EXTRAIT Le phénomène Denis Vipret

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Magali Jenny Le phénomène

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Dépôt légal : juin 2025

Imprimé en France par Sepec numérique.

Tous droits réservés pour tous pays.

Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite.

Mise en page : SIR

ISBN : 978-2-8289-2280-1

© 2025, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse

Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2020-2025.

Le phénomène Denis Vipret

Remerciements

Denis Vipret

Merci à ma mère et à mon père, disparu trop tôt, de m’avoir toujours soutenu.

Merci à ma sœur Fabienne et mon frère

Pierre-André qui ne m’ont jamais jalousé ni mon don ni ma vie.

Merci à Dominique Baechler, sans qui rien de tout cela n’aurait existé.

Magali Jenny

Merci à mes familles de sang et de cœur pour leur soutien indéfectible.

Merci à Pierre-Marcel Favre pour l’optimisme et la ténacité.

Merci à Bernard Cosendai, Jean-Daniel Pellet et Elisa Bergaz pour les lectures attentives.

Merci, en particulier, à Denis Vipret et Dominique Baechler pour la confiance, la disponibilité et les longues discussions.

Préambule

Il aura fallu plus de quinze ans pour convaincre le plus réputé des guérisseurs romands, voire suisses, de se laisser interviewer en vue d’écrire un livre sur lui.

Non pas que Vipret, le magnétiseur, se prenne pour une star et refuse, par coquetterie, de se livrer, mais bien plus parce que Denis, l’homme, est d’un naturel modeste.

Si le « guérisseur », terme qu’il juge inadéquat, a été à plusieurs reprises en lien avec le monde du show-business, l’homme, quant à lui, est fier de ses racines paysannes qui lui confèrent un bon sens et une forme de sagesse populaire qu’il applique à toutes les situations.

Aux lectrices et aux lecteurs qui pourraient parfois se sentir frustrés par manque d’explication, il faut ici préciser que si Denis Vipret ressent les « choses », il ne parvient pas toujours à les expliquer de manière concrète. Être dans l’action, faire ce que l’on sait et ce que l’on doit plutôt que de chercher à comprendre l’inexplicable, voilà comment il voit les choses. L’efficacité prime sur la théorie. Et c’est, bien entendu, au bénéfice des gens qui font appel à lui.

Le phénomène Denis Vipret

Les interviews ont débuté un soir de septembre 2024 à l’Auberge communale de Léchelles, dans la Broye fribourgeoise, où se retrouvent, tous les lundis soir, celles et ceux qui ont besoin de la « force » de Denis Vipret. Je l’y rejoins en compagnie de Dominique Baechler, son prof d’école secondaire qui l’a soutenu dans ses premiers pas.

Avant de commencer, Vipret déclare : « Je ne sais même pas si je mérite toute cette attention… Y a-t-il vraiment des choses intéressantes à raconter à mon sujet ? Déjà, trouver un titre, ce n’est pas facile. Comment résumer en une seule phrase tout ce que je pratique ? C’est tellement varié. Même moi, je ne saurais pas quoi suggérer et pourtant, c’est ma vie. »

Dominique prend immédiatement sa place en tentant de le rassurer : « Il ne faut pas se lancer dans l’aventure de ce livre en pensant que c’est un cadeau pour toi. C’est un cadeau que tu fais aux autres. Ce sont les gens qui ont besoin de te connaître sous un angle différent. Donc tu ne peux pas dire que tu ne le mérites pas. »

Denis baisse un peu la garde : « Oui, on peut voir les choses comme ça. Je n’y avais pas pensé. Mais tu me connais… Je démarre au quart de tour. J’ai l’impression que j’ennuie tout le monde avec mes histoires. »

Le prof à la retraite précise sa pensée : « Cette part du magnétiseur, de Vipret, elle est tellement énorme. Il faut laisser émerger ce qu’on ne voit pas derrière. Il faut laisser la place à Denis, l’homme. »

Voilà un exemple parfait des échanges qui seront le socle de cet ouvrage.

Je tiens à préciser d’emblée que cet ouvrage n’est pas un manuel de soins dans lequel Denis Vipret livrerait ses secrets de guérisseur, mais le témoignage rare du célèbre « magnétiseur-paysan » comme il aime à se définir.

Il s’est avéré rapidement que ce livre sur Vipret serait en fait un livre avec Denis. Qu’il ne serait pas le fruit d’un dialogue, mais le résultat d’une discussion à trois. Dominique Baechler, homme de référence et de confiance, s’est tout d’abord proposé comme « garde-fou », mais il est très vite devenu un membre actif de ces échanges. Son apport, sous forme de questions, réflexions et reformulations, a influencé la discussion à tel point que j’ai décidé de l’inclure ici comme acteur à part entière. Ces conversations à trois et à bâtons rompus se sont révélées non seulement efficaces, mais aussi incroyablement plaisantes et passionnantes.

Denis ne s’était pas trompé en invitant son ancien prof à participer au récit : « Si tu n’étais pas là, Dominique, je ne me sentirais pas légitime. Tu as quand même été à la base de tout ça. Je pense tous les jours à toi et je suis fier de mon parcours. Il faut dire que, quand j’ai commencé à ressentir cette ‘‘force’’, je n’avais jamais entendu parler de ces choses-là. C’est toi qui m’as dit que j’avais ‘‘quelque chose’’. Quand j’ai commencé, il y avait peut-être trois, quatre ou cinq guérisseurs, au maximum. À l’heure actuelle, en une semaine tu es guérisseur, magnétiseur, gourou. Ce qu’il faudrait noter, c’est que tout ça ne s’est pas fait en une semaine. »

Le phénomène Denis Vipret

Les entretiens, tous enregistrés, ont eu lieu à l’Auberge communale de Léchelles ou à la ferme des Vipret, dans la salle où il soigne des dizaines de personnes chaque jour. Des « patients », comme il les appelle, étaient parfois présents.

Avant de commencer les entretiens, j’ai expliqué à Denis Vipret qu’il devait se sentir libre de répondre ou non aux questions posées. Sa réponse parle d’elle-même : « Il n’y a pas de questions auxquelles je ne voudrais pas répondre. Je n’ai rien à cacher. »

L’ouvrage est structuré en quatre grands chapitres correspondant peu ou prou à des périodes de vie – enfance et adolescence ; âge adulte ; maturité ; avenir. Chacun de ces moments est ensuite subdivisé en différentes thématiques.

Si, à travers mes recherches, je connaissais déjà un peu le guérisseur, j’ignorais presque tout de l’homme. Cette découverte m’a beaucoup apporté. Il ne tient qu’à moi de faire découvrir celui que Dominique a surnommé « le homard sans carapace ».

En 2025, Denis Vipret fête ses 60 ans et, par la même occasion, ses 45 ans de pratique. Ce livre se veut d’une part un témoignage des capacités hors norme de Vipret, le magnétiseur-paysan, mais également un cadeau pour Denis, l’homme.

IEnfance et adolescence

Chaque être humain, quel que soit son parcours de vie, a un jour été un enfant et un adolescent. De nombreux traits de la personnalité sont livrés de base, avec la personne, alors que d’autres sont hérités de valeurs et de comportements transmis par la famille – au sens large du terme – et cristallisés pendant le jeune âge.

Dans le cas de Denis Vipret, si sa « force » (ou son don ou ses capacités hors normes, nous pouvons les appeler de différentes manières) lui est propre et ne provient d’aucun talent héréditaire familial, sa façon de la gérer, de la pratiquer, ainsi que son rapport aux autres et au monde sont, quant à eux, largement influencés par son passé que beaucoup ignorent.

On vient voir Vipret, le magnétiseur, d’une part pour ses talents extraordinaires lui permettant de déceler et d’identifier un problème de santé, et, d’autre part pour être soigné et, si possible, guéri. Ainsi, on ne s’intéresse que rarement à Denis, l’homme et encore moins à son passé. À tort. À mon sens, si l’on veut comprendre comment il fonctionne – les termes « comment » et « comprendre »

Le phénomène Denis Vipret

étant problématiques comme on le verra par la suite –, il est nécessaire de découvrir comment Denis est devenu Vipret. Et certaines clés de compréhension se trouvent dans ses jeunes années.

C’est une plongée dans cette époque formatrice que je propose dans ce premier chapitre.

Une histoire de famille

Quand on parle de Denis Vipret, son nom est spontanément lié au village de Léchelles où il est né et où se situe la ferme familiale, dans laquelle il pratique encore à l’heure actuelle. On pourrait même croire que les Vipret sont une famille originaire de cette commune depuis des siècles. Il n’en est rien.

Si le petit Denis y voit le jour en 1965, ce n’est qu’en 1952 que les Vipret y posent leurs valises. Le père de Denis Vipret a 15 ans quand la famille quitte Dompierre.

La souche maternelle, quant à elle, est originaire de Domdidier. La Broye fribourgeoise et un périmètre relativement restreint forment la toile de fond. Rien de bien exotique en tout cas. Pourtant, la souche familiale est originaire de Belgique et n’arrive en Suisse qu’avec le grand-père de Denis : « Quand mon grand-père a acheté le domaine, composé de la ferme et ses 47 hectares, personne ne s’y intéressait. Le prix était assez élevé. Mon grand-père avait pu économiser la moitié de la somme et il a trouvé le reste en prêt à Bellinzone. Personne ici ne voulait l’aider.

» Il fallait bosser, tant et si bien que je n’avais jamais le temps de faire mes devoirs pour l’école. Avec 120 têtes de bétail, nous étions toujours à l’écurie. » L’installation est donc très difficile, d’autant plus qu’à cette époque, à la campagne, celui qui n’est pas né dans le village est considéré comme un étranger.

Le quotidien du petit Denis est très vite marqué par le travail. Dès l’âge de 6 ans, lui et son frère aident à traire les vaches matin et soir, « chaque jour que Dieu fait ». La situation est précaire et les temps sont durs. Le quotidien est marqué par la débrouillardise et une éducation à la dure qui développera l’empathie de Denis Vipret.

Lors du second entretien, son frère Pierre-André est présent et confirme le récit que livre son cadet : « Je suis très protecteur, pour tout le monde. Tu me téléphones, tu as besoin de moi, j’arrive. C’est dans ma nature. Peutêtre parce que ça m’a manqué quand j’étais petit. On n’avait rien. On n’a jamais été un jour de notre vie en vacances avec nos parents. On mangeait à 16 h 45 le soir avant de traire. Un bout de pain avec des saucisses de Vienne qui cuisaient dans l’eau sur le fourneau à bois. Il n’y avait pas de cuisine à la ferme. On arrivait à midi de l’école et on devait aller chercher les corbeilles de bois pour chauffer le repas. Dans la soirée, souvent, on crevait de faim. Tu es d’accord, Dédé ? Si on venait chercher un morceau de pain, ils fermaient le meuble à clé. On n’avait même pas droit à ça. On a souffert, quand même. C’était un peu de la survie… »

Le

phénomène Denis Vipret

Je profite de la présence de Pierre-André pour lui demander comment était Denis quand il était petit, s’il était gentil, s’ils se battaient, parfois, entre frères. Il me répond avec un large sourire et son soupir en forme d’exclamation en dit long : « Il était gentil. Non, on ne se tapait jamais dessus. » Denis complète : « Non, jamais. On avait chacun son boulot. Et avec la traite matin et soir, on n’avait le temps pour rien, pas même pour les devoirs et encore moins pour se disputer. On était des paysans et on a continué à l’être. »

Vipret se dit très reconnaissant envers son frère : « PierreAndré est formidable. Il n’a jamais été jaloux. Jamais il ne m’a envié mes dons ni ma vie. Quand j’ai commencé à soigner, il allait traire à ma place pour me laisser le temps de voir les patients. Il s’occupait des champs. Je dis chapeau. Il aurait pu penser que j’avais tout et lui rien, mais ça n’a pas été le cas. On a repris le domaine tous les deux, mais moi, j’ai plutôt dédié mon temps à soigner. »

Dominique Baechler, confident de la première heure tient à préciser : « Il faut dire que Denis a toujours tout fait pour que ça se passe bien. Sans lui, son frère et sa famille n’auraient pas connu la même vie. Il a toujours su se montrer à la hauteur, sans faire preuve de charité ou quoi que ce soit. »

Pragmatique, l’ancien élève répond : « J’avais le devoir de le faire. Je n’ai jamais voulu être le centre du monde. Je ne me sens en aucun cas supérieur aux autres. Bien sûr, j’ai sauvé des gens, mais c’est toujours Dieu qui dit oui ou non. Et concernant mon enfance, je ne changerais rien. »

Rien du tout ? Vraiment ? En creusant un peu, on comprend facilement que l’école n’a pas dû être une partie de plaisir. Quand on bosse dur avant d’aller en classe et directement après, les résultats en pâtissent. Denis Vipret, au-delà de sa notoriété et de ses succès, admet : « J’aurais voulu avoir des bonnes notes à l’école… Aucun de nous trois n’avait le temps d’étudier pour ça. Je me souviens : un samedi matin, mon frère, ma sœur et moi avons été convoqués à la session de rattrapage pour voir où on en était. Je nous vois encore tous les trois. Il n’y avait personne d’autre. Tous les autres passaient l’année sans problème et pas nous. Ce constat m’a remué et beaucoup remis en question. Je voulais bien faire et réussir. Je savais que les deux prochaines heures allaient être décisives et que j’allais être jugé sur mes capacités à passer dans la classe supérieure. Je devais prouver ce que je valais. Et moi, j’étais persuadé qu’on ne valait rien. Je me suis concentré un maximum, j’ai passé les tests et j’ai pu aller à l’école secondaire. Mon frère a effectué ses neuf ans d’école obligatoire à l’école primaire et c’est tout. Il n’a jamais fait autre chose. À l’heure actuelle, on n’aurait même plus le droit. Moi, ce n’était pas beaucoup mieux. Mon frère a repris le domaine et moi j’ai soigné. Ma sœur, elle, a fait du chemin. On est restés comme on est. Mon frère ne m’a jamais posé une question sur ma ‘‘force’’. Ma frangine ne m’a jamais parlé une seule fois de soins. Personne ne parlait de cela à la maison. »

La famille Vipret s’en sort difficilement et envisage de vendre le domaine pour s’installer au Canada. Un vrai

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