GUIDE DE VOS FINANCES
PERSONNELLES
Impôts, prévoyance,
mise à jour


Grand succès !
Éditions Favre SA
29, rue de Bourg
CH-1003 Lausanne
Tél. : (+41) 021 312 17 17 www.editionsfavre.com
Groupe Libella, Paris
Dépôt légal en Suisse en février 2025.
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constitue une contrefaçon et une atteinte à la propriété intellectuelle.
Illustrations : Antonio Vizcaino
Graphisme et mise en page : recto verso
Photos de 4e de couverture : Alicia Gendron
Site internet : Kevin Kopp
ISBN : 978-2-8289-2256-6
© 2025, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse.
Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2025.
ALBERT GALLEGOS
FABIEN FONTECAVE
GUIDE DE VOS
FINANCES PERSONNELLES
CHAPITRE 1
L’entrée dans la vie active : mes premiers revenus 15
Cas pratique : entrer dans la vie active 17
Cas pratique : investir les allocations familiales 27
CHAPITRE 2
La vie à deux 37
Cas pratique : conséquences financières du concubinage en cas de décès 41
Cas pratique : se marier ou pas ?
CHAPITRE 3
La constitution du patrimoine : concilier le court, le moyen et le long terme 55
Cas pratique : équilibrer son budget 60
Cas pratique : investir son 3e pilier A à long terme 67
Cas pratique : optimiser ses placements 70
Cas pratique : acheter un bien immobilier 83
Cas pratique : acheter un bien immobilier pour le louer 88
Cas pratique : devenir indépendant 99
Cas pratique : racheter sa LPP 109
CHAPITRE 4
Les changements subis et désirés 113
Cas pratique : diminuer son temps de travail 117
Cas pratique : importance des prestations liées à la caisse de pension 125
Cas pratique : perdre son emploi 130
Cas pratique : se retrouver au chômage avant la retraite 134
Cas pratique : divorcer, conséquences sur la LPP 142
Cas pratique : changer son domicile fiscal 150
Cas pratique : laisser un capital à son / sa partenaire 153
CHAPITRE 5
Organiser la transition professionnelle 155
Cas pratique : arriver à l’âge de la retraite 169
Cas pratique : planifier sa retraite 173
CHAPITRE 6
La transmission du patrimoine 177
Cas pratique : financer les coûts futurs en EMS 180
Cas pratique : la succession dans une famille recomposée 190
Cas pratique : le pacte successoral et la création d’une fondation

À nos chers enfants1 :
Laura, Erik, Nadine, Rafael, Evan et Margot
1 « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont fils et filles du désir de Vie en lui-même. Ils viennent par vous mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à vous qu’ils appartiennent. Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. » Le prophète, Khalil Gibran, 1923.
Introduction
« Celui qui échoue à planifier planifie son échec. » Benjamin Franklin
La réussite, qu’elle soit personnelle, professionnelle ou financière, n’est pas le résultat de la chance ou de la coïncidence comme certaines personnes pourraient le croire. Celui ou celle qui réussit l’a consciemment ou inconsciemment planifié. En tant que planificateurs financiers, nous avons dédié plus de vingtcinq ans de carrière à analyser quelle est la différence entre les personnes qui font de leur rêve une réalité, qui ont appris à utiliser leur potentiel et sont arrivées à la liberté financière tant convoitée et l’immense majorité des gens qui n’avancent pas vers le chemin de l’accomplissement malgré beaucoup de travail. Que savent-ils que les autres ne connaissent pas ? Sont-ils plus « intelligents » ou travaillentils plus durement ?
Une des conclusions à laquelle nous sommes arrivés est qu’il est impossible de prédire la réussite financière d’une personne en se basant sur des paramètres tels que l’âge, le sexe, la condition sociale ou le niveau d’éducation formelle.
Le dénominateur commun de toutes les histoires que nos clients nous ont partagées est que la liberté financière est le résultat d’un plan d’action qui leur a permis de transformer un projet en réalité. En fait, il est rare que la réussite soit le résultat d’une seule stratégie ! Réussir signifie mettre en pratique des stratégies multiples, des habitudes et des comportements qui, mis ensemble, font qu’un objectif se concrétise.
Les différentes idées que nous vous proposons dans cet ouvrage proviennent de sources variées, mais en particulier de nos propres expériences en tant que spécialistes des finances personnelles et de nos recherches dans plusieurs domaines, notamment dans la finance comportementale. Tout au long de l’ouvrage, vous retrouverez les principes développés entre autres par le Prix Nobel d’économie Richard Thaler. Par exemple, vous comprendrez que l’une des erreurs financières les plus courantes et les plus coûteuses est la comptabilité mentale, c’est-à-dire la tendance à accorder moins de valeur à certains francs, qui sont catégorisés et traités différemment selon leur provenance et qu’on a tendance à plus gaspiller. Est-ce que l’argent gagné au loto a moins de valeur que celui qui est le fruit de notre travail ? Il est essentiel de bien connaître ces principes si l’on veut utiliser plus efficacement l’argent à disposition.
À long terme, si vous appliquez ces principes, la gestion de votre patrimoine sera optimisée d’un point de vue financier, fiscal et/ou juridique. L’objectif final étant de vous aider à faire fructifier votre patrimoine tout en le protégeant des aléas de la vie personnelle ou professionnelle pour, in fine, le transmettre dans les meilleures conditions possibles. La structure de ce livre suit le cycle de la vie. Tout au long des chapitres, nous allons rencontrer les différentes étapes qui jalonnent l’existence d’une personne avec l’évolution des besoins, des objectifs et des solutions en fonction de la phase dans laquelle elle se trouve. En effet, la nature même de la vie est d’être imprévisible et nous ne pouvons pas contrôler tous les événements !
En revanche, les hauts et les bas financiers vécus par la plupart des personnes sont relativement prévisibles. Bien comprendre l’importance du cycle financier vous permettra d’éviter certaines erreurs et surtout de prendre les bonnes décisions au bon moment. En effet, nous planifions plus volontiers nos prochaines vacances ou le changement de notre voiture plutôt que de bien déterminer nos entrées financières le jour où nous prendrons notre retraite. Il s’agit d’une erreur sérieuse car nous allons tous prendre la retraite, mais peu de personnes ont une idée précise sur le montant à placer, au bon taux de rendement afin de couvrir convenablement ses besoins et ainsi profiter d’une deuxième vie active agréable.
Afin d’illustrer cet ouvrage, nous nous sommes basés sur les théories du cycle de vie développées dans les années 1960, mais toujours d’actualité, par Albert Ando et Franco Modigliani, deux économistes qui ont tenté de modéliser de façon simple les cycles d’épargne et de désinvestissement d’une personne au cours de son existence. Et c’est l’âge, en principe, qui détermine à la fois les revenus de l’individu et son patrimoine. Ainsi, les différents chapitres de ce livre – même s’ils suivent un fil rouge qui démarre avec l’entrée dans la vie active et se termine avec la transmission du patrimoine – peuvent se lire de manière indépendante et il n’est donc pas nécessaire de le dévorer de la première à la dernière page mais en fonction de votre situation et du thème qui vous intéresse. En fin de livre, la table des matières vous aidera à trouver le bon sujet et un glossaire vous permettra de mieux comprendre certains termes ou notions barbares de la finance personnelle. Au cours de cet ouvrage, nous allons illustrer nos propos grâce à la famille Patrimonius, une grande famille qui va évoluer. Vous allez découvrir les différentes étapes qui rythmeront leur vie. Elle commencera par l’entrée dans la vie active en passant par la vie à deux, la constitution d’un patrimoine, l’achat immobilier, le divorce (malheureusement trop souvent), la famille recomposée, la planification de la retraite, l’optimisation fiscale jusqu’à la transmission du patrimoine et la succession.
La famille Patrimonius est composée des parents, Yves et Sandra, et de leurs trois enfants, Loraine, Enrico et Nadia. Ils ont bien sûr des oncles, tantes, cousins, cousines, des amis qui vivront des expériences de vie qui influenceront leurs finances. Vous repérerez facilement ces « cas pratiques » grâce à des illustrations des membres de cette grande famille.
Ce livre vous permettra de démystifier les finances personnelles car son objectif est de vous fournir des éléments clairs et pédagogiques pour vous aider à mieux gérer votre argent, mieux discuter avec votre banquier ou assureur et mieux comprendre comment choisir les produits financiers et les stratégies nécessaires à l’optimisation de votre patrimoine.
Nous souhaitons vous aider à faire votre propre check-up financier, analyse indispensable avant toute décision importante et surtout avant d’investir. Il faut s’interroger sur ses objectifs et projets financiers, faire le point sur ses sources de revenus, son patrimoine global, déterminer son horizon de placement et analyser la manière d’appréhender le risque d’investissement.
Tout comme il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme en ingénierie automobile pour conduire une voiture, nul besoin de tout connaître sur la finance pour devenir « financièrement indépendant ». Mais il faut comprendre, savoir trier et bien lire les informations financières nécessaires afin de trouver la solution optimale. Nous espérons que cet ouvrage vous apportera les bases pour cela !
Albert Gallegos et Fabien Fontecave
Notes des auteurs : afin de ne pas surcharger ce livre en graphiques, tableaux et autres documents, nous avons créé pour vous une page internet de référence www.guidefinancier.ch. Vous pouvez y accéder avec ce QR code. Vous pourrez y télécharger des budgets types au format Excel, consulter des articles, définir votre profil d’investisseur, simuler le taux marginal d’imposition, etc.

Par mesure de simplification, nous avons opté pour le masculin neutre mais il va de soi que la finance n’est pas l’apanage des hommes, bien au contraire, comme vous pourrez le lire à la p. 31…
Chapitre 1
L’ENTRÉE DANS LA VIE ACTIVE : MES PREMIERS REVENUS
« Dans la vie on ne fait pas ce que l’on veut mais on est responsable de ce que l’on est. »
Jean-Paul Sartre
L’entrée dans la vie active commence après avoir fini sa première formation et lorsqu’on commence à gagner son premier salaire. Cela devrait déjà être le moment de réfléchir à sa sécurité financière car il y a un grand principe en finance : le temps joue en faveur de l’investisseur ! (voir annexe 3 p. 206) et si plus tard vous souhaitez arriver à la liberté du choix financier, il faut dès le départ prendre les bonnes habitudes financières, celles qui ont un effet multiplicateur sur le long terme. Un exemple : investir 200 fr. par mois sans les retirer, dans un placement à 100% en actions sur le marché suisse entre 25 et 65 ans avec un rendement espéré de 4%, ce qui est très probable, rapporterait 237 180 fr. !
n Les 5 bonnes habitudes financières n
1. Contrôler ses finances en établissant un budget afin de définir sa capacité d’épargne. En cas d’augmentation des entrées, peu importe la raison, ne pas augmenter son budget ou tout au moins de manière équilibrée. Cela signifie qu’il faut se tenir le plus possible au budget initial.
2. Investir ou épargner l’excédent et nous en avons tous un si nous appliquons le principe de « se payer en premier » (voir page suivante).
3. Automatiser l’épargne pour ne pas avoir à y penser.
4. Éviter les achats impulsifs car l’effet multiplicateur de l’argent bien investi sur le long terme est puissant.
5. Établir des objectifs financiers à court, moyen et long terme pour des projets que vous avez identifiés de la manière la plus claire possible.
L’entrée dans la vie active :
« Se payer en premier »
Le principe de « se payer en premier » : la base de l’indépendance financière est d’avoir un minimum d’épargne pour affronter les aléas de la vie ; cela passe par une gestion méthodique, réaliste et constante de vos finances. Et une notion importante à connaître, à presque n’importe quel âge mais surtout lors de l’entrée dans la vie active, c’est le principe de « se payer en premier ». C’est une méthode incontournable de la finance personnelle qui, malheureusement, n’est pas toujours appliquée.
Comment cela fonctionne-t-il ? Au lieu de payer d’abord tous vos créanciers (logement, assurances, impôts, leasing, etc.), vous allez premièrement déterminer votre capacité d’épargne afin de savoir quel pourcentage de votre salaire net vous pouvez dégager pour vous payer vous d’abord. Ensuite, vous allez systématiquement faire un transfert de votre compte salaire vers un compte que vous pouvez appeler « indépendance financière ». Sauf dans des cas extrêmes, tout le monde peut épargner ! Il n’y a pas d’excuse ! C’est une question de priorités. Pour que la méthode fonctionne, il faut établir un plan d’action. Le premier pas est de faire un budget. Vous trouverez sur le site que nous avons créé spécialement pour le livre un tableau Excel à télécharger et vous pouvez consulter l'annexe 1. p. 203 qui vous en donnera un exemple. Faire un budget sert à plusieurs choses :
– voir comment vous utilisez votre argent (vous pourriez être surpris de l’usage que vous en faites !)
– mieux allouer vos ressources financières
– déterminer le montant que vous pouvez mettre de côté, une fois que vous avez payé vos charges fixes et incompressibles
Par définition, les charges dites variables peuvent être modulées en fonction de vos priorités.
Le deuxième pas est de contacter votre conseiller financier1, ou si vous n’en avez pas, de contacter votre banque et d’en demander un. Ceci afin de déterminer non seulement le meilleur placement en fonction de votre appétence au risque et de votre horizon temporel mais également pour créer un virement automatique (ordre permanent) qui vous permettra de ne plus y penser. Sans cet ordre permanent, la méthode fonctionnera difficilement !
1 Quelle est la différence entre un conseiller financier et un planificateur financier ? Un conseiller financier peut fournir des conseils limités ou spécifiques, tandis qu’un planificateur financier adoptera une approche globale afin de vous prodiguer un conseil holistique qui tient compte de la prévoyance, de l’immobilier, des placements, des droits matrimonial et successoral, et de la fiscalité. Pour des raisons de simplicité, dans cet ouvrage nous utiliserons indistinctement les deux termes.
L’entrée dans la vie active : mes premiers revenus
Le troisième pas est de demander à votre banquier un accès internet à ce compte afin de visualiser l’état de votre investissement. Mais il faut être conscient que les effets seront visibles sur le moyen terme, pas à court terme, et surtout, une fois que la stratégie de placement est bien définie, il faut s’y tenir ! Le « boursicotage » est à bannir absolument. Quatrième pas, en fonction de l’évolution de votre situation financière, vous devriez adapter votre plan.
Alors, quand faut-il commencer ? Tout de suite ! Sinon vous n’allez jamais le faire et cela a un nom : la procrastination ! Quel montant faut-il utiliser pour se payer en premier ? Selon la théorie financière, il faudrait utiliser 10% de votre salaire net, mais cela doit être précisé à l’aide du budget. D’après notre expérience, établir un budget prend du temps et ce n’est pas toujours fait en bonne et due forme, alors, pour commencer, fixez-vous au moins 10% de votre salaire net. Sachez que, selon différentes statistiques suisses sur l’habitude de l’épargne, le taux d’épargne varie entre 8 et 11% du revenu net.
Cas pratique : entrer dans la vie active
À 24 ans, Loraine, l’aînée de la famille Patrimonius, entre dans la vie active après ses études. Elle a un salaire net de 6200 fr. Selon l’encadré précédent, en principe, elle pourrait « se payer » 620 fr., ce qui correspond à 10% de son salaire. Comme elle n’a pas encore une idée précise de l’objectif de son épargne, simulons plusieurs horizons temps : 10, 20, 30 ou 40 ans. Le placement choisi est un portefeuille avec 80% d’actions (nous y reviendrons plus en détail dans le chapitre 3) et un rendement moyen projeté sur le long terme de 4%. Même si le rendement passé n’est pas une garantie du rendement futur, sachez que, selon plusieurs sources concordantes, une personne qui aurait investi dans les actions suisses sur une période de 30 ans, entre 1926 et 2022, dans le pire de cas le rendement aurait été de 5.04% (entre 1928 et 1957) et dans le meilleur de 10.58% (entre 1977 et 2006). En effet, laisser ce montant sur un compte « épargne classique » qui rémunère le capital en moyenne historique à 1% n’a pas de sens (voir tableau annexe 4 p. 208). Revenons à notre exemple et retenons un rendement de 4% :
Capital de Loraine après 10 ans : 91 599 fr.
Capital de Loraine après 20 ans : 228 158 fr.
Capital de Loraine après 30 ans : 431 745 fr.
Capital de Loraine à sa retraite, dans 40 ans : 735 258 fr. !
En conclusion, cette méthode n’est pas un simple conseil, c’est la base de la gestion de votre épargne qui vous amènera à votre indépendance financière.
L’entrée dans la vie active : mes premiers revenus
I. BUDGET
Soyons clairs, objectivement, réaliser un budget n’est pas le sport favori des gens ! Néanmoins, l’établir est le premier pas vers l’autonomie financière car il vous aide à avoir une vision globale de vos ressources et à correctement maîtriser vos entrées et dépenses et surtout à anticiper, afin de réagir aux différentes évolutions de votre vie.
Le budget doit être imaginé comme une carte routière qui détaille les dépenses habituelles et qui permet de se projeter dans le modèle du « cycle de vie financier 2 ».
Quelques constats :
– Le besoin constant de consommation durera toute la vie : alimentation, logement, vêtements, etc. Ceci reste vrai aussi bien à 22 ans qu’à 85 ans.
– La capacité de gagner le revenu suit, en principe, l’âge. D’abord il est « faible » pour augmenter jusqu’à 50 ans environ et ensuite se stabiliser jusqu’à la retraite. Au-delà, les sources de revenus seront : l’AVS, la caisse de pension, l’épargne accumulée, les investissements réalisés et des éventuels héritages. Notre plus grand « risque » est d’atteindre l’âge de 65 ans (environ 90%) et malheureusement la plupart des gens n’ont pas d’idée sur le coût lié aux années de retraite ni sur le montant à économiser en prévision de celle-ci. D’où l’intérêt de commencer à investir le plus tôt possible. Quant au montant disponible, il dépendra de votre budget !
– Les gens prennent régulièrement des décisions financières qui ne sont pas rationnelles ou cohérentes. Et ce phénomène est étudié par la finance comportementale (voir encadré page suivante). Il est pourtant indispensable d’utiliser efficacement les ressources financières.
Exemple : la valeur que nous donnons à l’argent est différente entre l’argent gagné par le travail et l’argent reçu en « cadeau ». Autrement dit, nous dépensons beaucoup plus facilement les 100 fr. reçus pour notre anniversaire que le même montant gagné après 5 heures de travail (20 fr. de l’heure). Or, en termes absolus, ces montants ont le même pouvoir d’achat. Donc, l’effet néfaste de cela est que nous risquons de dépenser trop rapidement, d’épargner trop lentement ou d’être trop prudents dans les placements à long terme. Et ces comportements « coûtent cher » !
2 A. Ando et Franco Modigliani, “The ‘life-cycle’ hypothesis of saving : aggregate implications and tests”, American Economic Review, vol. 53, no 1, 1963, pp. 55-84.
L’entrée dans la vie active : mes premiers revenus
La finance comportementale3
Il s’agit d’une discipline qui combine la psychologie et l’économie et qui explique pourquoi et comment les gens prennent des décisions irrationnelles ou illogiques lorsqu’ils dépensent, investissent, épargnent ou empruntent. Elle sert à mieux comprendre comment utiliser ses ressources financières afin d’optimiser sa situation patrimoniale. Et un élément important de cette discipline est la notion de « comptabilisation mentale ». Elle fait référence à l’inclination à traiter et catégoriser l’argent en fonction de sa provenance, de la manière qu’il est investi ou comment il est dépensé. Par exemple, si vous avez deux comptes avec le même montant, l’un intitulé « vacances » et l’autre « retraite », le premier sera dépensé plus légèrement que le deuxième. Apprendre à développer cette capacité à classer l’argent dans différents comptes mentaux a souvent des effets bénéfiques qui permettront d’épargner pour atteindre des objectifs financiers. Et plus ces derniers sont précis, plus la probabilité de les réaliser est grande. Un autre élément intéressant de la « comptabilisation mentale » est qu’elle a permis d’élucider un mystère de la finance personnelle : pourquoi les gens qui se considèrent comme peu dépensiers n’arrivent-ils pas à épargner ? Nous sommes tous conscients de l’argent lorsqu’il s’agit d’un montant important à dépenser. En revanche, pour les petits achats, nous n’avons pas conscience de leur importance. Voici un exemple, certes un peu extrême mais parlant : un café pris tous les jours dans une cafétéria et qui coûte 4.50 fr. correspond à un montant de 1143 fr. par année (254 jours ouvrés). Or, ce montant placé chaque année dans un portefeuille avec 100% d’actions sur 40 ans avec un rendement moyen de 4.5% rapporterait 122 336 fr. Cet exemple ne veut pas dire qu’il faut arrêter d’aller boire un café… Tout est une question d’équilibre.
Un autre exemple d’un compte mental « dangereux » : les cartes de crédit. Plusieurs études démontrent qu’une mauvaise utilisation d’un moyen de paiement qui, à la base, a plusieurs avantages, peut être catastrophique pour le budget. En effet, vos dépenses ne sont pas débitées tout de suite sur votre compte mais une fois par mois ; difficile dans certains cas de maîtriser son budget. Gare aux surprises lors du décompte !
3 Misbehaving – Les découvertes de l’économie comportementale, Richard Thaler Éditions Seuil, 2020.
Pour finir, un autre exemple lié à la retraite : régulièrement, nous constatons que les fonds qui y sont liés, considérés comme « sacrés », sont investis trop prudemment alors que par définition la retraite, surtout si vous êtes jeune, est une échéance lointaine qui sera atteinte dans 40 ans. Par conséquent, il y a suffisamment de temps pour prendre plus de risques d’investissement. Il ne faut pas oublier que le temps est un excellent allié de l’investisseur !
Alors, quel est le budget « type » idéal ? Cela dépend des caractéristiques du ménage (marié, célibataire), de sa composition (nombre d’enfant(s)), de la situation financière (niveau de revenu et fortune). Selon plusieurs études et l’Office fédéral de la statistique4, la répartition d’un revenu dans les différents postes devrait être comme suit (ménage suisse moyen, composé de 2.17 personnes, dont le revenu total disponible est de 6957 fr. par mois) :
Logement et énergie
Impôts
Transports
Alimentation et boissons non alcoolisées
Assurance-maladie obligatoire
Autres assurances et assurance maladie complémentaire
Idéalement, il faudrait faire chaque année un check-up afin de contrôler la pertinence du budget par rapport à la situation en fin d’année et ainsi apporter les ajustements nécessaires. Il s’agit de :
– évaluer le plan de dépenses en fonction de la répartition en pourcent des rubriques
– contrôler s’il y a eu des changements tarifaires (forfait téléphonique, accès internet, assurances, etc.)
– vérifier si les placements décidés en début d’année ont été bien réalisés (investissement d’un 3e pilier A, rachat de la caisse de pension, etc.)
4 Source : https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/situation-economique-sociale-population/revenus-consommation-et-fortune/budget-des-menages.html
L’entrée dans la vie active : mes premiers revenus
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