Salamanque_Vers une densification sur mesure d'un faubourg populaire
Le long du Tormes rivière affluent du célèbre fleuve espagnol le douro se niche salamanque,ville de plus de 144 450 habitants. Salamanque est devenue une forte destination touristique quand elle fut déclarée patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988.
La ville connaît une période prospère jusqu’à la fin des années 1950 avec la fermeture progressive des infrastructures hydrauliques qui la faisait vivre. Aujourd’hui, c’est une ville qui s’étale vers ses périphéries et dont les habitants fuient le centre ville pour des quartiers plus calmes et excentrés.
Le faubourg des Alambres est un secteur défavorisé et populaire né de l’exode rural dans les années 1960. La collectivité cherche à le normaliser depuis en réalisant des tables rases et en ignorant les modes de vie frugaux.
Dans ce mémoire, la proposition sera de penser des projets surmesures dans le tissu troué par les démolitions répétitives. Avec dans un premier temps une offre de logement individuel groupé qualitatif qui s’inspire du déjà là puis dans un second temps des équipements nécessaires au bon fonctionnement du faubourg.
Sous la direction de Stéphanie DAVID, responsable Master
Juin 2022 - Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble
SALAMANQUE
Vers une densification sur-mesure d’un faubourg populaire
Parcours de Master «Architecture, Villes, Ressources» Sous la direction de Stéphanie DAVID
COLLEE-HERNANDEZ EMMA & LOPEZ JESSIE
SALAMANQUE
Vers une densification sur-mesure d’un faubourg populaire
COLLEE-HERNANDEZ EMMA & LOPEZ JESSIE
Parcours de Master «Architecture, Villes, Ressources» Sous la direction de Stéphanie DAVID
Remerciements
Nous tenons à remercier les personnes suivantes ayant contribué à la réalisation ce mémoire de fin d’étude :
A Bernarda Perez Rivas, qui a chaleureusement répondu à nos questions sur le secteur des Alambres et qui nous a livré son expérience personnelle durant sa jeunesse.
A nos professeurs Stéphanie David et Frédéric Guillaud, qui nous ont éguillés et aidés tout au long de l’année dans cet projet architectural.
A Cécile Léonardi pour ses conseils et ses outils méthodologies qui ont enrichi nos analyses et notre réfléxion.
A nos amis et nos familles, qui ont su nous pousser à donner le meilleur de nous -mêmes en nous soutenant et en nous encourageant tout au long de notre parcours.
INTRODUCTION
1. Salamanque et ses problématiques hydrauliques
1.1 : Le crise de l’eau en Espagne
1.2 : Salamanque et une pénurie qui s’aggrave
1.3 : Les Alambres et ses soixante ans d’histoire
2. Le logement comme levier d’action d’une redensification douce
2.1 : Embarquer les acteurs du logement social pour une nouvelle stratégie urbaine.
2.2 : Le logement individuel groupé comme proposition pour conserver un mode de vie.
3. Accompagner la transition du faubourg en réinventant son habitat
3.1 : Un projet qui s’intègre au tissu poreux
3.2 : Gradation de l’intimité : une scénographie de la rue jusqu’au jardin privatif.
3.3 : Un projet low tech qui répond aux besoins des habitants
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
144 450 habitants (2021)
Distance de Madrid : 2h20 - 215 km
Longueur de la rivière Tormes : 284 km
Climat subtropical
Moyenne temp. Hiver : 0°C à 12°c
Moyenne temp. Eté : 18 °C à 25°C
Temp. max été : < 35 °C
Douro Tormes
Introduction
Le long de la rivière du Tormes, affluent de 284 kilomètres du célèbre fleuve hispano-portugais le Douro, se situe Salamanque, une commune faisant partie de la communauté autonome de Castille et Léon. Ville de plus de 144 450 habitants, Salamanque est devenue une forte destination touristique lorsqu’elle fut inscrite au patrimoine de l’humanité par l’Unesco en 1988. Elle est aujourd’hui célèbre en particulier pour sa vieille ville et pour abriter la plus ancienne université d’Espagne (XIIIème siècle). Bien qu’elle accueille de nombreux étudiants et touristes grâce à ses atouts culturels, la ville est soucieuse de conserver ses habitants pour éviter de vider la ville de sa population comme à Barcelone.
Salamanque est une ville rétrécissante qui s’étale vers ses périphéries plutôt que d’investir les qualités et les contraintes de son centre ville historique. Pourtant, celui-ci allie la proximité directe des services, une facilité de déplacements et une architecture patrimoniale et attractive. Le centre-ville reste touristique, très animé et les loyers augmentent chaque année, devenant trop coûteux pour une partie de la population. Salamanque perd certains de ses habitants constitués de jeunes actifs et de familles, qui fuient son centre aux logements vieillissants pour rejoindre des quartiers ‘dortoirs’, certes plus éloignés des infrastructures mais plus abordables financièrement. Les périphéries de Salamanque se densifient chaque année depuis le boom immobilier. Des projets de logements neufs voient sans cesse le jour, densifiant les sols de ces quartiers déjà fortement artificialisés.
Au XX° siècle, l’Espagne construit en force dans les périphéries de ses villes, proposant des offres de logements standards composées de grands ensembles en barre, réorganisant son tissu urbain dans des trames aux axes bien ordonnés, ponctuées d’espaces publics. Aujourd’hui, ces trames urbaines ont perdu de leur intérêt en raison de leurs mauvaises qualités urbaines et architecturales et sont perçues comme une architecture monotone ayant défiguré les paysages des périphéries. Dans cette continuité, la ville de Salamanque n’a pas échappé à cette vague d’urbanisation moderne.
Depuis la fin de la crise de 2008, la collectivité cherche à élargir son attractivité au-delà des étudiants. En usant de ce contexte post-crise, une fenêtre d’opportunité offre un nouvel élan à la production de l’espace, aux politiques urbaines et à une rupture progressive avec le modèle urbain antérieur. Salamanque cherche à aménager sa ville et ses périphéries en lançant divers projets pour lui redonner une nouvelle identité plus axée sur les besoins de ses habitants, les enjeux environnementaux et climatiques (réaménagement du parc de Chamberí, développement des berges du Tormes, construction de nouveaux types de logements supportés par l’Union Européenne, nouvel hôpital…).
Nous avons voulu travailler la question de la densification et de ses conséquences sur un secteur assez connu de Salamanque, les Alambres. Ce sec-
teur est un faubourg populaire construit progressivement sur soixante ans et parfois illégalement. Nous souhaitons révéler comment il est possible d’adapter ce tissu urbain poreux avec une densification douce, tout en repensant une nouvelle typologie de logements pour offrir un nouveau dynamisme social qui s’appuie sur les qualités de vie aux Alambres.
Dans une première partie, nous reviendrons sur les enjeux hydrauliques de Salamanque pour nous focaliser ensuite sur l’analyse du secteur d’étude, le faubourg des Alambres et ses problématiques propres. Dans un second temps, nous développerons notre stratégie d’action pour conserver le mode de vie communautaire et populaire des Alambres, à l’aide d’une offre de logements individuels groupés sur-mesure. Et dans la troisième partie, nous présenterons nos intentions spatiales et les formes de résolution que nous avons mises en place dans notre projet.
Ancienne digue le long du Tormes dans le quartier sud de Tejares
Source : Collée-Hernandez Emma - Octobre 2021
Ancien moulin devenu une centrale hydroélectrique à l’abandon, sur les rives du Tormes
Source : Lopez Jessie - Octobre 2021
Immeuble d’habitation du quartier «dortoir» les Alcades
Source : Lopez Jessie - Octobre 2021
Immeuble d’habitation du quartier «dortoir» Vistahermosa
Source : Santher immobilier - date inconnue
Maison d’habitation dans le faubourg des Alambres
Source : Lopez Jessie - Octobre 2021
Réaménagement du promontoir, les Alambres depuis la rue Condor
Source : Cecila Hernandez - El norte de Castilla
1.1 La crise de l’eau en Espagne
L’Espagne connaît depuis plusieurs années de fortes sécheresses et une pénurie d’eau importante. En Mai 2022, selon l’Agencia Estatal de Meteorologia, les ¾ du pays sont désormais en zone sèche. Selon les climatologues, le pays craint un risque de désertification élevé sur 20% du territoire. Entre octobre 2021 et février 2022, il a plu 41 % de moins que la normale sur l’ensemble du territoire espagnol1. Pourtant en Europe, l’Espagne est la plus grande consommatrice d’eau par habitant (656 m3/hab/an) bien qu’elle soit parmi les pays les moins dotés en ressources hydriques (moins de 3 000 m3/hab/an)2 Cette forte consommation s’explique par une utilisation extrême de l’eau dans l’irrigation des cultures intensives, des villes touristiques et par une politique de l’eau qui favorise la surconsommation à la modération des ressources.
L’eau est considérée comme un facteur primordial de développement. Aujourd’hui, 70% de l’eau espagnole disponible se concentre dans le nord du pays. L’arc méditerranéen et l’Andalousie, où se concentrent le tourisme et l’agriculture intensive irriguée, regroupent 55% de la population mais disposent seulement de 23% d’eau3. Du fait de sa rareté et pour pallier à sa disparition progressive, l’Etat espagnol a proposé la mise en œuvre du Plan Hydrologique National dès le début des années 2000. Ce plan vise à construire plus de 115 barrages et à transférer plus de 1.050 hectomètres de cubes d’eau par an depuis l’Ebre vers l’arc méditerranéen. La politique principale est de prendre l’eau là où elle est pour la reverser là où elle manque sans prendre en considération le problème principal de sa surconsommation et de sa mauvaise gestion à l’échelle du territoire.
Cette pénurie d’eau entraîne l’érosion, la dégradation accélérée des sols et provoque une désertification massive du pays. La pression de l’accès à l’eau pour les agriculteurs est telle que l’on compte dans le pays plus d’un million de puits illégaux qui pompent dans les nappes phréatiques4 Aux conséquences d’une agriculture intensive gourmande en eau s’ajoute la problématique du tourisme de masse. Le long des régions littorales, l’eau est fortement consommée pour alimenter les fronts de mer, les golfs et les piscines des vacanciers. D’immenses réseaux de turbines et de canalisations ont été construits pour acheminer l’eau du nord et du centre vers le sud et l’est de l’Espagne.
Ces problématiques de gestion de l’eau ont entraîné dès les années 1920 la création des confédérations hydrauliques pour protéger neuf bassins d’Espagne. Ces organismes publics et les communautés autonomes surveillent et inspectent l’hydrologie des fleuves et cours d’eau. Parmi les différents bassins qui constituent les districts hydrauliques d’Espagne, cinq d’entre eux prennent
1.Face à la sécheresse, l’Espagne s’organise, Reportage, RFI, 11 mai 2022
2. La pénurie d’eau en Espagne : un déficit physique ou socio-économique ?, Marie François - P.25 à 35, 2006
3. Le Plan Hydrologique National espagnol ,European Rivers Network, Juillet 2001
4. Espagne le fléau des puits illégaux, France Tv Info, 20 Mars 2019
leurs sources en Espagne et rejoignent l’Océan Atlantique en traversant le Portugal. Le Douro est l’un d’entre eux. Ce bassin est très important car plusieurs affluents d’Espagne et du Portugal viennent l’alimenter au cours de l’année. Le district hydraulique du Douro est géré grâce à plus d’une cinquantaine de barrages et de réservoirs qui contrôlent son débit et génèrent de l’électricité (fig 1). On compte presque autant de projets de construction de barrages. Un des affluents nous intéresse plus particulièrement : la rivière Tormes (fig 2), située dans la province de Castille et Léon et traversée par deux barrages : Santa Teresa et le réservoir de la Almendra. En suivant ce cours d’eau, il est possible de découvrir la ville qui s’est construite tout autour pour profiter de sa force hydraulique : Salamanque.
Fig 2 : La rivière Tormes depuis une rive dans le quartier de Chamberí Source : Lopez Jessie - Octobre 2021
Fig 1 : Carte des barrages le long du Douro et du Tormes
Dessin de Collée Hernandez Emma
1.2 Salamanque et une pénurie qui s’aggrave
Salamanque (fig 3) a, pendant des siècles, considéré sa rivière comme un de ses atouts majeurs. D’abord comme une ressource centrale autour de laquelle la ville s’est développée puis comme un élément fédérateur de son économie. Avant d’être fortement polluée par l’industrialisation et l’agriculture intensive, le Tormes était utilisé pour laver le linge (fig 4) et pêcher le long de ses rives. Plusieurs moulins y furent construits pour moudre les récoltes de céréales avant d’être transformés pour certains en usines hydroélectriques. Cependant, l’époque moderne a signé la fin de l’âge d’or pour cette rivière qui a peu à peu perdu de son intérêt économique si ce n’est sur les cartes postales touristiques. Le niveau de la rivière qui pendant longtemps provoquait de nombreuses crues, baisse chaque année. Le Tormes est géré par la ville et par la confédération hydraulique du Douro. Les berges ont été laissées à l’abandon pendant plus de vingt ans et font partie d’un nouveau projet appelé Tormes + qui vise à les réaménager et à sensibiliser les Espagnols sur les espaces verts, sa faune et sa flore et l’importance de l’eau dans leur vie.
Fig 4 Réunion pour laver le linge sur les rives face à la cathédrale.
Source : Carlos Macarro Alcalde, Arqueólogo Municipal, XIX °siècle
Plusieurs cours d’eau alimentant le Tormes s’assèchent et rendent les sols de plus en plus arides, ne permettant plus l’agriculture. Les quartiers sud de Salamanque que nous allons étudier sont un exemple de ce phénomène. Ces quartiers sont un agglomérat de petits villages implantés aux alentours des cours d’eau de Salamanque. A l’arrivée du chemin de fer de fret dans les années 1930, ces villages se sont développés avant d’être petit à petit rattachés à Salamanque. Aujourd’hui, les préoccupations de la mairie concernent la pollution des sols due à l’utilisation de pesticides et l’artificialisation des sols qui contribuent à les assécher.
Dans le quartier de Chamberí (fig 5), le travail de la mairie de ces dernières années a consisté à réaliser des aménagements de voiries, de paysages et des constructions neuves. La problématique est encore trop peu prise en
3 Carte de Salamanque, situation des quartiers au sud
Quartiers Sud
Tormes
Centre-ville
Fig
compte. Le nombre d’équipements augmente : on trouve par exemple une école, un centre médical, des commerces etc. Cette attractivité a entraîné la construction de quartiers dortoirs privés appelés Vistahermosa et les Alcades qui profitent des avantages de la vie à Chamberí. Ces deux quartiers ont été construits à partir des années 2000 pendant une période de forte construction en Espagne. Ils sont limitrophes du faubourg des Alambres mais sont tout en contraste. La plupart sont des logements en bandes, souvent fermés autour de cours communes avec d’immenses piscines entourées de pelouses bien vertes.
Pourtant, plus on s’éloigne de la ville et du Tormes, plus le paysage apparaît désertique (fig 6), comme un exemple fort des problèmes d’alimentation en eau. On retrouve des champs à perte de vue. Ils sont les rescapés d’une agriculture qui devient aujourd’hui difficile à maintenir de part les nouveaux modes intensifs et d’autre part à cause d’un assèchement et d’une imperméabilité des sols. Ces étendues de champs sont traversées par des routes départementales qui parfois prennent fin brusquement. C’est ce que nous avons pu observer aux Alambres, un secteur à forte densification que nous avons décidé d’étudier.
2. Clinique dentaire
3. Centre de soin de Tejares
4. Terrain de football
5. Collège Lazarillo de Tormes
Maison de retraite
1. Gare de Fret de Tejares
Fig 5 : Carte de Chamberí et ses alentours
Fig 6
Les champs de la partie ouest du quartier Chamberí face aux quartiers Sud.
Source Savia Salamanca, photographie prise dans un champs entre les Alcades et les Alambres
1.3 Les Alambres et ses soixante ans d’histoire
UNE IDENTITE POPULAIRE
Les Alambres est un secteur populaire entre Salamanque et ses périphéries rurales de 2 240 habitants5 Cette zone fait partie du découpage administratif de Chamberí mais est isolé du quartier et de ses équipements par le chemin de fer de Tejares. Ce secteur est situé entre les Alcades et Vistahermosa, des champs et le Parque de Chamberí, un promontoire rocheux. Les Alambres sont à quelques trentaines de minutes (fig 7) en transports en commun du centre ville mais seule une ligne de bus construite en 2005 y circule.
7 Carte des distances entre les Alambres et le reste de Salamanque
Ce secteur se forme dans les années 1960 le long d’un ruisseau appelé le Cagachiranos (fig 8). Les agriculteurs viennent durant l’exode rural avec leurs bêtes et leurs outils s’installer et construire les premières maisons avec des matériaux faciles d’accès, comme la brique ou la pierre. Ils se basent sur leurs savoir-faire d’autoconstruction pour concevoir des maisons avec des caractéristiques proches des habitats ruraux.
Dans les années 1980, les Alambres sont soumis à l’étalement de la ville moderne et la collectivité oblige les nouvelles constructions à suivre une trame urbaine linéaire (fig 9). Elle réalise des travaux d’aménagements tels que l’agrandissement des routes principales, des percées entre les maisons et des parcs. En 1984, Salamanque réalise son premier PLU et oblige les constructions récentes et futures à suivre une trame orientée Nord Est dans des îlots de 130m par 25m et permet l’étalement du secteur vers le Nord. Les logements les plus insalubres sont victimes d’une table rase au profit de pueblos dirigidos, un type de logement social en bande construit par la collectivité dans toute l’Espagne.
5. Alojamientosalamanca.es, barrios de Chamberí
Fig.8 Les Alambres en 1960
Source : Site officiel de la mairie de Salamanque
Fig.9 les Alambres entourés de champs en 1980
Source : Instituto geographico nacional
Fig.10 : Premières bandes des Alcades, Réalisation de la moitié de Vistahermosa - 2003
Source : Instituto geographico nacional
Fig.11 : Etat encore actuel, étalement de Vistahermosa - 2014
Source : Instituto geographico nacional
Fig
Le but est d’empêcher la prolifération des bidonvilles. La restructuration du quartier se poursuit avec l’arrivée des quartiers Vistahermosa et Alcades au début des années 2000 (fig.10). Le raccordement à l’eau potable et l’installation de l’électricité pour toutes les habitations y compris les plus anciennes améliorent les conditions de vie aux Alambres. Le boom immobilier entraîne la construction d’une large panoplie de logements collectifs de plusieurs étages dans les espaces libérés par les démolitions mais la restructuration et les projets prennent fin avec la crise de 2008 et le secteur de la construction se fige complètement. Aujourd’hui, on s’étonne de trouver des routes qui n’ont jamais été terminées et qui cessent dans un champ, ou d’immenses parkings sans l’équipement adjacent prévu.
Le Cagachiranos a aujourd’hui complètement disparu. Le puits qui permettait de remonter l’eau aux maisons s’est asséché et a progressivement été détruit. Bien qu’il soit possible d’observer clairement l’identité autoconstruite et populaire des Alambres, les agriculteurs ont cessé le travail dans les champs. Aujourd’hui, les Alambres apparaît comme un secteur abîmé et asséché. Les parcs, les parcelles vides et les champs proches sont secs, jaunis par le soleil tandis que les quartiers dortoirs alentours prolifèrent, s’étalent et proposent toujours davantage d’espaces verdoyants (fig.11).
UN FAUBOURG VIEILLISSANT
Selon notre analyse, les Alambres n’ont pas l’autonomie suffisante pour revendiquer l’identité de quartier mais plutôt pour être défini comme un faubourg. Ils n’accueillent pas d’équipements et seulement quelques magasins de proximité qui peinent à joindre les deux bouts. Les faubourgs sont souvent beaucoup plus informels et populaires que les périphéries pensées par la collectivité et se font généralement rattraper par la perte des enceintes militaires au profit de l’évolution de la ville.
Toutes ces caractéristiques ont fait de l’identité de ce faubourg, une enclave communautaire difficile à définir. Une mauvaise réputation poursuit ce secteur. Il n’est plus connu pour abriter des vaches mais pour accueillir plusieurs trafics de drogues que la ville peine à démanteler. Ces trafics sont arrivés à la fin du XXe siècle lorsque le faubourg est quitté par ceux qui en ont les moyens et qu’il ne reste plus que les foyers les plus démunis6. Les Alambres vivent grâce à de nombreuses personnes âgées et de familles soudées qui ne sont pas parties malgré les changements d’ambiances et par manque de moyens financiers. Si d’un point de vue extérieur, les Alambres ne semblent pas avoir de grandes qualités, ils abritent en réalité des personnes qui vivent de manière modeste et qui survivent autour d’une communauté forte et soudée. De nombreuses associations de personnes âgées font vivre le faubourg et favorisent des solidarités de voisinage. Leurs vies simples bénéficient d’une grande richesse de partage et d’une communauté qui fait parfois défaut aux quartiers dortoirs. Tout le monde s’entraide, partage et construit ensemble ce faubourg populaire.
LES ALAMBRES DE DEMAIN
Les Alambres sont un véritable casse-tête pour la collectivité. Elle a d’abord tenté de réaliser un plan pour ordonner ce qui n’était pas planifié et normaliser les constructions populaires. Ensuite, elle a proposé des projets ambitieux de construction sur le plan quantitatif mais pas qualitatif. Actuellement les nouvelles offres de logements neufs des Alambres est identique à tous les quartiers périphériques de Salamanque. L’existant est oublié au profit d’une architecture déjà largement surexploitée. Pourtant, les maisons des Alambres sont orientées stratégiquement en est-nord et sud-ouest pour capter les vents dominants, faire circuler l’air dans ces petits logements et suivre le sens des terrains. D’un point de vue extérieur, elles semblent être un amalgame de matériaux sans qualité mais sont en réalité pensées pour répondre aux aléas du climat, des besoins et du mode de vie populaire (fig.12).
Les fondations sont souvent réalisées en pierres massives, les murs sont un amoncellement de briques et de pierres taillées de diverses tailles. Pour apporter un confort visuel et thermique, chaque façade est recouverte d’un enduit de soubassement et d’un enduit principal dont les couleurs varient. Deux fenêtres donnent généralement sur la rue et apportent de la luminosité dans les deux pièces principales des maisons populaires : la chambre et la pièce de vie centrale. Chaque maison est couplée avec une cour à l’arrière ou un patio qui font office de jardin de quelques mètres carrés (fig.13).
Fig.12 : front bâti existant mêlant logement autoconstruit et logement modifié par le Plu.
Patio - cour extérieure
Salle de bain
Salle de vie
Chambre
Fig.13 : Plans supposés des deux typologies principales des maisons populaires des Alambres
Les constructions survenues après la mise en place du PLU offrent des espaces plus grands mais surtout un étage en plus, avec généralement un balcon au-dessus du niveau de la rue qui sert aussi de casquette pour l’ombrage des pièces du rez-de-chaussée. Les logements collectifs qui s’implantent dans le faubourg sont sur trois étages, généralement sur le modèle des bandes des Alcades ou de Vistahermosa, en briques et n’offrent pas nécessairement des balcons ou des jardins.
Fig.14 : Front bâti d’un bâtiment collectif situé dans les Alambres, rue Mayor de Chamberí
: Front bâti d’un bâtiment de logements du quartier «dortoir» Vistahermosa
Fig.16 : Front bâti d’un bâtiment de logements du quartier «dortoir» les Alcades
Ainsi, les maisons traditionnelles des Alambres semblent vétustes à première vue mais elles proposent un exemple de qualité du logement dans sa frugalité. La variété de matériaux et de couleurs rendent le quartier vivant (fig17/18). Le faubourg des Alambres est un secteur qui s’est formé ponctuellement hors de l’enceinte de Salamanque. De part son histoire forte et ses qualités, nous souhaitons consolider les atouts d’un habitat qui a besoin d’être rénové en le faisant support d’une densification douce et qualitative. Nous aspirons aussi à consolider une communauté dont le mode de vie et le fonctionnement apportent une réelle qualité de vie.
Fig.15
Fig.17 : Patchwork des matérialités retrouvées sur les façades des Alambres
Fig.18 : Les fronts bâtis des Alambres, des typologies et univers variés.
2.1 Embarquer les acteurs du logement social pour une nouvelle stratégie urbaine
UNE DENSIFICATION PAR DES PROJETS SUR-MESURES
Les Alambres ont eu une évolution rapide et forcée en terme d’habitat qui a eu un fort impact sur son tissu urbain mais aussi sur son attractivité. La collectivité de Salamanque a investi des subventions pour mettre à niveau toutes les routes, construire un arrêt de bus suivi de quelques nouvelles esplanades et replanter son promontoire rocheux. De nombreux promoteurs immobiliers ont fait construire des logements collectifs pour reloger les personnes dont les maisons traditionnelles furent rasées dans le redessin du faubourg au début des années 2000. Depuis la crise de 2008 et l’arrêt de grands projets, la densification dans les Alambres a repris. Ci et là, on lit dans le tissu de nombreux trous, vestiges de démolition et d’arrêt de projets. Ces parcelles sont une aubaine lorsqu’elles appartiennent à la mairie, offrant de nombreuses opportunités mais la réputation du faubourg freine aujourd’hui les promoteurs dans l’offre de nouveaux projets.
Sur la trentaine de parcelles déconstruites et non bâties, toutes ne peuvent pas accueillir des projets immobiliers de grande envergure. Leurs tailles et leurs emplacements varient et cette diversité rend les promoteurs craintifs à l’idée d’investir dans le faubourg (fig19). Cela peut s’expliquer par l’augmentation des prix des matériaux, l’image négative du secteur, l’augmentation des prix de l’immobilier et sur l’incertitude de trouver de nouveaux habitants prêts à s’engager dans ce faubourg populaire. L’option qui semble la plus pertinente au regard des stratégies de la collectivité, des promoteurs et des besoins des habitants consiste à densifier de manière douce et subtile les espaces non bâtis les plus adéquats et à consolider par la même occasion la communauté des Alambres.
Logements individuels groupés
Espace non bâti dans le parcellaire
Logements collectifs
Fig.19 : Axonométrie des typologies dans le faubourg des Alambres.
Nous proposons de penser des projets sur-mesure qui s’adapteront au tissu troué du faubourg. La crise sanitaire a révélé des besoins essentiels pour bien vivre et la demande de logements avec un balcon et/ou un espace extérieur augmente. Même si les promoteurs immobiliers n’ont pas encore investi dans le faubourg, nous sommes persuadées qu’une offre de logements avec des extérieurs aux Alambres trouverait preneur. Malgré leurs vétustés, les construction des Alambres sont une base solide pour repenser le faubourg et offrir une fenêtre entre ville et campagne, à seulement une quinzaine de minutes en voiture de la rivière du Tormes.
Ces qualités sont appuyées par le partage du mode de vie entre anciens habitants. Nous pensons qu’une des cibles principales des projets sur-mesure pourrait être les couples et jeunes ayant quitté leurs familles aux Alambres pour habiter dans des logements plus grands dans d’autres quartiers. En revenant, ils pourraient bénéficier à nouveau du tissu social dans lequel ils ont grandi. Des familles sans lien avec le faubourg mais avec un revenu moyen pourraient prétendre au projet. Ils pourraient profiter de la solidarité entre personnes âgées pour venir rejoindre ce secteur populaire et profiter du partage entre voisins et d’un mode de vie plus frugal.
UN PROJET PILOTE DE LOGEMENT SOCIAL
Pour offrir une stabilité aux possibles promoteurs immobiliers, il nous fallait trouver une combinaison d’acteurs avec des ressources financières, de construction, de promotion, d’urbanisme etc. Bien que moins subventionné qu’en France, le logement social subventionné existe en Espagne. Il ne représente cependant que 2,5% des logements7 Cette forme de logement, appelé Vivienda de Protección Oficial (VPO) favorise l’accès à la propriété plutôt que la création d’un parc locatif public.
La politique fiscale en matière de logement en Espagne a pendant longtemps favorisé l’accès à la propriété au détriment du parc locatif. “Il y a 50 ans on comptait à Madrid seulement 5 à 6 % de ménages propriétaires de leur logement. En 2006, ils sont près de 87 %8. Les VPO sont subventionnées par plusieurs acteurs : l’administration publique espagnole, les régions autonomes et les municipalités. Cette aide peut cibler les personnes âgées, les jeunes et les personnes aux revenus modestes9. Nous proposons que notre projet soit du logement social. Afin de trouver le reste des financements nécessaires, nous insistons sur le fait qu’il s’agit d’un projet pilote d’un point de vue social et environnemental. Cela permettra de trouver le reste de subventions nécessaires auprès par exemple du FEDER (Fonds Européen de développement régional) qui investit dans la recherche et la transition vers une économie à faible carbone, ou bien le FSE (Fond Social Européen) qui œuvre à une mission de cohésion économique, sociale et territoriale ou encore la CEB (la Banque du développement du conseil de l’Europe) qui investit, elle aussi, sur des projets de cohésion
7. Les dernières mesures sur le logement social en Espagne. La location sociale en Catalogne, Sonia Lacalle Alvarez, Housing Right Watch, 10 mars 2020
8. La politique du logement dans la Communauté Autonome de Madrid, Thomas Ubrich, dph, Juillet 2008
9. Programas de ayudas a la vivienda, gobierno de espana, 2022
économique, sociale et territoriale dont des projets de logement social.
Si le logement social est moins présent en Espagne qu’en France, le système espagnol a permis la création de nombreuses coopératives habitantes. Certaines comme La Borda à Barcelone ont un poids suffisamment important pour construire par elles-même de nouvelles formes de logements. Il s’agit cependant souvent de personnes issues d’une classe urbaine supérieure. Afin de donner du poids à la parole habitante, nous proposons de fonder une coopérative habitante pour permettre à la communauté des Alambres intéressée par le projet de se faire entendre. Nous ne pouvons pas nier l’aspect populaire du faubourg et le fait que les membres de la coopérative ne pourront pas investir financièrement dans le projet, mais nous pensons que la forte vie associative déjà existante encouragera d’autres formes d’investissement dans l’habitat de la part des habitants (fig.20).
UNE PLANIFICATION SUR LE LONG TERME DANS LES ESPACES NON BÂTIS
Afin de proposer une planification adaptée aux Alambres, il faut se pencher sur la variété d’espaces non bâtis et en réaliser une nomenclature. Pour cela, nous avons séparé les espaces en quatre types et pensé aux possibilités que chacun pourrait recevoir dans les années à venir.
Le premier type appelé espace non bâti en tête d’îlot (fig 21) à l’avantage d’être ouvert sur la rue et de donner directement sur la vie du faubourg. Nous proposons d’y favoriser des projets publics ou associatifs pour consolider la vie associative des Alambres. L’association des anciens des Alambres est une des plus actives et se réunit dans une ancienne chapelle qui leur sert de local10. L’endroit commence à se faire vieux et n’est pas adapté pour les grandes réunions. Le faubourg est également en manque d’équipements culturel, scolaire et commercial.
Fig.21 : Exemple d’un espace non bâti en tête d’îlot rue Miguel Angel
Le second type appelé espace non bâti en enfilade (fig 22) a la particularité de relier plusieurs espaces vides pour n’en former qu’un, plus long et grand. Nous proposons de créer des traversées urbaines à mobilités douces (piétons, vélos…). Elles auraient pour avantage de donner plus de visibilité aux mobilités douces dans un quartier où le tout automobile est encore la règle.
10. Los Alambres, de corrales de ganado a suburbio marginal que busca su identidad, El espanol, 10 Janvier 2022
Actuellement, ces espaces ont une capacité de réservoirs à biodiversité. La faune et la flore s’y sont largement développées ces dernières années, créant des espaces uniques qui ont été peu contaminés par l’utilisation de produits chimiques. Ces nouveaux espaces verts urbains joueront un rôle essentiel dans la scénographie du faubourg qui manque aujourd’hui de transition entre l’espace public et l’espace privé. En développant de nouveaux flux, ces traversées urbaines pourront également se greffer à des axes déjà existants dans les quartiers limitrophes aux Alambres. Cela augmentera la porosité de ce faubourg isolé pour lui assurer une meilleure connexion à ses environs.
Fig.22 : Exemple d’un espace non bâti en enfilade rue Sequeros
Le troisième type appelé espace non bâti de plus de 1500 m² représente des espaces en limite de tissus urbains principalement au nord ouest du faubourg. Sur ces parcelles où se joue l’articulation entre la ville de Salamanque et sa périphérie rurale, leur densification pose question. Salamanque est une ville qui se vide en son centre et qui perd des habitants. Afin de mettre un point d’arrêt à son étalement qui n’est pas nécessaire pour l’accès à la vie urbaine, nous rendons ces terrains à l’agriculture. Les sols vivants ont un rôle précieux dans la gestion du long cycle de l’eau.
Fig.23 : Exemple d’un espace non bâti de plus de 1500 m² situé rue Muchacha
Compte tenu des problématiques que soulève le système agricole intensif espagnol et de son impact en eau, nous voulons que la collectivité de Salamanque innove et développe une agriculture demandant un apport en eau très faible. La culture de cactus et plus précisément de figuiers de barbarie peut
répondre à ces critères. Nous avons découvert la culture de cactus grâce à l’association Cerbère cactus située dans les Pyrénées-Orientales11 A cause du réchauffement climatique, le village viticole peine à avoir des récoltes satisfaisantes et la culture des figuiers de barbarie (fig 24) s’y développe. Cette culture encore peu connue permet de produire divers produits alimentaires comme de la confiture, du café, des jus mais aussi des cosmétiques. Pour les agriculteures de la commune c’est une activité qui se développe et qui se révèle être plus rentable que la viticulture. Nous pensons qu’à Salamanque, il est important de se tourner vers des formes d’agriculture moins demandeuses en eau. Donner les parcelles à une forme d’agriculture plus respectueuse des enjeux environnementaux permet aussi de revaloriser la frange des Alambres et d’apporter un petit apport économique à sa communauté modeste.
Le dernier type appelé espace non bâti ponctuel (fig 25/26) représente tous les espaces vides restants. L’usage de leur densification viendra à long terme pendant l’évolution du faubourg en fonction des besoins des habitants. Il est aussi possible qu’aucune modification ne soit apportée. Actuellement, ces espaces sont en état de friche mais ne sont pas nécessairement un problème. Les habitants les ont investis et les utilisent comme une extension du seuil entre la rue et leur logement. Ils y garent leur voiture, y installent des cabanes pour enfants ou accrochent leur linge de leur fenêtre au poteau électrique. Ces friches jouent donc un rôle essentiel dans le mode de vie des Alambres et le rapport à l’espace public (fig.27/28/29/30)
11. Le cactus, une idée à creuser à Cerbère, Elise Haro, L’indépendant, 01 Février 2021 Les cactus au secours de la planète, Nationa Geographic, Juliette Heuzebroc, 2021
Fig.25 : Exemple d’un espace ponctuel non bâti en tête d’îlot rue Mayor de Chamberí
Fig.24 : Figuiers de Barbarie et essences de cactus
Fig.26 : Autre exemple d’un espace ponctuel non bâti en tête d’îlot rue Estrecha de Tejares
Fig.27 Le linge tendu dans l’espace vide
Fig.29 L’espace non bâti comme parking sauvage
Fig.28 Un jardin approprié
Fig.30 : La rue comme espace personnelle pour son vélo
les différents espaces non bâtis et les perspectives de traversée urbaine
Fig.31 : Carte des Alambres représentant
2.2 Le logement individuel groupé comme proposition pour conserver un mode de vie
DES ILOTS PARALLELES PORTEURS DE PROJET
Après avoir à nouveau analysé les espaces vides disponibles, nous avons retenu deux îlots de logements où certains vides cohabitent. Le premier îlot se situe entre la rue Mayor de Chamberí et la rue Estrecha de Tejares. On y trouve deux logements collectifs de trois étages côte à côte et deux anciennes maisons populaires au milieu d’un espace non bâti ponctuel et d’un espace en tête d’îlot. Le second îlot parallèle au premier est entre la rue Estracha de Tejares et Cordel de Merinas de Chamberí .On y trouve cinq maisons populaires au milieu d’un espace non bâti ponctuel. Une des particularités qui nous a attiré est que la réunion de ces deux îlots permet d’obtenir un type d’espace non bâti en enfilade que nous intégrerons dans notre proposition. Les parcelles non bâties sur lesquelles nous allons réaliser notre programme sont constructibles et appartiennent à la mairie. On y trouvait précédemment du logement auto-construit mais il a été démoli entre 2005 et 2006.
Les projets des architectes Antonio Diaz et Damian Quero proposent des pistes essentielles pour aborder les projets résidentiels en périphérie qui prennent en compte les différences entre la ville et son territoire proche. Selon eux «l ne faut reproduire dans la périphérie ni la forme et les perspectives de la ville traditionnelle ni un traitement rural archaïque. Il faut plutôt concevoir des pièces exprimant une nouvelle condition urbaine, composées de manière équilibrée par des espaces communs, des infrastructures et des espaces naturels»12 Cette vision nous intéresse et nous a aidé à réaliser un programme fonctionnel à Salamanque (fig.32). Nous avons vu précédemment que les Alambres ont des qualités qui peuvent être utilisées pour attirer des familles à la recherche de convivialité et de solidarité intergénérationnelle. En plus de pouvoir recomposer avec le réseau social des Alambres, ces familles pourront bénéficier d’un mode de vie modeste mais de qualité dans une nouvelle typologie de logement. Nous allons développer deux typologies de logements individuels groupés. La première est un T3 de 125 m² qui pourra accueillir une famille sans enfant ou avec un ou deux enfants. La deuxième est un T5 où il sera possible d’accueillir en plus des enfants, un couple de grands-parents ou un jeune adulte prenant son envol dans un studio de 80 m² connecté au premier logement. Nous faisons une proposition de logement intergénérationnel qui permet à trois générations différentes de vivre ensemble tout en respectant l’autonomie et l’intimité de chacun. Nous proposons une offre de logements individuels groupés, ce qui permet de conserver le mode de vie typique des Alambres avec des maisons reliées sur l’extérieur par un espace semi-public, tout en diminuant les coûts de construction et de mise en œuvre. Cela permet aussi aux habitants de réaliser le rêve de la maison avec jardin, tout en développant le vivre ensemble.
UN PHASAGE SUR PLUSIEURS ANNEES
Le projet de logement individuel groupé sera la première pierre d’une re-densification douce et progressive sur les deux îlots sélectionnés et apportera une première percée vers l’îlot parallèl (fig.33 - 34). Une fois le logement lancé, l’espace urbain déjà existant pourra s’agrandir dans l’espace en enfilade afin d’accueillir de la biodiversité dans un nouveau parc. Cette traversée verte permettra d’allonger l’axe de flux de piétons ouvert vers le quartier limitrophe de Vistahermosa.
L’espace bâti en tête d’îlot de la première parcelle pourra accueillir un pôle associatif pour répondre aux besoins précédemment évoqués des habitants. Nous y placerons une cafétéria participative dans laquelle les habitants pourront se réunir, partager leur savoir-faire et s’entraider. Mais aussi développer la nouvelle utilisation du cactus pour la faire découvrir au plus grand nombre (fig 35).
A côté de ce nouvel espace de partage, nous proposons de développer une crèche semi-participative. Les quartiers sud n’ont que très peu d’équipements pour l’accueil des tout petits. Cela peut s’expliquer par le rôle important que jouent les grands-parents dans la garde des petits enfants. En Espagne, la moitié des grands-parents s’occupent de leurs petits enfants quotidiennement et 70% d’entre eux pendant les vacances scolaires13. Ce phénomène s’explique par une vision culturelle de la famille mais aussi par des raisons financières suite à la crise économique : les parents n’étaient plus capables de payer pour la garde d’enfants. Cette proposition de crèche semi-participative permettra de diminuer le prix de garde pour les parents, en invitant les grands-parents à se retrouver pour partager la tâche de la garde des enfants tout en s’appuyant sur l’aide de professionnels de la petite enfance. 13. En Espagne, les papys font de l’assistance, Morel Sandrine, 19 Octobre
Fig.33 : Etat des lieux des deux îlots
Fig.34 : Début du phasage. Lancement du projet de logement. Durée trois ans maximum
Fig.35 Poursuite du phasage avec le pôle associatif jusqu’à huit ans maximum
3.1 Un projet qui s’intègre au tissu urbain poreux
TOURNER LE DOS A LA TRAME DES ANNEES 1980
Les îlots des Alambres ont été redessinés dans des trames de 130 m par 25 m et toutes les maisons qu’elles soient initialement des maisons individuelles populaires, ou à deux étages se sont implantées les unes à côté des autres. En moyenne, une parcelle pouvait accueillir une vingtaine de maisons. Chaque nouvelle construction aux Alambres propose de s’ouvrir directement sur la rue sans transition aucune avec la route. Nous avons pris le parti de tourner la trame issue du plan d’urbanisme établi dans les années 1980 à 90° pour profiter d’une orientation est/ouest. Ce geste nous amène à nous inscrire dans le sens de la pente de la parcelle (fig 36). Ces décisions nous permettent de nous affranchir de l’étroitesse de la trame urbaine initiale et de proposer une trame sur mesure en long qui fait écho à notre stratégie de densification douce.
S’installer dans la pente permet à nos logements en bandes de profiter d’une absence de vis à vis et d’une plus grande intimité. Elle permet aussi un cadrage important sur l’extérieur. En proposant une typologie rectangulaire en bande, nous dotons chaque logement de deux espaces extérieurs à ses extrémités. Chaque logement a un patio non couvert qui fait office de porte d’entrée et d’espace tampon avec la rue et a aussi un jardin privé à l’autre extrémité de l’habitat. Nous divisons ensuite la parcelle. Trois T3 s’implanteront à l’ouest, et deux typologies à mixité intergénérationnelle s’inscriront en parallèle à l’Est. Afin de créer de la porosité et de ne pas reproduire un projet en un seul bloc, nous proposons une traversée urbaine entre les deux typologies de logements.
3. Murs de séparation 4. Toiture plate
Fig.36
de principe dans l’insertion de la pente et la structure bâti
1. Parcelle en pente
2. Encrage béton
CREER UN NOUVEAU FLUX PIETON VECTEUR DE POROSITE ET D’AMENITE
Dans la partie sur notre stratégie d’urbanisation douce, nous avons évoqué la création de traversée urbaine en connexion avec celles déjà réalisées par la mairie et/ ou à travers nos espaces non bâtis en enfilade. Nous pensons qu’il est essentiel d’apporter un espace intermédiaire entre nos logements. Cet espace est traversé par tous mais fonctionne comme desserte et se fait support des usages et des modes de vie entre voisins (fig 37). Durant notre visite en octobre 2021, nous avons observé des usages dans les rues, comme plusieurs grands parents qui discutaient sous un banc ombragé ou le partage d’un apéritif entre deux voisins. Cette nouvelle traversée pourra être utilisée par exemple pour les fêtes de village, comme espace de jeu pour les enfants ou simplement comme espace de repos entre deux promenades (fig 40).
En plus d’améliorer la qualité de vie des habitants de nos logements, celle de la place des piétons dans l’espace urbain est une thématique importante aux Alambres. La mairie a déjà contribué à donner plus de place aux usagers en reconstruisant les routes et en installant des trottoirs devant chaque logement mais le faubourg est peu adapté à la promenade.Il n’y a aucun jardin qui ponctue le tissu des Alambres à part le promontoire rocheux en bord de faubourg et la butte qui sépare les Alambres de Vistahermosa. Ainsi, en plus de leur offrir une traversée urbaine, nous voulons permettre aux piétons de prendre un peu de distance avec la chaussée grâce à des zones plantées le long des façades.
RENFORER LA STRUCTURE PAYSAGERE DU LIEU
Conscientes des enjeux environnementaux et hydriques présents à Salamanque et aux Alambres, penser à l’identité paysagère du secteur nous semblait être un élément essentiel. Les Alambres n’ont presque pas d’espaces verts, si ce n’est quelques jardins plantés par des habitants à l’arrière de leurs logements ou une flore sauvage au milieu d’espaces non bâtis. En aménageant les routes, la collectivité a replanté quelques jeunes arbres le long des routes principales comme la rue Cordel de Merinas de Chamberí qui sépare du quartier Vistahermosa.
La place de la végétation et de la biodiversité sont des éléments importants pour le travail urbain des Alambres. La sécheresse croissante que nous avons observé précédemment et la proximité avec les champs exploités utilisant des pesticides font reculer la richesse de la biodiversité dans ce faubourg. Il est nécessaire de vivre avec la diminution des ressources hydriques et pour cela, nous ne pouvions pas nous permettre d’importer des essences végétales trop gourmandes en eau. Nous proposons une sélection d’essences végétales capables de s’adapter au climat. La présence de végétation permettra par la même occasion d’offrir un refuge à la faune locale.
C’est pourquoi nous commençons par renaturaliser le trottoir le long de la rue Cordel de Merinas (fig 38). Nous nous intégrons aux plantations de platanes de la collectivité en proposant des poches vertes où il sera possible de retrouver différentes variétés de cactus, des charmes et différentes espèces de
succulentes. Parmis ces essences, il nous paraît important d’intégrer le figuier de barbarie afin de faire écho à sa culture naissante dans le faubourg. Ces mélanges d’essences pourront être repris et couplés dans les traverséesurbaines et les parcs en enfilade (fig 39) pour permettre une continuité des espaces extérieurs.Ce travail paysagé permettra de renforcer les sols, de réduire une consommation importante en eau d’arrosage mais aussi d’offrir du plaisir aux habitants. Ces espaces verts seront un élément fédérateur du bon vivre aux Alambres et apporteront des zones pour profiter du beau temps et du faubourg en général.
Traversée du projet
Traversée de la mairie
Fig.40 Calicot - Espace de vie commune, l’escalier de la traversée urbaine sert de seuil et de lieu de rencontre
Fig.38 : Aménagement possible d’un front bâti du logement, rue Cordel de Merina
Fig.39 : Aménagement possible d’une des traversées urbaines en enfilade
Rue Cordel de Merinas
Rue Cordel de Merinas
Rue Mayor de Chamberi
3.2 Gradation de l’intimité : une scénographie de la rue jusqu’au jardin privatif.
Nous proposons de suivre le chemin de deux familles : les Blazquez dans un T3 familial et les Gonzalez dans un logement intergénérationnel.
La famille Blazquez monte le long de la traversée urbaine. L’entrée sur le logement commence par un espace intermédiaire large de 4.5 m qui fait office de seuil.L’accès au logement se fait depuis un patio en briques ouvert sur la rue. Après avoir franchi un mur en moucharabieh qui permet d’isoler de la vue des voisins, ils arrivent chez eux. Ils entrent dans leur T3 familial (fig 41). Sa typologie en bande oblige à vivre dans la longueur. Les pièces sont en enfilade et desservies par un seul couloir.
C’est l’opportunité de réaliser une gradation de l’espace intime. Le séjour est le premier espace de vie. Il est pensé pour être capable d’accueillir plusieurs personnes et s’ouvre sur le patio grâce à une large baie vitrée. Ainsi selon les saisons, l’espace de vie de la famille Blazquez évolue. L’hiver, les usages vont contracter le séjour autour de la chaleur d’un poêle, tandis que l’été la pièce de vie va s’étendre jusqu’au patio.La pièce suivante est la salle de bain. qui permet de centraliser les arrivées d’eau et de créer un espace tampon avec les parties privées de la maison : les deux chambres. En plaçant les chambres à l’extrémité du logement, côté jardin, nous renforçons le caractère calme et intime de ces pièces. Enfin, la couloir s’ouvre sur une nouvelle porte vitrée qui donne sur le jardin privatif.
La famille Gonzalez quant à elle, habite dans un logement intergénérationnel. La partie supérieure du logement est identique au T3 familial (fig 42). Le studio est à un niveau plus bas (fig 43) . Cela permet à chacun des adultes de profiter de son intimité. Un escalier situé à l’intérieur des logements crée un lien entre le logement familial et le studio. Un autre accès est pensé à l’extérieur afin de permettre une plus grande autonomie dans les aller-retours de chacun lors de la cohabitation.
Fig.41 : Plan du T3 de la famille Blazquez
Fig.42 Plan du T3 de la famille Gonzalez
Fig.43 : Plan du studio de la famille Gonzalez
1.80
3.3 Un projet low tech qui repond aux besoins des habitants
DES MATERIAUX ISSUS DE FILIERES ET SAVOIR-FAIRE LOCAUX
Nous avons observé précédemment que l’histoire constructive des Alambres était fortement liée aux matériaux utilisés par les agriculteurs et disponibles sur place. Les maisons autoconstruites ont été réalisées avec les ressources locales et ce savoir-faire s’est perpétué lors de la construction du pueblo dirigido avec l’arrivée du PLU. Utiliser les mêmes matériaux locaux nous permet non pas de reproduire un souvenir constructif du passé mais de faire écho à l’efficacité de l’époque.
Notre stratégie constructive peut se décliner en quatre étapes (fig 44). Nous avons des murs en béton de site qui nous permettent de nous inscrire dans le sens de la pente et d’avoir un confort thermique toute l’année. L’usage du béton de site permet aussi de réduire les coûts de mise en œuvre. Nos dalles en béton de site sont ensuite posées sur des vides sanitaires et bénéficient ainsi de l’inertie du sol. Nous avons ensuite des murs de remplissage avec deux matériaux différents, de la brique et de la pierre. Pour les murs qui isolent, nous avons des murs en pierres banchées construits grâce aux chutes de pierres de Villamayor. Cette ville se situe à une trentaines de minutes de Salamanque. Elle abrite plusieurs carrières dont certaines sont aujourd’hui protégées. Les pierres dorées de Villamayor sont symboliques de Salamanque car elles sont le matériau de construction du centre historique. La pierre de Villamayor est à la fois blanche, jaune et légèrement rosie en fonction de son exposition au soleil et à la pluie. En utilisant cette pierre, nous rappelons que malgré son excentrement, le faubourg fait partie de Salamanque.
L’utilisation de la brique est également très présente dans les techniques constructives espagnoles, comme nous avons pu le constater dans les quartiers adjacents aux Alambres. C’est pourquoi les murs intérieurs sont en briques pleines et le moucharabieh en briques pleines perforées.
Enfin, nous proposons une toiture en béton de site qui accueille un système végétalisé hydroactif.
UN PROJET FRUGAL ET LOW TECH
Le mode de vie économe des habitants des Alambres nous paraît vertueux dans sa frugalité. Nos logements doivent mettre en avant cette qualité en usant de simplicité mais en proposant des éléments qualitatifs. L’usage de la pente nous a permis de proposer un système de puits canadien pour tirer au maximum profit de l’inertie thermique du sol.
Les pièces ayant particulièrement besoin d’êtres chauffées pour le confort sont la pièce à vivre et la salle d’eau. Nous ajoutons donc un poêle à bois dans la pièce à vivre, comme élément structurant de l’espace (fig 45). Le poêle a longtemps été le seul moyen de chauffage dans le faubourg et cette source de chaleur jouait un rôle social autant que thermique. Le brasero était un système récurrent très présent dans de nombreux habitats dans les années 1960 à 1970 aux Alambres : “A la campagne aussi c’était dur mais on avait un petit poêle pour se tenir au chaud en hiver”14 nous témoigne Bernada Perez Rivas, une visiteuse des Alambres dans les années 60. Nous intégrons cette pratique issue de décennies dans notre projet. La salle d’eau est séparée de la pièce à vivre par une cloison en briques. A l’intérieur des chambres et de la salle d’eau, des petits chauffages électriques seront installés pour être utilisés lorsqu’il fera froid (fig 46).
“A la campagne aussi c’était dur mais on avait un petit poêle pour se tenir au chaud en hiver”
Bernada Perez Rivas, visiteuse des Alambres dans les années 60.
une qualité paysagère depuis les baies vitrées. Les vues qui donnent sur les Alambres en contrebas sont donc plus plaisantes et la dureté des matériaux est adoucie par la végétalisation de celle-ci. Comme les espaces paysagés précédemment cités sur les parcelles, les essences en toiture (fig 48) ont été sélectionnées pour répondre à la pénurie d’eau. On y retrouvera principalement des cactus, des figuiers de barbaries mais aussi d’autres plantes grasses comme l’aloe vera, etc. Même si les essences sont résistantes à la sécheresse, la toiture leur permet un apport en eau constant grâce à des mèches qui font remonter par capillarité l’eau stockée.
Les toitures des logements auront des casquettes qui protégeront du soleil estival. Elles permettront aux piétons de trouver un abri contre le soleil cuisant dans la nouvelle traversée entre les logements mais aussi dans le patio et le jardin privatif pour les habitants. Nous avons réinterprété l’usage des balcons sur les logements du Pueblo dirigido lorsque nous avons remarqué que ces avancées offraient une protection contre le soleil et la pluie pour les piétons et les façades. En plus d’avoir pensé la protection solaire, les orientations différentes du jardin et du patio permettent d’avoir un espace extérieur à l’ombre tout au long de la journée. (fig 49)
Fig. 48 diverses essences végétales possibles : Agave, belle de jour, Aloes, joubarde, sariette, achilée...
Fig.47: Coupe schématique du détail de toiture
Fig.49 : Coupe dans la pente de trois logements T3
PENSER LE DETAIL DANS LES USAGES DU QUOTIDIEN
La frugalité appelle à la simplicité mais cela n’empêche pas de penser au moindre détail qui pourrait offrir une qualité de vie supérieure aux futures familles espagnoles. Le poêle structure l’espace pour le chauffer mais permet d’attirer les gens autour pour discuter et appuyer l’échange dans la salle de vie. (fig 51).
Afin de permettre un confort visuel et matériel, chaque pièce a un revêtement de sol différent. La pièce principale a un calepinage en carrelage de terre cuite à motifs tandis que la salle de bain accueille de grands carreaux clairs. Le sol des chambres est travaillé avec du parquet pour qu’il soit plus chaud et commode de marcher pieds nus ou de jouer par terre pour un enfant. A l’extérieur, le sol du patio est aussi traité avec des dalles en terres cuites extérieures tandis que le jardin privatif mêle avancée en béton et herbes (fig 50)
De la faïence est disposée dans la cuisine et dans la salle de bain afin de protéger les plans de travail et les zones à proximité des plaques de cuisson. Les baies vitrées peuvent être protégées par un double rideau. Un premier rideau fin et clair permet la traversée de la lumière mais offre de l’intimité en occultant un peu la vue. Le second rideau permet d’occulter complètement la vue et la luminosité pour remplacer les volets.
Enfin nous avons pensé le mobilier du logement comme une double peau. Des espaces de rangement ont été intégrés au nord des logements, sur toute la longueur des fenêtres bandeaux. Ils permettent de créer une couche d’isolation supplémentaire et de gagner de la place en y intégrant les meubles. D’autres placards situés dans les chambres contre la cloison mitoyenne avec le couloir servent également de protection acoustique et permettent, une fois de plus, de renforcer l’intimité de la pièce.
Fig.50: Calicot - Vue depuis le patio de la famille Gonzalez
Fig.51 : Calicot - Vue intérieure du logement de la famille Gonzalez
Conclusion
Salamanque, au même titre que d’autres villes espagnoles comme Barcelone ou Valladolid, ne peut plus ignorer les problèmes liés aux changements climatiques et à la pénurie d’eau. Pour ce faire, il est essentiel de mettre fin à l’artificialisation des sols, surtout dans une ville comme Salamanque qui perd des habitants. Le tissu urbain du faubourg des Alambres est une opportunité car il est possible d’y construire des bâtiments neufs sur des parcelles non construites mais qui ont déjà été artificialisées. L’urbanisation de ces parcelles non bâties ne doit pas se faire par une table rase mais en prenant en compte l’existant et ses qualités. La richesse de cet existant réside à la fois de manière concrète dans les qualités constructives du construit, mais de façon intangible dans le mode de vie des habitants du quartier. Cette manière de vivre communautaire avec des valeurs de convivialité et d’entraide nous paraissent essentielles à consolider par notre architecture.
Notre positionnement d’architecte dans ce projet est d’accompagner la transition identitaire et constructive de ce faubourg à la limite de la ville et de sa couronne agricole. Notre stratégie programmatique multisite démontre qu’une re-densification sur mesure des Alambres permet d’en conserver les qualités durant toute sa temporalité. Une parcelle, qu’elle soit bâti ou non, est généreuse en étant support d’appropriation de l’espace public ou de projet. Cela justifie un montage programmatique à long terme qui combine des opérations aux temporalités différentes.
L’offre de logement individuel groupé est un levier d’action pour les Alambres. Il permet au faubourg de regagner en attractivité, tout en permettant à ceux qui le souhaitent de conserver ou découvrir l’entraide qui règne dans ce quartier. Nous proposons de sortir du modèle construit en bande collective qui se standardise pour proposer des logements reprenant toutes les qualités initiales des habitats des Alambres. Nous défendons un logement qui permet de vivre à plusieurs et de consolider les liens de voisinage tout en respectant l’intimité de chacun. Nous appuyons également la nécessité de choisir des cultures constructives low tech et locales, enrichies par plusieurs décennies d’application aux Alambres. En somme, c’est un projet adossé à un constructif soucieux de répondre aux contraintes notamment climatiques mais aussi d’offrir un bien-être au quotidien à ses habitants avec une volonté de s’inscrire dans une parcimonie de moyens.
Bibliographie
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