Blue Line #20

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BLUELINE

PROCÈS PÉLICOT

Les principes d'indépendance et d'impartialité judiciaire au cœur du procès Pélicot

DOSSIER

LIBÉRALISME :

DUALITÉ ENTRE HÉRITAGE ET RENOUVEAU

Débunk : Libéraux, tous fachos ?

Il n'existe pas un libéralisme mais des libéralismes

Le libéralisme social : Concilier liberté individuelle et progrès social

Les politiques interventionnistes face au libéralisme

Liberté d'expression : Un droit d'inspiration libérale

D'autres fenêtres

CARTE BLANCHE

Les États-Unis en ballots

Le scrutin déballé !

Enquête sur une victoire historique

POLITIQUE JEUNESSE

Le rôle des jeunes dans la politique locale : vers une nouvelle génération d'acteurs politiques

DÉRISION

Carnet de voyage

Les routes croisées

ÉDITO

Chères lectrices, Chers lecteurs,

Cette année 2024 a été marquée par un rythme politique effréné. Des campagnes électorales par-ci, des campagnes électorales par-là… pour finalement propager une vague bleue en Wallonie et à Bruxelles, consacrant une impressionnante victoire libérale. Le triomphe de cette idéologie reflète un profond désir de renouveau, de liberté et d’indépendance. Les libéraux doivent sans cesse se réinventer pour se conformer aux besoins de notre époque tout en gardant à l’esprit les fondements de cette philosophie libérale si précieuse. C’est cette dualité entre tradition et modernité que nous vous proposons de découvrir dans ce vingtième Blue Line

À l’heure où les diverses politiques gouvernementales se dessinent, il est légitime de se questionner sur ce qu’est concrètement le libéralisme aujourd’hui, sur son histoire et ses perspectives d’avenir. Notre dossier central vous plongera au sein d’une déconstruction du cliché selon lequel tous les libéraux seraient des fachos. Rappelons d’ailleurs qu’il n’existe pas un, mais des libéralismes, ce qui peut amener à des tensions notamment entre libéralisme économique et conservatisme social. Nous ferons un détour au centre des enjeux modernes, en abordant le phénomène de l’interventionnisme étatique contemporain et proclamant vigoureusement que la liberté d’expression, pilier du libéralisme, doit être protégée inébranlablement.

Hors dossier, nous ne pouvions ni passer à côté de la fulgurante réélection de Donald Trump aux États-Unis ni du procès Pélicot, un sujet bouleversant qui anime l’actualité judiciaire française depuis déjà de nombreuses semaines. Nous tenions également à valoriser la jeunesse en rappelant l’importance de son implication dans la politique locale, afin d’insuffler un vent de fraicheur aux institutions. Nous terminerons par une dérision de notre détachée pédagogique sur la langue française, une parenthèse aussi humoristique que poétique.

Cher lectorat, je vous souhaite une très bonne lecture,

Les principes d'indépendance

D'impartialité judiciaire

PROCÈS AU CŒUR DU & Pélico

L’indépendance et l’impartialité judiciaires font partie des fondements de la justice. Ces principes visent à garantir que chacun soit traité de manière juste et équitable devant les cours et tribunaux. L’affaire Pélicot, également appelée « affaire des viols de Mazan », illustre parfaitement ce crédo. Analyser cette affaire sous une perspective féministe libérale aide à comprendre l’importance de ces principes qui sont une condition sine qua non à la préservation de la confiance dans le système judiciaire et le respect des droits et libertés individuelles.

RAPPEL DES FAITS

L’affaire des viols de Mazan a récemment éclaté en France. Cet évènement, à la fois judicaire et médiatique, implique plus d’une cinquantaine d’hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pélicot alors qu’elle était droguée à son insu par nul autre que son mari, Dominique Pélicot. Une mécanique bien ficelée se cache derrière ce scénario glaçant : une décennie d'agressions sexuelles filmées par Dominique Pélicot mettant en scène son épouse, droguée aux anxiolytiques. Cette sordide histoire renverse la vision manichéenne du profil des agresseurs. Ceuxci, âgés de 26 à 70 ans, ont été recrutés sur des sites internet et il n’y a, de prime abord, aucune raison de se méfier d’eux, étant bien insérés socialement et présentant un profil banal pour la plupart. Ce procès, qui a débuté en septembre 2024, a eu un large impact sociétal.

Gisèle Pélicot a refusé le huis clos, ce qui a naturellement conduit la presse à s’emparer des moindres détails de cette affaire. En rendant les débats publics, la volonté de la victime n’est pas fondamentalement médiatique. Son souhait est surtout de rendre publique son histoire afin de libérer la parole des victimes de violences sexuelles, aussi bien en France que partout ailleurs.

Malgré tout, une séparation entre la justice et les médias est nécessaire pour garantir l’impartialité des décisions de justice qui en découleront.

Une indépendance totale ou relative ?

L’indépendance judiciaire est un principe essentiel. Elle repose sur le devoir du juge de décider de manière libre et non contrainte des faits qu’il se voit soumettre dans le cadre d’une affaire et de les interpréter sans aucune immixtion. Il ne peut donc y avoir aucun lien de subordination vis-à-vis des pouvoirs législatif et exécutif en vertu du principe de séparation des pouvoirs, ni d’un quelconque autre groupement (médias, groupes partisans). Le rôle du juge est de rendre un jugement dénué de toute influence, aussi bien politique que médiatique, interne ou externe au tribunal.

Au cœur du procès Pélicot, cette indépendance est mise sous pression par une très forte médiatisation. Ceci a pour conséquence d’orienter l’opinion publique avant même le prononcé du verdict. L’indépendance des magistrats chargés de l’affaire a ainsi été mise à rude épreuve. Aussi sordides que ces actes puissent-ils être, une telle médiatisation peut mener à des dérives poussant à transgresser malgré soi ce principe d’indépendance en altérant la perception du corps judiciaire. Cette idée de rendre des décisions exclusivement fondées sur la loi et les éléments de preuve, et non pas sur base d’intérêts privés, est une valeur centrale de la justice mais également profondément empreinte de libéralisme et d’équité.

De plus, l’indépendance de la justice est capitale pour les femmes, qui voient souvent leurs droits et leur crédibilité remis en cause. Pouvoir accéder à une justice pointilleuse sur ce principe est plus qu’essentiel pour les femmes afin que leur combat (ici portant sur les violences sexistes et sexuelles) ne soit ni minimisé ni décrédibilisé, comme cela a notamment pu être le cas pour Gisèle Pélicot. En effet, elle a dû faire face à des avocats de la défense tournant sa position de victime en dérision sur les réseaux sociaux (ce qui pose alors question sur la dignité et la déontologie de la profession d’avocat) ainsi qu’à un autre avocat tenant des propos très lourds de sens : « Il y a viol et viol et, sans intention de le commettre, il n’y a pas viol ». Il s’agit d’une stratégie de défense compréhensible d’un point de vue strictement juridique mais qui se révèle être plus que choquante et traumatisante pour la victime. Ce procès est donc symbolique dans l’espoir de voir s’établir une justice purement axée sur les faits.

L’impartialité : un pilier de l’égalité dans un monde surconnecté et surmédiatisé

Le principe d’impartialité se définit comme le corolaire de l’indépendance du juge. L’impartialité requiert une position de neutralité de la part du juge. Ce dernier ne doit pas se laisser influencer par un quelconque préjugé au cours de l’affaire qu’il doit trancher. Cette non-objectivité peut provenir d’un lien entretenu avec les parties, d’une connaissance antérieure du dossier, voire d’une attention médiatique. À l’ère des réseaux sociaux, les informations circulent à une vitesse sans précédent, ce qui met au défi ce principe d’impartialité. En effet, les juges subissent de plus en plus de pression à force de voir chaque étape du procès commentée, critiquée, scrutée et analysée dans les moindres détails.

gisèle

Dans le cadre de l’affaire Pélicot, cette surmédiatisation peut avoir de lourdes conséquences sur la compromission de l’intégrité du procès en influençant les juges. Ce qui peut affecter l’orientation du jugement dans un sens ou dans l’autre. Ce principe d’impartialité ne consiste pas uniquement à écarter tout préjugé, mais également à garantir que le système judicaire agisse avec le moins de pression extérieure possible. Au cours de ce procès, il est crucial que les juges analysent les preuves et rendent leur verdict sans préjugés de classe, notamment au vu de la diversité des profils des agresseurs.

Une stabilité dans un monde en bouleversement

L’affaire des viols de Mazan illustre à quel point il est nécessaire de garantir l’indépendance et l’impartialité judiciaires. Ces deux valeurs ont pour mission de sauvegarder les droits des individus afin qu’ils puissent être jugés sans préjugés et de la manière la plus objective possible. La justice se doit d’être un domaine au sein duquel aussi bien les femmes que les hommes puissent être considérés de la même manière en faisant abstraction de toute pression médiatique et de tout stéréotype de genre et de classe.

Ce procès permet de mettre en lumière que la justice doit se plier à la loi et uniquement à elle, amenant à réfléchir sur la nature même de la justice, voire de son intégrité. 

Eva Mouassi
Rédactrice en chef

DOSSIER Libéralisme :

Dualité entre héritage et renouveau

À une époque où être libéral est devenu un gros mot, où être libéral peut vouloir dire « fasciste » pour certains ou « progressiste » pour d’autres, nos rédacteurs se sont interrogés sur cette pluralité d’opinions qui nous est si chère, à nous : les libéraux.

Nous avons tous notre avis sur ce qu’est le libéralisme, mais quel est le bon ? Qui a raison ? Au sein même de celui-ci, certains soutiennent les valeurs classiques, tandis que d’autres cherchent à les réinventer pour répondre aux enjeux actuels. Cela nous amène à nous interroger : entre héritage et renouveau, le libéralisme peut-il évoluer tout en restant fidèle à ses principes essentiels ?

Parmi ces principes, la liberté d’expression, un droit inspiré par le libéralisme, occupe une place centrale. Cependant à l’heure actuelle, jusqu’où peut-on la préserver sans nuire à la cohésion sociale ni permettre la propagation de discours haineux ?

De plus, bien que le libéralisme valorise les libertés individuelles, les gouvernements tendent de plus en plus à appliquer une politique interventionniste. Alors, comment, en tant que libéraux, pouvons-nous répondre à cette tendance tout en défendant les valeurs de responsabilité et d’émancipation ? Cette pensée qui accepte autant le libéralisme social que le libéralisme classique plus conservateur peut parfois être compliquée à bien cerner.

Face à toutes ces questions, nos rédacteurs ont tenté, dans ce Blue Line, de viser juste !

DÉBUNKLibéraux, tous fachos ?

Facho ! Nombreuses sont les fois où nous, libéraux, avons pu entendre cette insulte de la part de certains adversaires politiques pour tenter de nous discréditer. Si généralement nous n’avons pas à nous faire de souci quant à la bonne tenue de débats avec nos adversaires, il peut arriver qu’un manque de nuance se fasse ressentir dans les propos de certains d’entre eux que ce soit de façon involontaire ou délibérée. Dans cet article, nous allons analyser quelques éléments principaux constitutifs du fascisme et débunker tout ça !

PAR SIMON LIÉGEOIS

LA CONCEPTION DE LA SOCIÉTÉ

Une première caractéristique inhérente à la conception du fascisme est celle de la manière dont les individus sont perçus. En effet, dans un système fasciste, l’individu n’existe que comme élément nécessaire à la réalisation de la collectivité nationale. Dans un État fasciste, les grandes libertés individuelles sont compromises et les personnes les plus faibles ou inutiles à la réalisation de ces objectifs sont mises au ban. Nous, libéraux sommes aux antipodes de cette conception étant donné que seul l’individu prime pour nous. Nous ne voulons pas d’une société où une communauté imposerait des mesures coercitives sur les individus, les empêchant de penser, agir et s’épanouir comme ils le voudraient. Chacun a le droit de penser la société comme il l’entend sans risque d’être réprimé.

L'ÉTAT FORT

« Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État. » Cette devise de Mussolini résume parfaitement la conception de l’État dans un système fasciste : une dictature où tout passe par le pouvoir exécutif au mépris du parlementarisme, considéré comme une perte de temps et un danger à l’accomplissement des objectifs de l’État. Une vraie phobie pour les libéraux ! Effectivement, ce n’est pas pour rien que nos démocraties modernes sont appelées des démocraties libérales : le parlementarisme y est valorisé et nous n’avons pas peur de discuter avec nos opposants. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si la culture du compromis est valorisée dans notre pays et que la composition de nos gouvernements prend autant de temps !

LE REJET DES LUMIÈRES

En plus de s’opposer à nos idées libérales, les fascistes les méprisent ! En effet, là où les penseurs des Lumières, dont Montesquieu (l’un des pères du libéralisme) ont mis la raison, la mise en avant de l’individu, les grandes libertés au cœur de leur philosophie, les fascistes ont tout rejeté en bloc au profit d’un culte du chef, de la race, de l’instinct primitif, etc.

LE NATIONALISME

Comme évoqué plus haut, dans un système fasciste, la communauté prend le dessus sur l’individu. Mais qui y a-t-il en son sein ? Une société unie par la préférence nationale, rejetant l’étranger. L’appartenance à la nation est si forte que le racisme se développe et que l’étranger devient responsable des maux du pays, conduisant à la ségrégation, à la différence des droits, voire à des méthodes telles que celles appliquées sous le IIIe Reich pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous libéraux, nous croyons plutôt en une société où chaque individu, indépendamment de son origine ethnique ou sociale peut s’épanouir sur base d’un socle de valeurs dans lequel tout le monde peut s’y reconnaitre.

LE CORPORATISME

Économiquement, le fascisme n’a rien à voir avec le libéralisme. Dans un système fasciste, l’économie est pensée à travers un système de corporations, comme ce fut le cas au Moyen-Âge. Les syndicats n’y ont pas leur place, la concurrence non plus puisque chaque branche de métier est unie au nom de la collectivité nationale. Autant dire que pour nous, libéraux, il y a de quoi nous faire hérisser les poils étant donné que le corporatiste est fondamentalement opposé à la liberté d’entreprendre. Nous croyons dans la possibilité pour chacun de créer son activité et de la diriger comme il l’entend, puis de prospérer à travers les lois de la concurrence, du libre marché, ainsi que du commerce international, ce dernier n’ayant pas sa place non plus dans un système fasciste en raison du protectionnisme et de la préférence nationale.

LA RÉPRESSION OU L'ENDOCTRINEMENT DES MASSES

Dans un système fasciste, l’on encadre des masses pour les insérer le mieux possible au sein de la communauté nationale. Comme cela a été fait au sein de l’Allemagne nazie, l’endoctrinement dans un système fasciste commence dès l’enfance et moule les

citoyens pour les empêcher de réfléchir différemment. Cependant certains États de l’époque, comme l’Espagne franquiste ou le Portugal salazariste qui n’ont pas eu d’appareil idéologique aussi puissant que le IIIe Reich, n’ont pu endoctriner la population et se sont contentés de réprimer les foules contestataires. Ces méthodes violentes et malsaines n’ont une fois de plus rien à voir avec nos démocraties libérales où chaque citoyen est libre de penser, de manifester, d’avoir des opinions divergentes sans risquer sa sécurité, voire sa vie !

LA GESTION DU CAPITAL

Enfin, dans un système fasciste le discours face au capitalisme est très différent. En effet, ce dernier apparaissant en période de crise économique, les idéologues gagnent les faveurs de la population en critiquant la haute-finance et le fait qu’une poignée de nantis serait responsable de la situation actuelle. Seul le capitalisme industriel est valorisé, les responsables fascistes souhaitant faire des différentes classes sociales un ciment national. Nous libéraux, ne souhaitons pas nous chercher des ennemis à la nation ou au peuple. Nous pensons que dans les périodes de crise, il est indispensable que la société soit unie. Nous ne souhaitons pas non plus apporter de clichés envers le monde financier, posant sa brique à l’édifice en ce qui concerne la prospérité nationale.

L'IMPORTANCE DU CHOIX DES MOTS

Nous avons évoqué sept éléments principaux, constitutifs d’un système fasciste et force est de voir que le libéralisme s’en trouve aux antipodes. Dans un débat, il est important de se renseigner sur le poids des mots avant de tenter de discréditer ses adversaires. Comme cela a été expliqué, derrière « facho », souvent utilisé à toutes les sauces comme un mot-valise, se cache un sens lourd et une idéologie totalement contraire à notre démocratie !

Cependant, il reste important pour nous aussi de faire attention aux mots que nous utilisons dans un débat ! Ne devenons pas les exemples de ce que nous dénonçons, restons cordiaux, respectueux de tous, et ne laissons pas passer les sophismes, raccourcis et attaques personnelles injustifiées ! 

DÉBUNKÉ

Simon Liégeois Étudiant, CEL Mons
Il n'existe pas un libéralisme

MAIS DES LIBÉRALISMES

PAR NASSIM SABIBI

Si vous avez du temps à tuer, allumez votre télé et regardez de fougueux débats politiques français – nous, Belges, sommes généralement moins passionnés dans nos échanges. Sur des sujets variés, vous verrez que certains éditorialistes « experts-je-sais-tout » aiment user du mot libéral à tout-va. Or, ils se trompent souvent totalement sur sa signification ! Saviez-vous que le terme libéralisme fut utilisé pour la première fois en Espagne au début du XIXe siècle pour désigner les partisans de la Constitution de 1812, texte influencé par les Lumières ? Pourtant, il est aujourd’hui employé pour qualifier des théories sociales et politiques nées avant et après son apparition. S’il existe une quantité innombrable d’ouvrages consacrés à la tentative de sa définition, l’étude de l’Histoire nous montre que ce mot a été utilisé pour des concepts allant des Lumières au libre-échange. Afin de mieux saisir ce que signifie le libéralisme, faisons un bond dans le temps des Patriciens romains et retraçons sa définition depuis la Rome antique jusqu’à La Fayette. Nous nous attarderons ensuite sur les différents libéralismes politiques et économiques qui ne manquent pas non plus de prêter à confusion.

Être libéral de Cicéron à La Fayette

LES PREMIÈRES INTERPRÉTATIONS

Le libéralisme vient du mot liber qui signifie à la fois « libre » et « généreux » et de liberalis qui peut se traduire par « qui sied à une personne née libre ». Dans la Rome antique, un homme libre était un citoyen libre de l’arbitraire d’un maître ou de la domination d’un autre homme. Cette liberté n’était possible que dans un État de droit avec une Constitution républicaine. Pour Cicéron, elle traduisait le fait de donner et de recevoir en contribuant au bien commun.

Dans la continuité de cette interprétation, Sénèque précisera comment ces échanges doivent être générateurs de lien social de façon morale. Le caractère libéral du citoyen romain n’est possible que par l’enseignement des

arts dits libéraux, qui consistent à apprendre à penser et à s’exprimer en public, notamment par l’éloquence, afin de se préparer à être un futur dirigeant. Enfin, Plutarque estime qu’une éducation libérale donne de la substance à un esprit noble tout en encourageant le progrès moral, le désintéressement et l’esprit public chez les hommes de pouvoir.

LA CHRISTIANISATION DE LA LIBÉRALITÉ

Cette conception antique ne disparait pas au MoyenÂge, mais est diffusée par les Pères de l’Église après une christianisation de son interprétation. Ainsi, la libéralité se retrouve apparentée à l’amour, la compassion et surtout la charité. Les dictionnaires médiévaux donnent une définition du mot libéral comme étant la qualité de donner et de dépenser librement. À l’instar de l’éducation romaine, les arts libéraux sont aussi mobilisés afin de préparer les jeunes hommes au service de l’État.

Durant la Renaissance, les humanistes Vergerio et Erasme publient des traités sur l’éducation. Ici aussi, ils adoptent les arts libéraux au service de l’éducation afin que les jeunes hommes apprennent la vertu et la sagesse et ce, dans la continuité de l’esprit catholique qui valorise la charité tout en prônant la modération dans la dépense. À cet esprit de charité chrétienne pour les futurs acteurs au service de l’État s’ajoute un brin de réalisme avec Machiavel et Montaigne. Les deux penseurs préconisent aux gouvernants d’être charitables afin qu’ils ne vivent pas au-dessus de leurs moyens, évitant ainsi de lever des taxes et de provoquer la colère des gouvernés.

LE PROTESTANTISME ET LA VERTU UNIVERSELLE

De la Rome antique à la Renaissance, nous pouvons observer que les vertus des hommes libéraux étaient exclusivement réservées aux aristocrates et aux princes.

Mais le protestantisme vient transformer cette vertu en un principe chrétien universel. Le partage ne devait pas seulement se situer sur le plan matériel, il se faisait également sur le plan du savoir. Précisons que, si le christianisme catholique ou protestant incite les fidèles à être libéraux, donc généreux, l’objectif n’a jamais été d’établir une redistribution excessive des richesses ni de bouleverser l’ordre politique et religieux. Par ailleurs, selon une interprétation très personnelle : cet esprit de générosité et de charité, qui désire préserver l’ordre établi, ressemble fortement à la politique défendue pendant longtemps par notre bon vieux Parti socialchrétien…

LES VISIONS DIFFÉRENTES DE HOBBES ET LOCKE

Au XVIIe siècle, le mot libéralité est repris par deux penseurs dans la présentation de deux visions de la société diamétralement différentes. Il s’agit de Thomas Hobbes et de John Locke, considérés comme les pères fondateurs du libéralisme. Hobbes considère que le caractère libéral n’est qu’une fausseté, une hypocrisie permettant aux hommes d’y cacher leur nature pécheresse. Cette hypocrisie serait la conséquence de l’incapacité des hommes à gouverner eux-mêmes et de vivre en paix en raison de leur nature violente et égoïste. Cette pensée fut développée et propagée par les jansénistes tels que Pascal, Rochefoucauld ou encore Esprit.

Quant à Locke, il développe l’idée que chaque individu possède des droits naturels inaliénable, tels que le

droit à la vie, la liberté et la propriété, qui doivent être garanties par toute autorité politique sans les astreindre abusivement. Il propose également le principe de séparation des pouvoirs et la légitimité des individus à se soulever contre tout gouvernement qui violerait ces droits.

LE LIBÉRALISME SOUS LES LUMIÈRES

Puis vient la lumière, ou plutôt les Lumières. Avec ce nouveau courant de pensée, le terme libéral commence à désigner des individus, des sentiments, des idées et des modes de pensées. En plus des arts libéraux, les philosophes éclairés estimaient que l’on pouvait également devenir libéral en fréquentant les clubs de gentilshommes, les loges maçonniques ou encore les salons, lieux permettant de parler librement, de répandre l’esprit libéral et de faire progresser la société. Dans un contexte religieux difficile pour les protestants, la tolérance religieuse était considérée comme une valeur libérale, définie dans l’Oxford English Dictionary (1772). Cette vision tolérante était défendue par George Washington en accordant la liberté de culte aux protestants et aux juifs.

Au contraire, certains penseurs des Lumières comme Jean-Jacques Rousseau ou Adam Smith estimaient, comme les jansénistes, que les arts libéraux masquaient la corruption profonde de la société. Dans un contexte de développement économique conduisant à la montée des inégalités, ils considéraient que les arts libéraux transformaient les hommes concernés en savants raffinés qui perdaient les valeurs civiques et l’attachement au bien commun.

En parlant d’Adam Smith, l’auteur de La Richesse des nations y utilise le mot libéral dans le sens ancien défini jusqu’ici. Ainsi, il recommande de « laisser chacun diriger à sa manière dans la poursuite de ses intérêts privés, sur un vaste et noble plan libéral d’égalité, de liberté et de justice », libéral se comprenant comme associant la liberté, la générosité et la réciprocité.

Enfin, on retrouve ce mot dans une lettre que le marquis de La Fayette écrit au président des États-Unis, George Washington, dans laquelle il s’exalte sur le fait que les idées libérales gagnent de plus en plus de citoyens.

LE LIBÉRALISME ET SES DÉCLINAISONS

Selon les courants de pensées, le mot libéral ne revêt pas la même signification, il a évolué au fil des siècles.

Ainsi, de Cicéron à La Fayette, le libéralisme a pris de nombreuses formes, selon les époques et les penseurs. Cela donne donc une multitude de philosophies libérales qui s’arrachent la couverture. Cette diversité a donné lieu à des débats sur l’application du terme. Finalement, personne ne peut prétendre avoir le monopole du libéralisme…

Cette pluralité apparait aussi bien dans les domaines politique qu’économique, où le libéralisme a été réinterprété selon les contextes socio-économiques. Découvrons maintenant ses différentes déclinaisons dans ces deux domaines.

Les nombreux visages du libéralisme politique

LE LIBÉRALISME CLASSIQUE

Né avec nos amis Smith et Locke, le libéralisme classique construit une société avec comme valeur de base la liberté individuelle. Il consacre donc la liberté personnelle, la propriété privée et l’autonomie économique, des concepts que nous retrouverons plus tard. L’État doit se limiter aux compétences régaliennes, telles que la sécurité, la justice et la diplomatie.

LE LIBÉRALISME UTILITARISTE

L’adage « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres », que l’on doit à John Stuart Mill, vulgarise bien le courant libéral utilitariste. Contrairement au libéralisme classique, ce concept introduit au XIXe plaide pour que l’État puisse intervenir afin de corriger les injustices et réduire les inégalités par l’adoption et la mise en place de réformes sociales. Également défendu par Jeremy Bentham, l’utilitarisme vise à maximiser le bonheur collectif. Nous le retrouverons dans le libéralisme social au niveau économique un peu plus tard.

LE LIBÉRALISME SOCIAL

Dans la même lancée que le libéralisme utilitariste, le libéralisme social soutenu par John Maynard Keynes donne à l’État un rôle encore plus actif dans les politiques à mener, principalement au niveau économique comme nous le verrons plus tard. Cela passe par des politiques publiques sociales comme la création d’assurances sociales, l’accès à une éducation gratuite ou encore la régulation des marchés. Ici aussi, le but recherché est de trouver un juste équilibre entre la préservation des libertés individuelles et une sécurité économique avec un ton plus prononcé sur le social que l’utilitarisme.

LE LIBÉRALISME RÉPUBLICAIN

Puisant ses racines dans la Grèce antique et dans la Rome républicaine et plus tard chez Rousseau, le libéralisme républicain se veut partisan de l’autonomie citoyenne avec une absence de domination. Ainsi, l’État doit créer des conditions favorables pour que chacun participe activement à la vie publique sans qu’il y ait de soumission à une influence arbitraire. Le bien commun, qui appartient au champ lexical définissant ce courant, y est fondamental et s’accompagne de la présence d’institutions démocratiques fortes protégeant cette liberté républicaine.

Maintenant que nous avons passé en revue les différents courants du libéralisme politique, attardons-nous sur ses formes économiques, où nous retrouverons des penseurs et des concepts déjà cités.

Les multiples facettes du libéralisme économique

LA THÉORIE CLASSIQUE – LA MAIN INVISIBLE

Fondé sur un principe de laissez-faire, on trouve au cœur de ce courant notre cher Smith. L’Écossais avance l’idée que les individus, en poursuivant leurs propres intérêts, contribuent de manière indirecte au bien-être général avec un marché qui se régule seul par la loi de l’offre et la demande, avec un cadre étatique qui se limite aux fonctions régaliennes.

Cette théorie se verra complétée par l’apport de Ricardo avec son concept d’avantage comparatif qui vise à encourager le commerce international avec des spécialisations ciblées pour favoriser l’échange, un peu comme les échanges entre la Belgique qui se concentre sur la production de bières et la France sur la production de vins.

LE NÉOLIBÉRALISME

En réaction au keynésianisme, théorie qui promeut une intervention de l’État avec des politiques de la demande, le néolibéralisme a pour ambition de remettre la liberté du marché au goût du jour. Friedman soutient que l’État ne doit se limiter qu’au contrôle de l’inflation dans sa politique monétaire tandis que Hayek est partisan de l’économie libre. Ces concepts seront utilisés par Thatcher et Reagan dans un but de renforcer la compétitivité des économies.

L’ORDO LIBÉRALISME

Née dans les années 30 en Allemagne dans l’École de Fribourg, l’ordo libéralisme se veut comme une réponse au capitalisme sauvage qui a entrainé le krach boursier de 1929. Son épine dorsale se caractérise par un rôle étatique garant de la concurrence libre et loyale, empêchant les monopoles et les abus. Sans vouloir diriger l’économie, l’État doit préserver la justice sociale et le bon fonctionnement du marché. Cette théorie sera d’ailleurs dans les fondements économiques de l’Union européenne.

LE LIBÉRALISME SOCIAL

Au regard de la Question sociale, John Stuart Mill propose un modèle qui préserve la liberté économique mais qui la concilie avec un rôle étatique plus important quant à la protection des individus vulnérables, à la garantie de l’accès à l’éducation pour tous, à la santé et à une redistribution des richesses. Ce modèle devient très utilisé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et est à la base de la sécurité sociale.

LE LIBÉRALISME VERT

Peu connue mais pourtant intéressante au XXIe siècle, le libéralisme vert ou l’éco-libéralisme cherche à inclure la question climatique dans le marché économique grâce à des politiques de développement durable à travers des mécanismes de marché tels que la taxe carbone, les quotas de pollution échangeables et l’investissement dans les technologies vertes. L’idée est

que l’investissement intelligent conduirait à faire des marchés économiques les moteurs de la transition en se basant sur la responsabilisation des acteurs privés.

Que ce soit dans la sphère politique ou économique, les formes du libéralisme – ou oserions-nous dire « les libéralismes » –, se complètent et s’opposent constamment mais ont toujours un point commun : une volonté d’organiser la société autour de la liberté. Pour ce faire, différents penseurs ont apporté leur contribution dans l’Histoire avec des propositions diverses permettant d’appliquer le modèle libéral. Selon les époques et les interprétations, le libéralisme prend des formes variées, allant de la gauche à la droite. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, la gauche fut libérale, principalement sous la Restauration. Sur le plan économique et sur le plan politique, elle était sous l’influence de deux idées que l’on a abordées, à savoir le libéralisme social et le libéralisme utilitariste.

Les défis du XXIe siècle nous poussent à penser le libéralisme autrement. À l’heure actuelle, ses déclinaisons ne sont pas suffisamment efficaces, notamment concernant l’enjeu climatique. À nous, la jeune génération, de trouver la clé qui permettra de répondre aux enjeux majeurs des problématiques sociales, climatiques, économiques et industrielles ! 

Nassim Sabibi
Étudiant, CEL ULB

LE LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE allié

du conservatisme social ?

Dans l’arène des idées politiques, le terme « libéralisme » est souvent associé à la liberté économique, tandis que le « conservatisme » renvoie à la préservation des valeurs sociales et culturelles traditionnelles. Si ces deux courants semblent à première vue opposés, une doctrine a émergé, tentant de concilier ces deux visions : le « libéralisme conservateur ». Mais cette alliance entre libéralisme économique et conservatisme social estelle tenable et cohérente ?

Le libéralisme économique : un moteur d’émancipation individuelle

Le libéralisme économique repose sur une vision où le marché libre, l’initiative individuelle et la concurrence sont les principaux moteurs de la prospérité. Les partisans de cette philosophie, tels que Friedrich Hayek ou Milton Friedman, prônent la réduction du rôle de l’État dans l’économie afin de maximiser la liberté individuelle et l’efficacité du marché. Pour eux, une société prospère est celle qui permet à chaque individu d’agir librement dans la sphère économique, sans subir un contrôle étatique excessif.

Cette vision, profondément antiétatique, se heurte pourtant à un paradoxe. Si l’émancipation individuelle est l’objectif suprême du libéralisme économique, comment concilier cela avec un conservatisme social qui cherche à préserver un cadre moral et culturel traditionnel ? Les critiques du libéralisme conservateur soulignent cette contradiction, arguant que la liberté économique mène inévitablement à des transformations sociales et culturelles qui érodent les valeurs conservatrices.

PAR NATHAN BERCKMANS

Le conservatisme social : un garde-fou contre l’individualisme débridé

Le conservatisme social, quant à lui, valorise la stabilité des institutions sociales telles que la famille, la religion et les traditions culturelles. Ces conservateurs s’inquiètent des conséquences de l’individualisme promu par le libéralisme économique. Selon eux, une société qui se concentre uniquement sur la liberté individuelle risque de briser les liens sociaux et de déstabiliser les structures morales qui ont prouvé leur efficacité au fil du temps.

Pour des penseurs comme Edmund Burke, la préservation des coutumes et des valeurs morales est essentielle à la stabilité d’une société. Les conservateurs craignent que la poursuite effrénée de la richesse et du progrès économique n’entraine une rupture des repères moraux, ouvrant la voie à un relativisme culturel. Ainsi, ils cherchent à freiner les changements sociaux rapides induits par le capitalisme et à maintenir un ordre moral ancré dans la tradition.

Une alliance pragmatique ?

Malgré ces différences, il existe un courant de pensée qui tente de réconcilier le libéralisme économique et le conservatisme social. Les partisans du libéralisme conservateur soutiennent que les deux doctrines ne sont pas forcément contradictoires, mais peuvent à l’inverse se compléter. Selon eux, un marché libre peut coexister avec un cadre social stable, à condition que certaines institutions morales soient préservées pour éviter les excès de l’individualisme économique.

Le libéralisme conservateur postule que le rôle de l’État doit être minimal dans les affaires économiques, mais qu’il peut intervenir pour défendre des valeurs sociales clés telles que la famille ou la religion. En d’autres termes, l’État doit garantir la liberté des acteurs économiques tout en protégeant les fondements moraux de la société. Ce compromis se manifeste notamment dans des partis politiques contemporains, comme le Parti Républicain aux États-Unis ou certains courants au sein de la droite européenne, qui prônent la liberté de marché tout en s’opposant aux réformes sociales progressistes.

Un équilibre fragile

Cependant, cette alliance entre libéralisme économique et conservatisme social repose sur un équilibre délicat. En effet, l’histoire montre que les périodes de libéralisation économique sont souvent accompagnées de changements sociaux rapides, qui peuvent bousculer les valeurs traditionnelles. Par exemple, l’essor du néolibéralisme dans les années 1980 a coïncidé avec une montée en puissance des droits individuels (notamment sur les questions de genre et de sexualité), souvent en contradiction avec les principes conservateurs.

En outre, certains critiques soulignent que le libéralisme conservateur tend à utiliser la liberté économique comme un prétexte pour préserver les privilèges des élites économiques tout en limitant les droits sociaux de certaines minorités. Selon eux, cette vision sert davantage à maintenir un statu quo favorable aux puissants qu’à garantir une véritable émancipation économique et sociale pour tous.

Un mariage de raison ou de déraison ?

L’alliance entre le libéralisme économique et le conservatisme social continue d’alimenter les débats politiques. Si certains voient dans le libéralisme conservateur une tentative cohérente de maintenir l’ordre social tout en promouvant la liberté économique, d’autres y décèlent une contradiction fondamentale. Ce qui est certain, c’est que cette approche cherche à répondre à une question cruciale : comment concilier liberté économique et stabilité sociale dans un monde en perpétuelle mutation ?

Le libéralisme conservateur y apporte une réponse pragmatique, mais ses limites, notamment face aux transformations sociales rapides, restent une source de tension.

Ainsi, la question demeure ouverte : le libéralisme économique peut-il réellement être l’allié du conservatisme social, ou s’agitil d’une alliance de circonstance, vouée à se fissurer face aux bouleversements contemporains ? 

Nathan

INTERVENTIONNISTES LES POLITIQUES face au libéralisme

Le libéralisme est un courant qui repose sur les valeurs de responsabilité, de liberté individuelle et d’émancipation. Depuis toujours, cette idéologie se décline sous diverses formes comme la liberté d’expression ou la concurrence. Mais de nos jours, les États optent de plus en plus régulièrement pour l’instauration de politiques gouvernementales interventionnistes afin de répondre aux défis sociaux. Les mesures prises frôlant parfois l’assistanat, il est naturel de se questionner quant à la pertinence des principes libéraux tels que nous les connaissons. Comment la philosophie libérale peut-elle répondre à l’interventionnisme croissant dans notre société ?

INTERVENTIONNISTES POLITIQUES

LES ORIGINES DU LIBÉRALISME

Le libéralisme émerge au XVIIIe siècle à la suite du développement de la philosophie des Lumières. Les philosophes libéraux emblématiques de cette époque tels que Voltaire, Montesquieu, Emmanuel Kant ou encore John Locke ont mis en avant les principes de liberté individuelle, de responsabilité morale et de coopération internationale qui demeurent des fondements de la pensée libérale. Ces penseurs estiment que chaque être humain dispose de droits et libertés inhérents à la nature humaine. Ils doivent alors être protégés sous un prisme étatique. Le but n'est donc pas de restreindre ces droits mais bien de les garantir coûte que coûte, le libéralisme s’opposant de facto à l’absolutisme.

En Belgique il faudra attendre le XIXe siècle pour que la pensée libérale gagne de plus en plus en notoriété jusqu’à la révolution belge de 1830, menant à l’indépendance de notre pays et à la proclamation de notre Constitution dès l’année suivante. Cette dernière est considérée comme étant l’une des plus libérales du monde au moment de son adoption bien qu’établissant le suffrage censitaire, consacrant ainsi l’inégalité politique.

LES ENJEUX DU LIBÉRALISME EN 2024

Nous faisons face à de nombreux défis liés à l’insécurité, à l’environnement ou encore à la croissance des inégalités économiques. Ce qui ne mène qu’à une chose : inciter les États à s’immiscer davantage dans ces domaines en établissant des politiques gouvernementales interventionnistes à des secteurs fréquemment régulés par des acteurs privés. Une telle intervention défie la nature du libéralisme classique, tel que décrit plus haut. Il s’agit pourtant d’une aubaine afin de reconsidérer les principes libéraux dans le but de les adapter à ces trois enjeux actuels auxquels nous sommes confrontés : la sécurité, l’environnement et l’économie.

#SÉCURITÉ : une inéluctable liberté

La sécurité est au cœur de nombreux débats ces derniers mois. De nombreuses inquiétudes sont émises sur le sujet, comme le démontre La Libre Belgique en avril 2024. Trop de Belges ne se sentent pas en sécurité dans leur quartier. Cette insécurité liée aux fusillades à répétition, au terrorisme, au trafic de drogue ainsi qu’à la criminalité ne fait qu’accroitre la volonté de l’État d’augmenter sa surveillance. Ce développement de la sécurité ne peut toutefois se faire au détriment du respect de la vie privée et des libertés individuelles. Il est essentiel d’y trouver un équilibre.

En Région Bruxelles-Capitale, alors que la criminalité baisse depuis les années 2000, celle-ci a cessé de s’améliorer et la RTBF nous informe en octobre 2024 que le nombre de délits enregistrés par la police est en hausse depuis 2016. Il serait possible d’adopter une approche qualitative plutôt que quantitative des mesures de sécurité en mettant l’accent sur l’efficacité et la sévérité des sanctions afin de satisfaire les principes libéraux tout en assurant la sécurité de l’ensemble de la population.

#ENVIRONNEMENT : un équilibre entre responsabilité et liberté

Les bouleversements climatiques marquent parfaitement la dualité entre les enjeux sociétaux et le libéralisme au sens auquel on l’entend classiquement. Et pourtant, libéralisme et protection de l’environnement ne sont pas des antonymes. L’une des valeurs phare est la liberté individuelle. Elle se complète par celle de la responsabilité, notamment envers autrui. Chacun a le droit de vouloir vivre et évoluer dans un environnement sain. De ce fait, ce principe de responsabilité individuelle permet d’inciter le développement d’innovations technologiques ayant pour but de trouver des solutions écologiques en garantissant la liberté de tout un chacun.

Diverses mesures peuvent pousser à la préservation de l’environnement sans pour autant ajouter de nombreux points négatifs aux acteurs qui devront s’y accommoder. Autre que la taxe carbone, l’instauration de mesures tendant à des réductions fiscales pour les particuliers

et entreprises qui opteraient pour des stratégies durables tendrait vers une transition écologique en faisant la promotion d’innovations éco-responsables menées par le secteur privé. L’État ferait donc preuve d’une ingérence minime de manière à sauvegarder l’environnement commun à tous, tout en réaffirmant la liberté individuelle de chacun de se tourner ou non vers ce type d’innovation.

#ÉCONOMIE : une liberté solidaire

La récession de 2020, conséquence du Covid-19, a ravivé bon nombre de discussions quant au soutien étatique concernant les protections sociales et la relance économique. Dans une telle situation, il n’y a pas lieu d’envisager le libéralisme de manière binaire comme favorisant les acteurs et intérêts privés et délaissant les autres. A contrario, nous pouvons adopter une vision moderne du libéralisme en l’associant avec un aspect coopératif.

Il est possible d’encourager l’innovation et le libreéchange tout en garantissant une couverture sociale ; les deux ne sont pas inconciliables comme en témoigne le libéralisme social. Un État peut proposer des stratégies gouvernementales axées sur l’éducation et la méritocratie tout en prévoyant des protections à celles et ceux dans le besoin.

En route vers un libéralisme compatible avec les enjeux modernes

Le libéralisme n’est pas un socle de valeurs immuables, ces dernières évoluent avec leur temps pour répondre aux besoins rencontrés par les individus. Dorénavant, chacun jouit de la possibilité d’entreprendre selon ses propres choix dans un système où l’État se doit de garantir les libertés des uns et des autres en ciblant des domaines tels que l’innovation et l’éducation dans lesquels il va s’immiscer pour protéger ce libre arbitre.

En se réinventant quelque peu, le libéralisme peut donc toujours conserver sa place dans notre société. Cela n’est possible que s’il s’acclimate aux enjeux modernes tout en conservant ses fondements que sont la liberté et la responsabilité individuelle pour ne pas perdre de vue son identité. 

Eva Mouassi
Rédactrice en chef

d'expression ' La liberte

UN DROIT FONDAMENTAL D'INSPIRATION LIBÉRALE

La liberté d’expression, inspirée par les principes libéraux, constitue un élément central des démocraties modernes. D’une part, des penseurs comme John Stuart Mill défendent une expression sans entrave, même pour des opinions controversées. D’autre part, des restrictions légales sont mises en place pour protéger les droits individuels et maintenir l’ordre public. Bien que la liberté d’expression soit un droit précieux, son exercice est soumis à des contraintes nécessaires pour préserver la démocratie. En analysant ces deux dimensions et en examinant les fondements philosophiques et juridiques, cet article fournit une compréhension claire des enjeux contemporains liés à la liberté d’expression.

PAR NICOLAS HEYNDERICKX

Un droit fondamental ' d'inspiration libe rale

La tradition libérale comme fondement de la liberté d’expression

Le libéralisme est une doctrine politique cherchant à limiter le pouvoir des gouvernants sur les individus et la société civile. Il valorise la liberté individuelle, la propriété privée, le libre marché et l’autonomie personnelle. La doctrine soutient que la liberté d’expression est fondamentale pour le progrès social et économique, car elle permet le débat ouvert et la critique nécessaire à la démocratie. Les premiers auteurs libéraux classiques ont joué un rôle clé en reconnaissant les droits naturels inhérents à chaque individu et les effets de la liberté d’expression.

Dès 1644, John Milton écrivait que la liberté d’expression est un préalable essentiel à la recherche de vérité. Dans sa Lettre sur la tolérance, publiée en 1689, John Locke milite pour l’établissement de la liberté d’expression, de croyance et de tolérance religieuse. Pour le philosophe, la liberté de pensée et d’expression concerne prioritairement la manifestation et la pratique des croyances religieuses au sein de l’État, ainsi que l’autonomie mutuelle du pouvoir temporel et spirituel. Cette vision souligne l’autonomie de l’individu dans la société politique, en garantissant que chacun peut librement exprimer ses propres convictions sans ingérence extérieure, qu’elle soit légale ou factuelle. Cette approche négative, qui limite l’intervention de l’État aux activités ou expressions pouvant nuire à autrui, se retrouve également chez John Stuart Mill. Selon Mill, les individus, agissant seuls ou à plusieurs, ne peuvent restreindre la liberté d’autrui que pour garantir leur propre sécurité. La communauté ne peut légitimement exercer la force contre un autre de ses membres que pour prévenir un préjudice causé aux autres. Le progrès se réalise d’abord par l’échange d’idées et de connaissances. Ainsi, l’avènement de la liberté d’expression découle prioritairement de l’investissement d’auteurs libéraux.

Le cadre législatif et la protection de la liberté d’expression

Définir la liberté d’expression n’est pas un exercice aisé, tant son sens varie à travers l’espace et le temps. Néanmoins, l’Histoire a démontré que la liberté d’expression est un droit fondamental dans toute société démocratique, car il octroie aux individus le droit d’exprimer leur opinion sans risquer d’être sanctionnés. Elle a été consacrée, pour la première fois, par les articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Ces principes généraux seront ensuite traduits sous des formes similaires dans les constitutions nationales et textes internationaux.

Dès la création de l’État belge, le législateur adopte une posture résolument novatrice pour l’époque, la liberté d’expression devenant un droit fondamental reconnu et protégé par la Constitution de 1831. Celle-ci accorde également une protection accrue à la liberté d’opinion, d’enseignement, de la presse et à la liberté d’expression des gouvernants, au travers des articles 19, 24, 25 et 58. Ce principe fondamental est repris sous des formes comparables dans divers textes internationaux : CEDH, Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne et PIDESC. Par la suite, le législateur a dû limiter, progressivement, la liberté d’expression lorsqu’elle portait atteinte aux droits d’autrui.

La Cour constitutionnelle belge définit la liberté d’expression comme le droit d’exprimer ses opinions librement et par tous moyens, sous réserve des sanctions en cas d’abus. Elle inclut la liberté de rechercher, recevoir et diffuser des informations, quelle que soit leur forme. Cependant, ce droit fondamental reste encadré par des limites légales.

À l’échelon supranational, la CEDH adopte une approche similaire à celle décrite précédemment. Son article 10 consacre le droit à la liberté d’expression, que la Cour a étendu à Internet. Les internautes doivent pouvoir exprimer librement leurs opinions politiques, leurs convictions spirituelles et éventuellement religieuses, ce qui découle de la liberté de pensée, de conscience et de religion, consacrée à l’article 9 de la CEDH. Cette liberté couvre à la fois les idées favorables, mais aussi celles pouvant heurter ou inquiéter. Une pondération doit être maintenue entre, d’une part, le droit à la liberté d’expression et, d’autre part, le droit à la protection de la réputation protégé par l’article 8 de la CEDH relatif au respect de la vie privée. Ainsi, la cour a réaffirmé que

les droits garantis par les articles 8 et 10 doivent être protégés de manière équivalente.

En définitive, la liberté d’expression est un principe fondamental ancré dans le droit belge, européen et international, mais elle n’est pas absolue. Sa manifestation est encadrée par diverses dispositions législatives. Depuis 1789, l’excès de cette liberté fondamentale est envisagé pour, d’une part, protéger cette liberté face aux bouleversements sociétaux et, d’autre part, pour limiter son application lorsqu’elle entre en contradiction avec d’autres droits fondamentaux ou évolutions politiques.

Le législateur est donc confronté à une question difficile : jusqu’à quel point peut-on limiter une liberté fondamentale sans briser son essence ? Désormais, le développement des nouvelles technologies a complexifié davantage la conciliation entre liberté d’expression et contraintes d’ordre public.

John Stuart Mill et

la défense de la liberté d’expression

Les libertés fondamentales liées à l’expression et à la communication des opinions sont au cœur de la tradition libérale et figurent également dans les textes législatifs de la plupart des démocraties, souvent en référence à un cadre normatif antérieur. La philosophie libérale a forgé une orientation distinctive en mettant en avant la valeur intrinsèque de la liberté et les bénéfices qu’elle engendre pour les individus et la société, qu’il s’agisse d’épanouissement personnel ou de bien-être collectif.

Dans son œuvre De la liberté, parue en 1859, John Stuart Mill se positionnait en faveur d’une liberté d’expression aussi illimitée que possible. Cette virulente défense, bien qu’écrite au 19e siècle, reste pertinente aujourd’hui. Pour le philosophe, la liberté d’exprimer ses opinions est une chose bonne pour la société, car elle permet d’atteindre la vérité. Si l’on instaure des freins à la liberté d’expression, certaines opinions ne pourraient être exprimées, ce qui nuirait à la condition de liberté.

La liberté d’expression permet, dans une société donnée, que l’individu puisse exprimer une opinion qui se détache de celle partagée par la majorité. Néanmoins, en général, une tension continue de persister à l’égard de ceux qui osent mettre en doute les opinions d’autrui (alors qu’eux les considèrent fondamentales). La liberté d’expression, socle de toute démocratie, tend à favoriser la diversité des opinions. Les individus doivent accueillir favorablement la polémique, la recherche de la vérité

supposant la confrontation entre allégations opposées. Finalement, pour Mill, plus une société tolère la liberté d’expression, plus celle-ci rayonnera.

La limitation et la restriction du discours public

Sous couvert de dénonciations de diverses opinions, jugées dangereuses, blessantes, on assiste à une forme de censure de la liberté d’expression et de polissage du discours public, à une tyrannie du politiquement correct et de la bien-pensance. Tout discours critique, conservateur ou minoritaire se voit vite réprimandé ou dénoncé de toute part sous prétexte qu’il serait offensant pour telle ou telle communauté – à l’exception des propos incitant à la haine, préjudiciables ou portant atteinte à la dignité humaine qui sont à proscrire. Des discours, pouvant être légèrement offensants, sont directement interprétés comme une attaque par certains, ne parvenant plus à prendre du recul sur les faits – les émotions priment sur la rationalité. Pourtant, à l’inverse du discours haineux qui s’attaque directement à un individu ou à un groupe dans l’objectif de le dévaloriser sur la base d’un critère identitaire (sexe, ethnie, âge, etc.), la portée du discours offensant se rattache à une personne ou un groupe sans viser à le dénigrer, même s’il peut avoir pour effet, à des degrés variés, de blesser la personne ou le groupe.

Le problème de la liberté d’expression semble donc se poser quand un différend entre opinions contraires se présente. Une opinion peut avoir deux sens : c’est ce qu’une personne tient pour vrai, comme une croyance religieuse, une théorie scientifique ou une proposition que l’on tient pour vraie sans pour autant détenir des preuves (il s’avère que l’on tente de plus en plus à réduire ces opinions fausses). Cette vision se détache de la position de Mill qui soutenait qu’il n’est pas possible de justifier l’interdiction d’une opinion. Pour Mill, il n’y a pas moins de tyrannie à ce que la majorité impose son opinion à une minorité constituée d’un seul, qu’un seul homme à une majorité ; il tend surtout à dénoncer la tyrannie de la majorité en démocratie. Si nos sociétés

prennent de plus en plus en compte les revendications de certaines minorités, d’autres voient leurs discours réprimandés car ils sont catégorisés comme nuisibles ou immoraux.

L’importance des opinions contestées dans la société

Pourquoi limiter la liberté d’expression des « mauvaises opinions » alors qu’elles sont pourtant utiles ? Pour commencer, si une opinion est personnelle, pour exister, elle doit pouvoir être exprimée. Empêcher quelqu’un d’exprimer son opinion, c’est donc lui nuire et l’empêcher de manifester ses actes propres. De plus le bénéfice de l’opinion ne s’arrête pas à l’individu qui la formule, elle l’est aussi pour tous les autres qui peuvent l’entendre, y adhérer ou la contester. Si on empêche systématiquement l’expression d’une opinion, on entrave le fait que d’autres personnes puissent l’approuver et la soutenir :

Si on considère une opinion comme juste ou vraie, interdire l’expression de cette opinion pourrait porter atteinte à tous ceux qui auraient pu l’entendre puisque les choses qu’elle implique ne pourront être déployées. Politiquement parlant, des modifications potentiellement profitables à la société sont rendues impossibles.

Si on considère une opinion comme fausse, on porte encore atteinte, mais de façon moindre, à la communauté. L’expression d’une opinion fausse permet, après démonstration, de renforcer l’opinion vraie.

Alors que l’on incrimine certaines opinions pour leurs gênes néfastes, notamment en politique, ou que l’on estime que la connaissance de la liberté suffit et justifie la censure, Mill défend une liberté d’expression absolue. Son argumentation repose sur la règle suivante : toute opinion, quelle qu’elle soit, appartient à la société et que la recherche de la vérité ne perd jamais à l’expression de toutes les opinions, y compris les plus fausses. Nos démocraties auraient-elles atteint leurs limites ?

Jusqu'a quel point peut-on limiter sans briser son essence ? une liberte fondamentale ... ' '

Si la liberté d’expression demeure, elle n’est pas absolue. Le droit européen met à disposition des États-Membres des outils juridiques pour éviter les débordements. Le trouble à l’ordre public et l’abus de liberté, dans le cadre de la loi, constituent les limites d’exercice de la liberté d’expression. Le second paragraphe de l’article 10 de la CEDH pose un juste équilibre en autorisant la soumission de la liberté d’expression à certaines formalités, restrictions, conditions ou sanctions. Ces restrictions doivent être établies par la loi et représenter des mesures indispensables dans une société démocratique, telles que la prévention de la criminalité, la protection de la morale, ainsi que la sauvegarde de la réputation et des droits d’autrui. Le principe de la liberté d’expression est donc pondéré par la nécessité de respecter les droits individuels.

La xénophobie et les discours haineux face à la loi

Sous couvert de liberté d’expression, le discours populiste propage une rhétorique xénophobe suscitant, à certains égards, des expressions ouvertement hostiles, reposant sur des divisions intentionnelles de la société selon des critères nationaux, ethniques ou religieux. En diffusant un discours fondé sur des clivages identitaires, le populisme menace le modèle sociétal européen inclusif et risque d’ébrécher les principes de la liberté d’expression, basés sur la tolérance, qui constituent les fondements des sociétés démocratiques européennes. Ce discours émerge dans des contextes de ruptures de liens sociaux et substitue les liens de solidarité par des liens mythiques fantasmés. Il cherche à capitaliser sur les attitudes d’une partie de la population, en jouant sur des sujets clivants comme le dégout pour une minorité désignée, la croyance dans les idées préconçues qui justifient les actes de discrimination et la haine de l’étranger.

Dans ce cadre, la préservation de l’ordre public peut justifier des restrictions à la liberté d’expression, y compris en ligne. Ces dispositions permettent, dans une certaine mesure, de lutter contre les discours alimentant la discrimination et la haine. Par exemple, en France, la loi LOPPSI permet aux autorités administratives de bloquer des sites Internet diffusant des contenus illicites, tels que ceux incitant au terrorisme ou contenant des images pédopornographiques. Par ailleurs, des sanctions pénales s’appliquent pour l’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine ou la diffusion de messages négationnistes, car la liberté d’expression ne peut pas être utilisée pour justifier la promotion de telles activités. De même, la liberté d’expression ne peut justifier la diffamation, l’atteinte à la vie privée, ou la violation de la présomption d’innocence.

La liberté d’expression, au cœur des principes démocratiques, est un droit fondamental inspiré par la pensée libérale. Cependant, elle n’est pas absolue et se trouve limitée par la nécessité de protéger les droits d’autrui et de préserver l’ordre public. En Belgique et en Europe, des lois encadrent cette liberté, assurant ainsi un équilibre entre l’expression individuelle et la cohésion sociale. Si la liberté d’expression permet le débat et la confrontation d’idées, elle impose aussi la responsabilité de prévenir les dérives, notamment les discours de haine, sans pour autant censurer la diversité des opinions essentielles au progrès démocratique. 

Nicolas Heynderickx
Membre de la FEL

D’AUTRES FENÊTRES…

PAR LA FÉDÉRATION DES ÉTUDIANTS LIBÉRAUX

Le libéralisme et ses défis sont en perpétuelle évolution et ne cessent de se complexifier. Nous vous avons concocté une sélection de références afin de vous plonger dans des œuvres qui nourriront votre curiosité et votre réflexion sur cette philosophie libérale. Film, série, livre, application… ces fenêtres figurent au sein du Blue Line pour vous emporter dans des histoires captivantes et vous permettre d’explorer les différentes facettes du libéralisme qui bientôt n’auront plus aucun secret pour vous. Bonne découverte !

SÉRIE

House of Cards de Beau Willimon, 6 saisons, 2013-2018.

Si vous n’avez jamais vu House of Cards, c’est l’occasion parfaite ! Vous découvrirez tout de l’envers du pouvoir. House of Cards met en scène Frank Underwood, un antihéro, politicien ambitieux cherchant à tout prix à atteindre le sommet. Un véritable thriller politique où l’on s’interroge sans cesse sur le repoussement de nos limites. À quoi seriez-vous prêt pour défendre votre vision de la liberté et du pouvoir ? La série vous fera probablement vous questionner sur la manipulation, la transparence et les limites de l’État

De la liberté de John Stuart Mill, 1859. Dans cet ouvrage clé pour la pensée libérale, John Stuart Mill explore la question de l’ingérence de l’État et défend les principes de liberté individuelle et d’autonomie qui sont les fondamentaux du libéralisme classique. Il plaide pour des gouvernements limités et revendique l’importance de la liberté d’expression. Nous sommes dans une ère où des États et entreprises exercent de plus en plus de pression sur la vie privée des individus, faisant écho aux idées de Mill qui reprennent toute leur importance.

Le récit de Mill vous incite à être constamment attentifs à ne pas verser dans la tyrannie mais aussi à préserver cet impératif de liberté face aux menaces d’absolutisme et d’autoritarisme.

APPLICATION

POLITICO Europe Édition

du groupe Axel Springer, 2014.

Politico, c’est une application permettant de suivre de manière hebdomadaire l’actualité et les stratégies politiques européennes. Initialement fondé à Washington, il s’agit d’abord d’un média américain qui s’est ensuite étendu à notre continent avec une version spécifique sur la politique européenne, basée à Bruxelles. Avec son interface interactive, Politico offre une couverture globale en combinant l’actualité locale européenne avec les tendances internationales.

Cette app offre un accès direct à des analyses et des débats politiques, elle contribue à ce que vous restiez informés sur les sujets qui façonnent politiquement notre monde, n’hésitez donc pas à vous en servir.

FILM

JFK

d'Olivier Stone, 1991.

LIVRE

Une farouche liberté de Gisèle Halimi avec Annick Cojean, 2020.

Une autobiographie rédigée par Gisèle Halimi, coécrite avec la journaliste Annick Cojean. Ce livre retrace l’histoire de Gisèle Halimi, avocate et militante féministe connue pour ses combats juridiques pour l’égalité entre les sexes. Gisèle Halimi nous partage son parcours personnel et professionnel, allant à l’encontre d’un système juridique patriarcal en mettant en avant ses luttes pour les droits des femmes, notamment via son rôle d’avocate dans le procès de Bobigny en 1972.

Un récit poignant qui vous rappelle l’importance de la liberté individuelle et du droit à disposer de son corps.

Ce thriller politique nous plonge dans l’enquête du procureur Jim Garisson qui remet en question le rapport officiel de l’assassinat de John F. Kennedy. Pour le procureur, il est impossible que le coupable désigné ait opéré seul, jusqu’à orienter ses investigations vers l’hypothèse d’un complot. Grâce à une intrigue haletante et un casting prestigieux (Kevin Costner, Gary Oldman, Tommy Lee Jones et Donald Sutherland), le film nous dévoile l’envers du pouvoir américain ou comment des forces à priori invisibles influencent et manipulent la vérité. JFK est plus qu’une simple enquête historique, c’est une réflexion croisée sur la politique, l’argent et le pouvoir.

Ce film doublement oscarisé remet en question la manipulation de l’information ainsi que la politique en elle-même tout en ayant pour cadre une affaire aussi fascinante que mystérieuse, vous serez conquis.

Le scrutin du 5 novembre 2024, dans la plus grande démocratie du monde, allait être historique. Lors d’un vote qui devait mettre un terme à une campagne présidentielle à l’allure hollywoodienne digne d’un scénario tragi-comique, les observateurs d’ici et d’ailleurs et, surtout, les citoyens des États-Unis, ont achevé de retenir leur souffle. Plus de 75 millions d’électeurs ont fait le choix, par les urnes, de se doter à nouveau de Donald Trump comme président. Il faut bien admettre que le controversé 45e et désormais, 47e président des ÉtatsUnis a réussi l’un des plus grands come-back de l’histoire du pays. Battu lors de l’élection précédente, visé par deux enquêtes pénales avec 91 chefs d’accusation et deux procédures de destitution, vilipendé par l’ensemble de la classe médiatique, le magnat de l’immobilier était diagnostiqué « politiquement mort ». Mort, il a d’ailleurs bien failli l’être

LA CARTE BLANCHE

LES ÉTATS-UNIS EN BALLOTS LE SCRUTIN DÉBALLÉ !

ENQUÊTE SUR UNE VICTOIRE HISTORIQUE

par deux fois, puisqu’il fut la cible de deux effrayantes tentatives d’assassinat. Loin s’en faut, et bien qu’il ait fait l’objet de tous les coups du sort possibles, Donald Trump n’est jamais tombé en rade de courage. Contre toute vraisemblance et détrompant ainsi tous les sondages, le candidat républicain a remporté cette élection haut la main en s’adjugeant les voix de 312 grands électeurs, la majorité absolue au Sénat, à la Chambre et pour les gouverneurs. « Last but not least », Donald Trump a également surclassé son opposante démocrate Kamala Harris sur le terrain des voix de préférence, sonnant par voie de conséquence, un retour en trompe à la Maison Blanche dont il avait été contraint de prendre le congé il y a quatre ans. Comment interpréter une telle victoire ? Que dit-elle, d’abord et surtout des États-Unis eux-mêmes mais aussi de l’Amérique, de ses partenaires et adversaires d’outre-Atlantique, de ses alliés et concurrents de l’autre côté du pacifique ?

De la crainte des « États-Désunis »… Parmi une multitude d’inconnues, une chose semble certaine, la mandature de Donald Trump « the 47th » ne sera pas la même que lorsqu’il était « the 45th », ni de celle qu’aurait été la sienne s’il avait été « the 46th ». Donald Trump parait désormais mesurer, la pleine et précise potentialité de son pouvoir. Les promesses électorales et autres saillies outrancières sont, une fois sorties de sa bouche, interprétées comme des menaces par ses opposants et par de nombreux éditorialistes, qui, jouant les Cassandre, voient en cet énergumène un danger potentiel pour la démocratie américaine sans toutefois parvenir à le démontrer autrement que par l’insulte. D’emblée, il faut être clair sur ceci : de danger, il n’y en a à vrai dire, que pour l’ordre établi, le fameux establishment1

Car Trump ne s’est jamais présenté comme un politicien professionnel par nature. C’est certainement devenu un realpolitiker mais d’abord et avant tout, un négociateur, un dealmaker, au franc-parler et qui raisonne invariablement en fonction et selon les intérêts des États-Unis. Il pratique une ligne politique en rupture de ban total avec le système. En cela, l’auteur de « The Art of the Deal » réussit à séduire, puis convaincre, une large majorité d’étatsuniens puisqu’il démarre d’un constat qui crève les yeux : le pays va mal et le président Biden, et toute son administration, en sont les responsables. Les states connaissent une crise de l’immigration sans précédent2, une évolution de l'indice des prix à la consommation de plus de 9 %, une poussée de la dette, une augmentation de la vétusté des infrastructures et enfin, la crainte d’une récession de l’ordre de 35 %. Autant de problèmes face auxquels le président Trump avait, au cours de son précédent mandat, réussi à obtenir des résultats convaincants et bénéfiques tant pour l’économie nationale que pour les travailleurs de la middle class.

Pour expliquer le succès de Donald Trump le 5 novembre dernier, je propose l’analyse suivante : à l’image des partis dits « de gauche » du Vieux Continent, le parti démocrate a abandonné la working class pour lui substituer les minorités de tous bords. On assiste à un glissement des questions sociales vers les problématiques dites sociétales. Les « élites éclairées », le « camp du Bien », se réclament dépositaires de toutes les vertus et ne rechignent pas à se draper de tous les oripeaux de la bonne vieille moraline. Partant, une fracture anthropologique et sociologique nette s’est créée au sein de la société américaine. Les étatsuniens

qui ne souscrivent pas à cette vision progressiste de la nation, de la culture et de la société que proposent les démocrates – lesquels sont au demeurant bien en peine d’arguer un programme qui tienne la route pour pallier aux difficultés que rencontre le pays de l’Oncle Sam –voient en Donald Trump, le leader d’un mouvement. Le « trumpisme » qui est sans doute plus grand encore que celui dont il tire le nom, ne s’inscrit pas vraiment dans l’ADN du parti républicain. Les problèmes pointés du doigt par Donald Trump et le conservatisme style « années 50 » qu’il met en place, beaucoup de citoyens y adhèrent et non plus seulement les républicains old school du country club3. Ainsi, les déçus de la politique traditionnelle – les citoyens qui se sentent trahis par ce qu’ils considèrent comme des renégats –, mais aussi les oubliés de la politique – du sudiste du fin fond de l’Oklahoma en passant par les patriotes en désaccord profond avec le libéralisme social de la new left & des R.I.N.O, aux évangélistes en quête d’un sauveur –, tous se sont sentis fédérés par Donald Trump et son colistier J.D Vance. C’est aussi le cas de la communauté des Amish, ce groupe ethno-religieux qui vit en marge du monde moderne et est d’ordinaire bien loin de se soucier des élections, qui s’est mobilisée en très grand nombre dans le swing state de Pennsylvanie, pour soutenir le candidat à la longue cravate rouge. Les Amish, très attachés à leur liberté, ont estimé que l’administration démocrate de Joe Biden avait restreint leurs droits de manière considérable en empêchant notamment les agriculteurs de cultiver leurs terres selon leurs propres méthodes rustiques. Il ne faut pas oublier que les citoyens des États-Unis sont les héritiers d’une longue tradition qui voit d’un mauvais œil toute intervention de l’État dans leurs affaires privées. Ils veulent qu’on respecte leurs libertés et qu’on les laisse tranquilles.

Tous ces individus, tout ce mélange diversifié de citoyens et de destins, au fur et à mesure que leur candidat danse au rythme du « Y.M.C.A » de Village People, préfèrent le souverainisme au mondialisme. Ils font le choix du protectionnisme plutôt que de l’impérialisme.

Ils délaissent une Kamala Harris qui a tendance à enfermer les gens dans des cases (minorités, racisés, discriminés, etc.) pour lui préférer un Donald Trump qui s’adresse à tous les Américains indépendamment de leur couleur4, leurs origines, leur identité de genre ou leurs convictions religieuses, pourvu que ceux-ci adhèrent à la vague America First. Le Trump chef d’État assure être là pour protéger son peuple, pas pour le mépriser, ni pour l’exposer ou le vendre à l’encan.

1 Il est d’ailleurs amusant de remarquer qu’au lendemain de leur défaite, de nombreux démocrates (tout est dans le nom), ont appelé à supprimer le vote populaire. La démocratie, oui, mais seulement lorsqu’elle s’inscrit dans leur narratif. Pas si elle lui prend l’idée loufoque de se calquer sur la réalité des évènements !

2 L’immigration, ce pré-carré de l’éléphant républicain dans lequel l’âne démocrate se garde bien de paître, était l’un des enjeux de cette élection. Pas moins de 3,2 millions d'entrées illégales de migrants ont été répertoriées rien que pour l’année 2023 avec tout ce que cela implique comme lot de violences, de trafic d’êtres humains et de trafic de drogues.

3 Si le « trumpisme » a perdu le soutien des élites urbaines les plus éduquées, il en a remporté d’autres lors du scrutin du 5 novembre : chez les hispaniques (47 %), chez les hommes afro-américains (23 %), chez les amérindiens (57 %). Démonstration, s’il en est, qu’il ne suffit pas de réduire un individu « racisé », pour reprendre un affreux vocabulaire en vogue, à sa couleur de peau pour déterminer son orientation politique.

4Avant d’affubler l’épithète de « raciste » à tire-larigot, j’invite tous les ayatollahs de la bien-pensance à s’interroger sur cet extrait vidéo, où l’on voit un journaliste du programme Quotidien interpeller un homme afro-américain pro Trump, s’en étonner et lui dire : « Pourquoi ne votes-tu pas pour Kamala ? Elle est noire, comme toi ! ».

Tout est dit.

312 grands electeurs

… à la crise des institutions. Les institutions américaines sont réputées « delorsiennes » du nom de Jacques Delors, pionnier de la construction de l’Union européenne. Ces institutions correspondent à une conception souvent dite « néo-conservatrice » de la politique et devenue fort bien compatible avec ce qui a été théorisé vers la fin des années 90 dans le Project for the new American century. Conformément à cette perspective, l’objectif principal des institutions est de soutenir la position dominante des États-Unis sur la scène internationale. En confisquant le rôle de « police du monde », le leadership américain bénéficierait ainsi non seulement aux États-Unis, mais également aux autres pays. Considération dont je ne ferai pas l’économie du conditionnel, bien entendu…

Faire le choix du mouvement M.A.G.A (Make America Great Again), c’est aussi marquer sa rupture avec des institutions parfois désuètes, à bout de souffle, parce que conçues pour la guerre froide et parce qu’édifiées dans le dessein de lutter contre le communisme. Les referendums locaux sont, à cet égard, éloquents à plus d’un titre. La volonté qu’ont les citoyens d’un changement de leurs institutions se traduit par le fait que de plus en plus d’États fédérés sont en train de récupérer leur souveraineté sur toute une série de questions (droit à l’IVG après 6 semaines5, usage du cannabis à des fins thérapeutiques, droit à la modification du drapeau étatique, mise en place de contrôles aux frontières, etc.)

On l’a vu, Donald Trump est le candidat du remaniement, le chef de file d’un autre système, et il est la résultante d’un constat qui est clair : les étatsuniens veulent reprendre le contrôle de leurs institutions desquelles découlent les pouvoirs judiciaire, législatif et exécutif.

Dans le même temps, lorsque Joe Biden est apparu fortement diminué dans ses capacités cognitives au

Source : Le Soir

cours des deux dernières années de son mandat, la question de savoir qui gouvernait réellement les ÉtatsUnis s’est alors posée de manière légitime. Mystère. Je ne m’avancerai dans aucune considération hasardeuse, toutefois certaines institutions, comme le département de la justice, semblent avoir préféré faire cavalier seul et ce faisant se sont octroyées de plus en plus de pouvoir, dans une sorte de « maccarthysme » à l’envers où, au lieu de chasser les communistes, les conservateurs sont devenus les proies. Quoi qu’il en coûte, une chose est certaine, Donald Trump va devoir s’assurer de reprendre le contrôle sur les trois principales structures décisionnaires que sont : le département d’État (la politique étrangère), le département de la défense (le pentagone) et le conseil à la sécurité nationale, de même que sur les dix-sept agences de renseignement (dont font partie le F.B.I et la C.I.A).

De l’autre côté de l'Atlantique. Les institutions européennes du vieux continent sont-elles, elles aussi, toujours viables ? Je pose la question et j’ose le parallèle. L’évolution ou l’immobilisme de certaines institutions ne devraient-ils pas être en adéquation avec la volonté des citoyens ? Comme chacun le sait, le parlement européen est une usine à gaz, c’est à la commission et aux commissaires, au demeurant non-élus, que reviennent de façon presque schizophrène, la double compétence législative et exécutive. Curieusement, face à chaque défi que propose le monde moderne, devant chaque conséquence que causent les guerres, face à toutes les problématiques liées au décrochage de l’industrie, toutes les difficultés en matière de sécurité ou de gestion de la dette mais aussi, à la moindre réjouissance, à chaque « succès » diplomatique, on nous dit plus d’Europe. Toujours plus d’Europe. On ne dit jamais, pas d’Europe, moins d’Europe ou à tout le moins, une autre Europe. Pourquoi pas une Europe des États nations par exemple ? Parce qu’à force de diluer la souveraineté

5 Le droit à l’IVG demeure illégal en toutes circonstances en Alabama, Arkansas, Idaho, Indiana, Kentucky, Louisiane, Mississippi, Missouri, Oklahoma, Dakota du Sud, Tennessee, Texas, Virginie Occidentale. Le droit à l’IVG demeure

des États membres, finissent par se produire les effets inverses de ceux recherchés ! À savoir, une Europe faible, dépendante et soumise.

Dans son style viril et sans langue de bois, Donald Trump le dit, il a besoin de partenaires solides. Tout comme l’étaient Nixon et Eisenhower, Trump est assez indifférent à la construction européenne et de plus, carrément hostile à l’O.T.A.N. Il y a fort à parier, qu’en bon realpolitiker, le président élu ne restaure certaines relations diplomatiques que si elles vont dans le sens de l’intérêt des États-Unis. Aux yeux de Trump, une guerre équivaut à un gaspillage de ressources. Lui qui n’est pas franchement l’ami du complexe militaro-industriel plutôt réputé démocrate, il est probable que l’afflux d’armes vers l’Ukraine soit dès lors stoppé, forçant de facto un dialogue avec la Russie de Vladimir Poutine. L’Union européenne devrait-elle alors encore livrer le combat ? Jusqu’à quel prix…

Car l’objectif de Trump est clair, il souhaite réduire la multipolarité des states, en faisant en sorte de renégocier chaque relation, chaque accord avec ses partenaires et adversaires de façon à ce qu’il devienne bilatéral. Les négociations ne satisferont le magnat de l’immobilier que si bien sûr, elles vont dans l’intérêt des U.S.A et génèrent des bénéfices pour qu’à terme, le pays demeure la première puissance militaire, monétaire et en matière de politique étrangère.

« All eyes on the East. » Il serait faux de penser que la politique de Donald Trump puisse être entièrement et exclusivement protectionniste. La (sur)consommation est bien implémentée au mode de vie de la majeure partie des étatsuniens. À titre de comparaison, si l’ensemble des 195 pays qui composent le globe consommaient autant que le pays de l’oncle Sam, il faudrait quatre à cinq planètes terres pour assouvir leurs besoins. Par conséquent, la poussée impérialiste des U.S.A ne peut être complétement interrompue. Et Donald Trump le sait bien. Si le discours du président élu souffre à l’endroit du réchauffement climatique d’un sérieux décalage avec la réalité, le pays est gourmand en terme de train de vie et pas question de le mettre à la diète.

Le milliardaire de 78 ans sera attendu dans la gestion qu’il entend faire de la dette américaine. Il pourra compter sur le soutien d’Elon Musk et de Vivek Ramaswamy, deux autres hommes d’affaires désormais en charge du ministère de l’efficacité gouvernementale pour mettre en place une ligne claire : réduire les dépenses fédérales, donner du travail aux gens et faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État.

Faire du fric, c’est le crédo de Donald Trump. Pour satisfaire la capacité de production des entreprises, le président devra faire en sorte de continuer à drainer des ressources naturelles et maintenir ainsi, une soft power américaine, notamment dans les pays du Golfe, mais aussi sur le continent africain où les mines de métaux rares ont été largement maîtrisées par la Chine ces dernières années. Par ailleurs, il est probable que le Venezuela, le Mexique et l’Amérique latine deviennent des terres alléchantes pour Trump en ce qu’elles renferment une quantité monstre de pétrole.

La réalité est la suivante, les États-Unis ne peuvent plus se permettre d’être en conflit ouvert, ne serait-ce qu’économique, avec la Chine et la Russie dans le même temps. La possibilité de l’émergence d’une sorte de G3 entre ces trois grandes puissances, qui partagent des intérêts et au sein duquel chacune tentera de tirer son épingle du jeu, est bien réelle.

Les cartes sont redistribuées entre l’Orient et l’Occident. Les pays de l’Union européenne, non-contents d’être des États suiveurs derrière le leader américain, doivent à présent reprendre leur destin en main. Il est inutile pour l’Europe de s’apitoyer sur son sort et privé de sens de voir en Trump un destructeur, pas plus qu’il n’est un sauveur. Le salut ne viendra pas non plus d’institutions fagocitées par des technocrates qui sont là pour se servir plutôt que pour servir les intérêts des citoyens qu’ils sont censés représenter. Il est l’heure du grand sursaut citoyen, du regain d’une souveraineté qui soit nationale avant d’être européenne, car sans États forts qui peuvent s’adresser aux U.S.A, à la Russie ou à la Chine dans le blanc des yeux, le projet européen de demain sera de toute façon, voué à l’échec. 

Secrétaire général de la FEL

Louis Mareschal

LE RÔLE DES JEUNES DANS LA POLITIQUE LOCALE

VERS UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D'ACTEURS POLITIQUES

Les récentes élections communales en Belgique ont mis en avant une tendance notable : la participation croissante des jeunes dans les instances locales. En effet, en tant que futurs décideurs et citoyens engagés, les jeunes s’impliquent de plus en plus dans la politique locale, influençant ainsi directement les décisions qui affectent leur quotidien. Cet article examine comment cette montée en puissance des jeunes dans la politique locale s’explique et quel impact elle a sur leurs communautés.

L’importance de la politique locale pour les jeunes

La politique locale est souvent le premier espace d’engagement pour les jeunes. Contrairement aux niveaux nationaux ou européens, les enjeux locaux — tels que la sécurité, la propreté et l’aménagement du territoire — sont perçus comme plus accessibles et concrets. Cependant, bien que les jeunes représentent une part importante de la population, leur présence au sein des conseils communaux demeure faible, soulignant ainsi la nécessité d’encourager leur implication dans la prise de décision locale. En s’engageant dans ces processus, les jeunes ont l’opportunité de faire entendre leur voix et de proposer des solutions aux défis qui les touchent directement. Par ailleurs, leur participation active peut contribuer à une dynamique collective qui intègre des perspectives variées, rendant ainsi la gouvernance locale plus représentative.

Les facteurs motivant l’engagement des jeunes

L’engagement politique des jeunes est souvent motivé par des raisons variées et personnelles. Beaucoup ressentent le besoin d’exprimer leurs opinions sur des sujets qui leur tiennent à cœur, cherchant à influencer le débat public. Certains s’engagent principalement pour mieux comprendre le système politique et son fonctionnement. D’autres sont motivés par des préoccupations spécifiques, telles que des enjeux environnementaux ou sociaux. L’état du monde actuel et le désir de changement poussent également de nombreux jeunes à s’impliquer, notamment pour aborder des problématiques qui les affectent directement. Ces motivations révèlent une volonté d’engagement et une recherche d’impact au sein de la société.

Les aspirations des jeunes dans le contexte local

Les jeunes, confrontés à divers enjeux locaux, expriment des aspirations variées qui témoignent de leurs préoccupations. Parmi celles-ci, trois grandes thématiques ressortent particulièrement :

LES CRISES CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTALES

Une part significative des jeunes est convaincue que les politiques locales doivent prendre en compte des priorités environnementales.

C’est pourquoi ils sont souvent à l’origine d’initiatives en faveur de l’écologie, telles que la promotion des transports durables et l’amélioration des espaces publics.

L’INJUSTICE SOCIALE ET L’ACCÈS

AUX SERVICES PUBLICS

Le coût du logement est une préoccupation majeure. Ainsi, de nombreux jeunes estiment que les politiques locales doivent être adaptées pour favoriser un accès équitable au logement, afin de faciliter leur émancipation et leur intégration dans la société.

LA DÉFIANCE VIS-À-VIS DES INSTITUTIONS TRADITIONNELLES

Une part non négligeable des jeunes exprime des doutes sur la capacité des institutions politiques traditionnelles à répondre à leurs préoccupations. Cela les pousse alors à privilégier des actions au niveau local, où ils perçoivent un meilleur potentiel de changement.

Le rôle des organisations étudiantes et des associations locales

Les organisations de jeunesse et les associations étudiantes jouent un rôle essentiel dans l’engagement des jeunes en politique. Ces structures offrent un cadre formel où les jeunes peuvent s’informer, se former et s’impliquer dans des actions concrètes. Par le biais de débats, de formations et d’initiatives citoyennes, elles préparent les jeunes à devenir des acteurs politiques influents et éclairés. Ces organisations facilitent également l’accès à des ressources et à des réseaux qui peuvent amplifier la voix des jeunes dans les décisions politiques locales.

De plus, elles encouragent la participation des jeunes à des projets communautaires, leur permettant de comprendre l’impact des politiques sur leur quotidien. En impliquant les jeunes dans des actions concrètes, telles que des nettoyages de quartiers ou des campagnes de sensibilisation, ces organisations renforcent leur sens de la responsabilité civique. Elles leur offrent aussi des opportunités de mentorat, en mettant en relation les jeunes avec des leaders politiques locaux et des experts, ce qui enrichit leur expérience et leur compréhension des mécanismes de gouvernance.

L’impact des jeunes élus sur les décisions locales

Les jeunes élus apportent souvent une perspective nouvelle aux instances de décision, ce qui peut conduire à des changements concrets dans les politiques locales. Leur voix permet de mettre en lumière des préoccupations souvent négligées par les générations précédentes, apportant ainsi une nouvelle énergie au débat public.

Par ailleurs, la présence de jeunes élus dans les instances décisionnelles favorise une représentation plus équilibrée de la population, ce qui est crucial dans une démocratie saine. Cela encourage une culture politique plus inclusive, où les voix de toutes les générations sont entendues et valorisées. Les jeunes élus, en tant que porte-parole de leurs pairs, renforcent le lien entre les citoyens et leurs représentants.

Les défis à surmonter pour une meilleure intégration des jeunes

Malgré leur engagement croissant, les jeunes font face à des défis importants qui peuvent entraver leur participation effective à la politique locale. L’un des obstacles majeurs est le manque d’expérience. Bien que l’enthousiasme et la motivation soient palpables chez de nombreux jeunes candidats, la perception selon laquelle l’expérience est un critère déterminant pour le choix d’un représentant reste profondément ancrée dans l’esprit des électeurs. Cette idée peut désavantager les jeunes, qui se retrouvent souvent en compétition avec des candidats plus âgés ayant une carrière politique ou professionnelle plus établie.

Le poids de l’expérience peut également se traduire par une préférence des électeurs pour des profils plus traditionnels, rendant plus difficile l’émergence de nouveaux leaders issus de la jeunesse. Cette situation crée un paradoxe : d’une part, les jeunes aspirent à prendre des décisions qui les concernent directement, et d’autre part, ils doivent naviguer dans un système qui valorise souvent le passé et la longévité au détriment de la fraîcheur et de l’innovation. Par conséquent, même avec une volonté forte de changement, les jeunes peuvent se sentir découragés et exclus du processus politique.

Une nouvelle génération de leaders politiques

L’engagement des jeunes dans la politique locale est crucial pour le renouvellement de la démocratie. Ils apportent des idées nouvelles et une énergie indispensable pour faire face aux défis contemporains. Des organisations comme la Fédération des Étudiants Libéraux jouent un rôle vital en soutenant cette dynamique, en offrant des espaces de formation et d’encadrement. En renforçant leur participation, nous permettons à nos communes de s’adapter aux besoins d’une société en constante évolution, guidée par l’initiative et l’engagement des jeunes. 

/ DÉRISI N /

CARNET DE VOYAGE

Les routes croisées

« Rester, c’est exister. Mais voyager, c’est vivre. » Gustave Nadaud

Je fais mes valises et je m’en vais ! Je laisse derrière moi certaines couleurs locales, des jolis mots périmés, quelques accents circonflexes et les accords complexes. Je voyage léger, je pars voir du pays. Je n’ai plus le choix, les jeunes ne m’aiment plus… Les mots « désamour pour la langue française » sont tatoués en lettres typographiques sur leurs rétines. Dans ce monde en constante mutation, une vague de paresse linguistique les a envahis. Je ne peux plus rester sans rien faire, mon avenir est incertain, alors je prends la route. Disparaitre ou ne pas disparaitre, telle est la question. Et tandis que Waze me demande où on va, je lui réponds que je ne sais pas : « Emmène-moi loin, là où je pourrai me ressourcer ».

À peine ai-je pris la route, que je croise une multitude de mots anglais qui se propagent à travers les pores de mon vocabulaire apportant une touche de modernité mais aussi beaucoup de désordre. Confusion dans la prononciation, l’écriture et le sens de mes chers mots… les expressions angloaméricaines mal maitrisées m’embrouillent. Dans ce monde dominé par l’anglais, les jeunes oublient d’utiliser les mots de leur propre langue, ce qui donne lieu à un discours hybride et étrange. Or, chacun confirmera qu’une bonne sauce barbecue vaut le détour et que la brioche le matin, c’est divin ; mais que manger les deux en même temps, c’est

pas dingue. Il ne faut pas tout mélanger. En plus, si certains termes anglais peuvent enrichir mon lexique, d’autres le menacent. Il n’est en effet pas nécessaire de substituer les mots déjà existants ; il s’agit plutôt d’adopter ceux qui n’ont pas d’équivalent en français. Car si je suis prête à collaborer avec ces emprunts, ils doivent me compléter et non m’éclipser. D’ailleurs, quitte à véritablement élargir mes horizons, pourquoi ne puiserais-je pas dans plusieurs langues au lieu de me limiter à celle de Shakespeare ? J’emporte donc quelques anglicismes dans mon sac de voyage et en laisse d’autres sur le bas-côté ; après tout le too much est l’ennemi du bien.

Alors que je bifurque sur un sentier sauvage, je rencontre l’écriture inclusive. À mi-chemin entre la quête de l’égalité des genres et l’obsession de la politiquement correctitude, elle me parait bien excentrique, celle-là ! Elle a certes le but louable de lutter contre les stéréotypes sexistes et de rendre visible les femmes et les minorités dans des textes marqués par le masculin générique. Mais à coup de points médians à tire-larigot et de pronoms nonbinaires farfelus, je me demande si elle n’est pas en train de détricoter ma clarté comme ma fluidité. Bientôt faudra-t-il inventer une appli de traduction spéciale pour ceux qui ont besoin de sous-titres en français, pour comprendre… le français ! De plus,

alors que ma grammaire déjà si compliquée rebute tant, l’écriture inclusive n’accentue-t-elle pas les inégalités intellectuelles ? Et là où elle aspire à englober le plus de gens, elle exclut les moins familiarisés avec les subtilités linguistiques. Les bonnes intentions ne sont pas toujours les meilleures conseillères. Je la prends avec moi car elle m’apparait sympathique et de bonne foi, mais elle alourdit considérablement mes bagages. Il faudra surement effectuer quelques ajustements.

Plus loin dans mon périple, les réseaux sociaux m’assaillent avec leurs abréviations, leurs emojis, leurs memes et leurs hashtags. Je les adore autant que je les déteste ! Ils façonnent la manière dont les jeunes interagissent, pour le meilleur et pour le pire. Malheureusement, n’est-ce pas dans le pire qu’ils sont les meilleurs ? Les réseaux sociaux offrent assurément un nouvel élan à la communication et là où beaucoup ne prenaient jamais le temps d’écrire auparavant, ils incitent désormais presque tout le monde à s’exprimer en permettant d’illustrer des idées, des opinions, des sentiments et de les partager en un clic – ce qui est fantastique. Néanmoins, tout a un prix et il y a un sérieux revers à la médaille : ils encouragent aussi la superficialité, sacrifiant souvent la qualité sur l’autel de la rapidité et de l’immédiateté. Avec eux, la concision prime sur la clarté, l’orthographe devient approximative et la grammaire est massacrée… C’est alors sans effort que sont expédiés grâce à eux sur les écrans des mots peu imaginatifs et des phrases mal construites. Dans cette rencontre, j’ai du mal à trouver ma place, un peu comme si je voulais partir en trail avec un ami qui préfère lézarder au bord de la piscine. Comment voyager ensemble ? L’aventure risque de se transformer en une série de compromis…

La nuit suivante, je loge dans un hôtel fastueux, mais sans charme, nommé IA. Je suis impressionnée. L’intelligence artificielle est une merveille technologique : elle promet de libérer les jeunes des contraintes de l’orthographe. Grâce à ses correcteurs automatiques, elle rectifie, corrige, lisse les erreurs. D’un coup de baguette magique, elle transforme un brouillon truffé de fautes en un texte impeccable. Pourtant, quelque chose de précieux se perd dans ce processus. C’est une aptitude profondément humaine de maitriser les règles orthographiques et la richesse du vocabulaire, d’être capable de jongler avec les lettres pour exprimer ses pensées de manière claire et singulière.

Avec l’intelligence artificielle, froide et méthodique, qu’advient-il de cette capacité ? Les jeunes, esclaves de la technologie, ne deviendront-ils pas spectateurs de leurs propres écrits, incapables d’improviser, d’innover et de créer des œuvres uniques ? Avec ses algorithmes sophistiqués, l’intelligence artificielle m’est donc à la fois une alliée inestimable et une rivale redoutable. Comme tout est toujours affaire d’équilibre, sans doute la réponse se trouve-t-elle dans la complémentarité : joindre la précision des ordinateurs à la passion humaine. Utiliser l’IA comme un outil discret et non comme une béquille sur laquelle on s’appuie jusqu’à devenir incapable de s’en passer pour avancer. En quittant cet hôtel, je ne peux m’empêcher de penser qu’il mérite sa place dans Le Routard, mais attention à ne pas s’y installer trop confortablement… sous peine de ne plus jamais vouloir en sortir et de perdre la fierté de la réalisation personnelle.

Mon odyssée continue et je m’interroge sans cesse. Je me sens prise en étau entre la conquête de l’anglais, les assauts de l’écriture inclusive, l’hégémonie des réseaux sociaux et l’incursion de l’intelligence artificielle. Et alors que nos routes se croisent et s’entrecroisent, je ne sais pas quelle voie emprunter pour retrouver la cote auprès des jeunes. Telle une danseuse étoile dans une boite de nuit techno, je suis jolie, gracieuse, mais complètement décalée, pour ne pas dire parfaitement dépassée. Je suis trop éloignée de leurs centres d’intérêt. Or, c’est un problème bien sérieux et l’enjeu est de taille, car je reste la porte d’entrée vers une culture, une histoire et une manière de réfléchir. Pour raviver l’enthousiasme chez les jeunes générations, ne plus percevoir mon apprentissage comme une corvée scolaire, comment faire ? Dois-je abandonner mon orthographe négligée dans un coin sombre de la bibliothèque du progrès et reléguer mes subtilités au musée des curiosités linguistiques ? Ou dois-je plutôt braver tous les vents contraires et chanter avec orgueil ma complexité au monde ? Comment faire pour survive aux tempêtes de la modernité et m’en sortir renforcée et diversifiée ? Entre la plume et le clavier, je vais bien devoir trouver mon chemin. Je suis, après tout, un organisme vivant, en constante évolution. Et si ma traversée n’est pas encore finie, je sais que je m’adapterai. Ceci n’est pas une fugue, mais bien un voyage initiatique ! 

Coralie Boterdael
DP de la FEL

/ BIBLIOGRAPHIE /

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Articles :

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Il n’existe pas un libéralisme mais des libéralismes par Nassim Sabibi

Livres : LOCKE J., Deuxième traité du gouvernement civil, 1690.

MILL J. S., Principes d'économie politique, 1894.

ROSENBLATT H., L’histoire oubliée du libéralisme : De la Rome antique au XXIe siècle, Genève, Markus Haller, coll. « Modus vivendi », 2021, 365 p., trad. Sylvie Kleiman-Lafon.

Le libéralisme économique, allié du conservatisme social ? par Nathan Berckmans

Article : BÉDARD M., « L’imposture du « libéral-conservatisme », contrepoints.org, 28 juillet 2013, sur https://www.contrepoints. org/2013/07/28/132423-limposture-du-liberal-conservatisme, consulté le 1er octobre 2024.

Les politiques interventionnistes face au libéralisme par Eva Mouassi

Livre : DELWIT P., Naissance et transformations du libéralisme politique en Belgique (1830 – 2016), Éditions de l’Université de Bruxelles, janvier 2017, p. 17-19.

Articles : FOURNIER C., You Matter world « Quelles solutions face au réchauffement climatique : le résumé pour tout comprendre », You Matter world, 4 mars 2023 et mis à jour le 4 septembre 2024, sur https://youmatter.world/fr/categorie-environnement/solutions-rechauffement-climatique-resume-liste, consulté le 27 octobre 2024.

RÜHLI L., Libéralisme et climat « Une protection efficace du climat ne remet pas en cause le capitalisme, bien au contraire », Libéralisme et climat, 8 juin 2021, sur https://www.avenir-suisse.ch/fr/liberalisme-et-climat, consulté le 26 octobre 2024.

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WOELFLE G., « Fusillades liées au trafic de drogue : les chiffres montrent-ils vraiment une hausse de la criminalité à Bruxelles ? » RTBF Actus, 4 octobre 2024, sur https://www.rtbf.be/article/fusillades-liees-au-trafic-de-drogue-et-pourtant-a-bruxelles-les-chiffres-de-la-criminalite-sonten-baisse-depuis-des-annees-11443675, consulté le 26 octobre 2024. >>

La liberté d’expression : Un droit fondamental d’inspiration libérale par Nicolas Heynderickx

Livres :

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HUERTA DE SOTO J., « Chapitre XXII. Principes fondamentaux du libéralisme », dans La théorie de l'efficience dynamique, L’Harmattan, Paris, 2017, p. 335-342.

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CARTE BLANCHE : Les États-Unis en ballots. Le scrutin déballé ! Enquête sur une victoire historique par Louis Mareschal

Livres et rapports :

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Zone Bourse, « Les craintes de récession aux États-Unis augmentent à nouveau : que révèlent les données ? » Zone Bourse, 2024. https://www. zonebourse.com/actualite-bourse/Les-craintes-de-recession-aux-Etats-Unis-augmentent-a-nouveau-Que-revelent-les-donnees--47562614, consulté le 11 novembre 2024.

Le rôle des jeunes dans la politique locale : Vers une nouvelle génération d’acteurs politiques par Sarah Sciarrabba

Article :

La Libre, Qu’est-ce qui pousse les jeunes à s’engager en politique ? « Nous devons être présents pour avoir un impact », 08 mars 2023, sur https://www.lalibre.be/etudiant/2023/03/08/quest-ce-qui-pousse-les-jeunes-a-sengager-en-politique-nous-devons-etre-presents-pour-avoirun-impact-YGCBPBV475EE3L5XT66XLQBKGY, consulté le 25 octobre 2024.

Sites et documents :

Forum des Jeunes, Avis officiel sur la participation citoyenne des jeunes, août 2021, sur https://forumdesjeunes.be/avis-officiels-positions-cat/avis-officiel-proposition-conference-interministerielle-jeunesse, consulté le 25 octobre 2024.

Forum des Jeunes, Mémorandum « Être Jeune en 2023 », sur https://forumdesjeunes.be/actualites2/memorandum-etre-jeune-en-2023, consulté le 25 octobre 2024.

Latitude Jeunes, Présentation des résultats du sondage jeunes. « Santé, climat, politique, avenir. Le regard des 18-25 ans en Belgique francophone 2023 », Solidaris Institut, sur www.latitudejeunes.be, consulté le 25 octobre 2024.

Service Jeunesse, Les organisations de jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles, sur https://servicejeunesse.cfwb.be/subventions/les-organisations-de-jeunesse, consulté le 25 octobre 2024.

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