Extrait Jardins jungle - Éditions Ulmer

Jardins Jungle

Inspirations & plantes adaptées à nos climats

Michael Le Bret

Sommaire

INSPIRATIONS EXOTIQUES p. 6

Le Clos du Coudray p. 9

C’est quoi, un jardin jungle ? p. 10

Les clés de la réussite, en trois étapes p. 10

Des voyages pour comprendre et s’inspirer p. 16

JARDINS INSPIRANTS p. 25

Karlostachys p. 26

Le jardin Vert’tige p. 38

La Jungle intérieure p. 50

Trebah Garden p. 60

Heligan p. 68

LA PALETTE VÉGÉTALE p. 77

Araliacées p. 78

Arbres jungle p. 92

Aspidistra & Farfugium p. 100

Bananiers p. 102

Bégonias p. 104

Broméliacées p. 106

Bulbes exotiques p. 108

Feuilles multicolores p. 116

Fleurs de jungle p. 122

Fougères p. 128

Fruits exotiques p. 138

Graminées p. 140

Grimpantes & lianes p. 146

Gunnéras p. 152

Impatiences p. 154

Jeunes pouses colorées p. 156

Orchidées p. 160

Palmiers p. 162

Parfums d’ailleurs p. 166

Persistants p. 168

Protéacées p. 172

Ronces p. 174

Urticacées p. 178

Vivaces luxuriantes p. 180

Zingibéracées p. 184

Index p. 189

Pépinières & jardins p. 191

Remerciements p. 192

INSPIRATIONS EXOTIQUES

Qui n’a jamais rêvé de recréer chez soi les paysages de ses voyages, retrouver les végétaux qui l’ont fait rêver lors d’un séjour sous les tropiques ? Vivre dans une oasis végétale et luxuriante, abritée derrière les murs de son jardin, au cœur d’une végétation débridée et exotique ?

L’objectif de ce livre est de vous faire découvrir les plantes de jungle afin de recréer cette atmosphère si particulière et apaisante que seule la végétation sait offrir. Il vous propose des idées à concrétiser chez vous pour retrouver le bonheur de déambuler dans une forêt primaire grouillante de vie, ou d’écouter le bruissement d’un feuillage de bambou caressé par le vent.

Ce n’est pas un livre sur les fleurs, mais plutôt un ouvrage centré sur l’ambiance, qui met en lumière les plantes emblématiques (souvent sauvages) qui, prises individuellement, pourraient sembler sans intérêt, mais qui, une fois assemblées dans une mise en scène d’inspiration naturaliste, trouvent leur raison d’être.

Pour ma part, l’étape la plus cruciale a consisté à puiser mon inspiration dans la nature elle-même. J’ai cherché à recréer les mêmes mélanges, les mêmes proportions et le même foisonnement que ceux que j’ai observé lors de mes voyages botaniques, et à transposer ces enchevêtrements de plantes dans mon jardin en Normandie.

Vous pourriez penser que ce rêve est inaccessible pour ceux qui n’ont pas la chance de résider dans les rares régions de France épargnées par le gel. Détrompez-vous ! Laissezvous guider, et vous découvrirez que ce rêve est à la portée du plus grand nombre.

Cette petite jungle située au sud des Pays-Bas, dans une zone densément urbanisée, montre que les régions littorales n’ont pas l’apanage des jardins luxuriants.

JARDINS INSPIRANTS

Une jungle de rhododendrons judicieusement éclaircis pour valoriser troncs et graphismes.

GLENARN, ÉCOSSE

Karlostachys Ivre de nature

Situé à Eu en Haute-Normandie à 8 km de la mer, le « Jardin jungle Karlostachys » est un lieu atypique où plantes locales et exotiques cohabitent dans le plus grand respect de l’environnement. Cet écrin de verdure et de biodiversité est le fruit du travail acharné de Charles Boulanger, commencé il y a plus de 30 ans sur le terrain familial en bordure de la forêt d’Eu.

Charles a développé un goût immodéré pour les bambous et les plantes exotiques exubérantes lors de stages à la Bambouseraie d’Anduze durant ses études d’horticulture. Bambous géants, bananiers, gingembres de l’Himalaya, séquoias, eucalyptus des montagnes, furent les premières espèces exotiques plantées. Au fil des années, il a développé un savoir-faire unique, se spécialisant dans l’acclimatation de plantes d’altitude venant de tous les continents. Cette quête l’a conduit à voyager dans de nombreuses régions d’Asie à commencer par les montagnes du Nord-Vietnam, du Yunnan en Chine, du Sikkim où il introduit avec succès un grand nombre d’Araliacées (Schefflera, Aralia, Brassaiopsis), mais aussi nombre d’autres espèces comme des Hedychium, Rhododendron, ou de nombreuses ronces (Rubus sp.). Puis c’est vers la Nouvelle-Zélande et l’Australie qu’il a pu parfaire sa connaissance des fougères arborescentes et eucalyptus rustiques. Enfin, plus récemment, sa quête de plantes exotiques rustiques l’a conduit au Brésil, dans la région de Santa-Catarina où il a pu observer grand nombre de Chusquea, Gunnera et des Broméliacées épiphytes dont il teste la résistance au froid dans son jardin jungle en les cultivant sur le tronc de ses conifères.

Le jardin jungle Karlostachys propose une immersion totale dans un univers tropical luxuriant. Malgré le climat océanique à tendance altéré, les températures descendent quelquefois jusqu’à -15 °C en hiver. Charles fait avec et parie sur la sélection naturelle. Ainsi, en installant des végétaux habitués au froid et en plantant de grandes parcelles d’une même espèce sans la moindre protection (et sans désherber), seules les plus résistantes survivent et prospèrent. Pionnier dans la culture des Araliacées et de très nombreuses fougères, il hybride désormais les « survivantes » et commence à obtenir des variantes intéressantes, en particulier parmi les Broméliacées et les passiflores.

Dans la jungle normande, ces Schefflera taiwaniana comptent parmi les premiers exemplaires plantés en Normandie.

DOUBLE PAGE SUIVANTE : Tetrapanax, Trachycarpus, et bambous poussent en mélange sur les pentes du jardin jungle.

CI-DESSUS EN HAUT : Haute de plus de 3 m, cette sélection du Tetrapanax payrifera est issue d’une collecte sur l’Île de Taïwan. Ses pétioles sont beaucoup plus longs que la moyenne. À ce jour il n’a pas encore de nom.

EN BAS : Chusquea valdiviensis est un immense bambou sarmenteux, à souche cespiteuse reconnaissable à ses réitérations portées sur le branchage, lui permettant de coloniser son environnement.

PAGE DE GAUCHE : Le fameux Brassaiopsis mitis est la plante emblématique du jardin jungle. Son feuillage graphique sert de logo dans la communication du jardin.

LA PALETTE VÉGÉTALE

Cordylines, palmiers, fougères arborescentes, rhododendrons géants et de nombreuses vivaces s’imbriquent et profitent de l’humidité des étangs du vallon-jungle de Trebah.

TREBAH GARDEN, ROYAUME-UNI

Araliacées/Brassaiopsis

Arbustes typiques des forêts d’Asie, du Népal jusqu’au Nord-Vietnam, les Brassaiopsis disposent d’un feuillage au graphisme singulier qui n’a pas d’égal au sein du règne végétal. Leur culture en pleine terre toute l’année est à réserver aux régions douces et tempérées de la Bretagne, Normandie ou du littoral atlantique. Tous demandent un sol léger, riche en humus, jamais gorgé d’eau.

PAGE DE DROITE :

Brassaiopsis mitis [1] est une espèce à croissance rapide, pouvant culminer jusqu’à 5 m de hauteur dans les régions où il ne gèle pas. C’est souvent à contre-jour que l’on peut apprécier son feuillage, qui, une fois adulte, change de forme pour s’évaser et former de grandes palmes en éventail.

C’est dans un contexte de forte pression végétale où règne une importante hygrométrie, que pousse le Brassaiopsis dumicola [2]. En hiver, les bambous qui l’entourent absorbent l’eau en excès et tamisent les rayons du soleil tout en protégeant son feuillage persistant des vents froids et secs. Dans ces conditions protégées, il peut supporter de courtes gelées de l’ordre de -10 °C.

Brassaiopsis hispida [3] aux feuilles épaisses et coriaces parsemées de fines épines sur la marge et Brassaiopsis hainla [4] aux feuilles pleines sont toutes deux des espèces semitropicales, gélives, à cultiver en pots.

CI-DESSUS : Dans cette ambiance luxuriante composée d’une infinie nuance de vert, le feuillage du Brassaiopsis fatsioides domine l’ensemble de la palette végétale. Ses larges feuilles profondément palmées s’associent aux bambous et palmiers environnants, donnant à cette scène des allures de forêts tropicales asiatiques ; pourtant elle a bien été réalisée en Bretagne.

VERT’TIGE

[1]

[4]

[2]

[3]

Bulbes exotiques/Taros

Le feuillage des Taros évoque immédiatement l’exotisme des ambiances tropicales. Ce sont des plantes incontournables des jungles humides que l’on plantera dans un sol riche, en pleine terre pour les plus résistantes, ou bien en pot où ils poussent facilement.

Colocasia ‘Pink China’ est à ce jour la sélection la plus rustique ; elle est particulièrement recommandée dans les jungles du Nord de la France. Elle s’étend facilement grâce à des stolons souterrains.

Composée de bambous (Phyllostachys vivax ‘Mc Clure’, Sasaella masamuneana ‘Albostriata’) et de Fatsia japonica, cette scène exotique est focalisée sur les immenses feuilles du Colocasia gigantea qui occupe ici une place centrale.

KIMMEI, PAYS-BAS

Originaires de zones tropicales d’Asie du Sud-Est et de l’Inde, les taros (Colocasia sp. et Xanthosoma sp.) préfèrent les sols riches en matière organique qui ne se dessèchent pas en été. Certaines espèces poussant en altitude dans les forêts chinoises, à l’instar de Colocasia esculenta ou C. gaoligongensis, ont développé une bonne résistance au froid, donnant une multitude de sélections plus rustiques, acceptant pour certaines de courtes périodes de gel. Ils demandent tous de fortes chaleurs au printemps pour déployer leurs feuilles.

DES COULEURS ATTIRANTES

Leurs grandes feuilles en forme de flèche, pouvant mesurer jusqu’à 50 cm de long, offrent une large palette de couleur : vert foncé plus ou moins teinté de noir et nervurées de vert clair pour Colocasia ‘Imperiale Gigante’ [4]. Colocasia ‘Mojito’ [5] est moucheté de noir, C. ‘Maui Gold’ [6] évolue dans des nuances allant de citron vert à or, C. ‘Black Magic’ [7] présente des feuilles presque noires qui attirent immédiatement l’attention.

DES DÉTAILS SUBTILS

Outre la couleur, les feuillages des taros dissimulent parfois de jolies nervures pourpres imprimées au revers pour ‘Blue Hawaï’ [8] et développent de longues tiges rouge violacé qui contrastent avec le feuillage vert pour ‘Red Eyed Gecko’ [9]. Parfois, quelques discrètes fleurs apparaissent en fin d’été, comme ici sur le Colocasia gigantea [10], remarquable par sa taille 2 à 3 fois supérieure à celle de C. esculenta

[3]

[9] [10]

Fleurs de jungle/Calycanthus, Illicium, Styrax

Sous la canopée du jardin jungle poussent plusieurs niveaux de strate arborée, allant de l’arbrisseau au grand arbuste, offrant une grande palette de couleur. Tous sont rustiques sous nos latitudes.

Calycanthus ‘Aphrodite’ : ce grand buisson formé de fleurs d’anémones est une nouveauté horticole très récente, aux grandes fleurs épanouies tout l’été, qui s’intègre avec brio dans un bosquet en lisière de jungle.

Le feuillage persistant de Illicium henryi habille le jardin toute l’année et dévoile une multitude de petites fleurs étoilées, rose brillant assez tardivement, en août.

Les rameaux du Leycesteria crocothysos sont chargés de grappes de fleurs jaunes au printemps, offrant un joli graphisme au jardin, très différentes de celles du Leycesteria formosa, plus connu.

2 MÈTRES ET MOINS

Rustique et très facile à cultiver, le Leycesteria formosa [4] se comporte comme une grande vivace et émet chaque année de longs rameaux herbacés d’1,50 m, munis de belles grappes pourpres au cœur de l’été.

Encore rare en culture, le Deutzia ‘Dark Eyes’ [5] déploie de grandes fleurs blanc rosé à centre pourpre et demande un endroit abrité pour prospérer. Connu de tous, le Choisya ‘White Dazzler’ [6] est un petit arbuste compact, au feuillage léger et aromatique qui se fond bien dans les massifs de la jungle.

Illicium majus [7] est un proche cousin de l’anis étoilé. Ses fleurs, plus grandes, sont munies de gracieux pétales effilés qui s’épanouissent dans les coins sombres et abrités de la jungle.

5 MÈTRES ET PLUS

Remarquable pour sa floraison abondante et décorative, le Styrax japonica [8] produit des fleurs en clochettes blanches, pendantes en grappes, dégageant un parfum enivrant à la fin du printemps.

Pterostyrax leveillei [9] se distingue par sa floraison spectaculaire, en une multitude de panicules de fleurs blanches subtilement parfumées, suspendues sous les branches.

Rhodoleia henryi [10] est l’une des constituantes de la canopée des forêts du Sud de la Chine jusqu’au Nord-Vietnam. Chez nous, ses dimensions restent modestes, dépassant rarement 6 m de haut. C’est une espèce rare en culture, qui montre un grand intérêt pour sa rusticité et sa relative résistance à la sécheresse estivale.

Vivre au cœur d’une végétation

Laissez-vous guider.

Michael Le Bret est un expert des plantes exotiques et luxuriantes, en milieu naturel dans les jungles chinoises ou vietnamiennes qu’il aime explorer, ou transposées sous nos climats dans son jardin de Normandie, le Clos du Coudray.

Pour recréer dans un jardin, sur une terrasse ou dans une cour, l’ambiance si particulière et apaisante des jungles tropicales et subtropicales, Michael Le Bret nous fait découvrir d’extraordinaires jardins comme source d’inspiration et plus de 200 plantes, pour certaines toutes nouvelles en culture, adaptées à la plupart des régions de France, et pas seulement celles épargnées par le gel.

débridée et exotique est à la portée de tous.