le Rwanda, l’Ouganda, le Burundiet leur position au sujet des droits LGBTI.

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L’Afrique des Grands Lacs: le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et leur position au sujet des droits LGBTI. Panel de l’ILGA au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, 7 juin 2011, « Le consensus grandissant entre les gouvernements concernant la fin de la criminalisation basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre » par Naome Ruzindana, Directrice de Horizon Community of Rwanda

La région dont je vais vous parler aujourd’hui est connue sous le nom de l’Afrique des Grands Lacs. L’Afrique des Grands Lacs est constituée de la République Démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda, de l’Ouganda et de la Tanzanie. Nous pensions que la situation des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transsexuels et des personnes intersexuées (LGBTI) dans l’Afrique des Grands Lacs s’était améliorée, elle s’est au contraire empirée. Les mesures de protections contre les discriminations, les violences et l’’intolérance fondés sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont insuffisantes et les pouvoirs publics font monter le spectre des persécutions et de la haine. La magnifique région des Grands Lacs est témoin de violations massives des droits humains, les hommes politiques se concentrent davantage sur des législations qui pénalisent l’homosexualité plutôt que sur le travail du gouvernement et sur les électeurs qu’ils représentent. Ainsi, les législateurs ont principalement passé leur temps à évaluer et à élaborer des lois qui définissaient l’homosexualité comme une pratique contre nature. Dans mon pays au Rwanda, qui en 1994 a connu un terrible génocide durant lequel près d’un million de citoyens ont été tués, l’arrestation arbitraire de citoyens LGBTI et d’activistes gay ne cesse d’augmenter. Nombre d’arrestation et d’abus de personnes LGBTI sont passés sous silence, bien que nous ayons terminé avec succès une campagne nationale à propos de la dépénalisation de l’homosexualité.

Le gouvernement actuel interdit toute forme de discrimination fondé sur le genre, l’ethnicité, la prétendue « race » ou la religion. En décembre 2009 après l’intervention d’activistes gay internationaux, le gouvernement rwandais avait refusé des rapports dans lesquels le parlement prévoyait une révision du code pénal afin de pénaliser l’homosexualité. Le Ministre de la justice


Tharcisse Karugarama avait alors déclaré que le gouvernement considérait l’orientation sexuelle comme relevant de l’ordre privé et qu’il n’était pas question de pénaliser l’homosexualité.

Le gouvernement du Ministre rwandais Vow « ne pénalisera d’aucune façon l’homosexualité ». La loi rwandaise ne se prononce ni sur l’homosexualité ni sur la protection des personnes LGBTI. Cela a provoqué une grande confusion car le silence ne fournit aucune indication sur l’abolition de la loi. Nous ne dépendons que d’une déclaration formulée par le Ministre de la justice et nous craignons avant tout que notre gouvernement subisse des pressions en mettant la loi en suspens. Par ailleurs, les taux d’harcèlement et d’intimidation liés à l’homosexualité perpétrés par la communauté et la police dans le pays est en augmentation, ce qui a été confirmé par l’arrestation l’année dernière de deux de nos membres à cause de leur identité de genre et de leur apparence vestimentaire. Comme si la constitution prévoyait un code vestimentaire pour les hommes et pour les femmes.

Néanmoins, il y aussi une bonne nouvelle. Notre gouvernement a fait un pas en avant dans la région des Grands Lacs en soutenant la déclaration commune des Nations Unies pour mettre un terme aux actes de violence et des violations des droits humains fondés sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Nous les saluons.

En Ouganda


Bahati a soumis un projet de loi “deadly Bill”, même si c’était une initiative personnelle, qui a été applaudi par la plupart des membres du parlement. La loi aurait pu être appliquée si la communauté internationale n’avait pas condamné les clauses qui menaçaient de mort les personnes LGBTI. Bahati appartient au parti NRM qui est au pouvoir et a largement remporté les élections tenues le 18 février dernier. La version actuelle de la loi ne vise pas seulement à la pénalisation de relations consentantes entre personnes du même sexe, mais prévoit aussi l’arrestation de tous ceux qui participent à la promotion des droits des personnes LGBTI. Toutes les associations qui participent à la défense et à la promotion de relations sexuelles contre nature sont donc interdites. Le célèbre « Kill the Gays » risque de revenir.

Le projet controversé de loi anti-homosexuel fait partie d’une série de lois que les Membres du Parlement du Comité des Affaires parlementaires et légales doivent débattre après les rendez-vous des Ministres. Des audiences publiques sont attendues au sujet de la loi et de son auteur David Bahati, Membre du Parlement qui d’ailleurs « a salué l’évolution ». L’Ouganda fait partie des 76 pays qui pénalisent l’homosexualité. Si le projet de loi était approuvé, l’Ouganda sera le 8ème pays au monde où l’homosexualité est passible de peine de mort. L’année dernière en octobre, le tabloïd ougandais Rolling Stone a publié noms et adresses d’homosexuels présumés sous le titre « Pendez-les ». J’étais moi-même sur la liste ainsi que le regretté David Kato et bien d’autres. Par la suite, nous avons décidé de porter l’affaire devant les tribunaux et une injonction a été prononcée contre toute publication incitant à la violence contre les homosexuels. En janvier, David Kato a été assassiné chez lui et le meurtrier qui a avoué les faits n’a pas été jugé.


La mort violente du leader des droits humains David Kato a laissé les membres de la communauté LGBTI sous le choc, endeuillés et attristés ; sa mort a contribué à baisser l’estime de soi des personnes LGBTI et renforcer leur crainte.

Les gays burundais subissent de nouvelles lois radicales anti-gays Au début de l’année dernière, le Burundi a appliqué une nouvelle législation radicale anti-gay qui pénalisait l’homosexualité et punissait jusqu’à deux ans de prison des relations entre personnes du même sexe. Le statut des personnes LGBTI au Burundi a subi des changements alarmants après que le Président Pierre Nkurunziza a signé secrètement une loi –rejetée précédemment par le Sénat – qui vise à légiférer l’existence de l’homosexualité, poussant les personnes LGBTI à vivre encore plus cachées. Des hommes homosexuels ont déclaré que leur quotidien a été marqué par la hausse de la discrimination et de la peur à la suite de l’introduction de cette interdiction draconienne et controversée. Au Burundi, les difficultés d’être gay ou lesbienne comprennent entre autres les violences sexuelles, l’intimidation policière, le rejet de la famille et maintenant il faut ajouter la possibilité d’être envoyé en prison. Les développements mentionnés ci-dessus rencontrent de plus en plus de résistance au niveau régional et international. Les groupes LGBTI et des droits humains de la région des Grands Lacs ont besoin d’un soutien plus fort de la communauté international pour faire face aux problèmes. La communauté internationale a été d’une grande aide par exemple, elle s’est assurée que la loi ougandaise ne soit plus jamais prise en considération. Nous devons persévérer afin d’étendre le peu d’espace laissé aux personnes LGBTI dans le monde. Naome Ruzindana

Naome est une féministe et membre fondateur de la Coalition des Lesbiennes Africaines et membre de son comité exécutif depuis sa création. C’est une infatigable activiste et défenseur des droits de l’homme. Elle est également membre fondateur de Horizon Community Association (HOCA) et la directrice de HOCA. Elle est membre du comité de direction de Pan Africa ILGA et est actuellement la Co-secrétaire Générale suppléante du comité de direction de ILGA World. Elle a été très impliquée et est vivement engagée dans la construction et la mobilisation du mouvement LGBTI en Afrique de l’est. Au Rwanda, elle a joué un rôle clé en menant la lutte contre le gouvernement rwandais qui comptait pénaliser les relations entre personnes du même sexe.


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