, il faut penser aux personnes les plus en difficultés. Pas question de baisser la garde. Il n’y a pas de jour férié quand il s’agit d’aider les plus démunis. Si nous voulons qu’ils puissent se nourrir correctement, nous nous devons de les accueillir.” g
PARILLY EN ACTION
AIDER SON PROCHAIN
Des boîtes ASP met garnies pour les bouchées doubles les plus démunis Dans le garage de la vice-présidente de l’association ASP (Aider son prochain), un petit groupe de cuisi-
nières bénévoles est à pied d’œuvre depuis 7 heures du matin, ce
19 décembre. Elles concoctent un couscous qui sera distribué le soir même à des SDF, derrière la gare
de la Part-Dieu. “Tout est cuisiné dans la journée, puis réparti dans
des barquettes et transporté dans des Les femmes du groupe Parilly en Action, en partenariat avec l’associa-
tion vénissiane La Terre des lions, a collecté plus de 250 boîtes à chaus-
sures garnies par des gens du quartier. Cette initiative locale s’inscrit
dans le cadre d’un projet national à destination des sans-abri. Le principe est simple : remplir des boîtes à chaussures de bonbons, chocolats,
produits d’hygiène, gants, écharpes, petits jouets… puis les emballer
dans un papier cadeau. Elles seront distribuées le 26 décembre au
matin à Lyon, par les bénévoles de La Terre des lions, dans les quartiers
Hôtel de Ville, Perrache et Part-Dieu. g
glacières”, précise Hanane, la res-
ponsable du pôle social d’ASP. Ce
soir-là seront également distribuées plus de 150 couvertures neuves, des
bonnets, des gants et des écharpes
depuis peu les bénévoles innovent
Covid et la précarité grandissante,
nombreux bénéficiaires (plus d’une
SDF un petit-déjeuner complet de
étudiants. “Nous le constatons très
en très bon état pour aider les très centaine) à lutter contre le froid.
ASP mène cette action depuis 2014, une fois par mois. Mais
en offrant aux plus démunis et aux type brunch avec des viennoise-
ries et des boissons chaudes. La demande est croissante depuis le
avec un nouveau public, celui des clairement sur le terrain”, soulignent ainsi, à ce sujet, les bénévoles d’ASP. g
CULTURE
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Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701 / EXPRESSIONS
SABINE DEVIN
Sage comme une image Cette jeune Vénissiane a ouvert en janvier, avenue Jules-Guesde, un studio photographique. Ses sujets de prédilection : la grossesse et les bébés.
S
abine Devin, qui a ouvert
tiers et ouvre, en janvier 2020, son
travail. Je me suis perfectionnée,
dio "Les petits gones", fait
année pour le faire", soupire-t-elle.
À raison de 6 à 8 séances par mois,
graphie à son enfance passée à
progressivement attirés par les
avenue Jules-Guesde le stu-
remonter sa passion de la photo-
Saint-André-de-Corcy, dans l’Ain.
"J’étais inscrite au club photo du
village et j’ai été passionnée pendant toute mon adolescence."
studio. "Ce n’était pas la meilleure
Quoi qu’il en soit, des curieux sont
photos qu’elle propose, d’autant plus que le bouche-à-oreille com-
mence à fonctionner : grossesse, couple, bébés, enfants… "Pendant
Après des études à Clermont-Fer-
les séances, j’essaie de laisser vivre
cialisée et son emploi l’amène à
pleinement de ce bon moment. Les
rand, elle devient éducatrice spé-
Saint-Symphorien-d’Ozon. Comme
elle cherche à acheter une maison, elle trouve son bonheur à Vénis-
sieux, dans un quartier en pleine
évolution, "qui donne une belle dynamique à Parilly et Jules-
Guesde". Elle n’a pas pour autant oublié son attirance pour les boî-
les personnes. Qu’elles profitent bébés ont souvent moins de 15 jours et il se passe quelque chose."
Tout a commencé pour Sabine avec une amie enceinte à qui elle
propose une séance. "Ça m’a beaucoup plu. J’avais cette passion et,
avec un statut d’auto-entrepreneur, on peut faire de cette passion un
j’ai ouvert un studio."
Sabine arrive à gérer les versants "pro et perso" de sa vie. Les images
qu’elle prend, qu’elle juge "épurées,
douces, avec des éclairages diffus", lui correspondent bien. Sabine met
également son talent au service de l’association
Souvenange,
qui
accompagne le deuil périnatal.
Investie dans sa ville, elle vient de
proposer à une dizaine d’artisans et commerçants de les photographier et de faire un concours sur Face-
book, un "calendrier de l’avent"
comme elle l’appelle, une façon de
prouver à ces derniers qu’ils sont appréciés par leurs clients. g
J.C.-L.
Installée avenue Jules-Guesde, Sabine Devin a notamment lancé un concours sous la forme d’un “calendrier de l’avent” sur Facebook.
THÉÂTRES, CINÉMAS, MUSÉES
ÉCOLE SAINT-EXUPÉRY
Rideaux baissés jusqu’à janvier Cela commence à ressembler à
Les petits princes du pinceau
beaux jours des plateformes. Dans
Le projet est d’envergure. À
ments culturels avaient la possi-
teur Mickaël Barjon le résume :
une de ces séries qui font les
l’épisode précédent, les équipe-
l’école Saint-Exupéry, le direc-
bilité de rouvrir le 15 décembre.
"Pluridisciplinaire, il a pour thé-
Tout le secteur culturel s’était donc
matique Antoine de Saint-Exu-
remis avec joie au travail : les uns
péry, sa vie, son œuvre." Il
répétant les spectacles qu’ils
concerne les 223 élèves de l’éta-
allaient enfin pouvoir jouer, d’au-
blissement, soit 13 classes.
tres sélectionnant les films qui
Pour le domaine artistique,
seraient enfin visibles, d’autres
l’école a fait appel à la munici-
encore brossant peintures et sculptures afin qu’elles soient à
palité, qui soutient financière-
ment le projet, et à ses ateliers Henri-Matisse. Et c’est Azzouz Seffari,
nouveau resplendissantes pour
S’ils devaient rouvrir le 15 décembre, les équipements culturels resteront vides encore quelques semaines.
Coup de théâtre — que certains,
compagnie en résidence du Pocké-
sur rendez-vous. Sur le site de la
10 décembre, on apprenait que les
ne sera pas reporté.
infos sur l’artiste et son œuvre.
accueillir des visiteurs.
malgré tout, avaient subodoré : le
équipements culturels resteraient
clos au moins jusqu’au 7 janvier, le nombre de contaminations n’ayant pas assez baissé. Une nouvelle date qui reste encore sujette à modifications.
Programmé au Théâtre de Vénis-
sieux le 18 décembre, Le Grenier
n’a donc pu être joué et l’on espère
vivement que Millésime, que la
mon Crew propose le 15 janvier,
De même, il faudra attendre la
rentrée de janvier pour voir au
cinéma Gérard-Philipe tous les films prévus pour cette reprise du 15 décembre.
À l’espace d’arts plastiques Made-
leine-Lambert (Maison du peuple), l’exposition de Karim Ghelloussi,
Le Chemin est fleuri de violettes qu’écrasent les obus, sera visible
expert de la fresque scolaire, qui, entre septembre et décembre, a
Ville*, on retrouvera aussi des Nous voulions aussi vous présen-
ter, dans ce numéro, la prochaine
exposition de Lugdunum (exmusée gallo-romain de Fourvière), "Une salade César ? La cuisine
romaine, de la taverne au banquet". Il faudra patienter. g
J.C.-L. *WWW.VILLE-VENISSIEUX.FR/ARTS_PLASTIQUES/ ACTUALITES/EXPOSITION-DE-KARIM-GHELLOUSSI
pris en charge les enfants dans ce travail de réalisation d’une grande
peinture qui recouvrira la façade côté boulevard Lénine. "Une première fresque était déjà là, composée de plusieurs petits panneaux réalisés il y a
une quinzaine d’années, explique l’artiste. Aujourd’hui adultes, les enfants qui les avaient peints à l’époque aimeraient les récupérer."
Huit panneaux (de 3,50 m sur 1,50 m) vont composer cette nouvelle fresque. "J’ai expliqué aux élèves les différences entre l’abstrait et le figu-
ratif, la balance entre les couleurs, leurs intensités, leurs vibrations. Je
voulais qu’ils mélangent ces concepts." Abstrait de loin, on reconnaîtra ainsi sur cet ensemble coloré de peintures, en s’approchant, une série
d’éléments réels : valises, passeports, bateaux, avions, etc. Tout sera installé pendant les vacances. Une jolie manière, selon M. Barjon, de "laisser une trace dans le temps afin de renforcer le sentiment d’appartenance à l’école des enfants, des parents et enseignants".
CULTURE
EXPRESSIONS / Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701
11
GUY CRÉQUIE
Un messager ais qui est réellement
M
publier Avec la pandémie de la
en droit de se deman-
philosophie populaire et nécessaire),
affiche à son compteur 36 livres
biographie aux éditions du Cor-
Vénissian depuis 1971, Guy Créquie a écrit 36 livres en quarante ans. Il est aussi, sous le nom de Gil Conti, un adorateur du ténor Mario Lanza. Parcours de celui qui se présente comme un messager, de la Paix et de la Terre. Covid-19 (hâtons-nous de rendre la
Guy Créquie, serait-on
dont le titre rappelle un conseil de
der. Ce monsieur affable de 77 ans
Diderot. Car ce messager de la paix
qui nous reçoit simplement chez
— sous ce titre est parue son auto-
lui, dans le quartier Darnaise,
deau —, ne cesse de se passionner
("depuis 1980", précise-t-il) et plu-
pour les questions d’actualité. "Le
sieurs CD, ceux-là enregistrés sous
pays de l’exception culturelle, dit-il
le nom de Gil Conti. Essais philo-
encore à ce propos, devient celui de
sophiques, recueils de poésie et
la liquidation culturelle."
chant lyrique font partie de son
palmarès. Et pourtant, se plaint-il, il reste dans sa ville un inconnu.
HOMMAGE À MARIO LANZA
Le personnage peut se faire insis-
Curieusement, et de son propre
dus, lui qui parle d’un "manque de
Créquie n’était pas plus le syndica-
tant en réclamant les hommages
aveu, la véritable vocation de Guy PHOTO RAPHAËL BERT
reconnaissance". Lorsque vous le
rencontrez, il montre rapidement médailles, lettres de félicitations et diplômes reçus grâce à ses divers
ouvrages, qui lui font dire qu’il est "sans doute le Vénissian faisant le plus honneur à Vénissieux, avec une centaine de reconnaissances ou de
Assurant être né “quasiment aveugle”, Guy Créquie est un touche-à-tout, du syndicalisme à la poésie en passant par le chant lyrique et l’écriture d’essais philosophiques.
lisme que la philosophie ou la poé-
sie mais bien le chant lyrique. "Je
suis né quasiment aveugle, souffrant
de presbytie, de strabisme, ayant des problèmes de fond d’œil et de rétine.
J’ai été pris en main par le professeur
Paufique et de 1/10e à 6 ans, je suis passé à 7/10e à 20 ans. Cela a mas-
titres internationaux".
merce, obtenu en 1961, quand j’ai
d’élu dans les collectivités territo-
miers communistes à rencontrer les
sacré ma scolarité. En 1961, je me
de son travail. Il sort d’un tiroir la
versitaire." Auparavant, à l’armée,
reprend Guy Créquie, et je me pré-
sion est intacte, lui qui cite le phi-
teurs "Les n° 1 de demain". J’avais,
Puis il s’assoit et parle avec passion
pu passer en 1986 un diplôme uni-
version anglaise d’un livre sur Gan-
il est affecté à l’école de météoro-
tions du Cordeau. Dans cet ouvrage
région parisienne. "J’ai travaillé
dhi, dont la traduction sort aux édi-
collectif, conçu par la Global Har-
mony Association, son nom est
entouré de Prix Nobel de la paix (Adolfo Esquivel, John Avery, Mai-
read Maguire Corrigan), d’un
ancien président indien (Abdul Kalam), de philosophes, d’historiens, etc.
Originaire de Villefranche-sur-
Saône, Guy Créquie s’installe d’abord à Lyon et, en 1971, à La Darnaise. "Je n’avais qu’un certifi-
cat d’études et un CAP de com-
logie du fort de Saint-Cyr, en pendant un an en station, à Stras-
bourg-Entzheim. Je suis entré au Parti communiste en 1966 et grâce
au mouvement ouvrier, j’ai beaucoup lu, rencontré des gens. Cela a été formateur."
Alors qu’il est au gouvernement (de 1981 à 1984), le ministre commu-
niste Anicet Le Pors instaure une
troisième voie d’accès à l’ENA, l’école nationale d’administration.
Elle est ouverte aux actifs du secteur
privé et à ceux ayant un mandat
riales. "J’étais syndicaliste à l’UD CGT, sente en 1983. J’échoue de 1,5 point. Je me réinscris l’année suivante, au
moment où l’ENA est décentralisée à
Grenoble. La troisième voie n’était plus aussi bien vue par celui qui avait remplacé le ministre."
contemplatifs du Carmel." Sa pas-
losophe Lucien Sève, Marx, Engels, l’encyclique Quanta Cura ou André
Moine, animateur de dialogues entre communistes et chrétiens.
MINISTÈRE DE LA PAIX
Guy est recalé. "En septem-
Il se lance alors un nouveau défi,
livre Les Chrétiens et les défis du
écrivant Ministère de la paix. Je me
bre 1984, nouveau coup dur. Mon
troisième millénaire est démoli dans une critique de L’Humanité."
Démoralisé par ce qu’il pense être un quiproquo, l’auteur est pourtant
content de son travail auprès des religieux. "J’avais dialogué des mil-
liers d’heures et avais été un des pre-
la poésie. "L’idée m’est venue en suis toujours demandé pourquoi il
existait un ministère de la guerre et
pas un de la paix. Pour ce poème, j’ai reçu des remerciements de
l’ONU, de Jean-Paul II, de Chirac. J’ai
ainsi écrit par la suite 14 recueils poétiques." Son dernier, qui vient de sortir, s’intitule Poésie planétaire.
"J’ai voyagé dans soixante pays. J’ai chanté dans les favelas de Rio de
Janeiro,
j’étais
à
Prague
en
août 1968 lors de l’arrivée des
suis présenté au concours pour ama-
m’a-t-on appris, une voix de ténor lyrique dramatique. À Villefranche, on me surnommait Caruso."
Lucien Morisse lui trouve un pseudo, Gil Conti, mais Guy ignore
sa convocation. "J’étais entretemps entré à EDF et devenu syndi-
caliste. Je suis resté plus de quarante ans sans chanter et m’y suis remis. Depuis, je l’ai fait pour
des cérémonies à Hiroshima, sur le
lac Michigan ou à Budapest. Ma
référence reste Mario Lanza, un ténor mort à 38 ans, en 1959."
Gil Conti lui a rendu hommage en enregistrant ses grands airs, tels
que Una furtiva lagrima de Donizetti, Be My Love (écrite pour Lanza pour le film Le Chant de la Louisiane) ou Besame mucho. g
chars russes, j’ai été expulsé de l’aé-
JEAN-CHARLES LEMEUNIER
police franquiste, j’ai chanté sous
GANDHI ET DEPUIS, ÉDITIONS DU CORDEAU, 28 EUROS. POÉSIE PLANÉTAIRE, NOMBRE7 ÉDITIONS, 12 EUROS. AVEC LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (HÂTONS-NOUS DE RENDRE LA PHILOSOPHIE POPULAIRE ET NÉCESSAIRE), ÉDITIONS DU CORDEAU, À PARAÎTRE.
roport de Madrid en 1971 par la les balles en 1989 au Sri Lanka…"
Avec Poésie planétaire et le livre
sur Gandhi, Guy Créquie va encore
12
SPORTS
Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701 / EXPRESSIONS
RÉFORME DU BAC
Le sport devient un enseignement de spécialité
Jean-Michel Blanquer, ministre de
en première et en terminale, pré-
selon moi elle prend le problème de
sensibilisé par la semaine de l’Édu-
mis en place progressivement,
l’envers. J’aurais préféré qu’on
l’Éducation nationale, a-t-il été cation physique et sportive (EPS) organisée à l’échelle nationale, du
7 au 11 décembre, par le SNEPFSU ? En tous les cas, son annonce de créer dès la rentrée prochaine
un nouvel enseignement de spé-
cialité en “éducation physique,
pratiques et culture sportives”,
n’est pas anodin. Les lycéens pourront choisir du sport au bac afin
de se spécialiser et intégrer à l’avenir un métier dans le sport. “Cette
évolution intègre la réforme du bac qui a amorcé le choix de disciplines de spécialité choisies par les élèves
cise le ministère. Le dispositif sera
d’abord en classe de première et dans un à trois établissements par académie, ce qui représentera à la rentrée 2021, à l’échelle nationale,
environ une centaine d’établisse-
ments publics et privés sous contrat. En 2022, ces mêmes établissements ouvriront la spécialité
en terminale et les académies pourront proposer de nouveaux établissements en classe de 1re.”
Qu’en pensent les profs EPS? “C’est une mesure qui sur le principe va dans le bon sens, estime Patrice Oua-
zar, enseignant à Elsa-Triolet. Mais
la place du sport dans l’éducation à prenne ce problème à la source. À savoir
augmenter
le
nombre
d’heures d’EPS en primaire (4 heures actuellement et souvent à la discré-
tion de l’instituteur non formé à cette discipline), au collège (3 heures en
moyenne) et au lycée (2 heures). Plus
Avec la réforme, les lycéens pourront choisir du sport au bac afin de se spécialiser et intégrer à l’avenir un métier dans le sport.
encore, nos enseignements souffrent
d’un manque cruel d’installations sportives. On doit souvent se conten-
REPRISE DANS LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS
vités physiques et sportives. Ce
En mode mineur
ter de la cour pour proposer des actidispositif sera-t-il suivi de ces réajus-
tements? C’est tout le mal que je nous souhaite.” g
À une ou deux exceptions près,
Taekwondoistes à Elsa-Triolet et
repris leur rythme de croisière en
Vologe, basketteurs à Jean-Guimier
tous les gymnases vénissians ont
accueillant depuis quelques jours
les sportifs de moins de 18 ans,
DANSE SPORTIVE
évidemment dans un strict respect du protocole sanitaire strict
“Toujours avoir le cœur à la danse”
et du couvre-feu.
“Jean-Louis Perrin, président de
l’AFA Feyzin/Vénissieux, est l’un des rares à avoir décidé de reporter le retour des licenciés des caté-
Prof de danse sportive, champion
gories jeunes dans le gymnase
de France en danse latine en 1988,
Micheline Ostermeyer”, détaille
entraîneur de Lyon Métropole
Éric Perez, agent de maîtrise à la
danse Sportive à Vénissieux et
Direction des sports et jeunesse
juge international, Christophe Rey
de la Ville.
n’a pas bien vécu les conséquences de la crise sanitaire. Il a
Max-Barel, handballeurs à Tolaou Alain-Colas, escrimeurs à Jacques-Brel, boxeurs de la française ou de l’anglaise à Jean-Gui-
mier, gymnastes à Albalate… tous les autres ont retrouvé leurs
repères. Pour une courte durée, en raison des vacances d’hiver.
Quelques dirigeants de clubs ont tout fait pour proposer des stages
courts, juste avant la fermeture des
équipements sportifs de la ville. C’est notamment le cas de Vénis-
sieux Boxe Française, Vénissieux Escrime et du Vénissieux FC. g
été l’un des premiers à signer la
pétition lancée au niveau national afin “que la danse, pratique phy-
EXPRESS
les écoles, soit maintenue dans le
Basket-ball
sique et artistique organisée dans
strict respect des gestes barrières et les mesures de protection”.
Christophe Rey va pouvoir compter sur une demi-douzaine de danseurs.
davantage, et même à faire des
tives pour les mineurs sont de
“L’objectif serait de travailler ce
Une manifestation a été organisée
depuis le 15 décembre. “Mais les
le bonifier sur différentes scènes. Si
“Nous étions prêts à nous adapter
concessions, précise l’enseignant.
le 21 novembre, place des Terreaux, pour sensibiliser l’opinion publique sur les conditions de travail depuis
le confinement du printemps. Même si la mairie est en accord avec notre démarche, elle ne pou-
vait aller à l’encontre des décisions
gouvernementales ne prévoyant une réouverture des gymnases et
salles que le 20 janvier prochain.”
Heureusement, les activités spor-
nouveau autorisées en salles deux confinements ont considérablement
réduit
mon
effectif,
déplore Christophe Rey. Pour cette reprise, je n’ai eu qu’une demi-dou-
zaine de jeunes danseurs, dont un couple.”
Loin de l’abattre, cette situation a
décuplé son envie de se lancer dans un nouveau défi, la création
d’un spectacle en s’appuyant sur
des enfants et quelques couples.
show jusqu’en mars, et ensuite de
ce spectacle voit le jour, un producteur serait prêt à nous trouver une trentaine de dates jusqu’à fin 2021.
Et si la crise sanitaire perdurait, nous obligeant par exemple à nous
produire sur scène à huis clos, on
pourrait proposer ce spectacle sur
une plateforme spécialisée dans les spectacles ou la webtélé. Ce travail
nous permettrait surtout de ne pas rester inactifs.” g
Souvent sur le banc ou blessé, Paul Lacombe et Amine Noua, anciens Vénissians, tous deux basketteurs à l’ASVEL ont repris leur pleine place au sein du club villeurbannais, contribuant en partie aux succès de leur équipe en championnat (91-66 face à Nanterre, 86-76 face à Boulogne, 97-80 face à Orléans), mais également en Euroligue (succès sur le Maccabi, 84-81, sur Khimki, 90-84).
Boxe Française Privé de finales de championnats de France junior en raison de la crise sanitaire, Gouled Mahamoud (Vénissieux Boxe Française) va devoir repartir de zéro. “Une re-motivation est à prévoir”, estime Rafik Chergui, son entraîneur. En effet, les tours qualificatifs concernant les juniors Élite pour le titre national sont programmés le week-end des 13 et 14 février prochain.
Escrime Il n’y aura pas de 21e édition du Circuit national d’escrime… en 2021. Programmé chaque année le premier week-end de février, ce rendezvous devait s’installer dans les gymnases Jean-Guimier et Jacques-Anquetil, les 6 et 7 février prochains.
SPORTS
EXPRESSIONS / Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701
13
VÉNISSIEUX FC
Le football féminin, victime collatérale du Covid a reprise des entraînements
L
tion au sein du VFC ne manque
globalement près de 30 % des
féminines - douze catégories
dans les catégories U12-U13 ne
n’est pas propre au Vénissieux FC,
nin du Vénissieux FC, se montre
que “l'augmentation du prix des
Sous l’effet d’une politique volontariste, la pratique sportive féminine a connu un bond à Vénissieux ces dix dernières années. La crise sanitaire va-t-elle réduire à néant ces efforts ? La baisse du nombre de licenciées au Vénissieux FC est un signe inquiétant. d’interpeller. “Pas mal de filles
début décembre chez les
sont pas revenues, confirme une
d’âge -, est-elle annonciatrice d’un
joueuse U15, elles ont tiré un trait
retour à la normale ? Sif el Islam
sur cette saison.” Sa maman ajoute
Ghediri, responsable du pôle fémi-
licences a peut-être également
prudent: “Les instances du football
joué”.
et la direction du club ont opté pour une relance progressive. Si tout va bien, les championnats devraient
PRÈS DE 30 % DE LICENCIÉES PHOTO RAPHAËL BERT
reprendre mi-janvier. Les trêves d’hiver vont être écourtées, et les cham-
pionnats tireront le rideau plus tard, fin juin. Tout a été fait pour rattraper le retard accumulé durant l’au-
tomne. Des entraînements pourront
Le pôle féminin du Vénissieux FC comptait l’an dernier 129 joueuses.
vacances scolaires, des discussions
L’impact de la crise sanitaire sur
palité en 2009 s’était traduite par
cours pour mettre en place une pro-
Alors que l’opération “Preuve
bre de pratiquantes, en particulier
programmés
durant
les
avec la Ville de Vénissieux sont en grammation cohérente.”
le sport au féminin est indéniable. form’elles” lancée par la munici-
une forte augmentation du nomaux Minguettes (+ 25 %), la situa-
À NOTER
Appel à éco-projets : candidatures jusqu’au 8 février Dans le cadre de sa politique de développement humain durable, la Ville poursuit son accompagnement d’éco-projets citoyens. Les Vénissians et associations vénissianes peuvent faire acte de candidature en ligne jusqu’au 8 février sur le site Vénissieux.fr (rubrique "Cadre de vie", puis "Développement humain durable"). Des formulaires peuvent aussi être retirés auprès du service Environnement à l’hôtel de ville. Les projets seront examinés par un jury au regard de leur intérêt général, de leur originalité et de leur thématique. Les lauréats seront soutenus financière-
Directrice de publication : Delphine Peyre. Rédacteur en chef : Gilles Lulla ✆ 04 72 51 18 12. Rédacteur en chef adjoint : Grégory Moris ✆ 04 72 51 76 65. Secrétaire de rédaction : Perrine Plateau. Journalistes : Michèle Feuillet ✆ 04 72 51 76 63. Jean-Charles Lemeunier ✆ 04 72 51 18 12. Alain Seveyrat ✆ 04 72 51 76 84. Djamel Younsi ✆ 04 72 51 76 62. Photographe : Raphaël Bert. Assistante de gestion : Krisztina Papp. Chargé de publicité : Boris Miachon ✆ 04 72 90 95 98 Éditeur : Régie autonome personnalisée du journal Expressions. Fabrication : IPS - 01 600 Reyrieux ✆ 04 74 08 96 96. Distribution : Codice - 69 200 Vénissieux ✆ 04 72 33 04 30. Abonnement : 42 euros par an. Prix au numéro : 1 euro. Tirage 33 500 exemplaires. issn : 1151-0935
je reste persuadé que le pôle féminin, qui comptait l’an dernier 129 joueuses, va retrouver de sa
superbe. Songez qu’en janvier dernier, une centaine de parents ont pris part à la réunion qui donnait les orientations sur le court et
Sif el Islam Ghediri, nous avions
tion, c’est énorme. Les parents
"Pour ces tranches d’âge, détaille 34 licenciées en fin de saison der-
nière, là on en a une demi-douzaine. Mais je pense qu’il y aura d’autres
inscriptions dès le début de l’année, surtout si la situation sanitaire s’améliore.”
Qu’est-ce qui rend le responsable du pôle si confiant ? “On a perdu
moyen terme. Une telle participasont pleinement intégrés à notre
projet. Nous avons maintenu des liens avec eux et leurs filles durant
les deux confinements. Nous ne
manquons pas d’atouts pour rebondir.” g
AU QUOTIDIEN
DJAMEL YOUNSI
ENVIRONNEMENT Balcons et maisons fleuris : les participants récompensés
Contact : service Environnement au 04 72 21 45 06 ou environnement@ville-venissieux.fr
Paraît un mercredi sur deux sur papier recyclé.
une vraie passion pour le football,
EN MOINS
ment et techniquement. En 2020, pour ne citer que quelques exemples, les projets retenus ont abouti à la création de jardinières partagées dans une résidence du quartier Charles-Perrault, à l’installation d’une ruche dans un jardin partagé, ou encore, plus modestement, à l’acquisition de gobelets réutilisables par une association de parents d’élèves de l’école GabrielPéri.
Rédaction: 9 rue Aristide-Bruant 69200 Vénissieux. Téléphone: 0472511812. Mail : redaction@expressions-venissieux.fr Site du journal : www.expressions-venissieux.fr
souligne-t-il. Les filles manifestent
PHOTO YVES RICARD - DRC VILLE DE VÉNISSIEUX
être
licenciées, mais cette désaffection
88 jardiniers ont participé à l’édition 2020 du concours des balcons et maisons fleuris Covid oblige, la cérémonie de récom-
de la ville. Ils ont tous été invités à venir
fleuris, qui donne lieu traditionnellement
aux serres municipales. Quant aux 16 lau-
penses du concours des balcons et maisons
à une grande réception à l’hôtel de ville, n’a pu être maintenu cette année. Les 88 participants ont toutefois été récompensés
des efforts déployés pour l’embellissement
chercher une azalée les 9 et 10 décembre
réats des différentes catégories (maison avec jardin, balcon ou terrasse, immeuble
collectif…), ils ont reçu diplômes et bons d’achat par courrier.
HISTOIRE
14
U
Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701 / EXPRESSIONS
de
midi, en arguant du fait que “les
vignes, de prés : voici com-
dimanche, [sont] fréquentés par les
ne
vaste
champs
étendue
labourés,
marchés
de
et
surtout
celui
du
ménagères, femmes d’ouvriers ou
ment se présentait Vénissieux il y
employés qui ne viennent aux provi-
a maintenant deux siècles. Peu ou
sions qu’après leur travail de net-
prou toute la population récoltait
toiement du logis”.
alors sur ses parcelles de quoi se nourrir à longueur d’année.
Mais en s’avançant dans le XIXe siè-
DEUX MARCHÉS
cle, Vénissieux change de visage.
SUR UNE PLACE À PART
Elle qui ne comptait que 1958 habi-
À deux exceptions près, tous ces
en 1836, et ne cesse de se peupler
ler sur des rues ou sur leurs trot-
tants en 1806, passe le cap des 3000
marchés ont en commun de s’éta-
de nouveaux ménages, essentielle-
ment des artisans. Or, ces nouveaux
venus ne cultivent pas la terre. Pour leur approvisionnement alimen-
taire, ils sont dépendants des paysans
et
des
commerçants
vénissians, qui leur vendent bien volontiers leurs produits mais à des prix souvent élevés. La solution pour
les
ménages
modestes
consiste alors à se tourner vers les
marchés de Lyon, où les prix sont
nettement plus bas. Mais quelle perte de temps! Une journée passée à marcher sur les chemins, sans pouvoir travailler.
TROIS ANNÉES D’ENQUÊTE
Consciente du problème, la municipalité de Vénissieux demande en mai 1847 la création d’un marché
toirs, comme sur la route de
La municipalité de Vénissieux demande en 1847 la création d’un marché qui se tiendrait les jeudis sur la place Sublet.
La course aux marchés Faire ses courses au marché a été le résultat de plus d’un siècle de pétitions, de tractations, de travail des élus, pour obtenir ce qui fut considéré comme un progrès social.
qui se tiendrait tous les jeudis sur
PAR : ALAIN BELMONT
pourraient s’approvisionner pour
effet comme des champignons
Vénissieux, pour qu’un nouveau
part entière, et parce que le Bourg
dispenser des voyages à Lyon, tou-
amenant dans leurs bagages des
les mardis, sur les trottoirs de la
d’employés, dont bon nombre “se
la place Sublet, et où “les habitants les besoins de leurs ménages, et se
jours onéreux”. Sitôt dit mais pas sitôt fait. Trois ans d’enquêtes
administratives s’ensuivent, au cours desquels les communes des
environs sont invitées à dire leur
mot, au cas où ce marché vénis-
sian viendrait concurrencer les leurs. Ce n’est qu’en mai 1850, sous
la IIe République, que le ministre
de l’Agriculture donne enfin son
feu vert à l’opération. Le marché aura
lieu
désormais
chaque
semaine et en toutes saisons, à condition toutefois de ne pas porter préjudice aux agriculteurs et
aux commerçants, qui demeureront libres d’écouler leurs denrées
sur leurs propriétés. Il était temps.
Depuis peu, les usines poussent en
dans le hameau de Saint-Fons, centaines d’ouvriers changeant à
tout jamais la physionomie sociale
de Vénissieux. Pour ces popula-
tions modestes, la création du marché est une bénédiction. Au
point même de devenir un enjeu politique : en 1870, l’homme le plus riche de Saint-Fons, Eugène Mottard, réclame la création d’un
marché dans son quartier, afin d’éviter aux Saint-Foniards de se
marché voie le jour. Il se tiendra route de Paris à Antibes, l’ancienne Nationale 7. Son succès est immé-
diat, tant et si bien qu’un second marché saint-foniard rejoint le pre-
mier en 1878, “considérant que la population de Saint-Fons est essen-
tiellement ouvrière et ne peut aller chercher au loin les denrées nécessaires à sa consommation”.
CONCURRENCE SAINT-FONIARDE
Sauf que la municipalité n’avait
craint que ce marché ne fasse de
ché du Bourg de sa clientèle
l’ombre à celui de la place Sublet,
et qui redoute aussi les velléités sécessionnistes de Saint-Fons.
Il faut attendre 1875 et qu’Eugène Mottard soit nommé maire de
du Stade au Charréard, ou sur le
terre-plein des rues Edouard-Herriot et Albert-Einstein “entre le centre
social
n° 1
et
la
rue
Léo-Lagrange au nord” pour les Minguettes. Seuls les marchés de
Parilly et surtout du Bourg siègent sur une place à part.
Une carte postale réalisée vers 1920
montre celui de la place Sublet en pleine activité, avec ses étals cou-
verts de toits de toile, certains longs de 2 mètres, d’autres de 8, proposant aux clients les uns des chaus-
sures, ailleurs des textiles, et la
majeure partie des fruits et légumes de saison, du beurre, des œufs, sans
oublier la viande, pour laquelle les ménagères ont le choix entre le
boucher Lescot, son confrère de la
déplacer jusqu’au Bourg. Refus
tout net de la municipalité, qui
Vienne au Moulin-à-Vent, avenue
pas imaginé qu’en privant le mar-
ouvrière, celui-ci allait totalement péricliter, au point de disparaître
corps et biens ! Il ne revient à la vie qu’en 1897, après que Saint-
Fons eut été érigée en commune à
se peuple à son tour d’ouvriers et plaignent de la difficulté qu’ils éprouvent de se pourvoir des fruits et des légumes nécessaires pour les
besoins journaliers de leur cuisine”. Puis d’autres marchés rejoignent ces grands ancêtres, au fur et à
mesure que la ville grandit: ceux
du Moulin-à-Vent en 1920 (“en vue de la diminution du coût de la vie”),
de Parilly en 1931, du Charréard en 1960 et, dernier né mais non le moindre, des Minguettes en jan-
vier 1968. Tous se tiennent le matin, et plutôt de bonne heure : les
forains étalent leur marchandise
dès le lever du jour, et plient bagage
à 11 heures. “Trop tôt!”, disent les marchands. Et de pétitionner en
1925 pour pouvoir vendre jusqu’à
cité Berliet, ou encore le charcutier David. La foule se presse entre les rangées, attestant du succès popu-
laire de ces marchés. Finalement, ils s’avèrent très proches des nôtres, au point d’être devenus un patri-
moine vivant directement hérité des siècles passés.
Un seul détail tranche avec
aujourd’hui : les chevaux. Ceux qui tiraient les carrioles des mar-
chands, et qui étaient autrefois si
nombreux qu’ils débordaient sur les rues adjacentes, au point de
gêner la circulation. Tant et si bien
qu’au Moulin-à-Vent, le maire de Lyon et celui de Vénissieux se chamaillèrent à leur propos tout au long des années 1930 ! g
SOURCES : ARCHIVES DU RHÔNE, 8 MP 60. ARCHIVES DE VÉNISSIEUX, DÉLIBÉRATIONS MUNICIPALES (1847-1968), ET 4 F 43-45. REMERCIEMENTS À MAGALI GUÉNOT POUR SON AIDE.
PORTRAIT
EXPRESSIONS / Mercredi 23 décembre 2020 - n° 701
15
STEFAN MALFONDET
La vie à plein nez Q
Embauché comme assistant parfumeur dans la maison de parfum Sevessence, ce jeune Vénissian espère devenir “nez” dans quelques années. uel aurait été le parcours
de l’olfaction, bien plus complexe
Malfondet si sa maman
rat est souvent considéré – à tort ?
professionnel de Stefan
n’avait posé sur la table une rata-
touille ? L’anecdote date d’il y a
une quinzaine d’années. “Je devais avoir 7 ans, ma maman venait de nous dire que l’on passait à table, et en entrant dans la cuisine, je lui
ai fait remarquer qu’une odeur citronnée flottait dans l’air. Elle
s’est gentiment moquée de moi, mais au moment de servir elle a compris qu’elle avait aromatisé le plat avec du thym citronné.”
Le jeune homme, au parcours scolaire qu’il qualifie lui-même de
qu’on ne l’imagine, même si l’odo– comme l’un des sens les moins
développés chez l’être humain. “C’est la nature qui offre les odeurs, mais c’est l’esprit qui créé un par-
fum. Je me suis familiarisé avec l’architecture d’un bon parfum, à sa
pyramide comme on dit dans le métier. J’ai appris ce qu’était la sensibilité olfactive, la classification
des grandes familles d’odeurs et des
principes des mélanges harmo-
nieux. J’apprends tous les jours. C’est une recherche sans fin.”
“correct sans plus”, a depuis tou-
ON NE NAÎT PAS NEZ,
un peu partout, sa maman l’en-
Nez, Stefan le deviendra peut-être
dans cette voie. Alors qu’il n’est
peine une centaine en France et
courageant même à poursuivre
qu’en 5e, c’est elle qui l’inscrit à
des ateliers de création de parfum chez Galimard, à Grasse. Dès lors,
quatre années consécutives, il met
chaque été le cap sur la Côted’Azur. Outre ses rendez-vous dans les collines au nord de
Cannes pour se familiariser aux
fleurs à parfum – rose, jasmin, fleur blanche, violette, mimosa et
surtout lavande – l’apprenti nez fréquente régulièrement les trois
roseraies du parc de la Tête d’Or,
qui regroupent plus de 9 000 variétés de rosiers.
S’il n’intègre pas les meilleurs éta-
blissements – l’école supérieure du parfum ou l’ISIPCA créée par Guer-
lain à Versailles – Stefan compense
par des formations lui permettant d’acquérir
les
indispensables
connaissances en chimie. Il obtient
un BTS à Chalon, puis une licence pro spécialisée en parfumerie et
arômes alimentaires à la fac de Montpellier, le berceau français du parfum, bien avant Grasse et Paris.
“Je n’ai pas été jusqu’au Master,
ON LE DEVIENT
dans quelques années (il y en a à
500 dans le monde), mais pour
PHOTO RAPHAËL BERT
jours pris plaisir à mettre son nez
l’heure, le Vénissian de 23 ans fait
ses premiers pas de laborantin chez Sevessence (*), une maison
située à Dardilly. “Mon stage de six
Il existe environ 500 “nez” dans le monde, dont à peine une centaine en France.
le maître parfumeur a dû considé-
odeurs, leurs molécules, de déter-
cher de penser que Stephan était
lieu où est aujourd’hui implantée
été embauché en août.” L’origina-
plusieurs fois par jour, d’y revenir
sion. Au-delà du “don” naturel
DJAMEL YOUNSI
mois s’est achevé en juillet dernier,
rer que j’avais des aptitudes car j’ai lité de Sevessence est de développer
le
concept
du
“parfum
aromatique de bien-être”, éthique,
solidaire et responsable, cher à Jean-Charles Sommerard, son fondateur, ancien nez pour l’Institut
du Monde arabe et du Musée d’Orsay notamment.
Désormais, Stefan vit son quoti-
dien entre son bureau, dans lequel il prépare ses ingrédients, formule et teste… et le labo de recherche
et développement où trône l’orgue
à parfums, meuble destiné à ranger en demi-cercle l’essentiel des
flacons de matières premières. “Un parfumeur est un artiste, comme un musicien ou un peintre.
On a à portée de main plusieurs
précise-t-il. Je voulais entrer le plus
centaines de fioles d’extraits, de
du travail.”
plantes aromatiques, détaille-t-il
totalement plongé dans l’univers
qu’on m’a donné, c’est de noter les
rapidement possible dans le monde Ces dernières années, Stefan s’est
baumes, d’essences florales et de
avec passion. Le premier conseil
miner ce qu’elles m’évoquent. Et inlassablement pour s’en imprégner et les mémoriser. Une fois tous ces matériaux identifiés, il faut apprendre à les assembler. C’est là
que commence le travail de création. À force de sentir, le nez devient
de plus en plus sensible. L’odorat
se développe, c’est un entraînement.”
On ne naît donc pas né, on le devient. Mais on ne peut s’empê-
prédisposé à épouser cette profes-
Sevessence. g
révélé par la ratatouille maternelle au thym citronné, l’histoire
des Malfondet semble en effet
avoir tracé le chemin, avec un arrière-grand-père vigneron, un
grand-père souffleur de verre à Grasse, et un autre (ancien prési-
dent de Vénissieux Handball par ailleurs) professeur en pâtisserie
au lycée hôtelier de Dardilly… à quelques centaines de mètres du
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