Curiosités géologiques de l'Aunis et de la Saintonge

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GUIDE

Échelle des temps géologiques

dunes de la Côte Sauvage, les marais salants de l’île de Ré ou encore les coraux fossiles de la pointe du Chay… Si l’on connaît ces pay-

sages, on ignore souvent qu’ils nous racontent une histoire vieille de plusieurs centaines de millions d’années : l’histoire géologique. En Aunis et Saintonge, celle-ci est indissociable de celle du bassin d’Aquitaine. À travers vingt et un sites remarquables, découvrez la géodiversité à l’origine des magnifiques paysages du pays de fort Boyard. Pour parfaire ce tour d’horizon géologique, un aperçu de l’incroyable biodiversité, fruit de la rencontre entre la terre et la mer, vous est proposé.

l’Aunis et de la Saintonge

Gironde, les conches de la Côte de Beauté, les

CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES DE

L

es falaises crayeuses de l’estuaire de la

• Nicolas Charles Docteur en géologie et géologue au BRGM, Nicolas Charles possède des compétences dans les domaines de la tectonique et des ressources minérales. Il s’est notamment consacré à l’étude du massif hercynien de la Montagne Noire dans le sud de la France, puis à la tectonique extensive de la fin du Mésozoïque en Chine. Il a aussi étudié la formation des minéralisations à zinc dans le Haut-Atlas marocain. C’est avec grand plaisir qu’il nous fait découvrir le patrimoine géologique de l’Aunis et de la Saintonge, une région faite de contrastes et de couleurs qui lui est si familière.

Dans la même collection : Curiosités géologiques du Trégor et du Goëlo Curiosités géologiques de la Presqu’île de Crozon Curiosités géologiques du Pays bigouden

CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES de

et de la

l’Aunis Saintonge

Également disponible aux éditions du BRGM : Curiosités géologiques de Mayotte Curiosités géologiques de la Guadeloupe À paraître : Curiosités géologiques du littoral vendéen Curiosités géologiques des calanques de Marseille à La Ciotat Curiosités géologiques de la Polynésie

Nicolas Charles

21 sites géologiques remarquables 19 € ISBN 978-2-84398-408-2


« Au vent des souvenirs, ce soir j’ai fait un rêve Et j’ai vu refleurir sortant d’un vieux coffret En une heure charmante autant qu’elle fut brève Le rappel d’un passé que mon pays m’offrait. Et j’ai vu défiler ainsi que dans un songe, Les yeux à demi clos pour voir avec le cœur Ce pays merveilleux qu’on nomme la Saintonge Gâté par la nature et combien séducteur. » Extrait de « Bonjour Saintonge » (1942), poème de MarcHenri Evariste POITEVIN dit « Goulebenèze » (1877-1952).

Remerciements : Raymonne Bougnaud, Clément Charles, Jean-Yves Charles, Didier Gélinaud, Béatrice Moreau, Bernadette Moreau, Lucien Moreau, Marc Nonclercq.

Crédits iconographiques : Toutes les photos, illustrations et schémas sont de Nicolas Charles et du BRGM sauf Claude Chastillon : p. 61 (bas) / Michel Le Collen : p. 64 (haut) / Jacques Descloitres (MODIS Rapid Response Team, NASA/GSFC) : p. 33 (bas) / Philippe Devanne : p. 68 (haut), 78 (haut) / Didier Gélinaud : p. 103 (bas, droite) / François Michel : p. 32, 34 (bas) / Béatrice Moreau : p. 27, 28, 93 (bas) / Nasko (Fotolia) : p. 81 / Marc Nonclercq : p. 34 / Vincent Perrichot : p. 87 (bas) / Le Toit à Vaches : p. 20, 21 / Tassin : p. 72 (bas). Les sites remarquables décrits dans ce guide ne constituent pas une liste exhaustive. L’auteur a sélectionné ceux qui illustrent le mieux la diversité des phénomènes et des formations géologiques en présence dans la région de l’Aunis et de la Saintonge, et dont l’expression dans le paysage suscite la curiosité. Les erreurs ou omissions involontaires qui auraient pu subsister dans ce guide malgré les soins et les contrôles de l’équipe de rédaction ne sauraient engager la responsabilité des éditeurs. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation, sous quelque forme que ce soit, même partielle, réservés pour tous pays. Édition : Anaïs Billaud, André Crenn (responsable Éditions Apogée), Élisabeth Collet (BRGM Éditions), Frédéric Simien (responsable BRGM Éditions) En couverture : Falaises du Maastrichtien et carrelets de Meschers-sur-Gironde.

© Éditions Apogée, 2012 11 rue du Noyer 35000 Rennes www.editions-apogee.com ISBN 978-2-84398-408-2

© BRGM Éditions, 2012 3 avenue Claude-Guillemin B.P. 36009 45060 Orléans Cedex 2 www.brgm.fr/editions.jsp ISSN : 2110-0381 ISBN 978-2-7159-2529-8


CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES de

et de la

l’Aunis Saintonge Nicolas Charles

BRGM Éditions Éditions Apogée


Ars-en-Ré, au détour d’une ruelle.


Avant-propos L’ Aunis et la Saintonge sont les anciennes provinces qui constituent aujourd’hui le département de la Charente-Maritime. L’ Aunis, « pays des aulnes » dont la capitale fut Castrum Allionis (Châtelaillon), et la Saintonge, ancien territoire de la tribu gauloise des Santones, se situent au nord du bassin d’ Aquitaine. Ces provinces sont réputées pour leurs îles ensoleillées (Ré « la blanche » et Oléron « la lumineuse ») et un littoral contrasté alternant entre les plages très prisées des estivants, les falaises blanches auxquelles s’adossent les célèbres carrelets ainsi que les marais atlantiques abritant une remarquable biodiversité. Bénéficiant d’une situation géographique privilégiée où terre et mer se côtoient et du taux d’ensoleillement le plus élevé après les régions méditerranéennes, il n’est pas étonnant que l’Aunis et la Saintonge soient la deuxième destination touristique de France. Éclairés par une lumière si particulière, les paysages du bord de mer succèdent aux plaines, aux vignes et aux vallons de l’arrière-pays qui laissent éclater une mosaïque de couleurs unique. Si l’incroyable richesse du patrimoine culturel et biologique de cette région est appréciée de tous, le patrimoine géologique de l’Aunis et de la Saintonge demeure méconnu. Et pourtant, c’est bien la nature du sous-sol qui, au cours d’une évolution géologique de plusieurs centaines de millions d’années, a façonné les paysages actuels et créé les richesses exploitées par l’homme. La géodiversité témoigne de l’histoire de notre planète et son importance dans la vie quotidienne est bien trop souvent négligée voire oubliée. Malgré cela, quel promeneur ne s’est pas un jour interrogé à la vue des grottes des falaises de Meschers-sur-Gironde, de la forme particulière des conches sableuses des Nonnes ou de Royan, du pont du Diable à Saint-Palais, du fonctionnement d’un marais salant, du port de Brouage perdu au milieu des marais, de la flèche sableuse de la Coubre ou bien encore, des coraux fossiles de la pointe du Chay ? Autant de sites qui font partie intégrante du patrimoine géologique de l’Aunis et de la Saintonge. Pour pouvoir apprécier ce patrimoine géologique, il est essentiel d’en comprendre les origines. Ainsi, de par son approche naturaliste et pédagogique, ce guide vous invite de site en site, à observer et à comprendre les paysages qui vous entourent, au gré de promenades en famille ou entre amis. Partez à la découverte de ce bout de terre dont l’histoire géologique entièrement sédimentaire reste indissociable de celle du bassin d’ Aquitaine. Bon voyage au cœur de l’Aunis et de la Saintonge, à la découverte d’une géodiversité méconnue mais non moins fascinante ! 7


Sommaire • Préface • Avant-propos • Sommaire • Un patrimoine à préserver • Les roches sédimentaires : archives du passé • L’histoire géologique du bassin d’Aquitaine • Des pierres et des hommes

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• Les sites géologiques remarquables N° 1 • Les falaises mortes de Mortagne-sur-Gironde

50 N° 2 • Le site gallo-romain du Fâ 52 N° 3 • Les falaises de craie de Talmont-sur-Gironde 54 N° 4 • Les grottes de Meschers-sur-Gironde 56 N° 5 • La conche des Nonnes 58 N° 6 • L’îlot rocheux de Cordouan 60 N° 7 • La discordance du pont du Diable 62 N° 8 • La flèche sableuse de la pointe de la Coubre 64 N° 9 • Le cordon dunaire de la pointe Espagnole 66 N° 10 • L’estuaire de la Seudre 68 N° 11 • Les sables de la Gripperie-Saint-Symphorien 70 N° 12 • Le marais de Hiers-Brouage 72 N° 13 • Les falaises de la pointe de Chassiron 74 N° 14 • La faille de Port-des-Barques 76 N° 15 • L’île Madame et la passe aux Bœufs 78 N° 16 • Les coraux fossiles de la pointe du Chay 80 N° 17 • Les marais salants de l’île de Ré 82

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N° 18 • La plage de Trousse-Chemise N° 19 • L’ambre fossile d’ Archingeay N° 20 • Les carrières de pierre de Crazannes N° 21 • Le Coniacien de Saint-Césaire : la vallée du Coran

• Un aperçu de la biodiversité de l’Aunis et de la Saintonge • Annexes • Lexique • Pour en savoir plus

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Les bords de la Charente à Saint-Savinien.


par l’apport de galets, sables et argiles issus de l’érosion intense des Massifs central et armoricain. Au centre de ces dépressions topographiques, les eaux se

concentrent et forment des lacs sursaturés en éléments dissous qui vont précipiter pour former des évaporites (ex. sel, gypse). C’est alors le paysage d’une

vaste pénéplaine* qui s’offre à nous, s’apprêtant à accueillir les eaux d’un océan naissant.

• L’océan pour tout horizon (entre -200 et -140 Ma) Dès le Jurassique inférieur, la mer arrive par l’est et le sud. Elle envahit progressivement le continent et voit s’installer un régime marin franc. La mer recouvre entièrement les Charentes, l’Aquitaine, ainsi que le Périgord, le Quercy et la HauteGaronne. La hauteur d’eau atteint son maximum au Toarcien avec

le dépôt de marnes et de calcaires argileux à ammonites à l’échelle régionale. La transgression marine se poursuit au Jurassique moyen et les Bassins aquitain et parisien communiquent via le Seuil du Poitou. La sédimentation carbonatée de plate-forme entre l’Aalénien et le Bathonien marque une diminution de la profondeur

Les falaises calcaires du Jurassique moyen de la vallée du lot (Saint-Cirq-la-Popie, Lot).

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de la mer. Mais du Callovien jusqu’au Kimméridgien, la subsidence* du bassin d’ Aquitaine permet une sédimentation importante avec le dépôt de plus de 300 mètres de sédiments. Par ailleurs, au Kimméridgien, la France se situe au niveau des tropiques et certaines zones de hauts-fonds sont propices au développement de récifs coralliens [voir site n° 16]. C’est à la fin du Jurassique supérieur, au Tithonien, que s’amorce le retrait de la mer [voir site n° 13]. La régression s’accompagne de l’émersion de reliefs qui vont individualiser des zones à sédimentation confinée, telles que des lagunes dans lesquelles se déposeront des argiles gypseuses (faciès « Purbeckien »). Le gypse est d’ailleurs encore largement exploité près de Cognac, notamment pour la fabrication du plâtre et du ciment.


L’histoire géologique du bassin d’Aquitaine • Un continent en proie à l’érosion (entre -140 et -100 Ma)

Les sables continentaux du Crétacé inférieur (Cadeuil, Charente-Maritime).

Au Crétacé inférieur, la mer se retire totalement de l’Aunis et de la Saintonge, laissant le continent en proie à une forte érosion liée à un climat tropical, chaud et humide. De nombreux fleuves incisent le continent formant de larges deltas aériens associés

à des zones marécageuses où se déposent des galets, des sables et des argiles [voir sites n° 11 et 19]. La mer reste cantonnée au sud du bassin d’ Aquitaine, notamment au niveau des bassins de Parentis et d’  AdourMirande. Des sables

argileux, des carbonates de plate-forme et des marnes s’y déposent. C’est dans ces formations sédimentaires que se trouvent les principaux gisements d’hydrocarbures français (ex. Lacq et Parentis). Dans le même temps, le golfe de Gascogne commence à s’ouvrir. Sa formation est liée au début de la rotation de l’Ibérie, alors face à l’actuelle côte atlantique, par rapport au continent européen. Cette rotation dans le sens inverse des aiguilles d’une montre marque le contrecoup de l’ouverture de l’océan Atlantique situé plus à l’ouest.

• Le grand retour de la mer (entre -100 Ma et -65 Ma) Après une longue période d’émersion, la mer revient au Crétacé supérieur à partir des régions qu’elle occupait au Crétacé inférieur. En bordure du Massif central, l’érosion alimente une sédimentation sablo-argileuse. Le bassin d’  Aquitaine communique largement avec le bassin de Paris via le seuil du Poitou. Au Cénomanien, cette transgression se

manifeste par le dépôt de sédiments détritiques (sables, argiles à lignite ; voir site n° 19) auxquels succèdent des dépôts carbonatés à rudistes puis des calcaires à ammonites [voir site n° 15], témoignant de l’installation progressive d’une plateforme récifale au nord du bassin d’ Aquitaine. Ce régime se poursuit au Turonien avec le dépôt de calcaires et

de marnes à huîtres et ammonites puis de calcaires à rudistes [voir sites n° 14 et 20]. Faisant suite à un faible recul de la mer, une transgression dépose des grès carbonatés puis des calcaires au Coniacien [voir site n° 21]. Du Santonien au Maastrichtien, la mer demeure présente dans tout le bassin d’ Aquitaine et dépose au nord du bassin, de puissantes 29


• Des matériaux mis à profit par l’homme

Carrière de granulats dans le calcaire du Coniacien (Grézac).

Depuis l’époque préhistorique, l’homme n’a eu de cesse d’extraire les richesses du sous-sol régional dont il a su tirer profit. Du simple silex taillé pour la confection d’outils rudimentaires aux granulats pour les routes, en passant par les pierres de taille pour la construction ou le gypse pour la fabrication du plâtre, la pierre occupe une place au quotidien. Plus largement, les ressources minérales sont à la base de l’approvisionnement de nos sociétés modernes et constituent donc un enjeu capital. L’église romane de Saint-Fort-sur-Gironde.

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Des pierres et des hommes

En Aunis et en Saintonge, les carrières de granulats sont implantées principalement dans les terrains calcaires du Coniacien, comme à Saint-Porchaire et Grézac. Les granulats sont issus de la roche extraite en carrière qui est ensuite broyée et dont les fragments serviront à la construction d’ouvrages dans les domaines du bâtiment ou du génie civil. Le gypse fut

également exploité en carrière dans les niveaux d’évaporites du célèbre faciès « Purbeckien »

dont le milieu de sédimentation était une mer épicontinentale. Le gypse, qui sert à la

Chapiteau des termes gallo-romains (Moulin du Fâ, Barzan).

Fort Boyard vu depuis la plage des Saumonards (Île d’Oléron).

Fort Louvois fortifié par Vauban, en pierre de Crazannes du Turonien (Bourcefranc-le-Chapus).

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sites géologiques remarquables

Les falaises de craie de Talmont-sur-Gironde

Île de Ré La Rochelle

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LesSaint-Jeanfalaises du Caillaud constituées d’un calcaire crayeux daté du Campanien supérieur. d'Angély

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Pour s’y rendre À partir de Royan, prendre la direction de Saint-Georgesde-Didonne puis de Meschers-surGironde. Poursuivre en direction de Talmont-surGironde en empruntant la route le long de l’estuaire. Les falaises crayeuses s’établissent le long de la côte entre Talmont et les lieuxdits du Caillaud et des Monards.

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es eaux turbides de l’estuaire aux pâturages verdoyants du plateau calcaire, s’opposent les falaises de craie blanche, offrant un paysage tout en contraste. Baignées par la mer, ces falaises vives, hautes d’une quinzaine de mètres, sont constituées d’un calcaire crayeux et de rares marnes sableuses fossilifères, datés du Campanien supérieur. L’étage Campanien (entre -84 et -71 Ma) est un stratotype du Crétacé supérieur défini dans la Champagne charentaise en 1857 par le géologue Henri Coquand.

Les falaises de craie du Pilou près des Monards.


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site n°

Des falaises blanches formées de fragments d’anciens êtres vivants

La slikke marine est une vasière avec un cordon coquillier marquant la transition entre les slikkes estuariennes et les plages marines (Talmont-sur-Gironde).

La craie est un calcaire blanc à jaunâtre à grain très fin, poreux, tendre et friable. Elle est constituée à plus de 90 % de carbonate de calcium (CaCO 3) et résulte de l’accumulation de fragments de tests qui sont des coquilles microscopiques appartenant à des végétaux unicellulaires, les Coccolithophoridés. L’ abondance de fossiles tels que les oursins, les rudistes, les huîtres et les bryozoaires témoigne de son origine marine sous une tranche d’eau relativement faible. Outre les falaises proches de Talmont, celles de

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Meschers-sur-Gironde [voir site n° 4] et de la conche des Nonnes [voir site n° 5] sont aussi datées du Campanien supérieur.

En remontant vers l’aval de l’estuaire, la baie du Dau située entre la presqu’île de Talmont et les falaises de Meschers est constituée d’une slikke recouverte sur le haut de l’estran* par un sable coquillier témoignant de l’influence marine liée à l’océan tout proche. Cette baie est une slikke marine qui marque la transition entre les slikkes estuariennes [voir site n° 1] et les plages marines [voir site n° 5].

Les traces de gélifraction (fracturation de la roche par l’alternance gel-dégel) et de pédogenèse (formation des sols) sur le haut de la falaise du Pilou.

À voir également

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Sur le haut des falaises, il est possible d’observer des traces de gélifraction*. L’alternance de périodes glaciaires et interglaciaires au cours des derniers milliers d’années a favorisé le délitement de la roche en surface. En outre, la culture des céréales et de la vigne sur ces plateaux calcaires bien exposés, est rendue possible grâce à l’existence de sols fertiles formés à partir de la roche calcaire au cours de la pédogenèse*. 55


sites géologiques remarquables

La conche des Nonnes

Île de Ré La Rochelle

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Île Madame

LaSaint-Jeanplage marine de la conche des Nonnes et les falaises crayeuses du Campanien supérieur. d'Angély

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Pour s’y rendre À partir de Royan, prendre la direction de Saint-Georgesde-Didonne puis de Meschers-surGironde. Sur la D25, suivre la direction « plage des Nonnes ». L’accès à la plage est très facile et peut se faire par un escalier ou par la route.

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es conches* (Nonnes, Vergnes, Suzac, Royan) forment des anses et constituent des plages parfois abritées au milieu des falaises, très prisées par les touristes en période estivale. Cette morphologie côtière si particulière est d’autant plus marquante vue d’avion. Les conches sont le produit d’une érosion des calcaires, selon une orientation guidée par les diaclases au sein de la roche. En outre, les plages se sont formées par le dépôt de sables fluviatiles auxquels se sont mélangés des sables d’origine marine.

Photographie aérienne montrant l’alignement des conches selon une direction NE-SO correspondant à des diaclases au sein des roches calcaires.


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site n° Des structures liées à l’érosion, entre fleuve et océan

Évolution horizontale des faciès intertidaux dans l’estuaire de la Gironde.

Pendant la formation des Pyrénées, les roches de la région se sont plissées (anticlinal de Jonzac et synclinal de Saintes) et fracturées selon des directions NOSE et NE-SO. Au Würm, les fleuves côtiers ont incisé le plateau calcaire en bordure d’estuaire selon des diaclases orientées NE-SO. Le front des falaises est, quant à lui, guidé par les diaclases orientées NO-SE. Les conches sont donc des formes d’érosion ouvertes sur l’estuaire qui, pour certaines, possèdent des marais en arrière, occupant d’anciennes vallées sèches isolées par les cordons sableux.

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À voir également

D’amont en aval, le long de la rive droite de l’estuaire se succèdent des slikkes estuariennes [voir site n°  1] puis marines [voir site n° 3] et des plages sableuses (les conches) près de l’embouchure. Cette évolution progressive est liée à l’action fluviatile dominée par les courants de

marée puis à l’action marine dominée par la houle. Le comblement des conches résulte du dépôt de sables fluviatiles, auxquels se sont mélangés des sables marins apportés à une époque où un courant de dérive était entretenu le long de la rive droite de l’estuaire.

La conche du Cadet.

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Située juste au sud-est de la conche des Nonnes, la petite conche du Cadet n’est accessible que par un escalier à flanc de falaise. Cette conche, ouverte sur l’estuaire, s’est formée au sein d’un calcaire crayeux daté du Campanien supérieur. Elle possède une petite plage de sable fin entourée de carrelets, le tout constituant un véritable paysage de carte postale. 59


sites géologiques remarquables

L’estuaire de la Seudre

Île de Ré La Rochelle

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Pour s’y rendre À partir de Saujon, prendre la direction de La Tremblade, le long de la D14. Le port de Ribérou (à Saujon), les communes de L’Eguille, Mornacsur-Seudre, Chaillevette et de La Tremblade constituent les sites les plus représentatifs de l’estuaire de la Seudre.

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a Seudre est un fleuve côtier prenant sa source près de Saint-Genis-de-Saintonge et débouchant sur un important estuaire entre Saujon et les communes de Marennes et de La Tremblade. L’estuaire de la Seudre et l’île d’Oléron constituent le bassin ostréicole d’appellation Marennes-Oléron. Les rives de l’estuaire sont constituées d’anciens marais salants aménagés dès le viie siècle, aujourd’hui abandonnés ou reconvertis en prés salés et en claires pour l’affinage des huîtres.

Les interactions entre eaux douce et salée : le coin salé et le bouchon vaseux.


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site n° À la rencontre des eaux douces et salées Un estuaire est l’embouchure d’un fleuve où les eaux douces et salées se rencontrent. Cette zone géographique si particulière est l’un des écosystèmes de la planète où la productivité biologique est la plus élevée. L’eau douce étant moins dense que l’eau de mer, celle-ci occupe la partie supérieure de la tranche d’eau. L’ eau de mer quant à elle, occupe le fond de l’estuaire et remonte le fleuve en réaction au débit de la couche d’eau douce évacuée vers l’aval, formant ainsi un biseau ou «  coin salé ». Les turbulences liées à la rencontre des eaux douces et salées, mettent en suspension des particules qui augmentent la turbidité des eaux de l’estuaire, créant un bouchon vaseux. Proche du coin salé et du bouchon vaseux, se trouvent la plupart des nutriments favorables à l’explosion de la vie dans l’estuaire.

Le phytoplancton s’y développe particulièrement et permet notamment l’affinage

des huîtres dans les claires situées dans l’estuaire.

Cabanes ostréicoles au bord d’un étier (Chaillevette).

Les claires sont des bassins permettant la croissance de l’huître.

Marais salant de Mornac-sur-Seudre.

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À voir également

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Entre les claires et les cabanes ostréicoles, la cité de l’Huître à Marennes vous permettra de découvrir le monde de l’ostréiculture. À Mornac-sur-Seudre, il est possible de visiter en saison l’un des deux derniers marais salants de l’estuaire de la Seudre. La visite permet de découvrir le quotidien du saunier et notamment, comment il extrait le sel de l’eau de mer. 69


découvertes par le jusant et portant le nom de slikke, attirent de nombreuses espèces d’oiseaux qui viennent s’y nourrir, notamment

des échassiers comme le héron cendré (Ardea cinerea) ou l’aigrette garzette (Egretta garzetta). La spartine (Spartina sp.) fixant la vase et exhaussant les fonds permet l’avancement des terres sur la mer. Plus haut sur les rives, le schorre est séparé de la slikke par un petit escarpement. Il est recouvert d’une végétation rase mais généralement dense où prolifèrent les plantes

halophiles, autrement dit les plantes qui aiment le sel. C’est notamment le domaine de la salicorne (Salicornia sp.), de l’obione (Obione portulacoides) et de la lavande de mer (Limonium vulgare) que l’on retrouve également dans les marais salants et les marais d’eau salée. L’iris est aussi visible dans les fossés proches des marais d’eau douce. Ces zones humides constituent un véritable écosystème où la cigogne blanche (Ciconia ciconia) a élu domicile, faisant de la Charente-Maritime l’un des départements français avec le plus de couples nicheurs, talonnant voire dépassant ceux d’Alsace. Les pâturages permettent l’élevage avec notamment les moutons de prés salés. Le marais de Brouage, classé grand site de France, abrite plus de cent cinquante espèces d’oiseaux et pourrait devenir le premier parc national de zone humide. De haut en bas : L’iris des marais ou flambe d’eau (Iris pseudacorus). La salicorne (Salicornia sp.). L’obione (Obione portulacoides).

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Un aperçu de la biodiversité de l’Aunis et de la Saintonge

De haut en bas et de gauche à droite : L'aigrette garzette (Egretta garzetta). Les huîtres de Marennes-Oléron. La cigogne blanche (Ciconia ciconia) La spartine (Spartina sp.) Le héron cendré (Ardea cinerea) Les moutons de près salés.

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