Sécurité de la ferme et alarmes : Quand je suis arrivé à Oasis, il n’y avait aucun enclos. Seule une serre possédait une alarme à rayon laser, connue de tous les voleurs locaux. Il savaient donc l’éviter et par conséquent, elle était devenue la plupart du temps, inefficace. De là l’idée de compliquer le système pour les déboussoler. J’ai réfléchi et réfléchi encore, et j’ai convenu, avec Bernard, de ce qui semblait être le plus pertinent. Il faut dire que le sujet du vol est triplement préoccupant. D’abord le préjudice : bon an, mal an, c’était entre 40 et 60 % des meilleures sommités qui partaient en fumée … dans les pétards de nos voleurs ! Ensuite, la police ne manquait jamais de nous reprocher les vols qui alimentaient, selon eux, le marché noir. Ce qui leur semblait une raison suffisante pour qu’on stoppe la culture du chanvre ou que la ferme arrête toute activité. Certains voleurs semblaient êtres des habitués de longue date. Dans leur budget semble t’il, l’argent obtenu (marché noir) à partir de la récolte chez Bernard était devenue comme «une rente normale », gonflant ainsi leur train de vie. D’où un certain affolement de leur part quand ils virent qu’ils n’arrivaient plus à passer l’enceinte et à voler la moindre branche. La tension montait au fur et à mesure que nos champs étaient récoltés : plus ils se vidaient, plus nos voleurs devenaient agressifs, dangereux, hargneux, prêt à tout … ! Enfin, il n’était pas rassurant de savoir que chaque nuit, on nous volait notre labeur, et aussi du matériel de grosse valeur. On nous a même volé, un printemps, l’essentiel de notre production de boutures, ce qui nous a mis en retard d’un bon mois dans nos cultures. Enfin, le seul fait que femme et enfants dorment à la ferme était suffisant pour justifier un tel investissement dans la sécurité. Les voleurs nous ont causé bien de soucis et représentaient une menace supérieure à celle de l’action policière. En tout cas, c’est ce que Sabine et moi on avions compris, mais nous nous opposions à Bernard, pour qui le problème n’avait pas le même niveau d’importance. Il y a fallu presque lui forcer la main pour qu’il accepte d’investir dans la sécurité ! Alors il fallait entourer la ferme par un enclos. Et mettre des alarmes derrière de sorte que ces dernières couvrent la totalité du contour de la ferme en faisant une barrière infranchissable sans être détecté. L’enclos protégeait les alarmes du sabotage, et les alarmes protégeaient l’enclos du franchissement. Toutefois, ce n’était pas suffisant. Nous n’avions aucun voisin et l’isolement de la ferme faisait que les voleurs ne s’effrayaient pas de faire sonner les alarmes. Avec trois chiens, je me suis proposé de faire la garde la nuit, en période de récolte. Celle-ci s’échelonnait de mi-août à fin octobre. Donc, dès qu’on s’approchait de l’enceinte, une alarme sonnait. Mais la ferme fait un hectare de surface soit 100m x 100m. En faire le tour représente 400m. L’alarme, si elle devait sonner bruyamment, devait éclairer puissamment de sorte que je localise précisément l’endroit du premier coup d’œuil, même si je me tenais de l’autre coté de la propriété. La lumière est un atout supplémentaire. Eclairés les voleurs ne peuvent pas se cacher. Ils en ont la phobie, et grâce à elle, je ne pouvais pas me faire surprendre dans le noir. C’est que nos voleurs étaient armés et que la garde chez oasis est donc une chose sérieuse. Voici pour le cahier des charges. L’avenir nous a prouvé qu’avec une bonne présence, le taux des vols était descendu à moins de 3 % de notre production. Chaque alarme infrarouge couvrait une bande de 10 mètres. Pour chaque coté du périmètre (100m de long), il fallait 10 alarmes, 10 lampes professionnelles à détection infrarouge (une par alarme). Soit un total de 40 lampes et de 40 alarme pour protéger le tour de la ferme. Une petite fortune, si on compte le câble qu’il faut pour alimenter tout cela, la centrale d’alimentation à réaliser, les poteaux en ciment pour chaque alarme et le travail à fournir pour achever l’installation. Ici, j’ai tout fait mois même. Je n’ai pas posé la clôture, mais j’ai réalisé toute l’installation des alarmes. Dans l’idéal, avec un gardien présent en permanence de chaque coté, plus aucun voleur ne passe. Mais la répression faisait que mon patron n’avait pas les moyens d’embaucher ce surplus de personnel. Je me suis donc débrouillé avec les alarmes et les trois chiens.
450