Livre temple de bretagne 2014

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estuaire de la Loire, territoire en mouvement

Faire haltes

Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne

import/export

Esthel Lenain et Natalya Yankovska (PFE), Audrey Degrendel et Olivier Robin (master 1) Directeurs d’études : S. Clouet, C. Hanna, J-Y. Petiteau Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes arts de faire


Estuaire 2029 #3 Estuaire de la Loire, territoire en mouvement Habiter avant de partir Equipe Le Temple-de-Bretagne :

Equipe enseignante :

Intervenants :

Audrey Degrendel Esthel Lenain Olivier Robin Natalya Yankovska Chérif Hanna, Architecte Urbaniste Jean-Yves Petiteau, Anthropologue Saweta Clouet, Architecte Xavier Dousson, Architecte Flore Grassiot, Architecte et Artiste Ricardo Basualdo, Artiste et Scénographe Urbain Ouvrage édité en 20 exemplaires - Achevé d’imprimer en juin 2014


estuaire de la Loire, territoire en mouvement

Faire haltes

Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne

import/export

Esthel Lenain et Natalya Yankovska (PFE), Audrey Degrendel et Olivier Robin (master 1) Directeurs d’études : S. Clouet, C. Hanna, J-Y. Petiteau Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes arts de faire


Préface

Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau

L’estuaire de la Loire : un territoire en mouvement L’estuaire de la Loire est, de son origine à nos jours, le territoire de tous les départs, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conquérants et celui des émigrants. et la valeur. lequel se croisaient voyageurs et commerçants est devenu l’espace privilégié d’une immigration. La valeur de ce territoire repose sur un héritage, celui des mobilités antérieures, dont les infrastructures conservent la mémoire. Elle repose sur les déplacements et mouvements qui les investissent aujourd’hui multipliant les croisements, liens et coïncidences sur lesquels se jouent de nouveaux rapports de civilité et une nouvelle urbanité. Un monde s’invente au croisement de ces mouvements, une métropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et anciens habitants tissent sur un paysage redécouvert, donc réinventé. La question du déplacement est indissociable de celle de l’habiter. 4


Ménager/aménager ? L’échange se fait au bord c’est un acte et cet acte construit un lieu. La frontière n’est jamais seulement une clôture. C’est un lieu de passage; celui des corps, celui de la valeur, où l on négocie.

industrielles et portuaires ne semblent pas aujourd’hui mobiliser. Nous ne considérons pas Les traces comme les stigmates d’une activité disparue. Les signes qu’elles réactivent au présent sont le pari d’un potentiel. Relever et nommer ces traces, c’est réveiller la mémoire ; celle d’une identité qui s’est cristallisée in situ, sur chaque séquence de l’histoire économique. Ces traces permettent de mobiliser un rituel, celui d’une

Si le territoire porte une mémoire c’est qu’il y a un potentiel. Il devient lieu possible d’une réactivation. Ce n’est dynamique. Ce travail de lecture repose sur un ressourcement : l’estuaire est lié à cette redécouverte des mobilités à Retrouver ces traces, c’est reconstruire des liens que chaque frontière met en tension entre des territoires, lointains ou proches. lieux. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles d’un bord par rapport à ses l’attente d’une relation ou d’un échange. Ce que nous révèle chaque négociation, c’est que ce qui s’échange déborde ou déplace l’objet dans sa fonction n’est pas toujours la fonction première, mais ce qu’elle induit comme rapports sociaux. Ce que l’on échange dans l’échange. Ce n’est jamais ni l’objet lui même ni son usage mais sa valeur qui est totalement relative à la reconnaissance des partenaires de l’échange et du contexte. Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en œuvre d’une problématique de l’aménagement. Le master 2014 est la 7eme édition d’une démarche originale centrée sur le même territoire stratégique : l’Estuaire de la Loire. explicite des arts de faire et des arts de vivre, peu ou pas toujours reconnues par les experts et professionnels de l’aménagement.

processus de résilience in-situ.

acteurs, sont situés sur les communes de : Bouguenais, Saint-Jean-de-Boiseau, le temple de Bretagne et les espaces limitrophes.

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Un équilibre possible Les cultures rurales et urbaines sont deux composantes majeures de l’aire métropolitaine. Impliqués dans la métropolisation, ces milieux vivent dans une hiérarchie confuse qui tend à les homogénéiser. Ces cultures ont pourtant des caractères bien précis et non contradictoires. Or, le rapport hiérarchique, régi par la métropole, tend à englober les caractéristiques originelles de chacune, créant une masse homogène, privilégiant le modèle urbain par rapport au rural. tandis que le milieu rural est illustré par la campagne. Ils entretiennent un rapport de force qui les lient, mais dans cette coexistence concurrentielle, la ville reconLa ville tend à intégrer les pratiques d’origine rurale comme l’agriculture et Etant le milieu le plus peuplé, la ville vit une crise, remettant en question son modèle vorace et l’obsession de la densité. La saturation provoquée par le nombre croissant d’individus est responsable de la remise en question d’un modèle où la campagne est un lieu de production globale tandis que la ville est ville, sans son territoire originel, ne peut plus répondre aux besoins primaires et se prive de sa ressource. Elle montre ainsi sa dépendance. La campagne, grâce sa culture sociale et ses étendues, reste vivier. Le milieu urbain centralise toutes les perspectives innovantes en se positionnant comme objet de toutes les attentions. Le milieu rural s’en trouve mis à l’écart et subit son rôle de périphérie. Davantage d’interaction permettrait à ces deux entités une reconnaissance mutuelle. Leur complémentarité résiderait dans leur altérité où lieux de production, d’innovation, de recherche, de savoir seraient la convoitise. Le milieu rural est une ressource de régénération durable. Le Temple-de-BreLe présent ouvrage, traduction de quatre mois d’investigation, raconte dans quelle mesure cette commune est propice à l’équilibre possible. Nous vous proposons de faire connaissance avec ce territoire en vous présentant les temps de découverte et d’immersion qui ont initié notre projection avant d’introduire les réponses architecturales qui en découlent.

Edito

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Sommaire

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Préface

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Un équilibre possible

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Déroulement

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Bercés d’illusions L’approche in virtu pour faire fausse route

Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau

100 Le relais collectif Séjourner avant d’habiter Natalya Yankovska

113 Faire haltes 114 Médiagraphie 115 Remerciements

23 Observer avant de questionner L’approche in situ 116 Annexes 47 Satellite rural Une commune de l’entre-deux métropolitain 71

Les Trott’heures Pratiques sociales en réseau

79 Initiatives en réseau Se ménager une place Audrey Degrendel

Incubateur d’initiatives Olivier Robin

88 Habiter l’épaisseur Initier de nouvelles pratiques Esthel Lenain

Sommaire

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Bercés d’illusions

Satel

Observer avant de questionner

Immersion Itinéraires Habiter avant de bâtir Workshop Itinéraires

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Ateliers publics

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llite rural

Bilbao Agencements

Initiatives en rĂŠseau

Retour vers habitants Constructions

DĂŠroulement

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Bercés d’illusions L’approche in virtu pour faire fausse route


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Faire haltes | Une dynamique de mise en rĂŠseau au Temple-de-Bretagne


Conscients d’être là Import-export est la thématique présentée au sein de l’atelier de projet Estuaire 2029. Cette option, mettant en œuvre une démarche anthropologique participative, du territoire estuarien. Faire projet prend une posture professionnalisante lorsqu’il s’agit de découvrir, écouter et investir pour proposer. L’étude est menée avec l’idée de bord, de frontière comme lieu d’échanges, de connexions plurielles. Les lieux de projet choisis sont à la lisière des centres.

ayant le rôle d’un poste de garde et de relais pour les voyageurs au même titre que Clisson, Saint-Père-en-Retz, Machecoul. Les Templiers avaient d’ailleurs établi leur commanderie à l’emplacement actuel de la mairie. D’autres commanderies étaient un contrôle ponctuel de ce territoire. L’Ordre est dissous en 1312 suite à la perte du siège ordres religieux et aux seigneurs locaux. Ce qui témoigne aujourd’hui de l’Ordre est la célèbre croix du Commandeur, située sur le tracé originel du bourg. Jusqu’au XVIIe siècle,

Nous sommes quatre à choisir la commune sensibilités singulières ont ce point commun d’avoir été touché par ce lieu décrit comme un carrefour qui historiquement faisait halte sur la route des Templiers, autrefois nommé Le Temple-Mauperthuis.

Un passé romanesque

demeure plus qu’un souvenir populaire du temps des brigands et des Templiers protégeant les passants empruntant la route de Nantes. Étrangement, le souvenir d’une templerie persiste malgré la courte durée de l’Ordre des Templiers dans ce bourg. L’Ordre, créé en 1129 à Jérusalem, arrive à Nantes en Duché de Bretagne vers 1138 et s’établit sur des terres données par des seigneurs du Comté Nantais pour la protection des voies. Le Temple-Mauperthuis est une des nombreuses commanderies dans l’Ouest,

La croix du commandeur Bercés d’illusions

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© Archives départementales Loire-Atlantique

Vue de la rue de Nantes à hauteur du chai dans les années 1950-1969

La chapelle Notre-Dame de Toutes Vertues

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L’église Saint-Léonard édifiée au XVIIe siècle

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l’axe, connu sous le nom de chemin des Perrières, contournant par le sud l’actuelle implantation du bourg constituait la rue principale. Elle menait d’ailleurs à la chapelle Notre-Dame de Toutes Vertues, lieu de culte des Templiers. L’existence du bourg en temps que halte permet de comprendre sa typologie longitudinale. Son développement originel est probablement dû à sa position sur l’axe reliant Vannes à Nantes. Ce déplacement à l’échelle territoriale est fondateur du Templede-Bretagne. Il serait certainement erroné de voir le cas du Temple-de-Bretagne comme unique, car sa forme bâtie est une résultante du passage, à l’image d’autres bourgs passants cristallisés aux bords des grands axes. D’après les écrits de l’abbé Grégoire, le Temple-Mauperthuis était cerné par des forêts et les landes, élaguées au

XIXe siècle. L’épaisseur végétale des landes doute les pilleurs. Déjà d’après les notes de l’abbé Grégoire, les environs du Temple étaient loin de leurs charmes contés. Suite à cette réputation peu hospitalière, en 1897, la commune demande à l’Etat une nouvelle désignation. La commune est depuis lors ainsi son appartenance géographique.

Cadastre de 1819

Bercés d’illusions

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Passage Le passage évoque à la fois le mouvement et la trace de l’itinérance. Ce dernier est un choix préférentiel suivant un tracé ponctué de haltes. Ces suspensions sont des moments d’intensité et d’attractivité éphémères qui induisent eux-mêmes des temporalités.

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Le Temple-de-Bretagne Saint-Nazaire Nantes

Le Temple-de-Bretagne dans le territoire estuarien

Réalités Aujourd’hui, le Temple-de-Bretagne compte près de 1 900 habitants, répartis sur un territoire étroit de seulement 1,72 km2. Si comme étant la structure du bourg, nous devons inclure dans la morphologie du Temple-de-Bretagne, la métamorphose du statut de l’axe central. Ayant toujours été la route de Nantes, cet axe était la route nationale fréquentée par les attelages, les omnibus, puis par des véhicules de loisirs et les camions de marchandises. Cette exclusivité du passage est renversée avec l’arrivée de la nouvelle route nationale N165 sur ce nouveau tracé, plaçant ainsi le bourg en position de passage secondaire. Le Temple-de-Bretagne est jouxté par cette route qui mène de Nantes à Vannes et SaintNazaire. Le bourg, dont le développement est désormais cantonné au Sud par cette nationale se détachant d’un morceau de son territoire administratif. Cette voie rapide positionne le bourg à mi-chemin entre Nantes et Saint-Nazaire puisqu’il ne faut que vingt-cinq minutes pour rejoindre la première ville et trente-et-une 20

pour la seconde. Cet axe fondateur est alors le moteur de vie au Temple-de-Bretagne. La Les axes secondaires départementaux qui la scindent sont des accès vers Cordemais et Saint-Etienne-de-Montluc, des villes situées le long de la Loire. La commune se positionne comme porte d’entrée de l’espace estuarien. Par ailleurs, le territoire s’apprête à subir un changement technologique avec l’arrivée, encore incertaine, de l’aéroport du Grand Ouest. Qu’elle qu’en soit l’issue, échec ou succès selon les points de vue, la présence de cette entité internationale et déconnectée de son territoire semble présager des répercussions sur le Temple-de-Bretagne. Le projet de l’aéroport, initié par la DATAR, au début des années 1960, était un moyen de ramener l’équilibre national face à la centralisation parisienne. Le site fut choisi en 1968 et approuvé deux ans plus tard. notamment les agriculteurs puissent trouver une solution de retournement avant l’arrivée de l’aéroport. Durant les années 2000, de nombreuses instances entrent en jeu comme le syndicat mixte d’études créé pour l’occasion qui constituera un intermédiaire entre les territoires et les aménageurs.

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Le Temple-de-Bretagne Saint-Nazaire

Nantes

© Option de projet « Étrange étranger » Licence, sous la direction de Sophie Delhay et Raphaëlle Hondelatte, 2012

Réseau routier du grand Ouest

En 2007, un rapport d’utilité publique est prononcée en dépit du Grenelle de l’environnement. La communauté de communes Erdre et Gesvres lance une action contre le projet qui échouera. Dans tous les documents relatant l’histoire périlleuse de la création de cet aéroport, cartes mais n’est jamais nommé, comme inexistant. Pourtant, le bourg semble être parmi les premiers impactés même si sa réserve foncière n’est pas en jeu. La question qui se pose alors est celle de l’impact d’un tel outil de développement territorial sur un bourg traversant. La question de l’arrivée ou non de l’aéroport fut longtemps un sujet sur lequel nous ne parvenions pas à nous positionner. La posture de l’attente d’une décision s’est imposée. Malgré la projection à long terme que propose l’atelier de projet (Estuaire 2029), il semble que le territoire se développera avec ou sans cet équipement. moment des possibles. Nous choisissons de mener un projet dans lequel cette infrastructure devra s’intégrer et non pas l’inverse.

Entrevue réglementaire La lecture des textes réglementaires en amont de notre immersion permet de garder à l’esprit les directions métropolitaines. Le Temple-de-Bretagne fait partie de la communauté de communes Cœur d’Estuaire, dont les enjeux et les objectifs sont décrits dans le SCOT de la métropole Nantes Saint-Nazaire. Regroupant cinquante sept communes majoritairement du nord Loire, le schéma de cohérence territoriale préconise la valorisation des pôles communaux, limitant le mitage et favorisant le développement des zones urbanisées. Ayant pour objectif pour 2020 en matière de logement, le SCOT envisage 6 520 logements neufs sur l’ensemble de l’aire métropolitaine,dont 80 logements par an dans la C.C du Cœur d’Estuaire. Par ailleurs le SCOT prend en compte les problématiques de déplacements des poids-lourds sur la RN 165, connectant les principales plate formes logistiques (centrale de Cordemais, la centrales d’achats Saint-Étienne-deMontluc). Privilégiant la construction de logements et d’équipements à proximité des axes routiers métropolitains et organiser les dessertes périurbaines. Les espaces urbanisés représentent environ 15% de Bercés d’illusions

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pace métropolitain, montrant une e dominante de l’espace agricole naturel fortement dont la protection particulièrement souligné dans la lementation. Au regard d’un fort tectionnisme des zones rurales

ssible d’élaborer une dynamique ale moins vorace en espaces urels. A l’échelle municipale, le teur de renouvellement urbain ticule autour de l’axe central et du

si les zones agricoles au regard s limites foncières. Cependant

un ensemble bâti à vocation de bitat, semble limiter les possibilité troduire une programmation variée prévoir un phasage évolutif.

© Christian Mamoun Sarges


Observer avant de questionner L’approche in situ


Invisible Loire Suite à notre désir commun de travailler sur Le Temple-de-Bretagne, nous avons choisi d’aller arpenter ce territoire munis d’une carte et accompagnés d’un étudiant des Beaux-Arts intéressé par la photographie. Cette étape constituait notre introduction au territoire. Bien qu’informés via la recherche in virtu, nous désirions nous confronter à ce territoire, le découvrir avec le plus de objectivité possible. Bien sûr, cette neutralité n’existait pas, nous avions en tête le territoire estuarien et le souvenir d’un bourg vide avec pour emblème une croix de granit. Nous avons loué une voiture et sommes partis à l’aventure. Notre point de départ a été la commune. Après une brève présentation à la mairie, nous avons commencé à parcourir le bourg à pied. La route principale qui le traverse se dévoilait dans ses moindres détails. Nous avons retrouvé sur cet axe les tristes caractéristiques récurrentes des villages français : commerces fermés, espace Nous n’avons croisé personne, si ce n’est des voitures. Pas un chat ! Les habitants avaient-ils eu vent de notre passage ? Le premier aperçu n’engageait rien de bon. Après avoir pris la mesure de la déshérence de cette ancienne vitrine du bourg, nous nous sommes enfoncés dans les lotissements qui encerclent le bourg. Les plus anciens datent des années 1970. Les entrées des propriétés sont organisées autour d’un espace arboré limité par la voie de desserte commune. Cette disposition en cul-de-sac est semblable à bien d’autres. Les plus récents ont aboli ce bout de parc préférant de larges épaisseurs vertes comme pour tenir à distance la voirie. 24

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne au Temple-de-Bretagne


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Notre virée a été jalonnée par les sites remarquables disséminés dans la commune. Ainsi, la croix des templiers sur le chemin des Perrières ou encore la chapelle Notre-Dame de Toutes Vertues, qui font entre autres la renommée du bourg, ont illustré les informations recueillies in virtu. L’heure du déjeuner est arrivée et nous sommes restés à découvert sur la place de la mairie, persuadés qu’il y avait de la vie ici. Il y en avait oui, de la vie, au restaurant La Boule d’Or. Ce lieu semblait être un point de rassemblement pour tous les ouvriers du coin. Les camionnettes stationnées tout autour en étant la preuve. Le ballet semblait chronométré. Midi et demi, le parking est plein, treize trente, plus personne.

© Christian Mamoun Sarges

Un espace commun parmi des individualités

L’après-midi, nous nous sommes lancés dans un périple vers la Loire, notre objectif étant de découvrir le rapport entre la tracé indiqué par la carte IGN, préférant les chemins de campagne aux axes fréquentés et faisant quelques haltes. La première eut lieu au niveau du sillon de Bretagne. Cette ligne de crête armoricaine s’est avérée être une frontière dans le paysage et un obstacle

© Christian Mamoun Sarges

La chapelle Notre-Dame-de-Toutes-Vertues

fait de promontoires et de creux, coupe la commune du territoire estuarien. Après cette randonnée, nous avons parcouru les zones marécageuses qui encerclent la commune de Cordemais, célèbre pour sa centrale thermique. Le changement de paysage a été radical. L’environnement fait de bosquets, champs et maisons isolées, disparaissait au d’échassiers et de ragondins. nous. Les cheminées de la centrale, que nous savions en bord de Loire, devinrent un objectif à atteindre. L’accès en voiture étant impossible, nous avons tenté de rejoindre la Loire à pied, traversant les pâturages. Un pré peuplé de vaches nous arrêta dans notre expédition. Qu’importe, nous tenterions notre chance un peu plus loin. Non équipés, nous n’avons pu atteindre notre but. Les clôtures et marécages eurent raison de nous. Cette première découverte du territoire nous a permis de comprendre que Le Templede-Bretagne, bien que proche de la Loire ne possède pas de lien véritable avec elle. Elle semble demeurer comme un repère invisible 26

© Christian Mamoun Sarges Halte dans les prés

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permettant pourtant de situer la commune. Si Le Temple-de-Bretagne fait physiquement partie de l’estuaire et notamment du SAGE Estuaire de la Loire (schéma d’aménagement et de gestion des eaux), son rapport avec positionne plutôt comme porte d’entrée de la métropole nantaise grâce à sa proximité avec la N165 qui relie Nantes à Vannes et Saint-Nazaire.

© Christian Mamoun Sarges

Les cigognes dominent le paysage

© Christian Mamoun Sarges

Inaccessible horizon Observer avant de questionner

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Après la découverte, nous avons débuté notre investigation. Nous sommes entrés dans une première phase d’approche territoavons adopté une méthode d’investigation anthropologique. Sans véhicule, nous empruntions le lila, un car départemental dont les lignes rayonnantes irriguent toute la Loire-Atlantique. Sur place, nous pratiquions l’itinérance : à pied, à vélo, en trottinette. Nos allers-retours se sont donc succédés. A deux ou à quatre, munis d’appareils photos, dictaphones, carnets, les déambulations ont rapidement pris des allures de rencontres. Au café, dans la rue, autour d’un thé, nous discutions avec les habitants pour qu’ils se livrent sur la commune. Nous la découvrions au travers de leurs récits. Nous avons été accueillis chaleureusement. Nous découvrions alors que le Temple-detravaillent pas à Cordemais ou Saint-Etiennede-Montluc, les deux autres communes de la communauté de communes Cœur d’Estuaire, ils sont rattachés à Nantes ou sa banlieue. Les activités elles aussi ont lieu dans les communes voisines. Notre étude du Temple a mis au jour un véritable réseau, moyen de fonctionnement. limites. Ne pouvant accueillir l’ensemble des équipements d’une ville, elle se raccroche aux villes voisines : Cordemais pour la piscine, Saint-Etienne-de-Montluc pour le supermarché.

" On est venus en LILA Le matin y’en a, un peu le midi et un peu le soir mais c’est compliqué " d’ailleurs à la suite d’une expédition en sa remarquables du bourg et nos premiers enjeux de projet.

Sans le savoir notre première approche du territoire ressemblait à celle proposée par Xavier Dousson, architecte, venu apporter son expérience au sein de l’atelier. C’est 28

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La route traversée par les poids-lourds

Une commune en lisière Suite à quelques échanges sur place, nous comprenions que Le Temple-de-Bretagne était un point de passage reconnu sur la route de Vannes. Sa charcuterie faisait sa renommée. Le bourg s’animait en fonction des haltes générées par ce passage. Le déplacement de la nationale vers le nord de la commune semble avoir participé à la mise à l’écart de ce mouvement.

Le décor et les dortoirs

La rue de Nantes où tentent de subsister les commerces

pas moins de huit épiceries, quatre charcuteries, deux boucheries, vingt-deux cafés. L’une d’elles donnait d’ailleurs sur une arle bourg. Le porche qui les caractérise se répète le long de l’axe principal. Il donne accès à des arrière-cours collectives ou privées. Ces typologies en épaisseur se positionnent comme des percées sur la campagne. Lors d’une rencontre avec l’ancienne bouchère de la commune, nous découvrions que l’une d’elles abritait une activité complète de transformation et vente de viande bovine.

Le délaissement provoqué par le déplacement La rue, devenue décor, est aujourd’hui quotidiennement traversée par environ trois cent cinquante poids-lourds. Ces engins y transitent en provenance notamment de la centrale d’achat E.Leclerc (SCA Ouest) située à Saint-Etienne-de-Montluc pour desservir tout le grand Ouest. Cet axe qui structure la commune a perdu sa fonction de halte et se résume désormais à une traversée. L’habillage de l’espace public par des objets entrevoir l’impuissance de la commune face un héritage qui mériterait d’être valorisé. Une épicerie, un hôtel-restaurant, une boulangerie, un PMU, une brasserie, un quelques commerces qui subsistent dans le centre-bourg.

Derrière le décor, la vie Au fur et à mesure des rencontres, nous apprenions que la vie au Temple était foisonnante à une époque. Les boutiques y étaient Observer avant de questionner

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"[...] entre 10 et 15 permis de construire par an. C’est pas beaucoup mais c’est très bien parce qu’il ne faut pas grossir trop vite. "

" On est dans un secteur amené à s’urbaniser, des villes-dortoirs, l’agriculture n’a plus l’intérêt d’être là."

"Ils font la fête de la musique et la fête du cidre une fois par an." " Le Temple, j’y passe, mais dire que je suis au courant de ce qui s’y passe, non." " On a le rencard où tous les jeunes venaient pour jouer à des jeux de société, au billard.

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"

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"Le Temple dans les années 30-40, y’avait 15 ou 18 bistrots dans le temps."

" Faut plus parler de village c’est une cité-dortoir,

"Ils abattaient là, mes beaux-parents. Les veaux on les accrochait là, ici il y avait une porte qui s’ouvrait pour mettre les os tout ça. C’était la dernière boucherie. " "

" Vous connaissez la légende ? Les Templiers auraient caché la chouette d’or. C’est une chasse au trésor au niveau nationale. Ce serait à 6m de hauteur de la mer, 20m derrière la croix et 6m sur la droite je crois. [...] Elle pourrait être là. "

" On cueillait des jonquilles et on allait les vendre à la station service. "

Observer avant de questionner

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Portrait de bourg

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Itinéraires La démarche de l’itinéraire nous a été transmise par Jean-Yves Petiteau, sociologue et enseignant de l’atelier de projet Estuaire 2029. Il s’agit d’une méthode d’enquête permettant la découverte d’un territoire par le regard de celui qui l’habite. Elle propose de retourner la situation d’entretien selon laquelle il y aurait un interrogateur et un interrogé. L’investigateur se positionne d’ailleurs en retrait laissant l’autre prendre le rôle de guide. Le déplacement suit le Cette démarche a l’intérêt de proposer une découverte complète, dont le temps et le but sont déterminés par l’interlocuteur. L’itinéraire se déroule après avoir instauré un rencontres et des entretiens préalables. Cette méthode parallèle a alimenté le projet de ne pas séparer la phase de production et d’investigation. Ce fut pour nous un moyen de conserver une attache au site et de garder en tête les enjeux réels de la commune. Deux personnes se sont prêtées au jeu et nous ont guidé dans la commune et ses environs. Nous avons convié le facteur à regard plus détaché que celui d’un habitant. Son contact auprès des habitants fut un moyen de nous introduire dans la commune. De même, Arnaud habitant le Temple depuis son enfance, nous a proposé un parcours sortant des limites communales.

Observer avant de questionner

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Tournée avec Vincent, le facteur 3 mars 2014

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Y’a que 16 kilomètres normalement à faire. J’ai fait une bonne partie. Y’en a pas pour longtemps si vous arrivez à me suivre. Là on va sortir du bourg, alors comme j’ai fait toute une partie ça va aller assez vite. En une demie-heure ça va être fait à peu près.

Alors la Boule d’or y’a de vieilles photos du Temple. On va demander ça au patron. Y’a encore les trucs pour accrocher les chevaux. Bon ba on reviendra après. Il doit faire la préparation pour ce midi.

Là c’est Malville, les deux premières maisons à droite c’est Malville, c’est pas le même code postal, mais rue des Courtillets j’ai quand même une partie à faire. Allez on arrête la pause !

Là c’est l’impasse je vous en avais parlé, l’impasse Mauperthuis, alors Mauperthuis le mauvais passage. C’est une impasse qui a été créée y’a pas longtemps pour la ferme qui a été rénovée.

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Promenade avec Arnaud, habitant 5 mai 2014

Manu (le boulanger) : Je pense que vous pourriez voir une partie du lavoir. Mais oui quand tu vas au fond de la cours, t’as son petit garage avec ses poules. C’est sur la

Là on est derrière la Commanderie, après si tu veux dans ces champs là on a retrouvé des balles de fusils mitrailleurs de la guerre 39-45.

Là on voit de l’autre côté de la route, tu vas voir. T’as vu on rentre dans la ZAD ! C’est marqué en haut, t’as vu on y est. Du coup c’est le passage sous la route, il est pas mal fréquenté.

Je ne suis pas sûr mais je crois que là, là c’est un terrain d’un gars. Il doit s’en servir de décharge.

Observer avant de questionner

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Invitation à bavarder Suite aux rencontres informelles, nous avons organisé des ateliers dans la commune où nous invitions les habitants à échanger sur leurs pratiques du territoire. Pour cela, nous avons rencontré Lydie Aubry, bibliothécaire, qui gère la médiathèque municipale. Ce bâtiment récent nous semblait être un lieu approprié pour rencontrer les habitants, à la fois calme, neutre et disposant

postale nous a semblé être un moyen de personnaliser l’invitation et provoquer la curiosité des habitants. Nous avons choisi de les illustrer avec des photos de la commune, habillées de propos recueillis lors des habitants sur la vision qu’ils ont de leur bourg et leur volonté de le faire évoluer. Des vitrines des commerces.

donc déroulés du 2 au 5 avril 2014. Ayant observé les méthodes des équipes de l’an passé, nous avons opté pour l’invitation par carte postale. Le format carte

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Observer avant de questionner

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Être visible et attirer les habitants fut notre premier défi

dispositifs d’intervention. Ces derniers ont été imaginés avec l’aide de Flore Grassiot, architecte au sein du collectif Topoï, qui met en place cette pratique anthropologique dans ses propres projets. Trois ateliers furent mis en place et évoluèrent selon les

Cartographier la grande échelle Le premier dispositif consistait en une discussion autour d’une carte mentale dessinée par l’habitant. Nous lui imposions de positionner le nom de la commune pour qu’il nous parle ensuite de ses trajets quotidiens, de ses activités sur un territoire dont il découvrions que certains se cantonnaient aux communes voisines tandis que d’autres fréquentaient la côte régulièrement. Sur place, nous nous rendions compte que ce dispositif sensé fonctionner avec ou sans nous, n’avait d’interaction que si nous étions présents pour questionner les habitants. Nous choisissions donc de faire évoluer ce premier dispositif voulu individuel vers un dessin commun participatif. Nous avons donc dressé sur des tables jointes une grande feuille blanche sur laquelle nous avons inscrit quelques communes telles que Nantes, Le Temple-de-Bretagne, Savenay ou encore Saint-Nazaire. Nous en avons oublié habitants de la compléter si besoin. Chacun s’appropriait alors une couleur et décrivait en légendant ses trajets. 38

Cette carte nous a permis de découvrir les pratiques habitantes à l’échelle estuarienne et de comprendre que la commune s’ancrait dans un réseau fonctionnant par complémentarité (travail, services, loisirs).

De l’inventaire vécues

aux

limites

Le second dispositif s’organisait autour de la projection d’une vue aérienne du Templede-Bretagne sous laquelle nous avions positionné une feuille. Les habitants étaient plutôt alors invités à nous parler du fonctionnement interne à la commune. Pour certains cette vision aérienne était une découverte, point de repère, généralement l’église. Cette projection a mené à l’élaboration d’un catalogue des lieux et bâtiments remarquables de la commune. Nous comprenions que les activités et équipements se trouvaient dans un périmètre restreint. Une fois cet inventaire terminé, nous posions une nouvelle question pour enclencher la discussion. La commune étant contrainte les habitants sur ce qu’ils pensaient être les limites communales du bourg. Les dessins produits nous ont permis de distinguer les limites de pratique et de connaissance du bourg. Aussi, nous discernions l’étroitesse de la commune cernée par ses voisines, Malville, Fay-de-Bretagne, Cordemais, Vigneux-de-Bretagne.

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Expression libre sur demain posait, sur une bâche blanche, une simple pas fonctionné de suite car nous assistions une nouvelle fois au syndrome de la page blanche. Une autre raison nous est apparue : comment convoquer le futur sans d’entamer l’écriture en posant nous-mêmes des questions sur des sujets récurrents tels que l’aéroport, les commerces et les services. Finalement, ce mur d’expression s’est transformé en mur de revendication où chacun donnait son avis.

Cartographier la grande échelle

ateliers comme un essai de recours à un autre médium. Les extraits d’enregistrearticles et documentaires sur des sujets tels que l’aéroport, le plan de développement à disposition pour recueillir les réactions.

De l’inventaire aux limites vécues

d’accueil nous a permis de récolter les contacts et avis des participants.

Expression libre sur demain Observer avant de questionner

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La première journée d’ateliers s’est déroulée sans encombre ce qui n’a pas été le cas le lendemain puisque nous n’avions pas trouvé de bénévole pour nous ouvrir les lieux à municipale étant ouverte au public quatre demi-journées par semaine, nous avions proposé aux bénévoles de participer aux ateliers en nous ouvrant les portes de la médiathèque. Malheureusement, une demi-journée manquait à notre planning et nous nous sommes retrouvés dépourvus de lieu d’accueil. Une solution de dernière minute a été proposée par Julien Leray, propriétaire de la brasserie Le Templier. Il a donc accueilli les ateliers un après-midi et une soirée. Les dispositifs ayant été conçus pour les espaces de la médiathèque, il a fallu repenser rapidement ceux qui ne pouvaient être mis en œuvre. Ainsi, le mur d’expression a disparu au

nous avons pu prolonger les ateliers en soirée et de ce fait rencontrer avec une autre population que celle fréquentant la médiathèque mais également d’établir un rapport d’échange moins institutionnel autour d’un verre. Ces ateliers participatifs nous ont permis de questionner, de bavarder, d’échanger avec les habitants et habitués sur leur territoire et leurs manières de l’habiter. Ils nous ont conté leurs pratiques et nous avons pris part à leur quotidien. Nous avons donc perçu des sensibilités du site que nous n’aurions jamais eu si notre investigation s’était cantonnée aux seuls outils administratifs (PLU, PADD, SCOT, etc.). Adopter la posture de l’écoute et rentrer petit à petit dans un rapport d’intimité nous a permis de tisser vers eux par la suite.

fait évoluer son contenu en supprimant la question de l’avenir de la commune et en de mettre à plat chaque soir tous les propos une trace. Il nous est apparu intéressant que les habitants puissent réagir sur ces notes et les complètent.

Une migration réussie à la brasserie Le Templier 40

La vitrine et la voiture comme moyens d’attirer les foules

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


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Faire haltes | Une dynamique de mise en rĂŠseau au Temple-de-Bretagne


Observer avant de questionner

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Donnant-donnant Cette série d’échanges et de rencontres s’est bien évidemment poursuivie au-delà des ateliers. Régulièrement, nous retournons sur la commune pour discuter avec les habitants, en rencontrer de nouveaux ou compléter notre relevé photographique. En réponse au temps qu’ils nous ont consacré, aux histoires qu’ils nous ont conté, nous avons souhaité revenir vers eux pour leur présenter notre travail en cours. Nous avons organisé une projection à la salle des fêtes communale le 6 juin dernier. Pour cela, nous avons renouvelé la distribution de cartes postales, moyen de communication désormais reconnu par les Templiers. Ces invitations ont été complétées par l’envoi de courriers électroniques à celles et ceux qui souhaitaient garder contact avec nous.

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Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne au Temple-de-Bretagne




Satellite rural Une commune de l’entre-deux mÊtropolitain


Métropolisation Système à centralité dominante mettant en concurrence deux polarités : urbaine et rurale. La ville-métropole génère cet espace hiérarchisé. Elle concentre les populations, les activités, les valeurs, les réseaux, en aspirant la constellation qui l’alimente. Le rayonnement impose une relation de dépendance répressive des satellites vers leur référentiel.

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49


Relever, révéler, cartographier Lorsque nous avons abordé les Blain déplacements quotidiens avec les habitants sous forme de carte des pratiques, nous nous sommes rapidement aperçus de l’étendue du territoire fréquenté. Les limites vécues du Fay Temple-de-Bretagne, dépassent largement les limites communales. Cette transgression administrative est due à la proximité des NDDL Savenay voisines et à la diversité des communes besoins quotidiens desMalville Templiers. En réalité Vigneux une personne domiciliée au Temple travaille Le dans la métropole nantaise,Temple fait les courses Bouée et les soldes dans le centre commercial Atlantis à Saint-Herblain ou bien plus Cordemais au supermarché de Saintponctuellement Etienne-de-Montluc, vient chercher une spécialité chez le traiteur àSaint-Etienne la Paquelais, maisSautron amène également deux fois par semaine ses enfants au cours de piano à Vigneux et

évin

Côte bretonne

Héric

Saint-Mars

Paris Orvault

Trignac

Nantes

Saint-Nazaire

Couëron

d’aquagym à Cordemais. LeCette Pellerin itinérance Indre habituelle des habitants est une sorte de communes, dans lequel le Temple-de-Bretagne adopte une position centrale. De cette observation, nous pourrions nous demander ce que les habitants voisins viennent chercher au Temple-de-Bretagne. N’est-elle pas seulement reservée à la résidence, en qualité de commune-dortoir ?

Pornic

Pornichet Saint-Herblain Vertou

Bordeaux / Marseille / Nice

Côte vendéenne

Travail Travail Services Services Commerces Commerces Loisirs Loisirs

Un réseau de fonctionnement local 50

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne

Saint-Brév


Blain

Fay

Héric

NDDL

Savenay

S Malville

Bouée

Vigneux

Le Temple Paris

Cordemais Orvault Saint-Etienne

Sautron

vin

Nantes Couëron Le Pellerin

Indre

Saint-Herblain Vertou

Pornic Bordeaux / Marseille / Nice

Côte vendéenne

Travail Services

Satellite rural

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La métropolisation, une opportunité Il s’est révélé que chaque déplacement mentionné par les habitants correspond à un usage et à une pratique bien précise, commune. On s’y rend pour quelque chose de particulier à un moment précis. Ces pratiques quotidiennes parsemées sur l’ensemble du territoire ligérien sont vécues par les habitants comme de véritables opportunités, des libertés citadines à la campagne. Les personnes rencontrées considèrent vivre à la campagne et simultanément prendre part à la diversité programmatique de la métropole nantaise. Cela prend la forme d’un réseau complémentaire intercommunal dont la mobilité est la composante obligatoire. Cette ruralité bien que métropolitaine, se trouve à l’extérieur des limites administratives de la métropole nantaise. La commune du Temple-de-Bretagne est reliée à la métropole par la nationale, ce qui favorise la mobilité quotidienne liée en grande partie au travail. Ce rapport de distance entre la commune du Temple-de-Bretagne et la métropole, directeur des services de la communauté des communes du Cœur d’Estuaire. Il nous présentait le Temple-de-Bretagne comme une commune de la seconde couronne métropolitaine. Cette rencontre nous a permis de comprendre la logique intercommunale. Cette présentation de Cœur d’Estuaire, ainsi une nouvelle dimension qu’est celle de son accroche à la métropole. Nous découvrions alors que cette commune vivait dans son la plupart des activités économiques et culturelles. Elle exerce sur son aire urbaine une attractivité qui aspire et rend dépendant en vampirisant, ce qui lui confère son statut 52

de métropole et donc de sommet de la hiérarchie régionale. Elle laisse néanmoins à sa couronne la fonction de l’habitat. Le Temple-de-Bretagne se positionne alors comme cité de la seconde couronne puisqu’elle n’est pas dans l’espace périurbain nantais. Ces couronnes abritent donc des cités-dortoirs qui regroupent comme leur nom l’indique, des logements et dont le marché du travail est réduit. La désignation la seconde couronne au rang de réserve. Le système métropolitain se base sur une hiérarchie économique classée géographiquement par pôle. Un pôle, qu’il soit industriel, commercial ou culturel, est une intensité dans le territoire. Inversement l’absence de cette intensité est considérée comme un vide et une faiblesse. Considérer le cas d’une commune qui n’a pas les moyens de se doter d’équipements de manière exhaustive se révèle pour nous être une force qui participe à l’économie locale organisée en réseau. Dans notre cas, la dominante de logements individuels dans la commune se rapporte à une mono-fonctionnalité de l’espace. Mais pour autant doit-on considérer la commune et ses semblables taines ? L’intensité d’un territoire n’est pas, de fait, contenue dans l’urbain, mais bien au contraire peut se développer à partir d’une On distingue dans le rapport concurrentiel d’une métropole, une certaine négligence à l’encontre des communes sans moteur économique. La faveur est visiblement donnée aux zones motrices, telles que les zones commerciales bordant les périphéries, les zones artisanales ou encore

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


L’entre-deux, territoire de potentialités

les pépinières d’entreprises. L’absence d’un moteur économique semble être une l’alternative d’envisager la dynamisation du milieu rural en métropole, se basant sur d’autres potentialités plus durables en termes de ressources. Une ressource n’étant pas subordonnée par sa quantité, mais par sa qualité et son implication. La ressource humaine devient moteur d’un territoire. L’apport d’une dynamique de ces territoires n’arrivera pas avec le comblement des vides ruraux par des équipements ponctuels. Il est donc légitime de considérer le territoire ligérien par rapport à sa population et envisager ainsi une inertie collective, se basant sur l’échange mutuel.

Satellite rural

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Milieu rural Traditionnellement opposé au milieu urbain, le milieu rural est un lieu de production devenu lieu de loisirs. Cet espace a vu s’éteindre les exploitations agricoles familiales au La banalisation de ce phénomène a mené à la perte de parc naturel pour les citadins qui réduit ses potentialités. Le rapport de force aujourd’hui établi entre la polarité urbaine et les satellites ruraux empêchent l’équilibre et l’interaction mutuels.

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Š Christian Mamoun Sarges 55


La ruralité comme composante métropolitaine Le Temple-de-Bretagne est un bourg rural, du fait de son environnement et de son passé agricole. C’est ainsi qu’il est nommé par ses habitants. Cette dénomination ville périphérique. Sa typologie en fait une urbanité rurale traversée par un axe régional. Une ambiguïté d’échelle s’installe entre une n’étions plus dans l’idée première d’une ruralité en autarcie, mais davantage dans un rapport vers l’extérieur. quelques témoignages de Templiers nous décrivant l’étonnante diversité des anciens métiers installés dans le bourg : sept charcutiers, deux boucheries, vingt-deux cafés, un chai, des abattoirs, une forge, des merceries, sans évoquer les nombreuses fermes familiales. Paradoxalement, toutes ces pratiques se sont organisées dans l’unique épaisseur bordant la route principale et non pas dans les vastes espaces comprenait la phase de confection, la vente, les diverses transactions et l’expédition des produits via l’axe principal, concentrant ainsi ce processus dans l’épaisseur du bourg. Le Temple-de-Bretagne, historiquement bourg passant, s’est développé malgré ses contraintes foncières le long de l’axe structurant. Sa position limitrophe avec les communes de Vigneux, Malville et Cordemais, la résume à sa partie historique, sans véritable espace rural. Habituellement, nous imaginons le milieu rural comme un espace vaste dilaté, s’opposant traditionnellement à la densité urbaine. Le cas du Temple, nous prouve le contraire. Notre imaginaire de la vie d’antan de ce bourg-relais est nourri par

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foisonnement rural est à peine perceptible aujourd’hui avec les vitrines des boutiques fermées ou transformées. Ces récits du lorsque nous apprenons qu’il fut un temps où le Temple-de-Bretagne était la commune la plus aisée de Loire-Atlantique (dans les années 1970). Bien sûr, il faut relativiser cette information en rapportant la démographie à la surface de l’époque. Néanmoins, le Temple-de-Bretagne avait une production avec les communes environnantes et avoir une renommée régionale. Aujourd’hui, la commune est la plus petite de la communauté Cœur d’Estuaire, et la moins équipée malgré sa proximité avec la voie express.

Un souvenir persistant On ne trouve plus les charcuteries renommées, ni les nombreux commerçants dans le bourg du Temple-de-Bretagne. Cela est en partie dû à la construction de la nouvelle nationale en 1973, mais aussi à la concurrence de la grande distribution à proximité. D’autres éléments plus universels comme l’évolution des modes des productions, de moins en moins locaux et l’innovation des infrastructures, de plus en changement des mœurs. Ces phénomènes sont à l’origine du changement de statut de la commune, qui passe d’un lieu de halte à un lieu de passage. De cette ruralité encore dynamique jusqu’aux années 1970 et dont le souvenir est encore vif chez les anciennes générations, ne reste qu’une seule propriété agricole spécialisée dans l’élevage bovin.

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


En direction de Vannes Boulangerie

Epicerie Mercerie Couture Boulangerie

Vin, eau gazeuze et spiritueux

Charcuterie

Charcuterie Café

Sabotier

Epicerie

Marchande de poulets Boucherie Bourrelier CharbonnierCafé

Café Tueur de cochons PlomberieQuincallerie CoiffeurBarbier

Grainerie Jardinerie

En direction de Nantes

Une offre foissonnante aujourd’hui disparue

Satellite rural

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La disparition des commerces est une conséquence de l’évolution rapide des modes de consommation qui favorisent le choix et la disponibilité immédiate plutôt que l’adaptation à une consommation locale et

potagers. Le milieu rural semble plus propice à ce type d’entraide de par l’échelle de proximité et l’environnement.

métropolitain peut-elle répondre aux contraintes du marché actuel et ainsi se maintenir éveillée et réactive ? La vie passée du bourg nous a été contée et nous avons découvert la forme persistante d’une organisation, basée sur l’entraide. Cette pratique peu perceptible que nous avons tissé avec les habitants. Ces échanges de bons procédés nous ont semblé être une véritable découverte alors qu’ils relevaient simplement du bon sens et d’une habitude rurale. Par exemple, le boulanger va donner du pain à une vieille voisine qui possède encore quelques lapins. Sans forcément attendre un retour, celle-ci

quotidiennes. Ailleurs dans les lotissements, les parents se dépannent mutuellement pour chercher les enfants aux activités. Des coups de main aux personnes âgées sont donnés entre voisins pour entretenir leurs

Une pratique discrète à convoquer 58

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


L’itinérance, une pratique d’hier et d’aujourd’hui

La pratique de l’itinérance En dressant une cartographie comparative du bourg, entre 1950 et aujourd’hui, on observe l’arrivée de la nationale qui a participé au développement de la commune dès 1973. Sa construction a détourné une grande des commerces du bourg. Progressivement, le Temple-de-Bretagne change de statut, d’étape elle devient passage. La nationale a augmenté sa connectivité avec la métropole et accélère les déplacements. Au vu de la prédominance de l’itinérance dans ce territoire, nous l’avons étudié sous toutes ses formes. A l’échelle du piéton, elle se présente comme une pratique habituelle. Les trajets des écoliers traversants le bourg, des assistantes maternelles allant acheter leur baguette sont des déplacements ordinaires possédant leur propre temporalité. De façon plus exceptionnelle, les nombreuses processions pour les fêtes Dieu, la fête

de dépose-minute le long des commerces ou encore le restaurant la Boule d’Or à la pause déjeuner sont des lieux d’activités soutenues à l’image des écoles ou du restaurant scolaire pour les piétons. La pratique de l’itinérance participe au jeu des temporalités qui rythment la vie du bourg.

aux déambulations dans le bourg. Le Temple-de-Bretagne est un territoire qui se traverse, où cohabitent deux principaux usagers : l’automobiliste et le piéton. Dans leurs pratiques, ils soulignent des lieux d’intensité. Par exemple, à l’échelle de l’automobiliste, l’aire de covoiturage et les zones 59


Temporalité

Elle est à la fois matière et mesure du temps engendrant des rythmes. Ces rythmes mesurent les séquences et notre appréciation du temps caractérisant la vie du bourg.

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Diagramme de temporalités du Temple-de-Bretagne

Au rythme des temporalités L’observation de l’itinérance nous a amené à la décrire et la décomposer en temporalités. Nous les avons illustrées dans un diagramme proposant une lecture journalière de ces rythmes. Cette vision non quantitative s’inspire du ressenti relatif à nos observations. Ce graphique est représentatif d’une journée type de la semaine, la présentant sous la forme d’un découpage horaire. Des pics de fréquentations se dessinent notamment le matin, le midi et le soir. La migration pendulaire, induite par la métropolisation, se remarque par les départs et retours des résidents aux horaires de travail et le passage occasionnel du Lila. Les écoliers s’accordent à cette temporalité tout en participant au pic d’activité du midi pour la pause déjeuner, moment où les travailleurs s’attablent.

Temple. L’ensemble de ces séquences se déroulent sur l’axe principal et autour du pôle d’équipements. De manière plus anecdotique, des temporalités du quotidien participent à l’animation du bourg tels des rituels. Le facteur distribuant le courrier ou Jeannot qu’une vie subsiste derrière l’image de village-dortoir. Ces observations constituent pour nous une richesse à reconvoquer comme un potentiel d’hybridation programmatique.

des poids-lourds et les passages singuliers de voitures dus à la présence du circuit automobile de Loire-Atlantique au nord du 62

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Pause déjeuner à la Boule d’Or

Le circuit de course de Fay amène des traversées remarquables

L’aire de covoiturage rythme les départs et retours du travail

Les assistantes-maternelles participent à l’itinérance piétonne

La sortie de classe, une animation dans les lotissements

La randonnée, un rendez-vous bi-mensuel

Pause déjeuner des petits et ballet des parents Satellite rural

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habitat

Vivre dans l’ombre d’une métropole ?

Le Temple-de-Bretagne est une commune vivant à l’ombre de la métropole de Nantes. Son développement semble incontestablement dépendant de ce pôle. Ce bilan est comparable aux communes de la seconde couronne de l’aire urbaine. Nous généralisons le propos et orientons l’analyse vers une globalisation du phénomène. Quatre entrées guident notre étude : l’habitat, le travail, le commerce et les loisirs. L’habitat se divise au travers de deux zones pavillonnaires. Le bourg est constitué, les lotissements semblent être le moyen privilégié de développement pour l’accueil de nouveaux habitants, mais également le lien entre la périphérie du bourg et les champs. Nantes absorbe une grande quantité du marché du travail, ce qui la conforte dans son rôle de pôle métropolitain. Cette concentration du travail engendre des migrations pendulaires qui rythment la vie de ces bourgs. De même, les commerces de proximité 64

travail

zones pavillonnaires bourg

métropole

commerces

grande distribution commerces de proximité

loisirs

équipements en réseau

champs d’action

constats

localisés dans les plus grandes communes de cette couronne. Ces entités créent des centralités sous-jacentes qui participent aux composantes de la hiérarchie métropolitaine. plémentaire entre les communes. Ils sont un élément du réseau en place. Ces constats nous amènent à questionner la fonction de ces bourgs de deuxième couronne. Leur rôle est essentiellement d’accueillir les populations travaillant sur la métropole. Comment peut-on dépasser la s’animent davantage le jour durant ? Les leviers que nous convoquons sont éloignés des tendances actuelles consistant en une surenchère d’équipements. Cette réponse coûteuse s’apparente à une mesure d’urgence plutôt qu’à une solution durable. En se basant sur les opportunités présentes

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


mixité d’usages

dépasser la fonction ville-dortoir ?

ressources locales

intensification

économie locale

problématique et le mécanisme s’articule à l’aide de l’économie locale, les ressources locales ou encore la mixité d’usages. Ces leviers sont complémentaires et interagissent. L’inten-

leviers

réseau d’échanges

stratégie

Son objectif est d’instaurer des qualités favorisant l’envie de vivre en milieu rural.

pratiques déjà présentes, en un apport de plus-value. L’économie locale est à penser rentabilité de la production locale. Les ressources locales constituent le vivier de fonctionnement. Les compétences de mixité des usages est un outil permettant de à ces communes. L’hybridation programroulement d’ynamique des usages. Ces leviers participent à la création d’un réseau d’échanges communautaires. Ce en créé de nouvelles et soutient les initiatives habitantes dans des projets supports de vie. Satellite rural

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Crise La crise fait suite à une prise de conscience douloureuse en question de systèmes de valeurs établis. Il s’agit de renouveau. amélioration.

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Le Temple-de-Bretagne dans l’économie collaborative Un réseau de reconnaissance

Ancré dans la réalité

Sa qualité d’entre-deux et sa situation de nœud intercommunal positionne la commune tel un connecteur géographique entre Nantes et Saint-Nazaire, entre l’espace estuarien et le grand Ouest. La présence au sein du bourg de pratiques vécues (échanges, itinérances), bien que peu visibles car ponctuelles et restreintes à de petits groupes, est une forme de mise en réseau pré-existante. Comment mobiliser ces caractéristiques pour répondre à des besoins tout en se projetant dans une perspective de développement de la commune à long terme ?

Yannick

Il est convenu qu’une vision réaliste de ce territoire ne permet pas d’envisager le développement d’une activité économique sans fondement. C’est pourquoi, nous nous sommes interrogés sur la manière de mettre en place de valeur alternative qui permette de créer une dynamique au cœur de la commune. Pour cela, nous mettons en place un réseau d’échanges communautaires qui a pour objectif de mettre en lumière les pratiques d’initiatives de projets. Le réseau se veut alors révélateur de besoins supportés par comme un outil de projection qui nous permet de répondre aux enjeux contemporains en terme de développements urbains.

Roudaut,

conférencier,

auteur,

décrit notre époque comme celle de l’appauvrissement de l’Occident. Il réalise un travail de veille et de prospective sur la transversalité et la complexité des nouveaux modèles. Dans une conférence donnée à l’université de Bretagne-Sud, il explique que nous sommes entrés dans une économie du sens, du pour qui et du pour quoi. Nous devons cette évolution au changement de modèle économique qu’il faut prévoir au vu de l’épuisement des ressources auquel nous assistons. La demande en matière première augmente alors que 80% des ressources ont déjà été consommées. Comment allons-nous donc nourrir, vêtir 7 milliards d’individus (qui souhaitent accéder au modèle de vie américain) ? Peut-on pérenniser le modèle capitaliste tout en pas ? dépenses et du crédit. Nous avons la chance de pouvoir bâtir un autre monde mais pour cela il faut accepter de remettre en cause notre modèle. La réinvention de nos modèles économiques sont nécessaires pour faire vivre 7 milliards d’habitants ensemble. L’appauvrissement engendre un questionnement à l’origine de l’économie du sens. La prise de conscience est d’autant plus vraie du côté des jeunes qui s’interrogent et souhaitent voir évoluer leur monde. Le pyramide des priorités. Ainsi, nous sommes de plus en plus nombreux à faire mieux

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Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


celle du post-matérialisme où l’on continue à consommer, moins qu’avant puisque les moyens sont moindres. Ce visionnaire optimiste propose d’opter pour l’intelligence collective. Ce système existe dors et déjà, il est simplement encore minoritaire. La collaboration est présente dans la nature comme chez les bonobos - où l’intérêt collectif prime et où la mise en péril du groupe engendre l’exclusion - l’homme semble la mettre de côté.

"

Tout est à repenser, tout est à recommencer, et cela a déjà commencé, sans qu’on le sache, de façon modeste, marginale, dispersée...

"

Edgar Morin

L’ère de l’économie du partage se développe ponctuellement. Puisqu’il y a moins de ressources et que l’outil technologique est à notre disposition, pourquoi ne pas faire partie d’un réseau collaboratif. Les ressourceries, prêts entre particuliers, les AMAP se multiplient. Le partage des réseaux sociaux. Le pouvoir latéral se dégage : les individus isolés prennent conscience de la connectivité qui les lie ce qui permet de réagir sans l’accord du sommet de la pyramide. Concrètement, les élites s’en de grandes entreprises du tourisme, en proposant un nouveau moyen de voyager entre particuliers et bouscule les entreprises collaboratif parisien, propose des produits locaux au plus grand nombre et remet en cause le modèle de la grande distribution. propose une alternative aux crédits bancaires en laissant les particuliers investir dans des projets. Ce système d’entraide et de partage se démocratise. C’est imprégné devenir du Temple-de-Bretagne.

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Les Trott’heures Pratiques sociales en réseau


En chacun de nous sommeille un trott’heure Le temps d’échange

comme

valeur

En s’appuyant sur des modèles existants, aux habitants de valoriser leurs propres compétences en les mettant à disposition de l’autre. Nous considérons que toutes les compétences peuvent être valorisées par la reconnaissance collective de leur utilité. Cette transaction se base sur un échange entre les membres du réseau. Cette pratique pourrait participer à la reconnaissance intergénérationnelle. L’unité d’échange choisie est le temps. Cette valeur universelle est inépuisable puisque tout le monde a les moyens d’avoir du temps. Les compétences et le temps, couplés à la volonté et à la demande individuelle, sont les énergies de ce réseau. Sont considérées comme compétences aussi bien le repassage que les connaissances en piano ou en plomberie. Il s’agit de valoriser à la fois les compétences usuelles aux compétences professionnelles. La propagation de ce réseau s’appuie sur la diversité des besoins quotidiens. C’est un fonctionnement qui ne communes peuvent s’associer, dépassant ainsi l’échelle du Temple-de-Bretagne

Un outil de développement du territoire Le mécanisme est déclenché grâce au (architectes, paysagistes, urbanistes, scénographes, etc.). Il impulse, fabrique, et informe les habitants du fonctionnepublics 72

(subventions

intercommunales,

régionales et européennes). Le réseau se du même type habituellement développées à partir d’une initiative privée et nécessitant une adhésion par cotisation (Sel’idaire, Yakasaider). Une collaboration avec les institutions territoriales est pour nous une manière nouvelle d’ancrer concrètement le réseau, même si l’impulsion va de pair avec la volonté habitante. Dans son évolution, ce réseau aura besoin, à la demande des habitants, de lieux accueillant ces pratiques. Le réseau n’est génératrice de projets. Le collectif et les habitants initient des projets qui s’appuient sur les leviers que mixité d’usages et les ressources locales. Ces projets en synergie sont la concrétisation d’une dynamique évolutive et durable. Dans l’idéal, ce réseau trouverait une reconnaissance des compétences individuelles à l’échelle métropolitaine. D’une intensité au départ non monétaire, il deviendrait ressource économique.

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Habitants

Compétences

Réseau

Communauté

ComCom

Projets

Intensification Economie locale

Collectif

Mixité d’usages Ressources locales

intensification

économie locale

mixité d’usages

ressources locales

Les Trott’heures

73


Hybridation L’hybridation, bien plus qu’une règle, est une necessité à bourg. Hybrider est également un moyen d’optimiser les usages et contourner la contrainte foncière à laquelle nous faisons face.

74


75


Le dispositif d’information à la rencontre des habitants

La première prise de contact avec les habitants est proposée via ce dispositif itinérant. Cet objet a pour but d’informer sur la naissance d’un réseau d’échanges communautaires et d’en chercher les membres potentiels. Il accompagne les habitants dans le faire valoir de leurs compétences. Il permet d’amorcer les discussions et les premiers liens qui peuvent se tisser autour du fonctionnement du réseau. Il s’agit d’un dispositif tracté qui va chercher les habitants selon leurs temporalités dans un premier temps, son installation suscite la curiosité jusqu’au jour d’ouverture, où la dans le quotidien du quartier. Cet outil de communication s’installe aussi bien sur les renseigner tous les Templiers. Ce principe s’inspire de la démarche du collectif Dérive, dans son projet de container modulable, Hortus Bitum, qui propose aux habitants de devenir jardiniers en fabriquant un cadavre exquis. Une fois son rôle d’informateur terminé, elle participe à la vie du réseau en soutenant les évènements de quartiers initiés par les habitants. Déploiement du dispositif 76

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Le Temple, ville-pilote à la mise en place d’un réseau

Développement prospectif imaginé s’appuyant sur des villes aux caractéristiques similaires Les Trott’heures

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Le relais collectif

La fabrique

La grange

Le jardin de rĂŠcrĂŠ La


Sur l’axe principale du bourg circulent 350 camions par jour. Malgré cette cohabitation chercher à le dévier par un nouvel itinéraire. Nous pensons que c’est ce passage qui fait aujourd’hui réellement exister ce bourg dans ce territoire. Sans chercher à privilégier un mode de déplacement par rapport à un autre sur cet axe aujourd’hui délaissé mais structurant, nous proposons un parcours alternatif sillonnant l’épaisseur du bourg et reliant l’ensemble des points clés de la commune ainsi que nos sites de projets. mobilités, à l’abri du danger et des nuisances de l’axe principal.

La terrasse La scène de plein air Le bain public

éation ferme collective

Initiatives en réseau


Les temps du projet Notre stratégie commune se développe en trois temps majeurs. Le premier s’attache à la mise en place du réseau d’échanges communautaires, c’est-à-dire à la création du collectif et à la tournée d’information. Le second temps est initié par un workshop qui débutera avec la réhabilitation de la salle des loisirs et de la place qui s’y trouve. C’est aussi le temps des premières initiatives individuelles en fond de porche, accompagnées par le réseau. Les ateliers de construction dans le lotissement Briand sont réactivés. Ces premières concrétisations spatiales viennent servir et soutenir le réseau. Le troisième temps, quant à lui, est la résultante des premières activations du réseau vers un renforcement et une

créa. de l'asso site web tournée du trott'heure mobile et rassemblement

construction d’un lieu de pérennisation. Cet espace vient alimenter la dynamique lancée qui doit évoluer tout en s’adaptant aux besoins changeants. Durant ces trois temps, le dispositif itinérant est réutilisé comme outil de mise en action des territoires et support de fabrication pour les projets.

TEMPS 1 Mise en place du réseau 80

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


La grange démolition salle Templiers réhabilitation ancien chai et parvis extention hangars

construc. hangars jardins

L'atelier atelier "se menager une place" réhabilitation de la halle construction de logements

Le relais invest. ateliers construc. héberg. temporaires et relais-stock extention et construction logements

Les porches porche 1: réhab garages

porche 1: scène ouverte porche 2: jardin récré

initiatives dans les autres porches

TEMPS 2 Soutien au réseau

TEMPS 3 Renforcement du réseau Initiatives en réseau

81


Se ménager une Place

La Halle comme lieu d’appropriation quotidienne et événementielle

Un bâtiment à valoriser nous avons rencontrées au Temple-de-Bretagne nous ont réservé un chaleureux accueil, nous nous sommes très vite retrouvés à ayant parfois des rapports hermétiques. cordiales et besoins de reconnaissance ou tout simplement d’existence et puis ce pôle d’équipements développé par la commune, similaire à bien d’autres dans ce type de bourgs, et qui peine à exister en tant qu’espace public, espace du partage et des négociations. nationale, telle une colonne vertébrale sur laquelle se raccrochent les points d’intensité de la vie du bourg, il s’agissait de se demander comment cet espace pouvait la compléter, sans venir la concurrencer, c’est à dire en y proposant une qualité d’espace bourg.

Pourtant un bâtiment semble pouvoir porter ce rôle. De forme caractéristique, cet ancien hangar à blé, rénové par des habitants du bourg en salle des loisirs, en fait une architecture à valoriser autant pour sa forme que pour son histoire. Perçu par certains habitants comme le ce que l’on veut, ce bâtiment va pourtant voir son statut être renforcé suite à la destruction de la salle polyvalente des Templiers Ainsi, il cumulera les besoins des deux salles et deviendra le seul espace intérieur de rassemblement commun du bourg. Utilisé de manière occasionnelle pour les fêtes, et pour le sport des écoliers et des associations, le rôle de ce hangar peut ne s’agisse pas juste d’un lieu utilisé de manière périodique mais qu’il devienne un lieu où chacun puisse s’y retrouver et s’y périodique en les combinant à une programmation quotidienne tout en soutenant le réseau ?

les clefs [...] et on pouvait y accéder tout Etat actuel de la salle des loisirs 82

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Appropriation et Pollinisation A notre époque, il n’est plus envisageable de considérer une utilisation partielle des bâtiments et les préoccupations en matière de foncier nous invitent à repenser comment construire sans gaspiller l’espace, en particulier au Temple, où les limites sont restreintes. La proposition d’un redécoupage de ce périmètre, permettrait une redistribution propice à la reconstruction de logements, reconnectant ce périmètre au bourg en facilitant son appropriation, permettant alors

Situation existante

tiques propose alors autant d’usages complémentaires au bâtiment que de manières d’y entrer. Combiné à un atelier participatif de construction de mobilier urbain encadré par le collectif, il devient le point de départ du redessin et de la réappropriation de tout l’espace public environnant par pollinisation et propagation organique. Proposition d’ organisation

Se rassembler

Echanger

Fabriquer

Initiatives en réseau | Se ménager une place | Audrey Degrendel

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La Grange, incubateur d’initiatives quelque part. La plupart du temps, ne

son entreprise en territoire rural peut-il trouver les soutiens nécessaires sans devoir

de côté avant d’être peu à peu oubliée pour

les réponses dans la métropole voisine?

améliorer le cadre de vie de son créateur, voire celui de la communauté en fonction

A l’image d’une grange où sont stockés les équipements et les ressources nécessaires aux travaux agricoles, un incubateur d’initiatives est une structure au sein de laquelle les porteurs d’idées peuvent venir y trouver tous les supports dont ils ont besoin pour les mener à bien. Ce sont d’abord des supports humains via une plateforme d’informations et de conseils aux projets, le centre du réseau communautaire ainsi qu’une pépinière d’entreprises. Ce sont aussi des supports matériels, avec la mise à disposition d’objets pouvant servir à

Elle aurait pu donner des idées à d’autres et créer un cercle vertueux pouvant mettre tout un territoire en mouvement. La mise en place du réseau d’échanges est un premier moyen de réaliser des projets. Chacun peut à sa manière contribuer à une dynamique globale en se lançant individuellement dans l’aventure. Mais il y a de ces idées qui nécessitent de plus gros moyens, avec à la clé de plus grandes répercussions; qu’elles soient sociales ou économiques. Ces territoires de l’entre-deux métropolitains sont des viviers de talents et de compétences qui peuvent trouver dans ces des opportunités, encore faut-il qu’on les aide pour que celles-ci prennent corps. Ce qu’il manque c’est un lieu pour le développement de ces idées. Ce qu’il manque, c’est un incubateur d’initiatives. Comment une personne retraitée voyant grâce au réseau que ses talents sont

un support logistique en proposant des espaces locatifs modulables et librement appropriables. Cette structure est un relais qui se retrouve à plusieurs reprises dans cet entre-deux métropolitain. Fonctionnant en réseau, elle met ainsi en contact des territoires isolés et permet la communication, la circulation et la mise en relation des membres du réseau aux delà des limites communales. Au Temple-de-Bretagne, la Grange investit à l’entrée du bourg. Au carrefour de cheminements motorisés et piétons, ce lieu est

Comment une famille trouvant son village un peu trop endormi peut-elle organiser un évènement sur la commune sans avoir les moyens humains et matériels pour le réaliser ? Comment un jeune actif voulant développer 84

autour duquel s’articulent l’espace principal et les espaces annexes. L’identité rurale est préservée et à celle-ci vient s’ajouter une nouvelle écriture, plus contemporaine, symbole de la nouvelle dynamique qui se met en place dans ces territoires.

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Incubateur d’initiatives

La Grange, moteur d’un dynamisme créatif

Des idées à concrétiser

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?

Comment concrétiser des projets?

Des projets à développer

La Grange, nouvelle figure de l’entre-deux métropolitain Initiatives en réseau | La Grange | Olivier Robin

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Lotissement Cette concentration de maisons à laquelle une majorité aspire s’articule comme agrégat aux abords d’une centralité. Ce système d’urbanisation par individualisation parcellaire contribue à l’étalement urbain et représente aujourd’hui un modèle déconnecté de la réalité productive et écologique dans le sens entendu par Félix Guattari. Cette consommation de territoire et la rigidité qu’elle génère

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Š Christian Mamoun Sarges


"

Le changement est tel que l’assemblage hétéroclite de maisons qui fait le charme des villages est aujourd’hui vécu non plus comme une communauté originale liée à un environnement rural, mais comme le serait la vie dans un immeuble à plat où le voisinage et l’entraide s’alimentant à l’extérieur en tout point. "

Pascal Dibie


Habiter l’Êpaisseur Initier de nouvelles pratiques par la


La campagne, un horizon de référentiels partagés Etre une cité-dortoir en deuxième couronne de métropole est sans doute une chance. Malgré le système hiérarchique auquel elle appartient, la commune du Temple-de-Bretagne représente une potentialité dans une évolution des rapports sociaux et d’une reconnaissance métropolitaine. Le collage ci-dessous, réalisé durant la phase qui a suivi les ateliers publics, positionne le Temple comme une ressource. La départementale qui le traverse, représentée ici au centre, constitue une colonne vertébrale puisqu’elle soutient la commune et la fait exister. Autour, s’articulent le bourg et les zones pavillonnaires. Deux portails proposent d’entrevoir les proximités de la commune que sont la métropole nantaise et la campagne. Le bourg se place alors en tant que connecteur entre le milieu rural et la métropole. Il est une interface d’usages. La campagne qui entoure le bourg et les lotissements est considérée comme un horizon de référentiels partagés. D’ailleurs, ce bourg entre la colonne vertébrale et la campagne. Ces percées, nommées porches, sont des

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lieux qui rappellent les usages passés alors que le bourg était un lieu de halte.

Le Temple, sa force c’est son dortoir La commune accueille aujourd’hui principalement de l’habitat. Les habitants eux-mêmes reconnaissent que le village se résume à sa fonction dortoir. Cette appellation est souvent considérée comme funeste, car elle renvoie à la mort lente des commerces et des villages. Or, tant qu’il y a de l’habitat, il y a de la vie. La notion de dortoir ne doit pas être vue comme une chose néfaste mais bien comme une richesse et un atout face à la métropole. En soutenant la démarche commune qui

Comment habite-on au Temple, en milieu rural, entre la route comme colonne sur la campagne ?

Faire haltes Habiter avant| Une de partir dynamique | Une dynamique de mise ende réseau mise en au réseau Temple-de-Bretagne au Temple-de-Bretagne


initiateurs de projets, ils ont la possibilité

Le Temple-de-Bretagne est une commune amenée à se développer et accueillir toujours Sa position en seconde couronne de métropole et sa proximité avec la nationale en sont les principales raisons. Recevoir ces nouvelles populations questionne sur ses capacités d’accueil. Le modèle du lotissement n’est plus une réponse adaptée. chaque année, grignotant ce qu’il reste de terres agricoles. L’étalement urbain est au cœur des préoccupations de développement territorial puisqu’il consomme la ressource foncière productive.

dynamique dans leur quartier, lotissement, rue ou porche. d’étude de propositions programmatiques hybrides. L’hybridation est une composante majeure du projet. Comme nous l’avons vu plus tôt, la commune est rythmée par des temporalités qui lui confèrent des moments de calme ou d’intensité. L’hybridation programmatique permet donc de ménager de nouvelles temporalités au sein même des porches tout en répondant à la contrainte foncière prépondérante dans la commune.

d’économie foncière. Le centre-bourg se positionne comme l’oprecherchant une alternative au lotissement. L’axe fédérateur qu’est la route départemende la commune, lui confère son image de passage. Autrefois lieu de haltes grâce aux multiples commerces qu’elle logeait, elle est aujourd’hui support d’un transit régional. bourg, le porche, derrière laquelle se cachent des espaces collectifs appropriables. Ces impasses, pour certaines, sont de véritables percées sur la campagne. Ces espaces constituent des opportunités à la fois pour l’accueil de logements et en tant que supports de programmes liés au réseau nouvellement mis en place. Le réseau d’échanges communautaires installé dans la ville-pilote qu’est Le Templede-Bretagne est voué à se propager. Puisque les habitants, membres du réseau, sont

" Beaucoup de personnes vont s’installer dans la ville périphérique parce que l’idée

fortement ancrée dans les mentalités. Or, curieusement, les résidences proposées par les urbanistes et les promoteurs sur le territoire qu’ils ont emprunté à la campagne sont conçues sur des plans-masses complètement intériorisés, retournés sur eux-mêmes, dans un système en cul-de-sac jamais de la vie et de la perspective sur la campagne. C’est quand même bête, car cette campagne est souvent assez belle et reconnue comme telle ! " Michel Courajod

Habiter l’épaisseur | Esthel Lenain

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Un bourg développé par le passage

Les axes du bourg, autrefois halte sur la route de Vannes, aujourd’hui simple passage. Cette voie est le tracé de développement du bourg dessiné en 1602.

Le parcellaire Le parcellaire nous indique les temps de développement du bourg. Les parcelles étroites et profondes accueillent le bâti le plus ancien autour de l’église. Il montre également l’importance du tracé de 1602 qui se positionne comme axe central.

Le front bâti Le front bâti appuie davantage l’axe en le soutenant. Régulier, il abrite pourtant quelques porosités que sont les porches. Cette vitrine autrefois foisonnante de commerces arbore aujourd’hui de nombreuses façades fermées donnant à la commune des allures de village endormi.

Le développement des épaisseurs Les porches abritent des impasses où se trouvaient historiquement les locaux nécessaires à la transformation des produits vendus ensuite sur la rue. Ils sont aujourd’hui percées possibles sur la campagne.

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Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Les commerces foisonnants par le passé

L’essentiel de l’activité économique avait lieu dans le bourg, le long de la rue de Nantes. Cette rue était donc un lieu de halte pour les vacanciers en direction de Vannes. La commune était reconnue pour sa charcuterie. La forme du porche a été développée historiquement pour accueillir toutes les étapes de transformation d’un produit à sa vente.

Vente de vin, eau gazeuse et spiritueux

Sabotier

Epicier

Charcutier

Boucher

Mercier, couturier

Bourrelier

Boulanger

Charbonnier

Coiffeur, barbier

Grainerie, jardinerie

Marchande de poulets

Elevage

La toponymie (impasse du fournil) et l’agencement des bâtiments décrivent encore aujourd’hui les activités qui ont pu y avoir lieu. Le front de rue abritait les habitations et espaces de vente des commerçants, tandis que les bâtiments en fond de cour servaient d’espaces de stockage et de transformation (découpage, cuisson, séchage). Les pâtures bordaient ces épaisseurs bâties.

Abattage Acheminement

Préparation Equarrissage

Habitation

Stockage

Vente

Habiter l’épaisseur | Esthel Lenain

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Développement historique de la commune

Développement le plus ancien du bourg XVIIe siècle Etalement du bourg - XXe siècle Développement des zones pavillonnaires années 1970-1990 Développement des zones pavillonnaires années 1990 à nos jours Zones non urbanisables (zone agricole ou zone humide)

historique le long de l’axe de développement originel. A l’origine percée sur la campagne, elle est parfois devenue ouverture sur les lotissements. Les lotissements apparaissent dès les années 1970. Ils tournent le dos au bourg se refermant sur eux-mêmes et empêchant tout lien avec le cœur du Temple. Seuls vingt hectares constructibles sont encore disponibles. La commune est cernée de zones humides non constructibles et d’une exploitation agricole dont le siège donne sur la rue de Nantes. La commune s’étend aujourd’hui à raison de dix à quinze permis de construire par an. A cette vitesse, la commune aura atteint sa saturation dans vingt ans si le modèle des zones pavillonnaires perdurent. " Les gens n’arrivent pas à comprendre

La commune cernée de zones non urbanisables

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parce que on est quand même sur des bourgs ou si on a pas un terrain 1000 m² et le pavillon au milieu, ça a un peu du mal à passer. Ça a été assez compliqué de faire comprendre que cette urbanisation là est terminée. "

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne

Habitante


Le porche, une accroche à la campagne Ces percées, malgré leur ressemblance, du sol et d’usages partagés. Ainsi, le privé côtoie le commun, le garage côtoie le pavillon, le jardin côtoie le parking. Comme des épaisseurs, ces lieux relient la route et la campagne, il s’agit d’une accroche à celle-ci. Elles constituent des opportunités. privatisées (1), deviennent les lieux de denCes épaisseurs abritent actuellement des habitations notamment en front de rue, des garages, des granges parfois à l’état ralement à l’usage de stationnement pour les véhicules des habitants. Quand elles ne sont pas une fenêtre sur la campagne, elles ouvrent sur les lotissements. Ces fenêtres qui deviendront par la suite des portes permettront la contamination des pavillons par les pratiques habitantes. Le modèle de développement individuel pourrait alors se fondre parmi les usages collectifs.

Le porche, vitrine de lieux communs (2)

Le porche collectif (3)

Le porche privatisé (1)

Le porche public (4) Habiter l’épaisseur | Esthel Lenain

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1

3

3 1 3

2

1 1 1

Epaisseurs à densifier

2

Epaisseurs à créer

Un front régulier à la lisière de zones non urbanisées

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Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne

3

Epaisseurs constituées


Lilongs, groupes d’habitats à Shanghaï grand nombre à Shanghaï durant la seconde moitié du XIXe siècle. Le lilong est une forme urbaine pour désigner des habitats organisés autour d’une venelle où vivaient des communautés ou groupes sociaux. Comme l’expliquent Christine Estève et Jérémy Cheval dans leur ouvrage Lilongs ces lilongs s’articulent des axes nord-sud et des venelles desservant les habitats où s’entremêlent des espaces privés et publics. L’espace public est un lieu d’appropriation pour les habitants, il devient l’extension du chez soi à cause de l’étroitesse des logements. A l’image des porches au Temple-de-Bretagne, l’entrée des lilongs est matérialisée Ainsi, le lilong du bonheur peut se trouver à côté de celui de la joie éternelle. Ces noms sont destinés à favoriser les bons auspices. Les lilongs tentent aujourd’hui de se moderniser malgré l’espace réduit qui leur est caractéristique. Parmi les six styles de lilongs qui existent, l’un d’eux ressemble particulièrement aux impasses cachées du Temple-de-Breégalement appelés lilong ouvrier, abritaient des maisons ouvrières. Construits entre 1880 et 1940, par les employeurs ces lilongs se trouvaient à proximité des lieux de travail. L’impasse sert de seuil entre l’espace public et l’espace privé. Etroite, puisque ne dépassant pas un mètre de large, elle dessert les logements individuels des ouvriers organisés en bande.

« Guangshi Style » ou lilong ouvrier

Habiter l’épaisseur | Esthel Lenain

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Une histoire de contamination Les projets s’installent dans ces épaisseurs Nées d’initiatives habitantes, leurs formes évoluent selon les besoins. Nous pourrions imaginer une histoire de contamination comme telle : Arnaud, qui habite la commune depuis son enfance, souhaite proposer son fond de porche pour héberger un programme qui serve au réseau et à son frère qui tient la brasserie voisine. En prenant contact avec le collectif, il envisage la construction d’une scène de plein air pour accueillir les spectacles d’écoliers ou les concerts au bar. Le propriétaire d’un terrain en friche en fond de parcelle ne sachant qu’en faire et connaissant son usage de terrain de foot qu’il l’entretienne et devienne lieu de projets collectifs. Un jardin récréatif habitantes qui s’approprient l’espace en construisant leur mobilier pour en faire la place du goûter. Pour entretenir ce nouvel espace de récréation, une habitante a l’idée de doter le réseau d’une tondeuse écologique

communément appelée mouton. Pour loger ce nouvel habitant, le collectif s’associe avec l’agriculteur de la commune pour remettre en état une ruine sur son terrain et ainsi y installer une ferme collective où moutons et poules s’épanouiront. Parfois, le réseau permet de déclencher des projets en attente. Les habitants d’un porche dédié à la voiture, ne possédant pas d’espace vert commun, cherchent à construire une terrasse campagne. Le collectif les met en lien avec des professionnels capables de réaliser leur projet. Plus loin, le propriétaire d’un lavoir à remettre en état cet élément de patrimoine. devenir ce bassin. L’idée d’en faire un lieu de permettre son entretien régulier. L’ancienne poste qui a été rachetée par un promoteur en coopérative propose à

Le jardin récréatif 98

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La scène de plein air

La terrasse cultivée

la commune de construire de nouveaux logements ainsi qu’un local commercial en échange de la mise à disposition du terrain. évident et le réseau l’assiste dans ce projet reconnue dans le bourg. Intéressé par cette initiative, le propriétaire du terrain au lavoir démarche le réseau pour envisager la construction de logements en front de rue. Un médecin manque à la commune, la mairie propose donc au propriétaire de joindre un cabinet médical à ceux-ci.

La terrasse cultivée

Ces projets sont des animations à l’échelle du bourg. Ils constituent des points de départ à une contamination à l’échelle de la commune. Le promoteur en coopérative est une alternative au promoteur classique puisqu’il propose la construction et la vente de logements à des prix inférieurs au marché libre et ce, grâce au soutien des communes sur les prix du foncier. La revente est encadrée durant un certain nombre d’années (5 à 7 ans) par une clause non spéculative.

Le jardin récréatif

La ferme collective Habiter l’épaisseur | Esthel Lenain

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Relais collectif SĂŠjourner avant habiter


Si la convoitise devenait interaction

L’écriture de ce mémoire croise l’investigation in-situ et les lectures théoriques, me permettant une résonance entre les échelles. Un des moments charnières dans l’évolution du projet était l’élaboration du collage. Ce moment est arrivé après les ateliers participatifs (milieu avril), lorsque nous avons chacun composé un collage plus au moins réaliste, illustrant notre ressenti du site. L’élaboration de ce collage m’a permis de questionner la place du Temple-de-Bretagne dans son environnement et comprendre les processus territoriaux environnants. du Temple-de-Bretagne est un bourg-satellite de la seconde couronne métropolitaine, vivant à l’ombre de la métropole nantaise. Etant en position bordure métropolitaine, elle est au second rang dans cette organisation polaire. 102

En se voyant attribuer ce rôle compensatoire, de commune-dortoir, commode par sa proximité à Nantes et attractive de part ses prix, le Temple est réduit à une réserve résidentielle pour les rurbains. Par ailleurs, cette commune subit une pression sa position pour construire de nouvelles infrastructures routières pour le futur aéroport de Grand Ouest. Étant pris dans cette convoitise multiple, je me demandais devenir interaction. L’enjeu est de concevoir avec les composantes du territoire et non pas se servir de ses avantages. Renversant ce rapport de concurrence entre le local le métropolitain, installant une reconnaissance ce qui était là au départ.

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Habitante d’une des maisons Briand

Immersion par des récits charpentier. C’était Briand, René Briand et il faisait ce qu’il voulait, du temps où le maire c’était M. Legout, Voisin

Étant marquée par la notion de convoitise, introduite par Ricardo Basualdo, j’ai continué mes investigations in-situ, en me laissant raconter des histoires singulières du Temple-de-Bretagne. Ce moment sensible dans la vie du projet, prouve qu’un récit peut être initiateur de projet dépassant le cadre méthodologique. Étant donc davantage dans une posture d’écoute que d’analyse, j’ai appris qu’un certain René Briand, ancien habitant du Temple, a lui-même construit une vingtaine de maisons, aujourd’hui léguées à la commune. Étant curieuse de cette histoire, j’ai voulu voir ces constructions et en apprendre davantage sur ce personnage. Les constructions en question se trouvent à la sortie du bourg, bordant l’axe bâti composé de maisons individuelles et d’ateliers, majoritairement construit en bois.

Portrait d’un personnage il a beaucoup construit sur la commune et toujours sans autorisation... Moi j’ai

Ami et collègue de M. Briand

Au total, M. Briand a construit une vingtaine de maisons au Temple-de-Bretagne, dont une dizaine dans ce quartier. Cette étonnante productivité s’explique par son esprit d’entrepreneur-investisseur, associé au savoir-faire et au plaisir de bâtir. Dans son cas l’autoconstruction, fréquemment non déclaré à la commune, prenait un goût de liberté personnelle. Malgré mes nombreuses questions au sujet de la formation professionnelle de M. Briand, je n’ai jamais su véritablement d’où venait sa se partageant entre menuisier et ébéniste, lui donnant une réputation d’un homme à tout faire, totalement autodidacte. La période de construction s’étale des années

. pactole et ils l’ont même dit dans le journal. C’était

véritable opération immobilière production dont M. Briand été initiateur, gestionnaire, concepteur, bâtisseur et bailleur. Le Relais | Natalya Yankovska

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Sur la route, à la sortie du bourg

corps de ferme

commanderie bourg

Extérieur du bourg L’emplacement actuel du lotissement Briand correspond aux anciens corps de ferme se trouvant après la Commanderie des Templiers, en direction de Vannes. Cette situation de sortie de bourg explique une moindre densité du bâti et un parcellaire plus large voué à l’agriculture.

Entités rurales A l’extérieur du bourg, on observe une typologie moins dense, parsemée le long de l’axe principal. N’étant pas cernés par les constructions mitoyennes, ces corps de ferme ont une emprise importante, s’organisant autour d’un front bâti abritant les cours intérieures.

Vannes/Nantes, a formé avec le temps ce front bâti en lisière. Le rapport immédiat avec cet axe fédérateur permet d’imaginer l’importance du passage au Temple-de-Bretagne, lui attribuant le rôle d’un bourg-relais.

Aperçu des corps de ferme bordant l’axe principal vers 1936 104

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Plan de l’état existant des constructions de M. Briand

Énergie collective de l’autoconstruction Ateliers

Progressivement j’ai découvert une véritable sa grande sociabilité et le savoir de bien s’entourer de maçons et zingueurs de chantiers, souvent étant des voisins ou des

Corps de ferme bordant la route

Maison individuelle, dit le « pavillon »

récits, je commençais à percevoir toute la dimension humaine et collective, émanant de l’acte de construire de ce personnage. Bien qu’aujourd’hui les pavillons ne sont quasiment plus habités, n’étant plus aux normes, on peut néanmoins observer la diversité typologique et architecturale, issue de cette longue construction collective orchestrée par M. Briand. On peut distinguer plusieurs typologies : logements collectifs dans les anciens corps de ferme, ateliers de construction bois et entrepôts de stockages, A cette diversité typologique s’ajoute une rue intérieure, les jardins partagés entre locataires et des petits garages servant de débarras.

Le Relais | Natalya Yankovska

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Les temps d’un processus résidentiel Par concours de circonstances et pour des raisons personnelles, M. Briand a légué tous ses biens immobiliers et fonciers à la commune du Temple-de-Bretagne. Après son décès en 2008, la commune est donc devenue propriétaire de cet ensemble bâti. Cet héritage est indéniablement une opportunité de développement en matière de logement pour le Temple-de-Bretagne. Cependant, disposant de moyens modestes, elle n’est pas en mesure de prendre en charge toute la restructuration du quartier quête d’un bailleur social pouvant prendre en charge ce patrimoine immobilier. Faisant le lien entre cette richesse sociale se basant sur l’initiative personnelle et la construction collective, cela a fait résonance avec la notion de reconnaissance d’un lieu et de ses habitants. Le patrimoine immobilier de M. Briand et son histoire singulière m’ont semblé être une opportunité de vie collective au Temple-de-Bretagne.

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En croisant les directions du SCOT et les besoin en logement social locatif. Dans cette conjoncture, le quartier Briand semblait être une réponse possible à ce besoin métropolitain. Cependant, proposer une nouvelle forme d’habitat sans prendre en considération les caractéristiques uniques du quartier Briand, me paraissait en désaccord avec le contexte et notre démarche commune. Ainsi le processus de régénération de ce quartier résidentiel a pris une forme évolutive, séquencé par un phasage progressif. Car l’habitation pérenne n’est pas forcément la forme immédiate, elle est la cristallisation d’un processus évolutif pouvant prendre en habitat. C’est justement ces états intermédiaires qui alimentent les pratiques habitantes et les actes du quotidien.

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Autoconstruction, énergie collective Occuper un site durant un chantier, c’est une manière éphémère de le vivre, anticipant ainsi l’habitation future. Historiquement, le quartier Briand est le fruit d’un long chantier, ce même chantier pourrait être son élément régénérateur. Cette régénération pourrait débuter par une posture d’hospitalité, qui consisterait à initier les personnes à venir dans ce quartier, aujourd’hui peu fréquenté. C’est à ce moment de lancement que le

Le quartier Briand, étant en bordure de l’axe routier, est une rotule entre l’échelle de la commune et la métropole. La proximité de la route faciliterait l’accès aux visiteurs venus prendre part aux ateliers et aux workshop. Pour incorporer la dynamique du les visiteurs et les résidents. L’enjeu est donc halte au Temple-de-Bretagne.

importance. La commune étant propriétaire mettrait à disposition du réseau les ateliers pour des activités de bricolages et de construction. Ce premier geste d’accueillir les ateliers du réseau serait initiateur de curiosité et de dynamique extérieure. Cela consiste à rendre visible l’acte de construire, en donnant à voir ce processus et en invitant les personnes extérieures. Ainsi l’atelier et la construcdévelopper dans des bâtiments existants avec peu de moyens. Une interface pouvant réconcilier la vitesse routière et les habitants Le Relais | Natalya Yankovska

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Initier la vie collective par l’itinérance L’étape suivante du processus de régénération consiste à accueillir les personnes de passage. Il y a quelques années de ça, on pouvait facilement trouver des hébergement ayant disparue, laisse entendre un besoin nouveau. De plus, la proximité arrivées et les départs des pensionnaires potentiels, considérant l’itinérance comme dynamique. La partie du quartier bordant la route pourrait accueillir un bâtiment-relais, proposant un hébergement sous forme de

Trafic dense des poids lourds bordant les habitations

atelier + habitation

actuelle, le Temple-de-Bretagne n’a pas de lieu permettant de s’arrêter un moment, c’est un rapport très expéditif qui empêche toute forme d’interactions entre les habitants et la possibilité de faire à nouveau halte au Temple-de-Bretagne. Séjourner est une manière d’habiter. Étant à l’extérieur du bourg nous avons une plus grande liberté typologique, permettant d’envisager ce relais sous forme hybride. Davantage une infrastructure d’interface entre l’échelle territoriale et locale, ce relais proposerait une coopérative de vente directe et des logements temporaires (dortoirs/ studios). La typologie d’une halle pourrait contenir les deux programmes l’hébergement et la vente en directe.

aire de stationnement

Morphologie d’un bâtiment relais intégrant le flux

SFMBJT DPMMFDUJG

Toujours dans l’optique de faire connexion et inviter à faire halte, une coopérative agricole approvisionnée par les agriculteurs locaux, peut se combiner avec l’hébergement. La cohabitation des rythmes est une composante majeure de la dynamique collective de ce quartier. Pour cette raison, l’hébergement fonctionne en parallèle avec la vente directe. Car les lieux d’échanges et de transactions sont aussi des lieux de représentation de ceux qui s’arrêtent pour acheter un panier de légumes et ceux qui séjournent au Temple, le temps d’un workshop. L’hybridation architecturale peut être support d’un vie collective.

Façade routière 108

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Architecture de halte

turale pouvant combiner la mobilité et la comme composante essentielle. La particularité du motel réside dans le fait de proposer un hébergement plus ou moins prolongé à un prix imbattable. Étant en itinérance, nos critères de confort changent, la priorité n’est plus donnée à la vue ou la surface du logement elle se rapporte à un stationnement facile, réduisant la distance entre le lieu de résidence et la route. Autant étant performante pour l’itinérance, cette typologie ne favorise pas les échanges entre les pensionnaires, c’est un rapport plutôt anonyme.

Forme collective Habituellement le milieu rural propose des logements individuels, prônant la propriété privée. En revanche, la pression foncière et le besoin en logement locatif au Temple-deune typologie collective. D’autant plus que le quartier Briand a été en quelque sorte aux prémices de la vie collective. L’opération de en scène la densité de logements autour d’une cour intérieure qui prend tout son sens d’espace partagé.

Cour intérieure des logements sociaux Kronos sur l’île de Nantes. Le Relais | Natalya Yankovska

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Habiter dans une entente collective une troisième phase, après le lancement de la dynamique initiée par le relais. Cela pourrait prendre forme d’une réhabilitation des pavillons existants, opérant une densiSans remettre directement en question le modèle du pavillon qui persiste dans les villes périphériques, on peut songer à une contamination de l’habitation individuelle par la pratique collective. Cette pratique peut être aussi bien sous forme de jardin collectif ou bien par la mise en partage des espaces intermédiaires. La gestion collective des jardins relève d’un engagement personnel et peut faire objet d’une charte entre habitants. Contaminer le modèle du pavillon peut faire évoluer sa consommation surfacique par-

dortoir du Temple-de-Bretagne est majoritairement dû au manque d’interaction entre habitants. Le tissu des jardins peut être liant entre les pavillons favorisant l’échange qui semble manquer dans les résidences pavillonnaires du Temple-de-Bretagne.

pratiques entre voisins. Car le caractère

Exemple de contamination des jardins privés par la pratique collective 110

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Forme possible de densification des pavillons.

Négocier l’espace collectif Prenant en compte les moyens réels de la commune du Temple-de-Bretagne, il est pertinent d’envisager un montage administratif de ce quartier. La construction de logements sociaux prend parfois plusieurs années avant la mise en location, à cela se rajoutent les frais de gestion et d’entretien des bâtiments à la charge de la commune. On pourrait imaginer une négociation entre la commune en qualité de propriétaire et un bailleur social en mesure de construire et de gérer les logements sociaux. Cela peut être sous forme d’une délégation des services publics (DSP), c’est un contrat permettant à la commune de laisser la construction et la gestion du patrimoine par la bailleur, en échange de respecter des closes négociées. La présence d’un relais d’hébergement et d’une halle de vente directe est une véritable plus-valus pour le bailleur social, car les futurs logements locatifs viendront s’insérer dans une dynamique existante, complétant la programmation mixte du quartier Briand. Combiner l’hébergement avec la vente directe et le logement individuel locatif est une manière de gagner en qualité de vie en milieu rural dont l’intensité conserve l’échelle de la proximité.

Bailleur social

DSP Contrat

Commune Le but étant d’ouvrir les possibilités de la commune du Temple-de-Bretagne, avec des formes architecturales capables d’accueillir des pratiques et des échanges du tion entre les personnes. La réponse architecturale peut être support de vie collective mettant en résonance les personnes à l’échelle métropolitaine. La durabilité d’une architecture réside dans le degré de liberté issue des pratiques habitantes. Dans le récit du quartier Briand, la forme architecturale est issue d’abord de l’acte de construire, d’accueillir et d’habiter collectivement. Cette projection est contextuelle mais résulte d’une histoire singulière pouvant remettre en question l’habitat en milieu rural. Le Relais | Natalya Yankovska

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Faire haltes | Une dynamique de mise en rĂŠseau au Temple-de-Bretagne


Faire haltes Faire halte dans son territoire

Notre démarche de mise en réseau démarre avec la ressource habitante et

habitants. La volonté habitante, associée à une énergie collaborative, permet de créer une intensité reconnaissable de l’entre-deux vis-à-vis des métropoles.

Faire halte dans sa vie haltes au Temple-de-Bretagne. Pourquoi ne pas s’arrêter au Temple le temps d’une nuit dans le Relais, pour assister à un spectacle au détour d’un porche, se renseigner sur les opportunités professionnelles ou bien venir participer à un atelier de réparation ? Le Temple peut être choisi pour faire halte à un moment de sa vie. La dynamique collective éveillerait l’envie d’habiter cette commune. Ce bourg serait en mesure d’accueillir diverses trajectoires résidentielles puisque proposant des lieux et des pratiques de vie quotidienne et exceptionnelle.

La démarche de cet atelier et l’échéance prochaine de notre formation nous a amené à questionner l’approche et la posture de faire projet. Faire émerger le projet auprès des habitants et ne plus être exclusivement subordonné aux place l’architecte comme accompagnateur et metteur en forme des énergies habitantes.

Conlusion

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Médiagraphie Ouvrages M. Jakob, Le paysage, Infolio, 2008 C. Estève, J. Cheval, Lilongs - Shanghai, Mon Cher Watson, 2010 F. Guattari, Les Trois Ecologies, Galilée, 1999 Abbé P. Grégoire, Le Temple-de-Bretagne, une bourgade de la Loire-inférieure, Lafolye frères, 1917 M. Heidegger, Chemins qui ne mènent nulle part, Gallimard, 1962 Articles ville in Constructif n°35, juin 2013 du tissu rural, pp. 48-51 in revue Urbanisme n°338, sept-oct 2004

Ecrits universitaires Estuaire de la Loire, territoire en mouvement, Maud Delarue, Marion Humeau et Florent Auclair-Tilly, Rêver c’est déjà ça : des projets en débats pour le territoire de Cordemais, , Estuaire 2029, 2013

Documents règlementaires SCOT Métropole Nantes Saint-Nazaire, 2007 PLU commune du Temple-de-Bretagne, 2013 Filmographie Le temps des Grâces, D. Marchais L’aérodrome régional de Notre-Dame-desLandes, INA.fr

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Remerciements Merci aux enseignants de l’option : Saweta Clouet, pour son regard pragmatique et son esprit de synthèse ; Chérif Hanna, pour la coordination de l’atelier et ses apports théoriques ; Jean-Yves Petiteau, pour son approche humaine et son soutien matériel ; aux intervenants : Ricardo Basualdo, pour sa clairvoyance ; Pierre Cahurel, pour sa patience ; Xavier Dousson, pour son accompagnement dans l’investigation ; Flore Grassiot, pour son aide dans la réalisation des ateliers publics ; à l’équipe municipale du Temple-de-Bretagne, pour leur accueil, leur écoute et leur disponibilité ; à l’équipe de la médiathèque Le Marque-Page et aux gérants de la brasserie Le Templier, pour avoir accueilli les ateliers participatifs ; à l’équipe de la communauté de communes Cœur d’Estuaire, pour leur regard territorial ; aux Templiers et habitués de la commune, pour leur hospitalité, leur intérêt et leur à Jean Malbezin, Christian Mamoun Sarges, Martial Nouhaud pour leur aide et leurs apports sur le projet.

Remerciements

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Annexes

Itinéraire avec Vincent le facteur, 3 mars 2014 Vincent, le Facteur : Y’a que 16 kilomètres normalement à faire. J’ai fait une bonne partie. Y’en a pas pour longtemps si vous arrivez à me suivre. Là on va sortir du bourg, alors comme j’ai fait toute une partie alors ça va aller assez vite. Alors en une demi-heure ça va être fait à peu près. Là direction Vigneux jusqu’à la sortie du Temple et après on va revenir. Y’en a pas pour longtemps ça va aller vite. (trajet en scooter) ça va aller ? Maintenant comme je distribue je vais aller moins vite. Là ce que je fais généralement je suis les trottoirs, c’est simple. Esthel : Sans s’arrêter ? Oui j’y arrive ça aussi. On y va ? On est parti ! Ca va il fait beau c’est quand même agréable. Ca aurait été jeudi dernier c’était pas mal. Vous pouvez vous reposer. Y’a rien pour vous, bonne journée ! Bonjour ! comment allez-vous ? ça va. un petit autographe ici oh lala C’est bon ça ira, voilà c’est parfait. Bonne journée, au revoir ! ça va ? On fait notre sport de la semaine ! Avant je faisais ça tous les jours. A vélo ? Ouais Vélo électrique ? Non normal Depuis Saint-Etienne ? Ba je venais en voiture depuis Saint-Etienne et puis après je prenais le vélo ici, 16 kilomètres, tous les jours, qu’il pleuve, qu’il vente. C’est sympa ! Pour ça le scooter c’est quand même plus cool. Allez, on continue ! Bonjour ! ça va ? Ba oui et vous ? Alors, Mathieu Je signe où ? Là ! Voilà, ok merci. Bonne journée, à bientôt au revoir ! Audrey : Y’a beaucoup de recommandés ? Non non il m’en reste plus que deux à faire. Esthel : Et des petits colis ? Ah non j’ai pas de petits colis aujourd’hui. Esthel : Vous avez plusieurs dépôts ? Ouais, ouais, j’en ai fait qu’un aujourd’hui. Audrey : Comment c’est organisé dans votre pochette ? Ba au fur et à mesure c’est tout. Je fais mes bottes, mais bon y’a plus rien là. Alors on prépare par rapport à la tournée. Toi tu connais. peut-être. Oui l’été c’est sympa. C’est une habitude à prendre. Jusqu’au dépôt j’ai plus que ça à faire, normalement j’ai quatre dépôts. Aujourd’hui j’en ai qu’un et encore y’a deux bottes dedans. On continue ? à droite on sort et on retourne vers le bourg, vers l’église. Il est 10h20, ça va aller vite. Allez on y va ! Allez on fait demi-tour ! ça c’est un garage. Après y’a une maison ? Y’a une maison oui, une nounou. Y’a beaucoup de nounous ici Ah ça oui y’en a beaucoup. Y’en a plus d’une quinzaine. Là y’a un dépôt mais y’a rien dedans. C’est lequel celui là ? C’est le premier, normalement y’a tout la rue du Sillon, y’a tout le début là-bas que j’ai fait avant. Voilà c’est le premier dépôt. Bonjour, comment allez-vous ? Bonjour monsieur vous êtes d’ici ? Ah j’suis du coin ouais j’pense. Je me suis trompé ? non ! ça va ? j’suis poursuivi attention. Ah ce sont les remplaçantes de cet été c’est ça ? Même pas ! Elles m’ont vu, elles sont tombées sous mon charme et voilà elles me suivent. C’est dingue hein ? Je suis meilleur que vous, vous voyez ça ! Il drague ! Qu’est-ce que vous lui faites ? Audrey : On le suit, on le prend en photo. A part ça tout va bien ? le déménagement se passe bien ? Oui oui ça va. Euh attends le 28 je crois c’est un vendredi ? Non le 25 le vendredi, le 26 samedi. Chevraux il vient commencer à enlever tout le bordel, et il nous laisse le samedi et le lundi il va tout enlever et mettre là-bas. Bon ba bonne journée alors. A bientôt. On va vous regretter Ah je sais ! Vous aussi vous allez me manquer ! Ce sont vos remplaçantes ça ? Non non c’est des étudiants en archi, ils font tout un truc sur la commune, et puis ba ils ont demandé de me suivre. Comme ça je vois du monde. Bon allez, bonne journée ! Vous allez les garder hein ! Ah ba il est parti ça y’est c’est bon. Allez, c’est parti ! ça va ? la forme ? allez bonne journée ! Ah sacré Marcel, on passe la journée avec lui. On va passer par là. Regardez les belles voitures qui passent, il doit y’avoir un truc sur le circuit. Ca doit être une Porsche. Bonjour (facteur au loin, étudiantes derrière) crevaison ? A. : Elle a perdu un truc. E. : J’ai perdu un truc D’où ? de quoi ? Vous vous êtes pas pris de caillou plutôt ? ça se trouve vous avez roulez sur le caillou et pis euh. ça se trouve c’est l’caillou. (rires) Pourtant y’a le minimum sur mon vélo. Bref, continuons, j’espère que je vais pas perdre un truc. Y’a tout ! Et après on va sortir de là. Je présume qu’en foot vous vous y connaissez pas du tout. Si si c’est un ancien du FC Nantes ! Ah ba on vous l’a dit ? Oui oui, patrice ? C’est Patrice Rio, en 78-83 84, et l’architecte vous l’avez vu aussi ? Apparemment vous avez vu pas mal de monde d’après ce que j’ai compris. C’est la maison en partant sur Saint-Etienne à droite, je vous montrerai tout à l’heure. Voilà, bon la bibliothèque vous l’avez visité. On mène nos ateliers de mercredi à samedi là. Bon allez on y va ! Voilà deuxième dépôt, j’ai plus que ça à faire, après j’ai deux autres dépôts ils sont vides. C’est à cause de quoi ?

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Internet, tout ça. C’est pas à cause de trucs genre Fedex tout ça ? Non non c’est beaucoup internet, les gens ils reçoivent les factures par internet, le moindre truc, ça va plus vite et ça coûte moins cher. Et après les gens ils photocopient, ça leur coûte de l’argent. Il vaut mieux recevoir par courrier, ça ils ont pas compris encore. Les relevés de compte ils paient toujours le timbre, avant quand ça venait par courrier, il a pas baissé le prix pour, ils reçoivent toujours, ils reçoivent par internet, c’est plus rapide c’est mieux mais bon ils sont obligés de faire des photocopies. Ils sont obligés de les imprimer quand même alors ça leur coûte encore plus d’argent. Les commandes par internet, plutôt que d’aller dans les magasins, les gens ils prennent par où ? par internet. Ils vont regarder dans les grandes surfaces comment c’est et après ils commandent, ça coûte moins cher. Pour les grosses enseignes ça va. Oui oui les grosses enseignes on va pas les plaindre. Mais les petites boutiques ça les plombe un peu. Y’a plusieurs métiers comme ça où ça nous plombe. Ils prévoient, je crois, Ba puis dedans ça c’est une lettre verte, une lettre rouge, c’est rare, mais bon y’a quand même pas mal de publicité. Et y’a moins de facteurs ? ils agrandissent les tournées ? Oh ba oui ils agrandissent les tournées de toute façon. Bientôt ce sera plus jusqu’à 13h45. Ba après je sais pas comment, ouais y’aura un gros changement un jour ou l’autre, faut pas rêver, il y aura un jour sur deux, après on sait pas c’est eux qui vont nous dire, puis la retraite moi j’ai le temps encore. Vous avez quel âge si c’est pas indiscret ? 43, ça va, y’a l’temps. On est pas dans la même génération, les années 70 on va tout avoir. Ba vous êtes pas mieux vous aussi, faut pas rêver. Ba ouais, quand on va rentrer sur le marché du travail, y’aura un tiers de personnes âgées. Ah ba ouais. Allez on est parti ! allégé, mais par contre le lundi mardi je fais une partie de tournée sur Saint-Etienne-deMontluc. Avant de venir ici. C’est une séca ? Voilà c’est une séca. Et moi je l’ai faite avant de venir, comme ça je suis débarrassé. (aboiements) Ah oui le p’tit chien ouais c’est sympa. Je veux pas faire une mauvaise blague, je suis sûre qu’il s’appelle Audi non ? Y’a 3 Audi devant. Oui ba oui, mais là c’est tout des frangins, des machins, ils sont ensemble à bosser et tout ça, y’a une petite entreprise. C’est pas une collection ? Non c’est pas une collection ils ont chacun. C’est que ça marche, tant mieux pour eux. On va arriver là c’est des petites Audi qu’y’a. Là-bas y’en a un peu mieux, c’est une autre catégorie. Bonjour madame ! ça va ? ça va ouais On va aller voir si l’Audi est là, j’ai pas de courrier mais bon. (rires) Là déjà elle est pas là, parce que y’en a une ici normalement, et là-bas… si elle est là-bas. Ah parce que je vois que vous êtes amoureuse des voitures alors. Voilà et son frangin a la même en gris, l’Audi Q7. C’est une autre catégorie là. Ba tout ça c’est des maçons, c’est des turcs, ici, là, là-bas, y’a le frère, la soeur, le beau-frère, tout ça. Je vais me reconvertir je pense Ouais maçon (rires). On va aller voir Jean aussi, on va arriver chez Jean. Y’a 3 semaines c’est ici que j’ai eu un accident. Ah bon ? Ouais. La dame elle reculait, alors j’suis là, je remontais et j’avais pas vu qu’elle reculait alors à un moment donné j’ai essayé de pousser la voiture mais elle voulait pas s’avancer et chute. Pour ça que ça m’a décidé aussi à quitter le scooter, j’en ai marre de tomber sans arrêt. Voilà, c’est des choses qui arrivent. Voilà, c’est bon. Non mais je vais regretter parce que bon ici j’aime bien, les gens sont sympathiques. Tout ceux que vous voyez, ils sont sympas. E. : Et on pourrait pas la transformer en tournée voiture ? Si, plus tard, l’année prochaine, y’a des chances. : Là vous empruntez pas mal de raccourcis, c’est pas mal de ce côté là. plat là, ça va y’a pas de montée. Bon allez, je vais vous montrer une rue et puis on va aller chez Jean après, vous montrez où il habite. Son voisin est décédé la semaine dernière. Je sais pas si vous l’avez vu. E. : Il nous faudrait une photo parce qu’on a vu tellement de gens. Ouais j’ai appris ça que vous avez vu du monde quand même, vous avez bien bossé ! (rires) ça va c’est pas trop saoulant des fois ? Non ça va C’est pas mal. Ca va j’suis bien vu quand même ? On nous a pas parlé de vous. Ouais demandez si je suis bien vu. Ah on fait demi-tour, fallait attendre là-bas ! Si je pars vite comme ça c’est que je fais demi-tour. Alors là l’impasse, cette impasse là a été créée pour une personne il s’appelle René Briand, si vous êtes au courant. Ils ont mis cette impasse à son nom. Voilà alors c’est l’impasse René Briand. Les maisons là et puis de l’autre côté, où habite Jeannot tout ça, ça appartenait à René Briand qui a fait don à la commune. On l’a appelé la rue René Briand. Allez, on va aller voir Jean. Il sera là ? Oh à c’t’heure-ci sûrement. Son voisin qui est décédé. (montre du doigt) ça va Jean ? la forme ? (aboiements) Jean : Arrête ! V. : Je vous présente des p’tits jeunes, vous les avez déjà vu ? Merci E. : Bonjour ! J. : Bonjour, euh non, puis mois j’vois pas bien clair. Au café, au PMU, tu sais les étudiants ils font une petite enquête. Voilà J. : Non mais moi je vois mais c’est trouble, c’est l’bordel. Je vous souhaite une bonne journée ! à bientôt Les anciens comme ça c’est des loyers pas chers, c’est pour ça, Briand c’est ce qu’il voulait. Bon on active un peu parce qu’il est 11h si on veut terminer à midi. Là on va à la Boule d’or, vous y êtes allés ? Alors la Boule d’or y’a de vieilles photos du Temple. On va demander ça au patron. Y’a encore les trucs pour accrocher les chevaux. Bon ba on reviendra après. Il doit faire la préparation pour ce midi. Après vous êtes là toute la semaine ? Demain je travaille pas par contre, mais mercredi on viendra prendre un coup ici. A. : Ba on sera là toute la semaine. Bonjour Monsieur dans la voiture : Bonjour, j’arrive pas à programmer le… Vous allez où ? Je vais à Sainte-Luce-sur-Loire. Sainte-Luce, ba il faut prendre la 4 voies directement et c’est indiqué, direction Bordeaux, euh non prenez la Beaujoire, vous savez aller au stade de la Beaujoire ? Ba c’est juste après Saint-Luce, ça va être indiqué. 4 voies là vous faites demi-tour, vous prenez la 4 voies vous allez toujours tout droit, vous prenez Paris, après Paris, la Beaujoire, Sainte-

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


Luce, d’accord ? Bon si on activait un peu ! Allez ! Il doit y avoir un quelque chose au circuit pour avoir des bagnoles là. Ah ba Ferrari quand même ! J’avais même pas vu ! Ils vont faire le plein d’essence. Y’avait des chambres d’hôtes là avant ? Oui ils ont déménagé. Allez go si tu veux voir la Ferrari. C’était là la chambre d’hôtes, derrière. j’trouve. Bon là le garage, où on fait réparer nos voitures et l’autre petit c’est que pour les nacelles. ça va ? Vous avez vu les voitures ? Ouais ouais c’est sympa C’est beau hein Mais bon c’est pas pour nous encore, on va attendre un peu (rires) allez, bonne journée. Bon ba voilà. Là c’est Malville, les deux premières maisons à droite c’est Malville, c’est pas le même code postal, mais rue des Courtillets j’ai quand même une partie à faire. Allez on arrête la pause ! Ah un recommandé ? Oui voilà ou un suivi ça dépend il me faut une signature. Y’a une société anonyme. Voilà et puis ils habitent là, les frangins habitaient là-bas où y’a les Audi tout ça. Voilà il doit avoir un frangin là et puis là-bas aussi. E. : C’est un réseau ! Un réseau ouais, ils ont tous débarqué là ! Ils sont très gentils ! Y’a pire. Ils sont pas là… Ouais maintenant, t’as fait de la distribution, maintenant il faut une deuxième présentation pour les reco. Ba ça se faisait déjà Ah ba ça fait pas si longtemps que ça, ça fait un an. Y’a une deuxième présentation. Avant t’avises le lendemain ou le jour même suivant les bureaux et là depuis un an on le fait, se trouve la cliente je la verrais demain. Si je suis sûr que je vais pas voir demain, je vais pas le faire, ça sert à rien. Eh ba voilà je m’en doutais, j’ai le chic à chaque fois, voilà voilà voilà comment perdre du temps. Bonjour ! Allez un petit autographe, vous mettrez l’avis de passage à la poubelle, je l’ai mis dedans. Une petite signature. Voilà, ok et voilà eh ba bonne journée ! Ba voilà pile poil. Dans une demi-heure on est là. Normalement ! Bonjour ! C’est quoi la balance là-bas ? Ba c’est une balance à quoi ça sert ? A peser, dans l’temps, les charriots de blé, de machin, alors ils doivent avoir les clefs normalement. Faut demander au maire, c’est pour peser ba tout ce qui était remorques de blé comme dans tous les bourgs. Vous avez vu la petite chapelle aussi ? Oui on a rencontré monsieur Gerbaud Oui je sais, je l’ai vu c’est lui qui m’a dit, je suis au courant de tout ! Ba du coup on voudrait faire un itinéraire avec lui. Ba vous y allez avec le club, le club des randonneurs. Ba faut leur demander s’ils peuvent faire un tour du propriétaire ! Si le club ils veulent bien ! ça fait des itinéraires sportifs à chaque fois ! Ah ba on est sportif ici, faut pas rêver ! Bougez pas je descends, bonne journée ! Là c’est l’impasse je vous en avais parlé, l’impasse Mauperthuis, alors Mauperthuis le mauvais passage. C’est une impasse qui a été créée y’a pas longtemps pour la ferme qui a été rénovée. Ca doit faire 3-4 ans qu’il est décédé le monsieur et puis après ba ils ont vendu les terrains et puis la ferme est passée, et ils ont fait l’impasse Mauperthuis, voilà. Allez on est reparti ! La sortie de l’école c’est dans une demi-heure. V. : Bonjour ! J’ai vu le portail ouvert et je sais que les gens sont en vacances. Portail ouvert quand les gens sont en vacances c’est pas bon généralement. Là c’est une dame qui vient ouvrir et fermer le truc. Là-bas y’aura un commerce, ah ba non ils sont fermés le lundi. Les motos t’aimes bien ? Bof pas trop C’est un magasin de motos. Oh ba je loupe rien ! Troisième dépôt. Là vous avez Harel, l’entreprise rénovation, Bos2 c’est les motos, deux petits beaux jeunes qui se sont installés là y’a pas longtemps. ça veut dire quoi deux petits beaux jeunes hommes ? Des jeunes ! c’est une autre catégorie, ils sont plus jeunes que moi on va dire voilà ! Là je sais qu’ils font du fromage. Ils font du fromage ? Ba apparemment, je les ai jamais vu, je vais vous montrer. Alors je sais que là y’a quelqu’un mais on va aller voir. Je sais pas si y’a quelqu’un, je connais pas trop. On va aller au culot, on verra bien, je crois qu’ils sont là le matin de bonne heure. Je sais qu’à chaque fois que je passe y’a personne. Je pense qu’ils font ça le matin de bonne heure. Sinon faut aller voir les deux p’tits jeunes et leur demander. Mais bon ils sont fermés le lundi. Sinon le matin c’est bien ils ouvrent qu’à 10h le matin. Madame X elle est d’origine américaine. Bonjour ! ça va ? Monsieur Mortier, madame est nounou, c’est celle qu’on a croisé et le monsieur il est pâtissier au Temple-de-Bretagne, dans la boulangerie. Bougez pas j’ai oublié une lettre. Ca m’arrive. Là l’été arrive, ils sortent leur caravane. que je le fasse, c’est pas obligé. Mais je le fais et puis j’ai le temps aujourd’hui, il est 11h30 c’est bon, quand j’ai du temps généralement, j’essaie de voilà. Là c’est Joël qui habite là, Joël Pellerin, le petit bonhomme avec les cheveux longs, il habite là. Vous le voyez souvent dans le bourg, souvent au café surtout. Elle est canadienne. V. : Vous allez bien ? Bonne journée ! Vous avez eu des calendriers de la Poste ou pas ? Non Je vais vous en donner, j’en ai en rabe, on est au mois de mars/avril, il serait peut-être temps, il m’en reste quelques uns, je les garde toujours. Je voudrais des p’tits chats. Je sais pas si moi c’est p’tits chats, on va regarder. C’est ceux qui partent en premier. Oh pas forcément, y’a des endroits faut que ce soit de la montagne avec de la neige, d’autres faut que ça soit autre chose. A. : Et vous êtes sensible aux maisons ? Vous avez des préférées ? Alors là non, vu comme ça, y’a sûrement des maisons qui me plaisent mieux que d’autres, chacun ses goûts et ses couleurs. C’est mon lieu de travail, c’est pas là où je vis alors j’essaie que ça se passe le mieux possible avec les clients. C’est surtout ça, après moi je vis pas ici alors, heureusement ! E. : Pourquoi heureusement ? C’est dur d’habiter là où on travaille ? Ouais, parce qu’on serait toujours dérangé et y’a la vie privée et puis ba les gens quand

ils vont au bureau ba ils ont le bureau et chez eux, si à chaque fois que je me déplace je dois dire bonjour à tout le monde, parce que là j’ai dit bonjour combien de fois vous avez compté ? Pas mal de fois ! Non mais on est souriant, on est agréable et puis voilà, c’est le but du jeu. Là quand on est sympa avec eux bah quand on fait une connerie ils sont sympas, ils viennent me voir. Après bah y’en a qui m’aime d’autre qui m’aime pas, y’en a que j’aime d’autres que j’aime pas. Mais bon sur la quantité ça va faut pas se plaindre. Vous avez tout le monde dit bonjour, tout le monde est souriant, c’est pas mal, faut que ça se passe comme ça. Bon allez, hop, on est reparti. (aboiements) Ceux-là ça va ils sont gentils. Là je tricote. Monsieur et madame Tibono, ça fait 35 ans qu’ils sont là, ici, 35-40 ans, de toute façon on regarde la maison… V. : Là normalement c’est un lotissement, ça doit appartenir à madame Norvez, parce qu’elle vend des terrains, donc ce sera incorporé dans la tournée. Vous allez bien. Bon y’a des petits jeunes qui me suivent là. Ca fait combien de temps que vous êtes là ? Monsieur. : Depuis hier soir Vous êtes arrivé en train ? Vous avez pris le métro pour venir ? Oui ! Ca fait combien d’années que vous habitez au Temple ? Ca fait depuis 72. Voilà si vous voulez voir des gens. Vous aussi vous êtes du Temple ? E. : Non on est de Nantes et on travaille sur le Temple en ce moment. M. : Ah oui ? E. : Oui on est étudiants M. : Y’avait 300 habitants quand je suis venue habiter au Temple. Bonjour ! M. : Bonjour messieurs, dames Bon ba j’ai rien pour vous, bonne journée alors ! M. : On verra demain ! A bientôt ! Je commence à avoir chaud. Ah mais j’ai votre truc en plus, ba tant pis. y’en a pas pour longtemps, il me reste ça. On va essayer d’arriver aux heures des écoles. Y’a maman, papa qui vont chercher les enfants en trottinette. L’école maternelle est là et la cantine aussi. Ca va pas trop fatiguée ? Je sens que je vais bien dormir ce soir. On recommence demain ? Euh avec un scooter ouais. Bon allez, attendez-moi là. Vous voulez aller jusqu’au stade et revenir ? Ah ba oui on suit ! On va regarder chez monsieur David. Il était en train de refaire son jardin, samedi, on va regarder ce qu’il a fait. Sympa ce qu’il a fait ! Il a fait ça samedi, avec l’olivier, c’est pas mal, je trouve ça sympa, je sais pas pour vous mais, il a bien bossé. Il va vivre ici l’olivier ? Oui. Les palmiers poussent bien. Pas chez moi, le mien il tire la tête. Non mais c’est sympa ce qu’il a fait. pris un rythme, avant ils étaient jamais là. Ils ont droit de rester 15 jours il me semble. Madame X elle est couturière, son bureau il est là. Il vous a ouvert la petite chapelle, monsieur Gerbaud ? Non pas encore. Pas encore. Alors la y’avait la chapelle parce que c’était pas un passage pour aller en Espagne ou au Portugal là Ah à Saint-Jacques. Oui mais je suis pas sûr il faudra lui demander, il doit mieux savoir que moi. Le cimetière, si vous l’avez pas vu encore. Il nous reste une quarantaine de clients aussi. Y’a pas grand chose ça va aller vite. Bonjour ! comment ça va ? la forme ? T’as du courrier ? Pas encore les enfants : Bonjour ! Bonjour ! ça va ? ils disent bonjour au facteur ! Alors tu les vois ici et après tu vois là-bas au CM2 et après tu les vois en sixième et après tu les vois avec un permis de conduire. Après tu te dis merde. Bonjour ! et Valentina. Qui vit là ? Je te l’ai expliqué ! t’écoutes pas les choses ! Bon on va réexpliquer. Alors l’histoire de ça c’est le Temple-de-Bretagne, le garage le Temple-de-Bretagne, c’était à son père et il l’a gardé, il a fait deux logements en haut et lui il a gardé le bas et comme c’est un fan de moto, c’est un fan de Harley ba il en a dans son garage. Il doit avoir un vieux bateau aussi, tu sais les bateaux noirs militaires à moitié qui vont super vite. Ah les zodiaques ? Oui voilà les gros zodiaques avec les trucs devant. Il est sympa. Il tient un café qui est sur la Paquelais. La parcelle est à lui. Il est très gentil. Monsieur Gerbaud. Ici monsieur le maire. ça va la forme ? y’a rien ouais y’a rien. Alors par ce beau temps. Oui je suis suivi. Je fais bonne journée ! ça va la forme ? Client : C’est tes remplaçantes ? Non non c’est des étudiantes, elles analysent le Temple, elles posent des questions. Ca fait combien de temps que vous êtes là ? 40 ans au mois de mai. Ah ba quand on est arrivé là y’avait 400 habitants ! 300 on nous a dit. Faudrait retrouver le calendrier, c’était marqué dessus. C’était l’un des premiers lotissements, y’a eu celui là et l’autre derrière, après ceux-là. Ba ils viendront vous voir. Bonne journée, à bientôt au revoir ! ça va ? la forme ? C. : Vous êtes poursuivi ! Je vois ça oui. Alors là on est reparti devant l’école, tu reconnais c’est bon ? Les maisons qui sont à suivre là-bas, moyenne d’âge ça doit être 80, toutes les maisons là. Y’a de la ressource. Oui ça se reproduit quand même. Allez il nous reste pas beaucoup, un client à faire ! les petits lotissements rue des Chatelets tout ça je les ai fait avant. Alors voilà c’est fait, ça a pas été trop long ? On a pris notre temps. On va aller boire un café après. Là derrière, la maison qui suit c’est l’architecte qui est en retraite. Je fais ça avant, après je suis tranquille. J’aurais été tout seul j’aurais terminé à 11h (rires). Qu’est-ce que ça veut dire on est des boulets ? On va aller au PMU on sera plus tranquille, parce que Julien, oui Julien, vous êtes allés le voir ouais ? Vous avez vu sa femme ? Sa femme est ukrainienne. On en a une dans l’équipe. (midi sonne à l’église)

Annexes

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Itinéraire avec Arnaud, habitant, 5 mai 2014 Manu (le boulanger) : Je pense que vous pourriez voir une partie du lavoir. Mais attend il faut savoir où qu’il est ! Mais oui quand tu va au fond de la cours, t’as un petit garage qui dépasse. C’est son petit M: Ah oui parce que moi je ne peux pas vous amener, j’ai du pain à mettre au four, j’aurais A: Même moi je ne connais pas tout. Manu lui, il connaii tout. M: Ah oui moi je connais tout le Temple. Vous allez voir vous n’allez pas en revenir, il est A: Ah j’en doute pas. Audrey: Mais du coup vous avez besoin de quoi pour votre école ? Moi je vous montrerai pas des trucs comme Manu, je ne connais pas tout. Je peux vous montrer les trucs où on allait quand on était gamins. Au : Justement on cherche les choses ordinaires. A: Là tu vois c’est ma rue, mon ancienne maison, là. Au. Là ? Celle-ce là ? A: Et t’as vu il connait tout Manu, c’est fou. Ça fait trente ans que j’habite là et je n’ai jamais Au: Quoi ? A: Au lavoir, vous m’attendez. On va aller ensemble. Tiens on va tourner ici. Au : On est passé par là et on a vu et justement c’est bien de revenir avec toi. Et là c’est la maison de tes parents qui est là ? Et ils ne sont plus ici ? A: Ah non c’est ma maison à moi en location. Non mes parents ils habitent dans le lotissement. Au: C’est celle de la location ? D’accord, juste avant d’avoir acheté celle-ci A Oui, oui ça fait déjà un mois que j’ai cette maison là. A: Là, là t’as encore deux fours à pain. Ils sont pas mal en pierre mais maintenant c’est dehors mais c’est une maison, des locataires. Au: Oui on les a vu, quand on est passé là. Justement tu vois on cherche des trucs pas A: Moi mes parents habitent dans le lotissement qui est là bas. Au : D’accord A: Tout ça c’est le lotissement qui est derrière la mairie.Ça c’était une marre à grenouilles, où l’on venait chercher des grenouilles, à la pêche aux grenouilles. Au: Ah oui ? A: Et en fait il y a un lotissement qui s’est crée juste avant la mairie et en fait ça c’est l’ancien maire qui habite juste là. En fait il a acheté ces parcelles quand il était encore maire pour éviter en fait la construction. Si non toutes les maisons seraient venues comme ça tout autour. Au : C’est l’ancien maire ? A: Oui, l’ancien maire Michel Anizan Au : C’était avant Mme Uberti ? A: Oui, avant Au: D’accord A: En fait il a acheté cette petite marre juste en rond, qu’il a agrandi et a fait son potager, pour empêcher justement la construction. Au: Mais je comprends pas car c’est le maire qui signe les permis de construire. A: Mais oui il a fait justement exprès. Comme ça ils vont laisser ça en zone humide pour Au : Mais la zone humide ça a été déterminé après ? A: Oui après au niveau de la mairie. Mais le fait qu’il a acheté ces terrains là, a fait qu’on va les laisser en friche tout le temps. Au : C’est plutot une bonne action pour le bourg A: Ah oui, oui. Au : On a vu cet endroit, on aurait dit un truc assez vague sur la cadastre du coup on a essayé de regarder sur la photo aérienne. Il y a tout un truc au bout du cheminement, on A: Oui là tu vois c’est un jardin, mais je pense que dans le temps c’était plus grand. Là dans le bourg y en a des lavoirs apparemment.. Celui-là on voit un peu encore, c’est parce qu’il est en pierre. A: Oui ici tu vois les pierres, c’était un lavoir ici, il était là en carré comme ça et là tu avait des petites marches qui descendaient. Et du coup il en a fait son puits. Mais si non c’était un vrai lavoir, comme on faisait à l’époque. Et puis tu m’étonnew si c’est chez quelqu’un, truc de fou. Maintenant qu’il m’a dit je me suis déjà imaginé. A: Et si on continue ce chemin là, on arrive au lotissement des Templiers, il y a un chemin mais je ne sais pas dans quel état il est. Et ça c’est le chemin de la commanderie, dans le champ autour on a retrouvé des balles. A: En fait c’était le chemin de la commanderie pour venir jusqu’ici. On va voir, mais je ne A: là derrière la Commanderie, après si tu veux dans ces champs là, dans la Commanderie et dans ces champs là on retrouvé des balles de fusils mitrailleurs de la guerre 39-45. Ah oui dans ce truc là. Et là du coup on coupait pour aller à nos cabanes. Et là on a retrouvé des douilles, on a retrouvé des trucs comme ça. Au: Vous, ou ? A: Ah oui, oui on en a retrouvé je ne sais pas combien, quatre, cinq, six à mais on n’a pas forcement cherché. C’est juste comme ça en marchant par terre, posé comme ça. Au : Mais ce n’est pas comme ça forcément cherché A: Mais après c’est sûr, y en a qui commence à trouver et d’autres s’y mettent aussi pour essayer de trouver, tu vois. Bon on continue mesdemoiselles ? On a une longue marche. Au: Et vous étiez toujours à peu près la même bande de copains? A: Ah oui, oui. Et là regarde t’as les deux cabanes, que je te disais. Il y a des trucs, c’est surtout de la récup’. Natalya : C’est à quelle hauteur ? A: C’est des planches comme ça, un peu comme ça. On a pris des bouts de bois. Ah je me rappelle on passait des heures, chacun amenait des marteaux et on tapait toute la journée. On aimait bien nous. A: Là on voit de l’autre côté de la route, tu va voir. T’as vu on rentre dans la ZAD ! Au: C’est déjà là ? A: Ah oui, c’est marqué en haut, t’as vu on y est. Du coup c’est le passage sous la route, il est pas mal fréquenté. A: Bah là on n’est plus au Temple. Au : Ça fait partie de vos repères ? A: Quand on était jeunes tu veux dire ? En fait on venait chercher nos clopes. Parce que là on arrive à la station et là on passer le soir, on arrivait en mobylette. C’était un petit coin tranquille. On passait en voiture, parce qu’il y avait trop de cambriolages. Cette station s’est fait cambrioler trois, quatre fois. A: Et en fait ils ont mis une butte de terre pour éviter l’accès au voiture. Mais tu vois ça Au : Par ces chemins là, en fait ? A: Oui parce que du coup tu prenais la voie rapide, tu sortais de la station, tu arrivais là. Surtout qu’ils peuvent vraiment pas passer dans le petit tunnel, la fourgonnette ne passe pas. Au: Du coup là ça fait cul-de-sac quoi ? A: Ouais, ouais on passait par là, par dessus les trucs de la route. Mais maintenant on ne peut plus. comme ça, il se mettait là quand ils étaient jeunes. Nous si tu veux on squattait sur les bancs, voilà. Au moins on pouvait faire les tournées qu’on voulait on ne dérangeait personne et devant là on vendait des jonquilles. En fait les gens ils passaient là, sur la

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voie rapide et nous on se mettait là et on vendait les jonquilles. Au: Et les gens ils s’arrêtaient ? A: Ah oui, mais t’aurais vu la vitesse à laquelle ça passait et toit avec ton petit bouquet à la main. A: Tu vois pour des enfants c’est un peu limite, tu vois bien quoi. Et nos parents ils le savaient qu’on vendait les bouquets à la station de service et même ils nous disaient d’apporter un nouveau bouquet à la station comme ils étaient contents et ils nous laissaient vendre nos jonquilles. Nous ça coûtait rien mais on avait accès à la station. Au : Du coup c’était une pratique que tout le monde faisait ? A: Tout le monde, oui. J’ai même fait un truc à Sautron, il fallait que l’on fasse vingt cinq bouquet dans journée. Du coup à la sortie de l’école on était deux avec un collègue, on a pris nos mobylette, on était au Collège. On est sorti, on est parti dans les champs, on ramenait les paniers de jonquilles sur la table et nos mères du coup préparaient les bouquets. N: Il y a quelque chose dans ces bois, des champignons ou autre chose ? A: Je ne sais pas, normalement pas trop par là, après ça dépend quel genre de champignons. N: Vous n’allez pas ici ? A: C’est vrai qu’on va plus dans forêt du Gaves ou des bois par là-bas. Quand on allait dans les champs par là, il y a avait des champignons hallucinogènes. Au : Y’en a, sérieux ? A: Ah oui il y a en a plein, mais après il faut savoir, ils ne sont pas tous bons. Tu va parce qu’il y a des champignons hallucinogènes mais mortels, donc qui se cuisinent d’une certaine façon. Mais cela on n’a jamais touché, c’est des amanytes rouges, elles sont rouges avec les points blancs. A: Donc on va jusqu’au training à pied c’est à quatre kilomètres ça va ? Non mais je rigole, on va aller en voiture. On passera par là, on ira faire un tour pour voir la maison Picatchou. Elle est toute mignonne vous allez voir. Tiens regarde il y a encore des vestiges là. Au: Ah oui on voit là, un petit de barrière là. Au: C’était nos cabanes tu vois, tous les arbres un petit peu comme ça. Tu la voi la barrière ? Oui c’est les restes de nos cabanes. Au: Ah il y a un petit, c’est mignon, il y a un petit drap, Un reste de drapeau. A: Je veux bien vous amener jusqu’au training là-bas, on sera pas mal là bas ? Parce que deux kilomètres plus deux kilomètres à force on va arriver au training. Non mais le training c’est trop... C’est trop, je ne sais pas c’est tellement de générations qui sont passé par là. Il faudra passer par le training, c’est obliger quoi. En ait c’est un guidon inversé et tu partait dans l’arbre, tu montait dans l’arbre et tu te laissé tomber comma ça. Au : Et c’est qui qu’il l’a installé ? A: En fait c’est le propriétaire du champ et il autorisait les jeunes à y aller, mais c’était énorme quoi il y a avait vingt, quarante mobylettes. A: Il y avait toutes les générations. Et après nous il y avait trop de monde qui venait qu’on retapait avec l’équipe du foot. On était, je ne sais pas, je crois quinze joueurs, plus les coachs et en fait on fait notre squat entier ? Avec dedans un garage à mobylettes, pour garer les quarante mobylettes et un endroit pour faire la fête. On a trouvé une armoire, on l’a couché dans l’autre sens pour pouvoir mettre verres tous ça, on a fait un on a fait des trucs, on était motivé ? Et tous les dimanches on jouait au foot ensemble, les coachs venaient nous voir. A: Moi quand je vais au champignons, je vais par là en fait. Je continue et il y a une route là bas à côté du calvaire, en fait c’est ça que je voulais vous montrer, je ne sais pas si on va pouvoir rentrer. Ce gars, il a voulu creuser une marre, un lac mais là on ne voit pas bien. Ah si regarde, il y a un truc, mais en même temps c’est derrière les dunes. Au : Il y a plein de bidons de javel. A: Ah oui ce n’est pas bon ça. Mais en fait tout c’était fait après. Il y a construit les dunes justement pour faire son étang, mais je ne sais pas comment on peut rentrer dedans. on va passer par le petit champ, on va aller à la maison là-bas. La maison de pikachu, eh soixante quinze mille euros, pas mal ? Au: Ah c’est pas cher, il faut le dire à Natalya, elle va peut-être l’acheter. C’est vrai que c’est pas mal après il faut voir avec l’aéroport c’est surtout ça. A: Ah oui si non je serais au Canada là. En fait tu vois, j’étais parti pour m’installer au Canada ou voir construire une maison vers Chateaubriand A: Il y a un petit calvaire là, je ne sais pas si vous connaissez. Au: Non , on n’est pas trop allé dans ces coins là. Comme on était surtout sans la voiture, du coup pas trop ; A: Vous êtes au courant de la légende ? Vous savez qu’il y a une légende ? Une légende qui dit en qu’en fait il y aurait aux temps des templiers auraient cachés un...je ne sais plus comment ça s’appelle... Un oiseau, la couette d’or ? C’est sorti dans un livre qui s’appelle la d’or qui est aujourd’hui cherchée par des nombreuses personnes et qui ont proposé cent cinquante mille euros à celui qui la trouve. Du coup il y a toutes les explication à travers la France, avec toutes les énigmes. Et à chaque fois t’as des indices pour aller à la croix. C’est une chasse au trésor nationale, maintenant on ne peut plus trouver le livre, tu vois ça fait dix ans qu’il est sorti et ça se trouve la chouette est déjà trouvée. Et à priori ça serait à six mètres de la hauteur de la mer, à vingt mètres derrière la croix et si mètres sur la droite. C’est même passé au journal télévisé sur TF1 et du coup beaucoup de personnes se sont mises à le chercher, c’est plutôt énorme. C’est du temps des templiers. A: Ah c’est bien du coup on ira au training après. Au: En fait on n’est plus trop loin là ? A: Ah si quand même, c’est surtout que... Au: Tu as des doutes sur la destination ? A: Non mais c’est que le training à pied ça fait loin. Tu verras c’est boueux, disons baignaient en chaussures. Et on faisait même de la planche à voile, on a tout fait là bas. C’était notre petite plage à nous. Mais il y a aussi le trou bleu. Le trou bleu c’est en fait, tu pars d’une falaise à trois mètres et l’autre à sept, dix mètres et en fait on plongeait dans l’eau. D’en haut tu voyais les caravanes dans le fond et les véhicules qui ont été jetés dedans en fait. A: Bon tu la prendS en photo la maison ? Au: C’est pas mal t’as vu. N: Et du coup la route pour aller à la ZAD, c’est ? A: C’est par là, mais de toute façon ça rejoint la maison rose. N: Et la maison rose c’est le début de la ZAD ? A: Non pas vraiment, ça fait partie des premières maisons squattées. Ah c’est dommage on aurait pu prendre un mettre, pour mesurer la porte, parce que t’as vu c’est vraiment pas grand. et ce qui allait faire une intervention à la ZAD, ils se mettaient par là. Ils squattaient à A: Non, tu sais sur la route de Vigneux. Au : Ah oui celle qui est, c’est réouvert récemment ! A: Mais vous savez que vous ne pouvez pas rentrer ? Au : Pourquoi ? A: Ah non vous ne rentrez pas, trop petites, je rigole pas c’est plus de vingt cinq. A: Ah non vous ne rentrez pas, trop petites, je rigole pas c’est plus de vingt cinq. Au : Sérieux, non mais c’est abusé. N: Bon alors on reviendra quand on aura notre doctorat alors. A: Non mais c’est hyper chiant pour nous ceux qu’ont trente ans, d’avoir des gens... Ah non c’est pas des conneries c’est vraiment pas moins de vingt cinq ans.

Faire haltes | Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne


A: Et là tu vois le bord de route on était partout ici pour vendre les jonquilles, il y en avait partout entre ici et Savenay. Toute façon quand ils s’arrêtaient ils étaient obligés de prendre un bouquet. C’est nous là qui se sont faits klaxonné ? N: C’est des bois qui appartiennent à quelqu’un ? A: Je ne sais pas sincèrement. Nous on s’est jamais posé cette question là, nous on allait, on rentrait dans les champs, on n’allait pas pour casser les clôtures ou quoi que ce soit. A partir du moment où tu rentres dans le champs, où tu ramasses des trucs pour toi. Nous on allait aux châtaignes, les châtaignes ça marche bien avec la poêle à trou sur la cheminée. On mettait ça dedans avec un apéritif. Et même si tu les fais tremper dans du lait. Tu pouvais rentrer comme ça. A: Tu vois là c’est déjà Cordemais, c’est la zone artisanale de la Folaine, tu vois tout est en attente là. Je crois qu’ils veulent mettre les entreprises qui bossent dans tout ce qui énergies écologiques et renouvelables. Pour Angelina c’est pas mal ici pour faire du vélo, avec son tout petit vélo. Bientôt y aura du monde ici, ça va circuler ? Je parie qu’il y aura du monde dans le kebab, ah il faut absolument que vous goûtiez. N: On est dans le Temple. A: Oui là on fait la boucle. On arrive au stade, c’était tout un truc avec ce stade. On s’est vraiment battu pour l’avoir. Et maintenant qu’ils l’ont fait on n’y va plus. Remarque là on

Jackson Richardson. C’est la première fois que la France a été champion du monde. On était centre trente dans le bus pour aller à Bercy. A: Tu crois qu’on peut rentrer dans la cours et prendre quelques photos ? Tu sais je pense qu’il n’y aura pas de soucis. Au : Ah oui avec l’école en fond. A: Oui c’était bien, c’était là. Ah je suis pressé d’amener Angelina ici. A chaque fois que je l’amène au parc je lui dis que ça sera future école. Je lui fais faire le tour avec un cartable et déjà elle le garde pendant deux heures. Vu qu’elle parle déjà quasiment les deux langues, l’ukrainien. Tu vois comme ça elle peut parler avec ses grands-parents là-bas. A: C’est là qu’on venait chercher les clés, je crois. Et là tu vois parfois on nous a laissé les clés pour la salle multi-sports. En fait c’est quand il y a avait des vacances. Comme ça on pouvait rentrer dans la salle des sports, c’était super. On mettait les gros … les gros coussins tu sais-là ? On faisait du hand et on prenait le ballon. Le principe c’est que la balle ne rebondisse pas pendant deux passes. On mettait ça devant le but de handball et en fait on levait le ballon. La balle elle, ne rebondit pas pendant deux passes et après on se faisait des grosses frites et on a

vous voulez venir ? N: Ah je ne sais pas jouer, mais pourquoi pas ! A: Mais oui tu verras, c’est juste pour jouer et après il y a toute une soirée brésilienne organisée. N: Ah c’est la chapelle des Templiers, elle est vraiment ancienne, elle date du douzième siècle je crois. Tu as déjà à l’intérieur ? A: Douzième ? Ah oui ! N: Parce que celle du bourg, l’église Saint Léonard, elles sont du XVe siècle. A: Je ne savais même pas tu vois. Bonjour. Au: Bonjour Habitante: Bonjour. A: Bonjour. H: Vous voulez rentrez ? Habitante: Bonjour. A: Bonjour. H: Vous voulez rentrez ? Au : Ah parfait, on passait juste. On a de la chance, on ne pensez pas voir quelqu’un. A: Ces sont deux étudiantes de l’école d’architecture, elles font des recherches sur le Temple-de-Bretagne pour leur projet. Du coup on visite mais moi j’habite là. H: Ah oui, j’ai vu ça sur le … sur l’écho des Templiers. A: Oui, oui à la mairie ils ont mis la photo, mais ils sont normalement quatre étudiants. H: Ah ça tombe bien, c’est bien. Moi j’habite au quinze. Si des fois vous voulez la clés de la chapelle ? Moi je vous la donne si vous revenez. Parce que nous on est là avec mon mari, si des fois vous voulez voir. A: Et elle sert à quoi cette chapelle, là aujourd’hui ? H: Quelques cérémonies de temps en temps, voyez ce soir il y a un chapelet à six heure

arrivais à moins un, du coup tu étais éliminé. A: Ça c’est l’ancien Temple Automobile, il n’y plus rien maintenant.

voyez. A: Moi je pensais qu’elle était fermée. Du coup tous les lundi soirs il y a des trucs. H: Ah non, les lundis, le mois de Mai. Au mois de Mai c’est la fête de la Sainte Vierge et puis au mois d’Octobre c’est la fête du Rosaire. (…) H: Et si vous en avez un jour besoin chez moi il faut pas hésiter à passer. Là je vais vous faire voir le livre et puis la photo d’autrefois du Temple. J’ai des photos du Temple. N: C’est vraiment super. H: Bon alors c’est le quinze. Rue de la Chapelle. A: Ah oui je vois très bien. H: Vous allez bien trouver ? Au : Avec le numéro je pense qu’on va trouver. H: Allez, alors je vous attends. (prenant de l’avance en vélo) Au : Oui on arrive. C’est vraiment une chance et puis Natalya va m’amener à l’église ce soir. A: Attends on n’a pas tourné au bon endroit. Au : En fait tu dis que tu sais, mais en fait tu ne sais pas. A: Mais si regarde c’est juste là, à côté de l’école, tu vois ? Au : Oui je vous dit quelle rue c’est. Du coup c’est parmi les maisons alignées là. A: Ah oui, c’est juste en face de l’école. C’est le gymnase pour le basket ça, le grand devant. Au : On y va ? faire vingt-cinq ans que je suis au Temple… H: Allez-y, allez-y. Au : Merci. H: Justement j’étais en train de le chercher. Au : Ah oui c’est celui-là, celui de l’Abbé Grégoire ! H: Ah oui certainement. [...] A: Vous l’avez celui-là ? Au : Non justement, on ne pouvait pas le trouver. N: On pourra peut-être prendre des photos. H: Un jour je le donnerais, parce que moi j’ai l’âge et puis mes enfants ne sont pas au Temple. H: Vous avez aussi cette église ? Elle est rare celle-là. N: Est-ce que vous nous autorisez à prendre des photos ? H: Ah oui, qu’est-ce que ça peut bien me faire ? Voyez je vais pas vous le donner encore et ça voyez c’est la chapelle dans le temps et ça c’est maintenant. C’est des cartes postales que l’on trouve et en plus elles coûtent chères celles-ci. H: Ça vient des maisons du bourg, des maisons là-bas. A: Ça c’est Saint Pierre du coup ? H: Oui c’est Saint Pierre, avec les clés pour ouvrir le paradis. Au : C’est vraiment une vielle statue. H: Ah oui, certainement, mon mari la ramasse tous les hivers, parce que ça les Au : C’est très stylisé. H: Là vous en avez une autre et un tailleur de pierre, elle est plus ancienne celle-ci. Apparemment elle aurait plus de valeur. Nous on les garde ici, c’est la mémoire, on nous a donné comme ça. A: C’est vraiment des petits trésors dans les jardins. (…) N: Eh voilà c’est le bâtiment d’Audrey. A: Et tout ça c’était quand on jouait au foot, c’étaient nos vestiaires. Bah oui ça c’était le terrain du temps quand on était petits. Tout ce qui été en blanc c’était des vestiaires. T’avais des trucs là, des ballons, des douches. De toute façon tu es déjà rentré dedans ? Il y a encore des douches et tout. Au : Oui, j’ai vu. Nous on passait par l’extérieur, c’était... Au : C’était ouvert du coup ? A: Oui dehors c’était avec les arbitres, avec les plots et à l’intérieur on faisait multi-sport. Au : Avec l’école ? A: Non c’était un truc à côté, quand on est arrivés au collège c’était un truc qu’on faisait partout et on faisait football, volley, basket. Que des petits sports comme ça et avec ça on était parti à Bercy pendant deux années consécutives pour aller voir le handball avec

A: Non c’est celui qui a ouvert un bar à la Paquelais. Lui il a toujours des voitures garées devant. Au : Tu sais s’il a l’intention de construire quelques choses sur le terrain vide ? A: De toute façon ça appartient encore à son père, c’est gros mais il n’y a rien pour le moment. A: Et ça c’est le chemin des écoliers. En fait on passait par là et on allait à la commanderie. T’as vu elles sont belles les maisons aux bords, elles sont vieilles. Vous voulez que l’on passe par l’école et après je vous amènerais au niveau de la commanderie ? A: Et t’as vu on a le temps encore, on pourra même aller au training en voiture. Parce que on va se garer et après faudra marcher un peu, ça vous va ? Non mais c’est important le training, nous on y aillait tout le temps. ll faut que vous voyez ça quand même, c’était chouette ça, en plus on a le temps avant ton Lila. A: Elle est trop belle cette maison. Là c’était un immense marronnier. Nous on faisait la course avec les marrons. Ah oui il était immense, on attendait quand ça nous tombait dessus. A: Et maintenant les jeunes ils squattent là. Pas loin, nous n’avait pas de place mais eux non plus, alors ils viennent là. Au : Devant l’école ? A: Oui juste devant et là avant c’était une décharge. En tout cas ça a bien changé. A: Et là c’est la cours, quand tu étais en CP, la cours elle t’appartenait. C’est vrai ça ! Là il y avait le bac à sable, là tu vois ? Au : Ah oui, on voit la trace. A: Oui on voit la trace, y’a eu des gosses qui se sont cassé la gueule dedans. Et pour jouer à l’élastique on était comme ça bien baissés pour regarder sous les jupes A: Partout là on pouvait faire du cerceau, pour faire du sport, c’est énorme. Là c’était le truc où on apprenait à faire des photos. Tu sais où on nous apprenait à faire des photos. Au : Avec des boites noires ? A. Oui avec des boites noires et après il fallait développer là. Oui il y avait quelques outils. Et là derrière c’est la salle CM2, on n’avait plus de notes mais que des couleurs. En fait tu passais des examens le vendredi et en fait c’était comme les ceintures de judo. T’avais la ceinture blanche, la ceinture bleue, premier dan, deuxième dan. Tu changeais et tu arrivais jusqu’à la ceinture noire dans certaines matières et comme ça tu pouvais faire les exercices que tu voulais. Et en fonction de ta moyenne, directement passer en sixième. C’était une sorte de préparation avant le collège. A: J’ai une copine qui habite là et on pourra même aller boire un coup. Si, si je d’architecture. On vient de faire un tour par le chemin des écoliers. Et tu sais quoi on a rencontré une dame, qui nous a montré la petite chapelle des Templiers. Je ne connaissais pas, je découvre aussi. Il faut que je leur montre la commanderie maintenant, aller on n’y va. A: Du coup on va à la commanderie directement ? Depuis là ce n’est pas loin. Vous allez Donc tu vois pour aller à la commanderie tu peux passer par la route comme là ou alors par la petite rue comme tout à l’heure c’est plus sympa. Nous on passait toujours par ces chemins derrières les maisons du bourg. A: Et là regarde on aimait bien chopper des lézards, il y en avait plein. On venait squatter ici avant. C’était ouvert. T’avait un côté ouvert, comme une cachette. A: Tu vois là t’as un passage, c’est par là la commanderie. Quand on été petits on habitait là et nos parents habitent là encore. Je vais vous montrer, c’est un grand lotissement. Au : Quand tu dis publics et privés c’est par rapport à l’école ? A: Oui, nous on était dans l’école publique, du coup on était plus nombreux. Ça fait qu’on avait le droit à un terrain de foot plus gros. Tu vois là sous les arbres ? Tout ça c’était à nous. Au : C’était un peu la guerre entre le public et le privé ? A: Ah on leur laissait rien, non je rigole. C’est comme d’habitude entre les gosses, on prenait le plus grand terrain et eux avaient le petit au bord. Mais j’avais des copains du privé, on se connaissait tous. Là tu vois ça joue plus du tout. Nous on aimait bien jouer au ballon, en plus on n’avait pas de terrain alors celui-là était toujours pris. On ne le lâchait pas comme ça. Au : Tu parles de la grande étendu là ? C’est vrai qu’il y a pas mal de place au milieu. Et les voisins ne se disaient rien ? A: En fait c’était nos parents et nos voisins, du coup ils étaient contents de nous voir jouer pas loin. Même si t’avais quelques bagarres et quelques ballons dans les jardins. A: T’as vu c’est calme ici et puis là les gens sont encore au boulot. C’est sympa comme lotissement, on n’est pas trop serré. On peut continuer par-là, je vais te montrer un autre chemin pour faire le tour en longeant la haie. A: Du coup vous allez prendre votre bus là ? Au : Oui il va falloir, tu vois c’est pas encore ça question transport ! A: C’est vrai que pour vous ça doit être compliqué, mais après nous on est habitué. On a la voiture et on pense moins aux distances. C’est vrai que quand tu vis au Temple tu dois avoir une voiture. Dans le temps je pense qu’ils devaient bouger beaucoup. A: Bon là vous reconnaissez ? maintenant ! A: En plus vous êtes les bienvenues, il y a du passage ici. Et vous avez bien vu pas seulement des templiers. le Templier c’est l’endroit crucial. Un petit verre pour Audrey avant de prendre le Lila, en plus c’est juste en face de l’arrêt. Ça c’est l’avantage du bourg de tout voir passer et être au courant. Dans une heure il va y avoir du monde, y’a match ce soir.

Annexes

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Estuaire de la Loire, territoire en mouvement Faire haltes

Une dynamique de mise en réseau au Temple-de-Bretagne

Initiée par la traversée, cette démarche d’investigation invite à découvrir le territoire estuarien et ses épaisseurs. Le Temple-de-Bretagne se positionne comme porte d’entrée de ce territoire en mouvement. Au travers d’une immersion et de rencontres, cette entité locale s’est révélée en résonance avec l’aire métropolitaine. Nous avons découvert une forme persistante demeurant dans l’attente de bouleversements à venir. Ce bourg rural entretient un rapport ambigu avec la métropole, entre dépendance et concurrence. L’entre-deux métropolitain, dont le Temple-de-Bretagne fait partie, est une opportunité dans le développement d’une dynamique de reconnaissance basée sur les pratiques rurales. En nous saisissant des récits habitants, nous proposons la mise en place d’un réseau qui reconnaît les compétences individuelles. L’architecture apparaît comme support de valorisation des initiatives riveraines.

Achevé d’imprimer en juin 2014 arts de faire


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