recueil d e textes1



Nulle part au Texas ............................................................. 4 Roman Voir lâAmĂ©rique ................................................................. 28 Nouvelle
Christophe Colomb, le dĂ©couvreur de lâAmĂ©rique ............ 40 Journal de voyage
Les vacances du petit Nicolas .......................................... 54 Roman jeunesse Trois semaines à Londres .................................................. 74 Nouvelle Sedna IV ............................................................................ 96 Préface et récit de voyage
Une femme chez les Papous 112 Récit de voyage
Une femme dans la nuit polaire 130 Récit de voyage
Ru 146 Roman La frousse autour du monde 158 Journal de voyage
François Barcelo est nĂ© Ă MontrĂ©al en 1941. DiplĂŽmĂ© en littĂ©rature, il enseigne pendant une courte pĂ©riode, puis devient rĂ©dacteur publicitaire. Son premier roman paraĂźt en 1981. Depuis, il en a Ă©crit une trentaine, il a traduit quelques ouvrages et il a remportĂ© plusieurs prix comme auteur de littĂ©rature jeunesse. En 1998, il devient le premier QuĂ©bĂ©cois Ă ĂȘtre publiĂ© dans la SĂ©rie Noire de la maison dâĂ©dition parisienne Gallimard avec son roman Cadavres, qui sera adaptĂ© au cinĂ©ma onze ans plus tard.
Grand voyageur, François Barcelo Ă©crit plusieurs de ses Ćuvres Ă lâĂ©tranger, lors de sĂ©jours dans divers pays. Il rĂ©alise mĂȘme le tour du monde en 1990. Le thĂšme du voyage est rĂ©current dans son Ćuvre, particuliĂšrement celui de la dĂ©couverte de lâAmĂ©rique, comme en tĂ©moigne le titre de certains de ses ouvrages. Son personnage de Benjamin Tardif, un voyageur maladroit et sympathique, sera le hĂ©ros de quatre de ses livres.
Du mĂȘme auteurâŠ
Cadavres (1988)
Nulle part au Texas (1989) Ailleurs en Arizona (1991) Pas tout Ă fait en Californie (1992)
Littérature jeunesse
Le nul et la chipie (2004)
Les mains de ma maman (2006)
Cadavres (2009)
Nulle part au texas â Les aventures de Benjamin Tardif
Le roman Nulle part au Texas raconte sept jours dans la vie de Benjamin Tardif, un voyageur quĂ©bĂ©cois malchanceux qui choisit de faire un long pĂ©riple sur les routes amĂ©ricaines Ă bord dâune fourgonnette amĂ©nagĂ©e pour le camping.
Voyager en fourgonnette Ă travers les Ătats-Unis est un rĂȘve quâont vĂ©cu bien des jeunes de la gĂ©nĂ©ration « hippie » des annĂ©es 1960 et 1970.
Pour eux, la fourgonnette â le Westfalia de Volkswagen, plus particuliĂšrement â reprĂ©sentait la libertĂ© totale, la « maison » que lâon traĂźnait avec soi et qui permettait de sâarrĂȘter nâimporte oĂč et de repartir au moment voulu.
Câest avec cet esprit aventurier que le personnage de Benjamin Tardif est parti. DĂšs le dĂ©but de lâhistoire, il se retrouve complĂštement dĂ©pouillĂ© de tous ses biens. Il nâavait sĂ»rement pas prĂ©vu ce qui allait lui arriver.
Au dĂ©but du livre, François Barcelo partage cette anecdote avec les lecteurs : Câest le projet dâun voyage au Texas, en 1988, qui mâa donnĂ© lâidĂ©e de cette histoire. Quelques mois plus tard, une fois le roman terminĂ©, je nâai trouvĂ© nulle part au Texas de lieux ou de personnages ressemblant Ă ceux que jâavais imaginĂ©s. Que vouliez-vous donc que je fasse ? Je nâallais quand mĂȘme pas jeter au rebut une histoire que jâavais Ă©crite avec tant de mal et tant de plaisir, et qui ne pouvait se situer nulle part ailleurs quâau Texas.
AprÚs avoir lu les textes des pages précédentes, réponds aux questions suivantes.
Dans lâĂ propos, trouve la raison pour laquelle lâauteur a choisi le titre Nulle part au Texas pour son histoire.
DâaprĂšs la mise en contexte, tâattends-tu Ă une histoire sĂ©rieuse ? Pourquoi ?
RĂȘves-tu, comme Benjamin Tardif, de parcourir les Ătats-Unis Ă bord dâune fourgonnette ? JustiïŹe ta rĂ©ponse.
Dans cette histoire, il sera question des mĂ©saventures que lâon peut vivre en voyage. Raconte une anecdote, que tu as vĂ©cue ou quâon tâa racontĂ©e, survenue lors dâun voyage qui aurait quelque peu mal tournĂ©.
Que connais-tu du Texas ?
Y a-t-il des endroits du monde que tu as lâimpression de connaĂźtre, sans mĂȘme y avoir mis les pieds ?
Benjamin Tardif sâarrĂȘta sur lâaccotement sablonneux et laissa ronronner le moteur du Westfalia. Il tendit la main vers la carte routiĂšre du Texas, sur le siĂšge du passager.
AprĂšs une minute, sans avoir regardĂ© la carte, il tourna la clĂ© dâallumage. Le paysage quâil avait sous les yeux mĂ©ritait plus quâune courte pause. CâĂ©tait sĂ»rement la vue la plus spectaculaire depuis quâil avait quittĂ© MontrĂ©al.
1. RelĂšve dans le paragraphe la signiïŹcation du toponyme Hilltop of the World.
Il Ă©tait arrivĂ© au bout dâun plateau pas trĂšs Ă©levĂ©. ConsultĂ©e, la carte prĂ©cisa quâil Ă©tait en un lieu nommĂ© Hilltop of the World, Ă cinq cent quatre-vingt-deux pieds dâaltitude â pas mĂȘme deux cents mĂštres. Cela nâĂ©tait pas bien haut. Il fallait ĂȘtre texan et amateur de superlatifs pour donner un nom pareil Ă ce sommet dĂ©sertique. Mais le paysage qui sâĂ©tendait plus bas suggĂ©ra Ă Benjamin Tardif des images de paradis terrestre. Et il reconnut que cette dĂ©signation de « cĂŽte du Sommetdu-Monde » relevait autant de la licence poĂ©tique que de la vantardise.
Devant lui, la route commençait par descendre tout droit vers le golfe du Mexique. Mais, juste comme elle arrivait Ă une petite forĂȘt dâarbres et dâarbustes le long de la cĂŽte, elle faisait un lĂ©ger crochet vers la droite pour longer le rivage sur un kilomĂštre ou deux avant de tourner encore pour sâenfoncer dans le dĂ©sert, en direction du Mexique.
Entre Juniorâs Last Run, oĂč Benjamin Tardif avait fait le plein dâessence, et Badernia, la prochaine petite ville, il nây avait pas le moindre nom dâinscrit sur la carte. La station-service de Juniorâs Last Run avait dâailleurs prĂ©venu quiconque savait lire les avertissements aux voyageurs du dĂ©sert : « DerniĂšre occasion de faire le plein Ă toute heure dâici cent kilomĂštres. »
En fait, on pouvait lire sur le panneau de tĂŽle : Last 24-hour gas for next sixty miles. Mais Benjamin Tardif Ă©tait traducteur spĂ©cialisĂ©, et il avait la manie de traduire tout ce quâil lisait ou entendait. Pendant
ses longues vacances, cela lui permettait de garder la main. Mais peut-ĂȘtre en aurait-il fait autant sâil avait Ă©tĂ© facteur ou plombier.
2. Ă lâaide du contexte, explique ce que signiïŹe lâexpression garder la main.
Donc, il arriverait dans quelques minutes au bas de la cĂŽte descendant du lieu-dit Hilltop of the World. Ă quelques centaines de mĂštres de la route, de longues vagues aux crĂȘtes blanches venaient sâeffacer sur les plages sablonneuses de plusieurs petites baies sĂ©parĂ©es les unes des autres par des rochers. La route lui ferait ensuite longer, sur sa gauche, quelques bouquets dâarbres. Juste Ă lâendroit oĂč elle amorçait un second crochet de quelques degrĂ©s vers la droite en direction de la partie la plus aride du dĂ©sert, il y avait un petit bĂątiment.
CâĂ©tait peut-ĂȘtre une station-service. Benjamin Tardif se rappelait lâavertissement de celle de Juniorâs Last Run, qui laissait presque entendre quâil en existait une autre sur cette route, mais que celle-lĂ nâĂ©tait pas ouverte tout le temps.
Il remit le moteur en marche et arriva rapidement au premier virage de la route.
Un tout petit chemin de sable, quasiment invisible dans le sable environnant parce quâĂ peine plus pĂąle, sâouvrait au milieu des buissons, vers la mer. Pas la moindre afïŹche « PrivĂ© » ou « DĂ©fense dâentrer ». Pas mĂȘme lâĂ©nigmatique avis Posted que les initiĂ©s savent interprĂ©ter comme « DĂ©fense de passer â et surtout de chasser ».
Il faisait chaud. Horriblement chaud, mĂȘme en roulant toutes vitres baissĂ©es. Sans doute ce chemin conduisait-il Ă lâune des plages
aperçues de lĂ -haut ? Il Ă©tait dĂ©jĂ deux heures de lâaprĂšs-midi. Le sel de lâeau de mer sur la peau de Benjamin Tardif ne pourrait lâembĂȘter longtemps, puisquâil projetait dâarrĂȘter dans un camping public que lui promettait la carte, Ă Badernia, prĂšs de la frontiĂšre mexicaine.
Le Westfalia sâengagea donc dans le petit chemin au centre duquel quelques touffes dâherbe poussaient pĂ©niblement.
Benjamin Tardif avançait prudemment. Ă gauche du chemin, deux carcasses de vieilles Chevrolet achevaient de rouiller. Il roula quelques instants encore, les arbustes lâempĂȘchant de voir oĂč il allait. Et soudain la mer sâouvrit devant lui.
Il avait dĂ©jĂ vu de belles plages depuis trois mois quâil Ă©tait parti de MontrĂ©al. Mais jamais une comme celle-lĂ .
Imaginez une petite baie enfoncĂ©e entre deux pointes rocailleuses, dans une mer bleu turquoise, dont les vagues viennent doucement mourir sur du sable blanc, poudreux comme de la neige. Surtout, cette plage prĂ©sentait un avantage quâil nâavait trouvĂ© sur aucune des plages quâil avait frĂ©quentĂ©es jusque-lĂ : il nây avait personne. Pas le ventre dâun AmĂ©ricain, pas la cuisse dâune AmĂ©ricaine, pas un seul parasol ni le moindre cerf-volant, pas de canne Ă pĂȘche, pas de chaise pliante, pas de glaciĂšre, pas de radio, pas mĂȘme un chien. Rien. La plage Ă©tait Ă lui tout seul. Il nâavait quâĂ se lâapproprier sâil le dĂ©sirait. Il roula tout doucement jusquâaux derniers buissons, car il savait que le sable du bord de la mer est parfois traĂźtre et quâil risquait dâattendre du secours longtemps sâil sâenlisait en ce coin perdu.
Il descendit, ïŹt le tour du vĂ©hicule, tira la porte coulissante, tendit la main vers le sac de toile oĂč il gardait son maillot de bain, sa serviette et sa crĂšme solaire. Mais il interrompit son geste, examina la plage derriĂšre lui. Il nây avait vraiment personne. EnïŹn lâoccasion rĂȘvĂ©e de se baigner tout nu chez ces puritains dâAmĂ©ricains pour lesquels un sein nu mĂ©rite un sĂ©jour en prison, et un pĂ©nis au soleil sans doute lâĂ©masculation dĂ©ïŹnitive.
3. Selon le sens de la phrase dans laquelle le mot puritains est utilisé, trouve : a) un synonyme à ce mot ; b) un antonyme à ce mot.
Il se dĂ©shabilla, laissa ses vĂȘtements sur la banquette arriĂšre, et marcha vers lâeau.
Celle-ci nâĂ©tait pas froide du tout. Ni chaude non plus, comme il le redoutait encore plus. Elle Ă©tait tout juste un peu rafraĂźchissante, et toute la chaleur que son corps avait accumulĂ©e en cette journĂ©e disparut en un instant. Il plongea dans la premiĂšre lame qui roula vers lui, Ă©mergea de lâautre cĂŽtĂ© en secouant les cheveux, plongea encore, ïŹt quelques longueurs de crawl, laissa son corps se redresser Ă la verticale. Il touchait tout juste le fond. Il valait mieux ne pas aller plus loin, au cas oĂč il y aurait des courants contraires.
Il allait retourner vers la plage lorsquâil entendit le roulement familier de la porte coulissante du Westfalia qui se refermait.
Il eut tout juste le temps de voir une silhouette sur le siĂšge du conducteur. Une vague lui donna une poussĂ©e vers le rivage. Il sâefforça de se remettre debout, dâavancer rapidement dans lâeau qui sâopposait Ă son corps.
Le Westfalia partit Ă vive allure en soulevant un nuage de poussiĂšre et disparut derriĂšre les buissons bien avant que Benjamin Tardif nâait atteint la plage.
Il se mit à courir dans le chemin sablonneux à travers le nuage de poussiÚre laissé par le véhicule. Puis le nuage se dissipa. Quand il arriva à la grand-route, il ne restait plus de son Westfalia que des empreintes de pneus dans le sable, qui pointaient vers la gauche.
Il resta debout au bord de la route jusquâĂ ce que le petit point rose du Westfalia sur la route noire ne soit plus que le fruit de son imagination.
Et il se rendit compte quâil Ă©tait debout tout nu sur le bord dâune route. Il venait de voir disparaĂźtre Ă lâhorizon non seulement son vĂ©hicule, mais encore ses bagages, ses vĂȘtements, son matĂ©riel de camping, ses cartes de crĂ©dit, son passeport et son argent.
Il sâĂ©tait efforcĂ© dâimaginer toutes les mĂ©saventures qui pourraient sâabattre sur lui pendant son voyage et avait cherchĂ© Ă sâen prĂ©munir. Mais celle-ci Ă©tait totalement inattendue et beaucoup plus catastrophique. Il Ă©tait en quelque sorte naufragĂ©, comme Robinson CrusoĂ©, Ă la diffĂ©rence que celui-ci avait rĂ©cupĂ©rĂ© quelques biens du naufrage de son navire, tandis que lui nâavait rien. Il Ă©tait nu comme lâenfant qui vient de naĂźtre, sur une route dĂ©serte oĂč il nâavait rencontrĂ© personne â Ă lâexception de son voleur â depuis quâil avait traversĂ© Juniorâs Last Run.
Le soleil lui tapait sur la tĂȘte, au point quâil sentait le sang lui battre dans les tempes. Il alla sâasseoir Ă lâombre dâun arbuste pour rĂ©ïŹĂ©chir Ă la situation.
Il aurait pu rester lĂ Ă attendre le passage dâune voiture ou dâun camion. Mais sâarrĂȘterait-on pour un homme nu gesticulant au bord de la route ? La veille, il avait vu un homme arrĂȘter sa camionnette sur le bord dâune route semblable, sortir une carabine et tirer plusieurs fois en direction du dĂ©sert. Benjamin Tardif, qui lâavait suivi de loin, avait ralenti et vu une boule de fourrure â un coyote, sans doute â rouler plusieurs tours sur elle-mĂȘme avant de sâimmobiliser. Et lâhomme Ă©tait reparti en laissant lâanimal quâil venait de tuer.
Le propriĂ©taire de la prochaine camionnette qui passerait par lĂ nâen profi terait-il pas pour sâexercer Ă la chasse au coyote sur un hurluberlu tout nu ?
4. Trouve le mot qui ne convient pas au sens du mot hurluberlu : Ă©tourdi â original â dĂ©sespĂ©rĂ©.
Bref, Benjamin Tardif nâĂ©tait pas seulement naufragĂ© : il risquait de devenir gibier sâil se montrait. Et dĂšs quâil aperçut un petit point rouge qui descendait du Hilltop of the World, il prĂ©fĂ©ra se terrer derriĂšre les buissons.
CâĂ©tait effectivement une camionnette. Et elle avait une carabine Ă lunette accrochĂ©e Ă un support Ă lâarriĂšre de la cabine. Elle passa sans ralentir et Benjamin poussa un soupir de soulagement.
Il songea Ă marcher loin de la route, en se cachant de buisson en buisson, jusquâĂ la station-service quâil avait cru apercevoir au sud. Peut-ĂȘtre, si ce nâĂ©tait quâune maison abandonnĂ©e, y trouverait-il de vieux vĂȘtements ? Mais les buissons Ă©taient rares le long de la route et il devrait marcher de longs moments loin de tout abri. Un camionneur armĂ© surgissant alors pourrait facilement le prendre en chasse.
Inutile, aussi, de faire demi-tour : il nây avait pas Ăąme qui vive Ă au moins cinquante kilomĂštres derriĂšre lui. Et les premiers kilomĂštres seraient particuliĂšrement pĂ©nibles, en plein soleil, dans la longue cĂŽte.
Que ferais-tu Ă la place de Benjamin ?
Il ne lui restait plus quâune possibilitĂ© : passer par la mer, en marchant sur la plage ou en pataugeant dans lâeau jusquâĂ la premiĂšre maison â il y en avait peut-ĂȘtre parmi les arbres le long de la mer, car lâendroit lui semblait trop beau pour quâil nây en ait pas. Il pourrait sâen approcher sufïŹsamment pour sâexpliquer avant que son propriĂ©taire nâait le loisir de dĂ©crocher sa carabine.
Ce plan lui sembla aussi alĂ©atoire que le premier, mais il avait lâavantage de lui permettre de retourner dans lâeau et dâĂ©viter les coups de soleil.
5. Un plan aléatoire est-il hasardeux ou gagnant ?
Il reprit donc le petit chemin qui lâavait dâabord menĂ© Ă la baie paisible et se replongea dans lâeau avec dĂ©lices. Elle paraissait encore plus parfaitement rafraĂźchissante que quelques minutes plus tĂŽt. Et le premier quart dâheure quâil passa Ă marcher dans la mer le rassura sur la sagesse de son plan. Le sable, jusquâĂ la sortie de lâanse, Ă©tait doux, et lâeau assez limpide pour lui permettre
6. Trouve dans le paragraphe un adjectif qui dĂ©crit pourquoi lâeau procure des dĂ©lices Ă Benjamin.
dâĂ©viter les rares cailloux et les morceaux de coquillages. PassĂ© ce point, le littoral Ă©tait toutefois bloquĂ© par des rochers qui sâavançaient dans lâeau. Benjamin Tardif Ă©tait bon nageur, mais il hĂ©sita avant de se lancer tĂȘte premiĂšre dans les ïŹots pour contourner les rochers. Il se mĂ©ïŹait des courants, qui pourraient lâentraĂźner vers le large ou, au contraire, le pousser violemment contre les rochers. Mais il nâavait plus le choix. Il se mit donc Ă nager doucement, dâune brasse tranquille, et constata avec satisfaction que le courant le poussait vers le sud, sans lâĂ©loigner du rivage. Il nagea ainsi, ou plutĂŽt se laissa emporter par la mer, jusquâaprĂšs la pointe rocheuse, puis se retrouva dans une autre baie, plus petite que la premiĂšre mais presque aussi belle. Il sâapprocha de la plage, resta assis dans lâeau quelques minutes pour reprendre son soufïŹe.
Le soleil commençait Ă baisser Ă lâhorizon, et il rĂ©solut dâattendre que lâobscuritĂ© soit plus totale. Dâune part, les lumiĂšres des habitations, sâil y en avait sur ce rivage, seraient bientĂŽt plus aisĂ©ment visibles et il risquerait moins de passer Ă cĂŽtĂ© de lâune dâelles sans la voir. Dâautre part, lâobscuritĂ© lui permettrait de sâen approcher sans ĂȘtre vu et de crier : « Excusez-moi, je suis un Ă©tranger. Je me suis fait voler ma voiture et tous mes effets personnels. Pour lâamour de Dieu, aidez-moi. »
Il rĂ©pĂ©ta ce discours Ă haute voix, dans son meilleur anglais. Il Ă©tait particuliĂšrement ïŹer de son « pour lâamour de Dieu » (for Godâs sake ) qui lui semblait judicieusement choisi pour toucher ces gens gĂ©nĂ©ralement aussi portĂ©s sur la religion que sur les armes Ă feu.
Quâest-ce qui nous fait penser, assez rapidement dans le texte, que le personnage maĂźtrise la langue en usage au Texas ?
Pour quelle raison le personnage voyage-t-il ?
Combien de temps lâhistoire racontĂ©e dure-t-elle ?
Que pense Benjamin Tardif du nom Hilltop of the World donnĂ© au lieu oĂč il sâarrĂȘte ? Pourquoi ?
Aux lignes 9 à 46, relÚve quatre passages qui révÚlent que Benjamin Tardif se trouve dans une région peu habitée.
a) Dans la troisiÚme partie du texte (lignes 105 à 136), à quel élément perturbateur Benjamin Tardif doit-il faire face ?
b) Donne les deux principales consĂ©quences de cet Ă©vĂ©nement. c) RelĂšve lâĂ©numĂ©ration qui rĂ©vĂšle les autres inconvĂ©nients causĂ©s par cet Ă©vĂ©nement.
Dans la partie suivante du texte (lignes 137 à 176), Benjamin Tardif évoque quatre façons possibles de se sortir de ce mauvais pas.
a) Quelles sont ces quatre possibilités ?
b) Pourquoi rejette-t-il chacune des trois premiÚres possibilités ?
Quels sont les trois dangers auxquels Benjamin Tardif aurait pu faire face pendant son dĂ©placement dans lâeau de la baie (lignes 177 Ă 230) ?
Dans sa description, quelles caractéristiques Benjamin Tardif attribue-t-il à la maison ? Nommes-en cinq.
Ă lâaide de quelques mots-clĂ©s, dĂ©cris lâattitude de la dame Ă lâĂ©gard de Benjamin dans le texte des lignes 266 Ă 379.
Quel passage du texte as-tu trouvé le plus comique ? Pourquoi ?
a) Comment se termine lâaventure de Benjamin Tardif ?
b) Imagine ce qui pourrait se passer aprĂšs le dernier Ă©pisode racontĂ© par lâauteur.
c) Cet extrait tâa-t-il donnĂ© envie de lire le roman ? JustiïŹe ta rĂ©ponse.
Une
Sans avoir jamais fréquenté une école artistique, Sempé est devenu un célÚbre dessinateur. En 1959, il rencontre René Goscinny et ils créent la bande dessinée
Le petit Nicolas pour le journal Le Moustique. SempĂ© dessine et Goscinny Ă©crit les textes dans lesquels ils racontent leurs souvenirs dâenfance. Ă partir de 1960, la revue Pilote publie les aventures du petit Nicolas sous forme de romans.
Du mĂȘme auteurâŠ
Le petit Nicolas (26 albums) traduits dans le monde entier
Le petit Nicolas (2010)
Ăcrivain, humoriste et scĂ©nariste de bande dessinĂ©e, RenĂ© Goscinny est surtout connu pour les albums dâAstĂ©rix. Il commence Ă dessiner trĂšs tĂŽt, inspirĂ© par les histoires illustrĂ©es quâil adore lire. Câest sous le pseudonyme dâAgostini, que Goscinny Ă©crit Le petit Nicolas.
Du mĂȘme auteurâŠ
Les albums AstĂ©rix avec lâillustrateur Uderzo
Les albums Iznogoud avec lâillustrateur Tabary
Astérix le Gaulois (1967)
Astérix et Obélix contre César (1999)
Astérix aux Jeux olympiques (2008)
MĂ©mĂ©,mais chez elle il nây a pas de plage,et Ă la ïŹn on va oĂč veut Mamance
lâautre, câest rappelle pas,disputent en met Ă aller pleure MĂ©mĂ©, Mamanplage, et
Le petit Nicolas est un personnage enfant qui a diverti un grand nombre de lecteurs Ă travers la francophonie. Ce qui plaĂźt tant dans les livres de SempĂ© et de Goscinny, câest cette narration, assurĂ©e par le personnage principal, qui nous livre sa vision du monde, empreinte de candeur et dâhumour.
La vie est belle pour le petit Nicolas, qui a six ou sept ans. Un rien lâamuse. MĂȘme sâil est un peu turbulent, il apparaĂźt plutĂŽt sympathique. Ses peines dâenfant ne sont jamais trĂšs graves. Nicolas observe certains comportements ridicules des grands. En lisant les aventures du jeune personnage, les lecteurs adolescents ou adultes vivent une certaine nostalgie de cet Ăąge de lâinnocence.
Dans le roman Les vacances du petit Nicolas, les auteurs ont pris le congĂ© estival comme prĂ©texte pour camper de courtes histoires cocasses. Dans lâextrait suivant, tirĂ© du dĂ©but du livre, on raconte comment la famille de Nicolas a choisi sa destination.
dans ma valise
AprÚs avoir lu les textes des pages précédentes, réponds aux questions suivantes.
Nomme dâautres Ćuvres (livres, ïŹlms, etc.) mettant en scĂšne des enfants.
Selon toi, quels effets les narrateurs enfants produisent-ils sur les lecteurs ?
Tu connais sĂ»rement les histoires dâAstĂ©rix, une sĂ©rie de bandes dessinĂ©es trĂšs connue scĂ©narisĂ©e par Goscinny. Que penses-tu de ces Ćuvres ?
Dans lâextrait, la famille du petit Nicolas sâapprĂȘte Ă choisir une destination pour les vacances, mais y arrive difïŹcilement. Selon toi, pourquoi une telle dĂ©cision est-elle si difïŹcile Ă prendre dans une famille ?
Dans lâĂ propos, on dit que Les vacances du petit Nicolas prĂ©sente des histoires cocasses qui se sont dĂ©roulĂ©es pendant un congĂ© estival. Raconte une aventure amusante que tu as dĂ©jĂ vĂ©cue pendant tes vacances.
Et chez Nicolas, le choix de lâendroit oĂč lâon va passer ces vacances nâest pas un problĂšme, carâŠ
Câest papa qui dĂ©cide Tous les ans, câest-Ă -dire le dernier et lâautre, parce quâavant câest trop vieux et je ne me rappelle pas, Papa et Maman se disputent beaucoup pour savoir oĂč aller en vacances, et puis Maman se met Ă pleurer et elle dit quâelle va aller chez sa maman, et moi je pleure aussi parce que jâaime bien MĂ©mĂ©, mais chez elle il nây a pas de plage, et Ă la fin on va oĂč veut Maman et ce nâest pas chez MĂ©mĂ©.
Hier, aprĂšs le dĂźner, Papa nous a regardĂ©s, lâair fĂąchĂ© et il a dit :
â Ăcoutez-moi bien ! Cette annĂ©e, je ne veux pas de discussions, câest moi qui dĂ©cide ! Nous irons dans le Midi1. Jâai lâadresse dâune villa Ă louer Ă Plage-les-Pins. Trois piĂšces, eau courante, Ă©lectricitĂ©. Je ne veux rien savoir pour aller Ă lâhĂŽtel et manger de la nourriture minable.
â Eh bien, mon chĂ©ri, a dit Maman, ça me paraĂźt une trĂšs bonne idĂ©e.
â Chic ! jâai dit et je me suis mis Ă courir autour de la table parce que quand on est content, câest dur de rester assis.
Papa, il a ouvert des grands yeux, comme il fait quand il est étonné, et il a dit : « Ah ? Bon. »
Pendant que Maman dĂ©barrassait la table, Papa est allĂ© chercher son masque de pĂȘche sous-marine dans le placard.
â Tu vas voir, Nicolas, mâa dit Papa, nous allons faire des parties de pĂȘche terribles, tous les deux.
Moi, ça mâa fait un peu peur, parce que je ne sais pas encore trĂšs bien nager ; si on me met bien sur lâeau je fais la planche, mais Papa mâa dit de ne pas mâinquiĂ©ter, quâil allait mâapprendre Ă nager et quâil avait Ă©tĂ© champion interrĂ©gional de nage libre quand il Ă©tait plus jeune, et quâil pourrait encore battre des records sâil avait le temps de sâentraĂźner.
1 Région du Sud de la France.
Sempé
â Papa va mâapprendre Ă faire de la pĂȘche sous-marine ! jâai dit Ă Maman quand elle est revenue de la cuisine.
â Câest trĂšs bien, mon chĂ©ri, mâa rĂ©pondu Maman, bien quâen MĂ©diterranĂ©e il paraĂźt quâil nây a plus beaucoup de poissons. Il y a trop de pĂȘcheurs.
â Câest pas vrai ! a dit Papa ; mais Maman lui a demandĂ© de ne pas la contredire devant le petit et que si elle
disait ça, câest parce quâelle lâavait lu dans un journal ; et puis elle sâest mise Ă son tricot, un tricot quâelle a commencĂ© ça fait des tas de jours.
â Mais alors, jâai dit Ă Papa, on va avoir lâair de deux guignols sous lâeau, sâil nây a pas de poissons !
Papa est allĂ© remettre le masque dans le placard sans rien dire. Moi, jâĂ©tais pas tellement content : câest vrai, chaque fois quâon va Ă la pĂȘche avec Papa câest la mĂȘme chose, on ne ramĂšne rien. Papa est revenu et il a pris son journal.
â Et alors, jâai dit, des poissons pour la pĂȘche sous-marine, il y en a oĂč ?
â Demande Ă ta mĂšre, mâa rĂ©pondu Papa, câest une experte.
â Il y en a dans lâAtlantique, mon chĂ©ri, mâa dit Maman.
Moi, jâai demandĂ© si lâAtlantique câĂ©tait loin de lĂ oĂč nous allions, mais Papa mâa dit que si jâĂ©tudiais un peu mieux Ă lâĂ©cole, je ne poserais pas de questions comme ça et ce nâest pas trĂšs juste, parce quâĂ lâĂ©cole on nâa pas de classes de pĂȘche sousmarine ; mais je nâai rien dit, jâai vu que Papa nâavait pas trop envie de parler.
â Il faudra faire la liste des choses Ă emporter, a dit Maman.
â Ah ! non ! a criĂ© Papa. Cette annĂ©e, nous nâallons pas partir dĂ©guisĂ©s en camion de dĂ©mĂ©nagement. Des slips de bain, des shorts, des vĂȘtements simples, quelques lainagesâŠ
2. Trouve le sens qui convient au mot guignol
vos valises ! Avec ce recueil de dix rĂ©cits de voyage, vous ferez le tour de la planĂšte. Le Cambodge, la Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, lâAngleterre, la France, les Ătats-Unis⊠En voiture, en bateau, Ă pied, Ă dos dâĂ©lĂ©phant⊠Vous ne vous ennuierez pas ! Dans cet ouvrage de la collection Une foule dâhistoires, vous suivrez lâitinĂ©raire de femmes et dâhommes qui ne tiennent pas en place. Quâils soient rĂ©els ou fictifs, ce sont de vrais voyageurs. Des textes signĂ©s par Christophe Colomb, Jean Lemire, Bruno Blanchet, Kim ThĂșy, François Barcelo et bien dâautres.
Chaque texte est accompagnĂ© dâune contextualisation historique et gĂ©ographique, ainsi que dâune sĂ©rie dâactivitĂ©s pour mieux apprĂ©cier votre lecture.
Les composantes de la collection
Recueil de textes pour lâĂ©lĂšve Recueil de textes pour lâĂ©lĂšve (version numĂ©rique)
Corrigé incluant le recueil de textes Corrigé incluant le recueil de textes (version numérique)