Arts de faire st jean de boiseau 2014

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estuaire de la Loire, territoire en mouvement

Ménager la lisière A la recherche des trésors de Saint-Jean-de-Boiseau

import/export

Delphine Dion (PFE), Edouard Eriaud, Simon Henry, Justine Poligné (master 1) Directeurs d’études : S. Clouet, C. Hanna, J-Y. Petiteau Ecole EcoleNationale NationaleSupérieure Supérieured’Architecture d’Architecturede deNantes Nantes arts artsde defaire faire


Estuaire 2029 #3 Estuaire de la Loire, territoire en mouvement import/export Etudiants Equipe nom de commune : Delphine Dion (PFE) Edouard Eriaud Simon Henry Justine Poligné

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Equipe enseignante :

Chérif Hanna, Architecte Urbaniste Jean-Yves Petiteau, Anthropologue Saweta Clouet, Architecte

Intervenants :

Nicolas Tixier, Architecte Xavier Dousson, Architecte Anne De Sterck, Artiste Plasticienne Bernard Prud’homme Lacroix, Directeur du GIP Loire Estuaire Stéphane Bois, Directeur du pôle métropolitain Nantes/Saint-Nazaire Philippe Léon, Grand Port Maritime Nantes/Saint-Nazaire Flore Grassiot, Architecte et Artiste Ricardo Basualdo, Artiste et Scénographe Urbain

Ouvrage édité en 20 exemplaires - Achevé d’imprimer en juin 2014


estuaire de la Loire, territoire en mouvement

Ménager la lisière A la recherche des trésors de Saint-Jean-de-Boiseau

import/export

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Préface

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Avant-propos

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Introduction, le mythe Bikini

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I. EXPLORATION

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Premières approches

Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau

. récit des traversées . un territoire en mouvement

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Portrait de territoire . entre-deux . séquences de paysages . un archipel . orientations de la commune

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Portait des passeurs

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Atelier public

. réactiver un lieu en attente . inviter les habitants . l’atelier comme un parcours

33 II. JEU DE PISTES 34

Rapport à la Loire, l’envasement du lien ? . disparition des pratiques . la Loire invisible, un appel à l’imagination . le marais, un lieu de travail . > mémoire du marais, itinéraire de Jacques

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Attractivité, the place to be ? . une commune polarisée par ses voisines ? . une relation de dépendance par rapport à Nantes ?

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Interactions, chacun chez soi ? . une société qui s’individualise . la disparition de certains lieux d’interaction . la force des pratiques en lisière . > le squat itinéraire de Conconte

53 III. REVELER LES TRESORS Une carte aux trésors pour St-Jean-de-Boiseau Maintenir et repenser le lien à la Loire Favoriser les interactions

58 Projet de Simon Henry Habiter les clairières, les nouveaux prés communs

62 Projet de Justine Poligné 66 Projet de Edouard Eriaud A la recherche du bikini perdu, une promenade d’aménité portuaire

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Projet de Delphine Dion (PFE) Halt’ Gourmande en plateau, balades, découvertes et dégustations 5


Préface

Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau

L’estuaire de la Loire : un territoire en mouvement L’estuaire de la Loire est, de son origine à nos jours, le territoire de tous les départs, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conquérants et celui des émigrants. et la valeur. lequel se croisaient voyageurs et commerçants est devenu l’espace privilégié d’une immigration. La valeur de ce territoire repose sur un héritage, celui des mobilités antérieures, dont les infrastructures conservent la mémoire. Elle repose sur les déplacements et mouvements qui les investissent aujourd’hui multipliant les croisements, liens et coïncidences sur lesquels se jouent de nouveaux rapports de civilité et une nouvelle urbanité. Un monde s’invente au croisement de ces mouvements, une métropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et anciens habitants tissent sur un paysage redécouvert, donc réinventé. La question du déplacement est indissociable de celle de l’habiter. La métropole estuarienne se construira sur une question délicate ; celle de la qualité de nouveaux « espaces6


Ménager/aménager ? L’échange se fait au bord c’est un acte et cet acte construit un lieu. La frontière n’est jamais seulement une clôture. C’est un lieu de passage; celui des corps, celui de la valeur, où l on négocie.

industrielles et portuaires ne semblent pas aujourd’hui mobiliser. Nous ne considérons pas Les traces comme les stigmates d’une activité disparue. Les signes qu’elles réactivent au présent sont le pari d’un potentiel. Relever et nommer ces traces, c’est réveiller la mémoire ; celle d’une identité qui s’est cristallisée in situ, sur chaque séquence de l’histoire économique. Ces traces permettent de mobiliser un rituel, celui d’une

Si le territoire porte une mémoire c’est qu’il y a un potentiel. Il devient lieu possible d’une réactivation. Ce n’est dynamique. Ce travail de lecture repose sur un ressourcement : l’estuaire est lié à cette redécouverte des mobilités à Retrouver ces traces, c’est reconstruire des liens que chaque frontière met en tension entre des territoires, lointains ou proches. lieux. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles d’un bord par rapport à ses l’attente d’une relation ou d’un échange. Ce que nous révèle chaque négociation, c’est que ce qui s’échange déborde ou déplace l’objet dans sa fonction n’est pas toujours la fonction première, mais ce qu’elle induit comme rapports sociaux. Ce que l’on échange dans l’échange. Ce n’est jamais ni l’objet lui même ni son usage mais sa valeur qui est totalement relative à la reconnaissance des partenaires de l’échange et du contexte. Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en œuvre d’une problématique de l’aménagement. Le master 2014 est la 7eme édition d’une démarche originale centrée sur le même territoire stratégique : l’Estuaire de la Loire. explicite des arts de faire et des arts de vivre, peu ou pas toujours reconnues par les experts et professionnels de l’aménagement.

processus de résilience in-situ.

acteurs, sont situés sur les communes de : Bouguenais, Saint-Jean-de-Boiseau, le temple de Bretagne et les espaces limitrophes.

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« L’Estuaire de la Loire est, de son origine à nos jours, le territoire de tous les départs, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conquérants et des émigrants. (…) Un monde s’invente au croisement de ces mouvements, une métropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et les anciens habitants tissent sur un paysage C’est par ces mots que le jeudi 27 février 2014, Chérif Hanna, Saweta Clouet et Jean-Yves Petiteau nous ont présenté le projet Estuaire 2029. Le territoire de la métropole Nantes / Saint-Nazaire devient donc notre terrain d’étude, et une source de questionnement et d’inspirations pour nos projets. plusieurs années une forte attractivité et détient l’un des développements les plus dynamiques d’Europe. Cette année, le thème mis en avant par l’équipe enseignante est Import-Export ou Un port, ex-port, ménager, aménager l’Estuaire – un territoire en mouvement.

« Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en œuvre d’une problématique de l’aménagement d’un territoire en C’est donc avec ce contexte que l’équipe a fait émerger des lieux d’entrée et de sortie du territoire de la métropole de l’Estuaire. Trois sites, trois situations, trois lieux sous tensions : une situation de carrefour avec Temple de Bretagne, une d’entre deux avec l’Ile Bikini, qui sera notre site d’étude.

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Introduction Le mythe Bikini

Notre histoire commence à l’abordage de l’Ile Bikini, lieu d’interface entre Nantes et l’Estuaire de la Loire. L’équipe enseignante nous projette à travers son récit sur une

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au Port de Nantes. Par la suite, l’armée américaine engagea des travaux d’envergure à jamais le lit de la Loire plus au Nord. Deux

où l’on peut encore contempler des épaves qui surgissent du sable, lui conférant des airs

La solution radicale fut celle de les ensevelir

A la fois mystérieux et évocateur, le nom

Si les habitants la baptisèrent rapidement

Mondiale en 1944, quand les Allemands coulèrent neuf navires en travers du chenal de la Loire, de manière à bloquer l’accès

des bateaux dans la Loire, ainsi que l’énormité du vide créé par l’excavation, comparables


Et tous, jour après jour, sans repos sur la brèche Combattaient pied à pied contre cette revêche, Car la Loire leur jouait des tours à sa façon Se faisant à son gré payer une rançon Par celui qui voulait mâter son caractère ; Et tantôt doucereuse et tantôt en colère Sentant qu’on la traquait, sans trève et sans répit, Tournait et retournait le sable dans son lit, Accentuant encor les énormes ravages, Mettant à rude épreuve l’équipe des sondages Qui ne retrouvait plus, et c’était décevant, Les cotes qu’elle avait trouvées auparavant ! Charles Homualk

L’excavation des bateaux sur la Loire en 1944

Marshall. Chacun d’entre nous imagine alors le territoire trésors, et une terre inaccessible, avec un énorme potentiel, en attente de projet. Lorsque nous l’apercevons pour la première fois, la réalité rompt subitement avec notre imaginaire. Pas de pirates, seulement un mât ou deux émergent encore de la vase, et surtout aucun trésor à l’horizon. Sa proximité

notre curiosité et nous pousse à explorer ses abords pour en découvrir les trésors. De là, notre étude s’est articulée autour d’un travail dans trois dimensions complémentaires : celle du récit de notre approche sensible, celle du récit des récit du territoire entre réalités physiques et imaginaires.

eau. Son inaccessibilité sollicite cependant 11


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EXPLORATION 13


Premières approches récit des traversées Initiées par Xavier Dousson, architecte, chercheur et membre du collectif BazarUrbain, les traversées ont été pour nous l’occasion de découvrir notre territoire d’étude par la marche. Suivant de manière arbitaire des axes Nord/Sud, une ligne de crête, ou bien des éléments caractéristiques du paysage, nous devions au préalable déterminer les chemins à suivre. Deux traversées urbaines, mêlant à la fois axes principaux et annexes, se sont dégagées à partir d’un travail cartographique et d’arpentage. La première, coupant le site d’Est en Ouest, de la Montagne au Pellerin, tente de nous faire déambuler au plus près de l’eau, entre marais et coteau. La seconde, Nord/Sud, s’immisce à la lisière entre la zone urbanisée et les terres agricoles, qui séparent le bourg de Saint-Jean de la Télindière. L’immersion en mouvement dans un territoire donnée est à la fois l’occasion de l’aborder de manière objective en décrivant paysages, mais aussi de manière beaucoup subjective, comme une introspection de nos sensations premières. S’ouvrir à notre ressenti, ce que notre corps et notre esprit exprime et les images qu’il fait surgir en lien avec notre histoire, nos références passées, mais aussi avec nos désirs et attentes. Ce fut également l’occasion de poser les premiers questionnements, les premiers rêves. A la fois proche et inaccessible, attirante et invisible, La Loire est bel et bien présente. Elle entretient un lien complexe avec les villages nichés sur les hauteurs du coteau. Là où nous marchons, le long de la Petite Rivière, le marais s’étend, et nous sépare d’elle. Pourtant, tout, du nom des rues à la évanouie. Une impression persistante s’installe, l’impression de pouvoir rejoindre 14

Couëron, ville voisine située sur la rive Nord en tant que lien vers l’autre rive. Une envie irrépressible envahit certains d’entre nous, celle de rejoindre la berge, de retrouver ce lien vers un ailleurs, source d’un imaginaire foisonnant. Envie partagée semble-t-il, puisque au passage près du Château du Pé, des passants nous interpellent : « emmeneznous voir la Loire ! Du fait de la topographie particulière, des vues se dégagent parfois de part et d’autre de la Loire, entre deux hauteurs, de timides apparitions d’une eau tourmentée replacent la ville dans une perspective estuarienne plus large. Pour le reste, ce sont des repères importants, tels la Tour à Plomb qui émergent de la cime des arbres, nous rappelle que l’eau s’écoule à son pied. L’organisation et l’orientation des habitations selon les rues et le dénivelé, ne privilégient pas les vues vers hauts comme le Plateau des Gras entre le Télindière et le bourg, sont des potentiels de construction d’ouverture vers cet ailleurs. denses et maraichers,

de paysages agricoles et nous donne l’impression

d’appartenance des habitants semble fort. Ce sentiment d’isolement, de coupure à l’échelle métropolitaine, nous frappe. Le paysage urbain mêle alors des typologies d’habitat et d’habiter diverses, passant de la petite maison de pêcheur, évocatrice du bord de mer, aux zones pavillonnaires et collectives.


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Loire et urbanisation en 1846

un territoire en mouvement Il ressort alors de nos perceptions premières un territoire aux entrées multiples, aux tensions empruntées à son passé et aux attentes en lien avec son futur. Les temporalités qui s’y succèdent, l’évolution du paysage et des pratiques qui y sont liées, sont autant de composantes de l’aspect mouvant qui la caractérise.

En somme, l’espace qu’elle constitue est, à l’image de l’estuaire de la Loire dans son ensemble, un « territoire en Mais cette notion générale demande à être explicité dans le contexte de Saint-Jean-de-Boiseau. Le paysage estuarien a, de tout temps, été façonné par la Loire. Elle a longtemps fait et lit. L’intervention de l’homme aux siècles derniers pour tenter de domestiquer cet d’atterrissement au XVIIIe siècle pour gagner plus récemment en remblayant les bras de navigation jusqu’à Nantes. Si le sable (qui fut une ressource importante pour les usines ligériennes à son apogée industrielle) et ses

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c’est aujourd’hui autour de la vase que se focalise l’attention. Le bouchon vaseux, suspension de particules mêlée à une crème de vase mobile, s’étend aujourd’hui de

l’embouchure de l’Estuaire et dépasse parfois morphologie des étiers et rives de Loire en se déposant dans les moindres recoins. Avec un envasement estimé à plus d’un mètre par année à certain endroits, il n’est pas de voir s’élever les roseaux, végétation emblématiques marquant la proximité à l’eau, là où hier encore l’estran s’étendait. Le paysage, c’est aussi la Loire elle-même, entendue au sens d’étendue d’eau, soumise de haute et basse mer est un marqueur de vies ainsi que l’ensemble des pratiques qui y sont liées, qu’elles soient portuaires,

La Loire a ses caprices et si elle se cantonne dans son lit la majeure partie de l’année, elle est cependant sujette à de nombreuses crues et débordements. Ainsi les terres de marais attenantes, en contrebas du coteau au Sud et du sillon de Bretagne au Nord, sont autant d’espaces de liberté pour celle ci, recouvrant pour un moment le territoire qu’elle a d’antan façonné. Plus haut sur le coteau, perché sur les plateaux, ce sont les terres agricoles et et des cultures, le décor de Saint-Jean-deBoiseau. Elles alternent alors entre des temps


Loire et urbanisation en 2014

de cultures et de jachère, d’herbage et de pâtures. Entremêlées aux espaces boisées, dont les feuillus changent de couleur en automne et perdent leurs feuilles en hiver, c’est un territoire bucolique qui se dévoile aux senteurs et couleurs changeantes.

A la rencontre l’eau et de la terre, à l’aube d’une chaude journée de printemps, il n’est pas rare de voir ce paysage se fondre dans la brume, « amical et Ricardo Basualdo, le plongeant profondément dans le mystère et l’inconnu.

fait de la marée, les bateaux rentraient à quai. Ce mouvement pendulaire engendrait alors une grande sociabilité et des instants de partage dominicaux autour d’un repas au pré commun. D’autres instants conviviaux villages de la commune en un même endroit, à l’instar des fêtes du Pé. Celles-ci faisaient venir chaque année des groupes de musiques étrangers, et attirait également des habitants des communes avoisinantes. Les pratiques que nous venons d’évoquer sont démonstratrices d’un mouvement de populations locales ou en lien avec un ayant sur ce territoire. C’est le lieu de tous les départs et des arrivées, un espace d’échanges. Si autrefois le support de

Les communes bordant la Loire, de Nantes à Saint-Nazaire, se sont pour la plupart développées autour de petits ports, en

il s’est aujourd’hui déplacé dans les terres avec les principaux axes routiers qui relient la ville à la métropole d’un côté, à l’embouchure

Transportant les bêtes et l’herbage d’un

modes de transport, la distanciation à la Loire et la dépendance vis-à-vis de la ville-centre, Nantes, sont autant d’éléments expliquant les déplacements pendulaires pour de nombreux habitants de la commune. C’est aussi une terre d’accueil pour les habitants des nouveaux lotissements, ou encore pour les itinérants.

de Saint-Jean-de-Boiseau ont longtemps été le théâtre de départ et d’arrivée depuis les berges et les cales de la ville. Ce sont aussi, selon les dires de Patrick Leclesve, membre de l’association des historiens de Saint-Jean et président de Toue, Loire et Tradition emmenaient les femmes visiter les bêtes à Paimboeuf pendant la guerre quand les hommes étaient au front. Ou bien encore les familles qui partaient le dimanche à la pêche aux civelles et qui partageaient un moment de navigation commun lorsque, du

métropole de “territoire en mouvement” c’est peut être 17


changeant, alternant entre des temporalités de forte activité et des moments de latence, intimement liés à des attentes spatiales, économiques ou bien encore sociales. C’est aussi le lieu de toutes les négociations habitants de longue date et nouveaux arrivants, sédentaires et nomades. Souhaitant se placer dans une démarche livre l’Art de la mémoire, le territoire et l’architecture (2010) de « psychogéologie qui s’intéresse au lieu, à ses usagers et aux pratiques qui s’y développent, nous nous sommes lancés à la recherche d’une mémoire commune, partagée, autrement dit d’indices qui constitueront pour nous les points d’accroches pour l’émergence de problématiques futures. 18

Bernardo Secchi « Mon hypothèse principale que j’énonce d’une manière un peu radicale, et qu’il faudrait peut-être adoucir, est qu’à partir des années 50 ou 60 selon le pays d’Europe, s’est produite une rupture dans l’histoire de la ville européenne telle que s’était écrite pendant toute la modernité, à partir de la Renaissance jusqu’à la première moitié du XXè siècle. Elle de cette route on rencontre la naissance d’une ville qui est complémentaire à la ville moderne, qui ne lui est pas opposée et qu’on doute de Francesco Indovina, un collègue de Venise.


Front de l’urbanisation et parcelles non bâties

« Mon hypothèse principale que j’énonce d’une manière un peu radicale, et qu’il faudrait peut-être adoucir, est qu’à partir des années 50 ou 60 selon le pays d’Europe, s’est produite une rupture dans l’histoire de la ville européenne telle que s’était écrite pendant toute la modernité, à partir de la Renaissance jusqu’à la première moitié du XXè siècle. Elle de cette route on rencontre la naissance d’une ville qui est complémentaire à la ville moderne, qui ne lui est pas opposée et qu’on doute de Francesco Indovina, un collègue de Venise. ville moderne. Elle n’est pas quelque chose qui se construit et se fabrique autour de la ville moderne. Elle a une propre géographie très importante dans une partie de l’Europe urbaine. Mes estimations me portent à dire qu’environ la moitié de la population européenne vit dans la ville avec des conséquences soit sur le plan économique, soit sur le plan sociologique, soit sur le plan

politique, très importantes dont il faudrait s’occuper.

La restructuration du réseau urbain européen : dispersion et fragmentation (…) Cette nébuleuse de petites maisons avec jardin, d’habitude pour une famille ou deux, qui se distribuent sur le territoire apparemment sans aucune direction existante, des petits chemins agricoles, des petites ruelles, des rues plus importantes qui desservent la campagne, qui utilisent d’électricité, parfois les égouts et qui trouvent des obstacles seulement dans l’orographie et dans la valeur des terrains agricoles. Elles à petit dans le temps et qui produisent un environnement dans lequel on vit comme des urbains dispersés, dans lequel surtout on ne vit pas comme des ruraux.

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Portrait de territoire

une situation d’entre-deux

entre-deux Située en bord d’Estuaire, presque à michemin entre nantes et la Côte de Jade, Saint-Jean-de-Boiseau joue avec sa situation d’entre-deux. Nichée entre la Loire et la voie rapide menant à l’océan, ellse trouve aussi entre les deux bacs, qui assurent la liaison entre Le Pellerin et Couëron, et entre Indret 20

jonction entre le territoire de la ville, qui paysage de marais, qui se déploie ensuite à


séquences de paysage Le territoire de Saint-Jean-de-Boiseau est d’abord celui d’une rive, une interface entre la transition se déroule en plusieurs séquences parallèles. Il y a donc en premier lieu la Loire. Si elle est un axe majeur de communication et d’échanges, elle est aussi une frontière physique vers la rive Nord, à l’exception notable des deux bacs qui la traversent de part et d’autre de la commune, reliant Indret à Basse-Indre, et Le Pellerin à Couëron. Vient ensuite le marais, espace intermédiaire et mouvant, qui, par son humidité et sa végéla terre. Ce territoire à priori peu hospitalier ont longtemps été vitales pour la commune, comme l’élevage, la pêche ou la chasse. Ces activités impliquent une bonne connaissance sur lequel elles prennent place (irrigation, entretien des boires, digues de protection…). En un sens, elles ont construit le paysage. La distance entre la Loire et le rivage induite par le marais a été accentuée par la construction

mentaire à l’interface.

Le marais s’achève sur le dénivelé important du coteau. La plupart du temps boisé, ce dernier marque la limite de la terre ferme, il est aussi le support de cheminements d’importance plus ou moins grande, qui permettent de relier les villages entre eux et d’intégrer la commune dans un territoire plus vaste (à l’image du parcours La Loire à vélo). Les bourgs se sont installés en promontoire, sur les hauteurs du coteau, à l’abri des caune route, qui permet la desserte en transports en commun, et sert d’armature au développement de l’urbanisation. Le relief devient ensuite plus régulier et forme un plateau. D’usage principalement agricole, et parsemé de quelques hameaux, il redescend en pente douce jusqu’à la voie rapide qui borde la commune au Sud, desservant le territoire par une série de routes perpendiculaires. Ici encore, cette voie fonctionne à la fois comme une frontière physique et un axe de liaison important, permettant l’accès rapide à Nantes et à l’Estuaire.

séquences parallèles à la Loire

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un archipel Saint-Jean-de-Boiseau n’est pas une entité unique. La commune est à l’origine constituée de trois villages distincts et de plusieurs petits hameaux, qui forment ensemble un archipel. A l’image des communes voisines, l’urbanisation se concentre sur les hauteurs, à proximité de la Loire. Chaque village s’est pêche, l’industrie et l’agriculture. Jouxtant presque le Pellerin, La Télindière vivait essentiellement de la pêche. Avant 22

disparition de la Petite Rivière, le village Loire et d’un accès facile au marais. Boiseau, à l’autre extrémité de la commune, était également un village de pêcheurs, jusqu’à la création de la Fonderie royale de canons sur l’Ile voisine d’Indret en 1777, et l’installation d’une part importante des ouvriers qui y travaillaient. Le troisième village est le bourg de Saint-Jean à proprement parler. Situé à michemin entre les deux autres, il se développe essentiellement grâce à l’agriculture et à son rôle de chef-lieu de la commune. Malgré


Des villages implantés sur les hauteurs

ce statut, qui se traduit par la présence de la mairie, des écoles et de l’église, il a longtemps été le plus petit des trois villages et son rayonnement dans la commune est resté relativement limité. Cette croissance en archipel est aujourd’hui encore perceptible dans la morphologie urbaine, mais également dans les esprits : les habitants que nous avons rencontrés

Depuis les années 1970 et l’émergence en France du phénomène de périurbanisation, la croissance de la métropole nantaise et la pression foncière qui l’accompagne ont cependant eu comme conséquence un certain comblement des interstices entre les villages, qui se traduit notamment par la multiplication des opérations de lotissements pavillonnaires.

village ou au hameau dans lequel ils habitent ou duquel ils sont originaires. 23


orientations de la commune commune en terme d’urbanisation peut se résumer en quatre orientations principales. La logique principale retenue est le développement de l’urbanisation le long de la D58, la route historique parallèle à l’axe de la Loire, qui permet de relier entre eux les et des communes voisines. La principale l’optimisation de la desserte en transports en de la ligne de bus qui relie Le Pellerin, SaintJean-de-Boiseau et La Montagne au terminus du tramway nantais à Bouguenais. Plusieurs opérations ont déjà été réalisées en suivant cette logique, notamment la Z.A.C. de La Noë, entre le bourg et Boiseau, et les projets dans le P.L.U. ainsi que les opérations en cours de réalisation s’y conforment également (Les Pierres Blanches, La Prinzé ou encore Pour accompagner et structurer ce développement urbain, plusieurs espaces (ou urbanisables). Ils correspondent principalement aux interstices entre les villages historique. Trois coupures sont inscrites dans le P.A.D.D., mais seulement l’une d’entre elles constitue réellement une rupture de l’urbanisation. Le troisième axe consiste à éloigner, dans la mesure du possible, les habitations de la D723, la voie rapide qui passe au Sud de la commune, pour éviter les nuisances sonores. Cette orientation se traduit par une limitation de la construction dans les hameaux de la Prunière et du Surchaud, et donc par une implantation privilégiée sur les hauteurs à proximité de la Loire. est de renforcer la centralité du bourg, notamment en y regroupant les commerces de proximité et les services, ainsi que de favoriser le développement de la zone d’activités du Landas à proximité de la voie rapide.

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Portrait des passeurs Notre exploration du territoire été rythmée par des rencontres. Parfois programmées, souvent imprévues, elles ont considérablement enrichi notre travail et nous ont ouvert des portes sur des pistes restées jusque là inexplorées. Certaines personnes, de par leur histoire, leur manière singulière d’habiter et de faire vivre le territoire ou simplement leur facilité à (se) raconter, ont pour un un rôle particulier, celui de passeurs, de guides dans notre découverte de la commune. Ils sont pour la plupart d’entre eux restés par la suite des interlocuteurs privilégiés pour nos projets, et nous ont parfois permis de lier connaissance avec d’autres.

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Conconte Jeune entrepreneur en train de monter un atelier de réparation de moto à Saint-Jeande-Boiseau. Il a grandi dans le village de Boiseau et depuis quelques années a déménagé dans le lotissement des Genêts, plus proche du centre du bourg de SaintJean-de-Boiseau. Sa rencontre n’est pas un hasard car c’est en réalité un ami d’enfance de Delphine. Elle a donc eu l’idée de nous le présenter et son implication dans notre travail a été incroyable. Il nous a dévoilé les anecdotes de sa vie d’enfant à aujourd’hui en passant par les moments de son adolescence avec ses amis et nous très personnel et sensible sur Saint-Jean-de-Boiseau, toujours sans langue de chat ni langue de bois.


Thierry

Yannick et son

Agriculteur de la Ferme du Pré Joli, il est un des des quelques agriculteurs de la commune encore en activité. Il exploite des terrains sur le marais et élève des vaches pour la viande et le lait. Nous avons grâce à lui pris conscience des enjeux recte, et de la raréfaction de cette pratique pourtant génératrice d’interactions sociales fortes entre producteurs et consommateurs. La rencontre avec Thierry est un grand hasard et surtout une grande chance. C’est lors de nos traversées du territoire qu’au détour d’un chemin, que nous le croisons pour la première fois. Le contact est tout de suite facile et il accepte donc de nous revoir pour discuter plus longuement et nous permet même de découvrir son environdu temps prend une place importante dans notre démarche car il nous a appris beaucoup, mais aussi apporté soutien et amitié.

Agriculteurs à la Ferme du du territoire car exploitent un grand nombre de terrain sur le marais, allant de l’Ile Bikini à Indret. Leur ferme située sur le plateau et voisine du d’un emplacement privilégié sur le marais, la Loire et Couëron. Leur activité principale est l’élevage de vache et ils commercialisent principalement de la viande et du lait. Ils ont donc eu la gentillesse d’accepter de nous recevoir et de nous dévoiler le monde dans lequel ils évoluent. Ils nous ont même permis de poser pour la première fois nos pieds sur l’ile Pivin, en nous ouvrant le pont qu’ils utilisent pour mener leurs animaux dans les terrains du marais.

Jacques Chasseur, pêcheur et grand vent son aide à la ferme. Tout comme Thierry, sa rencontre joue un rôle très important dans notre travail. Il nous emmène lors d’un itinéraire à la découverte des anciennes pratiques liées à la pêche et dière où il vit depuis déjà un bon nombre d’année. Il nous dévoile des anciennes traces du passé des pêcheurs et la nostalgie de ces années qu’il nous transmet nous touche particulièrement. Grâce à lui, c’est tout un univers de souvenirs qui s’ouvre à nous. Sa patience et sa générosité nous ont donc, tout comme Thierry, permis d’avancer sereinement dans nos explorations et de tisser des liens avec eux qui, nous l’espérons, ne s’envaseront pas de sitôt.

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Atelier public Le temps de l’arpentage du territoire et des rencontres plus ou moins à l’improviste fait progressivement émerger le besoin de formaliser davantage notre présence auprès des habitants. Grâce à l’intervention de Flore Grassiot, architecte travaillant entre la Belgique et la France avec des démarches orientées autour de l’échange avec l’habitant, nous avons découvert une des méthodes

avec laquelle elle travaille : l’Atelier Public. C’est ainsi que nous avons décidé d’organiser un atelier public à Saint-Jean-de-Boiseau. Ceci nous permet de présenter notre démarche plus clairement aux habitants et surtout d’échanger avec une plus grande diversité de personnalités. A la rencontre des habitants...

réactiver un lieu en attente Pour organiser cet événement, la première étape est de trouver le lieu. La Mairie accepte de mettre à notre disposition l’ancienne pharmacie, dont la situation le long de l’axe routier principal qui relie les villages et sa position à l’entrée du bourg nous séduisent tout de suite. Ce lieu se révèle être parfait pour notre démarche car tous les Boiséens le connaissent, et il possède une vitrine ce qui nous permet une grande lisibilité aux yeux des habitants.

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C’est également un grand plaisir pour nous de constater la dimension symbolique de la réactivation éphémère d’un lieu fermé depuis plusieurs années. Ce lieu est, de plus, voué à

d’un bâtiment d’habitation. L’espace de quelques jours, nous donnons donc un de ses usages passés et permettons aux habitants de le redécouvrir dans une nouvelle pour un temps, un espace de rencontre et de dialogue sur le territoire.


inviter les habitants La deuxième démarche à mettre en place c’est évidemment la communication autour de notre venue. L’enjeu est de donner envie aux habitants de venir partager leurs récits avec nous, pour nous permettre de découvrir un peu plus ce village et ses alentours, à

les thèmes que notre première approche du territoire nous avait permis de faire émerger : la présence de la Loire, la disparition des commerces, le rapport à la mémoire, la relation de dépendance par rapport à Nantes, l’imaginaire créé par des noms évocateurs.

à les rassurer sur le fait que chacun peut nous apporter quelque chose qui orientera

A LA RCHE E H C E R INI DU BIK ! PERDU

expériences de vie. Chaque témoignage a sa propre sensibilité, chaque remarque a sa pertinence.

E LA D T I L LE ME RIchoisissons REnous C’est pourLcela de créer OIque . EC.. sur le devant et au AV une phrase énigmatique dos un message dactylographié TOIR ? expliquant R O D notre venue dans les lieux. En les déposant

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ensuite dans chaqueor.saiboites aux lettres ntje tres de Saint-Jean-de-Boiseau, la Télindière et Boiseau, nous espérons que chacun se sente personnellement invité et ait le courage de venir nous rencontrer.

publique

La Télindière Le Pellerin

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La Loire

Saint Jean de Boiseau Boiseau La Montagne Brains

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QUE E LE GUETT I U CHAT Q E? GUETT

Collectif étudiant de

l’Ecole d’Architectu

re de Nantes

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l’atelier comme un parcours L’atelier se décline en cinq dispositifs, qui forment ensemble un parcours abordant le passé, le présent et le futur de la commune et de ses alentours. Le titre de chaque étape est le fragment d’une grande phrase qui compose tout l’atelier :

mur d’expression libre sur lequel les habitants peuvent réagir aux propos laissés par ceux passés avant eux, relier leurs idées à celles des autres. Une bonne entrée en matière.

à partir d’une vue aérienne projetée, les habitants sont invités à réaliser une cartographie personnelle représentant leur quotidien dans le territoire, leurs usages, les lieux qu’ils fréquentent, leurs déplacements. La légende des cartes se construit au fur et à mesure des contributions.

atelier pour petits et grands enfants. Ils sont libres de dessiner, de couper, de coller, ce que représentent

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moyen très ludique de permettre aux plus jeunes de laisser libre cours à leur imagination.


véritable malle aux trésors, les habitants peuvent à leur guise déposer quelques souvenirs, photos, écrits, qu’ils souhaitent nous faire partager, ou simplement consulter les trésors livrés par d’autres.

Une petite pièce intimiste dans laquelle, face caméra, les habitants, seul ou à plusieurs, répondent à des questions. Ils piochent dans un bocal un papier, lisent la question à haute voix et y répondent de manière spontanée. Ils écrivent ensuite à leur tour une question qu’il dépose dans le bocal, pour les suivants.

grande vue aérienne de la commune et de ses voisines, sur laquelle les habitants peuvent ajouter des idées pour l’avenir, des commentaires, des remarques grâce à des post-it qu’ils placent où ils le souhaitent sur l’image.

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JEU DE PISTES 33


Rapport à la Loire L’envasement du lien ? dispartition des pratiques C’est Jacques, chasseur et pêcheur, qui lors de son itinéraire nous emmène à la découverte des anciennes pratiques liées lui, nous découvrons des lieux dont seul le nom subsiste et évoque un usage disparu. C’est par exemple le cas du Pré Commun, un champ à l’entrée de la Télindière, au bord de la petite Rivière, qu’il nous explique avoir été un lieu appartenant à tous, où les pêcheurs se retrouvaient pour réparer, entretenir leurs bateaux et leur matériel et simplement se rencontrer et échanger ensemble. Il nous fait découvrir également plusieurs cales, des années. Ces lieux perdent leurs usages premiers, mais pas leur appellation, que la plupart des habitants connaissent et utilisent encore, et qui les inscrivent comme traces du passé. Nous pouvons également observer des 34

traces matérielles. Les anciens bateaux, les ancres, l’atelier de réparation, le local des civelliers, sont autant de vestiges qui nous permettent encore d’imaginer ce qu’était la vie de ces lieux à l’époque. Jacques utilise un que ces usages appartiennent maintenant au passé. On retrouve dans son discours une liste de mots et d’expressions qui pour des novices ne sont pas évidents à interpréter : « la toue, le raidillon, les alluvions, du brai, les plates, les rouches, en javets, un ancre à jas, une souille, pommailler, un piret, les pelles à doue, les bastingues, le perré, le limon, la Bien que la compréhension soit parfois un peu délicate, il est intéressant de constater qu’il nous permet l’immersion dans un monde qui avait ses propres codes, ses pratiques et ses adeptes. On retrouve souvent dans ces paroles des expressions qui évoquent


Deux toues sur la Petite Rivière

la disparition des choses telles que « Il y avait ça, là, mais on le voit plus. C’était comme ça avant, maintenant ça a disparu

malheureux qu’on n’ait pas de photos prises à ces moments-là parce qu’on pourrait revivre un petit peu ce que c’était dans le civelliers a retrouvé une seconde vie grâce à l’installation du chantier de réparation Marlo et l’atelier de réparation des toues grâce aux historiens. On réalise tout de même qu’à

part quelques interventions comme cellesci la transmission de la mémoire aux plus jeunes se fait principalement par les paroles des souvenirs des anciens et qu’il y a donc une certaine fragilité. Jacques le reconnait bien et nous dit que « Bah c’est tout un tas important de pouvoir faire perdurer ses souvenirs aux générations futures qui se détachent petit à petit de la Loire.

La Loire invisible, un appel à l’imagination Lors de l’Atelier Public, nous avons pu entre la Loire et les habitants de Saint-Jeande-Boiseau. On remarque une distance physique évidement, comme évoquée une distance dans les perceptions. Il est vrai que contrairement au Pellerin ou à La Montagne, à Saint-Jean-de-Boiseau, on ne voit pas la Loire directement, on ressent un recul. Mais ceci permet aussi aux habitants

de développer tout un imaginaire et de la ressentir autrement.

« Les gens ont du mal à localiser la Loire. Pourtant, tu vois la tour « J’entends la Loire : sans ouvrir mes volets, je sais quand il y a du brouillard avec les bateaux 35


La Tour à Plomb, indice de la présence de la Loire

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« On ne voit que le haut des bateaux. On les voit marcher comme s’ils avaient des Ces commentaires, rapportés par des habitants lors de l’atelier public, nous dévoilent donc la richesse des perceptions que chacun a pu développer à sa manière. Le fait d’entendre les bateaux, d’apercevoir simplement des fragments, ou de se situer grâce à des repères visuels autres, nous permettent de voir nous aussi les choses Il est vrai que le réseau des cheminements nombreuses balades qui longent la Loire. Même depuis les points hauts, au Château du Pé ou sur le Plateau des Gras par exemple, il n’y a pas de vue directe sur l’eau. Par contre des percements dans le paysage ou des repères sur l’autre rive et même le relief du terrain nous permettent de ressentir sa proximité. Sur ces points culminants, on domine le paysage et la ligne d’horizon et les pentes descendantes vers les marais peuvent nous évoquer les promontoires, les falaises et les environnements côtiers qui bordent les océans. La richesse et la particularité de ces points de vue ont été également dévoilées par les habitants lors des ateliers publics, et un grand nombre d’entre eux aiment emprunter ces ballades au bord des marais et sur les hauteurs pour les découvrir, les apprécier et jouer avec ces perceptions particulières que

le marais, un lieu de travail Ce marais qui s’insère entre Loire et terre est inaccessible aux promeneurs car c’est un espace qui doit être connu avant Thierry et Yannick, et les chasseurs le parcourent et l’entretiennent pour leur activité professionnelle. Ces terrains sont de biodiversité mais peuvent également être très dangereux pour des novices. Ils respirent au rythme des marées mais restent des terrains inondables. C’est en réalité tout un réseau de canaux, de clapets, de vannes, qui permettent de contrôler les arrivées d’eau et ainsi permettent aux agriculteurs d’utiliser ces terrains pour l’herbage et y mener leurs vaches.

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mémoires du marais, itinéraire de jacques

Voilà déjà une ancre qui servait pour mettre les corps-morts, alors c’était attaché ici là avec une mettaient leurs toues ça restait bien ancré.

Voyez-vous y a plusieurs sortes de bateaux de plates, on appelait ça des plates avant... et ça c’est une toue, avec les deux, à l’avant, il y a deux supports pour… et des membrures le long, et les petits anneaux le long c’était pour attacher les bêtes… on les mettait têtes bêches

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On appelait des rouches ça et on coupait des rouches de façon à faire voir aux gens qui viennent visiter comment c’était avant quand ils coupaient les rouches sur le côté. Alors ils faisaient des “javets”, on appelait ça des javets, des paquets de rouches comme ça.

Quand est-ce que j’ai arrêté la pêche? en 82? oui en 82 c’était une cale avec les bords inclinés, avec un “piret” et on arrivait avec nos bateaux pour décharger le poisson (...). Donc on utilisait la souille et la souille était entretenue par les pêcheurs avec des “pelles à doue” on appelait ça, légèrement incurvée, et on creusait et on rejetait toute la vase de l’autre coté… vous voyez, ça c’est rempli vite, mais ça se rempli vite quand même…


Voilà c’est une souille à l’état… bon bah c’est désastreux de voir ça comme ça. Mais à l’emplacement ici sous la vase il y a une toue qui est enterrée. Donc ils sont venus retirer toutes les alluvions qu’il y avait dedans et ils ont pris les modèles pour faire la toue qu’il y a là-bas

Alors là, lors des grosses marées, c’est l’endroit le plus bas ici,(...) il y a au moins déjà ça d’eau dessus et quand vous avez de l’eau sur la route là, y a ça. Aux grosses marées, quand il y a du gros temps, aux marées de 100, 110, ou aux marées d’équinoxes quoi.

Sur ce terrain-là, il y avait une fourmilière de lapins. Maintenant il y en a plus un seul. On pouvait chasser ici, c’était énorme le nombre de lapins qu’on tuait.

C’est dommage de laisser un espace comme ça à l’abandon. Parce qu’il y a beaucoup de gens certainement l’été qui pourraient venir là, qui pourraient pique-niquer comme y a les jeux pour les gamins là-bas, ça serait quand même pas mal, pis ça fait passer des belles journées quand même au soleil.

Voyez-vous, il y en a encore un là. Alors ça c’était les amarres pour empêcher les barges de bouger parce que quand même il y avait une entrée de courant assez importante. Et là c’était un endroit où on pêchait le saumon, de la truite saumonée à cet endroit-là… maintenant il y a plus de pêcheurs et y a

Mes parents habitaient à côté-là, la petite maison. Je suis né dans la Télindière(...). Et papa avait son bateau en face pour aller à la pêche. Et dans le temps quand ils faisaient la pêche aux civelles (...) il y avait une partie qui était vendue pour la consommation et une autre partie qui était vendue aux maraichers pour engraisser leurs terres.

permet à l’herbe de pousser quand même.

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Attractivité

The place to be ? L’histoire de Saint-Jean-de-Boiseau est liée depuis longtemps aux déplacements pour le travail. Le développement de la commune au XVIIIe siècle d’une fonderie de canons sur de la commune d’Indre, sur la rive Nord, cette dernière s’est progressivement rattachée à la rive Sud, du fait de l’atterrissement progressif au XVIIIe siècle du bras de Loire situés entre faciliter la navigation dans le chenal principal.

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Les ouvriers de la fonderie habitent donc dans leur grande majorité au Sud de la Loire, et notamment dans les villages de Boiseau, du Fresne et de La Briandière, qui concentrent rapidement à eux trois plus des trois quarts des habitants de la commune. Après la création de la commune de La Montagne en 1877, Boiseau, demeure le seul village de la commune réellement concerné par l’activité industrielle, les autres villages ayant davantage une vocation agricole et piscicole. Il est néanmoins resté jusqu’à récemment le village le plus peuplé de la commune.


Mais où sont passés les commerces de la rue du Commerce ?

une commune polarisée par ses voisines ? Du fait de son histoire particulière, Boiseau a gardé des liens importants avec Indret et La Montagne, les déplacements liés au travail et la camaraderie ouvrière persistant après la scission des deux communes. Il en va de même pour le village de La Télindière, plus proche du Pellerin que du bourg de SaintJean, tant géographiquement que dans ses pratiques, liées en majorité à la Loire (pêche, chantiers navals…). autres villages de la commune est par conséquent pendant longtemps restée limitée aux seules fonctions administrative et religieuse (mairie, écoles, église). Les plus anciens se souviennent encore de cet état de fait :

« Historiquement, il y avait plus de monde à Boiseau et à la Télindière que dans le bourg. On allait dans le bourg que quand on devait aller à la mairie ou à l’église. Nous à Boiseau, on allait plus facilement à La Montagne,

par exemple pour aller à la pharmacie ou à la poste, et c’est pareil à La Télindière, ils allaient . D’une certaine manière, cette situation de polarisation de la commune par ses voisines persiste encore aujourd’hui, par exemple pour les études : comme il n’y a pas de collège à Saint-Jean-de-Boiseau, les élèves doivent choisir entre celui de La Montagne et celui du Pellerin. le temps, notamment en ce qui concerne l’attractivité commerciale. Il est ainsi frappant de constater qu’une part toujours plus grande des habitants de la commune fait ses courses dans les supermarchés des communes voisines, qui ont l’avantage d’être facilement accessibles par la voie rapide. Cette évolution des modes de consommation en faveur de la grande distribution rend proximité et le maintien de la vente directe par les agriculteurs, ce qui contribue encore 41


commune. Au cours de l’entretien que nous avons eu avec lui, Yannick Ardois, l’un des éleveurs de la commune nous expliquait mois la vente directe de lait cru, le coût et des tournées étant devenu depuis quelques années supérieur aux gains potentiels. Beaucoup regrettent la quasi-disparition des commerces qui, en dehors de leur fonction première, étaient aussi des lieux dans lesquels il était possible de se croiser, d’échanger.

« Il y a eu des commerces oui, à Saint Jean-de-Boiseau, on avait trois cafés, trois boulangeries, on avait tout. Aujourd’hui il ne reste qu’un café et une boulangerie. On avait un, deux, trois épiceries, quatre épiceries, des petits marchés, aujourd’hui on n’a qu’une petite supérette Cependant, la situation d’entre-deux dans laquelle se trouve la commune, fait aussi d’elle un centre, au moins du point de vue géographique. Cette position peut dans certains cas se révéler être un atout, et explique en partie le fort dynamisme de SaintJean-de-Boiseau du point de vue associatif et culturel.

Plusieurs de ces associations touchent un public plus large que les Boiséens stricto sensu. C’est notamment le cas de l’Ecole de Musique, d’une bonne partie de la quinzaine de clubs de sport actifs sur le territoire, ou encore de l’Animation Jeunes Intercommunale (AJI), qui gère depuis 1997 les activités loisirs pour les enfants du Pellerin, de Saint-Jeande-Boiseau et de La Montagne, et qui a ses locaux dans le bourg.

« S’investir dans les associations est une bonne manière de s’ouvrir aux autres habitants. En plus, il y a plein de possibilités ici, entre le rink hockey, le patin à roulette, le foot, l’école de été plusieurs fois soulignée au cours de l’atelier public. Deux personnes nous ont ainsi expliqué venir spécialement de La Montagne et de Bouaye pour se rendre à la médiathèque. De même, certains évènements ont un rayonnement qui dépasse de loin la juillet, tiré dans les jardins du Château du Pé ou encore de la Fête du Pain, organisée chaque année au hameau du Surchaud.

une relation de dépendance face à Nantes ? Comme c’est le cas pour de nombreux territoires situés à la périphérie des grandes villes, de nombreux ménages sont venus et viennent s’installer à Saint-Jean-de-Boiseau car ils y trouvent un compromis acceptable entre le prix du foncier et la proximité à Nantes, où ils travaillent. Ce phénomène de périurbanisation, visible depuis les années 1970, contribue à l’installation d’une relation de dépendance par rapport à la ville-centre, dans laquelle se concentre la majorité des emplois. Cette situation conduit à une augmentation des déplacements pendulaires pour une grande partie des habitants de la commune, qui tend à se résumer à un rôle résidentiel.

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La place de Saint-Jean-de-Boiseau dans le territoire de Nantes Métropole est d’ailleurs aujourd’hui sujette à débat avec a perspective de implantation d’un crématorium métropolitain à proximité de la zone d’activité du Landas. Quand certains voient dans ce projet une opportunité de devenir une polarité sur laquelle pourraient d’autres considère plutôt que la commune se trouve reléguée à accueillir un équipement auprès duquel personne ne veut habiter.


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Interactions

Chacun chez soi ? une société qui s’individualise Dans les échanges que nous avons eu avec les habitants, il ressort souvent un autres, une impression que la commune est un peu endormie, qu’il ne s’y passe rien qui permettrait de favoriser les échanges. Le principal regret dont on nous a fait part retrouver : il n’y aurait ni lieu ni moment qui favoriserait l’interaction entre les habitants. Certains considèrent même que l’on cherche plutôt à éviter que les gens ne se croisent, comme le montre par exemple l’extinction de l’éclairage public à partir d’une certaine heure ou la réticence à accepter la présence de groupes de jeunes dans l’espace public. Le témoignage de l’un des jeunes que nous avons rencontré est à ce titre éloquent :

« On essaie surtout que les gens restent bien chez eux le 44

soir, et qu’il y ait un minimum de jeunes dans les rues… Moi j’ai squatté les bancs ici pendant à peu près deux étés complets avec mes potes, on se faisait arrêter par les gendarmes, à peu près toutes les deux heures… contrôle d’identité et tout. On nous a bien fait comprendre que si on voulait vivre heureux fallait On ressent donc chez les habitants une envie de se retrouver, grâce à des lieux et des moments de rassemblement. Ils semblent intéressés et en attente de voir des projets mettant cet enjeux en avant. L’un des facteurs d’explication possible à ce


Les 100 ans du Chat qui Guette

sentiment de manque de lien social vient peut-être du fait que de nombreux Boiséens travaillent en dehors de la commune, et n’auraient donc pas le temps de s’investir pleinement dans la vie locale. Cela serait dans une certaine mesure accentuée

par la typologie dominante de logement pavillonnaire, qui, du fait de la primauté des déplacements en voiture et de l’absence d’espaces communs, ne favorise pas les rencontres.

la disparition de certains lieux d’interaction la disparition de certains lieux et moments d’interactions. Lors de l’atelier public, nous avons eu la chance de rencontrer Françoise, l’ancienne propriétaire du café du Chat qui Guette. Elle a eu la gentillesse de nous amener ses albums photos souvenirs et ainsi de nous permettre de plonger au cœur de l’ambiance qui régnait à l’époque. Barbecue, pétanque, apéritif, concert rythmaient les weekends et les belles soirées d’été. C’était un café propice à la rencontre, permettant d’échanger des moments de détentes et des instants festifs. On trouve encore le lieu aujourd’hui mais il est devenu uniquement un restaurant et une pizzeria. Cet endroit reste très apprécié car convivial mais ne permet plus aux habitants de se retrouver et de partager des moments autour de jeux, de musiques, comme à

l’époque. C’était en plus un lieu précis et déterminé, connu de tous et situé à la lisière visibilité. Les habitants semblent pourtant toujours appréciés ces activités qu’ils partageaient à l’époque, mais avec l’évolution un moment précis où se retrouver. Les gens ne sont peut-être pas autant disponibles, pris par leur travail, leur activité personnelle, et ne prennent peut être plus le temps de venir jouer ou discuter avec les autres habitants. Le manque d’un lieu prévu à cet les gens à se déplacer pour se rencontrer.

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la force des pratiques en lisière Nous avons cependant progressivement découvert au cours de notre exploration et de nos rencontres l’existence de certaines pratiques, plus ou moins secrètes, plus ou moins informelles, qui provoquent l’interaction et favorisent les liens entre les habitants. La plus frappante est sans doute l’importance des surnoms que se donnent entre eux certains habitants de la commune, et qui vont dans l’usage courant. Ils constituent d’une certaine manière la preuve de l’existence d’une sociabilité parallèle, à la marge des trois sources principales à ces surnoms : le relations de travail entre les ouvriers de l’usine d’Indret, les relations amicales entre les jeunes de la commune et les relations de voisinage dans le village de la Télindière qui reprennent la tradition des pêcheurs. Il faut noter aussi le rôle joué par la guinguette du Chat qui Guette dans ces interactions : si elle était essentiellement un lieu de ralliement des ouvriers d’Indret, elle touchait aussi un public plus large, et favorisait ainsi la porosité entre les groupes. Cette porosité n’a toutefois pas disparu, et des liens peuvent bien sûr se tisser au-delà des groupes : par exemple, « la guinguette, pratique de temps à autres la vente directe, notamment auprès de son Un autre signe de l’existence de ces sociabilités et pratiques alternatives est l’usage des espaces non bâtis qui entourent les villages. Ils représentent pour de nombreux habitants des espaces de liberté. Beaucoup ont ainsi évoqué leurs promenades, sur les parcours de randonnée comme sur des chemins plus informels, en particulier dans les bois. Ces promenades peuvent parfois être l’occasion de croiser prétexte de sorties collectives. Au-delà de la marche, les espaces naturels sont aussi le support de pratiques plus pérennes, en particulier dans les bois. Ces derniers sont depuis longtemps le terrain de jeu de nombreux enfants et jeunes de la commune, qui y construisent des cabanes ou y font du vélo. Dans l’itinéraire que nous avons réalisé avec Conconte il nous a ainsi raconté comment il avait, avec ses amis, 46

chez ses parents. Cette cabane améliorée était presque devenue une institution, allant jusqu’à toucher des jeunes des communes alentours. Le long de ces sentiers battus, nous avons découvert aussi les traces d’autres activités jouant entre l’interdit, le secret et l’expérimentation d’une nouvelle liberté. Nous avons pu croiser plusieurs BMX, des quads, des buggys emprunter ces petits chemins qui ne leurs sont normalement pas destinés. espaces naturels pour pique-niquer, pour batifoler dans les herbes hautes, faire des feux de camps à l’improviste… D’autre détournent les usages premiers de certains espaces pour se détendre entre amis, comme pour le parking du stade qui est utilisé pour faire du basket ou faire du stunt ou jeu de

Boiseau à une ville endormie, faite d’habitants qui n’auraient pas de lien entre eux. Elle met aussi en évidence le fait que les occasions de sociabilité se trouvent en bonne partie à la marge, en lisière de la ville. En un sens, ce sont ces lisières, à la fois physiques et symboliques, qui favorisent les interactions entre les habitants. Malgré leur force, ces pratiques, probablement du fait de leur nature de manque de lien dont beaucoup nous ont fait part.


La Force

Le Coréen Cul de Canne

Petit Trou

Cul de Bourdon

Petite Fesse

Popeye

Le Coucou

Cobra

Le Sanglier L’Homme à Pipe

Pierro Gourmand

Le Marcassin

Gibier

Nanou

Tacaud Pied de Parpaing

Jacki

Cul de Civelle

DCNS INDRET

Boufi

Monsieur Plus Concorde (Grand nez) La Burette

Maï

LA TELINDIERE

Clapton

Le Libanais

CHAT QUI GUETTE

Paté Gachet Fennec

SQUAT

Monsieur Le Maire

Conconte Druide Gaulois Au Chat !

Djouf Tante Suzanne

Gros Zazaï

Jo Samy

Nanard

Astérix Norman

Body

Le réseau des surnoms

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le squat, itinéraire de conconte

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C’était pas du tout prévu que ça se passe comme ça mais au bout d’un moment en fait on était trop donc on a construit un truc qui au sol devait faire à l’aise 20 m2 quoi, avec une charpente en IPN et tout. On a mis un beau bordel dans le bois mais on n’a plus jamais eu de soucis. On a plus jamais été emmerdé

ça c’est le seul truc moi qui me manquera si je déménage en ville, c’est de pouvoir se balader comme ça. Bon il y a les chasseurs, ça ne me manquera pas ça.

On aurait du venir en meule en fait. J’ai pris les bonnes chaussures en plus moi, c’est pareil. La boue c’est bon pour la peau, c’est ce qu’il faut se dire, c’est bon pour les tapis de sol de bagnoles aussi, ça les graisse. Ah vous allez vivre des aventures de dingue à saint jean de boiseau.

Donc alors là on va traverser le bois, et c’est un des je le connais pas. J’ai une anecdote assez marrante avec mes potes du côté du petit parc là-bas et du coup les gendarmes un jour nous on dit « si vous


donc bon. Nous du haut de nos seize piges pour les plus jeunes et pas loin de vingt-cinq pour les plus vieux, on étais vraiment un gros groupe, on est parti dans le bois et puis je vais vous montrer le chemin, par là ça relie la prunière en fait, on a construit un espèce de truc mais monstrueux.

Nous quand on était branleurs on faisait ça (le trajet) 10 fois par jours, on se retrouvait là à n’importe quelle saison. L’entrée c’était par là.

ben moi j’aime bien me balader un peu en sous-bois comme ça, parce que ben c’est le côté sympa ici qu’on a pas par exemple en ville, donc je me balade assez souvent. Après en plus moi, bon ça par contre il faudra peut-être pas le mettre sur la retranscription,

Donc là du coup en fait la prunière ça commence au bout de la rue et ça va jusqu’au bout de la rue, c’est tout petit, c’est l’un des plus petit quartier.

un peu les passions quoi, la balade et puis la meule. Malheureusement il n’y a pas le droit mais bon.

Moi j’ai le souvenir que quand je prenais le car le matin pour aller à l’école et tout on passait par là c’est les mêmes maisons c’est les mêmes rues il n’y a rien qui a bougé. Bon après ça a peut-être changé mais il y a peu de constructions qui ont bougées ou quoi. Et les gens qui habitent ici on vraiment envie de conserver, ils revendiquent un peu leur appartenance à ce quartier là, c’est assez drôle, c’est cool même.

c’était quand moi je suis arrivé à saint jean il y a 25 ans quoi. Ca n’a pas bougé. Donc c’est un côté assez cool.

Alors voilà là c’est en fait, à partir de là où il y a les piquets là, derrière le tas de bois c’est le jardin de mon pote, où il y avait Pablo. Donc là on voit aménagé un petit peu l’espèce de point d’eau.

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Ici, c’est les habitants qui font l’urbanisme presque. Ah ben c’est coin qui est excellent.

Et ça c’est drôle parce que c’est des coin que moi j’ai connu que quand j’ai eu 13-14 ans quoi, je savais où pas du tout quoi. Ca a vraiment été, ben déjà à partir du moment où on a eu les mobylettes les scooters tout ça, qu’on a pu bougé et que les jeunes se sont retrouvés, moi j’ai découvert les genêts, le pré joli, la prunière.

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Ç quand on passe du lotissement des genêts, quand on est au centre à ici, on a un peu l’impression de changer de bled, surtout quand il faut beau comme aujourd’hui, on a l’impression de changer de coin et c’est assez cool.

Et là du coup, ah ben là je suis en train de découvrir un truc en même temps que vous, ça c’était les ruchers de la prunière et apparemment ça n’existe plus, ça a dû fermer. C’était de la vente directe. Donc on va peut-être pouvoir voir les ruches par derrière mais… ah ouais ça n’existe plus, ben là je tombe des nues.

A une période, on était une bande de 20-25 on pouvait pas débarquer chez les parents d’un « ouais c’est

au début c’était très mal parti, déjà on a commencé à faire une collecte de bois, donc on voulait faire le truc en bois, on voulait que ce soit propre, on avait la volonté que ce soit propre et de pas pourrir l’endroit. On s’est vite aperçu qu’on avait bien pourri l’histoire mais bon. On a commencé à faire un pan de mur comme ça, un bout d’angle, alors on a tendu une bâche au dessus et honnêtement pendant au moins 6 mois on a dû squatter sous cette bâche.

Donc là ça nous a permis de passer des soirées ensemblependant, attend ça a duré combien de temps cette histoire ? Le squat, il a du vivre 4 ans à peu près, mais vraiment tout le temps tous ensemble quoi. Limite le matin avant de partir en cours tu passais làbas tu savais qu’il y avait tout le temps du monde quoi, il y en avait qui dormait là-bas, c’était fou.


dit, « ah il y a une entreprise à côté de chez moi, ils balancent des immenses planches de bois de 4 mètres, au moins une quinzaine quoi, il faut qu’on coup ben nous on était pas vraiment architecte à ce moment là, on était plus rasta, on a fait un truc mais… en fait on a planté des piquets aux 4 coins et on est venu visser nos planches dessus, et on s’est retrouvé du coup avec un carré de mur,ça nous faisait un truc d’au moins 10 mètres entre les 2 murs.

Donc ça pareil et on a recouvert le toit avec ça et puis a récupéré dans un deuxième portail toutes les tiges en inox qu’il y avait dedans, on a récupéré aussi un gros rouleau de cellophane des rouleau qui font à peu près 2m haut qu’on roule, on l’a bourré avec toutes les tiges en inox, on a fait un trou au milieu du squat, on a levé la charpente et clac. Et voilà on avait notre poteau de soutien à la poutre principale que notre pote avait du coup refaite, et ça a tenu comme ça pendant 4 ans.

Et heu coup de bol pareil, un jour en passant devant la déchetterie il y avait une entreprise qui jetait des immenses portails d’entrepôts à camions donc c’est des portails en plastique hyper rigide avec des barres métalliques à l’intérieur et les machins qui s’enroulent. On a vu le truc on s’est dit mais c’est ça quoi, on a récupéré les trucs alors il faut voir qu’on était à pied on avait pas de bagnole donc même les fameuse 15 planches on les a ramenés de la montagne à saint jean à pied, c’était la mission quoi.

Et là on s’est dit mais oui mais si on met un toit c’est mort, on va jamais trouver un truc qui va tenir. Donc un pote qui était en apprentissage en menuiseriecharpente il a étudié le truc et tout, il me fait bon ben je vais ramener des poutres, il a commencé à faire des poutres avec de la récup, on a commencé à poser dessus et puis bon ben ma fois ça avait l’air de tenir.

Ce qu’il faut savoir aussi c’est qu’au milieu du squat il y avait un arbre, et on avait pas prévu que ça arriverait jusque là donc dans le fond du squat il y avait un immense arbre, qu’on a pas voulu couper donc on a construit autour. On a fait une caisse en

Moi j’ai habité aussi en cité aux Dervallières avec mon père un petit peu en parallèle, c’est vrai que quand je sortais je me faisais trop chier quoi. On va faire un tour en ville à regarder des vitrines, voir des trucs que je pouvait pas m’acheter ça ne m’éclatait pas quoi,

et là le toit une fois qu’on avait fait notre charpente il a fallu le couvrir quoi.

bloc… Par contre tu me mettais des potes, « oh vas y plus quoi. 51


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REVELER LES TRESORS 53


une carte aux trésors pour Saint-Jean-de-Boiseau Il ressort de notre analyse cartographique, ainsi que de notre immersion intense et riche en partage, que la commune de Saint-Jeande-Boiseau, à l’échelle de la métropole, ne se limite pas à une relation de dépendance par rapport à son centre, Nantes. Même s’il y a aujourd’hui un sentiment de « ville dorpar les déplacements pendulaires vers la grande ville (porteuse d’activité économique et d’emploi), il n’en reste pas moins que Saint-Jean possède des ressources autres. Tout d’abord, le caractère insulaire de ses villages, inscrit dans l’histoire de leur forl’identité de la commune. Elle entre en résonnance, à une échelle plus large, avec l’idée Secchi. Ensuite, celle-ci regorge de pratiques et d’interactions, souvent cachées ou qui

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certaines d’entre-elles un héritage du passé, une réactivation initiée par une ou plusieurs personnes, mais aussi des usages contemporains qui ne trouvent pas toujours place. Ce sont ces pratiques et interactions entre les habitants eux-mêmes, et ceux des communes voisines, qui constituent la véritable richesse de cette région. C’est un lien social et culturel qui est tantôt porté par des struc-

tures associatives, tantôt en marge, détaché de toute institution. Il semble alors que tout projet, dans une logique de développement durable de la commune, doit s’attarder à reen adéquation avec des enjeux et attentes actuels. Nonobstant, il ne s’agit pas ici de traiter d’une nostalgie se rapportant à époque passée qui serait considérée pour un temps, meilleur, en faisant resurgir de façon littérale des traces mémorielles ou patrimoniales. Il s’agit bel et bien de donner corps à ce qui fait aujourd’hui l’attractivité de la ville de SaintJean-de-Boiseau, sans pour autant oublier sa dimension métropolitaine et estuarienne. La carte des trésors, issue des ateliers participatifs, permet d’inscrire et de mailler dans le territoire ces échanges, interactions et pratiques. Elle constitue selon nous un oud’aménagement, ou devrait-on dire, de ménagement du territoire. De ce fait, cette carte met en lumière l’importance de la lisière et des espaces interstitiels dans lesquels ces derniers prennent place. La lisière s’entend à la fois au sens d’entre-deux, entre espace bâti et zone agricole, entre le marais et son coteau, mais aussi au sens social, au regard des populations diverses qui cohabitent.


maintenir et renforcer le lien à la Loire Enjeu premier d’une Eco-métropole tournée vers la Loire, l’histoire de Saint-Jean-dede l’ancien lit de ce dernier, la petite rivière alimente aujourd’hui le marais qui vit lui aussi au rythme du marnage. Aussi marquant que l’envasement de cette rivière, les pratiques progressivement, alors même qu’elles ont été essentielles au développement de la vie de la commune. La reconnaissance de l’activité de ceux qui travaillent et entretiennent ces zones humides (agriculteurs, chasseurs, pêcheurs), des pratiques économiques et de loisirs qui s’y rapportent (charpentiers de marine, navigants), est une étape essentielle passe par :

• Préserver et mettre en valeur des espaces de marais,

aujourd’hui classés Natura 2000 et ZNIEFF, en travaillant notamment sur la

savoir-faire ;

• Donner place aux pratiques de navigation, à une échelle locale et estuarienne, ainsi que renforcer et développer l’activité économique (charpenterie de marine) déjà installée sur la commune ;

• Réhabiliter les traces en lien qui ponctuent les contrebas du coteau, de l’envasement des mémoires en accord avec des attentes locales et métropolitaines ;

• Multiplier les points de vue et cadrages qui le symbolisent.

En somme, l’objectif est de renouer un lien entre la ville et la Loire en travaillant sur une immersion à la fois physique et sensorielle des divers usagers de la ville, en donnant place et en mettant en valeur ceux qui entretiennent et font vivre ces sites.

acteurs de ce site dans le processus d’entretien de cette rivière participent alors de la reconnaissance de leur travail et 55


favoriser les interactions Nous l’avons vu, le lien social fait de nos jours l’unicité et l’attractivité de Saintmultiplier ces opportunités de rencontre en développant des lieux et moments propices aux pratiques existantes, tout en prenant soin des lisières physiques et symboliques dans lesquelles elles prennent place : c’est la dimension informelle de ces pratiques qui fait le plus souvent leur force. Les structures associatives doivent également continuer à entretenir ces échanges et donner un rayonnement extérieur à la commune.

• développer les structures associatives existantes pour

rythmer la vie de la commune en lien avec des évènements temporaires, qu’ils soient sportifs, économiques ou socio-culturels, rassemblant l’ensemble des identités de la ville ;

• travailler sur un maillage de circulations douces, en prise avec (zone agricole, marais, clairières,…) ;

• S’appuyer sur un lieu fédérateur 56

des

villages,

pouvant

accueillir

ces

manifestations ;

• populations

interactions possibles, en s’appuyant sur la reconnaissance des pratiques entretenues par les anciens habitants.

• Privilégier les circuits courts

et l’économie locale, favorisant le lien entre producteur et consommateur.

Il s’agit de ménager les espaces en lisières au travers de programmes respectant les pratiques existantes et tentant de maintenir ou renforcer les liens aux sens de la ville, mais aussi ses alentours.


La vision du territoire que nous développons l’archipel. La multipolarité de la commune (3 entités de village) est un élément important de son histoire. Au vu de l’importance des

nouveaux habitants, en s’appuyant sur la reconnaissance existantes ;

des

pratiques

la présence des interstices qui les séparent

pas à dire que les espaces interstitiels (les “coupures vertes”) sont ou doivent rester vides. Ce serait comme nier l’existence de

long de la RD 58, axe de transport qui acte le principe de dépendance à Nantes, est de ce fait remise en question. L’organisation

place aux pratiques qui se déroulent dans ces interstices ne remet pas en cause la renforcer.

de village existantes. Dans cette logique, l’axe routier principal possède alors autant, sinon moins, d’importance que le maillage entités.

• Pepenser les relations entre l’urbanité et les «coupures en ménageant des programmes qui leur donnent corps ;

• Privilégier l’urbanisation au sein des villages, plutôt que l’étalement urbain;

• 57


Habiter les clairières Simon Henry

les nouvaux prés communs St-Jean-de-Boiseau, comme de nombreuses autres communes situées à proximité d’une grande ville, est marquée par l’arrivée de nouveaux habitants, attirés par les prix plus abordables qu’à Nantes. Ce phénomène de périurbanisation soulève deux enjeux principaux : en premier lieu l’étalement l’archipel et menace les espaces intersticiels qui font la force de la commune ; mais il pose également la question du vivre-ensemble, et de la manière dont les nouveaux habitants s’insèrent dans les interactions et les pratiques sociales existantes. L’objectif

LA TÉLINDIÈRE

Les clairières 58

prendre pleinement, en prenant appui sur les pratiques qui font le territoire. Le processus d’urbanisation le long des routes à partir des villages a créé des poches Les habitants des maisons situées au bord de ces clairières ont souvent développé un usage particulier de ces lieux cachés : accès par l’arrière des parcelles, pratique du jardinage, pique-nique, jeux... Du fait de leurs dimensions, de leur situation de lien entre les vieux villages et les constructions plus récentes et de la force des pratiques qui y prennent place, au moins

LA PERCHE

La clairière de la Perche

situation privilégiée au somment du coteau


Verger

Chemin d’accès à l’arrière des parcelles bâties

Potagers

Pratiques et éléments remarquables tranches de potagers

implantation en lanières

59


deux de ces clairières, celle de la Télindière et celle de la Perche, sont un support possible pour accueillir de nouveaux habitants.

GARAGE > parkings partagés JARDIN > jardin(s)

La clairière de la Perche se déploie d’Est en Ouest à partir du village de Boiseau, rythmée par un parcellaire en lanières étroites. Si la plupart des parcelles est laissée en friche, certaines d’entre elles sont utilisées par les habitants comme potager ou comme verger. progressive de la clairière en conservant cette organisation en lanières. Reprendre préserver les pratiques qui y prennent actuellement place, notamment les potagers et les accès par l’arrière des habitations existantes. Il s’agit aussi de respecter la logique et la lisibilité du paysage, qui rappelle la vocation autrefois agricole des lieux et structure une grande partie du territoire. La création de trois accès carrossables depuis les voies existantes permet l’implantation d’une quarantaine de logements, structurée par les cheminements existants ainsi que le développement de nouveaux jardins de la clairière laisse également entrevoir la possibilité de construire l’arrière de certaines parcelles périphériques, permettant ainsi

reconnaissance des pratiques existantes ni l’émergence d’un espace partagé par les habitants, un lieu possible d’échanges. A l’image des pré communs de La Télindière et de Boiseau, sur lesquels les pêcheurs pouvaient entretenir leurs embarcations ensemble, il s’agit donc de recréer, à l’interface entre le vieux village et les nouvelles habitations, un lieu d’expérimentations partagé. Sa formalisation progressive, au fur et à mesure de l’arrivée des nouveaux habitiants pourrait en outre permettre d’accueillir les usages qui cherchent actuellement leur place sur le territoire. Maison de quartier, halle couverte, kiosque à musique et espace de stockage pour les potagers pourraient ainsi s’installer sous une grande serre agricole, solution économique de couverture, mais aussi symbole de la transition entre le bâti et le jardin... comme une métaphore de la clairière.

ESPACE > pièces «plus»

Habiter le périurbain ?

le modèle pavillonnaire en questions

pièce «plus»

utilisation par le propriétaire

utilisation par un tiers

atelier / stockage

logement

garage à vélos / stockage

espace de bricolage

parking commun

> parking partagé

le bricolage comme support d’interactions

jardin sur rue

jardin des vues

jardin potager

> jardin(s) 60

utilisation par le voisin

jardin sur chemin

jardin partagé

serre commune

multiplication des situations et gradation de l’intimité


accès rue de la Perche

potagers existants

accès place Leclerc

nouveaux habitants serre

nouveaux potagers

nouveaux habitants local potagers

maison de quartier

halle

le pré commun

formation progressive d’un lieu partagé

kiosque

la serre habitée plan

la serre habitée

coupe-perspective

61


Faire « Place » Justine Poligné

un lieu pour les pratiques collectives Depuis la disparition du café du Chat qui vent ressorti de l’atelier public et des entretiens, le manque de lieu et de moment de regroupement : « On construit des lotissements un peu partout mais il manque une place ments comme l’ensemble des trajectoires de loisirs où le croisement des uns et des autres pouvaient révéler des lieux potentiels de rencontre et d’interaction sociale. Dans lisière de Saint-Jean-de-Boiseau, un site qui regroupe une mixité d’usages. 62

tiques collectives (sportives et culturelles).

la thématique de l’échange, de l’interaction sociale et du lien, le projet consiste à créer une structure qui puisse accueillir, soutenir et mobiliser une diversité d’usages. La richesse associative de la commune révèle des interactions possibles. Les gens se rencontrent au travers les activités sportives de leurs enfants; les tournois de foot inter-quartier organisés par le club de foot FCBB permettant ainsi le brassage des classes sociales, des associations culturelles et sociales qui participent au dynamisme de la commune (on peut parler des actions de l’AJI qui organise régulièrement des concerts).Le projet a été


Boiseau

Percée végétale axe piétonnié

Aménagement d’une voie de circulation douce

pensé suite à une double demande : l’aménagement d’une nouvelle salle des fêtes et la visibilité des associations. La qualité spatiale du site, permettrait l’accueil d’événements locaux tels qu’un marché hebdomadaire, la fête du pain, les feux de la Saint-Jean, ou métropolitains comme un festival de musique ou le parcours Estuaire.

Saint-Jean-de-Boiseau

Brains / Nantes

Boiseau

Au Nord du site se développe le projet de lotissement des Pierres Blanches. Une percée végétale a été pensée dans le projet pour relier l’arrêt de bus de la rue de la Croix Truin au stade par une traversée piétonne. Une première intervention paysagère consiste donc à réaménager la partie Ouest du site du stade en un jardin arborée qui viendrait dans le prolongement de cette traversée piétonne. Le projet architectural trouve, quant à lui, sa place dans la parcelle triangulaire à l’Est du de foot et la trame bocagère. Sa situation vient renforcer, par la continuité d’une voie de circulation douce, le second axe structurant Nord-Sud qui longe le lotissement des Pierres Blanches.

Accès piétons Aménagement d’un jardin

Accès piétons

Accès voiture

Saint-Jean-de-Boiseau

Brains / Nantes

La forme architecturale trouve donc sa force dans les cheminements et le liens au paysage. Le dessin des espaces extérieurs sont induits par la manière de cheminer dans le site (comment on arrive? comment on repart?). C’est à la croisée des cheminements

Boiseau

des usages. Le dessin architectural matérialise ces cheminements par une rampe douce qui se développe sur le site, intégrant des gradins extérieurs permettant d’acceuillir des évènements festifs ou culturels (concert, spectacle). Cette rampe donne accès à une passerelle, du haut de laquelle, on peut observer les matchs de

Accès piétons

Déplacement des Gens du voyage

Implantation du projet «Lieux communs d’usages»

Accès piétons

Accès voiture

Saint-Jean-de-Boiseau

continuité, la structure vient faire l’articulation fêtes et halle semi-couverte).

Brains / Nantes

63


Plan masse

Plan masse

Coupe longitudinale AA’ 0 1

64

5

10

20


Plan RDC

Plan R+1

65


Bac Couëron-Le Pellerin

Chantiel Naval AluMarine

Pellerin

Port de Couëron

Chantier Naval Marlo

Chantier des historiens

Petit ponton privé

Calle de saintJean-de-Boiseau

A la recherche du Bikini perdu Edouard Eriaud Une promenade d’aménité portuaire La petite rivière, ancien lit de la Loire avant sa déviation au Nord et la création nombreuses traces liées à la navigation et la construction navale. Elle joue également un rôle important dans l’approvisionnement en eau du marais entretenu par les agriculteurs via des systèmes d’écluses. Elle est le lien physique, coulant au pied du relief, qui relie Le Chantier Marlo est venu s’implanté à l’entrée de celle-ci, à la limite entre SaintJean-de-Boiseau et Le Pellerin, entre la loire et le coteau, dans l’ancien hangar des civelliers 66

Bikini située juste en face, sont des territoires d’aménité cachés, dont le paysage luxuriant Le premier temps du projet repose sur un rivière qui menace les pratiques navigables ainsi que l’activité maraichère. Après discussion avec les autorités chargées d’étudier ces phénomènes (GIP Loire), Il semble donc que l’ouverture de celle-ci au niveau d’ïndret puisse, combinée au travail d’entretien des agriculteurs ainsi qu’un dragage régulier, permettre de lui redonner un aspect d’estran.


u

Pontons entreprise de ravalement + usine de traitement d’eau

Calle du port de Boiseau

Des traces en lien avec la navigation de Loire

Digue + Quai Indret

Rayonnement des ports sur le territoire estuarien 67


Cheminements interrompus

Accroche patrimoniale

Le deuxième temps s’articule autour de la reconversion du chantier Marlo, à l’entée de la rivière, où vient se développer un promenade portuaire, regroupant les diverses pratiques de navigation. Cette promenade vise alors à faire lien : lien piéton entre les cheminements des deux communes voisines, lien physique et symbolique vers un retour à la Loire.

Zones à préserver

N

Jetée

Cheminements

Plage

de ponton bois du projet dessine le contour de la soucis de reconnaissance et de ménagement de ces espaces. La restructuration du chantier Marlo en un outil de construction aboutti et fonctionnel, tend à donner à la commune un rayonnement plus large lié son savoir-faire et de son passé de construction naval. La construction d’un capitainerie et d’un restaurant viennent ponctuer le parcours, donnant à voir et à faire exister ce lieu et ses traces passées. Saint-jean-deBoiseau pourrait alors accueillir les remontées de la Loire au travers d’évènements culturels et sportifs comme l’ont été les régates «à la rencontre du

Restaurant

Capitainerie

Cale

Chantier Naval

stationnement

stationnement

Plan masse

Promenade et plage d’aménité

Restauration

Chantier Marlo

auparavant. Capitainerie et local associatif

68

Estacades portuaires


Accès cale

Accès cale Espace de travail couvert

Vide sur espace de travail couvert

Atelier

Vide sur Atelier Appartement

Parking privé

Vestiaires

Salle des machines

Bureau Cuisine Terrasse

Zone de stockage

Plan chantier Marlo - niveau de rive

Plan chantier Marlo - niveau non submersible

Elévation Sud - chantier Marlo

Coupe EE - chantier Marlo

Terrasse

Elévation Sud - restaurant Salle

Elévation ouest - restaurant

Stockage

Cuisine WC

L.P.

Plonge Coursive

Promenade Promenade

Coursive

Accueil

Plan restaurant - niveau non submersible

Repro Archives Vestiaires

Local asso

Terrasse

Plan capitainerie - niveau non submersible

Elévation Nord - capitainerie 0

1

2

3

4

5

Elévation Nord - port et chantier Marlo

Elévation Est - Restaurant et promenade 69

012345


70


Halt’Gourmande en Plateau

Balades, découvertes et dégustations sur le Plateau des Gras de Saint-Jean-de-Boiseau

Delphine Dion (PFE) 71


Saint-Jean-de-Boiseau

Brains 72


Avant-Propos

Vous avez dit découverte? Il faut avant tout revenir quelque peu en arrière. Dès l’évocation du nom de Saint -Jean-de-Boiseau par l’équipe enseignante, avant même de commencer le projet, mon cœur a évidemment fait un bon…

intuitions et revenir à l’écoute des sensations premières,

des lieux, comme si c’était la Ce petit village ne m’était pas première fois. complétement inconnu car il C’est un réel plaisir de découvrir et redécouvrir se trouve être le voisin de celui un univers qui a façonné mon enfance. dans lequel j’ai grandis. Arrivant de la région parisienne en 1994 avec ma famille, De plus, il y a réellement dans ce nous nous installons à Brains, de l’autre côté travail des airs d’introspections. de l’axe routier départemental qui mène sur il est vrai que les espaces qui la côte. Ce n’est qu’à partir de mes années lycée que je fais connaissance de manière me captivent d’un premier coup plus approfondie, avec Saint-Jean-de-Boiseau d’œil sont des espaces en et ses alentours, grâce à des amis qui me permettent de découvrir sa vie associative et culturelle, ses paysages surprenant entre nature, bois, champs et bord de Loire.

Réaliser mon Projet de Fin d’Etudes par un retour aux sources dans la région de mon enfance est donc symboliquement plutôt touchant et révélateur. Cependant,

c’est aussi un travail parfois compliqué car la route est semée de souvenirs, de connaissances et d’apriori qu’il faut réussir à

accessibles, jouant à se perdent dans la végétation. Avec du recul,

cette attirance se révèle être motivée par la situation de la maison familiale dans laquelle je grandis, en lisière du village de Brains, dit La Sauvagerie. Ce projet s’inscrit donc dans un contexte particulier, il est le fruit du hasard mais il prend sa source dans une certaine sensibilité et rayonne de la douceur de l’enfance.

grand enrichissement personnel et une force de connaitre des choses ou de comprendre

Parfois force, parfois faiblesse, il a fallu apprendre à avancer avec des

plus rapidement certaines autres.

73


Introduction

Position en Respiration Ce projet prend donc son inspiration à travers toutes les explorations et les rencontres faites sur le territoire. Dévoilées

dans la présentation de l’analyse commune réalisée avec mes trois collègues précédemment, il est donc temps de découvrir les thèmes principaux qui motivent tout d’abord aux sources de son fondement, nous comprendrons ensuite comment le comment concrètement le projet tend à s’y développer. Nous découvrirons dans un premier temps les interactions humaines révélées précédemment et élément moteur du projet. 74

Entre des interactions alimentaires, un lien particulier avec la Loire et des pratiques cachées au détour des sentiers battus, Saintpotentiel à développer. Ensuite, dans une deuxième partie, nous observerons le site du Plateau des Gras plus en détails, notamment par sa topographie et son relief particulier, son rapport à l’eau par le marais, historiquement et par les risques d’inondations. Nous étudierons également la richesse de son paysage et la composition en mosaïque de sa végétation et les points de vue, le parcours et les transitions que cela génère. même sera esquissé, en terme d’intentions.


Carte de stratégie commune et positionnement du projet

Tout d’abord ce projet décide lui aussi de ménager la lisière, tout en s’appuyant sur les fameux trésors cachés de Saint-Jeande-Boiseau. Il choisit pour cela de s’insérer entre deux villages, Saint-Jeande-Boiseau et La Télindière, et surtout dans

plans locaux d’urbanisme et d’aménagement derrière un nom assez générique de nos

ce projet tend à préciser ce que sont ces espaces naturels non urbanisés et il révèle les nombreux secrets qu’ils cachent malgré eux.

promenades permettant de parcourir les sont bien plus que ça et sont témoins d’une variété de pratiques et d’interactions entre

Ils sont pour eux des lieux symbole d’autre possible,

habitants.

possibilités d’expérimentations incroyables.

jours en matière d’urbanisme,

75


1000 m

Interactions humaines Déclencheur de projet Les Interactions Alimentaires Comme il nous l’est apparu précédemment, les interactions entre habitants disparaissent qui permet de créer des rapprochements lors de nos explorations, nous avons pu découvrir plusieurs points ramenant toujours

ce plaisir de manger et de cette capacité qu’a la cuisine à rapprocher les gens.

autour de

Bien évidemment, n’oublions pas que le mot copain provient étymologiquement de « cum son pain. C’est pourquoi, à l’origine, ce lien par l’alimentation reste une occasion forte pour deux personnes de se rapprocher et ainsi se 76

C’est de plus une activité du quotidien, un geste simple, et un besoin primaire. Se nourrir est un acte

qui concerne tout le monde, intéresse tout le monde a minima, et peut donc rassembler les gens autour de cet objectif de bien manger.

Tout d’abord, lors de la rencontre de Yannick et de Thierry, les deux agriculteurs se partageant le marais, il a été évident dans leur discours que le lien de la vente un lien qui rapproche le producteur et le consommateur autour d’un produit mais qui

au-delà d’un simple échange marchand. Il est le témoin d’une reconnaissance de pratique qui

va


Carte de la fuite des interactions alimentaires

se perd avec les nouveaux modes de vie, la société de consommation, et ce besoin d’aller Ensuite, on observe rapidement que dans le bourg de Saint-Jean-de-Boiseau, qui ne s’est jamais prétendu être une centralité, il n’y a tout de même que très peu de commerces de proximité : une supérette d’alimentation général, une boulangerie et un bar-tabac. Pour se restaurer, ce n’est pas beaucoup plus simple. Aucuns restaurants à proximité, il faut aller à la lisière de Boiseau pour

croiser et d’échanger, aussi bien des produits que des instants ensembles. C’est pourquoi ce projet

vient jouer avec ces interactions, de manière à créer des lieux et des moments pour de nouveaux usages possibles autour de la nourriture, aussi bien dans des échanges de produits, des échanges de savoirs, que des échanges d’instants. ll tend ainsi à revenir vers les

échanges simples, dans la vente directe,

des grandes surfaces, des restaurants, et des marchés. Cela aussi entraine un éloignement des gens entre eux et supprime

qui permettent de rencontrer les producteurs, de découvrir les produits, leurs transformations et de connaitre leurs provenances. Il supprime les intermédiaires qui rendent la consommation individualiste, froide et distante de l’origine des produits en s’inscrivant évidemment dans une nouvelle dynamique que celle de la société qui veut toujours aller plus vite. Il propose de prendre le temps de bien manger, de comprendre et de connaitre les produits de sa région et de redonner sa valeur aux producteurs

des moments et des lieux qui pourraient leur permettre de se

importantes de cette image agricole à laquelle les boiséens semblent tant attachés.

ou vers Le Pellerin ou La Montagne. Seuls deux camions de vente à emporter, galette et pizza, viennent créer un peu d’animation deux jours par semaine sur l’espace de la Halle. C’est pour ces raisons que les habitants de Saint-Jean-de-Boiseau, Boiseau et la Télindière sont amenés à se diriger

77


Nostalgie et Imaginaire de la Loire Il y a peut-être ici un travail à faire avec l’ordinaire qui devient merveilleux. Pourquoi la vase ne serait-elle pas le spectacle malgré la mise à distance à admirer, aussi riche que les par le marais et l’Ile Bikini, ils C’est donc éveiller l’imaginaire d’un lieu riche développent tout un imaginaire et pas ordinaire. et un jeu de perception autour L’enjeu plutôt que d’amener jusqu’au bord de d’elle et la rendent plus proche l’eau est peut être donc de faire voir ce que le à leur façon. Une des choses les plus surprenantes que nous avons découvert en explorant le territoire et en rencontrant les habitants de Saint-Jean-de-Boiseau, c’est ce lien si particulier qu’ils entretiennent avec la Loire.

Il est vrai que lors de notre arrivée sur le territoire, notre désir de voir l’eau et d’aller au bord est très fort. Après de nombreuses tentatives, nous découvrons que le lien à la Loire est ailleurs, plus discret, plus secret. En

Le deuxième lien très touchant que nous avons découvert c’est celui au passé. Grâce à Jacques, nous avons pu admirer les vestiges d’une époque de pêche, d’agriculture et de

c’est en arrivant au sommet du Plateau des Gras pour la première fois que tout s’éclaire. Cette sensation d’être proche de l’eau et d’avoir atteint la destination désirée est soudain très réelle. C’est en fait par d’autres sens

petit disparu.

que la Loire interagit avec nous. Elle joue à se cacher juste devant des éléments très visibles dans le paysage, sur l’autre rive. La tour à plomb par exemple, l’église de Couëron et toute sa skyline qui marque l’horizon sont en fait les repères qui révèlent la présence de l’eau. C’est en voyant l’autre rive, si proche, comme si on pouvait traverser à pied, qu’on entre nous.

C’est aussi tout notre imaginaire qui est touché par le paysage de bord de Loire. Le marais se révèle

aussi riche et agréable à contempler que la Loire elle-même. « Il est certain que le merveilleux apparait à celui qui peut le considérer avec lenteur comme une instance dialectique née d’une autre instance perdue. Le merveilleux s’oppose à ce qui est machinalement, à ce qui est si bien que cela ne se remarque plus, et c’est ainsi qu’on croit communément que Aragon, Les Collages (1965) 78

Cette nostalgie révèle les interactions fortes que cet univers générait en alliant tous les habitants à ces pratiques.

commerciaux autour de la pêche

La vente directe des produits des pêcheurs aux habitants étaient rythmée par des temporalités,

notamment avec la saison de la pêche à la civelle. C’était des instants festifs, que beaucoup attendait, et les pêcheurs étaient

reconnus pour leurs savoirs et leurs pratiques.


Collage individuel sur les perceptions du site

79


1000 m

Pratiques Cachées au détour des Sentiers Comme évoqué précédemment, ce projet tente donc de dévoiler ce que sont ces espaces entre les insularités, ces

la matrice des cheminements doux, très fréquentée par les habitants et essentielle dans leur quotidien,

couvre l’ensemble de Saint-Jean-de-Boiseau et le relie aux villages voisins en proposant nature.

Elle touche du coup un très large public. Entre les personnes seules, les couples, les familles les groupes d’amis, les collègues, les très jeunes, les jeunes, les moins jeunes, et même les animaux de compagnie, chacun trouve son plaisir ou son intérêt personnel dans ce cheminement. des boucles reliant les trois villages, elle est cheminements multiples. Grâce aux nœuds, créés par le croisement de certains chemins, 80

une nouvelle destination est possible et la balade peut donc faire des détours. Elle permet de laisser place à l’imprévu et d’orienter son déplacement en fonction de ses envies. Ce tracé permet également de découvrir la diversité des espaces naturels entourant les villages, en passant des bords de marais aux coteaux, des bois aux plateaux. Ces espaces sont bien plus que seulement des promenades à travers les paysages. Ils sont de réelles respirations et ouvrent vers d’autres possibles. Lors de nos explorations, nous avons découvert de nombreux usages et des pratiques autres que celles proposées par parfois dissimulées. l est vrai que ces cheminements permettent d’accéder à des espaces plus secrets, à l’abri des regards et moins connus de

Ceci génère une réelle source de créativité pour les tous.


Carte des cheminements doux et des indices des usages

habitants. Ils jouent entre pratiques autorisées, tolérées ou interdites et expérimentent une liberté retrouvée dans ces espaces plus discrets et cachés. Il est amusant de trouver les traces de ces usages, comme un jeu de piste et ainsi de découvrir l’utilisation de ces lieux par un simple indice. Lors de toutes les explorations, le

d’autre peuvent venir contempler la vue en s’asseyant sur le banc qui se cache de plus en plus sous la végétation luxuriante. Certains autres prennent la liberté de rouler à dos de moto, quad ou buggy dans les chemins réservés aux piétons, pendant que d’autres certains, comme notre ami Conconte nous l’a dévoilé lors de son itinéraire, construisent des cabanes dans les bois pour se retrouver entre amis sans troubler la tranquillité du voisinage.

Plateau Ces espaces sont donc bien loin d’être des Gras s’est révélé riche de ces pratiques dissimulées de pratiques et de pratiquants qui peut grâce à ses cheminements qui être un point d’inspiration pour le projet. amènent le promeneur à se partir de ces activités en marges, balader au milieu des champs, en les rendant accessibles à bosquets et paysages variés. Il un plus grand nombre tout en est surprenant de récolter autant d’indices de conservant leur côté secret et des feux de camps dans les prés, d’autres caché qui fait leur charme. viennent pique-niquer au bord du marais,

81


COUËRON tour à plomb

Vers le bourg Saint-Jean-de-Boiseau

vers la télindière

Vue panoramique au croisement des chemins du Plateau des Gras

1000 m

COUËRON

LOIRE

MARAIS

PROMENADE

COTEAU

tour à plonb

82

Coupe schématique de l’ascension sur le Plateau des Gras et séquençage du territoire

PLATEAU DES GRAS


NANTES

Vers la Route départementale

vers la télindière

Le Plateau des Gras Potentialités in-situ Promontoire Haut Perché Pour accéder au Plateau des Gras, il faut donc emprunter ses chemins piétons pour ainsi découvrir ses potentiels. La première chose remarquable c’est la topographie du site. En des chemins en pentes dans des espaces avant de pourvoir découvrir et admirer le site.

Ce jeu de dénivelé est captivant car il créé une réelle sensation d’ascension. C’est en arrivant au

sommet qu’on découvre ce promontoire et ce sentiment soudain d’être arrivé au bord de l’eau.

Historiquement, c’est une sensation qui se révèle être induite par le fait que l’eau venait

VALLEE

De nos jours, ce phénomène est toujours visible lors des phases d’inondations car l’eau recouvre le marais et la vallée du ruisseau des Ondains et vient donc encadré le Plateau des Gras. Ce rapport à l’eau est aussi souligné par remarquables de la rive d’en face avec notamment la Tour à Plomb de Couëron.

83


Champs de Culture

Espace en Friche

Bosquet Filtrant

Champs d’Elevage Boisement Dense

Plan Paysager de la diversitĂŠ des espaces agricoles et naturels 84


Mosaïque de Paysages Agricoles D’un point de vue historique, là aussi le site du Plateau des Gras cache d’autres surprises. Il est parsemé de vignobles permettant la production de Gros Plan et de Muscadet jusqu’au début du XXe siècle. Suite à cela, la plupart des vignes sont détruites par le parasite du phylloxéra. Les terrains

Le site se transforme en une réelle mosaïque de champs de culture de blé et de maïs et de champs d’élevage bovin pour la viande et le lait.

sont réorganisés autour de l’agriculture.

Ce site, bien que d’apparence uniquement agricole, recèle d’une grande diversité de typologie d’élément naturel. Il est rythmé

par des espaces fortement boisés, créant une opacité presque totale et des espaces ponctués par des bosquets les vues. Un jeu de haies et de clôtures et créé des sensations d’ouvertures ou de fermetures de l’espace. Certains champs sont en friches et sans limites physiques, il est donc plus facile pour les habitants d’y accéder et donc de se l’approprier pour

Cette variété d’élément naturel se décline donc en séquences paysagères. En parcourant le territoire, nous passons d’un espace à un autre, dans un jeu de transition générant Le long des cheminements existants c’est donc un réel parcours de perception qui se dessine, alternant les cadrages et les points de vue sur les alentours, sur le proche et le lointain.

85


Improvisation

Expérimentations

Cabanes

Chemins

Rencontres PARTIQUES CACHEES

PROGRAMME

Dégustation

INTERACTIONS CULINAIRES

CONTEMPLATION DU PAYSAGE

Transmission des Savoirs-faire

8

Parcours de Sensations

Imagination

Perception par des vues et cadrages Echanges autour des produits de l’agriculture

Découverte de la diversité du pasyage agricole

9

Schéma d’intentions programmatiques

Halt’ Gourmande En Plateau

Parcours Découvertes et Dégustations Ce projet est donc nourri par ces trois grands thèmes d’interactions alimentaires, de pratiques cachées et de contemplation du paysage. C’est ainsi qu’il

les habitants seuls ou à plusieurs peuvent venir observer ou participer à des activités ensemble ou même en organiser euxmême. C’est ainsi que ces espaces peuvent évoluer en fonction des temporalités et de

des espaces de promenades et de Des événements festifs cheminements pour découvrir un au regroupement à l’improviste territoire agricole d’une part mais de manière informelle, ce projet permet

propose dans un premier temps

Il permet ainsi de contempler la diversité paysagère. Dans un second temps, ce projet

des espaces de regroupement permettant aux habitants de développer des activités

développe aussi

autour la rencontre et de l’échange, aussi bien de produits, de savoir-faire et d’instant de dégustation. Ces espaces donnent place à 86

dissimulé dans le paysage, d’autre fois plus visible aux yeux de tous. En s’inscrivant le long des cheminements existants, il permet à chacun de simplement venir s’y promener, s’y arrêter quelques instants pour faire une halte ou d’y venir dans un objectif plus déterminé.


Collage d’intentions : interactions culinaires

Collage d’intentions : contemplation du paysage

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H La Calle

F La Jeté C Escale D A travers champs B Seuil

A Immersion E Ensemble

Plan masse d’intentions et séquences du parcours de la Halt’ Gourmande 88


Halt’ Gourmande En Plateau Intentions Ce projet se décline donc sous la forme d’un parcours séquencé. Il créé un nouveau réseau de cheminement tout en conservant l’existant. C’est un autre possible, qui laisse la liberté dans le choix de la balade à suivre. Chacune des interventions, de la petite proche du Land Art, à la plus importante créant un assemblage de petits espaces, révèle une situation paysagère, des sensations

Elles jouent toutes à leur manière avec l’intégration dans le paysage, les points de vue, les cadrages, la topographie et l’environnement alentours.

ée

G Ascension

Ce projet tente donc d’éveiller l’échange entre habitants et producteurs autour du partage de produits, de savoirs et de moments de dégustations ensemble. C’est donc un échange simple autour d’une activité du quotidien amené sur un plateau (des Gras, les bons vivants appréciant les bons petits

Entre moments de partage dans un esprit de convivialité et espaces mobilisant les sensations et l’imaginaire, ce projet s’inscrit dans un cadre paysager sublimé.

plats).

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Médiagraphie

et sources d’inspirations Ouvrages - Les Collages, Louis Aragon (Collection Savoir : sur l’art) - L’alternative ambiante, Gilles Clément (Editions Sens et Tonka) - 303, L’appel des forêts (n°127/2013) - Le vert Bocage, Jacques Boislève (Edition Siloë)

Sites internet - www.saint-jean-de-boiseau.fr - plu.nantesmetropole.fr - www.estuaire.info - www.geoportail.gouv.fr (histoire au XIXème siècle) - www.franceculture.fr (Le trésor perdu, Hannah Arendt L’intelligence de l’actionpolitique, de Etienne Tassin)

Rencontres - Jacques, itinéraire au bord du marais - Thierry, la Ferme du Pré Joli - Yannick, la Ferme du Pé - Conconte, itinéraire autour des pratiques cachées - Habitants, atelier public autour des interactions liées à l’alimentation, de la perception de la Loire, de la pratique des cheminements

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Remerciements à :

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Christian Dautel, directeur de l’ENSA Nantes ; Pascal Pras, Maire de Saint-Jean-de-Boiseau et vice-président de Nantes Métropole ; Bernard Prud’homme Lacroix, directeur du GIP Loire Estuaire ; Eric Périchet, directeur de cabinet du maire de St-Jean-de-Boiseau, pour son aide précieuse ; Conconte, Thierry et Jacques, pour leur disponibilité et leur gentillesse ; Albert, Aude, Chantal, Ewen, Francis, Françoise, Gaël, l’homme à la pipe, Jean, Jean-Marc, Jérémy, Jessica, Maï, Michel, Monique, Nanou, Pascale, Philippe, Rémi, René, Samy, Serge, Stéphane, Stéphanie, Yannick, Tacaud, Tante Suzanne, Véronique, et tous les autres, pour leurs trésors partagés ; Chérif Hanna, Saweta Clouet et Jean-Yves Petiteau, enseignants à l’ENSA Nantes, pour leur soutien dans notre démarche ; Xavier Dousson, architecte, pour son regard sur le territoire ; Flore Grassiot, architecte et artiste, pour son aide lors des ateliers publics ; Ricardo Basualdo, artiste et scénographe urbain, pour sa clairvoyance et la justesse de ses conseils ; Amélie Nicolas, sociologue, pour sa bonne humeur ; Pierre Cahurel, designer, pour sa patience ; Evelyne Thoby, responsable de la reprographie de l’ENSA Nantes, pour son travail ; Marcel et Sayed, pour le coup de main dans la dernière ligne droite.


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estuaire de la Loire, territoire en mouvement Ménager la lisière

A la recherche des trésor de Saint-Jean-de-Boiseau

En parcourant le chemin de son accès, l’observateur révèle, chemin faisant, les traces qui balisent la découverte d’une île, donc son identité. Ce retour sur les traces est une reconstruction des liens que l’île met en tension avec d’autres territoires, lointains ou proches. Cette reconnaissance construit un champ dynamique de force ; l’île apparaît parce qu’elle sollicite ou sous tend une connexion plurielle où s’articulent et se jouent des et les lieux. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles d’une île par rapport à ses construire les liens qui placent chaque projet en attente d’une relation ou d’un échange. Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en œuvre d’une problématique de l’aménagement d’un territoire en mouvement.

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