Une foule d'histoires - Dans ma valise, 1re secondaire

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recueil d e textes1

activités incluses

dansma valise

Nulle part au Texas ............................................................. 4 Roman Voir l’AmĂ©rique ................................................................. 28 Nouvelle

Christophe Colomb, le dĂ©couvreur de l’AmĂ©rique ............ 40 Journal de voyage

Les vacances du petit Nicolas .......................................... 54 Roman jeunesse Trois semaines à Londres .................................................. 74 Nouvelle Sedna IV ............................................................................ 96 Préface et récit de voyage

Une femme chez les Papous 112 Récit de voyage

Une femme dans la nuit polaire 130 Récit de voyage

Ru 146 Roman La frousse autour du monde 158 Journal de voyage

Table des matiĂšres

L Benjamin Tardif

Nulle part au TexasFrançois Barcelo

s’arrĂȘta sur l’accotementsablonneux et laissaronronner le moteur du Westfalia.Il tendit la main vers la carteroutiĂšre du Texas, sur le siĂšge dupassager.

François Barcelo est nĂ© Ă  MontrĂ©al en 1941. DiplĂŽmĂ© en littĂ©rature, il enseigne pendant une courte pĂ©riode, puis devient rĂ©dacteur publicitaire. Son premier roman paraĂźt en 1981. Depuis, il en a Ă©crit une trentaine, il a traduit quelques ouvrages et il a remportĂ© plusieurs prix comme auteur de littĂ©rature jeunesse. En 1998, il devient le premier QuĂ©bĂ©cois Ă  ĂȘtre publiĂ© dans la SĂ©rie Noire de la maison d’édition parisienne Gallimard avec son roman Cadavres, qui sera adaptĂ© au cinĂ©ma onze ans plus tard.

Grand voyageur, François Barcelo Ă©crit plusieurs de ses Ɠuvres Ă  l’étranger, lors de sĂ©jours dans divers pays. Il rĂ©alise mĂȘme le tour du monde en 1990. Le thĂšme du voyage est rĂ©current dans son Ɠuvre, particuliĂšrement celui de la dĂ©couverte de l’AmĂ©rique, comme en tĂ©moigne le titre de certains de ses ouvrages. Son personnage de Benjamin Tardif, un voyageur maladroit et sympathique, sera le hĂ©ros de quatre de ses livres.

Du mĂȘme auteur


Cadavres (1988)

Nulle part au Texas (1989) Ailleurs en Arizona (1991) Pas tout Ă  fait en Californie (1992)

Littérature jeunesse

Le nul et la chipie (2004)

Les mains de ma maman (2006)

AprĂšs une minute, sans avoirregardĂ© la carte, il tourna laclĂ© d’allumage. Le paysagequ’il avait sous les yeux mĂ©ritaitplus qu’une courte pause.

C’était sĂ»rement la vue la plusspectaculaire depuis qu’il avaitquittĂ© MontrĂ©al.

Cadavres (2009)

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Nulle part au texas – Les aventures de Benjamin Tardif

l’accotement Westfalia.

carte du avoir la méritait

À propos de

Nulle part au Texas – Les aventures de Benjamin Tardif

Le roman Nulle part au Texas raconte sept jours dans la vie de Benjamin Tardif, un voyageur quĂ©bĂ©cois malchanceux qui choisit de faire un long pĂ©riple sur les routes amĂ©ricaines Ă  bord d’une fourgonnette amĂ©nagĂ©e pour le camping.

Voyager en fourgonnette Ă  travers les États-Unis est un rĂȘve qu’ont vĂ©cu bien des jeunes de la gĂ©nĂ©ration « hippie » des annĂ©es 1960 et 1970.

Pour eux, la fourgonnette – le Westfalia de Volkswagen, plus particuliĂšrement – reprĂ©sentait la libertĂ© totale, la « maison » que l’on traĂźnait avec soi et qui permettait de s’arrĂȘter n’importe oĂč et de repartir au moment voulu.

C’est avec cet esprit aventurier que le personnage de Benjamin Tardif est parti. DĂšs le dĂ©but de l’histoire, il se retrouve complĂštement dĂ©pouillĂ© de tous ses biens. Il n’avait sĂ»rement pas prĂ©vu ce qui allait lui arriver.

Au dĂ©but du livre, François Barcelo partage cette anecdote avec les lecteurs : C’est le projet d’un voyage au Texas, en 1988, qui m’a donnĂ© l’idĂ©e de cette histoire. Quelques mois plus tard, une fois le roman terminĂ©, je n’ai trouvĂ© nulle part au Texas de lieux ou de personnages ressemblant Ă  ceux que j’avais imaginĂ©s. Que vouliez-vous donc que je fasse ? Je n’allais quand mĂȘme pas jeter au rebut une histoire que j’avais Ă©crite avec tant de mal et tant de plaisir, et qui ne pouvait se situer nulle part ailleurs qu’au Texas.

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Pour se préparer à la lecture

AprÚs avoir lu les textes des pages précédentes, réponds aux questions suivantes.

Dans l’À propos, trouve la raison pour laquelle l’auteur a choisi le titre Nulle part au Texas pour son histoire.

D’aprĂšs la mise en contexte, t’attends-tu Ă  une histoire sĂ©rieuse ? Pourquoi ?

RĂȘves-tu, comme Benjamin Tardif, de parcourir les États-Unis Ă  bord d’une fourgonnette ? JustiïŹe ta rĂ©ponse.

Dans cette histoire, il sera question des mĂ©saventures que l’on peut vivre en voyage. Raconte une anecdote, que tu as vĂ©cue ou qu’on t’a racontĂ©e, survenue lors d’un voyage qui aurait quelque peu mal tournĂ©.

Que connais-tu du Texas ?

Y a-t-il des endroits du monde que tu as l’impression de connaĂźtre, sans mĂȘme y avoir mis les pieds ?

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Nulle part au Texas

– Les aventures de Benjamin Tardif

Le premier jour

Benjamin Tardif s’arrĂȘta sur l’accotement sablonneux et laissa ronronner le moteur du Westfalia. Il tendit la main vers la carte routiĂšre du Texas, sur le siĂšge du passager.

AprĂšs une minute, sans avoir regardĂ© la carte, il tourna la clĂ© d’allumage. Le paysage qu’il avait sous les yeux mĂ©ritait plus qu’une courte pause. C’était sĂ»rement la vue la plus spectaculaire depuis qu’il avait quittĂ© MontrĂ©al.

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1. RelĂšve dans le paragraphe la signiïŹcation du toponyme Hilltop of the World.

Il Ă©tait arrivĂ© au bout d’un plateau pas trĂšs Ă©levĂ©. ConsultĂ©e, la carte prĂ©cisa qu’il Ă©tait en un lieu nommĂ© Hilltop of the World, Ă  cinq cent quatre-vingt-deux pieds d’altitude – pas mĂȘme deux cents mĂštres. Cela n’était pas bien haut. Il fallait ĂȘtre texan et amateur de superlatifs pour donner un nom pareil Ă  ce sommet dĂ©sertique. Mais le paysage qui s’étendait plus bas suggĂ©ra Ă  Benjamin Tardif des images de paradis terrestre. Et il reconnut que cette dĂ©signation de « cĂŽte du Sommetdu-Monde » relevait autant de la licence poĂ©tique que de la vantardise.

Devant lui, la route commençait par descendre tout droit vers le golfe du Mexique. Mais, juste comme elle arrivait Ă  une petite forĂȘt d’arbres et d’arbustes le long de la cĂŽte, elle faisait un lĂ©ger crochet vers la droite pour longer le rivage sur un kilomĂštre ou deux avant de tourner encore pour s’enfoncer dans le dĂ©sert, en direction du Mexique.

Entre Junior’s Last Run, oĂč Benjamin Tardif avait fait le plein d’essence, et Badernia, la prochaine petite ville, il n’y avait pas le moindre nom d’inscrit sur la carte. La station-service de Junior’s Last Run avait d’ailleurs prĂ©venu quiconque savait lire les avertissements aux voyageurs du dĂ©sert : « DerniĂšre occasion de faire le plein Ă  toute heure d’ici cent kilomĂštres. »

En fait, on pouvait lire sur le panneau de tĂŽle : Last 24-hour gas for next sixty miles. Mais Benjamin Tardif Ă©tait traducteur spĂ©cialisĂ©, et il avait la manie de traduire tout ce qu’il lisait ou entendait. Pendant

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ses longues vacances, cela lui permettait de garder la main. Mais peut-ĂȘtre en aurait-il fait autant s’il avait Ă©tĂ© facteur ou plombier.

2. À l’aide du contexte, explique ce que signiïŹe l’expression garder la main.

Donc, il arriverait dans quelques minutes au bas de la cĂŽte descendant du lieu-dit Hilltop of the World. À quelques centaines de mĂštres de la route, de longues vagues aux crĂȘtes blanches venaient s’effacer sur les plages sablonneuses de plusieurs petites baies sĂ©parĂ©es les unes des autres par des rochers. La route lui ferait ensuite longer, sur sa gauche, quelques bouquets d’arbres. Juste Ă  l’endroit oĂč elle amorçait un second crochet de quelques degrĂ©s vers la droite en direction de la partie la plus aride du dĂ©sert, il y avait un petit bĂątiment.

C’était peut-ĂȘtre une station-service. Benjamin Tardif se rappelait l’avertissement de celle de Junior’s Last Run, qui laissait presque entendre qu’il en existait une autre sur cette route, mais que celle-lĂ  n’était pas ouverte tout le temps.

Il remit le moteur en marche et arriva rapidement au premier virage de la route.

Un tout petit chemin de sable, quasiment invisible dans le sable environnant parce qu’à peine plus pĂąle, s’ouvrait au milieu des buissons, vers la mer. Pas la moindre afïŹche « PrivĂ© » ou « DĂ©fense d’entrer ». Pas mĂȘme l’énigmatique avis Posted que les initiĂ©s savent interprĂ©ter comme « DĂ©fense de passer – et surtout de chasser ».

Il faisait chaud. Horriblement chaud, mĂȘme en roulant toutes vitres baissĂ©es. Sans doute ce chemin conduisait-il Ă  l’une des plages

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aperçues de lĂ -haut ? Il Ă©tait dĂ©jĂ  deux heures de l’aprĂšs-midi. Le sel de l’eau de mer sur la peau de Benjamin Tardif ne pourrait l’embĂȘter longtemps, puisqu’il projetait d’arrĂȘter dans un camping public que lui promettait la carte, Ă  Badernia, prĂšs de la frontiĂšre mexicaine.

Le Westfalia s’engagea donc dans le petit chemin au centre duquel quelques touffes d’herbe poussaient pĂ©niblement.

Benjamin Tardif avançait prudemment. À gauche du chemin, deux carcasses de vieilles Chevrolet achevaient de rouiller. Il roula quelques instants encore, les arbustes l’empĂȘchant de voir oĂč il allait. Et soudain la mer s’ouvrit devant lui.

Il avait dĂ©jĂ  vu de belles plages depuis trois mois qu’il Ă©tait parti de MontrĂ©al. Mais jamais une comme celle-lĂ .

Imaginez une petite baie enfoncĂ©e entre deux pointes rocailleuses, dans une mer bleu turquoise, dont les vagues viennent doucement mourir sur du sable blanc, poudreux comme de la neige. Surtout, cette plage prĂ©sentait un avantage qu’il n’avait trouvĂ© sur aucune des plages qu’il avait frĂ©quentĂ©es jusque-lĂ  : il n’y avait personne. Pas le ventre d’un AmĂ©ricain, pas la cuisse d’une AmĂ©ricaine, pas un seul parasol ni le moindre cerf-volant, pas de canne Ă  pĂȘche, pas de chaise pliante, pas de glaciĂšre, pas de radio, pas mĂȘme un chien. Rien. La plage Ă©tait Ă  lui tout seul. Il n’avait qu’à se l’approprier s’il le dĂ©sirait. Il roula tout doucement jusqu’aux derniers buissons, car il savait que le sable du bord de la mer est parfois traĂźtre et qu’il risquait d’attendre du secours longtemps s’il s’enlisait en ce coin perdu.

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Il descendit, ïŹt le tour du vĂ©hicule, tira la porte coulissante, tendit la main vers le sac de toile oĂč il gardait son maillot de bain, sa serviette et sa crĂšme solaire. Mais il interrompit son geste, examina la plage derriĂšre lui. Il n’y avait vraiment personne. EnïŹn l’occasion rĂȘvĂ©e de se baigner tout nu chez ces puritains d’AmĂ©ricains pour lesquels un sein nu mĂ©rite un sĂ©jour en prison, et un pĂ©nis au soleil sans doute l’émasculation dĂ©ïŹnitive.

3. Selon le sens de la phrase dans laquelle le mot puritains est utilisé, trouve : a) un synonyme à ce mot ; b) un antonyme à ce mot.

Il se dĂ©shabilla, laissa ses vĂȘtements sur la banquette arriĂšre, et marcha vers l’eau.

Celle-ci n’était pas froide du tout. Ni chaude non plus, comme il le redoutait encore plus. Elle Ă©tait tout juste un peu rafraĂźchissante, et toute la chaleur que son corps avait accumulĂ©e en cette journĂ©e disparut en un instant. Il plongea dans la premiĂšre lame qui roula vers lui, Ă©mergea de l’autre cĂŽtĂ© en secouant les cheveux, plongea encore, ïŹt quelques longueurs de crawl, laissa son corps se redresser Ă  la verticale. Il touchait tout juste le fond. Il valait mieux ne pas aller plus loin, au cas oĂč il y aurait des courants contraires.

Il allait retourner vers la plage lorsqu’il entendit le roulement familier de la porte coulissante du Westfalia qui se refermait.

Il eut tout juste le temps de voir une silhouette sur le siĂšge du conducteur. Une vague lui donna une poussĂ©e vers le rivage. Il s’efforça de se remettre debout, d’avancer rapidement dans l’eau qui s’opposait Ă  son corps.

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Le Westfalia partit à vive allure en soulevant un nuage de poussiùre et disparut derriùre les buissons bien avant que Benjamin Tardif n’ait atteint la plage.

Il se mit à courir dans le chemin sablonneux à travers le nuage de poussiÚre laissé par le véhicule. Puis le nuage se dissipa. Quand il arriva à la grand-route, il ne restait plus de son Westfalia que des empreintes de pneus dans le sable, qui pointaient vers la gauche.

Il resta debout au bord de la route jusqu’à ce que le petit point rose du Westfalia sur la route noire ne soit plus que le fruit de son imagination.

Et il se rendit compte qu’il Ă©tait debout tout nu sur le bord d’une route. Il venait de voir disparaĂźtre Ă  l’horizon non seulement son vĂ©hicule, mais encore ses bagages, ses vĂȘtements, son matĂ©riel de camping, ses cartes de crĂ©dit, son passeport et son argent.

Il s’était efforcĂ© d’imaginer toutes les mĂ©saventures qui pourraient s’abattre sur lui pendant son voyage et avait cherchĂ© Ă  s’en prĂ©munir. Mais celle-ci Ă©tait totalement inattendue et beaucoup plus catastrophique. Il Ă©tait en quelque sorte naufragĂ©, comme Robinson CrusoĂ©, Ă  la diffĂ©rence que celui-ci avait rĂ©cupĂ©rĂ© quelques biens du naufrage de son navire, tandis que lui n’avait rien. Il Ă©tait nu comme l’enfant qui vient de naĂźtre, sur une route dĂ©serte oĂč il n’avait rencontrĂ© personne – Ă  l’exception de son voleur – depuis qu’il avait traversĂ© Junior’s Last Run.

Le soleil lui tapait sur la tĂȘte, au point qu’il sentait le sang lui battre dans les tempes. Il alla s’asseoir Ă  l’ombre d’un arbuste pour rĂ©ïŹ‚Ă©chir Ă  la situation.

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Il aurait pu rester lĂ  Ă  attendre le passage d’une voiture ou d’un camion. Mais s’arrĂȘterait-on pour un homme nu gesticulant au bord de la route ? La veille, il avait vu un homme arrĂȘter sa camionnette sur le bord d’une route semblable, sortir une carabine et tirer plusieurs fois en direction du dĂ©sert. Benjamin Tardif, qui l’avait suivi de loin, avait ralenti et vu une boule de fourrure – un coyote, sans doute – rouler plusieurs tours sur elle-mĂȘme avant de s’immobiliser. Et l’homme Ă©tait reparti en laissant l’animal qu’il venait de tuer.

Le propriĂ©taire de la prochaine camionnette qui passerait par lĂ  n’en profi terait-il pas pour s’exercer Ă  la chasse au coyote sur un hurluberlu tout nu ?

4. Trouve le mot qui ne convient pas au sens du mot hurluberlu : Ă©tourdi – original – dĂ©sespĂ©rĂ©.

Bref, Benjamin Tardif n’était pas seulement naufragĂ© : il risquait de devenir gibier s’il se montrait. Et dĂšs qu’il aperçut un petit point rouge qui descendait du Hilltop of the World, il prĂ©fĂ©ra se terrer derriĂšre les buissons.

C’était effectivement une camionnette. Et elle avait une carabine Ă  lunette accrochĂ©e Ă  un support Ă  l’arriĂšre de la cabine. Elle passa sans ralentir et Benjamin poussa un soupir de soulagement.

Il songea Ă  marcher loin de la route, en se cachant de buisson en buisson, jusqu’à la station-service qu’il avait cru apercevoir au sud. Peut-ĂȘtre, si ce n’était qu’une maison abandonnĂ©e, y trouverait-il de vieux vĂȘtements ? Mais les buissons Ă©taient rares le long de la route et il devrait marcher de longs moments loin de tout abri. Un camionneur armĂ© surgissant alors pourrait facilement le prendre en chasse.

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Inutile, aussi, de faire demi-tour : il n’y avait pas Ăąme qui vive Ă  au moins cinquante kilomĂštres derriĂšre lui. Et les premiers kilomĂštres seraient particuliĂšrement pĂ©nibles, en plein soleil, dans la longue cĂŽte.

Que ferais-tu Ă  la place de Benjamin ?

Il ne lui restait plus qu’une possibilitĂ© : passer par la mer, en marchant sur la plage ou en pataugeant dans l’eau jusqu’à la premiĂšre maison – il y en avait peut-ĂȘtre parmi les arbres le long de la mer, car l’endroit lui semblait trop beau pour qu’il n’y en ait pas. Il pourrait s’en approcher sufïŹsamment pour s’expliquer avant que son propriĂ©taire n’ait le loisir de dĂ©crocher sa carabine.

Ce plan lui sembla aussi alĂ©atoire que le premier, mais il avait l’avantage de lui permettre de retourner dans l’eau et d’éviter les coups de soleil.

5. Un plan aléatoire est-il hasardeux ou gagnant ?

Il reprit donc le petit chemin qui l’avait d’abord menĂ© Ă  la baie paisible et se replongea dans l’eau avec dĂ©lices. Elle paraissait encore plus parfaitement rafraĂźchissante que quelques minutes plus tĂŽt. Et le premier quart d’heure qu’il passa Ă  marcher dans la mer le rassura sur la sagesse de son plan. Le sable, jusqu’à la sortie de l’anse, Ă©tait doux, et l’eau assez limpide pour lui permettre

6. Trouve dans le paragraphe un adjectif qui dĂ©crit pourquoi l’eau procure des dĂ©lices Ă  Benjamin.

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d’éviter les rares cailloux et les morceaux de coquillages. PassĂ© ce point, le littoral Ă©tait toutefois bloquĂ© par des rochers qui s’avançaient dans l’eau. Benjamin Tardif Ă©tait bon nageur, mais il hĂ©sita avant de se lancer tĂȘte premiĂšre dans les ïŹ‚ots pour contourner les rochers. Il se mĂ©ïŹait des courants, qui pourraient l’entraĂźner vers le large ou, au contraire, le pousser violemment contre les rochers. Mais il n’avait plus le choix. Il se mit donc Ă  nager doucement, d’une brasse tranquille, et constata avec satisfaction que le courant le poussait vers le sud, sans l’éloigner du rivage. Il nagea ainsi, ou plutĂŽt se laissa emporter par la mer, jusqu’aprĂšs la pointe rocheuse, puis se retrouva dans une autre baie, plus petite que la premiĂšre mais presque aussi belle. Il s’approcha de la plage, resta assis dans l’eau quelques minutes pour reprendre son soufïŹ‚e.

Le soleil commençait Ă  baisser Ă  l’horizon, et il rĂ©solut d’attendre que l’obscuritĂ© soit plus totale. D’une part, les lumiĂšres des habitations, s’il y en avait sur ce rivage, seraient bientĂŽt plus aisĂ©ment visibles et il risquerait moins de passer Ă  cĂŽtĂ© de l’une d’elles sans la voir. D’autre part, l’obscuritĂ© lui permettrait de s’en approcher sans ĂȘtre vu et de crier : « Excusez-moi, je suis un Ă©tranger. Je me suis fait voler ma voiture et tous mes effets personnels. Pour l’amour de Dieu, aidez-moi. »

Il rĂ©pĂ©ta ce discours Ă  haute voix, dans son meilleur anglais. Il Ă©tait particuliĂšrement ïŹer de son « pour l’amour de Dieu » (for God’s sake ) qui lui semblait judicieusement choisi pour toucher ces gens gĂ©nĂ©ralement aussi portĂ©s sur la religion que sur les armes Ă  feu.

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aprĂšs la lecture

Qu’est-ce qui nous fait penser, assez rapidement dans le texte, que le personnage maütrise la langue en usage au Texas ?

Pour quelle raison le personnage voyage-t-il ?

Combien de temps l’histoire racontĂ©e dure-t-elle ?

Que pense Benjamin Tardif du nom Hilltop of the World donnĂ© au lieu oĂč il s’arrĂȘte ? Pourquoi ?

Aux lignes 9 à 46, relÚve quatre passages qui révÚlent que Benjamin Tardif se trouve dans une région peu habitée.

a) Dans la troisiÚme partie du texte (lignes 105 à 136), à quel élément perturbateur Benjamin Tardif doit-il faire face ?

b) Donne les deux principales consĂ©quences de cet Ă©vĂ©nement. c) RelĂšve l’énumĂ©ration qui rĂ©vĂšle les autres inconvĂ©nients causĂ©s par cet Ă©vĂ©nement.

Dans la partie suivante du texte (lignes 137 à 176), Benjamin Tardif évoque quatre façons possibles de se sortir de ce mauvais pas.

a) Quelles sont ces quatre possibilités ?

b) Pourquoi rejette-t-il chacune des trois premiÚres possibilités ?

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Quels sont les trois dangers auxquels Benjamin Tardif aurait pu faire face pendant son dĂ©placement dans l’eau de la baie (lignes 177 Ă  230) ?

Dans sa description, quelles caractéristiques Benjamin Tardif attribue-t-il à la maison ? Nommes-en cinq.

À l’aide de quelques mots-clĂ©s, dĂ©cris l’attitude de la dame Ă  l’égard de Benjamin dans le texte des lignes 266 Ă  379.

Quel passage du texte as-tu trouvé le plus comique ? Pourquoi ?

a) Comment se termine l’aventure de Benjamin Tardif ?

b) Imagine ce qui pourrait se passer aprĂšs le dernier Ă©pisode racontĂ© par l’auteur.

c) Cet extrait t’a-t-il donnĂ© envie de lire le roman ? JustiïŹe ta rĂ©ponse.

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vacances du petit Nicolas

Les

Une

Jean-Jacques

Sempé

Sans avoir jamais fréquenté une école artistique, Sempé est devenu un célÚbre dessinateur. En 1959, il rencontre René Goscinny et ils créent la bande dessinée

Le petit Nicolas pour le journal Le Moustique. SempĂ© dessine et Goscinny Ă©crit les textes dans lesquels ils racontent leurs souvenirs d’enfance. À partir de 1960, la revue Pilote publie les aventures du petit Nicolas sous forme de romans.

Du mĂȘme auteur


Le petit Nicolas (26 albums) traduits dans le monde entier

Le petit Nicolas (2010)

René Goscinny

Tous les ans, c’est-Ă -direle dernier et l’autre,parce qu’avant c’esttrop vieux et je ne me rappellePapa et Maman se disputentbeaucoup pour savoir oĂč aller envacances, et puis Maman se metpleurer et elle dit qu’elle va allerchez sa maman, et moi je pleureaussi parce que j’aime bien

Écrivain, humoriste et scĂ©nariste de bande dessinĂ©e, RenĂ© Goscinny est surtout connu pour les albums d’AstĂ©rix. Il commence Ă  dessiner trĂšs tĂŽt, inspirĂ© par les histoires illustrĂ©es qu’il adore lire. C’est sous le pseudonyme d’Agostini, que Goscinny Ă©crit Le petit Nicolas.

Du mĂȘme auteur


Les albums AstĂ©rix avec l’illustrateur Uderzo

Les albums Iznogoud avec l’illustrateur Tabary

Astérix le Gaulois (1967)

n’est pas chez MĂ©mĂ©.

Astérix et Obélix contre César (1999)

Astérix aux Jeux olympiques (2008)

C
MĂ©mĂ©,mais chez elle il n’y a pas de plage,et Ă  la ïŹn on va oĂč veut Mamance
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c’est-à-dire

l’autre, c’est rappelle pas,disputent en met Ă  aller pleure MĂ©mĂ©, Mamanplage, et

À propos de

Les vacances du petit Nicolas

Le petit Nicolas est un personnage enfant qui a diverti un grand nombre de lecteurs Ă  travers la francophonie. Ce qui plaĂźt tant dans les livres de SempĂ© et de Goscinny, c’est cette narration, assurĂ©e par le personnage principal, qui nous livre sa vision du monde, empreinte de candeur et d’humour.

La vie est belle pour le petit Nicolas, qui a six ou sept ans. Un rien l’amuse. MĂȘme s’il est un peu turbulent, il apparaĂźt plutĂŽt sympathique. Ses peines d’enfant ne sont jamais trĂšs graves. Nicolas observe certains comportements ridicules des grands. En lisant les aventures du jeune personnage, les lecteurs adolescents ou adultes vivent une certaine nostalgie de cet Ăąge de l’innocence.

Dans le roman Les vacances du petit Nicolas, les auteurs ont pris le congĂ© estival comme prĂ©texte pour camper de courtes histoires cocasses. Dans l’extrait suivant, tirĂ© du dĂ©but du livre, on raconte comment la famille de Nicolas a choisi sa destination.

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Pour se préparer à la lecture

AprÚs avoir lu les textes des pages précédentes, réponds aux questions suivantes.

Nomme d’autres Ɠuvres (livres, ïŹlms, etc.) mettant en scĂšne des enfants.

Selon toi, quels effets les narrateurs enfants produisent-ils sur les lecteurs ?

Tu connais sĂ»rement les histoires d’AstĂ©rix, une sĂ©rie de bandes dessinĂ©es trĂšs connue scĂ©narisĂ©e par Goscinny. Que penses-tu de ces Ɠuvres ?

Dans l’extrait, la famille du petit Nicolas s’apprĂȘte Ă  choisir une destination pour les vacances, mais y arrive difïŹcilement. Selon toi, pourquoi une telle dĂ©cision est-elle si difïŹcile Ă  prendre dans une famille ?

Dans l’À propos, on dit que Les vacances du petit Nicolas prĂ©sente des histoires cocasses qui se sont dĂ©roulĂ©es pendant un congĂ© estival. Raconte une aventure amusante que tu as dĂ©jĂ  vĂ©cue pendant tes vacances.

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Les vacances du petit Nicolas

Et chez Nicolas, le choix de l’endroit oĂč l’on va passer ces vacances n’est pas un problĂšme, car


C’est papa qui dĂ©cide Tous les ans, c’est-Ă -dire le dernier et l’autre, parce qu’avant c’est trop vieux et je ne me rappelle pas, Papa et Maman se disputent beaucoup pour savoir oĂč aller en vacances, et puis Maman se met Ă  pleurer et elle dit qu’elle va aller chez sa maman, et moi je pleure aussi parce que j’aime bien MĂ©mĂ©, mais chez elle il n’y a pas de plage, et Ă  la fin on va oĂč veut Maman et ce n’est pas chez MĂ©mĂ©.

5

Hier, aprĂšs le dĂźner, Papa nous a regardĂ©s, l’air fĂąchĂ© et il a dit :

— Écoutez-moi bien ! Cette annĂ©e, je ne veux pas de discussions, c’est moi qui dĂ©cide ! Nous irons dans le Midi1. J’ai l’adresse d’une villa Ă  louer Ă  Plage-les-Pins. Trois piĂšces, eau courante, Ă©lectricitĂ©. Je ne veux rien savoir pour aller Ă  l’hĂŽtel et manger de la nourriture minable.

— Eh bien, mon chĂ©ri, a dit Maman, ça me paraĂźt une trĂšs bonne idĂ©e.

— Chic ! j’ai dit et je me suis mis à courir autour de la table parce que quand on est content, c’est dur de rester assis.

Papa, il a ouvert des grands yeux, comme il fait quand il est étonné, et il a dit : « Ah ? Bon. »

Pendant que Maman dĂ©barrassait la table, Papa est allĂ© chercher son masque de pĂȘche sous-marine dans le placard.

— Tu vas voir, Nicolas, m’a dit Papa, nous allons faire des parties de pĂȘche terribles, tous les deux.

Moi, ça m’a fait un peu peur, parce que je ne sais pas encore trĂšs bien nager ; si on me met bien sur l’eau je fais la planche, mais Papa m’a dit de ne pas m’inquiĂ©ter, qu’il allait m’apprendre Ă  nager et qu’il avait Ă©tĂ© champion interrĂ©gional de nage libre quand il Ă©tait plus jeune, et qu’il pourrait encore battre des records s’il avait le temps de s’entraĂźner.

1 Région du Sud de la France.

Une foule d’histoires... dans ma valise58 10 15 20 25

Sempé

— Papa va m’apprendre Ă  faire de la pĂȘche sous-marine ! j’ai dit Ă  Maman quand elle est revenue de la cuisine.

— C’est trĂšs bien, mon chĂ©ri, m’a rĂ©pondu Maman, bien qu’en MĂ©diterranĂ©e il paraĂźt qu’il n’y a plus beaucoup de poissons. Il y a trop de pĂȘcheurs.

— C’est pas vrai ! a dit Papa ; mais Maman lui a demandĂ© de ne pas la contredire devant le petit et que si elle

1. Quels éléments forment le mot contredire ? Quel en est le sens ? Les vacances du petit Nicolas 59 30 35

disait ça, c’est parce qu’elle l’avait lu dans un journal ; et puis elle s’est mise Ă  son tricot, un tricot qu’elle a commencĂ© ça fait des tas de jours.

— Mais alors, j’ai dit à Papa, on va avoir l’air de deux guignols sous l’eau, s’il n’y a pas de poissons !

Papa est allĂ© remettre le masque dans le placard sans rien dire. Moi, j’étais pas tellement content : c’est vrai, chaque fois qu’on va Ă  la pĂȘche avec Papa c’est la mĂȘme chose, on ne ramĂšne rien. Papa est revenu et il a pris son journal.

— Et alors, j’ai dit, des poissons pour la pĂȘche sous-marine, il y en a oĂč ?

— Demande Ă  ta mĂšre, m’a rĂ©pondu Papa, c’est une experte.

— Il y en a dans l’Atlantique, mon chĂ©ri, m’a dit Maman.

Moi, j’ai demandĂ© si l’Atlantique c’était loin de lĂ  oĂč nous allions, mais Papa m’a dit que si j’étudiais un peu mieux Ă  l’école, je ne poserais pas de questions comme ça et ce n’est pas trĂšs juste, parce qu’à l’école on n’a pas de classes de pĂȘche sousmarine ; mais je n’ai rien dit, j’ai vu que Papa n’avait pas trop envie de parler.

— Il faudra faire la liste des choses à emporter, a dit Maman.

— Ah ! non ! a criĂ© Papa. Cette annĂ©e, nous n’allons pas partir dĂ©guisĂ©s en camion de dĂ©mĂ©nagement. Des slips de bain, des shorts, des vĂȘtements simples, quelques lainages


Une foule d’histoires... dans ma valise60 40 45 50 55 60
2. Trouve le sens qui convient au mot guignol

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vos valises ! Avec ce recueil de dix rĂ©cits de voyage, vous ferez le tour de la planĂšte. Le Cambodge, la Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, l’Angleterre, la France, les États-Unis
 En voiture, en bateau, Ă  pied, Ă  dos d’élĂ©phant
 Vous ne vous ennuierez pas ! Dans cet ouvrage de la collection Une foule d’histoires, vous suivrez l’itinĂ©raire de femmes et d’hommes qui ne tiennent pas en place. Qu’ils soient rĂ©els ou fictifs, ce sont de vrais voyageurs. Des textes signĂ©s par Christophe Colomb, Jean Lemire, Bruno Blanchet, Kim ThĂșy, François Barcelo et bien d’autres.

Chaque texte est accompagnĂ© d’une contextualisation historique et gĂ©ographique, ainsi que d’une sĂ©rie d’activitĂ©s pour mieux apprĂ©cier votre lecture.

Les composantes de la collection

Recueil de textes pour l’élĂšve Recueil de textes pour l’élĂšve (version numĂ©rique)

Corrigé incluant le recueil de textes Corrigé incluant le recueil de textes (version numérique)

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