éléments de morphologie
LES HORMONES VÉGÉTALES
À première vue, il peut paraître étrange d’aborder le sujet si complexe des hormones végétales pour parler de la taille. Certes, elles n’expliquent pas tout, mais les nombreux exemples illustrés montrent à quel point la compréhension de leurs principaux mécanismes est indissociable de l’analyse des réactions d’une plante aux différentes techniques de coupes. Les hormones végétales [1], ou phytohormones, sont des substances chimiques élaborées par le végétal lui-même. Vecteurs d’une ou plusieurs informations, ce sont des messagers qui sont destinés à provoquer une réaction dans une région donnée de la plante, en réponse à un stimulus interne ou externe. Outre les gibbérellines, l’éthylène, l’acide abcissique et diverses autres substances dont le rôle est de moindre importance dans le cas présent, deux grands groupes d’hormones végétales, l’auxine et les cytokinines, agissent souvent en synergie, parfois en opposition, et jouent un rôle prépondérant dans l’architecture et le fonctionnement général des végétaux. L’analyse de leurs actions permet une meilleure compréhension des principes naturels de ramifications des plantes et de leur architecture. Elle permet avant tout une compréhension des réactions consécutives à une taille, qu’elles soient bénéfiques ou pernicieuses. Complexe, la connaissance des effets des hormones est loin d’être totalement maîtrisée, d’autant plus que, pour une même hormone, les effets peuvent être totalement opposés selon la nature des plantes ou selon leur concentration.
Pour autant, il est possible de définir des actions générales propres à chaque groupe d’hormones. Enfin, la compréhension de leurs actions et interactions majeures est capitale dans l’appréhension de la taille.
EFFETS NATURELS DES HORMONES VÉGÉTALES L’auxine L’auxine (AIA ou ABIA principalement) est sécrétée par les apex et les jeunes feuilles des pousses en croissance. Elle descend dans les tiges par les tubes criblés du phloème, conduite par la sève élaborée, et migre dans les racines où elle s’accumule. - Elle favorise le grossissement cellulaire. - Elle s’oppose au débourrement des bourgeons axillaires. - Elle favorise l’induction florale (programmation de la floraison). - Elle favorise la croissance à l’horizontale des rameaux latéraux (plagiotropisme). - Elle stimule le développement des racines. L’auxine agit donc comme un régulateur de vigueur. Les cytokinines Les effets des cytokinines sont majoritairement opposés à ceux de l’auxine. Sécrétées par les extrémités des jeunes racines en croissance, les cytokinines migrent vers le collet puis vers les tiges, et sont conduites par la sève brute au sein des vaisseaux du xylème. - Elles s’accumulent dans les apex et sont le moteur de la multiplication cellulaire. - Elles provoquent le réveil des bourgeons axillaires latents et favorisent la formation de jeunes pousses.
Abelia triflora. L‘architecture et le port naturel d’un végétal résultent principalement d’un rapport hormonal inscrit dans le patrimoine génétique, que toute intervention irraisonnée vient perturber.
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