Bruxelles Culture 15 novembre 2018

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CINÉMA : LORO (SILVIO ET LES AUTRES) Comédie de Paolo Sorrentino, avec Toni Servillo, Elena Sofia Ricci et Ricardo Scarnaccio. France-Italie, 2018. Sortie le 31/10. Résumé – Décadent, polémique, vendeur d’appartements et chanteur rétro, il est tout sauf subtil. Il a construit un empire médiatique, gravi deux par deux les échelons de la politique italienne, et il a déclenché les scandales sur sa vie étalée dans les journaux. C’est le portrait de celui qu’on nomme Il Cavaliere, au moment où il perd le contrôle de son empire : sa femme, lassée de ses excès en tout genre, est sur le point de le quitter, ses amis l’abandonnent et les bimbos le déclarent « papy à la retraite », sentant bon la colle de son dentier. Le rideau tombe ainsi sur la carrière de Silvio Berlusconi. Commentaire – Un coup d’œil fascinant sur cet homme d’affaires italien, qui a défrayé la chronique pendant des décennies, et qui fut homme d’Etat au Conseil des ministres à Rome à plusieurs reprises. Accusé de fraude et de corruption, et intéressé par les bombasses aux formes plantureuses qui remplissent les journaux people. Silvio Berlusconi est interprété par Toni Servillo, l’acteur fétiche de Paolo Sorrentino qui nous livre ici son neuvième film avec ce « biopic », biographie romancée de la vie du politicien italien. La comédie est drôle et bien typée. Le personnage a un certain charisme, mêlé de bagou, qu’il distille sous ses yeux polissons, plissés à la façon d’un prince oriental, mais il n’échappe pas à ce que chacun pense en le voyant agir : il en a trop fait et trop dit derrière son visage refait à coup de liftings. Comme lorsqu’il se pique de reprendre son rôle de vendeur d’appartements pour se prouver qu’il est encore en forme, et qu’il peut convaincre la cliente dont il a cherché le nom dans l’annuaire. Ou lorsqu’il chante devant un parterre d’amis pour assurer sa voix de velours qui fait frétiller l’assistance. Toni Servillo vient du théâtre et il est passé au cinéma dans les années 90. Il a déjà tourné dans cinq films de Paolo Sorrentino, dont Il divo où il incarnait Giulio Andreotti, personnage clé de la politique italienne (son rôle fut d’ailleurs récusé par l’intéressé au Festival de Cannes en 2008). On l’a vu aussi dans Les Conséquences de l’amour (2004), où il jouait le rôle d’un homme d’affaires manipulé par la maffia. Il a obtenu le prix du meilleur acteur européen pour La grande belleza (2013), vie d’un mondain à Rome, se prélassant dans les fêtes, l’amour, le sexe et la mort. L’acteur et le réalisateur forment un duo de choc dans les biographies romancées qu’ils campent à l’écran. Avis – A voir si la vie de Berlusconi vous intéresse et si vous voulez zieuter les « bimbos » voluptueuses qui sont ici prises en gros plan dans leur plus simple appareil. Les zooms sont évocateurs des pulsions du Cavalier. Michel Lequeux


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