Eating Planet

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introduction  |  une alimentation pour le développement durable

notre propre santé et celle de l’environnement, et l’argent dépensé à cet effet comme une participation à un métier, celui d’agriculteur, qui doit être rémunéré, non seulement pour ses produits, mais aussi pour les multiples services qu’il rend à la société et à la Terre. Une somme d’argent qui est davantage qu’un prix, la reconnaissance de certaines valeurs. Lorsqu’on parle de durabilité, la nourriture est un facteur central, déterminant, que l’on ne peut négliger. De ce point de vue, les individus sont certainement aujourd’hui plus actifs et plus responsables que les acteurs politiques qui sont vagues, absents et souvent ignorants. L’agriculture est souvent vue comme un secteur indépendant, un simple producteur de matières premières, qui ne valent que ce qu’elles coûtent, ou dont le prix est fixé grâce aux corrections imposées par le haut (ou pire, par la spéculation financière). Trop souvent, on ignore les valeurs dont cette activité est porteuse, valeurs qui ont toutes trait, et ce n’est pas par hasard, à l’idée de durabilité. Il y a par exemple l’attention portée aux sols et aux terrains. Savoir les garder vivants à travers l’activité agricole, en protégeant une biodiversité que l’on peut immédiatement remarquer en observant les plantes (cultivées ou non) et les animaux (sauvages ou domestiques), mais qui est aussi cachée dans d’innombrables micro-organismes, la vie microscopique qui rend fertiles et productifs les terrains, qui en préserve la richesse pour le futur, qui les fait durer. Malheureusement, les sols et la biodiversité sont irrémédiablement appauvris par les monocultures intensives faites plusieurs années de suite sans rotation, en abusant des fertilisants et des pesticides. On justifie souvent ces pratiques en avançant qu’elles sont indispensables pour produire plus, mais produire pour produire n’est pas soutenable, ni même nécessaire. Pas plus que ne l’est le bétonnage sauvage, qui ne peut être compatible avec la conservation des systèmes naturels et agricoles, toujours plus menacés. Un terrain cimenté ne redeviendra jamais fertile : nous le perdons pour toujours et le soustrayons aux générations futures. Sols et biodiversité sont les conditions nécessaires à l’obtention d’aliments abondants, sains et variés en fonction des climats et des cultures, d’aliments durables en un mot. L’acharnement héroïque que déploient certains pour défendre les petites économies agricoles locales, en particulier celles menacées d’extinction, n’est pas un exercice nostalgique ou l’activité épicurienne de ceux qui apprécient les mets rares de grande qualité. C’est un acte pour la durabilité, valable pour tous les types de productions, pour soutenir la biodiversité et les communautés parfaitement en accord avec leur environnement, avec la variété de goûts et de cultures qui en découle. Sans diversité, pas d’identité, sans échange, pas d’enrichissement réciproque. Un conditionnement standardisé nous affaiblit et nous appauvrit, nous fait douter de notre avenir, de notre “ durabilité ”. Ce n’est qu’un exemple des valeurs que nous devrions payer – en faisant nos

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