Dounia News, octobre 2020

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Dakira Editorial La diaspora marocaine à la croisée des chemins Depuis les années 60 le Maroc officiel n’a pas cessé d’encourager l’émigration vers l’Europe en particulier. Actuellement, notre diaspora compte plus de 3 millions de personnes sans compter les clandestins. Les deux tiers de notre communauté ont moins de 25 ans et plus de 50 % sont des femmes. Pour le Maroc, l’enjeu économique, politique et social est de taille, mais aussi pour l’Europe. Après les échecs de la politique d’intégration des pays comme la Belgique, la Hollande et la France le Maroc n’a pas su ni put profiter de l’occasion pour ramener tout ce monde au bercail. Au contraire, après plusieurs déceptions et rendez-vous ratés notre communauté se trouve actuellement au croisement des chemins. Depuis son installation en Belgique, notre communauté a pu procréer des multitudes de petits leaders de petite envergure au niveau des quartiers mais aucun n’a pu sortir de la mêlée pour faire fonction d’un vrai dirigeant charismatique pouvant hisser le drapeau du pays d’origine ou celui d’un des pays d’accueil. Car individualistes ils sont rongés par l’orgueil et l’égoïsme. Les trois pays, l’Espagne, la Grèce et le Portugal, anciennement sous régime dictatorial ont pu faire retourner beaucoup de citoyens dans leurs pays respectifs après avoir installé des régimes démocratiques. Malheureusement, même si le Maroc a tourné la page des années de plomb il n’a pas pour autant rempli son contrat vis-à-vis de sa diaspora pour lui permettre de retourner dans de bonnes conditions.

Je reconnais, et personne ne peut le nier, depuis l’intronisation de Sa Majesté Mohammed VI, le Maroc est auteur de plusieurs réformes structurelles visant à développer notre pays, dans les domaines économique, politique et social. Une nouvelle lueur d’espoir ouvre de nouvelles perspectives pour un vrai développement du pays. Il faut reconnaître aussi, qu’après quarante ans de colonisation et quarante ans d’immobilisme le Maroc aura certainement des difficultés à rattraper le retard sur les pays développés. Par conséquent, le nouveau dynamisme entamé par le Maroc et les multiples chantiers lancés à travers le Royaume ne fait que combler le manque d’infrastructure de base.

nous flirtons avec la Belgique qui veut nous assimiler avec une pleine citoyenneté. L’enjeu est de taille et le moment des choix, de l’évaluation et du bilan est arrivé. Nous ne sommes pas encore au pied de mur, mais devant une croisée de chemins. • • •

Quelle direction allons-nous prendre ? Qu’avons-nous à gagner et qu’avons-nous à perdre ? Qu’allons-nous suivre, le cœur ou la raison ?

La décision de ne pas permettre aux citoyens marocains à l’étranger de participer aux élections de 2007 a sonné le glas. (Voir éditorial Dounia News 526). Au lieu de confronter les urnes, le gouvernement et les partis politiques trouillards, sécuPour assurer un vrai progrès socio-éco- rité oblige, ont eu peur d’un probable nomique le Maroc doit accélérer la raz-de-marée islamiste venu des pays de cadence et augmenter sensiblement liberté et de démocratie. son budget d’investissement. Les 76 milliards prévus par le secteur public Pour essayer de masquer la politique de pour 2006 ne pourront pas réduire le l’autruche, annuellement le Maroc orgagouffre qui ne cesse d’augmenter. Le taux nise avec tam-tam une campagne de de croissance de 3,7 % est loin derrière slogans vides de tout contenu tel « Vous celui de la Turquie qui a atteint les 7 %. êtes ici chez vous » comme si nous ne le savions pas ou comme s’ils s’adressent à Depuis quarante ans que notre commu- des étrangers. En tout cas, c’est la seule et nauté participe activement à une unique action palpable et concrète entreprogression nette de l’épargne nationale prise soi-disant en notre faveur, mais qui et une amélioration des réserves de change nous tape sur les nerfs à chaque fois que et de la position extérieure du Royaume. nous voulons visiter notre chère patrie. Ainsi, grâce à notre dynamisme, le Maroc affiche un solde excéden- Dans ce contexte, qu’allons-nous choisir taire dans la balance des paiements. le romantisme ou le réalisme ? Une chose est sûre, notre diaspora ne doit pas laisser Malheureusement, malgré notre contri- le piège se refermer sur elle, elle a beaubution positive à l’économie du pays coup à perdre, avec comme conséquence et, malgré les bonnes performances le des nouvelles générations sacrifiées. Maroc conjoncturel n’a pas encore rempli Sarie Abdeslam toutes les formalités nécessaires pour assurer un retour dans de bonnes condisarie@pandora.be (cet email n’existe plus) tions de sa diaspora en Europe et ailleurs. Bruxelles, le 9 juillet 2006 Aujourd’hui, nous sommes devant un dilemme, côté cour nous aimons un Maroc qui nous repousse et côté jardin

27 Magazine mensuel Dounia News - octobre 2020


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