Entreprise et Santé - numéro 1

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La Santé au Travail, ça marche ! 1er Trimestre 2008 I Numéro 1

Des entreprises témoignent > p6


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Sommaire 1er trimestre 08 I Numéro 1

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Tableau de bord

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Vie des entreprises

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Investir

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Juridique

La Santé au Travail, ça se chiffre !

Pour eux, la Santé au Travail ça marche !

La Santé au Travail : ça coûte mais ça rapporte !

La loi peut rejoindre les intérêts de l’entreprise

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Emplois et Santé

Techniques

Organisations

Le maintien dans l’emploi : c’est possible !

Maîtrise des risques, que savoir ?

Stress au travail : plus que d’actualité…

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Clin d’oeil

Histoire de chaise...

Pour vous aider

Votre Service de Santé au Travail

Ergonomie

Quand l’homme et la peinture s’emmêlent

Dossier

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Quand la médecine devient santé

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Le médecin n’est plus seul à agir pour vous !

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Risques et Société

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Plan Santé Travail


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Édito N°1 I 1er trimestre 08 Entreprise et Santé Le magazine des Services de Santé au travail du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Numéro 1 diffusé gracieusement aux entreprises des services adhérents (voir dernière page de couverture) Contact : entrepriseetsante@nordnet.fr Les éditions de l’encre vive Tél : 03 20 14 07 77 Fax : 03 20 14 06 16 Co-édité par : C.I.S.S.T. Centre Inter-Services de Santé au Travail 118, rue Solférino BP 13 65 59 015 Lille Cédex Tél. : 03 20 57 43 14 www.cisst.fr G.I.S.S.E.T. Groupement Inter Services Santé Et Travail 79, rue Jean Baptiste Lebas BP 185 62 404 Béthune Cédex Tél. : 03 21 01 65 36 www.gisset.org Directeur de Publication : Raphaël Mulliez Comité de rédaction : Jean-Paul Chantry, Alain Cuisse, Bruno Decherf, Louis-Marie Hardy, Jean-Jacques Léger, Dr Alain Moniez Conception : Dr Matthieu Méreau, Méthodes et Médiation, Lille Cabinet Sarah Leuridan, Roubaix Responsables de Rédaction : Matthieu Méreau, Sarah Leuridan Equipe Rédactionnelle : Matthieu Méreau, Sarah Leuridan, Amandine Le Comte, Séverine Lhomme Création maquette : Séverine Maka, Cabinet Sarah Leuridan Crédit Photos : Purestockx, Fotolia Coordination, Fabrication, Diffusion : Les éditions de l’encre vive, 71 boulevard Montebello 59 000 Lille Tél : 03 20 14 07 77 Fax : 03 20 14 06 16 Impression : Deschamps Arts Graphiques, Neuville en Ferrain Dépôt Légal à parution N° ISSN en cours Tirage : 80 000 exemplaires

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oici 24 pages de rencontres avec les entreprises du Nord-Pas-deCalais et de la Picardie ! La vie de plus de 100 000 entreprises dont 80 % ont moins de 10 salariés. La vie de toutes les entreprises, de tout secteur d’activité… Un point en commun : la Santé au Travail, la santé de 1 400 000 salariés. « Bonne santé » égale performance. La vie d’une entreprise - et de ses emplois - est liée aux résultats économiques. La Santé au Travail est un facteur important de développement individuel et collectif. Chaque entreprise bénéficie d’une expertise permanente de haut niveau pour la maîtrise des risques et le développement de la santé de ses salariés. Chaque entreprise cotise pour bénéficier de prestations de la part d’un Service de Santé au Travail : 26 Services pour le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, 450 médecins spécialistes épaulés par des psychologues, des ergonomes, des toxicologues, des techniciens, des secrétaires, des infirmiers, des juristes… Cette diversité de compétences répond aux besoins des chefs d’entreprises et de leurs salariés. Les besoins ne sont pas les mêmes entre une TPE, une PME et une grosse entreprise. Les besoins ne sont pas les mêmes chez un artisan, un commerçant, une petite société de services, une profession libérale. De nombreuses entreprises ne savent pas ce que peut apporter leur Service de Santé au Travail. Plusieurs Services ont décidé de s’unir pour mieux connaître les attentes des entreprises et pour mieux y répondre. Les rubriques d’Entreprise et Santé sont brèves et concrètes : Tableau de bord, Vie des entreprises, Investir, Juridique, Emplois et Santé, Techniques, Organisations, Ergonomie, Clin d’oeil… Chaque numéro aura son dossier spécial. Aujourd’hui, nous répondons à une question d’avenir : Santé au Travail , les changements. Avec deux témoignages qui nous honorent : Paul Frimat, Professeur au CHRU de Lille, et André ComteSponville, Philosophe. Si chaque entreprise progresse, à travers les témoignages de Entreprise et Santé, nous aurons gagné notre pari. Notre pari de services aux entreprises. Raphaël Mulliez Directeur de publication pour les Services de Santé au Travail


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Tableau de bord

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Nord-Pas-de-Calais - Picardie

Carnet de commandes. Encours de trésorerie, augmentation ou baisse des ventes, règlements des fournisseurs, encaissements des clients, délais de production, délais de livraison, prix de vente et prix de revient, chiffre d’affaires et marge nette, cotisations et charges sociales, taxes et impôts, assurances, investissements... les chiffres parlent à l’entreprise. Et si l’on pouvait avoir des indicateurs de Santé au Travail ?

La Santé au Travail, ça se chiffre !


2. (Évaluer) les risques Ceci concerne près de 100 000 entreprises et près de 1 400 000 salariés dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie : chaque chef d’entreprise doit avoir réalisé son Document Unique. Chaque médecin du travail doit avoir réalisé une fiche d’entreprise par entreprise suivie. L’ensemble constitue, à terme, une mine d’informations utiles à la maîtrise des risques. Source : Code du Travail

200 accidents du travail surviennent en moyenne (et au minimum) par jour dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie. En effet, en 2004, ont été indemnisés 64 633 accidents avec arrêt et 6 015 accidents de trajet, par le régime général de la Sécurité Sociale. Le coût moyen brut d’indemnisation d’un accident avec arrêt est de 2 616,93 euros ; il s’élève à 19 684,84 euros quand est versée une rente. Et ne sont pas comptabilisés les coûts au sein de l’entreprise et des familles… Source : CRAM Nord Picardie, statistiques 2004.

4. (Définir) les priorités Troubles Musculo-Squelettiques, Toxicologie, Risques Psycho-sociaux, Bruit, Accidents du Travail, Travail posté, Vieillissement, Reclassement : tels sont les thèmes majeurs révélés par une enquête menée auprès des médecins du travail et des intevenants en prévention des risques professionnels, en Picardie, en 2006. Source : ARAMIE, enquête auprès des médecins du travail et des IPRP de Picardie, 2006.

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3. (Évaluer) les coûts

Inv es tir

Source : « 60° anniversaire de la Médecine du Travail en France »

Do ssi er

80 % des entreprises adhérentes aux Services de Santé au Travail du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, ont moins de 10 salariés ; la moitié des salariés suivis travaille dans une entreprise de moins de 50 salariés. En 2005, 1 063 944 visites médicales de Santé au Travail ont été réalisées dans le NordPas-de-Calais et la Picardie. La visite médicale est une mine d’informations, préservées par le secret médical.

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1. (Connaître) les salariés et les entreprises

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Vie des entreprises

Pour eux, la Santé au Travail, ça marche !

Apte ? Inapte ? La Santé au Travail n'est pas qu'une question de visites médicales. Bien souvent, elle est un élément de réussite et d'efficacité pour l'entreprise. Mais puisqu'un bon exemple vaut mieux qu'un long discours, voici plusieurs témoignages d'entreprises qui le disent : pour eux, la Santé au Travail... Ça marche !


AIMST Roubaix

d’une PME en couverture zinguerie. Pour Alexandra Peelman, il n’était pas question de licencier ce salarié : « Malgré un an et demi d’arrêt de travail, nous avions toujours envisagé de le reprendre. On ne se doutait pas de la complexité de la chose ». En effet, après la visite de pré reprise, le médecin a émis des conseils d’aptitude avec de lourdes restrictions : aucune manutention de la main droite ni de travail en hauteur. Autant dire, difficile pour un poste de couvreur ! Alexandra Peelman explique : « L’infrastructure

avenir. Il n’est jamais facile de voir partir un collaborateur. Dans une petite structure, on s’attache aux gens. L’accident avait déjà été un véritable choc pour tous. C’est là que la Santé au Travail, par l’intermédiaire du Dr Debarge, nous a accompagnés. Il nous a écoutés et conseillés sur les démarches à suivre ». Cette histoire s’est certes terminée sur un licenciement, mais au regard de Mme Peelman, si le médecin n’avait pas été là, l’entreprise n’aurait pas si bien survécu à cet accident.

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ur les 69 salariés, une cinquantaine travaille autour des métiers à tisser, des machines très bruyantes. La réglementation impose le port de protections auditives. Une situation parfois mal comprise des salariés. André Varta, directeur de production, ajoute : « certains pensent qu'il s'agit d'une règle dictée par l'entreprise, mais il s'agit surtout de la préservation de la santé de tous ». L'intervention du médecin du travail, Céline Abraham, a permis de lever cette incompréhension grâce à une journée d'information sur l'intérêt des protections auditives, « Tous n'avaient

TISSAGE CHARVET 69 salariés André Varta Directeur technique STFA Armentières

pas conscience de la dangerosité du non-port de ces protections. Préserver la santé des salariés, c'est aussi investir pour celle de l'entreprise » conclut M. Varta.

STATION SERVICE BP 2 salariés Rose-Marie Wattez Chef d’entreprise

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Alexandra Peelman - Salariée

me Wattez gère une toute petite entreprise : elle, son mari et deux salariés. Le médecin du travail s’est rendu sur les lieux pour prodiguer des conseils en matière d’utilisation de produits spécifiques, notamment pour le nettoyage. Selon Mme Wattez, « l’intervention du médecin a été importante. Les d e u x employés sont beaucoup plus

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CHARPENTE ET ZINGUERIE PEELMAN 7 salariés

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AST 62/59 Béthune et Arras

attentifs lorsqu’ils manipulent des produits susceptibles d’être dangereux ». Même pour une toute petite société comme la sienne, la Santé au Travail est utile.

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our les employés qui travaillent à l’atelier de bijouterie, la manipulation de produits est une tâche quotidienne. Le problème, c’est que l’on n’a pas toujours les informations concernant leur dangerosité ou même simplement leur composition. L’intervention du Dr Béatrice Vandenhove nous a permis d’obtenir les fiches toxicologiques auprès des fournisseurs. De même, pour le bruit, la poussière ou les

émanations de liquides BIJOUTERIE chauffés. J’avoue que 3 salariés l’on n’y pensait pas Gérard Chacun avant. Maintenant, nous Gérant savons qu’il n’y a aucun AMEST Lille danger pour la santé au regard des faibles quantités. Cependant, nous restons vigilants ».

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de notre entreprise ne permet pas de lui offrir un autre poste que celui pour lequel il était salarié. De plus, nous étions inquiets pour ce salarié et son

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omment faire lorsqu’un employé couvreur de formation chute d’un toit, et qu’il se retrouve dans l’incapacité de travailler ? C’est cette situation délicate, qu’ont dû affronter les Peelman, gérants

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Vie des entreprises

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aciliter le travail d’un salarié, c’est contribuer à la bonne santé de l’entreprise. Chez Leaf France à Bondues, on l’a bien compris. Dernièrement, une étude ergo-

nomique de poste a été menée en collaboration avec le Service de Santé au Travail. Plusieurs fois par

CONFISERIE LEAF FRANCE 500 salariés Sophie Costenoble Responsable Ressources Humaines SMIA Marcq en Baroeul

jour, les opératrices d’un atelier de conditionnement de rochers récupéraient des cartons de boites de chocolats. Le problème ? Les cinq cartons ainsi empilés, dépassaient la hauteur des épaules à environ 1.70 mètre. Conséquence : des douleurs dans le dos et les bras. L’étude ergonomique a permis de réorganiser l’atelier en y installant un système de tapis, qui apporte les cartons et les évacue une fois vides. L’avantage ? Les opératrices n’ont plus besoin de se contorsionner pour attraper les boîtes d’emballage. Sophie Costenoble, responsable Ressources Humaines de l’entreprise, conclut même : « L’aménagement de poste concernait 17 personnes. Aujourd’hui, les gens ont pu reprendre leur poste, les postures étant moins contraignantes. C’est un investissement à long terme pour la santé des employés ».

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n accident est vite arrivé ! Autant dire qu’avoir un employé formé au secourisme est un atout certain. Chez APGE, « le monsieur secours » c’est le gérant, Michel Sagniez. Pour en arriver là, il a suivi une formation Sauveteur Secouriste du Travail. Sabrina Evrard, formatrice du SISTRAD, organise la formation à base de supports pédagogiques, comme livret et exercices pratiques. « Une partie de mes employés est amenée à se rendre sur le terrain. Il est important qu’une perGEOMETRES APGE s o n n e 7 salariés maîtrise des Michel Sagniez Chef d’entreprise notions de secourisme SISTRAD Douai pour intervenir en cas d’accident, avant l’arrivée des secours » témoigne Michel Sagniez. Le sérieux de la formation lui a d’ailleurs particulièrement plu : « Il faut être attentif car une évaluation vient clôturer l’apprentissage. Il ne suffit pas de faire acte de présence. Un suivi est organisé tous les ans ». Disponibilité, efficacité et convivialité sont les atouts qui ont convaincu M. Sagniez. Si bien qu’il pense étendre le dispositif à l’ensemble de ses collaborateurs.

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our ce chef d’entreprise, c’est en gestion des risques que la Santé au Travail est la plus utile. Une des réalisations la plus concrète de cette collaboration se traduit sur les machines. Pour chacune MENUISERIE d’entre elles, 8 salariés une fiche a Olivier Dété été établie. Chef d’entreprise Elle rappelle SISTRAD Douai les principes élémentaires

de sécurité propres à chaque poste. Olivier Dété ajoute : « Ce n’est pas que les consignes de sécurité n’étaient pas respectées, mais il y a juste ici la volonté d’envoyer un signal fort pour la sécurité de chacun ».

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l y a parfois des dangers qu’on ne soupçonne pas. Alain Lecomte est gérant d’une cordonnerie dans laquelle il emploie deux salariés. Pendant longtemps, les colles utilisées dans son activité contenaient des solvants. Des tests réalisés par la Santé au Travail lui ont permis de se rendre compte de leur dangerosité. Alain Lecomte a exigé que ses fournisseurs lui trouvent une colle sans solvant. « Le médecin a réellement été le déclencheur. CORDONNERIE Je me sens 2 salariés Alain Lecomte responsable de Chef d’entreprise la santé de mes AMEST Lille salariés, et je suis maintenant rassuré car ils manipulent des produits inoffensifs ».


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J’

AUCHAN FAYET 330 salariés Sylvie Douvier Chef de secteur, présidente du CHSCT MTA St Quentin

des conseils et des brochures sur le sujet. Après, elles se mettent à la disposition des salariés, qui souhaiteraient les consulter. Le tout était de susciter la réflexion sur les modes alimentaires de chacun dans l’entreprise ».

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L

a société Diramode est une grosse entreprise : 700 salariés à son actif. Compliqué alors de répondre aux interrogations de tous. Surtout que l’entreprise est répartie sur deux sites de production, l’un à Neuville-en-Ferrain, l’autre à Wasquehal. Afin de remédier à cela, la Direction et les équipes des Ressources Humaines ont eu l’idée d’organiser un forum social. L’originalité de la chose fut de rassembler pour chaque site et sur une journée, l’ensemble des interlocuteurs auxquels le salarié peut faire appel. L'occasion de poser les questions en direct ! Présents ce jour-là : des représentants du logement, les mutuelles, les caisses de retraites, les municipalités… et bien sûr la Santé au Travail. Pour ce premier forum, les Drs Hochart et Morel, en charge de l’entreprise, ont répondu présents de manière très réactive. Une collaboration appréciée par Diramode et qui a contribué au succès de la journée. Selon Christophe Carlier, DIRAMODE responsable Ressources 700 salariés Humaines, « les stands Christophe Carlier Responsable Ressources Humaines Santé au Travail ont fait un carton ». Bilan sanAIMST Roubaix guin, électrocardiogramme, test visuel, l’équipe de professionnels de santé a sorti le grand jeu. Sur place, médecins, infirmières, secrétaires médicales se sont tenus à disposition du personnel toute la journée. « Avoir un stand Santé au Travail, c’est donner l’opportunité aux salariés d’obtenir des informations en direct sur leur état de santé. Les tests proposés les ont vraiment intéressés. Rien que pour l’électrocardiogramme, on a dû prendre les réservations à l’avance tant il y avait du monde ! Cette opération est un bon complément à la visite médicale annuelle » continue M. Carlier.

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la suite d’une campagne nationale sur la nutrition en entreprise, lancée par le groupe Auchan, le CHSCT a souhaité organiser un salon local « Nutrition et Santé au Travail. » Il était intéressant de dire aux salariés l’importance de bien se nourrir, de bouger… Le salon s’est divisé en trois pôles : activité physique, nutrition et surtout médical. Anne Gascoin, médecin du travail a proposé des mini bilans de santé. Valérie Ghazie, diététicienne de MTA a donné

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apprécie de pouvoir travailler avec le médecin du travail dans un esprit de partenariat. De cette collaboration ressort une multitude d’idées pour améliorer la sécurité des employés ». Voilà ce qui marque Didier Rizzo quand on lui parle de Santé au Travail. Dans son garage, les risques professionnels sont nombreux, raison de plus pour être vigilant. Les gants, masques, chaussures de sécurité sont devenus quotidiens. Chaque poste est pensé avec le médecin pour limiter les acciGARAGE RIZZO dents et préserver les employés. Par exemple, l’achat d’aspira20 salariés teurs pour le poste de carrossier afin d’éviter l’avalement de Didier Rizzo poussières. M. Rizzo continue : « Beaucoup de choses ont Gérant avancé grâce à la Santé au Travail. Ils peuvent réellement ASTAV Valenciennes épauler une petite structure ».

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Investir

La Santé au Travail :

ça coûte mais ça rapporte ! Pour vivre, l’entreprise doit être solide. Il faut donc des clients, des pro- immatériels. Par exemple, le mal-être réduit la motivation qui réduit la performance. Le non-respect d’une réglementation duits, des ventes… et des salariés en entraînera des poursuites pour faute. Un mal de dos entraîbonne santé. De ce point de vue, la nera une baisse de la qualité ou de la productivité. « Santé au Travail » est donc un Calculer la rentabilité de la prévention investissement. Vrai ou faux ? Menons Depuis 2002, l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail développe un instrument pour l’enquête… Evaluer les pertes liées aux accidents Comme le montre l’encadré ci-dessous, ne pas s’occuper de prévention finit par coûter très cher aux entreprises. Or, une analyse des causes qui conduisent à un accident (ex. : l’arbre des causes) démontre qu’un investissement (souvent modéré) aurait pu éviter de lourdes pertes… Par exemple, prendre cinq minutes pour fixer la rambarde sur l’échafaudage, aurait évité la chute mortelle… Mais quand l’accident est arrivé, il est trop tard. La facture est à régler. Sur le plan humain, le mal est fait.

Investir dans la maîtrise des risques Cela est évident dans les « activités à risque ». Et les procédés de sécurité et de prévention coûtent en temps de travail et en moyens techniques. On chiffre tous ces coûts… et ils entrent naturellement dans les prix de vente. Par exemple, peu de passagers prendraient l’avion si la sécurité n’était pas irrépprochable. Et le coût de cette sécurité se retrouve dans le prix de vente du billet.

Evaluer le coût du risque Dans de nombreux cas, le risque n’est pas évalué. Les coûts de la « non-prévention » sont éludés, par manque de visibilité. Mais ils sont bien là, tout simplement cachés. Ils s’exprimeront un jour sous différents aspects : matériels ou

calculer la rentabilité des mesures de prévention. Cette analyse calcule les coûts en trois catégories : coûts des améliorations, surcoûts liés aux manques, pertes liées aux manques. Les coûts, avec et sans prévention, sont comparés. On évalue, ainsi, les flux supplémentaires de trésorerie, générés par un investissement en prévention. Comme quoi, la calculette peut aider à développer la santé !

Une entreprise de plus de 130 000 salariés fermée pendant un an… C’est ce que représentent les 48 millions de journées de travail perdues en 2004 à cause des accidents du travail et des maladies professionnelles en France. A cette perte de production, s’est ajoutée une facture de 6 719 millions d’euros de soins médicaux, d’indemnités journalières et de rentes. Qui paye une somme pareille ? Les entreprises. Toutes les entreprises. Elles payent cette facture à travers les cotisations Accident du travail - Maladie Professionnelle de l’Assurance Maladie (Régime Général). Et dans Assurance Maladie, il y a « assurance ». C'est-à-dire que ce coût est bien causé par des sinistres qu’on n’a pas su éviter. L’absence de prévention coûte cher. Et au-delà de ces frais, se nouent des drames humains… Source : CNAMTS


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Pr Paul Frimat : Nous sommes en effet passés de la Médecine du Travail à la Santé au Travail et ce n'est pas anecdotique. Cette nouvelle appellation reprend en fait les fondements de notre discipline inscrits dans la loi de 1946. E & S : Et quels sont les fondements de la loi de 1946 ? P.F : La loi dit que le rôle du médecin du travail est d'éviter l'altération de la santé des salariés en lien avec son travail. Cela veut dire agir sur les pathologies (prévention tertiaire), réaliser des dépistages (prévention secondaire) et mettre en place des actions en amont afin d'éviter les nuisances (prévention primaire).

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E & S : En fait, la démarche de prévention « redevient » prioritaire, quelle sera la place du médecin ? P.F : Le médecin du travail devient le pivot d’une équipe de Santé au Travail au service de l’entreprise. Il n’est plus le seul acteur mais est le coordinateur de plusieurs disciplines utiles à la santé mentale et physique des salariés. Le suivi de la Santé au Travail devient de plus en plus important, de nouveaux risques apparaissent comme les troubles psycho-sociaux. Et la Santé au Travail doit pouvoir y faire face. Dans 10 à 15 ans, 20 % des médecins du travail partis à la retraite n’auront pas trouvé de remplaçants. Cela représente près de 1 600 médecins. Il est plus que temps d’en prendre conscience et d’agir en conséquence. La mise en place de nouveaux métiers (Infirmière Santé-Travail, Secrétaires Assistantes en Santé-Travail, IPRP…) doit permettre une meilleure réponse aux besoins de santé des entreprises et de leurs salariés.

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Entreprise & Santé : Pr. Frimat, depuis 2004 on parle de Santé au Travail, qu'est-ce que cela veut dire exactement ?

P.F : La directive européenne de 1989 demande à l’entreprise l’établissement de son diagnostic santésécurité, par le biais du fameux document unique. Le médecin du travail doit, quant à lui, établir une fiche d’entreprise. Les deux documents peuvent être croisés et le médecin propose alors à l’entreprise un plan d’action et de prévention. Charge à l’entreprise de le mettre en place. Charge au médecin de l’y aider. Encore faut-il que les dispositions réglementaires sur l’aptitude évoluent.

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Chef de service Médecine du Travail et Pathologies Professionnelles, CHRU de Lille

E & S : Et quels sont aujourd’hui les fondements de la Santé au Travail ?

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Pr Paul Frimat

La Médecine du Travail est devenue la Santé au Travail depuis 2002. Un petit mot pour un grand changement... Explications du Pr Paul Frimat.

P.F : Oui, dans les années 60/70, la Médecine du Travail est devenue une « médecine tampon », une « médecine d’aptitude ». On a, en fait, réduit le rôle du médecin du travail dans son approche médicale à vérifier l’aptitude ou l’inaptitude des salariés. Ce « glissement de rôle » a duré jusqu’en 2002 avec la loi de modernisation sociale qui transforme la Médecine du Travail en Santé au Travail, qui met en place le concept de pluridisciplinarité et qui base les missions du médecin du travail à partir de l’évaluation des risques.

Ju rid iqu e

E & S : Pour vous, la Médecine du Travail s’était éloignée de ces fondements ?

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Quand la médecine devient santé

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Dossier Santé au Travail, les changements

Ergonomes, toxicologues, hygiénistes...

le médecin n’est plus seul à agir pour vous ! Connaît-on réellement son Service de Santé au Travail ? Certes il y a le médecin, mais après ! Il n'est pas le seul à s'occuper de la santé des entreprises. Autour de lui gravite une multitude de compétences et de spécialistes. Une véritable équipe que le médecin anime au quotidien. Anecdotes, témoignages, 24 heures passées dans les services pour découvrir la richesse de ce que l'on appelle aujourd'hui : la pluridisciplinarité.

« Pas évident de gérer le décès d’un de ses employés. Cependant, le chef d’entreprise

« Travailler et économiser ses efforts, c'est possible et je suis là pour ça. Au travers de formations spécifiques, j'aide les salariés à mieux s’approprier leur poste de travail. Ils en connaissent ainsi les risques et les contraintes. Le tout dans un objectif d'efficacité ». Isabelle Verdier Formatrice Prévention des Risques liés à l’Activité Physique (PRAP) ASMIS - Santé au Travail Amiens

n’est pas seul, il peut faire appel à mes services. Ensemble, nous pourrons mettre en place une cellule d’écoute psychologique ou apporter des conseils aux encadrants sur la conduite à tenir ». Nicole Zaluzny Psychologue GISSET - Groupement Inter Services de Santé et Travail

« Il ne faut pas avoir le vertige pour faire ce métier ! Suivre des enduiseurs de façade sur le toit d’une clinique en construction pour mesurer le niveau de bruit de leur environnement de travail… à environ 15 mètres du sol, une expérience pas banale mais courante pour moi qui travaille au contact de l’entreprise ». Chrystelle Lemoine - Mulkowski Assistante Médicale intervenante en entreprise AST 62/59 - Santé au Travail Béthune et Arras

« Je présente le projet « Handicap et projet professionnel », une approche pluridisciplinaire pour la Santé au Travail. D’un point de vue concret, il s’agit de mettre en avant la collaboration entre médecins du travail, ergonomes et psychologues sur les projets de maintien dans l’emploi, pour des bilans de compétences par exemple ». Alain Moniez Médecin du travail SISTRAD - Santé au Travail Douai

« Aide à l’évaluation des risques professionnels, actions sur l’organisation du travail, aménagement des postes, l’ergonomie est un des outils de réponse aux problématiques de Santé au Travail des entreprises. Elle permet de trouver des solutions adaptées à chacune, quelle que soit leur taille et leur domaine d’activité ». Christophe Leviel Ergonome CISST - Centre Inter Services de Santé au Travail


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« Mieux communiquer des informations santé au personnel : le médecin et moi travaillons en collaboration pour mettre au point des supports adaptés à chaque problématique. Il me transmet les idées principales. Je me charge de les mettre en images pour qu’elles circulent dans l’entreprise ». Élisabeth Cordonnier Documentaliste infographiste ASMIS - Santé au Travail Amiens

« Pas facile de savoir si tel ou tel produit est dangereux pour la santé. Pourtant, nombre d’entreprises en manipulent chaque jour pour les besoins de leur activité. Conseils et décryptages en matière de toxicologie, j’apporte des réponses aux questions que l’entreprise se pose ».

boulot, c’est souvent sandwichs sur le pouce. Pourquoi ne pas proposer une formation sur l’alimentation aux salariés qui n’ont pas l’habitude des cinq fruits et légumes par jour » ?

Anne Gascoin Médecin du travail et responsable qualité MTA - Santé au Travail ST Quentin

Valérie Ghazi Diététicienne MTA - Santé au Travail ST Quentin

« La visite médicale terminée…

un des salariés est déclaré inapte à son poste. Que faire ? En tant que juriste, j’aide l’entreprise à faire face à ce genre de situation en rappelant les démarches à suivre pour éviter les contentieux ». Samira Messaoudi Juriste ASMIS - Santé au Travail Amiens

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« Difficile de concilier vie professionnelle et alimentation équilibrée ! Les repas au

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Bernard Fontaine Médecin du travail spécialiste en toxicologie AMEST - Santé au Travail Lille

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parfois soumis à des nuisances sonores qui peuvent perturber ou ralentir son travail. Une de mes missions est de proposer un bilan sur l’intensité du bruit. Ainsi en concertation avec la direction d’une entreprise agroalimentaire, tout un atelier s’est vu équipé de bouchons moulés » !

Claude Buisset Épidémiologiste AMEST - Santé au Travail Lille

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« Au milieu des machines, dans un magasin ou sur un chantier, un salarié est

être révélateur d’un problème dans l’entreprise. C’est à partir d’un bilan fiable sur son état de santé, que nous, dirigeants, salariés et médecins du travail, pouvons trouver les actions à mener pour améliorer encore la santé des salariés et par la même de l’entreprise ».

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Annie Routier Médecin du travail ASTAV - Santé au Travail Valenciennes

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ple vécu : une salariée déclarée inapte à son poste d’hôtesse de caisse. Elle suit alors une formation pour devenir vendeuse en optique. Au même moment, l’entreprise recherche une personne dans ce secteur ! Elle a donc changé de poste ».

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« L’épidémiologiste produit des chiffres en Santé au Travail et leur donne un sens. Le chiffre peut

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« Un médecin du travail peut aussi aider l’entreprise pour le maintien dans l’emploi. Un exem-

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« Il est 4h30 du matin dans le camion d’un chauffeur livreur. Direction Rungis. Son job à lui, c’est « Ma secrétaire est en formation pour devenir assistante médicale. Je suis son tuteur. En cela, je l’aide et prépare avec elle, les cinq épreuves qu’elle aura à passer. Son futur rôle sera d’assister le médecin en se rendant dans l’entreprise. Il s’agit d’une véritable complémentarité ». Jean-Paul Dehem Médecin du travail AST 62/59 - Santé au Travail Béthune et Arras

d’apporter la cargaison à bon port. Le mien c’est de veiller à ce qu’il puisse le faire, malgré un coeur fragile. Il porte une ceinture mesurant sa fréquence cardiaque. Quelques heures plus tard, le diagnostic : aucun danger pour ce salarié ». Patrick Andrieux Spécialiste du bruit et cardiofréquencemétrie ASMIS - Santé au Travail Amiens

« Mieux vaut prévenir que guérir, l’adage est aussi vrai pour l’entreprise. En me rendant sur les lieux d’activité, j’étudie les postes pour éviter l’accident de travail. Exemple : limiter les risques de brûlures dues au transport d’huile bouillante dans un atelier de nettoyage de friteuse ». Céline Abraham Médecin du travail STFA - Santé au Travail Saint-Omer Flandres Audomarois

« Un salarié blessé !

Ce qui n’était qu’une matinée de consultations en entreprise se transforme en intervention d’urgence. Aidée de l’infirmière, nous prodiguons les premiers soins. À partir de là deux solutions possibles : le salarié est redirigé aux urgences ou chez son médecin traitant ». Marie Tassart Médecin du travail SMIA - Santé au Travail Marcq en Baroeul

« Médecin coordinateur, les questions d’organisation médicale du Service de Santé au Travail me concernent. Mais le coeur de mon métier reste celui de médecin du travail. Disponible pour répondre aux attentes des entreprises, comme cette société de fabrication de matériel de diagnostic, qui a besoin d’une enquête sur l’intérêt de l’analyse d’urines par bandelette multiparamétrique ». Jacques Delbey Médecin du travail AIMST - Santé au Travail Roubaix

« Maux de tête, nausées, derrière ces symptômes se cache peut-être un problème toxicologique ? Mon travail, c'est d'identifier la dangerosité des produits utilisés dans l'entreprise et de proposer des solutions alternatives. J'apporte également des conseils en matière de réglementations ». Marie-Claire Delpierre Toxicologue industriel GISSET - Groupement Inter Services Santé et Travail

« Dans le cadre du code de travail, l’entreprise, petite ou grande, se doit de former les employés sur les postes à risques au b.a.-ba du secourisme. C’est à ce niveau que j’interviens. La formation initiale dure trois demi-journées et permet aux salariés d’effectuer les gestes qui sauvent en cas d’accidents sur le lieu de travail ». Christine Bassez Animatrice secouriste ASTAV - Santé au Travail Valenciennes

« Quatre entreprises sur une journée, c’est ma moyenne quotidienne. En tant que médecin du travail, il faut pouvoir se rendre dans l’entreprise. À la demande de l’une d’entre elles, lors d’une visite, j’ai répondu à des problèmes d’examens complémentaires et de classifications des employés ». Francis Van Der Biest Médecin du travail ASMIS - Santé au Travail Amiens


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Le regard du philosophe André Comte-Sponville

E & S : Une société peut-elle maîtriser tous les risques ? A.C-S : Non. Le risque, c’est un danger possible. C’est donc la condition naturelle de tout être vivant. La vie est une situation à risque. Belle formule de Montaigne : « Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant ». Le danger fait partie de la vie. Il ne s’agit pas de supprimer le risque, mais de le réduire et, si possible, de le surmonter.

A.C-S : Que la sécurité progresse, c’est bien. Mais il arrive aussi que, faute de pouvoir supprimer tout risque, on veuille trouver un coupable, qui serve de « bouc-émissaire ». Ce n’est ni juste ni efficace. On n’est responsable que de ce qu’on fait ou qu’on peut empêcher. Quand un patron expose ses salariés à un risque connu, sans mesure de protection, comme dans l’affaire de l’amiante, il est normal qu’il y ait des sanctions. Mais je connais un cas où un salarié a sauté d’une palette et s’est fracturé la cheville, alors qu’il avait à disposition des escabeaux... Et le patron a été tenu pour responsable. Même chose pour les maires qui ont été condamnés pour un accident sur un terrain de sport. Cela m’inquiète. Car on crée alors la déresponsabilisation de chacun. Ne confondons pas sécurité et irresponsabilité, prudence et fuite, justice et recherche de bouc-émissaire. Pour aller plus loin : André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, PUF, 2001 ; Le capitalisme est-il moral ?, Albin Michel, 2004.

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E & S : Les lois, les normes, les contrôles, les procès se multiplient. Qu’en pensez-vous ?

Or ga nis ati on s

Auteur de nombreux ouvrages, André ComteSponville s’est notamment intéressé au bonheur, au travail et à l’entreprise. Merci pour son éclairage, qui nous apporte un souffle de sagesse.

André Comte-Sponville : Oui, bien sûr ! « Tout homme veut être heureux, disait Pascal, y compris celui qui va se pendre ». Le bonheur est le but. Le travail, un des moyens de l’atteindre. Les gens travaillent pour être heureux, mais leur bonheur se situe le plus souvent en dehors de l’entreprise. On peut pourtant être heureux au travail, à une condition simple : aimer le travail que l’on fait. Encore faut-il que celui-ci soit aimable. Le chef d’entreprise doit donc s’occuper du bien-être de ses salariés. C’est la seule façon de recruter et de fidéliser les meilleurs, ce qui est l’intérêt majeur de l’entreprise.

A.C-S : Attention de ne pas confondre la prudence avec l’évitement du danger, ni le principe de précaution avec le refus de tout risque ! Que penseriez vous de quelqu’un qui vous dirait : « En matière d’alpinisme et de sexualité, j’ai pris mes précautions : j’ai choisi la plaine et la chasteté » ? Que ce n’est plus prudence mais fuite, plus précaution mais renoncement. Qu’un alpiniste fasse preuve de prudence, cela fait partie de son métier. Ce n’est pas une raison pour renoncer à l’alpinisme et à ses risques. Même chose pour le principe de précaution. S’il fallait ne rien faire qui comporte un risque possible, nous aurions eu tort de nous lever ce matin, car cela présente toujours un risque. Le problème, c’est que rester au lit toute la journée et tous les jours, c’est mauvais pour la santé : c’est un risque aussi ! Bref, faire preuve de prudence, ce n’est pas renoncer à tout risque ; c’est choisir et limiter les risques, en fonction du but poursuivi.

Erg on om ie

Entreprise & Santé : Peut-on être heureux au travail ?

E & S : Comment faire si le risque zéro n’existe pas ?

Cli nd ’oe il

Ne confondons pas sécurité et irresponsabilité, prudence et fuite, justice et recherche de bouc-émissaire, tel est le message d’André Comte-Sponville sur la notion de risques dans notre société. Entretien avec un homme qui nous aide à réfléchir.

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Risques et Société :

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9 principes de prévention 1. Eviter les risques. 2. Evaluer les risques qui ne peuvent pas être évités. 3. Combattre les risques à la source.

4. Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé.

5. Tenir compte de l’état d’évolution de la technique. 6. Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou ce qui est moins dangereux. 7. Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, avec notamment les risques liés au harcèlement moral. 8. Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle. 9. Donner les instructions appropriées aux travailleurs. Source : Directive cadre européenne de 1989 (art. L230-2 du code du travail)

Plan Cancer, Plan Canicule, Plan Alzheimer...

Plan Santé Travail L’Etat a lancé le Plan National Santé au Travail 20052009 et le Plan Santé Environnement. Les entreprises sont concernées par ces orientations d’un nouveau genre. Penchons-nous sur le Plan Santé au Travail. 5 ans En 2005, l’Etat lance le Plan Santé au Travail 2005-2009. Une large concertation a caractérisé l’élaboration de ce plan, publié par le Ministère du Travail. Les partenaires sociaux ont été étroitement associés grâce à l’implication du Conseil Supérieur de la Prévention des risques Professionnels. On peut retenir que la démarche générale amène à donner des objectifs communs et concertés, identifiés par les communautés scientifiques, administratives, sociales et politiques.

8 objectifs Des objectifs quantifiés affichent des urgences prioritaires reconnues : les accidents routiers mortels, les contraintes articulaires, le travail au bruit de plus de 85 Db(a) plus de 20 heures par semaine sans protection auditive, les expositions aux agents cancérigènes, les accidents du travail avec incapacité, le nombre de TMS (troubles musculo-squelettiques) déclarés, les démarches d’évaluation des risques en entreprise, la coordination des acteurs de prévention. Des modalités et des indicateurs de suivi sont prévus.

23 actions Des ressources sont affectées à différentes actions regroupées autour de quatre axes d’intervention : déve-

lopper les connaissances, renforcer l’effectivité du contrôle, réformer les instances de pilotage et décloisonner les approches des administrations, encourager les entreprises à être acteurs de la Santé au Travail. Chaque action fait l’objet d’un descriptif explicite. S’y référer permet d’anticiper sur les évolutions du dispositif dans lesquelles les entreprises doivent s’inscrire. L’existence de ce plan illustre combien les préoccupations de Santé au Travail croissent au sein de la société française.


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La santé de l’entreprise, une affaire de dialogue Les faits sont précis sur un point : le dialogue est nécessaire. Parler de la Santé au Travail aide au dialogue au sein de l’entreprise. Les entreprises qui le pratiquent le savent bien. Dès lors que l’entreprise a plus de 10 salariés, la Santé au Travail et les conditions de travail font partie des missions du délégué du personnel. Audelà de 50 salariés, une commission spécifique doit être mise en place, sous la présidence de la direction. C’est le C.H.S.C.T (Comité d’Hygiène Sécurité et des Conditions de Travail). Si le dialogue est constructif, cette instance est une précieuse ressource pour développer des projets de Santé au Travail.

Agir au sein d’une entreprise pour développer la Santé au Travail est souvent délicat et complexe. Délicat car nombre de salariés voit dans cette préoccupation une revendication, alors que le patron y voit une charge supplémentaire. Dans ce contexte, aborder le sujet demande de concilier les parties. Complexe parce que nombre de préoccupations en Santé au Travail demandent des compétences spécialisées (par exemple : médecin, toxicologue, psychologue, économiste, etc…). Or la loi impose aux entreprises de cotiser pour bénéficier de conseils experts, neutres et extérieurs. Ce sont les Services de Santé au Travail. Spécialisés dans le monde de l’entreprise, ces services apportent donc une aide précieuse. Merci la loi.

V en ie d tre es pr ise s Inv es tir Do ssi er Ju rid iqu e

Les textes, qui se sont empilés au fil des ans, sont unanimes sur un point : le chef d’entreprise est responsable. C’est lui qui décide des risques auxquels sont exposés les salariés. C’est lui qui assume donc juridiquement les suites de cette exposition. Cela fait partie de la charge et du métier de chef d’entreprise. Dans les faits, on peut distinguer deux types d’entreprises : celles où le chef d’entreprise est exposé aux mêmes risques que ses salariés, et celles où le chef d’entreprise n’est pas exposé aux mêmes risques que ses salariés. On comprendra que cela varie avec la taille de l’entreprise. Le boulanger de mon quartier n’a pas la même vie que le patron d’une chaîne qui a des boutiques à travers le monde entier. Mais les deux ont un point commun. Ils peuvent être poursuivis pour non respect des textes, par faute, erreur ou omission.

La Santé au Travail à votre service

Em pl Sa ois e nté t

Le chef d’entreprise : un homme responsable

Te ch niq ue s

Difficile de s’y retrouver dans les lois, règlements et normes. Voici trois points fondamentaux pour mieux entreprendre en Santé au Travail. Tout en n’oubliant pas que si le chef d’entreprise ne peut pas présenter dans un document unique l’inventaire des risques de son entreprise, il est passible d’une amende de 1500 € et d’une sanction en pénal, pour faute inexcusable.

Or ga nis ati on s

les intérêts de l’entreprise

Erg on om ie

peut rejoindre

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La loi

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Juridique

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Emplois & Santé

Le maintien dans l’emploi :

c’est possible !

Quand la santé d’un salarié et son poste de travail ne s’entendent plus, l’échéance est souvent le divorce. Pourquoi ne pas essayer la conciliation avant d’arriver à la séparation ? Le maintien dans l’emploi est le résultat d’un projet mené à la fois par l’entreprise et le salarié concerné. En cas d’inadéquation entre la santé et un poste de travail, le handicap peut être reconnu, mais il ne signifie pas forcément perte d’emploi. L‘entreprise peut trouver des solutions, que bien souvent elle ne soupçonne pas. Le Dr Leduc, médecin du travail à l’AIMST (Santé au Travail Roubaix) s’occupe régulièrement de cas de maintien dans l’emploi. Selon lui, « face à un travailleur reconnu handicapé, trois stratégies sont possibles : l’aménagement de poste, le reclassement dans l’entreprise ou le changement de société. Dans ces trois cas, nous agissons en tant que conseillers ».

L’entreprise n’est pas seule ! Aménager ou reclasser demande un investissement en temps et en argent. Sur ce point, un certain nombre d’organismes aide l’entreprise. L’Association de GEstion des Fonds pour l'Insertion

Pour que ça marche : que faut-il faire ? La réponse de Thierry Hennion, référent : « La clé de la réussite d’un projet de maintien dans l’emploi, c’est le dialogue et la confiance entre trois acteurs : le chef d’entreprise, le salarié et le médecin de Santé au Travail. Certes, il peut exister des problèmes financiers, techniques ou de compétences. Néanmoins, des solutions peuvent être trouvées avec l’aide des Services de Santé au Travail. Un maintien dans l’emploi réussi, c’est pour l’entreprise reconnaître l’attachement à ses salariés et les compétences des collaborateurs. Le message transmis est positif en termes de relations sociales. Il y a un véritable retour sur investissement ».

Professionnelle des personnes Handicapées (AGEFIPH) finance des structures d’aides aux personnes handicapées comme les Services d’Appui au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapés (SAMETH) ou CAP Emploi (insertion des travailleurs handicapés), mais aussi des mesures comme les formations, l’achat de matériel, les auxiliaires professionnelles ou l’aménagement de véhicule.

Cas concrets Pour mieux comprendre, rien ne vaut les exemples. Le Dr Leduc en a quelques-uns en réserve. Prenons une toute petite entreprise pour le premier. Moins de cinq salariés, il s’agit d’une ébénisterie. L’un des employés souffre d’une fracture vertébrale. Problème important

La solution fut d’acheter un transpalette électrique... financé à 80 % par l’AGEFIPH

puisque tous les lundis, il doit décharger un camion de fournitures. La société n’a ni les moyens d’embaucher une autre personne ni l’envie de licencier le salarié. Que faire ? Un dossier déposé auprès de l’aide à l’emploi a permis à l’entreprise de recevoir une aide financière lui permettant d’embaucher un intérimaire pour le déchargement du camion. Autre exemple dans une entreprise du secteur textile : suite à des accidents de travail répétés, le Dr Leduc a fait appel à un ergonome pour analyser le poste de travail d’un manutentionnaire de charges lourdes, reconnu travailleur handicapé. La solution fut d’acheter un transpalette électrique. Lourd investissement certes, mais financé à 80 % par l’AGEFIPH. Le maintien dans l’emploi n’est pas une démarche facile, mais n’a rien d’impossible !


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Dans le Nord, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat, l’Union Professionnelle Artisanale et la Direction Régionale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle se sont associées pour apporter un appui technique gratuit à travers des documents et réunions d’informations, ainsi que des groupes de travail.

Où sont les risques ? Les risques sont multiples. Ils sont parfois évidents. Ils sont parfois cachés. On parle aujourd’hui de risques physiques, chimiques, biologiques ou organisationnels. Les risques attendent un jour de s’exprimer par une maladie, un accident ou une défaillance. Maîtriser un risque, c’est s’en occuper… avant qu’il ne s’occupe de vous.

Comment faire ? Pour commencer, on réalise un inventaire ou une identification. Cette liste est le premier pas d’un diagnostic de risques. A partir de cette liste, on peut déjà hiérarchiser sur de simples

Pour faire quoi ? A partir d’un relevé lisible et compréhensible par tous, on peut commencer à raisonner prévention. Il s’agit d’identifier les mesures de correction nécessaires pour réduire le danger, voire supprimer le risque à la source. Ces mesures peuvent être techniques ou organisationnelles. Elles peuvent se mettre en place progressivement, selon un programme de prévention clairement énoncé.

Cette démarche est-elle obligatoire ? Oui. Trois fois oui. Si le résultat de l’évaluation des risques n’est pas transcrit dans un « document unique » le chef d’entreprise risque - c’est le cas de le dire - une sanction pénale. On ne plaisante pas avec l’exposition aux risques des salariés ni avec leur santé.

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La loi est claire : c’est le chef d’entreprise qui est responsable de l’évaluation des risques au travail. C’est normal, il est responsable de tout dans son entreprise, sinon… il ne serait pas chef ! Mais il doit faire cette évaluation en concertation avec les salariés et/ou leurs représentants. C’est également la loi qui le dit. Et c’est un « plus » pour l’entreprise. Le Service de Santé au Travail peut aider le chef d’entreprise, mais ne peut pas faire à sa place.

critères. On fait alors les premiers pas d’une évaluation des risques, qui peut aller, selon les besoins, à un mesurage de l’exposition. Par exemple, on peut faire une dosimétrie de bruit. On comprend que les méthodes sont plus légères en cas d’inventaire, plus lourdes en cas d’évaluation.

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Les artisans ne sont pas oubliés

Qui doit le faire ?

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En se lançant dans l’élaboration d’un guide pour l’élaboration du document unique, l’ASMIS (Santé au Travail d’Amiens) ne se doutait pas de son futur succès d’édition. Ce document comprend une méthode en trois étapes et des fiches synthétiques d’inventaire de risque.

Sur la route, à la maison ou au travail, les efforts doivent être permanents pour maîtriser les risques et éviter les dangers. On ne peut plus vendre une maison, sans diagnostic certifié. C’est quand l’accident est arrivé, que les assurances (et les juges) demandent de prouver que tout avait été fait pour éviter le danger… Voici quelques pistes pour agir sans attendre.

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Un best-seller : plus de 200 000 exemplaires diffusés !

que savoir ?

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A noter

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Maîtrise des risques,

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Techniques

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Organisations

Stress

au travail : plus que d’actualité… Le stress est devenu une pathologie à la mode. Qui n’a jamais prononcé la phrase : « le boulot ça me stresse » ! Difficile de faire la part des choses entre le travail sous pression et le stress, facteur de risque pour la santé du salarié et de l’entreprise. Le stress, c’est quoi ? Dur, dur de quantifier le stress. Le Dr Claude Buisset, médecin du travail à l’AMEST (Santé au Travail Lille) en explique la raison : « Le stress est avant tout une perception. Il s’agit de quelque chose de vécu ». Attention à la généralisation, la plupart des salariés va bien. Mais, certains éprouvent en entretien individuel avec le médecin, le besoin d’exprimer leur mal-être. Lorsqu’une telle situation est repérée et que l’ensemble de l’entreprise souhaite y remédier, alors, les médecins et les psychologues de la Santé au Travail peuvent aider.

Arriver à faire bouger les choses Dans les PME, le stress est bien souvent généré par un conflit entre deux personnes qui n’ont pas la même conception sur la manière de travailler. « Pour un cas pareil, je propose l’intervention d’un ergonome qui examinera les postes de chacun. L’essentiel est d’arriver à quitter le domaine affectif pour reparler du travail réel de chacun » insiste le Dr Buisset. Pour une grosse entreprise, la démarche est plus lourde. Elle inclut l’élaboration d’un questionnaire accompagné d’une information au personnel. Les résultats sont épluchés et analysés par le médecin et le psychologue. Mis en parallèle avec la réalité du terrain, on arrive à un certain nombre de pistes de réflexion qu’il revient à l’entreprise de suivre ou non. Arriver à faire bouger les choses, c’est ça l’essentiel. Il faut qu’une telle étude débouche sur de l’action pour être efficace selon Claude Buisset.

Un état de stress survient lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses ressources individuelles et collectives pour y faire face. Bien que le processus d’évaluation des contraintes et des ressources soit d’ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature psychologique.Il affecte également la santé physique, le bien-être et la productivité de la personne qui y est soumise. Source : Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au travail

5 psychologues du travail Magali Collard, psychologue à MTA (Santé au Travail St Quentin) témoigne : « Il suffit parfois de ramener le dialogue dans l’entreprise pour diminuer le stress : faire comprendre aux uns et aux autres les contraintes de travail propres à chacun, pour mieux travailler ensemble ». Pour Sylvain Bossu, psychologue à l’ASMIS (Santé au Travail Amiens), « on n’impose rien à l’entreprise. Il n’y a pas de solutions toutes faites, mais adaptées aux différentes situations ». Directions d’entreprises, médecins du travail, psychologues, lutter contre le stress est une affaire d’équipe !


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L’infirmière Mme Spinnewyn témoigne : « Nous avons émis des pistes d’améliorations. Par exemple, on s’est rendu compte que pour les préparateurs de commandes, une barre placée au premier niveau de stockage les forçait à se courber pour saisir les charges. Le problème, en enlevant cette barre, on perd un niveau de stockage. L’équipe a décidé d’enlever les barres dans

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Ju rid iqu e Cette entreprise est un bon exemple de ce qu’est l’ergonomie aujourd’hui. Certes il n’est pas ici question de dénigrer l’ergonomie qu’on pourrait appeler « physique », comprenez l’apport de solutions matérielles. Mais l’ergonomie du XXIe siècle, ce n’est pas qu’une question de matériels ! Nathalie Lachambre explique : « Il faut aussi la concevoir comme un véritable moyen de répondre à des problèmes d’organisation du travail. Dans ce cas, l’ergonome agit sur l’environnement des salariés. Il s’appuie sur des entretiens et l’observation de l’activité réelle de l’entreprise. Le but est d’adapter les moyens, les méthodes et les milieux de travail, en préservant la santé et la sécurité des salariés ». Question de bon sens : la machine n’est-elle pas bien souvent plus adaptable à l’homme, que l’homme à la machine ?

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L’ergonomie, ce n’est pas qu’une histoire de matériels !

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Une réussite collective

les zones de charges les plus lourdes ». De même, elle nous confie que pour alléger la pénibilité du travail, l’atelier a installé un système de rotation entre les différents corps de métiers. « C’est un gros travail d’équipe qui a fonctionné car tous les acteurs se sont impliqués : direction et salariés. D’ailleurs, le chef d’entreprise reconnaît que ces nouveaux aménagements ont un impact sur la production ».

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250 salariés à son actif, l’entreprise de fabrication de peinture SIGMAKALON connaissait un taux d’arrêts et d’accidents du travail assez important. Le constat est dressé par Marie Christine Pham, médecin du travail de l’ASMIS (Santé au Travail Amiens), et Mme Spinnewyn, infirmière et salariée de l’entreprise. Le site sensible est l’atelier logistique où les risques en termes de postures et port de charges sont conséquents. Maux de dos, lombalgies, le métier de préparateur de commandes est difficile. Au total, cela touche environ 75 personnes. En accord avec la direction et le CHSCT, la décision est prise : appelons l’ergonome du Service de Santé au Travail. Nathalie Lachambre arrive dans l’entreprise. Pour identifier les contraintes et exigences liées au secteur d’activité, elle met en place un groupe de travail. L’idée ? Trouver des solutions adaptées aux réalités de terrain.

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Pour beaucoup, l’ergonomie se résume aux solutions techniques qui permettent d’améliorer un poste de travail. Exemple type : j’ai mal aux yeux, c’est un problème d’éclairage ! Mais l’ergonomie ce n’est pas qu’une question matérielle. Pour mieux comprendre, suivons l’exemple de SIGMAKALON à Moreuil, une société de fabrication de peintures qui a fait appel à un ergonome.

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Quand l’homme et la peinture s’emmêlent

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Ergonomie

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Clin d’oeil

Histoire de chaise… Lundi matin pluvieux, les bouchons sur le périph... tiens ils font des travaux... Ou alors c'est un accident. Pas de bol pour celui (ou celle) qui commence sa semaine avec de la tôle froissée et un constat à faire sous la pluie. Mais bon moi ça n'arrange pas mes affaires. Comme tous les lundis, j'ai la tête qui bouillonne... Le portable sonne... Il est 9 h 00... Les bureaux ouvrent, les clients sortent comme moi de leur week-end... Les affaires reprennent. Et moi je suis toujours dans les bouchons. Mais pourquoi j'ai pris le périph ? 10 h 00 : je suis enfin garée devant mon bureau. Il s'est mis à pleuvoir à verse. Mon sac à main, mes dossiers, les clés évidemment au fond de mon sac, mon brushing est mort !! Allez, un café et hop, en réunion. Mais d’abord, Séverine, la graphiste de l'agence a quelque chose à me demander, elle a mal au dos et

Il est 9 h 00... les bureaux ouvrent, les clients sortent comme moi de leur week-end... les affaires reprennent.

voudrait que je lui fournisse une nouvelle chaise de bureau. Aucun problème ! Mais comment s'organiser ? ». Je commande une nouvelle chaise ? Elle va acheter elle-même une chaise qui lui convient le mieux ? Et si ce n'était pas la chaise ? Et si c'était la hauteur du bureau ? Ou l'inclinaison de son écran ? Bon bon bon, je ne me sens pas spécialiste de la question. Et surtout, moi gérante d'une TPE, j'ai tellement de choses à penser... à faire... il va falloir que je trouve du temps pour m'occuper de ce problème de chaise... Devant mon désarroi, elle me propose gentiment d'aller acheter la chaise qui lui conviendra le mieux. Quelle bonne idée ! L'affaire est entendue. Le

à ma place, mais lundi suivant, nous Je commande une peut-être m'aurait-il voilà avec une chaise flambant neuf au nouvelle chaise ? Et éclairé sur les caracmilieu du bureau et si ce n’était pas la téristiques indispensables d'une chaise une graphiste réjouie. chaise ? de bureau ou sur une Et si j'avais appelé mon Service de Santé au Travail ? liste de fournisseurs adhoc... De Que m'aurait-il répondu ? Nous toute façon, le problème est que je aurait-il aidé, nous, toute petite n'ai même pas pensé à les appeler ! entreprise ? Bien sur, je sais qu'il ne Je me dis que c'est un tort et que la serait pas allé acheter une chaise prochaine fois, j'aurai le réflexe.


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Votre Service de Santé au Travail : n’hésitez pas à le contacter pour connaître ses prestations

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Pour vous aider

Analyse de l’accidentologie Evaluation des risques Etudes spécifiques (ergonomie, toxicologie, …) Recherches de solution (technique, organisationnelle) Aide à l’élaboration du document unique

Assistance : • Adaptation des moyens et des environnements pour améliorer les conditions de travail • Management de la Santé et Sécurité au Travail • Soutien psychologique en situation de crise • Maintien dans l’emploi

Do ssi er

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Ju rid iqu e

Conseil, étude :

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• Visites d’embauche • Visites périodiques (surveillance médicale simple, surveillance médicale renforcée) • Visites non périodiques (pré-reprise, reprise du travail, à la demande du salarié) • Visites pour salariés temporaires

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Suivi médical :

Le premier salon national d’Hygiène, Sécurité, Ergonomie, Santé au Travail se tiendra les 22, 23 et 24 janvier 2008 à Lille Grand Palais. Les services de Santé au travail y participent avec le C.I.S.S.T. et le GISSET. Venez nous rencontrer sur notre stand. A noter les conférences suivantes : • Mardi 22 Janvier 2008 : « L’approche toxicologie en entreprise » CRAM Nord-Picardie, AMEST, CISST « Etude de vibrations en entreprise » (17h30) GISSET

• Jeudi 24 Janvier 2008 : « L’ergonomie et le vieillissement au travail » (12h15) CISST, AMEST « Assistance Psychologique en entreprise » (14h) GISSET « La détection des solvants atmosphériques au PID (photoionomètre) » (15h30) CISST « Analyse toxicologique en entreprise » GISSET

www.preventica.com N’hésitez pas à demander une invitation gratuite auprès de votre Médecin du Travail.

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Préventica,

Erg on om ie

Sauveteur Secouriste du Travail Gestes et postures Gestion du stress Prévention du risque

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Sensibilisation, information, formation :

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