GOAL : prévention de la violence dans le sport by Efus

arge sports events, in football in particular, have become global and attract increasingly large audiences on site and through media and broadcasting. Their impact on public life is growing accordingly, above all in host cities, since they are on the front line when it comes to ensure safety and security in and around stadiums, for spectators and local inhabitants. The objective of this publication is to support cities in the prevention of sport-related violence through the promotion of a multisectoral and comprehensive approach. ➤

GOAL : prévention de la violence dans le sport

L Goal: Preventing Violence in sport

European Forum for Urban Security

GOAL : prévention de la violence dans le sport Guide pour les villes

A guidebook for cities

Goal: Preventing Violence in Sport European Forum for Urban Security

es grandes rencontres sportives, en particulier celles de football, sont devenues des événements à dimension globale qui attirent un public toujours plus nombreux, sur place et par retransmission. Leur impact sur la vie publique s’accroît dans les mêmes proportions, en particulier dans les villes-hôtes qui sont en première ligne à l’heure de garantir la sûreté et la sécurité dans et autour des stades, pour les spectateurs comme pour les habitants. L’objectif de cet ouvrage est d’aider les villes à prévenir les violences dans le sport grâce à une approche intégrée et multi-sectorielle. ➤

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With the financial support from the Prevention of and Fight against Crime Programme of the European Union European Commission Directorate-General Home Affairs. This publication reflects the views only of the author, and the European Commission cannot be held responsible for any use which may be made of the information contained therein

Avec le soutien du Programme de prévention de et de la lutte contre la criminalité de la Commission européenne – Direction des Affaires intérieures. Cette publication n’engage que ses auteurs et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.

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Cette publication a été produite par le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) et résulte du projet GOAL (Gathering of all local forces to prevent violence in sporting events). Ses auteurs sont Radim Bures (République tchèque), ancien président du Comité Permanent de la Convention européenne sur la violence des spectateurs, et Manuel Comeron (Liège, Belgique), coordinateur association Fan coaching-Eurofan, avec la collaboration de Carla Napolano, chargée de mission à l’Efus, Nathalie Bourgeois, éditrice, et le soutien d’Elizabeth Johnston, déléguée générale de l’Efus. Elle est accessible sur internet, en français et anglais, à l’adresse suivante : www.efus.eu. L’usage et la reproduction sont libres s’ils sont effectués à des fins non commerciales et à condition que la source soit spécifiée. Traduit par Nathalie Elson et Olivia Robinson Design graphique : Marie Aumont Imprimé par Cloitre Imprimeurs, Saint-Thonan - Juin 2012 ISBN: 2-913181-40-6 EAN: 9782913181403 Dépôt légal : juillet 2012

Sommaire

>>>>>>>>>>>>>>>> p. 9- Avant-propos p. 11- Introduction

p. 21- I. Coordination et organisation p. 31- II. La municipalité et sa relation avec le stade p. 49- III. Espace public et infrastructure p. 61- IV. Sécurité et maintien de l’ordre des grands événements sportifs p. 79- V. L’événement sportif et son public p. 91- VI. L’événement sportif et la population locale : un stade dans la ville p. 97- VII. Le sport amateur

Publié par Forum européen pour la sécurité urbaine - Efus 10, rue des Montiboeufs 75020 Paris FRANCE Tel: +33 (0)1 40 64 49 00 contact@efus.eu www.efus.eu

p. 108- VIII. Une approche transversale et intégrée p. 120- IX. Les lieux de retransmission publique p. 129- X. Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation p. 145- Références

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Remerciements Le projet GOAL et cette publication n’auraient pas été possibles sans les représentants des partenaires du projet et des villes. Qu’ils soient ici remerciés pour avoir animé ce projet. Nous remercions également les experts pour leur précieuse contribution, les hôtes des différentes réunions, des visites de terrain et de la conférence finale, ainsi que toutes les personnes que nous avons rencontrées et avec lesquelles nous avons échangé tout au long du projet. Partenaires du projet : Marianne Koszulap, Thierry Deckx, Michael Mathot, Philippe Scheirlinckx, Gregory Vander Linden, Robert Van Heghe, Michel Pozniak (Charleroi, Belgique), Francesco Scidone, Stefano Anzalone, Oriano Pianezza, Isabella Vassallo, Sonia Stella (Gênes, Italie), Marc Minet, Catherine Schlitz, Salomon Aktan, Barthélémy Maulidi, Dominique Bailly, Toni Filippozzi, Frederic Paulus (Liège, Belgique), Michelle Demessine, Roger Vicot, Mélanie David, Laetitia Carlier, Remi Dewez, Philippe D’Ayer, Emeline Brouard, Nathalie Lecomte-Bodelet (Lille, France), Christian Specht, Klaus Eberle, Gerhard Klotter, Kai Lehnert, Dirk Schuhmann, Anna-Magdalena Schubert, Manfred Beuchert, Carola Wacker, Anja Köhler, Matthias Steffan, Gerd Stimm, Katja Hofgrefe, Renato Gigliotti (Mannheim, Allemagne), Sven Kinnander, Susanne Nordling, Kennet Siverling, Jenny Johannesson, Victor Kilen, Tommy Söderström, Elsa Kvist, Monika Rosenqvist (Solna, Suède). Experts: Radim Bures (République tchèque), ancien président du Comité Permanent de la Convention européenne sur la violence des spectateurs, et Manuel Comeron (Liège, Belgique), coordinateur association Fan coaching-Eurofan. 6

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Intervenants et personnalités rencontrées pendant le projet : Georges Kellens (Université de Liège et association Fan coaching, Belgique), Olivier Smeets (association FC Standard, Belgique), Medhi Bayat, Pierre-Yves Hendrickx (R.C.S.C., Belgique), Johan Quataert (police nationale, Belgique), Julien Van Belle (ministère de l’Intérieur, Belgique), Guido Poppelier (Fondation nationale Stade Ouvert, Belgique), Christian Hannon (FC Standard, Belgique), Bart Coussement (police de Courtrai, Belgique), Mustapha Rakem (Lille Body Club, France), Mohamed Atsamnia (association LOSC, France), Nicolas Penin, Oumaya Hidrineys (Université de Lille, France), Patrice Dodin (Football district Flandres, France), Ali Helal (département du Nord, Lille, France), Marcel Duhoo (OS Fives Football, France), Nicolas Hourcade (Ecole Centrale, Lyon, France), Antonio Garufi (police nationale, Italie), Armando Nanel (police, Italie), Roberto Mangiardi, Monica Bocchiardo (police locale, Italie), Carlo Antonio Nicali (Comité national olympique, Italie), Adraino Anselmi (Sport à Gênes, Italie), Stefano Pesci (AMT Gênes, Italie), Stefano Perria (police nationale, Italie), Matteo Sanna (Genoa CFC et Sampdoria UC), Sergio Lagomarsino (4Anyjob, Italie), Riccardo Ascioti (Federclubs, Italie), Marco Barnieri (Genoa Club for Children, Italie), Marco Caroli (Sampdoria UC, Italie), Daniele Bruzzone (Gênes CFC, Italie), Dolores Mayoralas, Loreto Ciotti (Latina, Italie), Martin Willig, Thomas Ballbach, Tatjana Müenster (Fan project Mannheim/Ludwigshafen, Allemagne), Matthias Binder (Die-Adler Mannheim Ice Hockey Club, Allemagne), Ana Isabel Criado (Conseil national du Sport, Espagne), Carles Domingo, Joaquim Forn, Joan Delort, Josep Lahosa (Barcelone, Espagne), Joan Carles Molinero (police régionale métropolitaine de Barcelone, Espagne), Jaume Llorens (association nationale Aficiones Unidas, Espagne), Sune Hellströmer, Anders Sigurdsson (Association du football, Suède), Bernt Adetoft (Swedbank Arena, Suède), Henrik Koch, 7

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Lars Pettersson, Susanne Haakala (AIK football, Suède), Mats Norlin (District Police Authority, Suède), John de Quidt (Comité Permanent de la Convention européenne sur la violence des spectateurs, RoyaumeUni), Paulo Gomes, Pierre Masson (Comité Permanent sur la violence des spectateurs, Conseil de l’Europe).

Avant-propos

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Le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) travaille depuis plus de vingt ans sur le thème de la violence dans le sport et sur les moyens que peuvent utiliser les villes et autorités locales pour la prévenir et la gérer. Notre travail le plus récent sur ce thème est le projet GOAL, dont l’objectif était d’aider les villes à prévenir la violence liée au sport grâce à une approche globale et multisectorielle. Nous sommes convaincus, comme beaucoup d’élus locaux, que le sport peut et doit contribuer à l’intégration sociale. C’est en effet un moyen particulièrement efficace de transmettre des valeurs civiques, éduquer les jeunes, lutter contre le racisme et créer un sentiment d’appartenance chez les habitants des villes où sont basés les clubs ou qui accueillent de grands événements sportifs. L’Efus a lancé le projet GOAL afin de contribuer à la somme des connaissances accumulées par les membres de son réseau et par les organisations internationales qui sont ses partenaires. Pendant deux ans et demi, des échanges réguliers ont été organisés entre l’Efus, des représentants de six villes européennes et deux experts spécialisés dans la prévention de la violence liée au sport. Les six villes partenaires du projet ont été choisies de façon à constituer un panel aussi représentatif que possible de la diversité géographique, sociale, économique et culturelle des villes européennes. Le projet a consisté en une série de réunions de travail en commun et de visites dans chacune des villes partenaires au cours desquelles les participants au projet ont pris connaissance, sur le terrain, des initiatives locales de prévention et de lutte contre la violence dans le sport et rencontré les acteurs locaux qui mettent en œuvre ces initiatives. 8

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Les résultats de ce projet ont été présentés à quelque 60 participants venus de différents pays européens, ainsi que des représentants du Conseil de l’Europe, lors de la conférence finale, le 21 mai 2012 à Barcelone (Espagne). Dans le prolongement de cette conférence, l’Efus travaille à présent à la création d’un réseau permanent réunissant des villes, des experts, des chercheurs et des représentants de la société civile qui pourra agir comme porte-parole des villes d’Europe auprès des instances de l’Union européenne. Il est clair en effet que les villes ont besoin du soutien de leurs institutions nationales et des instances européennes pour œuvrer en faveur d’une législation paneuropéenne qui prenne en compte tous les aspects de la prévention de la violence dans le sport. En parallèle, l’Efus et ses partenaires poursuivent leur travail de soutien aux villes et autorités locales pour améliorer la sécurité des événements sportifs et garantir qu’ils soient sûrs, festifs et facteurs d’intégration sociale. Elizabeth Johnston Déléguée générale

Introduction

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Les violences de spectateurs et les risques qui y sont liés remontent aux origines des grands événements sportifs, de football en particulier. Selon certains auteurs, la première manifestation de violence de spectateurs eut lieu à la fin du XIXe siècle, lors des émeutes de Cappielow (Ecosse), le 8 avril 18991. Près de 200 fans participèrent à ces émeutes, dont les grandes caractéristiques étaient similaires à celles des violences de spectateurs qu’on connaît aujourd’hui. Les causes des comportements violents lors des événements sportifs ont été étudiées par de nombreux sociologues, dont certains sont mentionnés dans cette publication. Au cours du XXe siècle, le sport a évolué pour devenir un phénomène de masse qui attire des spectateurs et des supporters toujours plus nombreux. Les média ont popularisé le sport, qui joue un rôle de plus en plus important dans la société, et ont contribué à créer d’énormes réponses émotionnelles aux événements sportifs et à leurs résultats. A la fin des années 60, les comportements violents sont devenus plus fréquents, plus visibles et plus ancrés dans la société. Ce phénomène ne pouvait plus être considéré comme marginal ni accidentel. C’est de cette époque que datent les premières études sur les causes sociales, et autres, de la violence dans le sport2. Le terme « hooliganisme » est aussi apparu à cette période. 1- Dominique Bodin, Luc Robène, Stéphane Héas : Sports et violences en Europe, Conseil de l’Europe, 2005 2- Cf. le rapport de Lord Harrington sur le hooliganisme en 1968 en Angleterre

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Introduction

Tandis que le sport devenait un moyen d’exprimer les frustrations et la colère liées à toutes sortes d’antagonismes sociaux, nationaux ou locaux, le risque d’incidents lors des matchs s’est accru. Le sport est devenu un moyen plus ou moins acceptable d’exprimer une frustration personnelle. Toutes ces raisons ont intensifié le risque posé par les grands événements sportifs en termes d’ordre public. En 1997, le journal français L’Equipe a publié un article qui établissait le bilan du hooliganisme dans le monde à 1.300 morts3. La tragédie de Port Saïd en Egypte, en février 20124, montre que les risques de catastrophe n’ont pas été encore éliminés. Le simple fait de rassembler des milliers de personnes dans une enceinte fermée, plus ou moins grande, et l’atmosphère très émotionnelle d’un événement sportif présentent de toute façon un risque élevé. La moindre défaillance technique, le moindre incident peuvent dégénérer en hystérie collective et causer une menace sérieuse pour la sécurité et la sûreté. L’interrelation des aspects sûreté et sécurité des événements sportifs est largement reconnue. Le sociologue français Dominique Bodin considère même que les catastrophes sont une autre forme de violence. Selon lui, on en recense quatre causes : les défaillances organisationnelles de la police ou des responsables de la sécurité dans le stade, la malchance, une attitude de « mercenaires » chez les dirigeants du club, ou des équipements en mauvais état 5. Il convient ainsi de considérer que la sûreté et la sécurité sont deux aspects d’un même problème. Depuis le milieu des années 80, les organisateurs, municipalités, gouvernements et institutions européennes ont pris une série de mesures pour réduire les risques et renforcer la prévention. La première initiative internationale d’envergure a été prise en 1984,

lors de l’adoption par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe de la Recommandation nº (84) 8 sur la réduction de la violence des spectateurs lors de manifestations sportives et notamment des matchs de football. Mais une série de désastres (Heysel en 1985, Bedford en 1985, Hillsborough en 1989 et Bastia en 1992) ont amené la communauté internationale à aller plus loin. En 1985, le Conseil de l’Europe adoptait la Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives et notamment de matchs de football. C’est l’une des conventions européennes à avoir été la plus largement ratifiées. Un comité permanent a été établi conformément à la Convention, représentant tous les États parties à la Convention. Le comité permanent et le département des sports du Conseil de l’Europe ont joué un rôle prépondérant dans l’analyse de toutes les questions liées à la violence dans le sport et à la sûreté et la sécurité lors des événements sportifs. Ils ont également proposé des approches innovantes pour prévenir de telles violences. Plus de 30 recommandations ont été définies et publiées depuis l’adoption de la Convention, dont certaines sont considérées comme des références en matière de politique publique de lutte contre la violence dans le sport. Un certain nombre de ces recommandations sont présentées dans cet ouvrage. Le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus), réseau de plus de 300 villes et collectivités locales dédié à l’échange de pratiques et de connaissances sur la prévention de la délinquance, travaille depuis des années sur des projets traitant de la violence dans le sport. Les villes membres ont réalisé un travail important pour améliorer leurs stratégies en matière de sécurité lors des matchs et tournois locaux, nationaux et internationaux. Elles ont aussi beaucoup fait pour promouvoir le rôle du sport dans la prévention de la violence.

3- Dominique Bodin, Ibid 4- Des affrontements entre fans d’équipes rivales après un match de football à Port Saïd, en Egypte, ont fait 74 morts le 2 février 2012 5- Dominique Bodin, Ibid

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Introduction

L’Efus a commencé à travailler sur ce thème en décembre 1995 avec le colloque « Supporters 2000 » organisé à Liège. Deux ans plus tard, en décembre 1997, Barcelone, l’un des membres fondateurs de l’Efus, organisait un séminaire international au cours duquel le gouvernement régional de Catalogne, la police nationale espagnole et des clubs tels que le Barcelona FC et le Stade Olympique français ont présenté leurs stratégies de prévention. A la suite de cette rencontre, un séminaire international était organisé à Liège en octobre 1998, au cours duquel les villes de Barcelone, Dusseldorf, Liège, Liverpool et Saint-Denis ont présenté et débattu de leurs différentes stratégies. En 1999, un an après la Coupe du Monde de football en France, l’Efus organisait une conférence intitulée « Un stade dans la ville, une ville dans le stade : depuis la Coupe du Monde 98 à l’Euro 2000 ». Les villeshôtes du Mondial y ont présenté leur politique locale de prévention et leur dispositif « visiteurs », ainsi que les initiatives visant la population locale pendant le tournoi. Les villes belges et néerlandaises hôtes de l’Euro 2000 ont également présenté leurs plans et partagé leurs stratégies avec des représentants des institutions européennes, des universités et d’autres villes. Un guide de bonnes pratiques en matière de prévention de la violence a été publié après cette conférence. En 2000, l’Efus a participé au programme « Villes Euro 2000 contre le racisme », cofinancé par la Commission européenne, destiné à aider les villes-hôtes du tournoi à utiliser l’événement pour promouvoir l’intégration multiculturelle et lutter contre le racisme. Ce projet rassemblait des associations, des groupes représentant les minorités et des clubs de football. Les villes-hôtes de l’Euro 2000 qui y ont participé étaient Amsterdam, Eindhoven et Rotterdam pour les PaysBas et Bruxelles, Charleroi et Liège pour la Belgique. Les autres partenaires étaient la municipalité (Borough) de Brent à Londres, le Secrétariat pour la Politique de Prévention de Belgique, LBR des Pays-Bas, le

Centre pour l’Egalité des Chances de Belgique et les associations Let’s Kick Racism Out of Football et SOS Racisme. A l’issue de ce projet, la publication Secucities foot: villes Euro 2000 contre le racisme a été éditée. L’Efus a participé également à une autre initiative liée à l’Euro 2000 : une session de formation de deux jours organisée par le Secrétariat à la Prévention du ministère belge de l’Intérieur et adressée aux fan coachers néerlandais et belge ainsi qu’au personnel de sécurité et aux ambassades de supporters. L’Efus est par ailleurs membre du programme Eurofan mis en place par l’association Fan Coaching, qui a reçu un soutien financier de la Commission européenne. L’objectif est de favoriser l’échange et la dissémination des meilleures pratiques européennes en matière de prévention du hooliganisme et de capitaliser la recherche scientifique sur ce phénomène. C’est dans ce cadre que l’Efus a participé à la grande conférence « La prévention de la violence dans les stades de football en Europe », qui s’est tenue les 22 et 23 avril 2002 à Liège. Dans son allocution d’ouverture, Michel Marcus, alors délégué général de l’Efus, résumait ainsi le rôle primordial des villes en matière de prévention de la violence : « Les villes européennes qui accueillent les rencontres sportives ne doivent pas remettre en question leurs compétences pour les négocier, sauf à abandonner leur droit de regard légitime sur les bénéfices sociaux, économiques et culturels qu’apportent de telles rencontres, » déclarait-il. « Bien que les événements de masse de ce type impliquent des risques pour la sécurité, ils offrent aussi des opportunités de développement grâce à la coopération avec les associations, la police, la communauté et les groupes culturels. »6 Dans la mesure où le sport a une influence importante sur la vie et les politiques des villes européennes, il a

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6- Manuel Comeron, Pierre Vanbellingen, Prevention of violence in football stadiums in Europe (Prévention de la violence dans les stade de football en Europe), Eurofan, Liège 2002

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Introduction

également fait l’objet d’initiatives du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, principal organe de représentation des autorités locales européennes. Le Congrès a ainsi organisé conjointement avec le département « Sports » du Conseil de l’Europe et l’Association nationale des municipalités portugaises (ANMP) la « Conférence sur le rôle des autorités locales et régionales dans la prévention de la violence lors des manifestations sportives, notamment des matchs de football », qui s’est tenue les 23 et 24 juin 2003 à Lisbonne. Elizabeth Johnston, alors déléguée générale adjointe de l’Efus, était co-rapporteur à conférence et a contribué à la publication éditée ensuite7 en rédigeant le chapitre sur l’expérience et les bonnes pratiques des villes dans ce domaine. La déclaration finale de la conférence8 affirme le rôle majeur des autorités locales et régionales dans la prévention de la violence lors des manifestations sportives, « en tant qu’organes de réglementation, coordinateurs des mesures de sûreté ou de sécurité, propriétaires des infrastructures, employeurs du personnel d’exploitation, acteurs des politiques de promotion du sport amateur et scolaire ou initiatrices d’actions socio-éducatives à caractère préventif ». Cette déclaration souligne également les différents aspects du rôle des municipalités en matière de risques liés aux sports et la nécessité d’adopter une approche intégrée, ce qui est également la position fondamentale qui a inspiré le projet GOAL. En effet, la déclaration appelle à « la préparation et la diffusion d’un guide de bonnes pratiques, au niveau local et régional, sur la prévention de la violence des spectateurs lors des manifestations sportives » et à « la mise à jour régulière de ce guide ». Le projet GOAL peut être considéré comme une réponse à cet appel.

Les risques, défis et opportunités que les grands événements sportifs représentent pour les villes sont bien résumés dans le Manifeste de Saragosse, adopté en novembre 2006 par les villes qui participaient à la conférence « Sécurité, démocratie et villes » organisée par l’Efus en Espagne. « Les villes accueillent régulièrement de grands événements sportifs, culturels ou festifs, qui nécessitent la concentration de moyens posant la question de la gestion de la sécurité, » affirme le Manifeste. « Ces événements sont aussi révélateurs des situations d’insécurité existantes. Outre des manifestations de hooliganisme ou de violence, ils génèrent une concentration de criminalités à gérer, telles que trafics d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, trafics de drogues, surconsommations d’alcool, travail clandestin ou vols. Cependant, l’événement constitue une opportunité de faire émerger des actions sociales positives et un levier afin de catalyser des énergies pour réaliser des programmes sociaux ou pédagogiques, et peut également être un vecteur privilégié pour la diffusion de valeurs démocratiques. L’enjeu est d’établir un équilibre entre la nécessaire convivialité de l’événement et l’indispensable sécurité pour les participants, ainsi que pour les habitants de la ville d’accueil. Les villes souhaitent que l’expérience accumulée soit mutualisée afin que des dispositifs de prévention puissent accompagner l’organisation des événements. Plus ils seront préparés avec le concours des forces vives de la ville, en incluant les populations défavorisées dans leur déroulement sous la forme d’emplois, de formations, d’accès à l’activité, plus la sécurité sera assurée pour l’ensemble de la communauté. »9 A l’échelle de l’Union européenne, un travail a été mené sur l’échange d’informations et la coordination du maintien de l’ordre dans le football au sein du

7- La prévention de la violence dans le sport, Conseil de l’Europe, mai 2003 8- https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?Ref=DECLA%282003%29063 etLanguage=lanFrenchetVer=originaletSite=COEetBackColorInternet=D BDCF2etBackColorIntranet=FDC864etBackColorLogged=FDC864

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9- Manifeste de Saragosse de l’Efus, novembre 2006 - http://www. pdfdownload.org/pdf2html/pdf2html.php?url=http%3A%2F%2Fzara goza2006.fesu.org%2FIMG%2Fpdf%2Fmanifeste%2FManif este%20de%20Saragosse%20-%20FRANCAIS.pdfetimages=yes

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Introduction

Groupe de Travail sur la coopération entre les polices du Conseil de l’Europe. Ce travail a débouché sur la création du réseau des Points nationaux d’Information « Football » (PNIF) et la publication du Manuel contenant des recommandations pour la mise en place, à l’échelle internationale, d’une coopération policière et de mesures visant à prévenir et à maîtriser la violence et les troubles liés aux matchs de football revêtant une dimension internationale qui concernent au moins un État membre. Il faut également mentionner la conférence « Vers une stratégie européenne contre la violence dans le sport » qui a eu lieu à Bruxelles le 29 novembre 2007 avec la participation du Commissaire européen Franco Frattini, du président de l’UEFA Michel Platini et de l’Efus, représenté par son délégué général Michel Marcus. « Les compétitions sportives ne sont pas seulement des jeux ; elles doivent être une célébration des liens sociaux et de la compréhension mutuelle entre différentes cultures et traditions, » affirmaient les organisateurs. « Il est donc important de veiller à ce qu’elles se déroulent de façon pacifique et dans un environnement sûr. La prévention des incidents n’est possible qu’à travers une plus grande coopération entre les différentes communautés. Ceci demande un dialogue plus structuré entre les différents acteurs, y compris les gouvernements nationaux et locaux, les services de maintien de l’ordre, les autorités judiciaires et les organisations sportives telles que les clubs, les associations de supporters, etc. ». Bien que les aspects principaux des violences liées aux sports et autres comportements anti-sociaux soient les mêmes que dans le passé, leurs manifestations ont évolué en raison d’un certain nombre de facteurs. Dans le passé, il existait un a priori contre tous les supporters qui étaient tous considérés comme de dangereux hooligans en puissance. Aujourd’hui, on reconnaît largement qu’il existe des différences entre les groupes de supporters. Il existe un consensus sur le fait que seule

une minorité commet des actes violents et que la majorité souhaite assister pacifiquement au match. Par ailleurs, il est reconnu qu’il y a des différences entre la situation en Angleterre et en Ecosse, où l’on ne connaît aucun mouvement « ultra », et en Europe continentale. On reconnaît aussi de plus en plus les différences entre les bagarres organisées à l’avance (qui souvent remplacent le match lui-même) et les désordres causés principalement par l’alcool, et ce que ces phénomènes impliquent pour les organisateurs de l’événement et la police. L’émergence de « l’auto-police » parmi les fans et les associations de supporters qui ont un parti-pris foncièrement non violent est une évolution significative. Une autre tendance intéressante à suivre est la recrudescence des incidents en dehors du stade, dans les rues, les parcs et même sur les aires de repos des autoroutes. Ceci est dû à la panoplie de mesures de contrôle prises dans la plupart des pays et villes d’Europe : contrôles de sécurité à l’entrée des stades, uniquement des places assises, restrictions sur l’alcool, séparation stricte des supporters d’équipes rivales, rapide identification des fauteurs de trouble grâce à la vidéosurveillance et aux billets électroniques établis au nom des spectateurs, travail des spotters de la police. De même, les incidents se sont déplacés du stade vers les quartiers centraux des villes, en particulier les quartiers de vie nocturne où la fête commence bien avant le match et se termine bien après. Ceci fait que les villes sont aujourd’hui plus directement affectées par les grands événements sportifs. Les itinéraires de transport -par bus ou train- sont particulièrement sensibles. Il faut également veiller de près aux vols, au vandalisme et aux comportements agressifs dans les stations d’essence et les aires de repos du réseau routier, comme on l’a vu en République tchèque et en Italie. Un autre problème à traiter est celui des bagarres organisées entre groupes de supporters d’équipes rivales,

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qui ne sont pas liées à un match en particulier. Elles font les gros titres de la presse et influent sur la perception qu’a le public des grands événements sportifs. Grâce aux améliorations apportées depuis plusieurs décennies à la majeure partie des grands stades européens -autant en ce qui concerne l’infrastructure que le management- et à la réglementation plus stricte des grands matchs internationaux, les incidents se sont aussi déplacés vers les ligues de moindre importance, où les restrictions sont moindres. En effet, les stades de ligues mineures ne sont pas toujours ultramodernes ; les moyens techniques de contrôle ne sont pas aussi efficaces et les services de stewards et de sécurité sont plus souples, lorsqu’ils existent. De plus, les organisateurs locaux et la police locale n’ont pas toujours l’expérience suffisante pour gérer des groupes de supporters bien organisés, dont certains peuvent avoir des intentions violentes. Ce manque d’expérience peut amener les autorités locales à réprimer de façon excessive certaines manifestations de la « culture supporters » qui en fait ne représentent pas une menace. De même, l’Europa League et la participation des clubs plus petits aux matchs internationaux peuvent amener certains grands clubs européens à jouer dans des petits stades locaux. Ainsi, un nombre croissant de villes européennes sont amenées à devoir gérer un grand événement sportif. Elles doivent donc comprendre leur dynamique sociale. L’objectif de ce livre est ainsi d’aider les villes à organiser des événements sportifs en toute sécurité.

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I. Coordination et organisation >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Le rôle de la municipalité en matière de sûreté et de sécurité des événements sportifs Le rôle règlementaire de la ville dans l’organisation d’importantes manifestations sportives s’inscrit dans la législation nationale et autres documents règlementaires pertinents ou s’appuie sur des recommandations à l’échelle nationale, au moins dans une certaine mesure. Dans certains pays, comme l’Allemagne, la règlementation prend la forme d’une série de recommandations ; dans d’autres, elle est plus détaillée. Les obligations légales des villes varient considérablement d’un pays européen à l’autre et dépendent principalement de : • L’organisation des services de police ainsi que du rôle de la ville et du maire dans la gestion de ces services (par exemple, une police nationale en République tchèque ou une police municipale en Belgique); • des droits de propriété du stade (qu’il appartienne à un club ou une autre entité privée comme au Royaume-Uni ou que les municipalités en soient propriétaires comme en Autriche ou en Italie). De plus, la règlementation actuelle n’aborde pas seulement le rôle de la municipalité. Elle prend également en compte le rôle de la police, des clubs et associations sportives, des propriétaires de stade (s’ils appartiennent à d’autres entités que la municipalité ou les clubs sportifs) ainsi que le rôle d’autres services en charge de la sécurité tels que les pompiers. En dehors de leurs obligations légales en matière d’or-

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Coordination et organisation

ganisation d’événements sportifs, les municipalités doivent aussi tenir compte des autres conséquences directes de ces événements pour la ville et ses habitants. En effet, un événement sportif d’envergure a des conséquences pour les habitants (soumis à une série de restrictions) et entraîne des obligations accrues pour certains services publics (comme le transport, le ramassage des poubelles, le nettoyage des rues). L’impact négatif pour certains et la charge de travail supplémentaire pour d’autres peuvent être contrebalancés par le fait que les événements sportifs ont un effet positif sur le commerce et qu’ils ont un aspect festif. Ils ont aussi un impact positif sur le développement d’infrastructures. Ceci dit, les organisations sportives poursuivent des objectifs qui ne sont parfois pas les mêmes que ceux d’une municipalité. C’est pourquoi il est important d’avoir une coordination et une planification efficaces, afin de s’assurer que les bénéfices soient plus importants que les coûts additionnels. Au-delà des cadres réglementaires distincts auxquels les différentes municipalités sont soumises, elles ont toutes le devoir de garantir les intérêts des habitants, de minimiser les risques et les restrictions ainsi que de maximiser les gains attendus des grands événements. La sûreté et la sécurité sont primordiales. Toutefois, la sûreté et la sécurité sont liées au fonctionnement des différents services de la municipalité, à la façon dont elle communique avec les habitants et à sa capacité à résoudre rapidement leurs problèmes et préoccupations. Une planification soignée et une bonne coordination de tous les acteurs sont des outils importants pour garantir la sécurité et contribuer au succès de l’événement.

tement la municipalité et ses habitants, même lorsqu’il s’agit des droits et des devoirs d’institutions qui ne sont pas du domaine de compétences de la ville. Il est recommandé que les représentants municipaux s’informent et participent aux conférences régionales/ nationales et aux formations sur la sûreté et la sécurité des manifestations sportives. Ne pas oublier que les autres agents qui participent à la préparation d’un événement sportif représentent leurs propres intérêts. La municipalité doit représenter l’intérêt général de tous les citoyens, qu’ils soient ou non fans de sport. Elle doit donc défendre ses intérêts contre ceux des autres intervenants.

Recommandations Les services ou organismes municipaux concernés doivent être informés de la règlementation. Celle-ci peut, en effet, inclure des règles qui concernent direc22

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Une approche fondée sur le partenariat Certains services municipaux sont des partenaires « naturels » et évidents lors de la préparation d’une importante manifestation : les services de sécurité (police et autres organismes chargés de faire respecter la loi), pompiers, secours et bien sûr les organisateurs. La manifestation aura toutefois un impact sur d’autres agents et facteurs tels que les habitants locaux, les transports, les commerces situés près du stade et divers groupes d’intérêt dont les clubs de fans. Les entrepreneurs locaux et les propriétaires de magasins peuvent profiter de l’événement, mais ils peuvent aussi essuyer des pertes. Ainsi, certains établissements peuvent être fermés avant ou après l’événement et les ventes d’alcool peuvent être restreintes. Il est recommandé de rencontrer ces groupes et de leur permettre d’exprimer leurs points de vue et préoccupations afin d’obtenir leur soutien et de s’assurer qu’ils collaboreront avec les autorités. D’autres groupes ne sont pas directement affectés par l’événement mais il convient de les impliquer également pour prévenir d’éventuels troubles sociaux. C’est le cas notamment de la jeunesse locale et des groupes de fans. Organiser leur participation à l’événement -par exemple à travers un programme de volontariat23

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Coordination et organisation

permettra de prévenir d’éventuels conflits. De plus, une telle démarche peut s’inscrire dans une stratégie plus globale d’inclusion sociale. Impliquer toutes les partie le plus en amont possible permettra d’éviter les conflits plus tard. Il est important de mesurer comment ces divers groupes peuvent être affectés et de les faire participer à la préparation de l’événement, ou à tout le moins de les informer. Rallier les différents groupes d’intérêt et travailler en partenariat ne demande pas nécessairement une organisation lourde. On peut le faire avec des réunions informelles.

Qui dirige le comité de coordination ? Il existe en la matière des différences d’un pays à l’autre en fonction de la règlementation nationale. Dans certains pays, le maire est responsable de la sécurité dans sa ville ; dans d’autres, cette charge revient à la police nationale. Certaines législations spécifient les responsables ainsi que la personne qui doit présider le groupe de coordination (le « Questore » en Italie par exemple). Dans les pays où la police occupe une place primordiale en matière de sécurité, le rôle de la municipalité est plutôt orienté vers la surveillance et l’organisation. Dans les pays où la législation est moins stricte et ne comprend pas de règles spécifiques en matière de sécurité lors d’importantes manifestations sportives, la municipalité est la mieux à même d’endosser ce rôle. De toute façon, la municipalité est généralement le seul représentant de l’intérêt public. Toutes les autres parties défendent leurs propres intérêts. Les organisateurs veulent que l’événement soit profitable et se déroule sans heurt et la police cherche bien sûr à maintenir l’ordre public et à garantir la sécurité. Ainsi, la municipalité doit prendre la responsabilité de toutes les autres activités liées à la manifestation et adopter une attitude proactive quant à son rôle de supervision, en établissant ses propres objectifs et priorités et en exigeant que toutes les parties impliquées les respectent. Son rôle doit dépasser la simple participation aux réunions tenues par les organisateurs. Les débats lors des réunions de coordination, de programmation et d’information doivent être correctement documentés et inclure les avis des différents participants et acteurs de la manifestation. Ce type de rapport est particulièrement utile en cas d’incident suivi d’une enquête. Il est également utile pour vérifier que les participants ne modifient pas leur point de vue ou position. Il est important de préciser clairement dans un document écrit le partage des devoirs et des compétences de chacun, notamment en cas d’urgence, de catastrophe ou d’émeute. Lorsque de telles situa-

Recommandation L’identification, dès le début des préparatifs, des groupes potentiellement affectés ou intéressés permet d’éviter les difficultés ou les oppositions plus tard. Qui doit faire partie de l’équipe de coordination et qui doit la diriger ? Il sera peut-être nécessaire de mettre en place divers type d’organismes de coordination. Certains peuvent être établis de façon permanente et se réunir à chaque événement important. C’est le cas pour les services de sécurité et de secours. Les services municipaux tels que les transports publics et de nettoyage doivent être également régulièrement consultés. Le comité de coordination permanent doit comprendre des représentants de la municipalité, les forces de sécurité dont la police, les organisateurs de l’événement, les services de secours et les pompiers, les services techniques de la ville, les services de prévention et de la jeunesse et les propriétaires des stades. Ce comité doit se réunir régulièrement et fréquemment avant l’événement. Il doit aussi le faire lorsqu’aucun événement important n’est prévu, même si moins souvent, par exemple avant et après la saison sportive. Les autres groupes et comités peuvent être consultés de façon moins occasionnelle, au cours de réunions spécifiques. 24

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Coordination et organisation

tions se produisent, il est trop tard pour décider des responsabilités et des rôles respectifs des différents groupes ou organismes.

commandations, le ministère a également demandé la mise en place d’un comité local des Sports et de la Sécurité sous l’égide de la municipalité. A la suite de cette requête, les autorités de Mannheim ont créé le comité local des Sports et de la Sécurité. L’objectif de ce Comité est d’examiner, adopter et développer des règlementations en matière de sécurité pour prévenir la criminalité dans et autour des stades. Les membres du Comité discutent des problèmes de sécurité, des supporters potentiellement « difficiles », des mesures d’exclusion, de la vente d’alcool et de l’organisation des transports et de la circulation. Le Comité est présidé par le maire adjoint de Mannheim et comprend des représentants de la police, du ministère des Sports et des Loisirs, du ministère de la Sécurité et de l’Ordre Public et des clubs de sports. Les membres du comité se réunissent une fois par an.

Recommandation Une équipe de coordination doit être mise en place et se réunir régulièrement, même lorsqu’aucun événement important n’est prévu au calendrier. Lorsqu’un événement sportif est annoncé, alors les réunions doivent être plus fréquentes, et avoir lieu en amont. Lors de ces réunions, le comité de coordination peut passer en revue tous les points de vue des différents groupes impliqués. De plus, de telles réunions permettent à tous les participants de s’approprier la manifestation. La ville a une position unique en matière d’organisation de grands événements sportifs parce qu’elle représente les habitants. Au-delà de ses obligations légales, la ville doit clarifier ses objectifs et ses priorités lors des réunions de coordination.

Bonne pratique : Mannheim (Allemagne) Le comité local des Sports et de la Sécurité a été fondé à Mannheim en mai 2011, deux ans après les violentes émeutes qui avaient éclaté après un match de football, le 2 septembre 2009. Plusieurs officiers de police avaient été blessés lors de ces émeutes provoquées par des supporters « difficiles ». Depuis cet incident, la sécurité pendant les manifestations sportives, et plus particulièrement lors de matchs de football, a été au cœur des préoccupations des habitants de Mannheim et de la municipalité. Lors de deux sommets sur la sécurité organisés par le ministre de l’Intérieur du Bade-Wurtemberg en 2009 et 2010, les mesures préventives et répressives pour lutter contre la criminalité pendant les matchs de football ont été au centre des débats. Parmi d’autres re26

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Communication avec les médias La communication avec les médias fait partie intégrante de la stratégie de préparation de la manifestation. Il est en effet important de prévenir toute couverture médiatique négative en cas d’incident ou d’erreur. A cet égard, trois grands principes sont à suivre : • Réagir rapidement à tout incident. • Être proactif : informer immédiatement les médias avant qu’ils ne tirent leurs propres conclusions ou critiquent la gestion de la manifestation. • Être précis : faire preuve de professionnalisme et fournir des informations correctes et précises ainsi que des données factuelles (chiffres, dates...). Minimiser ou dissimuler une information négative est toujours une mauvaise solution. Avec internet, l’information finit toujours par être rendue publique. Retarder la publication d’une information est toujours une option défensive qui crée des problèmes. Les points presse doivent être organisés très en amont 27

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de la manifestation afin de générer l’intérêt des médias non seulement envers l’événement en lui-même mais aussi envers les activités parallèles telles que le programme de volontariat, les initiatives prises par les groupes locaux, etc. Il convient de faire participer toutes les parties impliquées à la conférence de presse afin de promouvoir le côté festif de la manifestation et le travail mené par les groupes locaux. Les attachés de presse ont bien sûr un rôle central à jouer dans les stratégies médiatiques des grandes manifestations. Les différentes autorités doivent avoir une position cohérente, en particulier dans une situation d’urgence. Il est particulièrement important que les services du maire et la police locale présentent aux médias une même vision de la situation. Le service de presse doit non seulement connaître le détail de la manifestation et des mesures adoptées, mais également les différentes parties impliquées et leur rôle respectif dans l’organisation.

Mais cela peut avoir de graves conséquences lors de la manifestation suivante. Cette phase de retour d’expérience permet également de passer en revue les éléments positifs que l’on pourra réutiliser par la suite. Si la manifestation s’est bien passée, la réunion de débriefing est aussi l’occasion de se retrouver dans une atmosphère détendue qui contribue à renforcer les relations. Pour les manifestations sportives régulières telles que des matchs de ligue, il n’est pas nécessaire d’organiser un débriefing après chaque rencontre. Il est toutefois utile de se réunir en fin de saison.

Recommandations Etablir une politique de communication proactive envers les médias et fournir précisément toutes les informations nécessaires. Utiliser la presse pour faire passer votre message à la population locale. Débriefing et retour d’expérience Une fois l’événement passé et même s’il a été une réussite, il reste du travail à faire. Il convient d’organiser une session de débriefing avec toutes les personnes qui ont participé à l’organisation, afin de tirer les leçons de cette expérience. C’est une étape qui est souvent négligée. C’est le moment de revenir sur les éventuelles erreurs et sur les tâches qui n’ont pas été menées à bien, afin de chercher à améliorer l’organisation. Si aucun incident ne s’est produit, il est facile d’ignorer les erreurs. 28

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Les checklists Il est utile de préparer par écrit une liste des tâches à accomplir par tous les participants à l’événement, en particulier les responsables de la coordination. Le Comité Permanent du Conseil de l’Europe a publié une recommandation pour les organisateurs d’événements sportifs à haut risque. Elle comprend une checklist détaillée de 70 mesures, assorties d’une répartition claire des responsabilités. Ces mesures sont organisées par thème : réglementation et coordination, architecture et structure du stade, maintenance, dispositifs de sûreté, équipements, coordination avant l’événement, vérifications avant l’événement, billetterie, procédures le jour de l’événement, contrôle des accès et des entrées, gestion des spectateurs, service clientèle, procédures après l’événement, mesures sociales, éducatives et préventives, relations avec les médias. Pour chaque thème, il existe une liste des responsables : propriétaires du stade, organisateurs, organisme sportif national, organisme international comme l’UEFA ou autre, autorité publique (voir la Recommandation (2008) 1 du Comité Permanent du Conseil de l’Europe sur la liste des mesures qui doivent être prises par les organisateurs d’événements sportifs professionnels et par les autorités publiques). 29

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La municipalité et sa relation avec le stade

Recommandation

II. La municipalité et sa relation avec le stade

Etablir et utiliser une checklist des mesures à mettre en place lors des événements sportifs. Celles du Conseil de l’Europe peuvent servir de base pour établir une checklist spécifique, adaptée à la municipalité.

Références Conseil de l’Europe Convention européenne sur la violence et les débordements des spectateurs lors de manifestations sportives, et notamment de matchs de football Site internet (disponible en EN, FR, DE, IT, RU): http://conventions.coe.int/Treaty/Commun/QueVoulezVous.asp?NT=120etCM=1etDF=08/01/2012e tCL=ENG Recommandation Rec (2010) 2 du Comité Permanent relative aux principes d’hospitalité à appliquer à l’organisation de manifestations sportives. Site internet (disponible en EN, FR) : http://www.coe. int/t/dg4/sport/resources/texts/Rec_2010_02_EN_ Rec_Hospitality.pdf

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>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Principes généraux Le rôle des municipalités dans la gestion des installations sportives varie grandement d’un pays à l’autre, en fonction de la règlementation nationale et de la propriété des installations. Dans certains cas, l’installation est à la charge directe de la municipalité et celle-ci en assume donc l’entière responsabilité. Dans d’autres, son rôle est uniquement statutaire pour superviser la construction et s’assurer que toutes les règlementations en matière de sécurité ont été respectées. Dans d’autres cas, la relation est moins directe et formelle ; elle est fondée sur le fait que le stade est installé sur le territoire de la municipalité. Les municipalités qui sont légalement responsables doivent respecter les recommandations internationales et suivre les bonnes pratiques en matière de sécurité, même si celles-ci vont au-delà de la législation nationale. Même dans le cas d’une relation plus informelle, la présence d’une installation sportive a un impact sur la municipalité qui doit gérer les services incendie et médicaux, les transports et les nuisances publiques. Il est donc dans l’intérêt des municipalités d’être proactives. Il y a deux domaines interdépendants – les infrastructures et les équipements d’une part, et la gestion de l’installation d’autre part. Bien que la majorité des sites sportifs et des équipements soient modernes et récents, les éléments liés à la sécurité sont parfois né-

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gligés jusqu’à ce qu’un incident se produise. Les responsables sportifs peuvent parfois considérer que la sécurité et la sûreté sont des questions « externes » qui sont du ressort de « quelqu’un d’autre ». Les équipements de sécurité apparaissent parfois comme un luxe superflu. Jusqu’à l’incident. Le confort des spectateurs est en réalité étroitement lié à la sécurité et la sûreté des installations parce que celles-ci contribuent à créer une atmosphère détendue qui favorise un comportement plus pacifique. La gestion de l’installation est liée à la construction et aux équipements. Certains des accidents les plus graves dans le monde sportif n’ont pas tant été provoqués par des erreurs de conception architecturale que par une mauvaise gestion. Ce chapitre porte sur les éléments basiques de sécurité et de sûreté dans les installations sportives qui doivent être directement mis en œuvre, supervisés ou encouragés par les municipalités responsables. Nous examinerons l’architecture des installations sportives, l’entrée, les portes de sortie et d’évacuation, les plans d’urgence, les barrières, les parois de séparation entre supporters et le rôle des stewards. Nous avons choisi de ne pas aborder ici certains aspects tels que la vidéosurveillance, les centres opérationnels, les dispositifs d’annonce publique ou encore les générateurs d’électricité de secours soit parce qu’ils sont trop techniques, soit qu’ils ont déjà fait l’objet d’études. Vous trouverez toutefois des informations intéressantes dans la liste des lectures recommandées. L’investissement dans une installation sportive, qu’il soit financier ou humain, réduit les risques d’incident, évite les dommages et contribue à la satisfaction des spectateurs et de la population locale. En principe, les autorités publiques devraient établir une liste complète des mesures pratiques à mettre en œuvre par les propriétaires et les responsables des installations ainsi que par les organisateurs de manifestations sportives. Cette liste doit inclure les dispositions

détaillées concernant : • les questions structurelles, les inspections et les tests sur les toitures et les tribunes (plus particulièrement pour les structures mobiles), les vérifications spécifiques en cas de conditions météorologiques difficiles (importantes chutes de neige ou grandes variations de température) ; • la hauteur, la résistance et l’espacement des barrières et des rampes ; • les entrées, les sorties et la circulation des spectateurs ; • la provision de sorties de secours et de zones de rassemblement dégagées autour de l’installation sportive ; • les systèmes de gestion de la sécurité, les équipements et les systèmes de communication relatifs à la sécurité (y compris les alimentations électriques de secours) ; • la capacité de sécurité, qui ne correspond pas automatiquement à la capacité d’accueil maximale de l’installation (par exemple, en cas de match à risque élevé, certains secteurs du stade peuvent être fermés) et le système de billeterie qui y est associé, la gestion des foules et les stewards (décision sur le nombre de stewards nécessaires) ; • la prévention incendie ; • les installations médicales ; • l’éclairage et l’éclairage de secours.

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Que la municipalité soit propriétaire du site ou uniquement responsable de la surveillance technique et fonctionnelle, elle doit suivre attentivement les questions mentionnées ci-après. L’importance de l’architecture Il est important de noter que les événements les plus tragiques survenus dans des stades en Europe et ailleurs10 ne sont pas dus à la violence mais à des dé10- Par exemple, la tragédie du Stade Armand Césari à Bastia (France).

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faillances structurelles ou fonctionnelles. Il existe un adage bien connu selon lequel un stade sûr est un stade vide. Le nombre de spectateurs n’est pas la question essentielle. La nature de ce public doit également être prise en compte. Les spectateurs d’un match ne se comportent pas de la même façon que ceux d’une pièce de théâtre. Lorsque le public est composé de dizaines de milliers de spectateurs en liesse, cela nécessite un certain type d’architecture. L’ambiance d’un match est chargée d’émotion et peut être la cause de certains incidents qui n’auraient pas lieu lors d’autres spectacles (par exemple des spectateurs qui tombent des escaliers). Toutes les questions relatives aux fonctionnalités d’un stade doivent être soigneusement prises en compte lors de la construction (même pour une installation temporaire) et de la reconstruction. Il est nécessaire d’effectuer régulièrement des vérifications et de la maintenance même lorsqu’il n’y a pas de travaux de construction en cours. Il convient de remédier à tout signe de détérioration. Une attention particulière devra être accordée aux enquêtes concernant des incidents ayant eu lieu pendant un match, y compris les blessures légères qui pourraient révéler la nécessité d’effectuer certaines modifications structurelles. Par exemple, si certains spectateurs se sont légèrement blessés dans les escaliers et les passerelles, cela pourrait indiquer que les rampes ont besoin d’être remplacées, ce qui est relativement peu coûteux. Il faut aussi noter que la capacité technique d’un stade n’est pas forcément égale à sa capacité en termes de sûreté. Il peut parfois être plus prudent de mettre en vente un nombre limité d’entrées afin de mieux séparer les groupes de supporters rivaux ou de permettre une meilleure circulation du public dans le stade.

Bonne pratique : Solna, Suède

Le stade est surtout connu pour le drame de Furiani, le 5 mai 1992, lorsqu’une des tribunes métalliques s’est effondrée, faisant 18 morts et plus de 2.300 blessés.

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Un grand stade est en construction à Solna depuis 2009. La bonne coopération entre la municipalité et l’entreprise propriétaire du stade, ainsi que la défense des intérêts des habitants par la municipalité depuis le début de la construction, sont un bon exemple du rôle que peut jouer une ville. Le site choisi pour le stade est une friche industrielle. Le projet prévoit que cette zone, appelée « Arenastaden », devienne un nouveau quartier d’habitations et de commerces qui sera aussi un centre dédié aux sports et aux loisirs, non seulement pour les habitants de Solna mais aussi pour ceux de Stockholm. Le nouveau stade, qui devait être achevé courant 2012, aura une capacité de 50.000 places pour les matchs de football et de 65.000 pour les concerts. Il s’agit d’un équipement multi-fonctionnel, l’un des plus grands, des plus modernes et des plus flexibles construits à ce jour. Pour des raisons de sécurité, le stade peut être « découpé » en zones accueillant chacune un maximum de 5.000 spectateurs. Il est possible de contrôler les foules à l’extérieur. Le stade aura un toit rétractable qui pourra être ouvert en été et fermé en hiver. Le terrain a été conçu pour être revêtu de divers matériaux : herbe, gravier, glace, neige, sols variés. Il peut même être recouvert d’eau. Cet équipement ultramoderne fera de Solna une ville de pointe en matière de grands événements sportifs. Quant au nouveau quartier Arenastaden, il pourra accueillir 2.000 logements, des entreprises -la capacité est de 10.000 employés au total- un hôtel et un centre commercial. La ville de Solna et ses partenaires ont également développé les infrastructures : extension du tramway qui relie la gare de Solna au nouveau quartier Arenastaden et liaison régulière par train vers l’aéroport d’Arlanda. De nouvelles liaisons routières sont également prévues pour relier Arenastaden au réseau autoroutier, avec notamment la construction de deux nouveaux ponts. 35

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La municipalité et sa relation avec le stade

La ville de Solna est partenaire de l’entreprise propriétaire du stade, aux côtés de l’Association suédoise de football, des sociétés immobilières Fabege et Jernhusen et de l’entreprise de construction Peab. Le directeur de la municipalité de Solna est, en tant que représentant de la ville, président de la compagnie Arena, ce qui permet à la ville d’avoir une influence directe sur le développement du stade.

risés à entrer dans le stade. Lors de toute manifestation dans le stade, la ville de Solna doit également donner son autorisation sur : • L’organisation du trafic • La vente d’alcool • L’information au public (panneaux et bannières) La police doit aussi donner son autorisation préalable avant toute manifestation, y compris les matchs de football. Pour plus d’information voir : http://www.swedbankarena.se/en/about_the_arena_ facts.asp

Plan de sécurité L’objectif du plan de sécurité est de garantir la sûreté et la sécurité du stade pour tous les visiteurs, les employés et tout autre utilisateur. Les risques et les situations dangereuses sont constamment surveillés et le niveau de sécurité est adapté en fonction des manifestations qui se déroulent dans le stade. Un plan d’action détaillé permettra une gestion efficace des incidents. Le stade répond bien sûr à la législation suédoise en la matière et les employés reçoivent des informations et une formation ad hoc. Le plan de sécurité comprend : • Les risques et menaces • Les installations techniques • L’analyse opérationnelle • La prévention de la délinquance • L’environnement de travail • Les risques pour l’environnement naturel • Les médias • La gestion de crise • La sécurité lors des manifestations De plus, l’organisation doit présenter un plan d’évacuation concernant non seulement le stade mais aussi les zones proches. Il inclut le contrôle des foules, l’analyse du système de transport public et un point d’accès prioritaire. Les plans de sûreté et de sécurité doivent être approuvés par les services municipaux des pompiers et d’urgence, qui doivent également donner leur autorisation sur le nombre de spectateurs auto36

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Recommandation Les municipalités, en tant que propriétaires et autorités de supervision, doivent être attentives aux questions structurelles. Il est important d’effectuer des vérifications régulières et approfondies des structures. Entrées et sorties Une conception architecturale adéquate des entrées et sorties du stade constitue un élément clé pour la sécurité et la sûreté. Il est important que le stade ait suffisamment de portes d’accès afin de permettre à tous les spectateurs de gagner rapidement leur place. C’est un aspect très sérieux parce que si des spectateurs se retrouvent bloqués aux entrées et ratent le début du match, ils seront frustrés, ce qui peut dégénérer en violences. La séparation efficace des supporters des équipes rivales est un autre point clé. Cette ségrégation est exigée par la Convention européenne et par le règlement de l’UEFA. La séparation doit être prévue aux entrées et sorties du stade ainsi que dans les plans de circulation à l’intérieur. Les supporters de l’équipe à domicile et ceux de l’équipe en déplacement doivent être traités équitablement, pour éviter toute frustration inutile chez les supporters visiteurs. En particulier, 37

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tous les comportements discriminatoires tels que des contrôles de sécurité plus stricts, des installations de moins bonne qualité dans le secteur de l’équipe en déplacement ou encore tout signe d’arrogance parmi les stewards sont à bannir. De telles inégalités de traitement peuvent générer des frustrations qui pourraient avoir des conséquences violentes. Toutefois, le système d’entrée doit inclure un contrôle strict des billets pour les spectateurs en visite ainsi qu’un contrôle de sécurité séparé. Il ne faut pas ouvrir toutes les entrées du stade s’il n’y a pas un nombre suffisant de stewards pour effectuer les contrôles de sécurité. Les tourniquets sont le plus couramment utilisés pour les contrôles à l’entrée, associés au contrôle électronique des tickets. L’espace à l’entrée doit être suffisant pour permettre les fouilles et le contrôle des sacs. Il est également fortement recommandé d’équiper le stade de systèmes automatiques indiquant le taux de remplissage et d’occupation des différents secteurs. La surveillance en temps réel de l’entrée des supporters permet de détecter rapidement les retards ou les difficultés et de réagir immédiatement, par exemple en envoyant des stewards supplémentaires pour les fouilles ou en retardant légèrement le coup d’envoi du match. Les voies de sorties sont essentielles pour permettre une évacuation ordonnée du stade en cas d’urgence. Un certain nombre de tragédies auraient pu être évitées par l’établissement d’un plan d’évacuation d’urgence. Ainsi, la catastrophe d’Accra au Ghana 11, en

2001 était principalement due au fait que les issues de secours étaient fermées. Il est recommandé de prévoir un nombre suffisant d’itinéraires de sortie pour permettre une évacuation rapide et dans le calme. Les procédures d’évacuation doivent être testées. Les portes de sortie doivent être équipées d’un système de verrouillage d’un seul côté (facile à ouvrir de l’intérieur et ouverture uniquement par l’intérieur) et/ou surveillées par des stewards correctement formés. Les itinéraires d’évacuation doivent être visibles dans tout le stade. Les portes doivent être de la même largeur que les couloirs pour éviter des ralentissements au moment de l’évacuation.

11- La tragédie du stade d’Accra a eu lieu le 9 mai 2001. Avec 127 morts, c’est la plus grande catastrophe de l’histoire du football africain. Ce jour-là, le match opposait deux des plus grandes équipes du Ghana, les Accra Hearts du Oak Sporting Club et Asante Kotoko. L’équipe à domicile a marqué deux buts en fin de match et remporté le match 2-1 sur Kotoko. Les supporters déçus de Kotoko ont réagi en envoyant des sièges en plastique et des bouteilles sur le terrain de jeu. La police a réagi en tirant des gaz lacrymogènes, provoquant un mouvement de panique parmi les spectateurs. Dans la bousculade qui a suivi, 127 personnes sont mortes asphyxiées. Selon les rapports d’enquête, l’équipe médicale avait déjà quitté le stade parce que le match était pratiquement terminé. De plus, certaines portes étaient verrouillées et les spectateurs se sont retrouvés bloqués à l’intérieur.

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Recommandation Les entrées et les sorties sont des éléments clés de la sécurité dans un stade. Elles doivent être minutieusement planifiées et correctement intégrées à l’architecture et lors de la conception de l’installation. Il est crucial d’avoir un nombre suffisant d’issues de secours ; aucune ne doit être verrouillée. La façon dont les spectateurs sont traités pendant les procédures d’entrée et de sortie du stade a également beaucoup d’importance. Elle peut avoir une influence considérable sur le succès d’une manifestation sportive et contribuer à créer une ambiance conviviale ou au contraire créer des tensions et des frustrations. Séparation des supporters La séparation efficace des supporters est à la base de toute stratégie de sécurité lors de manifestations sportives. Elle est requise par la Convention européenne et par le règlement de l’UEFA. Cette exigence a conduit à la construction, dans de nombreux stades, de cages palissades et de barrières. Cependant, l’expérience et les études ont démontré que ce type de barrières peut susciter des comportements agressifs envers les stewards et les officiers de 39

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police ainsi que des actes de vandalisme. Il a souvent été dit que si les supporters sont traités comme des animaux, ils se conduisent comme tels. Il a été également établi qu’un service clientèle de qualité et une bonne gestion du stade peuvent être plus efficaces que des barrières pour séparer les supporters. Les récents championnats de football européens et internationaux ont montré que des manifestations sportives de cette envergure pouvaient avoir lieu en toute sécurité et dans le calme, sans qu’il soit besoin de recourir à des mesures drastiques. En se fondant principalement sur l’expérience du Royaume-Uni, le comité permanent du Conseil de l’Europe a adopté en 1999 une recommandation demandant le retrait des barrières de séparation si certaines autres conditions données ci-dessous étaient respectées : • tous les stades doivent être équipés de sièges (pas de spectateurs debout), qui doivent être numérotés. Les stades doivent également être équipés d’un système de vidéosurveillance et de postes de contrôle et de commande ; • une gestion adaptée de la vente de billets ; • une amélioration des techniques de gestion des foules (par les forces de police et par les instances du football), en donnant plus d’importance aux stewards, ce qui illustre une évolution vers l’autoresponsabilité et l’auto-contrôle ; • une meilleure collaboration au sein de la police, tant au niveau national qu’européen, pour mieux identifier les fauteurs de trouble et améliorer la sécurité ; • l’introduction d’une règlementation adaptée avec de véritables sanctions pour les personnes condamnées pour infraction. Dans certains cas, lorsque des matchs ou des championnats alimentent de vieilles animosités entre supporters, il est souvent plus facile et moins coûteux de les séparer afin d’éviter tout risque d’incidents vio-

lents. Ceci étant, la séparation des supporters doit être organisée de façon à être ni frustrante, ni humiliante, soit par la conception architecturale des barrières de séparation soit par des mesures organisationnelles. Il existe maintenant de nouvelles méthodes pour séparer les supporters. Par exemple, les barrières à « rouleaux » impossible à escalader ou les filets placés audessus de certaines zones qui empêchent les spectateurs d’accéder à d’autres zones. Quant aux sanctions, la plus efficace reste l’interdiction de stade, si elle est bien utilisée. Interdire l’accès au stade aux supporters les plus violents permettra éventuellement d’utiliser des mesures de séparation moins coercitives que ces imposantes barrières (la question du traitement des délinquants est abordée dans le chapitre IV). Les municipalités n’ont peut-être pas formellement le pouvoir de décider la méthode de séparation des supporters. Il leur est toutefois recommandé d’utiliser leur influence pour préconiser les méthodes citées plus haut.

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Recommandation La séparation des supporters est une méthode efficace pour prévenir les incidents violents. Elle doit être organisée de façon à être ni agressive, ni humiliante afin de ne pas être une source de frustration. Relation entre la municipalité et le management du stade Sauf si la municipalité est propriétaire du stade, son influence sur la gestion du stade est limitée. La direction doit assurer une bonne coordination entre tous les agents de sécurité du stade, plus particulièrement entre les stewards, la police et les autres services de sécurité externes. La plupart des stades européens ont un responsable sécurité (conformément au règlement de l’UEFA, consulter l’Article 4 du Règlement de l’UEFA sur la Sûreté et la Sécurité). Le responsable sécurité, souvent un ancien officier de police, doit pou41

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La municipalité et sa relation avec le stade

voir prendre des décisions clés en tant que responsable de la sûreté et de la sécurité. Les relations entre la municipalité et le responsable sécurité du stade sont particulièrement importantes lorsque la municipalité a l’autorité sur les forces de police. Dans d’autres situations, la municipalité peut exiger, dans le cadre de son rôle de supervision du dispositif d’urgence, que soient établis des documents qui spécifient les responsabilités du responsable sécurité et de la police dans différentes situations.

Bonne pratique : Vienne, Autriche,

Plans d’intervention Les services d’urgences comprennent généralement les équipes de premiers soins, les services d’ambulance et les pompiers. La construction et la gestion des stades ont énormément changé depuis le drame de Bradford en 1985 au Royaume-Uni12. Mais le risque d’incendie dans les stades est toujours présent, principalement en raison des engins pyrotechniques (pétards, fumigènes etc.) Tous les engins pyrotechniques devraient être déclarés illégaux dans les stades. Si la législation ne les mentionne pas, ils devraient être interdits par le règlement municipal ou celui du club. Il est nécessaire d’informer les spectateurs par tous les moyens possibles que ces engins sont dangereux et interdits dans le stade. Il existe d’autres engins dangereux comme les bannières inflammables et autres objets utilisés par les supporters pour les chorégraphies de foule. Il est recommandé de vérifier régulièrement que le matériel utilisé pour ces chorégraphies est adapté à une utilisation dans les stades. 12- Le drame du stade de Bradford City a eu lieu le 11 mai 1985 lorsqu’un incendie a détruit un côté du stade de football du Valley Parade à Bradford, en Angleterre. L’incendie s’est déclenché pendant la rencontre entre l’équipe de Bradford City (à domicile) et Lincoln City, le jour où Bradford City célébrait sa victoire dans la Ligue de troisième division. Le bilan a été de 56 morts et plus de 265 blessés.

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Propriétaire du stade Ernst Happel, la ville de Vienne exerce dûment son droit de vérification et d’approbation des bannières utilisées par les supporters. On vérifie leurs dimensions et leur ininflammabilité. Les bannières qui ne correspondent pas aux critères de sécurité sont rejetées. Aujourd’hui, les services d’assistance médicale proposés dans les grands stades sont appropriés. Les plans d’urgence établis pour les tournois ou autres manifestations sportives d’envergure prennent en compte les catastrophes majeures. Des installations de premiers secours entièrement équipées doivent être disponibles dans chaque secteur du stade et doivent avoir été approuvées par les autorités locales compétentes. Un médecin de garde et une ambulance doivent être présents lors de toute manifestation sportive rassemblant plus de 5.000 spectateurs, et un secouriste doit être prévu pour chaque 1.000 spectateurs (Recommandation du comité permanent du Conseil de l’Europe relative au renforcement de la sécurité dans les stades (91/1)). La coordination entre le personnel de sécurité et les services d’urgence doit être assurée par des réunions d’information préliminaires.

Recommandation Faire très attention aux plans d’urgence relatifs aux importantes manifestations sportives. Les municipalités doivent faire valoir leurs droits de supervision mais aussi utiliser de façon informelle leur influence sur les organisateurs des matchs et les propriétaires de stade. Une bonne formation à cet égard est fortement recommandée. Les services de stewards Les stewards sont les membres clés de l’équipe de ges43

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tion d’un stade parce qu’ils assurent la sécurité des spectateurs, leur bien-être pendant le match et facilitent leurs déplacements de façon ordonnée à l’intérieur du stade. D’après la définition de l’UEFA, les stewards sont toutes les personnes privées nommées par l’organisateur qui permettent au match de se dérouler sans incident. En Europe, le terme « steward » est utilisé pour désigner deux types de personnes. Il peut s’agir du personnel auxiliaire employé du stade qui a été spécifiquement formé pour assister les spectateurs. Il peut également s’agir d’employés d’entreprises de sécurité qui travaillent pour divers établissements sous contrat et dont la mission consiste principalement à assurer la sécurité. De toute façon, l’assistance en matière de sécurité et celle aux spectateurs ne doivent pas être négligées. Le rôle des stewards est ainsi défini par le Conseil de l’Europe : La nature, le rôle et les fonctions des stewards doivent être clairement définies. Ces fonctions, distinctes de celles de la police, mais qui les complètent, doivent inclure les activités suivantes : • effectuer des fouilles dans le stade avant, pendant et après le match en fonction des besoins ; • accueillir, orienter et assister tous les spectateurs, quel que soit leur âge, race, sexe, handicap ou l’équipe qu’ils soutiennent ; • répondre aux éventuelles plaintes des spectateurs ; • informer les spectateurs des dispositions et des installations dans le stade ainsi que de toutes les exigences de sécurité des organisateurs ou des services d’urgence ; • aider au maintien de la sécurité dans le stade, notamment en surveillant les entrées et les sorties des spectateurs, afin qu’elles se déroulent en toute sécurité ; • appliquer le règlement du stade ; • maintenir les spectateurs à l’écart des parties du stade interdites au public ;

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surveiller toutes les zones de danger potentiel et éviter l’engorgement ; répondre aux incidents et aux urgences et prendre les mesures nécessaires pour y faire face ; aider les services de police ou d’urgence lorsque nécessaire.

Les stewards doivent être dûment formés et doivent être briefés avant chaque match. Dans certains pays, comme l’Italie, une législation détaillée régule le recrutement et la formation des stewards. Dans une recommandation récente, le Comité Permanent du Conseil de l’Europe a proposé des thèmes possibles pour la formation des stewards (voir la Recommandation Rec (2011) 1 du Comité Permanent sur la formation des responsables de la sécurité, des contrôleurs et des stewards et son manuel). Tous les stewards doivent bien connaître le stade. Il est donc recommandé de les recruter localement, ce qui peut avoir un impact positif sur la politique de prévention et la politique sociale de la municipalité. Le recrutement de jeunes locaux, en particulier ceux issus des quartiers défavorisés ou ceux au chômage, peut contribuer à leur intégration sociale.

Bonne pratique : Liège, Belgique Un ancien membre du club de supporters « Hell-side » est devenu le responsable de la sécurité du stade. En Belgique, les stades ont commencé à employer des stewards en 1997. Depuis, trois supporters du Standard de Liège ont été acceptés dans le programme national de formation des stewards. Ils faisaient tous partie du groupe “Hell-side”. Leur recrutement a d’abord été accueilli avec méfiance. Toutefois, leur attitude responsable et le succès de l’Euro 2000 ont progressivement dissipé les préjugés. L’un d’entre eux, Christian Hannon, a même été nommé responsable de la sécurité du Standard de Liège en 2003. Depuis, il exerce ses fonctions de manière tout à fait satisfaisante. 45

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La municipalité et sa relation avec le stade

Qu’est-ce qui a amené les dirigeants du club à recruter Christian Hannon à ce poste ? Il a la formation académique nécessaire et a participé à un programme de fan-coaching. Il était bien connu du club et des services sociaux et de prévention de la ville, qui se sont portés garants de sa candidature pendant les négociations qui ont précédé sa promotion. Quel impact sur la sécurité ? Comme dans toutes les situations problématiques, il est toujours positif d’avoir des exemples de réussite. L’histoire personnelle de cet ancien supporter est encourageante. Elle peut devenir un exemple pour de nombreux jeunes Liégeois qui peuvent le considérer comme un « héros » puisqu’il a accédé à un poste de rêve dans le club. C’est aussi un exemple de management éclairé de la part des dirigeants du Standard de Liège. Non seulement parce qu’ils l’ont promu au poste de Responsable Sécurité, mais aussi parce qu’ils ont choisi de recruter en tant que stewards des supporters potentiellement « difficiles ». Cette expérience montre qu’une approche innovante comme celle de ce club peut avoir des résultats très positifs.

ou ne pas être toujours en mesure de transmettre leur savoir-faire aux managers moins expérimentés. C’est pourquoi il est fortement recommandé de préparer par écrit une liste de contrôle comprenant toutes les exigences de sûreté et de sécurité dans le stade et de s’assurer qu’elles sont toutes respectées. Il peut y avoir différentes listes de contrôle : une pour le début de la saison et d’autres pour certains matchs spécifiques. Le Comité Permanent du Conseil de l’Europe a publié une recommandation à l’attention des organisateurs de manifestations sportives à haut risque, qui peut être utilisée ou modifiée par chaque stade. Voir le chapitre I pour plus d’information sur ces « checklists ».

Recommandation

Recommandation Il est recommandé aux municipalités d’utiliser la checklist du Conseil de l’Europe sur les mesures que doivent prendre les organisateurs de manifestations sportives professionnelles et les pouvoirs publics, de les adapter à leur contexte local, de s’assurer qu’elle est utilisée par le management du stade et d’encourager les autres acteurs à l’utiliser.

Références

Participer à la mise en place d’un bon service de stewards. Checklists (listes de contrôle) Les recommandations que nous faisons dans cette publication, ainsi que celles qui figurent dans toutes les réglementations pertinentes, peuvent parfois sembler complexes. Il est toutefois nécessaire de tenir compte de toutes les mesures recommandées. La tragédie d’Accra (Ghana) en 2001 a montré que négliger certains aspects de la sécurité peut conduire à une catastrophe. Les dirigeants de stade et les responsables sécurité expérimentés connaissent la majorité de ces recommandations. Ils peuvent cependant commettre des erreurs 46

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Conseil de l’Europe : Comité Permanent (1997) Déclaration sur les palissades et les barrières http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ spdecl3_en.asp#TopOfPage Recommandation Rec (1999) 2 sur le retrait des grillages dans les stades http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ sprec99.2_en.asp#TopOfPage Recommandation relative au renforcement de la sécurité dans les stades (91/1) 47

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http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ sprec91.1_en.asp#TopOfPage Recommandation Rec (2008) 3 du Comité Permanent sur l’utilisation d’engins pyrotechniques lors de manifestations sportives. http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ Rec_2008_03_EN_pyrotechnics.pdf Recommandation Rec (2008) 1 du Comité Permanent sur la liste standard de contrôle des mesures à prendre par les organisateurs de manifestations sportives professionnelles et les pouvoirs publics http://www.coe.int/t/dg4/sport/Resources/texts/ Rec_2008_01_EN_Checklist.pdf Recommandation Rec (2008) 2 sur l’utilisation de stewards visiteurs Recommandation Rec (2011) 1 du Comité Permanent sur la formation des responsables de sécurité, des contrôleurs et des stewards http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/TRV_2011_16_FINAL_Manual_safety_officer.pdf UEFA : UEFA Safety and Security Regulations, Edition 2006 (http://www.uefa.com/newsfiles/551778.pdf ) UEFA Stadium Infrastructure Regulations, Edition 2010 (http://www.uefa.com/MultimediaFiles/Download/Regulations/uefaorg/StadiumetSecurity/ 01/48/48/85/1484885_DOWNLOAD.pdf ).

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Espace public et infrastructure

III. Espace public et infrastructure

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> L’impact des événements sportifs sur l’espace public Toute grande manifestation sportive a un impact sur l’espace public mais, hormis la police dans le cadre de sa mission de maintien de l’ordre, cet aspect est parfois négligé. On peut penser que la vie sportive n’a lieu qu’à l’intérieur du stade et que tous les problèmes qui peuvent survenir, ainsi que les interventions nécessaires, sont limités à l’enceinte du stade. En réalité, l’impact d’une grande manifestation sportive va audelà et touche divers aspects de la vie dans la ville, ainsi que ses infrastructures. Les quartiers à proximité du stade sont bien évidemment affectés. Les voies de circulation sont également touchées en raison de l’augmentation du trafic et des restrictions à la circulation. Les transports locaux doivent être adaptés à la manifestation ; il faut augmenter la capacité sur les lignes à destination du stade et limiter le trafic privé dans certaines rues. Le coup de sifflet final du match ne signifie pas que la manifestation est terminée. En général, les festivités continuent jusque tard dans la nuit. Ceci exige une surveillance policière accrue mais également une règlementation ou des restrictions concernant la consommation et la vente d’alcool ainsi que les heures d’ouverture des bars situés à proximité du stade. Le fait de prendre en compte tous les aspects de la gestion de l’espace public lors de la préparation d’un événement sportif permet de maintenir un juste équilibre entre les intérêts de toutes les parties concer-

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nées. Ainsi, tout le monde profite de l’événement et on évite les effets négatifs. Dans ce chapitre, nous abordons le sujet des quartiers situés à proximité des stades, les transports, l’alcool et la vie nocturne. La question des lieux de retransmission publique, qui a également trait à la gestion de l’espace public, est développée dans un chapitre à part (chapitre IX). Les questions d’ordre public et de police sont abordées dans le chapitre IV.

d’incidents, les habitants peuvent exprimer une certaine hostilité envers l’événement et la municipalité doit traiter un certain nombre de plaintes. Pour atténuer les risques de conflit, il est capital de communiquer avant l’événement avec tous les groupes qui peuvent être affectés. Les habitants ne doivent pas seulement être informés de la manifestation, de son organisation et des possibles restrictions, mais également des mesures adoptées par la municipalité pour réduire les risques encourus par la population locale. La municipalité doit organiser des réunions publiques avec les habitants, au cours desquelles des représentants de la municipalité, des organisateurs et de la police présentent l’événement, les éventuelles restrictions affectant la vie quotidienne, les mesures prises par la municipalité pour maintenir l’ordre public et protéger les personnes et leurs biens, les mesures d’assistance en cas de problèmes et les solutions envisagées en cas de dommage. La mise en place de lignes téléphoniques d’assistance par la police locale peut rassurer les citoyens. La participation des représentants des clubs de supporters locaux peut contribuer à dissiper les préjugés et autres attitudes négatives envers les supporters.

Alentours du stade Une manifestation sportive de grande envergure a un impact important sur les quartiers situés à proximité du stade ainsi que sur les gares de la ville, les grandes voies de circulation, les principales places publiques et les quartiers de vie nocturne. Les dispositifs habituels de contrôle de la circulation et les itinéraires de bus peuvent être modifiés ; l’accès à certains quartiers peut être interdit pendant le match et la circulation limitée de façon à séparer les équipes rivales. Si certains habitants se réjouissent de l’événement, d’autres peuvent être incommodés par les nuisances sonores, les incivilités et les actes de vandalisme contre les immeubles et les voitures. De plus, ils peuvent être intimidés par les groupes de supporters en état d’ébriété. La municipalité est la seule autorité -parmi tous les intervenants impliqués dans un événement sportif d’envergure- à même de se préoccuper du bien-être des habitants des quartiers proches du stade. Sa tâche est difficile : elle doit maintenir l’équilibre entre les intérêts des spectateurs du match et ceux des habitants qui ne sont pas nécessairement intéressés par l’événement. Il est parfois nécessaire de défendre les intérêts de ces derniers contre ceux des organisateurs de l’événement sportif, qui naturellement se préoccupent avant tout du succès de leur manifestation. Les communautés locales peuvent mal réagir aux perturbations dans leur vie quotidienne, ce qui peut dégénérer en conflits avec les supporters. Même s’il n’y pas 50

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Recommandation Donner suffisamment d’information aux communautés locales sur les manifestations prévues et leur impact potentiel sur les habitants. Une bonne approche consiste à organiser des réunions publiques, distribuer des dépliants et négocier avec les représentants des communautés locales. La participation des représentants de supporters est recommandée parce qu’elle permet de dissiper les préjugés négatifs. Il faut porter une attention particulière aux relations avec les groupes de jeunes. Ils ne sont pas nécessairement des fans de sport mais ils sont attirés par les 51

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foules et « traînent » autour du stade, ce qui peut accroître le sentiment d’insécurité des habitants. Pendant les grands tournois, cela peut devenir un réel problème. Les jeunes locaux, qui souvent ne peuvent pas se payer un billet d’entrée, peuvent se sentir exclus, ce qui avive leur sentiment de frustration sociale. La meilleure façon de prendre en compte ces groupes de jeunes et de prévenir de telles frustrations est de veiller à ce qu’ils participent à l’événement. Ainsi, des jeunes locaux peuvent être recrutés comme employés temporaires, volontaires ou stewards (voir le chapitre II sur le stewarding). Des événements parallèles et des lieux de retransmission publique peuvent aussi être mis en place (voir chapitre IX).

Bonne pratique : Solna, Suède Projet “Pre-play” Le stade Råsunda est situé dans une zone résidentielle au centre de Solna. De nombreux voisins et visiteurs trouvaient l’ambiance autour du stade menaçante. Il y avait également des problèmes avec des supporters qui se « jetaient » sur les forces de police, actions auxquelles de nombreux jeunes se joignaient. De plus, les jeunes traînaient autour du stade en consommant de l’alcool et des drogues. Afin d’améliorer l’ambiance autour du stade les jours de match, l’idée est née de créer un environnement positif, sans alcool mais attractif pour les jeunes. Il a été proposé, dans le cadre de la collaboration entre la ville de Solna et le club de football AIK, d’organiser une manifestation sociale et musicale avant le match, qui a été intitulée « Pre-play ». Objectifs • Créer une ambiance positive et non agressive autour du stade avec de la musique et des activités pour les jeunes. • Lutter contre le sentiment d’insécurité dans le 52

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quartier, notamment pour les jeunes. Faire que les Pre-Plays deviennent une manifestation récurrente pendant toute la saison de football, en priorité avant les matchs « à risque », comme par exemple lors des « derbies » qui opposent des équipes locales.

Mise en œuvre Avant le match, la ville de Solna organise avec le club de football Alk une manifestation sur la place située à l’extérieur du stade, avec des concerts de groupes locaux, du théâtre, des DJs ainsi que des activités parallèles. Le projet Pre-Play a été lancé en 2008 et est devenu une collaboration continue entre la ville de Solna et l’AIK. Les manifestations Pre-Play sont organisées entre six et dix fois par saison (d’avril à octobre), en priorité avant les matchs à risque. La manifestation commence deux heures avant le match et se termine juste avant le coup d’envoi. Elle est organisée par la ville de Solna et le club de foot AIK qui sont tous deux également engagés dans une collaboration régionale et nationale contre la violence dans le sport. Parmi les partenaires du Pre-play, on retrouve les autres groupes de jeunes locaux, les clubs de sport, les autres sections du AIK (unihockey, handball, hockey), les services de police et les associations locales (associations de parents notamment). D’autres services de la ville y participent, par exemple l’Autorité sociale. La manifestation est financée à 50% par la ville et à 50% par le club de football. Le budget est modéré, à quelque 40.000 SEK (environ 4.500 €), composé pour moitié en frais de personnel et le reste servant à financer les activités culturelles. Résultats On constate une nette amélioration de la sécurité et de la sûreté aux abords du stade, l’ambiance est positive. 53

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Une des conséquences inattendues est que la manifestation n’attire pas seulement les jeunes mais également les adultes, notamment la population du quartier. Le projet a été bien accueilli par les divers partenaires, notamment la police. Un nouvel aspect de la collaboration entre Solna et AIK est le nouveau stade de football national où l’AIK jouera dès la saison 2012/2013.

Transports locaux Lorsque la municipalité (ou le maire) n’est pas l’autorité responsable des forces de police, sa tâche principale lors des grandes manifestations sportives est d’organiser les transports locaux et les itinéraires de circulation. Une organisation efficace des transports doit permettre aux supporters d’arriver au stade à l’heure, que ce soit par train, bus, avion ou voiture. Des mesures pour séparer les supporters des équipes adverses doivent également être mises en place. Lorsque les stades sont situés en centre ville (comme à Gênes, en Italie), les autorités locales doivent restreindre la circulation les jours de match. Il y a un lien évident entre la qualité du transport public et le niveau de sécurité pendant les manifestations sportives. Un système de transport et une organisation de qualité permettent la bonne circulation des supporters et des connexions opportunes entre les stades et les divers points par où transitent les supporters visiteurs. Lorsque le système de transport ne fonctionne pas correctement, les spectateurs arrivent en retard et s’agglutinent aux entrées du stade. Cela peut générer des frustrations et provoquer des incidents (voir également le chapitre II sur les systèmes d’entrée). Les véhicules et les équipements de transport public peuvent également être vandalisés. Les services municipaux chargés des transports et de la circulation doivent être impliqués dès le début des préparatifs. Leurs avis doivent être pris en compte. Les responsables des transports publics et les services de police en charge du trafic doivent être informés dès que possible du nombre de supporters attendus ainsi que de leurs moyens de transport et itinéraires prévus, afin de préparer les plans de circulation.

Recommandation Porter une attention particulière aux groupes de jeunes locaux. Il est recommandé aux municipalités de faire participer les jeunes des quartiers proches du stade dès la préparation de l’événement sportif, soit en tant que personnel temporaire ou volontaire soit au travers d’animations parallèles. Lors de grands tournois en particulier, il peut y avoir des problèmes avec les groupes locaux. Par exemple, lors de la Coupe du Monde 1998 en France, il y a eu des affrontements entre supporters et groupes de jeunes de Marseille. D’autres heurts de même type ont aussi eu lieu pendant l’Euro 2000 à Bruxelles. Ces groupes réagissent à des événements qui sont liés à « leur » territoire et sont perçus comme une menace ou une invasion, ce qui peut dégénérer en violences de rue. Il y a également un risque d’affrontement lors des matchs entre équipes des pays d’origine des communautés immigrées locales. Même si les jeunes ne sont pas habituellement supporters de football, ils peuvent ressentir un sentiment d’appartenance au club ou à l’équipe nationale qui visite leur ville, et donc manifester leur soutien dans les rues. La meilleure prévention est d’identifier les représentants de ces groupes et d’engager le dialogue avec eux pour les impliquer dans l’événement. 54

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Recommandation Il est nécessaire de prendre en compte les questions de circulation et du transport public dès la préparation de l’événement sportif. 55

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Il convient également de prendre en compte les tarifs des transports, notamment lors des tournois importants. Un certain nombre de municipalités choisissent d’offrir un service de transport gratuit pour les spectateurs munis de billets (le coût du transport est inclus). Le fait que de nombreux supporters voyagent en groupe contribue au fait que certains peuvent parfois se sentir « au dessus des lois » et ne payent pas le transport. Offrir des billets combinés match/transport est une solution qui peut apporter de l’argent à la municipalité et garantir que tout le monde respecte les règles. Mais même lorsqu’il n’y a pas d’accord avec les organisateurs, il est recommandé de ne pas contrôler trop strictement les tickets de transport parce qu’au final, le coût d’une intervention policière, des incidents et des actes de vandalisme peut être plus élevé que le manque à gagner en tickets de transport public. Assurer un service de transport public pour les groupes de supporters organisés est un aspect important. Par exemple, proposer des services de bus gratuits peut être une bonne solution -autant pour les organisateurs que pour la municipalité- afin de séparer les supporters d’équipes rivales et donc maintenir l’ordre. Elle peut être plus économique que de mettre en place d’autres moyens de séparer les supporters et maintenir l’ordre en centre-ville. Une telle solution doit être proposée dans le cadre d’une relation positive avec les supporters, par le dialogue. Elle peut être présentée comme un geste positif, une proposition proactive de la part de la municipalité, plutôt qu’un privilège que les supporters violents auront obtenu « par chantage ».

gare centrale et sur des zones de parking situées aux sorties des autoroutes. La municipalité de Gênes fournit des bus gratuits de transport vers les stades. Les objectifs de cette action sont : • d’offrir aux supporters un transport confortable et sûr ; • ce service peut être obligatoire, lorsque requis par la police en fonction de l’évaluation des risques réalisée par l’Office national pour la Sécurité publique dans le Sport (qui dépend du ministère de l’Intérieur) ; • ce système permet de séparer les supporters locaux et ceux des équipes en déplacement. Les supporters en déplacement peuvent utiliser les bus gratuitement, bien que la compagnie de transport locale facture la mairie -il s’agit d’un service qui en réalité est assez onéreux. Les chauffeurs et autres employés suivent une formation spécifique et reçoivent une paye supplémentaire pour assurer ce service, qui comporte certains risques. Les conditions particulières de ce service figurent dans le contrat général qui lie la compagnie de transport et la municipalité, renouvelé tous les ans. Lors des matchs « à risque », la police escorte les bus. D’autres mesures de sécurité sont prises, comme la pose de grilles sur les fenêtres pour parer les jets de pierre (qui se produisent rarement), et une partition entre le chauffeur et les passagers. L’une des retombées positives de ce service est aussi que les fans en profitent pour visiter les zones touristiques du centre-ville.

Bonne pratique : Gênes, Italie

Proposer des bus gratuits pour les supporters en déplacement. Le fait que ce service soit gratuit ne signifie pas qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent dans le bus. Tout acte de vandalisme doit être sévèrement sanctionné.

Dans le cadre de sa stratégie de sûreté et de sécurité lors de manifestations sportives, la municipalité propose des bus pour les supporters de l’équipe en déplacement. Les fans des équipes en visite sont reçus à la 56

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Recommandation

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Politique locale sur la consommation d’alcool Une très faible proportion des supporters (ou soi-disant « supporters ») sont des hooligans qui préfèrent se battre plutôt que de regarder les matchs de football. La majorité des incidents causés par les supporters qui ne sont pas des hooligans est due à l’excès d’alcool. La Convention européenne recommande aux Etats Membres d’interdire l’introduction de boissons alcoolisées dans les stades et de restreindre, ou même d’interdire, la vente et la distribution dans l’enceinte des stades13 14. Le Comité permanent a adopté une recommandation (87/1) qui va au-delà et requiert l’interdiction de la consommation d’alcool par les supporters lorsqu’ils voyagent en groupe. Plus important encore, le document encourage les autorités locales à utiliser leurs pouvoirs pour restreindre ou interdire la vente d’alcool dans les zones situées à proximité du stade pour une durée prédéterminée avant, pendant et après les matchs. Mais justement parce qu’il est interdit d’amener de l’alcool dans les stades et que les contrôles à l’entrée sont stricts, les spectateurs ont tendance à consommer de l’alcool avant le match, dans les bars proches du stade. Certaines villes ont déjà imposé des restrictions sur la vente et la consommation d’alcool les jours de match, obligeant les cafés et les bars aux abords du stade à fermer ou à restreindre les boissons alcoolisées. Mais l’application d’un contrôle strictement administratif ne suffit pas nécessairement. Pour les propriétaires de bars, l’affluence lors des matchs représente évidemment une source de rentrées

importante, et certains peuvent être tentés d’enfreindre les règles. Une bonne stratégie peut être de coopérer de façon proactive avec les associations de commerçants locaux et les propriétaires des bars. Il convient de leur expliquer la politique de restriction sur l’alcool, quitte à négocier un arrangement pour garantir que celui-ci soit respecté. Les restrictions sur la vente d’alcool peuvent être assorties de compensations, comme par exemple la possibilité d’ouvrir un kiosque sans alcool, ni bière. Ainsi une recommandation récente du Comité Permanent du Conseil de l’Europe encourage les commerces locaux à participer à la manifestation pour s’assurer qu’ils respectent la politique locale sur l’alcool et qu’ils contribuent aux mesures d’accueil en proposant des services et des produits adaptés à l’événement15.

13- Article 3.4.f de la Convention 14- Il y a débat sur la vente d’alcool dans les stades. Certains pays et associations nationales de football suivent le texte de la Convention et maintiennent une interdiction stricte de l’alcool dans les stades. Cette approche est soutenue par l’UEFA, qui interdit la vente d’alcool lors de ses matchs. D’autres pays, comme l’Angleterre, argumentent que la vente de bière sans alcool est plus efficace qu’une interdiction totale afin de limiter les incidents dus à l’alcool. La vente de bière sans alcool éviterait que les spectateurs ne consomment de l’alcool avant de pénétrer dans le stade.

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Recommandation Mettre en place une politique claire sur la vente et la consommation d’alcool avant, pendant et après le match. Celle-ci peut inclure l’interdiction de vente d’alcools forts et de bières fortes ou même l’interdiction de tout alcool dans certains lieux à proximité des stades. La coopération avec les industriels doit être encouragée (ou développée ?). Vie nocturne La consommation d’alcool se poursuit souvent bien après la fin du match ; une partie des supporters célèbrent leur victoire tandis que d’autres noient leur chagrin. La présence de groupes de fans dans les quartiers proches du stade jusque tard dans la nuit est un risque supplémentaire de trouble de l’ordre public. Ceci doit être pris en compte lors de la préparation du dispositif de sécurité. Une bonne communication entre 15-,Recommandation Rec (2010) 2 du Comité Permanent sur les principes d’hospitalité à appliquer à l’organisation de manifestations sportives (para 4, j.)

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les forces de police présentes dans le stade et celles qui patrouillent au centre-ville est nécessaire. Si possible, les propriétaires de bars doivent être informés de l’arrivée prochaine de supporters. Un autre aspect de la vie nocturne autour des stades concerne les services sexuels. On a craint récemment une augmentation du trafic des personnes lors de grands tournois de football en Europe, parce que ceuxci pourraient créer une augmentation de la demande de services sexuels. En fait, ces craintes se sont avérées sans fondement. Les autorités locales doivent néanmoins rester très vigilantes16.

Recommandation

IV. Sécurité et maintien de l’ordre des grands événements sportifs

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Prendre en compte les risques de troubles après le match, dans le cadre du dispositif général de sécurité.

Références Conseil de l’Europe Recommandation sur la vente et la consommation d’alcool (87/1) http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ sprec87.1_en.asp#TopOfPage Recommandation Rec (2009) 1 du Comité Permanent sur l’utilisation des lieux de retransmission publique lors des événements sportifs majeurs. http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ Rec_2009_01_EN_public_viewing.pdf

16- L’Efus a publié en 2007 une étude intitulée : La traite des êtres humains. Connaissances Internationales et pratiques locales, 2007, que vous pouvez télécharger sur notre site internet : efus.eu.

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Malheureusement, l’histoire des grands événements sportifs en Europe est marquée par une série de drames violents. Les premières mentions d’incidents apparaissent au XIXe siècle au RoyaumeUni et en Europe continentale17. Depuis, l’utilisation des forces de police pour maintenir l’ordre public lors de grands événements sportifs s’est généralisée à toute l’Europe. Depuis la tragédie du Heysel18 en 1985 à Bruxelles, tous les grands matchs de football font l’objet d’opérations de police de grande ampleur. Peu après ce drame, en novembre 1985, l’Europe adoptait la Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives et notam-

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17- Anastassia Tsoukala, Combating Football Crowd Disorder at the European Level: An Ongoing Institutionalisation of the Control of Deviance, voir références 18- La tragédie du stade du Heysel à Bruxelles (Belgique) a eu lieu le 29 mai 1985 pendant la finale de la Coupe d’Europe entre Liverpool (Angleterre) et la Juventus de Turin (Italie). Face au comportement agressif des hooligans de Liverpool avant le début du match, les fans de la Juventus ont cherché à quitter en masse le stade et ont été écrasés contre les murs. Trente neuf fans de la Juve sont morts et 600 furent blessés.

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Sécurité et maintien de l’ordre des grands événements sportifs

ment de matchs de football. Ce texte promeut une approche intégrée de la violence mais n’inclut pas une stratégie globale pour la surveillance policière des événements sportifs. La réponse à la violence des spectateurs se limite à assurer une coopération effective entre la police et les autorités concernées afin d’assurer le respect des règles (Article 3, 4, h). Un article (Art. 5) concerne l’identification et la sanction des délinquants. Le maintien de l’ordre lors des événements sportifs est fondé sur la législation nationale et sur les concepts et stratégies relatives au maintien de l’ordre. Dans la majorité des pays membres de l’Union européenne, l’autorité en ce qui concerne la définition de ces stratégies ainsi que la direction des forces de l’ordre qui les mettent en œuvre revient aux autorités nationales et régionales et non pas aux municipalités ni aux institutions internationales. Cependant, dans la plupart des pays membres, des représentants de la municipalité sont invités aux réunions de coordination au cours desquelles sont débattus les plans de surveillance policière des événements sportifs. Ils peuvent ainsi défendre des méthodes policières qui ont pour but de réduire les risques de troubles à l’ordre public de façon peu coûteuse. Nous présentons dans ce chapitre les principes et les approches qui inspirent ces stratégies fondées sur l’évaluation des risques, une bonne communication avec les supporters et leurs organisations et des tactiques policières appelées « profil bas ».

présentée comme une méthode sûre pour prévenir la violence. Mais cette approche a montré ses limites et maintenant, la doctrine sur l’ordre public lors de grands événements sportifs a évolué. Les opérations de police de grande ampleur les jours de match coûtent cher et sont aujourd’hui considérées comme une charge pour les budgets de police. De plus, elles ne sont pas toujours suffisantes pour maintenir l’ordre public et elles enlèvent aux forces de police des éléments dont elles ont besoin ailleurs. Pire, les opérations de police « musclées » peuvent provoquer un comportement agressif chez les supporters et nuire aux relations que les autorités publiques ont nouées avec eux. Dans le passé, l’attitude dominante était de considérer tous les supporters comme des groupes dangereux qui devaient être intimidés et strictement contrôlés. Tous les signes de « supportérisme », comme porter l’écharpe d’un club ou chanter à tue-tête, étaient considérés comme des indices de troubles à venir. Les opérations de police étaient souvent ciblées non seulement sur les véritables hooligans et autres individus violents mais également sur tous les groupes de supporters. Cette attitude répressive provoquait davantage de violences. Il y a eu des cas d’attaques contre la police menées par des groupes auxquels se joignaient des supporters qui n’étaient pas habituellement violents. Les récentes recherches en psychologie de groupe montrent qu’une foule n’est pas une entité agressive de façon irrationnelle mais plutôt qu’elle réagit raisonnablement aux attitudes et actions adoptées envers elle par d’autres groupes, comme la police. La perception qu’a la foule de la légitimité de ses interactions avec la police (ou d’autres groupes) et le sentiment qu’elle a de ses propres capacités sont particulièrement importants. On sait maintenant que l’approche adoptée par la police face à une foule peut soit unifier les différents groupes et individus qui la composent contre la police, perçue comme l’ennemi commun, ou bien au contraire motiver et animer les éléments non

Approche générale de la surveillance policière des événements sportifs Traditionnellement, le maintien de l’ordre lors des événements sportifs était fondé sur une approche consistant à disperser les groupes violents. Nous sommes habitués à voir des photos d’événements sportifs, en particulier les matchs de football, avec des rangées de policiers en équipement anti-émeutes (parfois surnommés les « robocops »), prêts à utiliser la force. Jusqu’à il y a une dizaine d’années, cette approche était 62

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violents de la foule19. Ainsi, la tactique policière quant à l’usage de la force peut être l’une des causes principales d’éventuels incidents majeurs. Ces recherches, en particulier celles menées par le Dr. Clifford Stott de l’Université de Liverpool pendant l’Euro 2004 au Portugal, ont servi à ouvrir un débat en Europe sur le rôle de la police lors des grands événements sportifs. Par ailleurs, elles ont aussi établi qu’une bonne pratique policière dépend avant tout de la collecte d’information et de renseignements, qui doit se mener sur la base d’une évaluation dynamique des risques. Il convient d’obtenir des informations actualisées sur les différents groupes de supporters, leur comportement et leur histoire, afin d’identifier de façon sûre et précise le niveau de risque qu’ils présentent. Cela signifie qu’il faut connaître et évaluer l’identité sociale des différents groupes de supporters, leurs valeurs, leurs critères, leur buts, leur sens de ce qui est juste et approprié, leurs stéréotypes et leurs attentes quant aux autres groupes, l’histoire de leurs relations avec d’autres groupes et/ou tout autre élément qui a une signification particulière (dates, lieux, formes d’action). Il est aussi extrêmement important de rassembler des informations en temps réel, pendant l’événement, sur le comportement des groupes de fans pour que l’usage de la force, si approprié, soit précisément ciblé et proportionné. Les mérites d’une telle approche ont été reconnus ces dernières années, en particulier lors des récents tournois internationaux tels que l’Euro 2004 au Portugal, la Coupe du Monde 2006 en Allemagne et l’Euro 2008 en Autriche et en Suisse. Les stratégies de police mises en oeuvre pendant ces tournois étaient fondées sur une évaluation minutieuse des risques afin de déterminer la nature et l’échelle des opérations de police, ainsi que sur une doctrine « profil bas », une réponse graduée et le dialogue avec les supporters.

A la suite de ces conclusions, le Conseil de l’Europe a élaboré en 2010 une recommandation relative aux principes d’hospitalité à appliquer à l’organisation de manifestations sportives qui inclut une partie sur les stratégies policières. La stratégie recommandée pour l’intervention policière lors des événements sportifs est désormais fondée sur les principes suivants : • Le maintien de l’ordre à l’occasion des manifestations sportives constitue une opération très pointue qui exige que tous les fonctionnaires de police qui y participent bénéficient d’une formation professionnelle adéquate réactualisée en permanence. • Des informations sur les supporters qui soient exactes et connues à temps peuvent influencer positivement le niveau et le style du déploiement policier. Celui-ci devrait être soutenu par une évaluation opérationnelle dynamique des risques tout au long de la durée de l’opération qui devrait, pour sa part, influencer la tactique policière. • L’expérience a montré que l’adoption d’une démarche graduelle, fondée sur les principes susmentionnés d’évaluation dynamique des risques et de gestion des foules, peut éviter une explosion de violence. • La police devrait, dans toute la mesure du possible, être déployée d’une manière exempte de toute provocation, afin de souligner la nature festive de l’événement. Les fonctionnaires de police sont souvent les premières personnes avec lesquelles les supporters entrent en contact et qu’ils sollicitent, car ils sont très visibles et faciles à identifier. Il est donc souhaitable que tous les agents de police soient conscients de leur mission d’information et de l’importance d’avoir une première réaction amicale, calme et respectueuse. • Des unités de police en tenue anti-émeute n’empêchent pas forcément des incidents mais risquent bien d’en provoquer ; il faut cependant que l’on puisse faire appel en cas de besoin à des policiers en nombre suffisant et convenablement équipés20.

19- Voir Reicher et al (2007) Knowledge based public order policing, in: POLICING, Volume 1, Number 4, pp. 403 – 415.

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20- Recommandation Rec (2010) 2 du Comité permanent relative aux principes d’hospitalité à appliquer à l’organisation de manifestations sportives

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Recommandation Adopter ou promouvoir une approche du maintien de l’ordre lors des grands événements sportifs qui soit strictement fondée sur une collecte exhaustive et une analyse des informations et renseignements de police et qui évalue correctement les risques.

Le maintien de l’ordre fondé sur l’information Comme nous l’avons vu, l’approche traditionnelle du maintien de l’ordre des grands événements sportifs, qui est toujours suivie dans un certain nombre de pays, est d’ordonner des déploiements massifs de police pour détenir les suspects, surveiller les points clés de la ville et du stade et avoir un nombre suffisant d’hommes par rapport au nombre de spectateurs, en cas de confrontation violente. Cette approche ignore souvent les informations indiquant que le risque réel de violences est faible, comme par exemple l’absence de données indiquant une animosité mutuelle entre supporters d’équipes rivales, ou bien que les renseignements de police ne font état d’aucun projet de bagarre, ou encore que les fauteurs de trouble habituels sont déjà interdits de stade et ne seront donc pas au match. Cette approche consistant à ordonner des déploiements de police massifs est en train de disparaître parce qu’elle est coûteuse, perçue négativement par le public et parce que les opérations de police massives peuvent être inefficaces et disproportionnées. Cependant, adopter une approche plus « légère » avec moins d’agents de police demande d’investir dans la collecte et la gestion des informations afin de déterminer précisément le niveau de risque présenté par un match, en termes d’ordre public. Différents types d’information sont nécessaires pour prendre les bonnes décisions, en provenance de diverses sources et destinées à être utilisées dans différentes phases de l’opération de police. Cette information peut être stratégique, opérationnelle ou tactique. 66

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L’information stratégique a trait au contexte dans lequel se déroule l’événement sportif. Elle décrit le contexte historique dans lequel a lieu le match : quelles équipes, histoire des matchs qui les ont opposées, animosités, importance du match pour les clubs, comportement des supporters dans le passé, leurs rituels, habitudes, valeurs et buts, les incidents ayant eu lieu dans le passé, en particulier ceux liés à l’équipe adverse. L’objectif poursuivi en récoltant ce type d’information est de déterminer l’ampleur de l’opération de police, le nombre d’agents qui doivent être déployés et les moyens techniques nécessaires. L’information opérationnelle a trait à un match particulier. Il s’agit d’informations sur le nombre de supporters attendus et les itinéraires et moyens de transport des supporters visiteurs. Il s’agit aussi des renseignements de police sur les supporters potentiellement dangereux, leurs projets et intentions. L’objectif est de définir l’action préventive, qui comprend les ordres d’exclusion (en accord bien sûr avec la législation nationale), les avertissements préventifs, le déploiement de policiers à certains endroits spécifiques ou encore les mesures liées au contrôle de l’alcool.

Bonne pratique : Mannheim, Allemagne Lorsqu’un match est prévu, la police de Mannheim contacte tous les fans de football signalés comme potentiellement violents, soit par courrier soit lors d’une visite, pour les mettre en garde contre toute activité violente pendant le match et sur les conséquences légales de tels actes. Cette pratique est connue en allemand comme Gefährderansprache. Il ne s’agit pas d’une interdiction d’entrer dans le stade mais d’un avertissement. La police informe les individus suspects que leur identité est connue et qu’ils seront étroitement surveillés pendant le match. 67

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L’information tactique est liée aux facteurs qui peuvent avoir une conséquence sur la sécurité lors du match : arrivées tardives, fêtes arrosées à l’alcool, conflits dans la ville et dans le stade, incidents pendant le match tels qu’une décision controversée de l’arbitre, activités et interventions des autres acteurs tels que les groupes de supporters ou les personnes travaillant à la prévention. Cette information est utile pour éviter des opérations de police qui ne sont pas nécessaires si la situation peut être résolue par d’autres moyens, par exemple l’intervention des stadiers, des personnes travaillant à la prévention, des organisations de supporters ou des spotters. En permettant d’éviter une opération de police, ce type d’intervention préventive permet de maintenir une bonne relation entre supporters et autorités publiques. Il est particulièrement important de respecter tout accord conclu avant le match entre les supporters et les autorités publiques et sportives. Il n’est pas toujours aisé d’obtenir une information complète, en particulier pour les matchs internationaux. Elle peut provenir des renseignements policiers, de sources ouvertes, des organisations de supporters ou de bases de données spécialisées et de réseaux d’information. La coopération policière internationale comprend l’échange d’information avant et pendant les matchs et tournois internationaux. Le réseau des Points Nationaux d’Information « Football » (PNIF) et les délégations de police étrangères peuvent constituer une source indispensable d’information. Afin de faciliter l’échange effectif d’information et la coopération policière lors des événements sportifs, en particulier les matchs de football, des mesures importantes ont été prises au niveau européen. Ainsi, il a été établi un réseau de Points Nationaux d’Information « Football » (PNIF) par décision du Conseil de l’Europe du 25 avril 2002 (amendée en 2007) concernant la sécurité lors de matchs de football revêtant une dimen-

sion internationale 21. Les points d’information PNIF ont la responsabilité de coordonner et faciliter l’échange d’informations de police liée aux matchs de football de dimension internationale. D’autres corps d’Etat impliqués dans le maintien de l’ordre peuvent aussi participer à ces échanges, en fonction de l’organisation des pouvoirs dans les Etats membres concernés. Parmi leurs obligations, les PNIF doivent rédiger des rapports standardisés sur les matchs internationaux. Vu que cette pratique a cours depuis plusieurs années, il existe aujourd’hui une somme importante d’informations disponibles. Grâce à l’initiative de l’unité de police hollandaise spécialisée sur le football (CIV), il existe aujourd’hui une base de données PNIF qui est disponible par l’intermédiaire des Points nationaux. Il existe aussi des recommandations précises dans le Manuel contenant des recommandations pour la mise en place, à l’échelle internationale, d’une coopération policière et de mesures visant à prévenir et à maîtriser la violence et les troubles liés aux matchs de football revêtant une dimension internationale qui concernent au moins un État membre22. Ce document de l’UE précise en détail les modalités de la coopération entre polices avant et pendant les matchs internationaux et notamment le rôle des délégations de police en visite et l’échange d’information. A l’échelle nationale, les spotters sont bien établis dans un certain nombre de pays. Il s’agit d’agents de police spécialisés qui surveillent les supporters potentiellement dangereux. Ils connaissent « leur » club et ses supporters, leurs habitudes et traditions. Ils accompagnent le club et ses supporters lors des matchs à l’extérieur. Ils donnent des informations sur ces supporters au poste de commandement opérationnel de la

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21- Décision du Conseil du 25 avril 2002 concernant la sécurité lors de matchs de football revêtant une dimension internationale (2002/348/ JHA) 22- http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:3 2006G1229%2801%29:FR:HTML

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police dans la ville-hôte. Dans certaines juridictions, ils participent aux opérations de police, par exemple en délivrant des avertissements aux fauteurs de troubles potentiels ou en faisant de la médiation en cas de conflit mineur.

laquelle toutes les parties respectent les intérêts de l’autre.

Recommandation Organiser ou favoriser un échange efficace d’informations entre toutes les institutions concernées, afin de permettre une évaluation correcte des risques et un déploiement de police approprié. L’échange d’information avec les organisations de supporters et les services de prévention peut être un sujet délicat. Certaines organisations de supporters n’échangent pas d’information avec la police. D’autres reconnaissent l’importance d’une coopération constructive et le font, mais sans donner d’information personnelle sur tel ou tel individu. Dans tous les cas, il est conseillé d’organiser une rencontre avec les organisations de supporters et d’échanger des informations générales sur les plans respectifs et les attentes. Les organisations de supporters peuvent fournir des informations sur les rassemblements qu’ils ont prévus et sur les événements parallèles qu’ils organisent. La police peut informer les supporters de leurs obligations et contraintes, telles que l’interdiction d’entrer dans le stade avec certains produits ou objets, les zones interdites au public, l’interdiction de chanter des hymnes racistes ou d’afficher des slogans racistes sur les banderoles. Ces rencontres et les contacts personnels auxquelles elles donnent lieu ne doivent pas être exploités par la police pour obtenir des information sur les individus ou sur des incidents passés, parce que cela nuirait au travail de prévention mené par les groupes de supporters et les acteurs de la prévention qui sont en contact avec eux. Plutôt que de rechercher un bénéfice à court terme, mieux vaut préserver une relation durable dans 70

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Recommandation Encourager les services de prévention à échanger des informations stratégiques avec la police. Celles-ci comprennent l’information sur la culture et les habitudes des supporters et sur les événements parallèles prévus. La police doit s’abstenir de demander aux fancoachers et aux travailleurs sociaux des informations personnelles sur les individus. Il convient d’organiser et de favoriser un dialogue entre la police et les supporters. Le maintien de l’ordre « profil bas » lors d’événements sportifs La nouvelle approche en matière de maintien de l’ordre des événements sportifs est fondée sur les recherches scientifiques sur la dynamique de groupe et sur l’expérience positive des grands tournois récents de football. Il s’agit de l’approche dite « profil bas », autrement appelée « police amicale », « police souriante », ou bien doctrine de « visibilité appropriée, intervention précoce et tension faible ». On l’appelle aussi « approche 3D » en référence à la réponse graduée qui implique dialogue, désescalade et détermination. Ces nouvelles approches et doctrines sont fondées sur le principe que la police doit, à toutes les étapes d’un incident d’ordre public, user de la seule force nécessaire pour résoudre la situation. Ainsi, la police ne doit utiliser l’ensemble de ses moyens répressifs qu’en dernier recours, lorsque les autres méthodes, comme la communication, se sont révélées inefficaces. Cette approche considère que « sur-réagir » peut en effet causer davantage d’incidents parce que cela peut lancer une dynamique qui aboutit aux conflits. L’approche « profil bas » est présentée dans la version ac71

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tualisée en 2010 du Manuel de l’UE23, qui donne une série de conseils importants pour la définition d’une stratégie de maintien de l’ordre lors des événements sportifs. L’Appendice 1, intitulé « Evaluation dynamique des risques dans le cadre des matchs de football internationaux » présente les principes clés de cette approche comme suit : Selon les connaissances actuelles de la gestion efficace des foules, il est important de : • maintenir parmi la foule la perception d’un déploiement policier adéquat ; • éviter l’usage de la force contre la foule lorsque seule une minorité présente un risque en terme d’ordre public ; • adopter une approche tactique « profil bas » ou « graduée » qui s’appuie avant tout sur les capacités de la police à communiquer, dialoguer et adopter une évaluation dynamique des risques.

magne et en République tchèque. Les unités d’intervention (unités spéciales en tenue anti-émeutes disposant d’un équipement et de véhicules spécifiques) doivent être postés à des endroits discrets, à moins que la situation ne requière leur intervention. L’autre principe clé est de différencier les supporters qui présentent un réel danger des autres. Cela doit inspirer tout décision stratégique et tactique liée à la gestion des foules (formation, planification, briefing et activités opérationnelles). L’intervention policière doit être graduée et adaptée rapidement à tout changement dans la nature et le niveau du risque, lorsqu’il augmente et lorsqu’il diminue. Lorsqu’ont été identifiées des circonstances qui présentent un risque, il est important de : • communiquer à ceux qui présentent le risque qu’ils peuvent être responsables du déclenchement d’une intervention policière ; • lorsque sont impliqués dans l’incident des supporters en déplacement, l’évaluation de la police en charge de l’organisation doit être validée par la délégation de la police en déplacement ; • si ces mesures ne résolvent pas la situation, alors il peut être nécessaire d’utiliser un grade plus élevé de force. L’objectif du déploiement policier à ce stade est de minimiser les risques additionnels et il est donc essentiel que les actions entreprises ne causent pas une escalade de la tension (tel l’usage indiscriminé de la force). • L’information sur les personnes qui posent un risque et sur la nature du risque doit être communiquée tôt aux unités d’intervention, pour que tout usage de la force soit ciblé comme il convient. • Ceux qui présentent un risque doivent être autorisés à quitter les lieux et/ou parfois autorisés à rétablir l’ordre eux-mêmes. Il peut être nécessaire de donner une formation exhaustive aux agents de police pour dissiper toute image négative ou préjugé contre les supporters de

L’un des aspects les plus importants du maintien de l’ordre « profil bas » est d’établir en amont une communication proactive et intensive avec les supporters. Il est donc nécessaire de déployer des agents de police qui ont de bonnes capacités de communication. L’objectif est de créer un climat accueillant et d’éviter les conflits. L’ensemble des forces de police devraient communiquer par tous les moyens avec les supporters, par exemple en adoptant une posture non-agressive, en souriant, en patrouillant par paires ou en petits groupes, en portant l’uniforme standard, en étant répartis de façon ample à travers la foule, en acceptant de se faire photographier, etc. Lorsque la langue n’est pas une barrière, les agents doivent s’efforcer de communiquer avec les supporters pour recueillir des informations sur leur attitude, intentions, préoccupations, sensibilité et autres éléments de comportement. Une telle approche a ainsi été adoptée avec succès en Alle23- http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:3 2006G1229%2801%29:FR:HTML

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football, et pour qu’ils comprennent bien les principes de la police « profil bas ». Ceci contribuera à réduire le nombre d’incidents et permettra de diminuer le coût des opérations de police.

stade, et seulement lorsque celui-ci considère qu’il ne peut pas gérer la situation avec les ressources propres du stade. Dans d’autres, la police a le pouvoir de faire respecter la Loi indépendamment de toute autre institution publique. Quel que soit le cas, une intervention policière d’envergure doit être seulement utilisée en dernier recours lorsque toutes les mesures de prévention ont échoué (par exemple l’intervention des stewards ou des spotters). Dans la plupart des cas, la police et le management des stades travaillent ensemble dans le poste de commande du stade, afin de garantir une communication simple et efficace. Il est aussi essentiel de permettre une communication optimale entre le service de sécurité du stade, les stewards, la police et les pompiers. Mais même lorsqu’il y a une bonne communication informelle durant les matchs, il est recommandé d’avoir une description par écrit, claire et précise, de leurs rôles respectifs dans les situations normales et en cas d’urgence. En particulier, il est important de veiller à ce qu’il n’y ait pas de contradiction entre les missions et les tâches de la police et celles des stewards. Il faut aussi veiller à la sécurité des stewards, des spotters, des officiers de police en déplacement et de tout autre personnel officiel. Tous ces agents doivent être clairement identifiés lorsqu’il y a un déploiement important de police (en particulier lorsque la police anti-émeutes intervient).

Voici un schéma sur le maintien de l’ordre « profil bas » Risque faible

Risque en augmentation

Maintien de l’ordre

Dynamique de groupe

Déploiement profil bas +

Ressenti comme approprié

Déploiement important -

Ressenti comme inapproprié

Déploiement important et ciblé (à risque) +

Risque élevé

Déploiement important non ciblé -

Ressenti comme approprié Ressenti comme inapproprié

Résultats Plus grande probabilité de : 1. Isoler les supporters à risque 2. Auto-contrôle 3. Réduction du conflit Plus grande probabilité de : 1. Alliance avec les supporters à risque 2. Activité anti-sociale 3. Escalade du conflit

Source : schéma du manuel de l’UE

Recommandation Il est recommandé aux municipalités d’adopter un maintien de l’ordre « profil bas » lors des événements sportifs qui ont lieu dans leur juridiction. Les municipalités qui n’ont pas d’autorité directe sur le maintien de l’ordre doivent user de leur influence pour promouvoir les connaissances sur et l’acceptation de l’approche « profil bas » du maintien de l’ordre, au sein des forces de police avec lesquelles elles sont partenaires. Rôle de la police dans le stade Dans un certain nombre de juridictions, la police n’intervient que sur demande du responsable sécurité du 74

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Recommandation Le déploiement massif de policiers doit être considéré comme un dernier recours. Le rôle, les responsabilités et les tâches de tous les acteurs -police, responsable sécurité, stewards et gardiens privés- doivent être formulés clairement et faire l’objet d’un accord, de préférence par écrit, pour éviter toute confusion en cas d’intervention de police face à une situation critique.

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Traitement des délinquants Rétablir l’ordre public n’est pas le seul objectif d’une intervention de police. Il est aussi important d’identifier et de sanctionner les contrevenants. Tout crime commis pendant un match de football doit être documenté et les délinquants doivent être identifiés et sanctionnés. La technologie moderne, en particulier la vidéosurveillance, rend l’identification aisée. Les sanctions doivent être imposées aussi vite que possible. Dans certains pays, il existe des services de justice mobiles qui sont déployés directement dans le stade et sanctionnent sur place, immédiatement. L’une des sanctions les plus efficaces est l’interdiction de stade. Elle est utilisée avec beaucoup de succès dans un certain nombre de pays, notamment en Angleterre et en Belgique. C’est une sanction dure pour les délinquants parce qu’elle les prive de leur passe-temps favori et les sépare de leur groupe. C’est aussi une sanction peu onéreuse. Dans certaines juridictions, l’interdiction de stade ne peut être prononcée que par un tribunal. Dans d’autres, la Loi prévoit les interdictions administratives, qui peuvent être imposées par les municipalités.

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Recommandation Les auteurs d’incidents violents doivent être identifiés et sanctionnés comme il convient. L’interdiction de stade est une sanction efficace qui devrait être davantage mise en pratique.

Références Recommandation Rec (2010) 2 du Comité permanent relative aux principes d‘hospitalité à appliquer à l‘organisation de manifestations sportives http://www.pdfdownload.org/pdf2html/pdf2html. php?url=http%3A%2F%2Fwww.coe.int%2Ft%2Fdg 4%2Fsport%2Fresources%2Ftexts%2FRec_2010 76

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Recommandation relative à l‘identification et au traitement des contrevenants et à l‘échange de renseignements lors du Championnat européen de Football (EURO 2000) http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ sprec99.3_fr.asp - TopOfPage Manuel de l’UE Résolution du Conseil du 3 juin 2010 concernant un manuel actualisé contenant des recommandations pour la mise en place, à l’échelle internationale, d’une coopération policière et de mesures visant à prévenir et à maîtriser la violence et les troubles liés aux matchs de football revêtant une dimension internationale qui concernent au moins un État membre http://eur-lex.europa.eu/Result.do?direct=yesetlang= fretwhere=GRP_CITATION%3A31999G0713etwhere ihm=Mainitut+säädökset+ja+toimet%3A31 999G0713 Points Nationaux d’Information « Football » (PNIF) : Décision du Conseil de l’Europe du 25 avril 2002 (amendée en 2007) concernant la sécurité lors de mat c h s d e fo o t b all revêt ant u n e d i m e n s i o n internationale http://www.google.co.uk/url?sa=tetrct=jetq=etesrc=s etsource=webetcd=1etved=0CCgQFjAAeturl=http%3 A%2F%2Feur-lex.europa. eu%2FLexUriServ%2FLexUriServ.do%3Furi=CONSL EG%3A2002D0348%3A20070616%3AFR%3APDF etei=ocN5T5j0GInA8QPGkJ2_DQetusg=AFQjCNE4c0A6r9janemCjVOKoyfuO2YaQ Franco Frattini, Vice-Président chargé de la Justice, Liberté et Sécurité - Allocution de clôture sur la violence dans le sport - Conférence « Vers une stratégie européenne contre la violence dans le sport » Bruxelles, 29 Novembre 2007 77

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http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?refer ence=SPEECH/07/766etformat=HTMLetaged=1etlan guage=FRetguiLanguage=en Combating Football Crowd Disorder at the European Level: An Ongoing Institutionalisation of the Control of Deviance, Anastassia Tsoukala , University of Paris XI and Paris V-Sorbonne University http://www2.warwick.ac.uk/fac/soc/law/elj/eslj/issues/volume7/number2/tsoukala/ A lire : Clifford Stott, Otto Adang, Andrew Livingstone and Martina Schreiber: TACKLING FOOTBALL HOOLIGANISM - A Quantitative Study of Public Order, Policing and Crowd Psychology; Psychology, Public Policy, and Law, 2008, Vol. 14, No. 2, 115–141; Stephen Reicher, Clifford Stott, John Drury, Otto Adang, Patrick Cronin and Andrew Livingstone (2007): Knowledge-Based Public Order Policing: Principles and Practice, Policing, Volume 1, Number 4, pp. 403–415; Stephen Reicher, Clifford Stott, Patrick Cronin, Otto Adang : An integrated approach to crowd psychology and public order policing, Policing: An International Journal of Police Strategies et Management, Vol. 27 No. 4, 2004,pp. 558-572 Anastassia Tsoukala (2009) : Football Hooliganism in Europe. Security and Civil Liberties in the Balance, Palgrave Macmillan, 2009

L’événement sportif et son public

V. L’événement sportif et son public >>>>>>>>>>>> Contexte et enjeux Aujourd’hui, le public fait partie intégrante du spectacle sportif. De simple spectateur passif, il est devenu acteur à part entière, protagoniste de l’événement.

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Qui sont les supporters ? Les supporters sont les sympathisants d’une équipe de football qui développent une relation émotionnelle avec un club et qui s’engagent dans une démarche active en tant que spectateurs des matchs, lors desquels ils vont directement encourager leur équipe dans le stade. Le « supportérisme » existe dans tous les sports. C’est un phénomène universel que l’on rencontre dans le sport amateur comme dans le sport professionnel. Toutefois, les supporters de clubs professionnels sont beaucoup plus nombreux, non seulement dans la ville d’appartenance de leurs clubs mais aussi, souvent, dans des lieux géographiquement très éloignés24. Les supporters captent toutes les attentions (au sens propre comme au figuré) car ils sont l’objet d’un double enjeu : commercial et sécuritaire. Pour les clubs sportifs, le « supportérisme » représente un enjeu économique important. Les supporters financent directement le club car ils achètent les billets d’entrée et les articles de merchandising (t-shirts, gadgets, etc.). 24- cf. Lestenier, Le supportérisme à distance.

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L’événement sportif et son public

Mais surtout, le « potentiel supporters » d’un club, c’est-à-dire son taux de pénétration en marketing, détermine les montants apportés par les sponsors et les droits de retransmission audiovisuelle. L’autre enjeu majeur en lien avec les supporters est la sécurité, qui concerne les pouvoirs publics et les clubs, chargés conjointement de la gestion de l’événement sportif. En effet, une partie importante des risques liés aux matches -de football surtout- provient des spectateurs eux-mêmes. Le paradoxe est classique : les mesures de sécurité sont indispensables afin de protéger le public, mais en même temps, elles ciblent directement une partie de celui-ci, parfois de façon coercitive !

lence de nature préméditée et parfois organisée, qui pose des difficultés plus pointues en matière de gestion de l’événement sportif et trouve son origine dans des causes psycho-sociales assez complexes. Elle est également universelle et est apparue en Europe dans les années 60, avant de se développer dans les autres continents. La tendance, notamment dans les médias, est de qualifier de « hooligans » tous les supporters violents et de « hooliganisme » tous les comportements violents de supporters. Pourtant la réalité est plus nuancée et si, comme nous l’avons vu, il existe différentes formes de violences, l’évolution du supporterisme depuis une dizaine d’années montre l’existence de différents types d’acteurs violents autour du spectacle sportif, et principalement du football qui est le sport le plus populaire. De même, la violence (dans le sens agression physique ou vandalisme) des supporters ne constitue pas l’unique problème de sécurité posé par l’événement sportif, surtout depuis le développement du mouvement « ultra » dans toute l’Europe et au-delà. L’usage de pyrotechnie (feux de Bengale, fumigènes ou fusées) dans les stades engendre aussi des difficultés récurrentes lors de matches de niveau national et international.

Quelle(s) violence(s) ? En matière de sécurité, si les catastrophes mortelles qui ont eu lieu dans les stades dans le passé étaient causées par des lacunes organisationnelles ou des infrastructures défectueuses, il n’en reste pas moins que la problématique principale générant de l’insécurité est la violence de certains supporters. Depuis que le football est devenu un grand spectacle, il existe une violence spontanée qui concerne l’ensemble des spectateurs. Outre les phénomènes de foule, cette violence trouve son origine dans le fait que les supporters s’identifient à leur équipe et aux attitudes générées par la compétition, à savoir la cohésion intra-groupe et l’antagonisme inter-groupes. La consommation d’alcool constitue un autre facteur de risque que les autorités tentent de placer sous contrôle. Notons que la consommation de bière, qui fait partie intégrante de la culture des supporters, est souvent encouragée pour des raisons mercantiles (comme en Belgique où la compétition porte le nom d’une bière : « La J…… League »). Les mesures de gestion décrites par ailleurs dans cet ouvrage permettent en partie d’en limiter les effets négatifs et souvent d’éviter leur émergence. Certains supporters sont aussi à l’origine d’une vio80

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Les « hooltras » ? Comme la grande majorité des chercheurs contemporains spécialistes des supporters, Nicolas Hourcade, sociologue à l’Ecole Centrale de Lyon (France), distingue deux formes de supporters extrêmes avec des influences culturelles et une origine historique différentes, anglo-saxonne d’un côté, italienne de l’autre. D’un côté, les hooligans ou « hools » constituent des bandes informelles centrées sur la recherche de la violence et l’affirmation de leur masculinité. De l’autre, les ultras forment des associations structurées et s’investissent fortement dans le soutien à l’équipe et dans l’animation du stade. Ils s’impliquent dans la vie du club et dans le monde du football et recourent à la vio81

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lence pour se « faire respecter » des supporters adverses ou se « faire entendre » des dirigeants du football. Ainsi, ultras et hooligans ont recours à la violence de façon différente. Les hooligans assument complètement la violence et la planifient souvent, même loin des stades et des forces de l’ordre (c’est le cas par exemple des fights, ces bagarres arrangées qui se déroulent parfois en forêt). Les ultras ont un rapport beaucoup plus ambigu à la violence : elle est rare, ne constitue pas une priorité et ne concerne qu’une minorité de personnes, mais elle peut aussi être centrale lorsqu’elle permet de trancher des conflits entre groupes ultras. Hourcade note que les ultras et les hooligans se différencient également par leur mode d’organisation et leur rapport au football, avec d’un côté des bandes en quête d’émotions fortes et de l’autre des associations, dans lequel les ultras s’investissent incomparablement plus que les hooligans, qui répondent à une logique de mouvement social. Au travers des activités menées avec l’Efus depuis une dizaine d’années, nous constatons que les politiques tant locales que nationales de sécurité en matière de gestion de l’événement sportif, et particulièrement dans le cadre du football, ciblent ces groupes spécifiques de supporters avec une acuité et une efficacité inégales.

La relation aux supporters des clubs Créer un lien spécifique Aujourd’hui, les clubs professionnels sont dans l’obligation de mettre en place une relation spécifique avec leurs supporters. Les enjeux sont d’ordre économique mais aussi sécuritaire. L’implication du club et des supporters dans une démarche commune de concertation (idéalement de partenariat) suppose une prise en compte des droits et devoirs de chacun. Ce processus implique une prise de contact, un dialogue et un échange d’idées, ainsi que la prise en compte des besoins et attentes de l’autre. La formalisation de la démarche sous la forme d’une Charte des supporters demande une concertation préalable et permet d’en garantir la pérennité, tout en constituant un point de repère permanent pour chacun. Certains clubs ont une démarche proactive et valorisent les associations officielles de supporters, ou bien stimulent leur création et en tout cas leur donnent une place dans la concertation avec les responsables du club. De façon concrète, des espaces de communication et des lieux de concertation sont organisés au sein du club, sous la forme de réunions régulières, qui permettent le dialogue et l’échange, tout en maintenant l’implication mutuelle de chacun. Associer les supporters à la vie du club les responsabilise.

Recommandation Elaborer des outils structurés de compréhension et d’analyse du phénomène des supporters, de leurs comportements et de leur dynamique de fonctionnement.

Bonne pratique Le Livre Vert du Supportérisme (Hourcade et Mignon) par le Secrétariat d’Etat au Sport de la République française http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/ LivreVertSupporters_17x24_Int_web.pdf 82

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Créer une structure permanente La désignation d’un délégué aux relations avec les supporters, au sein de l’équipe dirigeante du club, garantit un soutien aux associations de supporters et une communication régulière avec elles. De plus, elle donne crédibilité à la démarche. Il existe aussi des structures fixes et permanentes qui gèrent tous les aspects de la relation club-supporters (billetterie, horaires des matchs, informations, organisation des déplacements, réglementations). Ces « départements supporters » sont basés dans les infrastructures du club et constituent une interface privilégiée entre le club et son public. 83

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Au-delà de la relation interne à développer entre le club et ses supporters, il importe de favoriser les contacts entre supporters de clubs rivaux, à l’occasion des matchs mais également en dehors (comme le font par exemple Aficiones Unidas en Espagne ou Fair Fans au Danemark).

Recommandations avoriser ou soutenir la création d’un département supF porter, la désignation d’un référent supporter et l’élaboration d’une Charte des supporters. Stimuler les contacts préalables dans un cadre structuré mais convivial entre supporters rivaux lors ou en dehors des matches.

Bonnes pratiques Liège, Belgique - « Famille des Rouches » au Standard de Liège, association juridique et administrative qui fédère tous les clubs de supporters officiels et les groupes d’animation (siders, ultras) dans une structure mixte de co-gestion impliquant les dirigeants du club et les supporters. http://standard.sudpresse.be/supporter/famille-derouches/la-famille-des-rouches-91.htm?lng=fr

Allemagne - DFB, Fédération allemande Football : département supporters et référent supporters. Gênes, Italie- Le Fair Play Village à Gênes offre aux supporters de la ville et ceux d’autres clubs un espace de détente durant toute la saison, à l’occasion des matches. Le Genoa Club for Children (Gênes) avec les enfants de la rue : 150 enfants dans une tribune réservée (l’abonnement est vendu au prix symbolique de 1 euro) qui fonctione en auto-gestion dans le stade et bénéficie d’un travail social ciblé. L’accent est mis 84

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sur l’appropriation du projet par les enfants et par le sentiment d’appartenance à un projet positif. http://www.genoaclubforchildren.org/

Espagne - Aficiones Unidas est une fédération de supporters qui regroupe 47 fédérations de clubs de supporters avec 600.000 membres dans le pays et organise des activités de fraternisation entre fans de clubs rivaux http://www.afepe.org/ Suède, AIK Solna - L’espace Youth Cafe le jour des matches: un lieu réservé sans alcool, proche du stade, avec des spectacles culturels et des activités attractives pour les jeunes (concerts, spectacles de danse moderne, etc.) dans le but de créer une atmosphère positive. Autre initiative, le Family Day (journée de la famille) est une fête annuelle pour les familles visant notamment le public des femmes et des enfants. Danemark - Le Fair Fans de la fédération des clubs de supporters du Danemark est fondé sur le concept d’une équipe fair-play extérieure au championnat et de ses supporters adhérant aux valeurs positives du sport et du football. L’idée est de créer une occasion de rencontre au-delà des rivalités entre clubs et du support à une seule équipe. http://www.fairfans.dk/ Lille, France - Les Doggies (club LOSC de Lille) est une association de supporters qui encadre les jeunes supporters en leur apportant une formation aux valeurs positives comme le fair-play et la lutte contre les discriminations (racisme, homophobie, handicaps, etc.). Des rencontres avant les matchs sont organisées avec des associations de supporters de l’équipe rivale, ainsi que des visites culturelles (musées, etc.) dans les villes lors des matchs en déplacement.

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Accompagnement permanent des supporters : le « fan coaching » La cible est, le plus souvent, les supporters dits à risque, donc la frange du public organisée de façon autonome en dehors des clubs officiels de supporters et qui pose régulièrement des problèmes d’ordre public : violence (hooligans) ou non-respect des réglementations de sécurité (par exemple sur la pyrotechnie, ce qui est notamment le cas des ultras). L’encadrement des supporters peut prendre une forme permanente et cibler un public défini. Ainsi, le fan coaching consiste à accompagner les supporters lors des matches, aussi bien à domicile qu’en déplacement. Le fan coach réalise aussi un travail éducatif et social permanent durant la semaine et en dehors des jours de matchs, en organisant des activités pédagogiques structurées pour les supporters et en leur apportant un soutien social. Trois pays sont particulièrement avancés en matière de fan coaching : l’Allemagne (47 projets officiels de supporters soutenus et financés par les autorités), les Pays-Bas et la Belgique. Les équipes de fan coaching sont constituées de travailleurs éducatifs ou sociaux dont l’activité est l’objet d’un contrat professionnel au sein d’une collectivité locale, dans le cadre d’un partenariat avec le club de football. L’expérience montre qu’il est essentiel que ces actions éducatives et sociales soient menées et financées (au moins en partie) par les pouvoirs publics et non pas directement par le club. Si le club est impliqué dans la cogestion des projets de supporters, il convient que la direction soit assurée à l’extérieur du club. En effet, il est important que le fan coaching soit indépendant du club financièrement, afin d’éviter les pressions et les conflits d’intérêt mais aussi des services de sécurité et de la police, même s’ils travaillent en étroite concertation. Les compétences sociales et éducatives des travailleurs des projets de supporters sont une ressource précieuse pour le club, afin de lui permettre de mener un travail de prévention sur le long terme. Le fan coaching et d’autres

initiatives dirigées vers les supporters s’appuient sur la connaissance -et notamment des études scientifiques comme c’est le cas en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique- du comportement, des motivations et du mode opératoire des groupes cibles de supporters. Dans ce cas, l’événement sportif et le stade de football deviennent des outils de prévention proactive afin d’entrer en contact avec la population jeune de la ville au travers d’un travail éducatif et social.

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Bonne pratique Allemagne - Fan projekte http://www.fanprojekt-berlin.de/ Belgique, Liège Fan coaching https://besafe.ibz.be/Publications/ Pr%C3%A9vention%20de%20la%20violence%20 li%C3%A9e%20au%20football.pdf Gestion de l’événement international Les ambassades de supporters L’événement sportif international s’inscrit dans une politique d’hospitalité et aujourd’hui, les pays hôtes des grandes compétitions organisent un accueil spécifiquement adapté aux supporters étrangers. La Coupe du Monde 1998 en France a amorcé la tendance et l’Euro 2000 en Belgique et aux Pays-Bas en a posé les fondations. La Coupe du Monde 2006 en Allemagne fut remarquable de ce point de vue, en appliquant dans les faits le slogan « Die Welt zu Gast bei Freunde » (le monde comme invité chez des amis). Un outil possible pour concrétiser cette philosophie sur le terrain et simple à organiser pour le pays hôte est la « Fan Embassy ». Les ambassades de supporters sont mises en place dans les villes hôtes des tournois internationaux (Coupe du Monde ou Championnat d’Europe). Ce sont des points d’accueil pour les supporters étrangers, où ils peuvent s’adresser à des inter87

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locuteurs officiels qui parlent leur langue et connaissent leur milieu pour obtenir des informations et de l’aide sur la compétition (programme, vente de billets, hébergement, transports, loisirs, retransmissions des matches, vol ou perte de documents, soins de santé, etc.). Les ambassades de supporters sont un moyen de créer un canal de communication permanent entre les supporters et les autorités locales et nationales. En effet, il est primordial de favoriser une circulation rapide et efficace de l’information, dans la mesure où un tournoi est par définition un événement qui évolue constamment et rapidement. Il est donc indispensable d’assurer un dispositif en prise directe avec le terrain et capable de s’adapter aux situations. L’ambassade de supporters constitue le lien officiel et privilégié entre les autorités nationales, les autorités des villes hôtes, l’organisateur du tournoi et l’ensemble des supporters. Voir la Recommandation 2003/1 du Conseil de l’Europe sur le rôle des mesures socio-éducatives dans la violence dans le sport ainsi que le Manuel de prévention de la violence dans le sport http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ sprec03.1_fr.asp

du Monde en Allemagne, en 2006. Gunter Pilz, sociologue de l’Université de Hanovre (Allemagne), remarque une aggravation, dans les pays européens, des images négatives véhiculées respectivement par les supporters et les policiers et des conflits qui les opposent. Les deux Coupes d’Europe suivantes, en 2012 en Pologne et en Ukraine, puis en 2016 en France, devraient permettre d’en juger. Elles permettront aussi de mesurer comment évolue la culture des supporters. Dans ce contexte, une association franco-allemande de lutte contre la violence dans le football, la « Fondation Nivel », réalise des ateliers mixtes animés par des psychologues sur le thème « Supporters et police : venir à bout des préjugés ». Il s’agit de prévenir la violence de la part des forces de l’ordre en déjouant les préjugés selon lesquels policiers et supporters sont ennemis. Il est certain que les relations entre supporters et policiers, souvent empreintes de fortes tensions, sont un enjeu important dans la gestion des événements sportifs. Une meilleure connaissance réciproque permettra de dissiper les tensions et d’éviter que certaines situations ne dégénèrent en violences. En Allemagne, et particulièrement à Hanovre, la police met en place des stratégies de « désescalade » et poursuit une politique de gestion des conflits orientée vers la prévention.

Relations entre supporters et forces de l’ordre Les relations entre supporters et forces de l’ordre sont très importantes dans le contexte des tournois internationaux. L’agression ultraviolente et criminelle du gendarme français Daniel Nivel25 a terni l’image festive du Mondial français, en 1998, et tous les observateurs neutres ont pu observer des affrontements de rue entre policiers et hooligans à certains moments de la Coupe

Recommandation

25- Le gendarme français David Nivel a été attaqué par un groupe de hooligans allemands le 21 juin 1998 près du stade Félix-Bollaert à Lens, lors d’un match Allemagne-Yougoslavie, pendant la Coupe du Monde. Suite à cette agression, il est resté dans le coma pendant six semaines. Il est depuis invalide.

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Les stratégies de prévention et de désescalade de la police constituent une réponse aux tensions avec les supporters qui peut éviter l’escalade vers la violence.

Bonne pratique : France/Allemagne Fondation Nivel Stiftung : favoriser chez les policiers et les supporters une vision de l’autre qui n’est pas fondée sur la notion d’ »ennemi », notamment grâce à la mutualisation d’expertises et de compétences scientifiques de praticiens. 89

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Le match international comme opportunité d’apprentissage de l’interculturalité Les tournois internationaux comme les Eurofoot ou les Coupes du Monde sont l’occasion d’impliquer les jeunes et de favoriser l’apprentissage interculturel, c’est-à-dire l’ouverture intellectuelle à l’autre et la tolérance. Avec l’action « Génération Supporters », la Fédération française des Associations de supporters organise à l’occasion de matches internationaux des échanges entre jeunes supporters de clubs dans des familles d’accueil. Dans un cadre plus large, l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) met en place lors de chaque tournoi international un vaste programme d’échanges de jeunes Français et Allemands. De même, à l’occasion de la Coupe du Monde féminine en Allemagne en 2010, l’OFAJ a formé les volontaires actifs dans les stades à la notion d’interculturalité. La mise en place de projets éducatifs pour jeunes supporters, de même que le déploiement d’une force multinationale de la prévention lors des grands tournois, sont d’autres pistes qui restent à explorer.

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VI. L’événement sportif et la population locale : un stade dans la ville >>>>>>>>>>>>>>>>>> Un « stade ouvert » pour la « communauté » Aujourd’hui, les clubs modernes assument une responsabilité sociale plus importante que par le passé et considèrent que le football ne se limite pas aux matchs et à la compétition mais qu’il joue également un rôle dans la communauté. Même si l’événement sportif reste l’attraction principale pour le public et les médias, le football a aussi la capacité d’exercer une influence positive au sein d’une communauté sociale. Le club est particulièrement bien placé pour réaliser des actions répondant à des besoins sociaux s’il élabore des partenariats ad hoc, notamment avec les autorités municipales. En effet, le prestige du club et son influence auprès des jeunes lui permettent de remplir un rôle social à l’échelle d’un quartier ou d’une ville, et au-delà, de constituer un levier pour soutenir des politiques sociales plus larges. Il peut représenter un véritable moteur, tant pour promouvoir la pratique du sport que pour favoriser les processus éducatifs chez les jeunes et soutenir l’intégration citoyenne. Le stade peut être un élément social fédérateur et constituer un lien entre les différents acteurs d’une communauté urbaine. Dans le contexte d’une politique sportive menée de concert avec une politique de la ville, le stade peut

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L’événement sportif et la population locale : un stade dans la ville

constituer un maillon essentiel dans le processus de gestion d’une collectivité locale. Quelques exemples de ce type d’actions sont l’organisation de classes de rattrapage scolaire dans les stade pour les élèves en difficulté, la promotion de la pratique du football dans les quartiers dits « difficiles » par l’organisation de tournois amateurs soutenus par des joueurs professionnels, ou encore la mise en oeuvre de campagnes valorisant la tolérance et la lutte contre le racisme. Ce type de pratique est courante en Angleterre, qui a mis en œuvre des programmes « Community » dans tous les clubs. La Belgique développe depuis quatre ans l’action « Stade Ouvert ». Ces activités visent à promouvoir le travail communautaire et accentuer l’impact social du club de football, ainsi qu’à diffuser les valeurs positives du sport dans la société. De même, le stade peut devenir un lieu ouvert à la culture en accueillant des expositions de peinture, des conférences-débats sur des thématiques sociétales, ou en organisant des ateliers théâtre pour les jeunes supporters. En s’ouvrant à la dimension artistique, le stade de football prend part à la vie de la cité. A Berlin, l’association « Brot und Spiele » (du pain et des jeux) organise un festival international de cinéma sur le football (« 11 mm ») qui attire un public nombreux de supporters (présentant leurs propres productions audiovisuelles aux côtés des réalisateurs professionnels) et de citoyens intéressés par les débats sur des problématiques sociales. Le rôle social des clubs sportifs doit être mis en avant. Selon Patrick Mignon, sociologue à l’INSEP (l’Institut National du Sport, de l‘Expertise et de la Performance, en France), les clubs offrent non seulement un spectacle pour le grand public mais contribuent également à diffuser la pratique sportive, notamment auprès des catégories les plus défavorisées de la population. De plus, ils contribuent à améliorer la convivialité et la sociabilité dans la cité.

Résolution 172 du Conseil de l’Europe sur la prévention de la violence dans le sport, le football, et le rôle des collectivités locales https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?id=816331etSite=COE

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Bonnes pratiques L’action « Stade ouvert » en Belgique : Liège et Charleroi, http://www.openstadion.be/Francais/Stade-Ouvert/ page.aspx/22 Le programme « Community » au Royaume Uni : FC Orient London, FC Leeds, Brent, FC Liverpool, Arsenal http://www.arsenal.com/the-club/community Le stade et les habitants des quartiers voisins La présence du stade apporte un élément festif et des occasions de convivialité pour la population locale. Il joue également un rôle économique pour les commerces voisins, qui bénéficient des retombées des matchs. Mais ceux-ci génèrent aussi une série de nuisances pour les habitants : difficultés de circulation et de parking le jour des matchs, urinage sauvage sur les façades et portes d’entrées, dégradation des véhicules et des habitations, dépôt d’ordures diverses, etc. L’expérience montre que les populations des quartiers voisins des stades développent une relation amour/haine avec « leur » stade. Les habitants ont un lien affectif fort avec le stade, notamment lorsqu’il est associé à un quartier précis (auquel il peut apporter une popularité mondiale, comme San Siro à Milan ou Wembley à Londres). Mais ils ont aussi du ressentiment en raison des inévitables nuisances générées par les matchs et peuvent percevoir le stade comme un fardeau imposé au quartier, saison après saison. Les autorités locales de toutes les villes équipées de grands stades de football sont confrontées au même dilemme : répondre aux plaintes permanentes des habitants tout en ayant l’obligation de veiller à ce que l’événement sportif se 93

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GOAL : prévention de la violence dans le sport

L’événement sportif et la population locale : un stade dans la ville

déroule dans les meilleures conditions, notamment du point de vue de la sécurité, ce qui signifie déploiements policiers massifs et restrictions à la circulation. Elles doivent mener des politiques d’urbanisme qui prennent en compte la présence du stade et des événements sportifs qui s’y déroulent tout en respectant la qualité de vie des habitants. Dans ce sens, il est important d’associer la population aux mesures prévues pour gérer l’événement sportif.

du football, peut soutenir les actions préventives, le club sportif n’a pas pour objet de répondre directement à ces problématiques sociétales ni de leur apporter une solution. Il peut néanmoins être un outil important d’intégration sociale et participer à des actions qui ont un impact à long terme. Un exemple intéressant dans ce sens est la Homeless World Cup de football (la coupe du monde des sansabri)26, créée il y a une dizaine d’années et qui organise chaque année un tournoi international, dans une ville différente (Paris en 2011, Mexico en 2012). Ce programme utilise le football comme catalyseur pour permettre à des personnes sans-abri ou fortement marginalisées de « changer leur vie » et notamment de rompre leur isolement. A Berlin, le Sport Jugend est une initiative qui combine football et pédagogie pour prévenir la délinquance dans les quartiers difficiles de la ville. En Italie, la ville de Rome a mené des actions au sein des écoles pour promouvoir la citoyenneté, en associant des joueurs de football réputés des équipes locales. En Allemagne, le club de hockey sur glace de Mannheim intervient dans les écoles pour des actions de prévention contre les drogues menées en partenariat avec la police. En France, le PSG a développé en partenariat avec SOS Racisme et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) un programme pour lutter contre les manifestations de racisme au stade du Parc des Princes de Paris.

Recommandations Intégrer des représentants du quartier ou des habitants dans les commissions consultatives de sécurité du club ou organiser des réunions dans le quartier du stade avec les habitants, le club et l’autorité communale. Tenir compte de l’événement sportif dans le diagnostic local de sécurité ou dans les enquêtes auprès de la population (cf. « Moniteur de sécurité »), en veillant à bien gérer les nuisances publiques. Contrairement aux compétitions nationales qui se déroulent tout au long de l’année, les tournois internationaux se déroulent de façon ponctuelle et à une grande échelle. L’expérience montre que l’implication des habitants a un impact positif sur ce type d’événement, particulièrement dans une perspective de « co-production » de la sécurité (comme lors de l’Euro 2000), mais aussi sur la dynamique sociale à l’échelle d’un pays (cf. le « Sommermärchen » de la Coupe du Monde en Allemagne en 2006) . Problématiques sociétales : drogues, racisme, délinquance urbaine Les collectivités locales en Europe sont confrontées à des problèmes sociaux profonds tels que la drogue, la délinquance des jeunes, le racisme lié aux flux migratoires, etc. Si la pratique du sport, et particulièrement 94

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Bonnes pratiques Ice-Hockey Club « Die Adler Mannheim » Ce club de hockey sur glace, qui fait partie de l’élite du championnat allemand, réalise en partenariat avec la police des actions de prévention contre la drogue. Ainsi, les joueurs vedettes se rendent dans les écoles communales de Mannheim pour débattre directement 26- http://www.homelessworldcup.org/

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avec les enfants des problématiques liées à la toxicomanie. Lors des matches dans le stade SAP-Arena, les joueurs participent à des stands de discussion et signent des autographes sur les supports pédagogiques. Standard de Liège : campagne « Passion, différence, tolérance : citoyens du stade, citoyens du monde » et visites de camps de concentration d’Auschwitz et Buchenwald par les supporters

VII. Le sport amateur >>>>>>>>>>>>>> Le sport amateur : un espace de prévention de la violence Le sport amateur et son maillage de clubs peut contribuer à « décontracter » la société et jouer un rôle positif de changement social, a fortiori en période de crise. En effet, une action éducative auprès des jeunes joueurs peut se réaliser au sein même du club et ainsi exercer une action de prévention qui bénéficiera à l’ensemble de la société. Le sport est porteur de valeurs positives et peut s’inscrire dans l’éducation à la citoyenneté. Accessible au plus grand nombre et permettant une pratique de proximité, le sport amateur a un rôle pédagogique auprès de ceux qui le pratiquent, ce qui en fait un outil précieux pour la prévention de la délinquance. Pratiquement toutes les collectivités locales européennes, grandes métropoles et villages, ont un club de football amateur. Ainsi, la Federación Española de Fútbol compte 700.000 membres, l’Union belge de Football 470.000, la Fédération française de Football 2,2 millions et la Deutsche Fussball Bund 6,7 millions.

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Les clubs sportifs peuvent-ils mener des missions éducatives et sociales ? Une question structurelle se pose dans tous les pays européens : les clubs amateurs sont-ils outillés pour assurer des missions de nature éducative ou sociale et ainsi répondre aux défis du monde contemporain? La mission sportive du club entre souvent en contradiction avec une démarche d’inclusion sociale dans la mesure où les clubs performants filtrent leurs sportifs 96

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Le sport amateur

afin de conserver les meilleurs, c’est-à-dire ceux qui ont les meilleures compétences sportives et sociales. Lorsque l’institution sportive exclut ceux qui ont le plus de problèmes, elle exclut ceux qui ont le plus besoin d’elle. De plus, afin de rester performant, le club aura tendance à se concentrer exclusivement sur l’exercice de son sport et à se fermer à l’environnement extérieur car le montant des subsides (le plus souvent octroyés par les municipalités) est lié à la performance sportive. Ainsi, certains clubs des quartiers de grandes villes ou des villages ruraux recrutent leurs pratiquants et dirigeants en vase clos, ce qui constitue un handicap parce que cela les prive de relais extérieurs et de ressources complémentaires. A l’inverse, on peut citer l’exemple du « Lille body club » (fitness, boxe, etc.), qui apporte un cadre aux jeunes pour une pratique sportive diversifiée27 mais se déplace aussi dans les lieux difficiles, où peu d’intervenants s’aventurent, pour y recruter des jeunes à problèmes et les initier à une activité sportive. Dans certaines zones urbaines dites difficiles, le club sportif est la seule structure officielle présente dans le quartier de façon permanente. Il dispense un encadrement et une activité quotidienne -souvent, les stades sont ouverts tous les soirs- et constitue un « lieu de vie » dans la ville. Lorsque le club développe l’activité du football tout en menant des actions socio-éducatives de proximité auprès des jeunes, en visant le plus large public possible et en s’assurant que les jeunes sont acteurs de ces activités, le football amateur favorise l’insertion sociale et crée du lien social. Certains clubs concentrent les violences et sont souvent stigmatisés par les fédérations, les autorités institutionnelles, voire même par le grand public. Autant

un club sportif peut contribuer à l’image négative d’un quartier ou d’une catégorie de population, autant il peut changer dans le sens positif l’image d’un quartier et participer à valoriser de sa population lorsqu’il allie la performance sportive à des attitudes exemplaires sur la durée.

27-La plupart des clubs amateurs sont uni-sport alors que le club omnisports permet à un jeune bien intégré dans la dynamique du club, mais qui échoue dans une discipline sportive, d’en essayer une autre.

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La nécessité d’agir en partenariat Le sport est un point de contact pour amener le jeune vers des activités structurées et structurantes au sein d’un club, qui peuvent être complémentaire à l’école si le cadre de fonctionnement n’est pas rigide. L’expérience montre que si les actions ponctuelles de sensibilisation (journée contre le racisme ou contre la violence) sont intéressantes, il est nécessaire d’effectuer un travail de fond à long terme tout en agissant en partenariat, notamment avec la police. Outre le support professionnel des dirigeants de clubs amateurs et des bénévoles qui nécessitent un accompagnement dans leur mission, cela suppose aussi une formation adéquate des entraineurs qui, s’ils sont compétents dans leur matière sportive, ne sont pas toujours outillés pour gérer des jeunes difficiles. L’encadrement est le plus souvent bénévole et le coach joue un rôle clé. Des conventions à établir avec l’établissement scolaire et les clubs, en concertation avec les familles, peuvent se réaliser sous supervision de la municipalité et ainsi s’intégrer dans une politique de prévention plus large. Il en va de même pour la formation des arbitres, qui peuvent jouer un rôle pédagogique important car ils sont les garants de la règle et peuvent donc enseigner aux jeunes à la respecter. De même, former des jeunes arbitres a un effet positif direct en matière de prévention. L’importance de la relation entre le club et la ville La relation entre le club et la ville est fondamentale et constitue l’ossature du projet sportif mais aussi de la qualité du travail social à réaliser. Le club constitue 99

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Le sport amateur

une plus-value pour les habitants (les adhérents sont des citoyens) et assure en quelque sorte une prestation de services pour la collectivité en organisant et en encadrant une activité sportive mais aussi, lorsqu’il remplit son rôle social, en réalisant des actions pédagogiques auprès des jeunes qui contribuent à leur formation citoyenne. Contrairement à l’école qui est obligatoire, la pratique d’un sport amateur est volontaire, ce qui donne au club un avantage pour enseigner aux jeunes à éviter les comportements déviants. L’expérience montre qu’en cas de dérapage violent, une sanction réparatrice à effectuer au sein du club et dans le contexte sportif, donc fondée sur la passion du jeune, peut avoir un important effet éducatif.

études et disposer de revenus. Les clubs peinent à mobiliser et garder ceux qui n’ont pas le niveau sportif suffisant et à attirer les habitants des quartiers difficiles. Il souligne que les clubs fonctionnent souvent sur le mode du découragement en raison de leur fonctionnement sélectif et qu’ils privilégient l’esprit decompétition en cultivant l’excellence. Pour que le sport amateur puisse jouer pleinement un rôle social, il conviendrait que les clubs accueillent ceux qui sont habituellement exclus de la pratique sportive. Au-delà, il faudrait que les clubs privilégient la convivialité et la sociabilité comme moyen de pacifier les comportements et renforcent leurs relations avec leur environnement institutionnel et associatif en inscrivant leur démarche de prévention dans une dynamique de réseau. Le cercle vicieux où plus un club amateur est performant et reçoit des subsides, plus il est dans une démarche (non voulue) d’exclusion sociale, peut évoluer vers un cercle vertueux où le club qui s’engage socialement devient un club performant au niveau sportif et où l’action sociale vient renforcer l’action sportive et les bénéfices économiques.

De faibles moyens pour encadrer les jeunes difficiles Les travaux de Patrick Mignon, du laboratoire de sociologie du sport de l’Institut national du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP), montrent l’importance du sport amateur et des clubs sportifs dans la structuration de la société. Il remarque cependant que les enquêtes statistiques révèlent que la croissance de la pratique sportive ne correspond pas à celle des associations sportives car elle se fait en dehors des fédérations. De même, l’important turn-over des pratiquants n’incite pas à créer des liens entre pratiquants, dirigeants et parents. Pour citer deux exemples de « zapping sportif » en France, le judo compte 50% de changement des jeunes licenciés chaque année et le basket 30%. La problématique de la violence dans le football amateur (violence entre joueurs, agression d’arbitres, insultes, vols, etc.) révèle les faibles moyens des clubs pour encadrer des jeunes difficiles et leurs défaillances éducatives. Patrick Mignon constate que le sport amateur ne remplit pas pleinement sa fonction d’intégration car pour faire partie d’un club, il faut être un membre stable et à part entière de la société : avoir un travail, faire des 100

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Favoriser les relations entre clubs pour prévenir la violence En France et dans la plupart des pays européens, le football est le sport le plus populaire. Il compte le plus grand nombre de pratiquants et de spectateurs, mais concentre également la majorité des cas de violence liée au sport. Contrairement au basket et au hand-ball, qui sont des sports similaires dans le sens où ce sont des sports collectifs avec un contact physique entre joueurs, les pratiquants du football se connaissent très peu, donc l’auto-régulation par le groupe est faible. Ceci est dû notamment au fait qu’il existe un grand nombre de clubs. Multiplier les rencontres entre clubs en dehors des compétitions et créer des échanges dans d’autres lieux 101

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et contextes permettrait de renforcer les liens entre pratiquants de clubs différents, ce qui à son tour favoriserait la régulation des comportements par le groupe. En effet, une étude conjointe des universités de Lille et d’Artois (voir référence à la fin de ce chapitre) sur la violence des footballeurs amateurs montre que les clubs dont les joueurs générent le moins d’actes de « violence hostile » (par opposition aux « violences instrumentales », c’est à dire destinée à aider la performance du sportif ) sont ceux dont les dirigeants sont impliqués dans les comités institutionnels ou commissions des fédérations (arbitrage, discipline, etc.). C’est-à-dire qu’ils veillent à diffuser la norme sportive et maintenir les règles au sein de leur propre structure. En revanche, les clubs qui « produisent » le plus d’incidents sont ceux dont les dirigeants (et donc les pratiquants) cultivent une distance avec les institutions et bénéficient de peu de relais extérieurs. Intégrer la dimension sociale et éducative dans les missions du club Il est essentiel que dirigeants et pratiquants considèrent que la dimension sociale et éducative fait partie intégrante des missions du club sportif. Mais cela nécessite que les pouvoirs publics nationaux et locaux donnent aux clubs sportifs des moyens adaptés pour affronter le choc des problèmes sociaux, notamment quand ils sont installés au coeur des quartiers difficiles et concentrent l’expression des difficultés sociales des grandes agglomérations. Le rôle de la ville est primordial dans la mesure où, le plus souvent, les équipements sportifs appartiennent aux collectivités locales. Les expériences d’étroites collaborations entre municipalités et clubs sportifs amateurs -par exemple celles du « sport de nuit » menées en Allemagne et, en Espagne, par la ville de Gijón- montrent qu’associer le sport à une politique locale de prévention peut avoir un impact positif direct sur des problèmes spécifiques de délinquance juvénile dans des lieux ciblés. 102

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Bonnes pratiques France Le District Football Amateur de Seine-Saint-Denis En région parisienne, le département de la SeineSaint-Denis (1,5 million d’habitants) est souvent présenté comme un prototype de « banlieue à la française ». Il est constitué de 40 villes et comprend d’importants équipements d’infrastuctures, notamment l’aéroport Charles de Gaulle, la zone industrielle et de services de la Plaine Saint Denis et le Stade de France. Il compte aussi la population la plus jeune de France, enregistre un taux de chômage élevé, peu de diplômés, des revenus bas et un pourcentage élevé d’habitants issus de l’immigration (57 %, de 150 nationalités différentes). Si le département compte un seul club de football professionnel, le Red Star de Saint-Ouen (l’un des clubs les plus anciens de France, fondé en 1897 par Jules Rimet), le District du Football Amateur (unité décentralisée de la Fédération française de Football) regroupe 220 clubs, 30.000 licenciés, 340 arbitres et organise 15.000 matches par an. Très engagé dans la démarche de « club-citoyen », le District développe un projet social ET sportif (« Top foot ») par des activités dans les quartiers qui ne sont pas exclusivement dédiées au foot, comme par exemple des ateliers vidéo ou de percussions avec des jeunes joueurs et des actions dans les écoles où les entraîneurs rencontrent les enfants. Des stages « football et culture » sont organisés à l’étranger, parfois auprès de clubs prestigieux comme le Real Madrid. La finale de la coupe de foot amateur est organisée au Stade de France. Le District développe actuellement le projet « Terre de foot » pour les sportifs amateurs, qui comprendra également un volet social et éducatif.

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L’Observatoire des comportements dans le football amateur L’Observatoire des comportements de la Fédération française de Football (FFF) est un outil statistique créé en 2006 permettant d’avoir une connaissance objective et quantifiée des actes de violence physique (agression avec arme, bousculade, coups, tentative de coups) et verbale (menace, propos grossiers ou injurieux), des incivilités (crachat, geste obscène, jet de projectiles), des atteintes aux biens publics ou privés (dégradation, vol, incendie), ainsi que des actes à caractère raciste survenus avant, pendant ou après une rencontre de football au niveau régional ou national. L’Observatoire des comportements permet une estimation quantitative avec des comparaisons entre les catégories concernées ou entre les différents types de violence. Il effectue un suivi régulier de l’état de la violence dans le football amateur, analyse les incidents relevés, autant quantitativement qualitativement, avec l’aide d’un groupe d’experts de différents champs disciplinaires (sociologues, psycho-sociologues, représentants de l’Observatoire National de la Délinquance et de la Réponse Pénale…). Il contribue également à définir des axes d’actions : prévention du risque de violence, actions de réparations, aide et soutien aux initiatives locales des ligues et clubs et campagnes de sensibilisation.

Chaque club doit intégrer une dimension éducative à son projet pour recevoir un soutien financier. En outre, le service des sports met à la disposition des clubs un animateur sportif de référence (un par club), qui maintient un lien permanent avec la municipalité. En parallèle, l’équipe des médiateurs sociaux agit dans une approche transversale et territorialisée pour désamorcer les conflits dans les quartiers et impliquer les jeunes désoeuvrés dans les centres thématiques sportifs. Les éducateurs sportifs municipaux sont actifs dans les écoles et les quartiers de façon ininterrompue du lundi matin au dimanche soir. Afin d’attirer les jeunes vers les clubs, des animations sportives de proximité sont aussi réalisées avec les clubs professionnels du LMC (basket) et du LOSC (football).

Lille : la prévention intégrée à la politique sportive Une politique sportive intégrant des outils de prévention de la violence est menée par le service des sports de la ville de Lille, en étroit partenariat avec le Contrat local de sécurité. Le sport est considéré comme un moyen d’éducation des enfants et adolescents et les entraîneurs sportifs sont recrutés en fonction de leurs compétences d’éducateurs. Le service des sports dispose d’infrastructures omnisports classiques (salles, stades et terrains) dans les quartiers et d’équipements de proximité permettant la pratique sportive sans encadrement. 104

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Allemagne Präventionsmodell Berliner Jugendfussball (Sportjugendberlin + BFV) http://www.praeventionstag.de/ nano.cms/dokumentation/details/1072

Espagne Action avec les parents: « Educación por los padres », Facultad de psicologia del deporte, Universidad de Zaragoza

Recommandations Pour que la pratique du sport, notamment le football, dans un club amateur ait un impact positif et un effet durable sur la prévention de la violence chez les jeunes, dans une perspective de prévention sociale. • Il est positif pour le club de développer des relations avec l’extérieur (monde culturel ou socioéducatif ) plutôt que de rester centré exclusivement sur son projet sportif. • Il convient d’impulser la création de clubs sportifs 105

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ou de favoriser la pratique sportive dans les Zones urbaines sensibles en organisant des actions de proximité avec des clubs professionnels, pour attirer des jeunes joueurs. Il est recommandé de mettre en place des clubs omnisports, afin que les jeunes puissent pratiquer plusieurs sports ou changer de sport, tout en restant dans le club. Il est important de soutenir financièrement les clubs installés dans des quartiers difficiles (par exemple les Zones d’éducation prioritaires en France) et d’intégrer une dimension éducative au projet sportif.

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für Sozialwissenschaften, S. 63-82. MIGNON Patrick, « Etats des lieux et évolution des pratiques physiques et sportives », Activités physiques et santé, INSERM, 2008 et « Les maux du sport. La violence et le stade (1945 à nos jours) », in Le phénomène sportif et la société française du milieu du 19ème siècle à nos jours (dir. Philippe Têtard), Vuibert, 2006

Références •

•

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VIII. Une approche transversale et intégrée >>>>>>>>>>>>>>>>> Aujourd’hui, l’application d’une approche transversale et intégrée nécessite d’assurer une concertation locale face à la gestion du risque et de maîtriser l’effet pervers de l’action sécuritaire, tout en prenant en compte le rôle des médias dans la communication. De plus, cela implique de garantir la sécurité de l’événement en veillant à adopter une démarche pédagogique dans le contrôle des comportements déviants des spectateurs (notamment en matière de pyrotechnie) et de s’adapter aux changements induits par les nouveaux types de violence, tout en préservant un espace de liberté pour les supporters et en maintenant le dialogue.

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Gestion des risques et concertation locale Le plus souvent, la gestion de l’événement sportif implique d’abord une démarche d’analyse du risque qui se concrétise par la classification préalable des matchs en « ordinaire », « à risque » ou « à haut risque » qui engendrera les mesures spécifiques de sécurité prises en amont. Ensuite, cela implique une démarche de gestion opérationnelle des risques avec la mise en œuvre en aval des moyens humains et matériels du dispositif de sécurité. Ce processus est souvent l’objet d’une convention officielle de coopération locale validée par l’autorité nationale. Au niveau local, face au problème de gestion de l’évé108

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nement, il s’agira d’apporter une réponse partenariale. Donc d’assurer la coordination d’acteurs issus de secteurs différents et aux missions initiales distinctes avec la nécessité de concerter les intervenants sociaux (Fan coaching ou projets de supporters à vocation éducative et sociale) avec les intervenants répressifs chargés du maintien de l’ordre, auxquels s’ajoutent des corps de métiers spécifiques tels que les pompiers ou l’urgence médicale. La gestion de l’ordre public lors d’un match de football s’inscrit dans un processus de gestion intégrée impliquant les dispositifs de répression tels que la police et les dispositifs de prévention tels que le Fan coaching. Dans la réalité opérationnelle, cette gestion n’est pas simple. Une tâche de la coordination sera d’éviter de les placer en opposition car, sur le terrain, ces dispositifs peuvent entrer en contradiction. L’autorité locale est souvent chargée de piloter la chaîne de coordination entre le club (gestionnaire du stade et organisateur du match), la police et le Fan coaching. Cette chaîne constitue le fil rouge des différentes étapes de gestion du risque et s’appuie sur un échange permanent d’information entre ces différents acteurs de la sécurité. Dans une optique de maîtrise de l’événement (et donc de réduction de l’incertitude), le rôle de coordination de la ville visera à assurer une réponse publique complète face aux facteurs de risque avec une véritable transversalité entre les acteurs, en considérant que tous les interlocuteurs sont importants. Comme indiqué dans le chapitre I, il faut souligner que le drame du Heysel en 1985 constitue une date charnière pour l’organisation des matchs en matière de sécurité situationnelle (infrastructures, police). Les années 90 ont propulsé la prévention sociale professionnelle dans les stades de football, surtout en Allemagne, Belgique et Pays-Bas, où des projets de supporters sont actifs depuis 20 ans. L’Euro 2000 a engendré une nouvelle conception dans la gestion de l’événement qui se réalise depuis 10 ans dans un processus intégré, avec une attention particulière à l’hos109

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pitalité et l’accueil des supporters étrangers et avec un évitement de l’option dite « Robocop », qui s’appuie sur un déploiement démonstratif de la force et une réponse forte à la moindre confrontation (voir le chapitre II). Notons que dans un contexte idéal, les intervenants du Fan coaching (oeuvrant dans une philosophie de travail social) partagent l’idée qu’ils contribuent par leur action à la sécurisation du match dans une optique de tranquillité publique, avec la finalité d’assurer que l’événement soit un « plaisir familial » pour tous les spectateurs. Tout comme les forces de police (oeuvrant dans une philosophie d’ordre public) partagent l’idée que le Fan coaching, de par son positionnement privilégié sur le terrain avec un contact direct vers les supporters, peut apporter des informations utiles quant à l’ambiance et au climat préalable à un match mais ne peut en aucun cas donner des informations de dénonciation individuelle sous peine de saborder la relation patiemment construite avec les supporters. En veillant à maintenir une concertation permanente, l’autorité locale a la capacité d’ajuster des intervenants de nature différente (policiers et travailleurs sociaux) et dont l’objectif est similaire : la pacification de l’événement sportif. Ce rôle est déterminant afin de garantir une approche intégrée de nature transversale.

Maîtrise des effets pervers du sécuritaire La gestion d’un événement sportif peut être prétexte à la mise en oeuvre de mesures de sécurité exceptionnelles (c’est aussi le cas pour certaines manifestations festives ou politiques). Les mesures de sécurité telles que l’encadrement policier et la vidéo-surveillance sont entrées dans les moeurs et sont devenues nécessaires. Mais cette hyper-sécurisation des stades provoque un déplacement des violences et des incidents à l’extérieur ainsi que vers les divisions inférieures où elles sont moins visibles (car peu médiatisées) et plus difficilement gérables, en raison du manque de moyens des petites villes qui se trouvent démunies pour gérer ces situations. Si l’on s’attaque aux conséquences en se limitant à la stricte gestion de l’événement sportif par des mesures de contrôle, tout en délaissant le travail sur les causes du phénomène de violence et en n’investissant pas dans la prévention sociale, outre le fait qu’on met en difficulté des petites collectivités locales, on risque réellement de glisser vers une montée en puissance de la sécurisation de l’espace sportif (certains intervenants italiens ont parlé de « militarisation » des stades). Les grands tournois internationaux de football sont souvent l’occasion de déploiements massifs de policiers. Pour illustration, la Coupe du Monde FIFA 2006 en Allemagne a mobilisé 250.000 policiers et 3.000 soldats durant les 64 matches répartis sur un mois. Les forces de l’ordre chargées d’assurer la sécurité dans les villes et autour des stades pouvaient s’appuyer sur des milliers de volontaires (stewards) et gardiens privés aussi bien à l’intérieur des stades que sur les lieux de retransmission publique (Public Viewing Areas), ainsi que bénéficier d’infrastructures sportives modernes et irréprochables. Les moyens impressionnants consacrés à la sécurité et la parfaite organisation de l’événement ont permis de maîtriser les risques du « Sommermärchen », sans toutefois éviter tout débor-

Recommandation Impliquer le projet de supporter (ou le dispositif social) dans les réunions de sécurité matchs et dans les commissions de sécurité consultatives locales et veiller à maintenir avec la police une concertation permanente.

Bonne pratique Commissions de sécurité matchs avec coopération entre secteur social et police sous l’égide de la ville et participation commune aux réunions (Solna, Mannheim et Liège). 110

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dement (voir paragraphe suivant). Avec des moyens plus restreints, la Belgique applique lors du championnat national un système radical, mais d’une efficacité certaine, sous la forme du « combiné ticket-car » pour les spectateurs visiteurs (malgré tout régulé par une circulaire ministérielle qui tente de limiter son application). Ce système, dit « combi », interdit aux supporters de se rendre au stade autrement qu’avec les bus officiels qui seront parqués directement dans l’enceinte sportive. Sans aucun doute, il a démontré faciliter le contrôle des flux de spectateurs supporters d’équipes rivales et permettre d’éviter les contacts entre groupes violents. Cependant, outre qu’il pose des contraintes (et des questions) en matière de liberté individuelle, il empêche la mixité entre les supporters modérés et donc toute interaction potentiellement source de convivialité (et il oblige les supporters neutres à choisir leur camp !). A l’occasion de matchs européens, ce système de gestion, lorsqu’il est d’application, a provoqué l’indignation et l’incompréhension des supporters et autorités locales de certains pays visiteurs car il les empêchait de découvrir la ville d’accueil et d’avoir le moindre contact avec la population locale. Comme le soulignait Michel Marcus, alors délégué général du Forum européen pour la sécurité urbaine, lors du congrès « Eurofan » en 2003, il s’agit, en matière de grands événements, « de trouver un équilibre entre la sécurité et la liberté ». Plus que jamais...

gendrent une « panique morale » dans la population qui est souvent identifiée par les spécialistes comme un des facteurs à l’origine du hooliganisme à la fin des années 60 en Angleterre (World Cup 66), qui s’est étendu ensuite au reste du continent européen et que nous sommes toujours occupés à gérer en 2012. En revanche, dans un contexte où la liberté d’expression est un acquis sociétal, les médias ont aussi (et avant tout) un devoir d’information envers le citoyen et sont un pilier de la démocratie. Le compte-rendu objectif de la réalité sociale investiguée et l’indépendance des médias face au pouvoir constituent le socle de nos valeurs porteuses d’un état de droit. A ce niveau, la Coupe du Monde en Allemagne 2006 représente un exemple éloquent à ne pas suivre : la volonté de mise en avant d’une organisation parfaite et d’un angélisme des supporters et de la population pour la grande fête du football a provoqué un décalage surréaliste entre la réalité et l’image diffusée dans les médias (sous contrôle) par les organisateurs publics et privés auprès de la population, surtout au niveau international. Malgré des moyens policiers et militaires considérables et 1,5 milliard d’euros de frais pour les services publics, l’événement, qui n’a duré qu’un mois, a produit des chiffres colossaux : 8.935 arrestations, 862 blessés (dont un tiers de policiers) et 7.212 délits (source: ministère de l’Intérieur allemand, août 2006). Dans les faits, des violences sérieuses entre supporters, ou avec la police, se sont déroulées entre autres à Cologne, Stuttgart et Francfort (le plus souvent sur les lieux de retransmission publique). Par ailleurs, les médias peuvent apporter une plusvalue importante aux démarches de prévention, notamment en les crédibilisant auprès du grand public et en renforçant le courage des acteurs politiques qui les soutiennent. Cependant, en matière de communication, force est de constater que si de nombreux intervenants en prévention disposent d’un « savoir-faire » indéniable et développent des actions de qualité donnant

La communication et le rôle des médias La médiatisation constitue un facteur important à prendre en compte. En effet, lorsqu’ils sombrent dans le sensationnalisme, de par la publicité apportée aux hooligans ou ultras, les médias sont une cause du développement du phénomène de violence et facilitent le recrutement dans les groupes de supporters violents comme le montrent Patrick Mignon et Alain Ehrenberg. De même, ils en112

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des résultats positifs visibles sur le terrain, souvent ils ne maitrisent pas le « faire-savoir » avec pour conséquence, outre une absence de visibilité de la prévention dans le grand public, un manque de retour positif et des possibles essoufflements des projets de prévention sur le terrain. Sur ce plan, une action intéressante fut initiée par la ville de Bruxelles, le Conseil de l’Europe et l’UEFA pour la commémoration des 20 ans du drame du Heysel, sous la forme du « European Football Supporter Award ». Il s’agit d’un prix annuel récompensant un projet de supporters ayant développé des actions positives de prévention de la violence dans le sport (l’EFSA a distingué « Genoa for Children » en 2006 et l’asbl Fan coaching en 2011) et qui s’inscrit dans une démarche de communication à l’échelle internationale.

hors de tout encadrement pose un véritable danger pour l’ensemble des spectateurs. D’un autre côté, les supporters ultras les revendiquent comme partie intégrante de leur culture et considèrent qu’ils sont indissociables du spectacle dans le stade. Leurs arguments s’appuient sur la publicité positive apportée par les médias envers les tifos et le fait que de nombreux spectateurs (ainsi que les joueurs !) apprécient cette « chaude ambiance ». De plus, ils considèrent en maîtriser parfaitement le maniement et assurent qu’ils minimisent les risques. Les solutions officielles pour y remédier comportent une marge de manœuvre étroite. Dans la pratique, confrontés à l’efficacité toute relative des sanctions et écrasés par les lourdes amendes imposées par les fédérations nationales et internationales afin de sanctionner la pyrotechnie (pour exemple, Hanovre 96 a dû payer 45.000 euros à l’UEFA suite au match d’Europa League à Copenhague), la plupart des responsables sécurité des clubs sont contraints de ménager des « arrangements officieux » avec les groupes de supporters pas nécessairement radicaux. Exemple concret concernant plusieurs petits ou grands clubs européens : des accords informels sont établis entre supporters et clubs où plusieurs matchs sans bengales ou fumigènes sont échangés contre des contingents de tickets pour les déplacements. L’amorce d’une solution est donc à trouver dans des actions de fond et des démarches inscrites dans le moyen et long terme. Certaines localités (Gênes, Liège, Mannheim, Solna) ont mis en place des démarches pédagogiques pour tenter de répondre à l’usage de la pyrotechnie par certains groupes de supporters en mettant sur pied des actions de sensibilisation (campagnes d’affichage, vidéo ou multimédia) voire même des formations dispensées par la police et les pompiers au sein du club et ciblées sur les ultras. Soulignons que dans de nombreux pays, la formation des stewards intègre l’aspect spécifique de la pyrotechnie. Notons aussi que pour les volontaires des

Démarche pédagogique et usage de la pyrotechnie L’usage de la pyrotechnie par les supporters et principalement par le mouvement ultra, dont c’est devenu une « marque de fabrique », est devenu une composante de l’événement sportif. Principalement le match de football, mais on l’observe aussi dans les stades de basket ou hockey sur glace. Dans tous les pays européens, force est de constater que les réglementations s’appuyant sur des sanctions ne produisent que de l’échec. Depuis dix ans, plutôt que de s’atténuer, le phénomène ne fait que s’étendre, se renforcer, voire même s’ancrer. En outre, il constitue une source majeure de conflit entre les dirigeants de clubs et les supporters, qui se considèrent incompris, tout comme les fans ultras qui se proclament « victimisés face à cette répression policière » qui les cible de façon jugée stigmatisante. Le problème est complexe... D’un côté, les feux de bengale peuvent provoquer des brûlures graves et les fumigènes peuvent engendrer de sérieuses difficultés respiratoires. Comme indiqué dans les chapitres précédents, leur utilisation en de114

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tournois internationaux, une bonne pratique dans le programme de formation est d’y intégrer la « gestion des conflits » et les « aptitudes interculturelles ».

signification et impose aux responsables de la sécurité une réflexion permanente afin d’adapter leur action pour conserver un contrôle sur le phénomène. Outre une recherche du plaisir instantané, la violence des groupes de « hooligans » classiques est considérée comme un moyen de renforcer l’estime de soi et de créer une identité positive. Cette violence est aussi perçue comme étant de nature instrumentale vu qu’elle s’oriente vers la défense du territoire ou plutôt, une primauté territoriale. La violence plus récente provenant de certains groupes « ultras » est aussi instrumentale mais se construit de façon essentiellement réactive, pour autant que cette violence soit comprise comme une « réponse » à la répression, même si ce thème génère des fortes controverses… Dans la mesure où les motifs de la violence se différencient, cela implique également une différence dans l’action et l’intervention des acteurs de la sécurité. Si le contrôle du phénomène veut rester porteur de sens, l’action de la police et de ses partenaires doit se situer en préalable des actes concrets de violence à empêcher et cela va influencer le développement contemporain du concept d’intervention policière. Comme indiqué dans le chapitre V, la co-production de la sécurité avec les supporters permet d’apporter une plus-value certaine à la sécurité les jours de matchs en s’appuyant sur un véritable dialogue avec les supporters. A ce niveau, l’éclairage apporté par les recherches scientifiques et les expériences européennes est particulièrement utile. En effet, les supporters de football, jeunes ou moins jeunes, qui peuplent les tribunes des stades ne sont pas nécessairement tous exclusivement des perturbateurs potentiels. Ils sont avant tout des citoyens pour lesquels une « gestion citoyenne » de la sécurité représente un droit élémentaire Nous constatons qu’une séparation adéquate des supporters d’équipes rivales le jour des matchs reste nécessaire, pas seulement dans le stade, mais aussi sur les itinéraires d’arrivée et de départ. Le rituel d’« of-

Recommandation Elaborer des démarches pédagogiques pour tenter de répondre à l’usage de la pyrotechnie par certains groupes de supporters en mettant sur pied des actions de sensibilisation (campagne d’affichage, vidéo ou multimédia) et des formations ciblées sur les ultras au sein du club avec les pompiers.

Bonne pratique Prévention de la pyrotechnie : clip de sensibilisation Standard de Liège EN http://standard.sudpresse.be/multimedia/videos/details-video.htm?lng=frettarget=615 FR http://standard.sudpresse.be/multimedia/videos/ details-video.htm?lng=frettarget=613 Espace de liberté du supporter et sécurité de l’événement Le football et la violence sont-ils unis par un lien indissociable constituant une histoire sans fin ? La violence dans le football s’inscrit dans le contexte de notre société. Souvent, les acteurs de cette violence sont des jeunes imprégnés d’un système de valeurs lié à une sous-culture spécifique. Pour ces jeunes adultes, le week-end de football offre une escapade du quotidien et permet de se comporter sans contraintes. Au fil des ans, les images du vandalisme et des violences physiques, voire même des émeutes, provoquées par les supporters dans le contexte du football se ressemblent... Cependant, les causes et le déroulement de cette violence sont soumis à une transformation continuelle. Pour la gestion de la sécurité, ce changement de la problématique véhicule une énorme 116

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fense du territoire » par les uns et de « défense du territoire » par les autres, qui favorise la violence, reste une réalité et doit être contrôlé de façon appropriée. Malgré tout, il existe encore une marge de manœuvre pour des améliorations de la sécurité, notamment l’intervention policière, et la mise en place de stratégies alternatives favorisant le dialogue à la place d’une approche frontale de confrontation. Le contexte n’est pas simple car les positions face à la problématique de la sécurité sont différentes chez les supporters et la police. L’accompagnement plus ou moins strict des supporters visiteurs par les forces de police sur le trajet d’arrivée et de départ lors des matchs est perçu comme inadapté voire même arbitraire par les supporters en raison de la restriction de l’espace d’action. C’est le cas particulièrement chez les ultras, parmi lesquels on constate de surcroit qu’une perception négative de la police s’est développée avec la construction d’une image « d’ennemi ». Pour illustration concrète, Michael Schütte, chef d’intervention à la Direction de la police de Hanovre, a élaboré (en collaboration avec le Professeur Gunter Pilz de l’Université de Hanovre) un modèle d’intervention dans le football fondé sur des « managers de conflits » et orienté vers le supporter. En Bundesliga, des policiers s’occupent directement des supporters en étant présents pour instaurer un contact avec eux et se tiennent à disposition pour un échange d’information. Ceci est très différent des spotters car les managers de conflits ne sont pas en mission de récolte d’information ou d’interception, mais « participent » au match avec les supporters visiteurs et les accompagnent comme interlocuteurs dans le stade et pendant le déplacement. Avec l’intervention des managers de conflits (qui s’appuient in vivo sur les réseaux sociaux d’internet), la tentative d’assurer de façon appropriée la nécessaire séparation des supporters rivaux tout en maintenant leur liberté et leur espace d’action a été entreprise avec un certain succès. Cette initiative, qui

nécessite le soutien et la coopération des supporters, est en élaboration et toujours en cours d’amélioration. Elle contribue également à une amélioration de la communication avec les supporters et vise, sur le long terme, à surmonter les préjugés mutuels (images négatives entre supporters et policiers). L’expérience montre, et les exemples concrets sont nombreux, que les supporters de football sont ouverts au dialogue avec la police, le responsable sécurité du club et les agents de prévention et qu’on peut réussir, par la communication et la coordination, à traiter les supporters de façon respectueuse en les soutenant dans leurs besoins tout en maintenant de façon efficace un seuil de sécurité adapté durant l’événement sportif.

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IX. Les lieux de retransmission publique

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Les lieux de retransmission publique 28: un phénomène social Un nouveau phénomène a émergé ces dernières années dans le monde du sport : un nombre croissant de fans de football suivent les matchs sur les écrans géants des lieux de retransmission publique. Ils participent à l’événement sans être présents dans le stade. Ce phénomène a commencé dans les bars et les pubs, où les clients peuvent suivre les matchs à la télévision. Le développement de la technologie a permis l’arrivée des écrans géants (la plupart font 60m2 et la demande pour ce genre de spectacle ne cesse de grandir. Il existe désormais une expression consacrée : lieux de retransmission publique. Suivre un match dans l’un de ces lieux offre une expérience similaire à celle du stade : les spectateurs partagent en groupe l’atmosphère et les émotions de l’événement. En conséquence, de plus en plus de villes organisent des retransmissions publiques des événements sportifs et des grands tournois, près des stades ou sur leurs places principales. C’est notamment le cas pour la Coupe du Monde de la FIFA et le Championnat de l’UEFA, où des retransmissions sont organisées dans tous les pays participants. Quelque 14 millions de spectateurs ont suivi dans des lieux de retransmission publique les matchs de la

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28- Ce texte est fondé sur la Recommandation du Conseil de l’Europe sur l’utilisation des lieux de retransmission publique lors des événements sportifs majeurs

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Coupe du Monde 2006 en Allemagne, pour 3,2 millions de spectateurs dans les stades. Lors du championnat européen de l’UEFA, il y avait environ 2,5 millions de spectateurs en Autriche et 4,5 millions dans des lieux de retransmission publique en Suisse. Lors de l’Euro 2008, la finale Allemagne-Espagne a rassemblé 60.000 spectateurs dans le stade de Vienne, pour 300.000 sur les espaces publics de la porte de Brandenbourg à Berlin et au centre de Madrid. Quelles sont les raisons de la demande croissante d’assister à des événements sportifs dans des lieux de retransmission publique ? Outre l’influence de son environnement spécifique sur l’individu et du comportement de groupe (voir les recherches de R. Barker), un match de football a un effet « ventilateur » de propagation des émotions (voir les travaux de la psychologue Katrin Döveling de l’Université de Dresde). Les grandes manifestations sportives sont amplifiées par les média et ont un impact émotionnel qui touche un public bien plus nombreux que celui qui est présent dans le stade. Leur impact va au-delà des frontières du pays où se déroule l’événement et peut devenir global. Il y a aussi des raisons spécifiques qui amènent le public à se rendre dans les lieux de retransmission publique pendant les tournois internationaux. Ceci est dû, entre autres, à l’internationalisation croissante des grands événements sportifs. Les voyages bon marché et l’assouplissement des contrôles frontaliers ont démultiplié la popularité des grands tournois et événements sportifs. La demande est généralement bien supérieure au nombre de billets d’entrée disponibles. Le fait que le nombre de billets est limité, leur prix élevé et l’atmosphère festive dans les pays et villes hôtes alimentent la demande des supporters qui veulent « être là » sans pour autant assister au match dans le stade. Les lieux de retransmission publique sont aussi devenus des points de rassemblement des fans les jours où il n’y a pas de match, lors des tournois. Ce phéno121

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mène joue un rôle préventif important parce que cela permet au public de se divertir plutôt que de passer ces moments de « pause » à des activités plus répréhensibles comme boire excessivement ou autres comportements anti-sociaux. Les lieux de retransmission publique permettent aussi de prévenir les troubles causés par les supporters qui ont des billets pour le match, lors des jours « off », parce qu’ils leur permettent d’être ensemble et de « ressentir l’événement ». Organiser des lieux de retransmission publique est aussi important pour associer les habitants locaux à l’événement, comme cela a été clairement démontré pendant l’Euro 2004 au Portugal. De fait, la nécessité d’associer la population locale est inscrite dans la Recommandation (2003) 1 du Conseil de l’Europe relative au rôle des mesures socio-éducatives dans la prévention de la violence dans le sport. Les lieux de retransmission publique se sont aussi généralisés à d‘autres types d‘événement, comme les matchs des Ligues nationales ou de Coupe. Aussi, ils attirent un public de plus en plus nombreux lors des matchs disputés par leur équipe nationale à l‘étranger. Les raisons pour lesquelles une municipalité organise un lieu de retransmissions publique, qu‘elle soit une nom ville-hôte de l‘événement, peuvent être résumées comme suit : • Pendant les tournois : offrir un divertissement sûr aux supporters en déplacement qui n‘ont pas de billet d‘entrée, ou lors des jours « off », afin de prévenir l‘abus d‘alcool et autres activités anti-sociales. • Permettre aux groupes de jeunes locaux et ceux des quartiers défavorisés de participer à l‘événement de façon positive et ainsi prévenir les réactions potentiellement hostiles à l‘événement. • Offrir un divertissement positif aux habitants. Le nombre croissant de lieux de retransmission publique et les foules importantes qu’ils attirent amènent les organisateurs des grands événements sportifs et les villes à adopter des mesures organisationnelles et de

sécurité qui sont similaires à celles mises en place dans et autour des stades. Les retransmissions publiques sont considérées comme une bonne solution pour prévenir la violence et les troubles de l’ordre public et pour renforcer la dimension festive de l’événement, à condition que les mesures de sécurité et de sûreté adéquates soient prises. Il est en effet crucial d’évaluer en détail toutes les décisions qui doivent être prises avant l’événement, pour minimiser au maximum les risques pour la sûreté et la sécurité.

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Les risques liés à l’organisation des lieux de retransmission publique Organiser des lieux de retransmission publique pour un public large implique les mêmes risques et difficultés que tout autre événement qui attire des foules importantes. Cela nécessite une même évaluation de la sécurité, des mesures de gestion de foule et une préparation minutieuse pour éviter le manque d’organisation, la frustration du public, un nombre excessif de spectateurs, les défaillances techniques etc. Il existe certains risques liés spécifiquement à la nature sportive de tels événements. Tout d’abord, il est impossible de séparer les supporters d’équipes rivales dans un lieu de retransmission publique. Même s’il y a peu de conflits entre supporters lors des tournois internationaux, il y a des exceptions et les organisateurs doivent être vigilants. De plus, il existe toujours la possibilité que certains supporters connus pour leur comportement violent, ou plus probablement d’autres individus violents et au comportement anti-social, utilisent le lieu de retransmission publique pour organiser des bagarres, en particulier s’ils sont en état d’ivresse.

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Recommandation

sécurité. Par ailleurs, si l’organisateur est une entreprise non spécialisée en événements sportifs, il se peut qu’elle manque d’expérience dans la gestion des fans, contrairement aux organismes sportifs qui organisent habituellement les grandes rencontres. Un autre facteur important à prendre en compte est l’impact sur les habitants du quartier où sera installé le lieu de retransmission publique. Il est important de leur donner toute l’information à l’avance. Il ne faut pas non plus oublier les clubs locaux de supporters. De fait, organiser un événement de cette nature est justement une bonne occasion de communiquer avec la communauté des supporters. Comme dans les stades, il faut contrôler la consommation d’alcool. Sans préjudice à la législation nationale, il peut être recommandé d’autoriser la vente de bières à faible taux d’alcool au lieu d’interdire complètement l’alcool. En tout état de cause, il faut informer le public à l’avance sur les restrictions à la consommation d’alcool. En effet, même les spectateurs habitués aux rencontres sportives peuvent penser qu’il y aura moins de restrictions sur l’alcool dans ce type de lieu que dans les stades. De même que dans les stades, il faut recueillir des renseignements pour savoir s’il existe des risques ou dangers spécifiques liés à certains individus ou facteurs (par exemple une défaite antérieure de l’équipe des supporters ou tout autre incident). Il convient de contrôler l’entrée dans le lieu et notamment de rechercher les armes ou tout autre objet dangereux. Le déploiement et l’intervention de la police doivent être déterminés en fonction d’une évaluation dynamique et en temps réel des risques. Un nombre suffisant d’agents doit être en place, prêts à une intervention si nécessaire. La mobilité est cruciale. La visibilité des forces de police doit être déterminée en fonction du niveau de risque et aussi tenir compte des habitudes locales. Mais il est de toute façon recommandé d’éviter tout déploiement massif de force (voir chapitre IV sur

Il est recommandé aux municipalités d’organiser des lieux de retransmission publique parce que c’est une bonne mesure de prévention des comportements antisociaux et aussi parce que cela permet d’associer les habitants à un événement festif destiné à un large public. Il convient néanmoins d’évaluer les risques avant toute décision. Il convient aussi de prendre toutes les mesures nécessaires pour minimiser les risques pour la sûreté et la sécurité. Les conditions élémentaires pour organiser un lieu de retransmission publique Soulignons tout d’abord que les municipalités peuvent mettre en place des lieux de retransmission publique dans le cadre de leurs prérogatives. Dans ce cas, l’entrée est généralement gratuite et la municipalité est directement responsable, puisqu’elle est l’organisatrice. Les lieux de retransmission publique peuvent aussi être organisés à des fins commerciales avec entrée payante. Dans ce cas, la municipalité, même si elle n’est pas l’organisateur principal, doit respecter un certain nombre d’obligations. Dans la plupart des cas, elle est responsable de donner une autorisation préalable. Elle doit aussi veiller à ce que les conditions nécessaires à la mise en place d’un tel dispositif soient fournies et garantir le respect de ces conditions ainsi que de la législation. Les organisateurs d’un lieu de retransmission publique doivent avant tout s’assurer que le public puisse participer dans un environnement amical, divertissant et sûr. Ceci requiert une évaluation des risques détaillée, menée par la police. De plus, il convient d’établir une coopération rapprochée avec les organisateurs de l’événement sportif, la police, les services médicaux et autres services d’urgence (voir chapitre I). Les intérêts commerciaux, lorsqu’ils existent, ne doivent pas primer sur les exigences de sûreté et de 124

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le maintien de l’ordre). Le déploiement d’agents en civil peut être une méthode efficace, et prouvée, d’intervention précoce, de prévention des conflits et de désescalade si elle est en accord avec les tactiques policières et les traditions locales. La tâche des agents en civil est d’intervenir immédiatement en cas de menace et de danger probable (s’adresser aux personnes « à risque », leur demander d’adopter un comportement approprié, procéder aux expulsions préventives et éventuellement aux arrestations).

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• Principes d’organisation des lieux de retransmission publique Il est recommandé aux organisateurs de suivre la Recommandation du Conseil de l’Europe sur l’utilisation des lieux de retransmission publique lors des événements sportifs majeurs. On peut aussi organiser ce type de spectacle -c’est même recommandé- pour les événements moins importants, qui attirent également un grand nombre de spectateurs. Dans ce cas, il n’est pas forcément nécessaire de mettre en place toutes les mesures que nous indiquons plus bas. Mais il est toujours recommandé de procéder à une évaluation des risques sur la nature de l’événement, le nombre et le type de spectateurs attendus, l’historique récent des événements du même type et sur les spécificités du lieu envisagé pour la retransmission. Il est important de savoir que la dimension de l’événement n’est pas le seul critère à retenir pour choisir quelle recommandation suivre. Voici une liste des principales mesures recommandées par le Conseil de l’Europe. • Fixer une limite pour le nombre de spectateurs accueillis sur les sites de retransmission publique, en tenant compte de la situation locale et prendre les mesures nécessaires pour que cette limite ne soit pas dépassée (contrôles à l’entrée) ; • Fixer des heures d’ouverture et de fermeture et les communiquer au public ; 126

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Garantir la présence sur place d’agents de sécurité privés qualifiés en nombre suffisant ; Veiller à ce que l’utilisation du site soit soumise à des réglementations claires et à ce que les visiteurs aient conscience des conséquences en cas d’infraction ; Veiller à ce que les fauteurs de troubles (potentiels) soient immédiatement éloignés du site, en particulier lorsque les supporters des différentes équipes sont mélangés ; Séparer les supporters des différentes équipes si la situation actuelle l’exige ou si des affrontements les ont déjà opposés par le passé ; Indiquer et annoncer les objets qui sont interdits, notamment les feux d’artifice, les armes à feu, les couteaux ou d’autres objets dangereux ou inacceptables, ainsi que les objets pouvant servir de projectiles comme les bouteilles en verre, boîtes en métal, ou tout autre contenant similaire ; Confier à des sociétés de sécurité privées le soin de procéder à des contrôles à l’entrée afin d’empêcher l’infiltration ou l’introduction sur le site d’objets interdits ; Eriger des clôtures adaptées à l’extérieur comme à l’intérieur des lieux de retransmission publique, en tenant compte de la nécessité de prévenir les bousculades ; Prévoir les situations d’urgence, et notamment établir la capacité d’évacuation et un plan d’évacuation de la zone (en prenant en considération le nombre et la taille des sorties), prévoir des voies d’accès pour les équipes médicales et le service incendie ; Prévoir une assistance médicale suffisante ; Veiller à l’installation de hauts parleurs pour informer les spectateurs ; Envisager l’utilisation d’un système de vidéosurveillance à l’intérieur et autour du site afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble des lieux et de 127

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mieux gérer la foule ; Prévoir des structures d’accueil pour les spectateurs, notamment des lieux de restauration et des toilettes en nombre suffisant ; Veiller à ce que les sièges et les tables soient fixés au sol ; Préparer une solution de repli en cas de problème technique (panne du système de retransmission TV par exemple).

Recommandation Il est recommandé aux municipalités de suivre les recommandations du Conseil de l’Europe sur l’organisation de lieux de retransmission publique lors des événements sportifs majeurs. Les organisateurs doivent être conscients que de tels lieux de retransmission publique ont de nombreux aspects similaires au « vrai » match dans le stade. Les risques doivent être évalués en fonction de la nature de l’événement et des renseignements de la police.

Références Conseil de l’Europe Recommandation (2009) 1 du Comité Permanent sur l’utilisation des lieux de retransmission publique lors des événements sportifs majeurs http://www.coe.int/t/dg4/sport/resources/texts/ Rec_2009_01_FR_public_viewing.pdf

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X. Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

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Ce chapitre présente un schéma pour un programme de formation adressé aux différents groupes participant à l’organisation d’un grand événement sportif. Il ne s’agit pas d’un manuel de formation proprement dit. Ce chapitre présente les thèmes principaux à traiter et montre la complexité de chacun des sujets, étant donné que chaque acteur joue un rôle distinct dans l’organisation de l’événement. En effet, chaque acteur a une spécialité et doit accomplir des tâches spécifiques. Chacun a aussi des besoins spécifiques de formation et d’acquis de connaissances. Ceci étant dit, les groupes cibles doivent aussi avoir une formation sur un certain nombre de sujets communs liés à l’organisation de grands événements sportifs. Certains sujets intéressent une majorité d’entre eux et d’autres, seulement un petit nombre. Ci-dessous, nous indiquons une liste des sujets de formation que nous recommandons. Nous avons aussi inclus les

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Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

groupes cibles prioritaires, les objectifs de la formation pour chacun des thèmes et une brève présentation de ces thèmes. Des programmes détaillés de formation peuvent être préparés sur demande, en s’adressant directement à l’Efus.

2. La complexité de l’organisation des manifestations sportives, rôle des différents acteurs et leur coopération

Thèmes de formation 1. Recommandations internationales sur la sûreté et la sécurité des événements sportifs Objectifs : Connaître les bonnes pratiques internationales en matière de sûreté et de sécurité des événements sportifs. Connaître les sources d’information adéquates. Avoir une vision globale des problèmes et des risques associés. Groupes cibles : Equipe de coordination de l’événement, management et élus de la municipalité, clubs et associations sportifs, management du stade. Thèmes : Les différentes sources d’information sur la politique en matière de sûreté et de sécurité des événements sportifs, où les trouver et comment les utiliser. Documents du Conseil de l’Europe : Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives et notamment de matchs de football. Plusieurs recommandations du Comité Permanent de la Convention européenne. Documents d’autres organismes du Conseil de l’Europe tels que l’Assemblée parlementaire et le Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe. Documents de l’Union européenne sur le maintien de l’ordre lors des manifestations de football. Réglementation et autres documents de l’UEFA.

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Objectifs : Comprendre la complexité de l’événement sportif afin d’identifier les principaux acteurs, leur rôle et responsabilités. Evaluer les risques liés à l’événement et mobiliser les ressources nécessaires, humaines et matérielles. Comprendre l’intérêt d’utiliser l’événement pour des objectifs à long terme de développement social et de prévention. Groupes cibles : Equipe de coordination de l’événement, management et élus de la municipalité, clubs et associations sportifs, commandants de police, commandants du match. Thèmes : Dimensions organisationnelles, techniques, économiques et sociales des grands événements sportifs, qui vont bien au-delà du match et du stade. L’impact des événements sportifs sur les quartiers proches du stade, les groupes de jeunes et la vie de la communauté. Les différents acteurs et leurs intérêts -clubs et associations sportifs, associations sportives internationales (UEFA et FIFA selon les cas), supporters et leurs clubs, habitants locaux, police et autre services de sécurité, médias, services techniques de la municipalité. Aspects techniques des événements sportifs liés au stade et à la ville. Devoirs statutaires, pouvoirs et domaines de compétences de certains acteurs (organisateurs, police). L’importance d’une coordination appropriée et aspects administratifs de cette coopération. L’importance du leadership.

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Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

3. Les supporters, psychologie et dynamique de groupe

Thèmes : Les différents risques associés aux événements sportifs, risques interconnectés en matière de sûreté et de sécurité, l’information et les renseignements de police nécessaires pour procéder à une évaluation responsable des risques, diminuer et gérer les risques, « cygnes noirs » (événements critiques improbables), décisions difficiles.

Objectifs : Comprendre la nature des événements sportifs et leur attrait pour les spectateurs et les supporters. Comprendre le comportement et les habitudes des supporters pour évaluer les risques qu’ils représentent pour l’ordre public. Groupes cibles : Equipe de coordination de l’événement, commandants de police, commandants du match, clubs et associations sportifs, management du stade, services sociaux et de prévention, équipe technique de la municipalité. Thèmes : Connaissance des supporters, leur psychologie et habitudes, comment ils perçoivent différents signaux. Dynamique de groupe. Organisations de supporters et leurs représentants, sites web et fanzines. Comment communiquer avec les supporters et leurs organisations. Histoire des clubs locaux de supporters. Sources d’information pour obtenir un historique des incidents associés aux supporters dans la municipalité. 4. Evaluation dynamique des risques et gestion des risques Objectif : Capacité à comprendre les risques liés à l’organisation des événements sportifs et nature changeante de ces risques. Groupes cibles : Equipe de coordination de l’événement, commandants de police, commandants du match, management du stade. 132

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5. L’expérience européenne dans le maintien de l’ordre des événements sportifs (l’approche 3D) Objectifs : Comprendre la dynamique de groupe et adopter les décisions nécessaires. Acquérir des connaissances sur les méthodes prouvées et réussies de maintien de l’ordre lors des événements de football. Groupes cibles : Commandants de police et commandants de match, management du stade. Thèmes : Comprendre l’information stratégique, opérationnelle et tactique. Les sources d’information. Les renseignements de police et leur collecte. L’évaluation de l’information et du renseignement. Les unités d’ordre public et d’enquête criminelle. L’utilisation des « spotters » et des délégations de police en visite. Psychologie et dynamique des foules. L’impact des opérations de police sur le comportement des foules. Les relations des supporters avec les habitants locaux -conflits ou union contre la police. Utiliser le centre opérationnel du stade. Documentation des incidents et vidéosurveillance du stade. Expériences de bonnes pratiques de maintien de l’ordre lors des récents grands tournois de football. Principes des tactiques policières telles que « la police profil bas », « l’approche 3D », « visibilité appropriée, intervention précoce et tension faible », « la police amicale », « la police souriante » et l’ap133

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Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

proche tactique « graduée ». Coopération policière internationale. Rôle des Points d’Information Nationaux « Football » (PNIF). Documents de l’UE sur la coopération policière internationale pour le maintien de l’ordre dans le football.

Thèmes : Philosophie et principes du rôle des organisations sportives dans la communauté. Le stade dans la communauté et la communauté dans le stade. Initiatives de « stade ouvert ». Principes et responsabilité sociale des organisations. Méthode de participation aux affaires de la communauté.

6. Prévention des violences de la part des spectateurs Objectifs : Comprendre et utiliser les approches et les méthodes reconnues pour la prévention à court et long terme des violences liées aux sports et de la délinquance. Groupes cibles : Clubs et associations sportifs, services sociaux et de prévention. Thèmes : Philosophie et principes de l’approche préventive des problèmes sociaux. Méthodes de travail préventif. Mesures préventives à court et long terme. « Fan-coaching » – principes, histoire et méthodes. Aspects éthique du travail de prévention, confidentialité et conflits d’intérêt. Relations avec les organes de maintien de l’ordre. 7. Le rôle des manifestations sportives dans la société et la communauté Objectif : Comprendre l’utilité des événements sportifs et du sport en général pour le développement social à long terme et la prévention. Groupes cibles : Management et élus de la municipalité, clubs et associations sportifs, services sociaux et de prévention. 134

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8. Le stewarding – principes, management et formation Objectif : Pouvoir utiliser toutes les ressources du stewarding pour accompagner les spectateurs, maintenir un niveau élevé de sûreté et prévenir les violences. Groupe cible : Management du stade Thèmes : Philosophie du stewarding dans le sport. Tâches principales des stewards, profil, recrutement et formation, méthodes et limites de l’intervention des stewards. Leur rôle dans les situations d’urgence. Management et coordination des stewards. Coordination du travail effectué par les stewards avec les autres organes de sûreté et de sécurité qui interviennent dans le stade. 9. Planification et gestion des urgences Objectifs : Assurer un niveau élevé de sûreté, de sécurité et de bien-être des spectateurs. Groupe cible : Management du stade Thèmes : L’importance de l’architecture du stade et de la main135

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Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

tenance dans la planification des urgences. Centres opérationnels, vidéosurveillance et systèmes automatiques de contrôle des entrées. Coordination avec les forces de sécurité. Service médical durant les matchs. Déploiement des équipes médicales et para-médicales. Présence et déploiement des pompiers pendant le match. Participation des pompiers dans la planification et la gestion des urgences. Evacuation du stade et exercices d’évacuation. Rôle des stewards en cas d’évacuation. Planification, coopération, coordination et debriefing. Maintien de l’ordre dans les situations d’urgence. Générateurs d’électricité pour l’éclairage et les haut-parleurs.

Groupes cibles : Equipe de coordination de l’événement, management et élus de la municipalité, commandants de police, commandants du match, management du stade, services sociaux et de prévention.

10. Accompagnement des spectateurs

Thèmes : L’importance d’une communication adéquate et rapide. Principes de la communication efficace -calendrier, exactitude, usage proactif de l’information. Identifier les différents partenaires et acteurs, préparer des plans de communication. Méthodes et moyens de communication. Stratégie média. Rôle et tâches des attachés de presse. Communication de crise, parler d’une seule voix dans les situations d’urgence. Debriefing et évaluation de la communication.

Objectif : Offrir un accompagnement de qualité aux spectateurs pour éviter les frustrations et renforcer la nature festive de l’événement. Groupe cible : Management du stade Thèmes : Accès au stade et contrôles de sécurité aux portes, accueil et accompagnement des spectateurs à leur fauteuil, stewarding, toilettes, restauration, communication par les haut-parleurs, événements parallèles, « pre-play » et divertissement, sorties du stade, propreté et maintenance du stade. 11. Communication Objectifs : Favoriser la compréhension mutuelle, éviter les malentendus et les conflits, résoudre les situations critiques, faire participer des acteurs divers. 136

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Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

Grands événements sportifs - Schéma de formation Fonction Fonction

Objectifs

Equipe de coordination de l’événement Coordination de tous les organes impliqués dans l’organisation de l’événement pour que celui-ci se déroule sans encombre et soit sûr et festif. •

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Compétences clés

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• • Connaissances clés

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• Thèmes de formation

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Comprendre la complexité de l’événement et son impact social à court et long terme Capacité à identifier les acteurs clés et leur donner une fonction appropriée dans l’organisation de l’événement Capacité à travailler en équipe pour remplir les objectifs de chaque groupe participant (un match réussi pour le club, maintien de l’ordre pour la police, divertissement pour le public) Communication, donner l’information nécessaire en temps voulu, et coopération efficace Recommandations internationales et législation Risques pour la sûreté et la sécurité des événements sportifs Principaux acteurs et leur rôle dans l’organisation des événements sportifs Aspects sociaux et de prévention d’un événement sportif Recommandations internationales sur la sûreté et la sécurité des événements sportifs L’organisation complexe des événements sportifs, rôle des différents acteurs et leur coopération Les supporters, leur psychologie et dynamique de groupe Evaluation dynamique des risques et gestion des risques Communication

Objectifs

Management et élus de la municipalité Coordination et supervision générale de l’événement •

• Compétences clés

• • Connaissances clés

• • •

• Thèmes de formation •

•

Comprendre la complexité de l’événement et son impact social à court et long terme Capacité à travailler en équipe pour remplir les objectifs d e chaque groupe participant (un match réussi pour le club, maintien de l’ordre pour la police, divertissement pour le public) Communication intense avec les principaux acteurs Risques pour la sûreté et la sécurité des événements sportifs Principaux acteurs et leur rôle dans l’organisation de l’événement Aspects sociaux et de prévention d’un événement sportif Recommandations internationales sur la sûreté et la sécurité des événements sportifs L’organisation complexe des événements sportifs, rôle des différents acteurs et leur coopération Responsabilités des organisations sportives envers la société et la communauté Communication

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Fonction Objectifs

Commandants de police, commandants du match Assurer l’ordre pubic et la sécurité de l’événement à un coût raisonnable • •

Compétences clés

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• Connaissances clés

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Thèmes de formation

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Evaluation des risques Analyse de l’information et synthèse Décision sur la stratégie et la tactique de maintien de l’ordre Coordination avec les forces de sécurité et les autres intervenants dans l’organisation Communiquer avec les autres acteurs Risques liés à l’organisation des événements sportifs et différentes phases Comportement des supporters et dynamique de groupe Rôle des divers acteurs dans la sûreté et la sécurité des événements sportifs Sources d’information et de renseignements sur l’événement sportif Méthodes réussies de maintien de l’ordre des événements sportifs L’organisation complexe des événements sportifs, rôle des différents acteurs et leur coopération Communication Les supporters, leur psychologie et dynamique de groupe Evaluation dynamique des risques et gestion des risques Expériences européennes de tactique de maintien de l’ordre lors d’événements sportifs (approche 3D)

Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

Fonction

Clubs et associations sportifs

Objectifs

Donner une dimension festive à l’événement •

Compétences clés

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Connaissances clés

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• • •

• Thèmes de formation

• •

Comprendre la complexité de l’événement et son impact social à court et long terme Comprendre l’importance sociale de l’événement Equilibrer les aspects sportifs, économiques, de sûreté et de sécurité de l’événement Capacité d’évaluer les différentes phases des risques liés à l’organisation des événements sportifs Les principaux acteurs et leur rôle dans l’organisation d’un événement sportif Aspects sociaux et de prévention Planification des urgences et rôle des divers services d’urgence Recommandations internationales sur la sûreté et la sécurité des événements sportifs Les supporters, leur psychologie et dynamique de groupe Prévention des violences de la part des spectateurs Responsabilités des organisations sportives envers la société et la communauté.

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Sûreté et sécurité des grands événements sportifs : schéma pour un programme de formation

Fonction

Management du stade

Fonction

Services sociaux et de prévention

Objectifs

Offrir un événement sans encombre avec un niveau élevé de sûreté et de sécurité dans le stade

Objectifs

Gestion des actions de prévention à long terme. Contribuer à prévenir les incidents pendant l’événement.

Compétences clés

Connaissances clés

• • • • •

Facility management Accompagnement des spectateurs Gestion des risques Gestion des urgences Communication et coordination avec les différents acteurs impliqués dans la sûreté et la sécurité du stade

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Normes techniques de sûreté et de sécurité au stade Rôle des différents acteurs dans la sûreté et la sécurité des événements sportifs Gestion des foules et stewarding Planification des urgences et rôle des divers services d’urgence

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• • •

• Thèmes de formation

• • • • •

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Recommandations internationales sur la sûreté et la sécurité dans les stades Evaluation dynamique des risques et gestion des risques Accompagnement des spectateurs Les supporters, leur psychologie et dynamique de groupe Le stewarding – principes, management et formation Planification et gestion des urgences Communication

• Compétences clés

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Connaissances clés

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• • Thèmes de formation

• • •

Comprendre la culture des supporters Communication efficace avec les supporters Equilibrer les objectifs (entre les aspects de prévention à long terme et la sécurité à court terme) Les principaux acteurs et leur rôle dans l’organisation des événements sportifs. Le comportement des supporters et dynamique de groupe Les responsabilités des organismes sportifs envers la société et la communauté Méthodes de travail préventif avec les supporters Les supporters, leur psychologie et dynamique de groupe Les responsabilités des organisations sportives Prévention des violences de la part des spectateurs Communication

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Fonction Objectifs

Services techniques de la municipalité Assurer le bon fonctionnement des services de la ville •

Compétences clés

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• Connaissances clés

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Thèmes de formation

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Comprendre le rôle des services municipaux pour garantir un événement sûr et festif Estimer la charge additionnelle que suppose l’événement pour les services de la ville Principaux acteurs et leur rôle dans l’organisation des événements sportifs Comportement des supporters et dynamique de groupe L’organisation complexe des événements sportifs, rôle des différents acteurs et leur coopération Connaissances élémentaires des supporters, de leur psychologie et de la dynamique de groupe Planification et gestion des urgences

Références Conseil de l’Europe •

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Recommandation (2003/1) du Comité permanent relative au rôle des mesures socio-éducatives dans la prévention de la violence dans le sport et manuel sur la prévention de la violence dans le sport Recommandation (2011/1) sur la formation des responsables de la sécurité, des contrôleurs et des stadiers Recommandation (2010/2) relative aux principes d’hospitalité à appliquer à l’organisation de manifestations sportives Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives et notamment de matches de football (1985) Recommandation Rec (2009) 1 du Comité permanent sur l’utilisation des lieux de retransmission publique lors des événements sportifs majeurs Recommandation (2008/1) sur la Liste standard de contrôle des mesures à prendre par les organisateurs de manifestations sportives professionnelles et les pouvoirs publics Résolution 172 (2004) du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux sur la prévention de la violence dans le sport, notamment lors de matchs de football : rôle des autorités locales et régionales Recommandation (99/3) relative à l’identification et au traitement des contrevenants et à l’échange de renseignements lors du Championnat européen de Football (EURO 2000)

Union européenne • Résolution du Conseil du 3 juin 2010 concernant un manuel actualisé contenant des recommandations pour la mise en place, à l’échelle internationale, d’une coopération 144

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policière et de mesures visant à prévenir et à maîtriser la violence et les troubles liés aux matchs de football revêtant une dimension internationale qui concernent au moins un État membre Discours de Franco Frattini, Commissaire européen à la Justice, la Liberté et la Sécurité, lors de la conférence de haut niveau «Vers une stratégie européenne contre la violence dans le sport», Bruxelles, 29 novembre 2007 Points nationaux d’Information «Football» : décision du Conseil du 25 avril 2002 concernant la sécurité lors de matchs de football revêtant une dimension internationale

UEFA • UEFA Stadium Infrastructure Regulations, édition 2010 • UEFA Safety and Security Regulations, édition 2006 Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) • Manifeste de Saragosse, Grands événements et prévention de la violence, novembre 2006 • Manifeste de Naples, novembre 2000 • Réseau Secucities Football - Euro 2000: Cities against racism, décembre 2000 • Organising safety and social sanitary prevention during large musical events, décembre 2000 • Un stade dans la ville, la ville dans le stade : de la coupe du monde 98 à l’Euro 2000, février 2000 Avec Eurofan • Quels supporters pour l’an 2000 ?, Conférence internationale de Liège,1995 • Stades et supporters, de la violence à la prévention des dérives passionnelles, Séminaire international de Liège,1997 • Euro 2000: Bilan des dispositifs de prévention, 146

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Secrétariat permanent à la Politique de Prévention, 2001 The Prevention of Violence in Football Stadiums in Europe, Conférence européenne de Liège, 2002 Déclaration finale des séminaires Eurofan de Berlin, Copenhague, Liège, Lisbonne et Madrid, 2004 (http://www.eurofancoaching.eu/ fichiers-2004/declaration_2004.htm)

A lire • Anastassia Tsoukala, Football Hooliganism in Europe. Security and Civil Liberties in the Balance, Palgrave Macmillan, 2009 • Clifford Stott, Otto Adang, Andrew Livingstone, Martina Schreiber, Tackling Football Hooliganism - A Quantitative Study of Public Order, Policing and Crowd Psychology, Psychology, Public Policy, and Law, 2008, Vol. 14, No. 2, 115–141 • Stephen Reicher, Clifford Stott, Patrick Cronin, Otto Adang, An integrated approach to crowd psychology and public order policing, Policing: An International Journal of Police Strategies & Management, Vol. 27 No. 4, 2004,pp. 558-572 • Dominique Bodin, Luc Robène, Stéphane Héas, Sport and Violence in Europe, Council of Europe, 2005 • Lord Harrington, rapport sur le hooliganisme pour le ministère britannique des Sports, 1968, Royaume-Uni • Jean-Charles Basson (dir), Sport et ordre public, 2001, La Documentation française, Paris • Manuel Comeron, The Prevention of Violence in Sport, 2003, Council of Europe Publishing • Manuel Comeron, Violence dans les stades de football: supporters acteurs de la prévention?, 2001, Cahiers de la sécurité Intérieure n°11, pp 144-149 • Steve Frosdick, Peter Marsh, Football Hooliganism, 147

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2005, Cullompton, Willan Publishing Nicolas Hourcade, La place des supporters dans le monde du football, 2002, Revue Pouvoirs n° 101 Patrick Laclemence, Hooligans: un mutant? Effroi et saisine, 2004, Cahiers de la sécurité intérieure, n°2, pp 25-37 Patrick Mignon, La passion du football, 1998, Ed. Odile Jacob William Nuytens, Le supporter de football et la règle: entre la faire et la défaire, 2005, Déviance et Société (Ed. Médecine et Hygiène), volume 29/2, pp155-166 Gunter Pilz, Sabine Behn, Andreas Klose, Victoria Schwenzer, Wandlungen des Zuschauerverhaltens im Profifußball, Bundesinstitut für Sportwissenschaft, 2006, Ed. Hofmann Silvester Stahl, Selbstorganisation von Migranten im deutschen Vereinssport – Eine soziologische Annäherung, 2011, Universitätsverlag Potsdam. Carles Vinas, El mundo ultra: los radicales del fútbol español, 2005, Ed. Temas de Hoy, Madrid

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