Révéler Ceccia : Place à une nouvelle centralité - Livret Projet de Fin d'Etudes SCHONBUCH Eglantine

PROJET DE FIN D’ÉTUDES

RÉVÉLER CECCIA : PLACE À UNE NOUVELLE CENTRALITÉ ÉTUDE AU SEIN DE LA COMMUNE DE PORTO-VECCHIO

Eglantine SCHONBUCH et Nicolas TAFZI PFE Architecture et Méditerranée ENSA Paris Belleville 2023-2024

Remerciements Nous tenons à remercier en premier lieu nos professeurs encadrants Mme Virginie Picon-Lefebvre et M. Jérôme Habersetzer pour leur présence régulière et leurs conseils indispensables à l’avancement du projet, Mais aussi Mesdames Nathalie Apostolatos et Marie-Joséphine Pellegri pour leur aide éclairée dans l’orientation des projets en tant que représentantes sur place.

Un grand merci aux habitants de Ceccia qui nous ont accueilli chaleureusement et fourni des informations primordiales pour notre recherche, et tout particulièrement à Mme France Castelli mais aussi à Jean-Marc, Antoine, Lucette et bien d’autres.

Enfin, nous remercions nos proches pour leur soutien sans faille jusqu’au terme de ce projet de fin d’études.

SOMMAIRE

I. Des enjeux multiples Le potentiel inexploité de Ceccia

7.

Les sites archéologiques torréens, des témoins du passé inaccessibles

10.

La maison paysanne comme reflet du XIXe siècle

12.

Un village en déclin et la nécessité de lui redonner vie

14.

Le cœur de Ceccia, un lieu présentant des qualités à révéler

16.

II. Un centre revitalisé pour Ceccia Une stratégie d’intervention pour renouveler l’attractivité

18.

La mise en valeur et la reconnexion de sentiers invisibles

20.

Une place pour Ceccia

22.

De nouvelles manières d’habiter l’existant

24.

Le centre animé par une densité renforcée

28.

Un modèle de revitalisation en plusieurs temps

30.

1

I. DES ENJEUX MULTIPLES : Le potentiel inexploité de Ceccia

Ceccia, un village entre plaine et montagne Le village de Ceccia est situé dans la commune de Porto-Vecchio au Sud de la Corse, à 6,5 km de la ville. Il est traversé par des routes menant, d’une part, à la plage très touristique de Santa Giulia, et d’autre part à Figari, où se trouve l’aéroport. Il est situé à flanc de colline, le long du Massif d’Arapa et Petra Longa et s’intègre en balcon sur la plaine du Stabiacciu et la suberaie de Ceccia. Son altitude moyenne s’élève à 60m (NGF) mais l’ancien groupe d’habitations se trouvait plus en amont, jusqu’à 80m (NGF).

Comprenant Chiosella ainsi que les habitations situées le long de la route de Figari, le village accueille aujourd’hui environ 180 habitants. Sa population est vieillissante et ne se déplace pas, ou très peu. Seule une navette du service social et un bus scolaire font étape au village.

En ce qui concerne la destination des bâtiments de Ceccia, elle est presque uniquement résidentielle avec en majeure partie des résidences principales, notamment dans le centre ancien. Les maisons récentes se positionnent davantage le long de la route de Figari et après Chiosella. À l’entrée du village se trouvent une petite église et une école fréquentée par une dizaine d’enfants venant des hameaux environnants.

Vue de Ceccia en 1980, IGN. 7

Un enjeu triple pour la revitalisation du village

de ce centre, celui-ci a gardé cette qualification mais uniquement grâce à des usages plus informels. Ce projet intègre ainsi une réactivation de cette centralité afin d’y créer un lieu de convivialité pour les habitants et d’accueil pour les promeneurs.

Après avoir visité Ceccia, nous avons identifié différents potentiels et certaines problématiques nécessitant des interventions. Le village manquant aujourd’hui de dynamique compte tenu des possibilités qui s’offrent à lui, nous nous sommes posé comme question principale : Comment redonner envie de vivre à Ceccia aujourd’hui ?

Enfin, le troisième axe majeur réside dans la mise en valeur du patrimoine bâti. Les maisons existantes, datant du XIXe siècle, sont en grande partie en indivision, inhabitées et non entretenues. Peu d’habitants vivent encore dans cette partie du hameau, pourtant très belle. Nous retrouvons ainsi des maisons en granit donnant sur la vallée, mais qui aujourd’hui donnent au village une allure délaissée. Nous avons donc saisi le potentiel de réhabilitation que représentent ces maisons traditionnelles de la Corse du Sud afin de permettre à de nouvelles familles de s’y installer, et à plus grande échelle de répondre au besoin de la commune de Porto-Vecchio.

Pour y répondre, nous avons mené un projet s’étendant sur plusieurs disciplines et plusieurs lieux d’interventions à Ceccia, allant du paysage et de l’urbain, à l’architecture. Les trois axes de ce Projet de Fin d’Études découlent d’enjeux majeurs relevés sur place afin de mener à bien ce projet de revitalisation.

Le premier axe majeur est la mise en valeur de sites archéologiques préhistoriques, situés à proximité immédiate du village. Ceux-ci, et particulièrement celui de Ceccia, présentent des difficultés dans leurs cheminements et manquent de visibilité. L’amélioration de leur accès et des différents parcours permettrait de revaloriser l’attrait de ces sentiers archéologiques remarquables. Ce regain touristique a pour objectif de renforcer l’attractivité du village, notamment en son centre ancien.

Nos interventions se développent alors autour du centre avec une place du village, comprenant un petit équipement mis à la disposition des habitants et des visiteurs. On y trouve également le départ du sentier depuis la place, avec de nouveaux aménagements le long du parcours. Enfin, cette nouvelle centralité s’appuiera sur la réhabilitation de maisons anciennes situées à proximité du centre et sur la création de nouveaux logements en écho, venant développer une vie sociale à Ceccia.

Le deuxième axe concerne la redynamisation sociale de Ceccia, désertée par ses habitants et ne présentant pas de réel lieu de rencontre. Notre intervention comprend donc également l’activation d’une centralité, signalée en jaune sur la carte ci-contre. Celle-ci correspond aujourd’hui au départ du sentier archéologique et au centre géographique du village. Mais cet espace, dénué d’usage propre, ne vit pas à la hauteur de son potentiel.

Le village de Ceccia s’étant d’abord installé à flanc de montagne, à proximité

Ce projet prend place dans une réflexion plus globale sur la revitalisation de ce village, menée en parallèle par nos camarades. Le regain d’attractivité touristique et sociale généré par nos interventions entre en correspondance avec leurs propositions de densification et de dynamisation habitante, par le développement de davantage de logements à l’entrée du village ainsi qu’une épicerie et l’agrandissement de l’école.

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Porto-Vecchio : 10 min, 6,5 km

Légende

Casteddu di Bruschiccia

École Église Centre ancien à revaloriser

Casteddu di Ceccia

Sites archéologiques Sentiers

Ceccia

Massif d’Arapa & Petra Longa

Chiosella

Plaine du Stabiacciu, suberaie de Ceccia

Figari : 15 min, 15 km

Casteddu di Tappa

Santa Giulia : 15 min, 8 km

Les atouts de Ceccia.

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100 200m

Les sites archéologiques torréens, des témoins du passé inaccessibles L’architecture torréenne est issue d’une culture préhistorique qui s’est développée principalement au Sud de la Corse. Elle y est présente sous la forme de casteddi (enceintes) et de torre (petites tours), constructions en pierre granitique prenant place sur des chaos rocheux au sommet de collines.

Ces derniers sont des formations rocheuses étonnantes qui témoignent de l’altération du granit par le ruissellement de l’eau lorsque celui-ci était encore sous terre. Dès lors que le sable granitique est enlevé par l’érosion, les boules empilées forment ces chaos 1 qui servaient de support pour la construction des torre et des casteddi.

Le positionnement de ces sites sur des points hauts pour la surveillance des terres a permis de limiter leurs accès et de conserver ces structures qui restent aujourd’hui encore peu visitées et méconnues du grand public.

Casteddu de Tappa : Ce site est l’un des édifices fortifiés les plus anciens de la microrégion et compte parmi les casteddi les plus importants de l’Âge du Bronze.

Il se compose d’un mur d’enceinte intégrant une torra et un massif rocheux au nord. En ce qui concerne sa fonction, au-delà du stockage et de la surveillance des denrées, il présente des vestiges d’ateliers artisanaux tels que des restes de poteries datant de l’Âge du Bronze. Par la suite, à l’Âge du Fer, il a également été utilisé comme un lieu de sépulture.

Les premiers vestiges recensés de la culture torréenne datent de la période Néolithique (-5700 à -2000), mais les constructions torréennes à proprement parler vont de l’Âge du Bronze (-2000 à -800) à celui du Fer (-800 à -200).

Dans les années 1960, de grands chantiers de fouilles sont réalisés sur ces sites dans le Sud-Est de la Corse. Ces recherches ainsi que des analyses postérieures plus fines ont permis d’émettre des hypothèses quant aux fonctions de ces constructions préhistoriques.

Casteddu de Ceccia : Ce vestige, situé à une altitude de 174m, surplombe le village de Ceccia et offre de l’autre côté une vue dégagée sur la baie de Porto-Vecchio.

Sa présence est attestée dès le Néolithique, mais sa véritable structuration advient au cours de l’Âge du Bronze. Son occupation devient manifeste à la fin de l’Âge du Fer et durant le Moyen-Âge. La torra, d’un diamètre de 10m, possède en son intérieur une salle subcirculaire de 2m de large donnant accès à une cavité qui devait servir pour le stockage, et à un escalier qui permet de rejoindre la plateforme de guet.

Ces édifices servaient de lieu pour « transformer et conserver les denrées alimentaires telles que les céréales tout en ayant une visibilité sur les terres à vocation agro-pastorales », mais l’architecture massive de la torra laisse aussi supposer qu’elle avait une nature défensive 2. L’usage de ces constructions serait donc « de protéger les denrées [...] mais aussi peut-être de masquer l’état des stocks aux envieux » 3.

BONNENFANT Olivier, Contexte géologique de l’extrême Sud de la Corse, Corte, Office de l’Environnement de la Corse, 2020, p. 11.

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2

Exposition « In Portivechju ! » au Bastion de France, Porto-Vecchio, 2023.

3 PECHE-QUILICHINI Kewin, « Les torre : Énigmatiques tours de l’âge du Bronze », dans : Archéologia , n° 528, 2015, p.52.

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Vue de la salle subcirculaire de la torra de Ceccia.

Relevés de la torra de Ceccia.

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La maison paysanne comme reflet du XIXe siècle Un type sobre à l’image des modes de vie

Un mode constructif dans une logique d’expansion future

Les maisons du centre de Ceccia sont typiques de la maison paysanne de Corse du Sud. Elles sont caractérisées par des murs en blocs de granit massif non enduits, des façades composées de deux travées de baies et un plan intérieur basé sur un module de 4 x 8m.

On voit fréquemment dans le village des maisons accolées presque identiques, construites à la suite d’un premier bâtiment lorsque la famille s’étend : « l’agrandissement se fait [...] dans le sens horizontal, les héritiers ne veulent pas quitter le lieu où ils sont nés, l’un d’eux garde la vieille maison et ses frères bâtissent à côté. On a ainsi ces groupes de deux, trois ou quatre maisons » 5.

Ce sont des maisons dites ‘‘simples’’, car basses en comparaison avec celles du Nord de la Corse: « c’est la maison typique du sud de l’île où la construction s’effectue avec de gros blocs de granit, pénibles à monter. [...]

Son niveau inférieur, en terre battue, est réservé à des usages d’exploitation : abris de bêtes, entrepôt de fourrage, d’outillage » 4.

Les pierres d’attentes, présentes dès la construction de la première maison, sont pensées en vue de la croissance de l’ensemble bâti, symbolisant l’expansion de la famille. La présence de celles-ci permet aux nouvelles maisons de s’intégrer plus facilement, assurant une solidité accrue et une harmonie avec celles déjà existantes.

Ces habitations du Sud, de taille réduite, optimisent l’espace en plaçant l’escalier menant au 1er étage à l’extérieur, tandis qu’une échelle de meunier est utilisée pour accéder au grenier. Le principal lieu de vie se situe à l’étage et reste ainsi accessible indépendamment du rez-de-chaussée. Ce type de maisons s’inscrivant souvent dans la pente, le niveau inférieur peut être partiellement enterré, ce qui le rend difficilement habitable. L’utilisation de l’étage comme espace de vie permet ainsi de profiter de pièces plus lumineuses et de la chaleur naturelle dégagée par les bêtes au niveau inférieur.

À Ceccia sont aussi présentes les caseddi, ou caselles, de petites cabanes en granit à rez-de-chaussée, sans fenêtres. Elles servent de remise à outils ou d’abri pour le petit bétail ou la volaille, et sont souvent accolées à la maison à laquelle elles appartiennent. Ces petites constructions représentent une possibilité d’agrandir certaines maisons selon les besoins des habitants.

Le type de la maison paysanne de Corse du Sud se décline à Ceccia à travers deux variantes : - Rez-de-chaussée avec un étage sous comble, - R+1 avec un étage sous comble, qui est la variante présentée ci-contre.

« Les maisons traditionnelles des villages de Corse », dans : Douce Cahute [en ligne], https://maison-monde.com/maisons-traditionnelles-villages-corse/

MEJEAN Paul, « Notes sur la maison corse », dans : Revue de Géographie Alpine, 1932, n° 20-4, p. 661.

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1. Toiture à deux pans en tuiles canal, faîtage parallèle à la rue.

2. Corniche « génoise » en deux rangées de briques alvéolaires ou tuiles.

3. Murs massifs en blocs de granit (environ 25x60 cm) à joints secs ou joints en mortier apparent, avec des pierres d’attente.

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4. Fenêtres verticales à meneaux en bois à 4, 6 ou 8 carreaux au nu intérieur.

Présence récurrente de volets en persiennes « à la génoise ».

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6. Balcon ou palier extérieur au-dessus de la porte.

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5. Encadrement des baies souligné par un enduit blanc.

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7. Escaliers extérieurs en bois ou béton en façade avec ferronnerie, et échelle de meunier vers le grenier à l’intérieur.

8. Portes traditionnelles en panneaux de bois cloués ou à caissons (plus récentes, XVIIIe).

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Un village en déclin et la nécessité de lui redonner vie Un village laissé de côté

paysanne à R+1 (voir p.17 et 24). L’étage au-dessus de chez elle est vide, en indivision, tout comme la maison mitoyenne qui appartient à quarante personnes à la fois. « Il pleut chez moi depuis sept ans », nous confie-t-elle, car la partie supérieure de la maison devrait appartenir à ses nièces qui ne finalisent pas les démarches chez le notaire, commencées il y a vingt ans.

Non entretenue, la maison prend l’eau et France ne peut rien faire.

« Le monde rural a longtemps été, et demeure dans l’imaginaire collectif, associé aux racines, à l’autochtonie et à la succession des générations dans un même lieu. » 11 Cette image représente pourtant bien la réalité de la vie à Ceccia aujourd’hui : un village ancré dans le temps et déserté par la jeune génération. On retrouve la famille Castelli sur toutes les boîtes aux lettres et seules les personnes âgées et celles qui travaillent dans les villages alentour y vivent encore aujourd’hui. Les déplacements hors du village ne peuvent s’effectuer qu’en voiture ou s’organisent selon les horaires d’une navette qui y passe deux fois par semaine.

Elle nous explique que, jusqu’à maintenant, l’héritage des biens s’est fait de manière orale comme il était de coutume chez les paysans corses, trop pauvres pour payer le notaire. Or aujourd’hui, la parole ne compte plus et la plupart des propriétaires n’en sont pas : ils n’ont pas de titre de propriété.

Ainsi, tout est bloqué lors de l’héritage, impossible de vendre un bien sans propriétaire officiel.

France Castelli, 84 ans et dans l’incapacité de conduire, nous explique qu’elle doit prendre le taxi pour aller chez le médecin ou le coiffeur. Elle trouve que les séniors sont « laissés de côté dans leur campagne », qu’on « ne s’occupe pas d’eux ». Le cousin germain de France, Antoine Castelli, nous raconte qu’il n’est jamais sorti de son village, ou façon de parler : il est né à Ceccia, est allé à l’école à Ceccia puis a commencé à y travailler en tant que mécanicien ; activité qu’il pratique toujours en tant que retraité, pour les voisins. Il nous raconte qu’« il n’y avait pas besoin de sortir, le boucher et l’épicier venaient au village régulièrement. Aujourd’hui, on est obligés d’aller faire les courses en voiture à Porto-Vecchio ».

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Ça bloque tout : vous ne pouvez pas vendre parce que vous n’avez pas de titre, vous ne faites pas de travaux parce que vous ne vous entendez pas.

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Des maisons vacantes D’autre part, la présence des maisons inhabitées est particulièrement frappante. France nous explique qu’elle habite au rez-de-jardin d’une maison

6 SENCÉBÉ Yannick, « Multi(ples) appartenances en milieu rural », dans : Informations sociales, 2011/2, n° 164, p. 36.

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Les maisons demeurent en indivision, donnant l’impression d’être abandonnées. Cependant, l’un des cinquante propriétaires de l’une d’entre elles nous fait comprendre qu’il y a toujours quelqu’un qui surveille, que sa propriété n’est pas abandonnée. Il évoque la complexité de parvenir à un accord avec cinquante personnes sur le destin de ce bien. Il y a « toujours quelqu’un qui résiste », dit-il avec regret.

L’association organise des événements tels que des soirées, par exemple à l’occasion des feux de la Saint-Jean ou encore sur le thème de l’histoire du village, mais aussi des représentations d’un groupe de théâtre. Celles-ci se déroulent sur la place de l’église car « c’est le seul endroit », explique France.

Par ailleurs, une fontaine était présente à Ceccia jusque dans les années 1970. Elle a été petit à petit abandonnée par manque d’entretien régulier et suite à l’arrivée de l’eau courante dans toutes les maisons. Mais aujourd’hui, les habitants déplorent son absence, car elle créait un point de rencontre.

Antoine, vivant à Chiosella, souhaiterait sa remise en activité. Il trouve que le village manque de vie et qu’il aurait à nouveau besoin d’un lieu pour se retrouver.

France souligne aussi que toutes ces maisons à l’abandon sont un réel gâchis. « C’est vrai qu’on manque cruellement de logements. Là vous pourriez loger un couple », déplore-t-elle en montrant la maison voisine inhabitée, estimée à 275 000€ alors qu’ « il y a tout à refaire, il y en a pour 300 000€ de travaux ».

Elle nous parle avec espoir de 2027, date à laquelle la dérogation locale aux arrêtés Miot prendra fin, obligeant ainsi ces co-indivisaires à vendre leurs biens afin de payer les droits de succession. 7

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Oui, ça serait bien d’avoir à nouveau une fontaine.

Ou même une petite place du village, histoire de se retrouver, hein Roger !

Se réunir au village Mais malgré son isolement et son air de village un peu trop tranquille, l’association U Casteddu tente de maintenir une forme d’animation à Ceccia.

Elle est « créée en 2006 dans le but d’obtenir une Casa cumuna dans le hameau », soit un « local pour se réunir et rencontrer les gens du village », explique Lucette Dinant, secrétaire de l’association. Mais en vain, car les habitants l’attendent encore aujourd’hui. Sans mouvement du côté de la mairie, malgré les promesses, les réunions se déroulent à ce jour sous le préau de l’école. U Casteddu compte une trentaine d’adhérents et une trentaine de sympathisants, provenant de toute la commune de Porto-Vecchio.

PADOVANI Ghjilormu, « Droits de succession : ‘‘Si rien n’est fait d’ici 2027, les Corses pourraient être confrontés à un cataclysme’’ », dans : Corse Matin, 12.08.2022, [en ligne], https://www.corsematin.com/articles/droits-de-succession-si-rien-nest-faitdici-2027-les-corses-pourraient-etre-confrontes-a-un-cataclysme-129341 7

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Le cœur de Ceccia, un lieu présentant des qualités à révéler Le centre ancien de Ceccia est vu comme le potentiel noyau réunificateur qui permettrait de lui redonner vie, en y créant une place de village s’appuyant sur les traces de ce qui est déjà présent. Le site identifié correspond à un ensemble de parcelles pour un total de 1900 m². Sa situation en pente oriente naturellement le regard vers la montagne lorsque l’on parcourt la route de Ceccia. Ce lieu est actuellement non entretenu et fragmenté par des appropriations habitantes diverses et informelles. Une partie est notamment utilisée comme parking et on y trouve des déchets et des voitures à l’abandon.

Mais cet espace présente aussi des qualités et un potentiel à révéler. À son entrée, au niveau de la rue, sont installées la boîte aux lettres et les poubelles du village, qui sont aujourd’hui les éléments principaux permettant de faire penser à une centralité, un lieu de rencontre où tous les habitants passent régulièrement. Nous souhaitons maintenir cette idée de point de convergence des usages et l’enrichir par la suite. D’autre part, ce site est structuré par des murets en pierres sèches qui dirigent encore trop subtilement vers le sentier, à cause de la végétation qui les recouvre.

Un nettoyage de ces derniers redonnera de la visibilité à l’accès du sentier.

Les services communs comme lieu de convergence des usages.

Le terrain est tenu visuellement au fond par un front bâti de maisons paysannes adossées à la montagne, donnant une échelle et une délimitation à ce lieu. Un ensemble de petits bâtiments, comprenant une maison à réhabiliter, définit la limite Ouest de cet espace, appelant à une revitalisation de l’ensemble. De beaux arbres remarquables sont présents tels que des oliviers, des figuiers ou encore et des muriers qui créent un sous-espace ombragé agréable devant les maisons.

Nous souhaitons ainsi nous appuyer sur ces qualités préexistantes afin de créer une véritable place du village avec son petit équipement, qui aurait un rôle de point convergent entre les touristes de passage et les habitants, mais également entre les habitants eux-mêmes.

Les murets de pierres guident le randonneur.

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Légende Poubelles et boîte aux lettres

Murets de pierres sèches

Fronts bâtis structurants

Maisons à réhabiliter

Arbres remarquables

Voitures à l’abandon

Zone d’abandon de déchets Identification des éléments structurant l’espace et ses usages.

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50m

II. UN CENTRE REVITALISÉ POUR CECCIA : Une stratégie pour renouveler l’attractivité Comme évoqué précédemment, notre Projet de Fin d’Études consiste en la revitalisation du village de Ceccia, matérialisée notamment par l’aménagement du centre avec une place en relation avec une halle flexible et des logements, mais aussi par la revalorisation et la connexion entre eux des sites archéologiques et de leurs sentiers. Chaque élément du projet en sert une autre et contribue à redynamiser Ceccia.

Concernant l’aménagement de cette place, un petit équipement sert de centre d’interprétation afin d’informer sur la culture torréenne et sur les sentiers archéologiques de la micro-région. Cette place, avec sa halle, permettrait l’accueil d’événements communautaires ou encore d’un marché local hebdomadaire. Elle offre aussi aux habitants l’occasion de se rencontrer, jouer aux boules, organiser des spectacles ou des réunions par le biais de l’association, ou tout simplement s’assoir sur un banc et regarder les allées et venues dans le village ou plus loin vers la plaine.

Notre intervention passe d’abord par la mise en valeur et la reconnexion des sentiers menant à ces différents lieux. Un point du projet correspond à leur mise en réseau, tout en améliorant l’accessibilité et la signalétique du sentier de Ceccia. Le chemin menant au Casteddu de Ceccia existe depuis environ 4000 ans et nous souhaitons le faire continuer à vivre encore aujourd’hui. Notre approche délicate pour ce sentier vise à révéler ce qui peut échapper au premier coup d’œil et à le rendre plus accessible de manière mesurée. Actuellement, ce sentier est peu fréquenté en raison de sa signalisation limitée et de son caractère assez escarpé, malgré les points de vue magnifiques et la structure préhistorique remarquable en son sommet.

Les micro-interventions signalées sur la carte ci-contre correspondent ainsi à des points d’intérêt le long du sentier, que nous avons identifiés pour les mettre en valeur de façon minimale. L’objectif est de créer des endroits propices à la pause, permettant ainsi aux visiteurs de profiter pleinement des points de vue exceptionnels.

Pour renforcer la vitalité du centre, notre projet s’étend à la réhabilitation de maisons en lien avec la place. Celle se trouvant au départ du sentier s’adresse à un propriétaire privé, une famille ou de jeunes colocataires (voir p.26).

L’autre projet de réhabilitation traite en revanche trois maisons paysannes destinées à du logement social ou saisonnier. Deux d’entre elles sont en indivision, mais leur état, diagnostiqué comme dangereux pour le public, peut justifier leur récupération par la mairie. La dernière, une copropriété, devra faire l’objet d’une proposition d’achat afin de réaliser les travaux.

La création de logements à proximité de ce centre va également dans le sens d’une dynamisation sociale, en prolongeant le tissu bâti constitué le long de la route, tout en densifiant un lieu autrefois plus animé et en reprenant des codes architecturaux connus au village. Nous souhaitons encourager leur usage comme résidences principales, c’est pourquoi ce projet est pensé avec la réunification de petites parcelles en une de 790 m², où un promoteur pourrait construire quatre maisons qui seraient ensuite louées à l’année à des résidents. Celles-ci allant du T3 au T5, elles peuvent aussi bien s’adresser à des colocations qu’à de jeunes familles dont les enfants pourraient être scolarisés à l’école voisine, actuellement en cours d’agrandissement.

Le lien entre ces sentiers et les cheminements inter-hameaux est aussi abordé dans une logique de réseau piéton plus vaste. Ainsi, le projet prend en considération la nécessité de relier l’entrée du village, l’école, la future place centrale et l’ancienne fontaine par une continuité de cheminements piétons. Le sentier de Tappa devient aussi partie intégrante de ce réseau.

Grâce au franchissement du ruisseau du Caniccione, il peut se connecter à un chemin allant jusqu’à Chiosella. De là, il est facile de rejoindre le sentier de Ceccia au départ de la fontaine ou de continuer jusqu’à la nouvelle place où se trouve son point de départ principal.

Ainsi, cette stratégie ambitionne de revitaliser le tissu social en favorisant les rencontres, les activités communautaires et en proposant des options de logement attrayantes.

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Casteddu di Bruschiccia

Casteddu di Ceccia

Légende Ceccia

École Église Petit patrimoine bâti (fontaine, fours, torre)

fontaine

Chiosella

Logements réhabilités Logements neufs Micro-interventions Halle flexible Nouvelle place Autres projets pour Ceccia Sentiers existants

Casteddu di Tappa

Sentiers à créer 0

Localisation des interventions.

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La mise en valeur et la reconnexion de sentiers invisibles Notre attention s’est portée en particulier sur le sentier de Ceccia pour le rendre plus accessible, après l’avoir nous-même pratiqué et constaté ses qualités et ses défauts. Tout d’abord, son départ est mal indiqué et dissimulé au fond d’un terrain vague. Sur place, à plusieurs reprises, des touristes cherchaient à effectuer cette balade sans en trouver le chemin.

Quant au départ près de la fontaine, il est actuellement non signalé, compliquant davantage son identification pour les personnes intéressées.

La randonnée peut se découper en deux parcours, pour un total de quarante-cinq minutes jusqu’à la torra. Le premier, constitué par le tronçon reliant le centre ancien à la fontaine, est relativement praticable. L’absence d’indications y est ponctuellement compensée par les murets de pierres sèches qui guident le randonneur. La deuxième partie, qui mène à la torra, est en revanche plus sauvage, encore moins indiquée et très escarpée. Si l’on peut qualifier le premier parcours de « familial », le deuxième s’adresse aux randonneurs plus aguerris. Cependant, c’est là que se trouvent la majorité des points de vue sur la vallée, dont le plus impressionnant est au sommet, derrière la torra, donnant sur Porto-Vecchio.

Outre l’amélioration de la signalétique, nos interventions sur ce sentier consistent donc en la mise en place de quelques emmarchements par endroits, l’aménagement de blocs de granit pour inciter à la pause en se tournant vers un point de vue, ou encore l’installation de plateformes de pique-nique en amont du sentier. Le but est ainsi de rendre cette randonnée agréable pour tous et d’offrir la possibilité de la pratiquer avec différentes intentions : sport, culture, loisir en famille, balade, excursion dans la nature...

Légende : La torra Les plateformes L’olivier

Les blocs de granit Le banc naturel La citerne La fontaine

départs du sentier panneaux traverses contre le ravinement emmarchements

Des micro-interventions ponctuent le sentier de Ceccia.

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Projet de plateformes propices à la pause.

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Une place pour Ceccia Le projet de place du village avec son équipement a, comme nous l’avons vu, deux objectifs principaux : créer un lieu de départ ou d’arrivée de la randonnée et générer un espace de rencontre pour les habitants.

Dans la continuité de la halle se trouve un escalier qui oriente le regard du passant vers la montagne. Il mène à une esplanade haute venant rattraper le niveau naturel du terrain en pente. Le randonneur est ainsi guidé vers le départ du sentier par des murets de pierres sèches remis en état et par un nouveau mur de soutènement.

La nouvelle place de Ceccia s’annonce tout d’abord par un dégagement de plain-pied au niveau de la rue. Ce vide, volontairement contenu, contraste avec la continuité du front bâti. À sa gauche, il est maintenu par des logements neufs reprenant le type d’implantation et les gabarits locaux. Sur sa droite, cet espace est délimité par quelques arbres qui créent de l’ombre et mettent à distance l’arrivée des voitures et les poubelles communes.

Sur la place haute, les habitants pourront trouver un lieu ombragé muni de bancs ainsi que d’un terrain de pétanque. Celle-ci donne accès à différents lieux tels que le départ du sentier, le parking et les gradins situés audessus, derrière un mur de soutènement en granit. Ces gradins servent à la fois de lieu privilégié pour les représentations théâtrales organisées par l’association, mais également d’espace de pause et de pique-nique, offrant des assises à l’ombre et une splendide vue sur la vallée.

L’équipement se positionne en retrait de cette placette, reculé d’une petite dizaine de mètres par rapport à la rue. La place prend forme devant ce bâtiment, offrant la possibilité d’y installer un marché occasionnel, des videgreniers ou autres événements. Cette petite halle permet de prolonger ces activités tout en étant abrité. Elle a également été imaginée pour les réunions de l’association ou encore des repas à l’occasion de la fête des voisins. Des panneaux fixés au mur de soutènement en granit sur lequel s’adosse l’équipement informent sur les sites archéologiques torréens et les différentes randonnées à proximité. Les visiteurs peuvent ainsi les consulter, à l’ombre, avant ou après leurs excursions.

À l’Ouest de cette place se trouve un ensemble de logements neufs et réhabilités. Ils permettent de tenir visuellement l’espace et de dynamiser ce lieu afin de donner vie au centre de Ceccia. En relation directe avec la place, on trouve la « maison du sentier », un groupe de bâtiments anciens réhabilités et donnant sur la partie haute de la place. En contrebas, les quatre nouvelles maisons proposent une trame plus régulière, reprenant le type de la maison paysanne et offrant à chacun un jardin privatif, mis à distance et protégé de la vue par une végétation venant souligner des murets en pierres sèches.

La structure bois en demi-fermes reposant sur des poteaux permet de rendre l’espace complètement ouvert sur l’extérieur, mais aussi de pouvoir le fermer si besoin afin de se protéger du vent ou de l’activité extérieure.

Des parois de polycarbonate en accordéon lui donnent cette flexibilité d’ouverture et de fermeture, tout en laissant passer la lumière.

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départ du sentier

espace de pique-nique et gradins

place haute

halle

placette

route

plaine

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Une ascension progressive vers le départ du sentier.

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5 10

20m

De nouvelles manières d’habiter l’existant Trois maisons inscrites dans un dénivelé

La maison de droite (sur le plan ci-contre) voit son plan s’agrandir grâce à la caselle située au rez-de-jardin. Cette extension offre une pièce supplémentaire, pouvant être utilisée comme chambre indépendante ou bureau, avec un accès direct au jardin.

Dans le cadre de nos interventions sur la revitalisation de Ceccia, nous avons effectué deux projets de réhabilitation d’ensembles de maisons paysannes à l’abandon, tous deux à proximité immédiate de la place créée.

En revanche, la maison de gauche est traitée de manière légèrement différente. Le sujet d’éclairage naturel au rez-de-jardin est résolu par la démolition de l’extension existante détériorée et en ouvrant une porte en correspondance avec la cuisine au rez-de-jardin. Ainsi, cela permet de préserver l’intégralité du rez-de-chaussée tout en aménageant une nouvelle chambre dans cette maison qui, étant plus basse que les autres, ne comporte pas d’étage.

Le premier concerne trois maisons accolées avec une caselle. Elles ont été construites successivement, dans la logique d’extension de la famille, grâce à des pierres d’attentes. La plus récente des trois est datée de 1895, elle a été agrandie latéralement par une extension en béton, puis abandonnée suite à une explosion. Les murs ne semblent pas endommagés excepté ceux de la façade sur rue, présentant quelques fissures entre les joints. Les deux autres maisons sont quant à elles presque identiques et suivent un même gabarit.

Elles ont toutes deux été délaissées pour cause d’indivision, à l’exception du rez-de-jardin de la plus ancienne, habité par Mme France Castelli (cf. p.14).

Ces trois maisons à rez-de-chaussée avec étage sous comble sur rue gagnent un niveau côté jardin en raison du fort dénivelé. Du fait de cette insertion dans la pente, le niveau bas manque fortement de lumière naturelle. Nous avons donc choisi d’utiliser le rez-de-chaussée comme plateau de distribution en mezzanine, permettant l’accès aux espaces de vie communs à rez-de-jardin par un escalier droit. Cette mezzanine offre au salon une double hauteur et amène la lumière plus profondément vers la cuisine et la salle à manger.

De plus, le positionnement des espaces de vie au niveau inférieur les met à distance de la rue et établit une connexion directe avec le jardin, grâce à des baies vitrées apportant également davantage de lumière. Au rez-dechaussée se trouve aussi la salle de bain, en interface entre le niveau bas et l’étage. On y accède par un escalier à quarts tournants permettant de desservir deux chambres en optimisant la circulation.

La double hauteur amène la lumière du Sud jusqu’au fond de la cuisine.

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Relevé de l’élévation sur rue des maisons accolées existantes.500 267 500

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Plan de rez-de-chaussée de la réhabilitation des maisons accolées.

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5m

Une maison extérieure Le deuxième projet de réhabilitation traite de l’ensemble bâti actuellement à l’abandon se trouvant à proximité du départ du sentier. Il comprend une maison paysanne, une cabane à outils, une ruine de caselle et un four à pain. Nous avons pris le parti de rendre son unité à cet ensemble en reliant les bâtiments entre eux par un espace de circulation extérieur, le jardin. Le climat corse permettant de vivre dehors une grande partie de l’année, nous avons décomposé ce logement entre les différents bâtiments afin de donner vie à l’ensemble.

Ainsi, la maison paysanne devient un lieu de vie commun, avec un espace à rez-de-chaussée libéré de toute cloison. Le salon donne sur le jardin, et la partie cuisine / salle à manger ouvre quant à elle sur une petite terrasse, en relation avec le four existant. À l’étage se trouvent deux chambres accessibles depuis l’extérieur par un escalier existant à remis en état. Une chambre plus spacieuse et isolée est, quant à elle, aménagée dans la caselle.

On y accède par un platelage en bois faisant le tour du jardin et reliant les différents espaces du logements. Celui-ci mène également à une salle de bains et buanderie, située dans l’ancienne cabane à outils.

Toutes ces parties de la maison sont en relation visuelle entre elles, nous pouvons ainsi voir, depuis le salon ou les chambres, si la salle de bains est occupée, ou encore observer l’activité au salon depuis sa chambre ; le tout passant toujours par le point central, ce jardin contenu qui crée un filtre d’ambiance particulière à tous ces mouvements et perceptions. L’intimité de ce jardin est préservée grâce à la maison, faisant une barrière visuelle depuis la place, mais aussi grâce à la végétation dense entourant la propriété, aussi bien côté place que côté logements neufs.

Vue de la maison paysanne existante depuis l’entrée de la propriété.

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L’espace extérieur comme lien entre les différents lieux de vie.

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5m

Le centre animé par une densité renforcée

De nouvelles maisons en écho au bâti ancien La disposition et le plan des logements neufs découlent de l’analyse typologique des maisons de Ceccia. Mais pour attirer de nouveaux habitants, il s’agissait avant tout de concilier l’identité des maisons du village avec des modes de vie contemporains.

Ces quatre nouvelles maisons reprennent ainsi le gabarit de largeur des maisons paysannes avec leurs 5m extérieurs. Sur rue, la composition des façades en deux travées de baies alignées est également reprise. Sur le jardin, des ouvertures plus importantes permettent de profiter de la vue sur la montagne qui fait face aux logements. La forme des toitures à deux pans présente dans le type de la maison paysanne est employée pour ces nouveaux logements dans la continuité de leur contexte.

Le matériau granit a été choisi pour le soubassement au rez-de-chaussée pour intégrer ces logements au sein des bâtiments existants alentour, sans pour autant en faire une réplique conforme. Sur ce socle en pierre de taille vient se poser la structure bois des étages, légèrement en retrait, avec ses façades enduites de couleur claire. Le type de la caselle adossée à la maison est repris en lui donnant une fonction différente. Elle fait ici partie de l’espace de vie généreux du rez-de-chaussée, en lien avec une terrasse à l’abri des regards. Cet espace peut également être fermé pour y créer une chambre ou un bureau.

Chaque maison dispose d’un jardin privatif répondant aux attentes d’une vie à la campagne, de la même façon que les habitations déjà présentes dans le village. Chacune a également sa place de parking privée devant la maison, comme il est d’usage à Ceccia dû au manque de transport en commun. Ces nouveaux logements, allant du T3 au T5, ont tous la même logique d’organisation interne et permettent une certaine flexibilité avec des modifications simples, selon les besoins des habitants. L’escalier à quarts tournants est installé au cœur de la maison pour permettre une distribution optimisée. Les salles d’eau se trouvent en façade sur rue afin d’orienter les espaces de vie et les chambres vers la montagne. Ainsi, leur intimité est préservée et le salon s’ouvre sur le jardin, tandis que la salle à manger trouve son prolongement vers la terrasse. À l’étage, le palier dessert une chambre, la salle de bains ainsi qu’un espace supplémentaire pouvant être fermé. Celui-ci peut servir de bureau, de rangement ou de séchoir. La chambre dispose d’une loggia ouvrant sur la superbe vue de la montagne, en correspondance avec le balcon de la chambre du dernier étage. Les baies, côté jardin, dissocient apport de lumière, ventilation et passage : la partie vitrée est fixe, séparée de la porte et du vantail de ventilation.

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Des maisons d’inspiration paysanne ouvertes sur la montagne.

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5m

Un modèle de revitalisation en plusieurs temps Au cours de ce Projet de Fin d’Études, nous avons mené une réflexion à plusieurs échelles, dans le but de proposer une stratégie de revitalisation globale pour le village de Ceccia. Les trois axes directeurs que nous avons définis, en réponse aux enjeux spécifiques du lieu, travaillent en synergie pour insuffler une nouvelle vie à ce village corse. Les différents éléments du projet conjuguent à la fois le paysage (par la revalorisation des sentiers), l’urbanisme (avec l’aménagement de la place), et enfin l’architecture (avec la réhabilitation et la construction de logements).

Ainsi, ces points d’interventions se renforcent mutuellement dans ce processus de revitalisation, qui peut être décomposé en plusieurs phases : notre stratégie repose dans un premier temps sur le développement du potentiel touristique de Ceccia pour créer un regain d’attractivité. Ensuite, l’aménagement de la centralité permet de répondre au besoin social de Ceccia et à l’accueil des visiteurs. Enfin, ces aménagements, en parallèle des projets d’agrandissement de l’école et de petits commerces au village forment une base de vie sociale justifiant l’attrait des logements réhabilités et neufs dans le centre. Chacun de ces éléments contribue à la vitalité de Ceccia, renforçant son attractivité, sa convivialité et préservant son héritage.

Le premier axe, focalisé sur la mise en valeur des sites archéologiques, permet un regard sur l’histoire de Ceccia. Notre travail sur ces sentiers vise à redonner une visibilité à l’héritage archéologique de ce village au niveau de la commune, tout en préservant l’échelle de Ceccia.

Notre sujet nous a permis d’enrichir nos connaissances sur les leviers possibles afin de réactiver un village, mais également notre vision du rôle de l’architecte dans la mise en place d’un projet durable. Nous l’avons vu, audelà des défis spécifiques, un projet s’intègre dans une vision plus vaste avec son territoire. La recherche de reconnexion entre villes, villages et hameaux permet le développement de chacun, avec son identité. Dans le cas de Ceccia, la stratégie d’intervention repose sur le tourisme de ces sites archéologiques pour faire émerger un projet global et local, pensé à différentes échelles.

Le deuxième axe, orienté sur la redynamisation sociale, esquisse le portrait d’une communauté revitalisée. La création d’une centralité au départ du sentier n’est pas uniquement un lieu physique en écho à la mémoire du centre ancien, mais une invitation à la cohésion sociale. En réactivant cet espace, nous aspirons à créer des rencontres et tisser des liens entre résidents et visiteurs, transformant Ceccia en un lieu de vie actif.

Cet exemple de plan d’action pourrait être appliqué à d’autres villages du Sud de la Corse en déclin, en cherchant à mettre en avant leurs spécificités.

Cela permettrait d’effectuer des projets de revitalisation se basant sur une étude précise des territoires en question et des atouts sur lesquels il peuvent s’appuyer afin d’intégrer ces villages dans un maillage plus large. L’ambition est de prévenir la formation de villages dortoirs ou en perte d’habitants, et de susciter au contraire l’envie d’y résider, en stimulant de nouveaux flux d’activité en dehors des centres urbains.

Le troisième axe, lié à la mise en valeur du patrimoine bâti et à la densification habitante, offre une perspective sur l’avenir architectural et social du village.

Les maisons du XIXe siècle, actuellement en déshérence, pourraient devenir les pierres angulaires de cette revitalisation. La transformation envisagée se veut respectueuse de l’identité du village, offrant des espaces plus flexibles tout en valorisant le potentiel du lieu. La création de nouvelles maisons à proximité complète notre approche, animant le centre et apportant un renouveau à Ceccia avec un regain de population. Ces opportunités de nouveaux logements permettent d’appuyer le rôle de la place ainsi que la revalorisation d’une activité culturelle et sportive pour redynamiser le village.

Ainsi, comment encourager une approche similaire dans d’autre villages du Sud de la Corse et favoriser une reconnexion harmonieuse entre les centres habités ?

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« Révéler Ceccia : Place à une nouvelle centralité »

PFE Architecture et Méditerranée, ENSA-PB 2023-2024

Eglantine SCHONBUCH et Nicolas TAFZI

« Révéler Ceccia : Place à une nouvelle centralité »

PFE Architecture et Méditerranée, ENSA-PB 2023-2024

Eglantine SCHONBUCH et Nicolas TAFZI