Dossiers Publics été 2020

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IMPRESSUM 2/2020 - Été 2020 Rédaction, administration Rêmedia SA Rue des Vollandes 19, 1207 Genève Tél. +41 (0)22 809 94 94 info@re-media.ch www.dossierspublics.ch Editeur Rêmedia SA Fondateur Roland Ray Directrice de publication Aby Wane Journalistes Raphaël Klemm, Kathleen Sylvester, Michelle Yade, Charles Peguiron, Nathalie Brignoli, Lionel Marquis Correction Nathalie Brignoli et Charles Peguiron Ont collaboré à ce numéro Bertrand Loze, Laetitia Desfontaine, Leonidas Perroit, Cyrielle Rubrichi, Félix Portaz, Productionpub Sàrl Production Régis Chamberlin - ChamberlinProd Graphisme, infographies Lionel Portier Diffusion et abonnements Hervé Braillard diffusion@re-media.ch Publicité Directeur de publicité: Nida Wakim nida.wakim@re-media.ch +41 22 809 94 50 Media Live SA Missionstrasse 82 | 4055 Bâle Tél. 061 561 52 80 Contact : Lila Maalem Directrice commerciale E-mail : ap@medialive.ch Conseillère commerciale Maryam Maalem Remerciements Pierre Maudet, Karim Bodian Photos : © DR sauf mention contraire La reproduction, même partielle, des articles, photos et illustrations parus dans Dossiers Publics n’est autorisée qu’avec l’accord formel de l’éditeur. L’éditeur n’assume aucune responsabilité pour les textes et les illustrations qui ne sont pas issus de la Rédaction du magazine.

ISSN : 2504-2246 Prix au numéro : CHF 12,50 ©2020, Rêmedia SA

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DOSSIERS PUBLICS ÉTÉ 2020

Edito Pour un accès perpétuel à l'emploi... La notion d'employabilité n'est plus une simple mode. C'est aujourd'hui devenu un impératif, s'agissant du parcours professionnel. La transformation numérique de la société et des entreprises a commencé à en souligner les vertus. La crise économique liée à la pandémie actuelle, qui présage d'importantes pertes d'emploi, devrait achever d'en démontrer l'utilité. Contrairement à ce que l'on peut croire, le concept d'employabilité ne se résume pas à la formation de base et continue. La faculté de s'adapter aux nouvelles formes de travail et, ainsi, de réaliser pleinement son potentiel personnel ne s'inscrit pas non plus uniquement dans le prolongement des politiques de l'emploi, comme en atteste le premier guide jamais réalisée en Suisse sur ce thème d'avenir. Si l'on s'en réfère à la synthèse publiée le 25 juin dernier par le département du développement économique (DDE), le sens initial de l'employabilité renvoie à l'individu, dont l'éducation n'est pas une addition de prêt-à-penser qu'il s'agit d'assimiler rapidement. Etre employable, c’est être avant tout capable de s’adapter, avec la possibilité d’acquérir en permanence de nouvelles compétences qui, lorsqu'elles finissent par devenir obsolètes, sont renouvelées pour être valorisées sur le marché du travail. Ce dont nous avons besoin, dans une économie en constante mutation tout comme en période de crise, c’est d’individus capables d’analyse. Je suis d'avis qu'apprendre ne consiste pas simplement à ingérer des connaissances directement employables. Etre en mesure d’articuler les savoirs et les compétences acquises, c'est surtout s'entraîner à penser, avec curiosité et rigueur, tout au long de sa vie. Définitivement, l’employabilité n'est plus une simple mode, mais un muscle permettant un accès perpétuel à l'emploi, qu'il s'agit désormais de développer même après la retraite légale. C'est à mon sens l'une des nombreuses leçons de la 4e révolution industrielle et du covid-19. Pierre Maudet Conseiller d'État du canton de Genève chargé du développement économique


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Sommaire

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Les actualités communales, cantonales et nationales

Les chiffres du covid par canton

Interview spécial covid-19

Pascal Strupler, Directeur de l'OFSP pendant la crise sanitaire: « Un immense potentiel d’innovation s’est confirmé en Suisse »

La prévoyance, Le saviez-vous? 8 faits insolites conscience sur le covid-19 pour l'avenir

2020 l'année des vacances à la maison selon trois enquêtes menées

par l'Institut Tourisme de la HES-SO Valais-Wallis

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Crise du coronavirus: 3 visions d'experts

Prof. Didier Pittet Co-inventeur du gel hydroalcoolique Prof. Philippe Eckert Directeur général du CHUV Jean-Dominique Michel Socio-anthropologue, Secrétaire général de Pro Mente Sana


Le fédéralisme suisse au temps du coronavirus

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DOSSIER AFRIQUE

42 50 72 48 46 86 Karim Bodian : Trait d'union entre la Suisse et l'Afrique Comment L'Afrique resise-t-elle au covid-19? L'affaire du test de vaccin en Afrique

FIRMENICH

François Rohrbach: Le coronavirus a radicalement changé notre façon de vivre et de travailler

Confiner ou ne pas confiner...

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Les effets psychologiques du confinement Le bilan sanitaire

DOSSIER ÉCOLOGIE

L'économie circulaire sauvera-t-elle l'économie? Reffnet.ch 3 questions à Daniel Zurchner

21 Mobilité et transports

Formation:

Toujours plus d’étudiants séduits par la formation à distance

Histoire

L'ONU a 75 ans

Pistes cyclables Vers une guerre des transports 2:0 ? Les TL et la crise sanitaire. Le coronavirus fait dérailler les finances des CFF

44 Solidarité

Elle a battu tous les records pendant la crise sanitaire

75 Chantier

OASSIS, aux portes de Lausanne

82 Culture et covid-19

L'’impact social, économique, les perspectives

84 Événement

Concours de dessins d'enfants Tous contre le covid-19

Cursus solide & innovant Focus employabilité Style unique

86 Salon RH 2020

L'organisation en télétravail

Triple accréditation Excellence reconnue Top programmes

80 Coups de Coeur

Sites, Pages & Biblio pendant le confinement BACHELOR / MASTER / MBA

92 Trait d'humeur L'actualité en dessin

93 Infographie

3 pages de chiffres surprenants sur le covid-19

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Pascal Strupler L'OFSP, NOTRE BOUSSOLE DURANT LA CRISE

“ Un immense potentiel

d’innovation s’est confirmé en Suisse”  12

©Helene Tobler PUBLICS ÉTÉ 2020 DOSSIERS


INTERVIEW

Pascal Strupler, directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) depuis janvier 2010 a conduit plusieurs projets importants, dont la mise en œuvre, dès 2013 de la stratégie Santé2020 du Conseil fédéral visant à améliorer le système de santé dans tous les domaines. Avant son départ imminent à la retraite, il nous explique dans cette interview réalisée en juin comment il a agi face à la crise sanitaire. Propos recueillis par Aby Wane

S

i l'on prend les chiffres des cas avérés et des décès par million d'habitants dus au coronavirus dans le monde, on observe que la Suisse se retrouve parmi les pays qui s'en sortent avec les meilleurs résultats. Comment expliquez-vous cela? Pascal Strupler: La Suisse a globalement bien réagi face à cette crise. Nous avons connu un début un peu difficile, mais notre système de santé a démontré sa résilience. Nous avons, en Suisse, un système de santé bien équipé, du personnel qualifié et des hôpitaux performants. Cela nous a permis de faire face à la crise. Autre élément qui a, sans conteste, aidé, c’est la capacité du Conseil fédéral à prendre avec lui la population. Il n’a pas souhaité brusquer ou contraindre celle-ci avec un confinement total. Nous avons trouvé une voie médiane qui a convaincu les gens à participer à l’effort général. Nous avons ainsi vu que les recommandations et les règles d’hygiène et de distanciation ont été suivies. L’équilibre entre les mesures et l’appel à la responsabilité individuelle a permis de contenir le développement de l’épidémie.

SPÉCIAL COVID-19

Que pouvez-vous dire sur la « deuxième vague », êtes-vous préoccupé? Il est légitime d'être préoccupé. Nous en savons encore très peu sur ce virus. La phase de déconfinement a été accompagnée de chiffres favorables, mais nous avons aussi observé un certain relâchement de la part de la population. Bien qu'il soit compréhensible, il entraîne une certaine prise de risque. Je suis néanmoins persuadé que si le chiffre des nouvelles infections devait repartir à la hausse, les réflexes reviendraient très rapidement. Personne ne veut avoir à revivre le « confinement » que nous avons connu. En ce sens, le Conseil fédéral a choisi de simplifier et clarifier les règles afin de faciliter la mise en œuvre des mesures de protection. Il a également souhaité donner aux cantons davantage de compétences quant à la surveillance et au contrôle de l’épidémie. Ces derniers sont appelés à surveiller très étroitement le développement des nouveaux cas via le « contact tracing ». Naturellement, si cela devait s’avérer nécessaire, la Confédération interviendrait. Mais il convient autant que possible d’éviter d’avoir à réintroduire des mesures qui auraient un impact négatif sur le fonctionnement de l’économie. La crise sanitaire a révélé la forte dépendance de la Suisse vis-à-vis des pays étrangers en matière de vêtements de protection, par exemple. Selon vous, une relocalisation de la production de ce genre de biens est-elle souhaitée ? La dépendance de la Suisse vis-à-vis de l’étranger n’a pas été révélée, mais plutôt mise en lumière, par la crise. Il ne faut pas oublier que nous sommes face à une crise mondiale dans un système mondialisé. Le fait que tout ou partie des chaînes de production des produits recherchés se soient situés à l’étranger a, sans conteste, constitué un obstacle de taille. Sur ce point, notre réseau international nous a permis de surmonter de nombreuses difficultés dans les livraisons. Sur le plan national, il va sans dire que des discussions sur la relocalisation auront lieu dans les semaines et mois à venir. Mais, ce que j’aimerais souligner ici, c’est l’immense potentiel d’innovation qui s’est confirmé en Suisse durant la crise, qu’il s’agisse du développement de masques ou d’autres matériels de protection par exemple.

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SPÉCIAL COVID-19

INTERVIEW

Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que la Confédération joue un rôle subsidiaire sur l’ensemble de ces questions. Elle agit en soutien là où cela est nécessaire.

la confiance est un élément central et essentiel lorsque l’on parle de santé publique

Concrètement, comment assurer les quantités suffisantes en termes d’agents actifs pour élaborer le gel hydro alcoolique notamment ? Nous avons demandé à la Task Force scientifique de procéder à certains calculs. Sur cette base, il apparaît nécessaire que la Confédération dispose de stocks de différents biens et produits pour une longue durée. La même chose pour les cantons. De quoi disposer de réserves pour un peu moins de trois mois. Mais encore une fois, l'État agit subsidiairement. Il est essentiel que les entreprises privées soient actives aussi dans ce domaine.

des données. Notre démarche a convaincu et nous avons reçu le soutien politique. Et je pense que la confiance sera aussi relativement grande parmi la population. Votre départ à la retraite est imminent, avez-vous déjà établi des projets pour la suite? J’ai déjà quelques projets. Des projets qui ont été peu retardés, car mon engagement pour la crise est bien évidemment prioritaire. Fin septembre, je vais pouvoir prendre quelques semaines de congé. Je me pencherai ensuite à nouveau sur mes projets. Je me réjouis d’ores et déjà de mettre à profit l’expérience acquise au sein de quatre différents départements fédéraux.

Afin d’assurer le déconfinement du pays, l’OFSP a misé sur l’application de traçage du covid-19, une plateforme créée par un consortium international qui comprend l’EPFL et l’EPFZ. Quels en sont les avantages et les dangers ? C’est un nouvel instrument qui est utilisé pour la première fois. Dès le départ, notre objectif a été d’offrir les meilleures garanties à la population, car la confiance est un élément central et essentiel lorsque l’on parle de santé publique. Nous sommes bien sûr conscients que ce type d’application peut susciter de la méfiance. C’est pourquoi nous avons consulté largement sur les questions de protection des données, mais aussi celles liées à l'éthique. Le Parlement a, par ailleurs, souhaité que l’utilisation de cette application soit réglée dans la loi, ce qui a été fait. À souligner que l’aide apportée par cette application ne remplacera pas le travail fait par les services des médecins cantonaux. Le recours à la technologie pour préserver la santé publique fait débat. Que répondez-vous à ceux qui crient gare à la surveillance d’État comme on l’a vu en Corée du Sud ou à Taiwan ? Nous avons écouté et devons continuer à écouter les voix critiques ici en Europe. En ce sens, nous avons déjà largement testé l’application sur le plan technique en termes de sécurité et de protection

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APPLICATION SWISS COVID ET TRAÇAGE DES CONTACTS Ce traçage est utilisé pour rechercher les contacts étroits avec des personnes infectées par le coronavirus. L'application Swiss covid détermine si il y a eu un contact avec une personne infectée. De cette manière, il est possible d'interrompre les chaînes de transmission.


SPÉCIAL COVID-19

TRANSPORTS PUBLICS

Michel Joye face à de nouveaux défis Michel Joye, directeur des Transports publics de la région lausannoise (tl), dirige depuis 20 ans une entreprise qui compte aujourd’hui plus de 1500 collaborateurs. Il répond à nos questions sur sa gestion de la crise sanitaire et sur les changements à venir. Propos recueillis par Michelle Yade Comment le rythme des tl (Transports publics lausannois) a-t-il évolué au fil de la crise  ? Michel Joye : Nous avons adapté notre offre au fil de l’évolution de la situation et des besoins particuliers notamment autour du m2 et de la desserte du CHUV. Au plus fort de la crise, pendant le semi-confinement, le plus grand défi était la protection. La protection de nos collaborateurs et aussi la préservation des équipes clés pour le fonctionnement du m2, par exemple les opérateurs du centre de gestion du trafic. La protection des clients, en particulier sur le m2 qui emmènent les collaborateurs du CHUV sur leur lieu de travail. Nous avons monitoré le trafic, chaque jour, pour chaque rame et pour chaque inter-station, pour assurer au mieux la distance sociale. Cela nous a conduit à mettre par exemple en service des navettes bus en complément entre les stations Ouchy-Olympique, Lausanne-Gare et CHUV. Ensuite, nous avons accompagné le déconfinement par étape en renforçant nos horaires dès le 27 avril et en diffusant une campagne de sensibilisation portant les messages de co-responsabilité et de solidarité des voyageurs pour la protection maximale de toutes et tous. Cette campagne «  Responsables ensemble  » nous a accompagné dans toutes les phases de l’assouplissement du confinement jusqu’au rétablissement complet de notre réseau de transports publics en juin. C’était très important pour nous d’entretenir le dialogue avec nos clients et de les rassurer dans cette période difficile. Auriez-vous des chiffres à nous communiquer ? Après être descendu à 15 % de la fréquentation habituelle pendant la période de semi-confinement, nous étions à la mi-juin autour de 55 %. La tendance de la fréquentation est clairement à la hausse, les clients reprennent confiance. Nous prévoyons une augmentation linéaire pour atteindre 90 % de la fréquentation habituelle à la fin de l’année. Avec les transports publics limités et non préconisés durant la crise, vers quel type de transport pensezvous que les Suisses vont se tourner à présent ?

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©tl/ Sieber

« Mais après chaque crise il y a des opportunités »

Les fondamentaux n’ont pas changé. La crise climatique demeure un enjeu majeur et le transport public reste l’unique moyen de transports permettant de déplacer de grandes quantités de voyageurs, avec une excellente efficience énergétique et une faible consommation d’espace. J’aime bien rappeler qu’une file de voiture de 500 m représente sur la route l’équivalent d’un bus plein. En quelques mois, nous avons tous changé nos habitudes et pas seulement dans le domaine de la mobilité. Elles vont encore évoluer mais nul ne sait comment aujourd’hui. Pour regagner la confiance des clients, il faudra en revanche faire évoluer la proposition de valeur du transport public. En trois mots plus d’espace dans les véhicules, plus de netteté et plus de considération pour le voyageur individuel dans son déplacement.

A long terme, pensez-vous que l'on puisse revenir au niveau de mobilité en transports en commun précédant la crise ? C’est certain que la fréquentation devrait être impactée par la pandémie. Cela prendra de longs mois pour retrouver la fréquentation de début mars, peut-être jusqu'en 2021. Il en va de même pour toute l’industrie des services qui est très dépendante des habitudes des gens. Mais après chaque crise il y a des opportunités. La capacité offerte et la qualité du service à l’heure de pointe ont été un sujet sensible. Les nouvelles habitudes de travail pourraient contribuer à amortir cette problématique. Dans cette idée, nous avons d’ailleurs lancé mi-mai un nouveau service, permettant d’identifier le taux d’occupation des véhicules pour accompagner les voyageurs dans la préparation de leur déplacement et éviter les heures de pointe lorsque c’est possible.

— Michel Joye Directeur des tl


NOM DE TÊTIÈRE

SPÉCIAL COVID-19

©tl

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SPÉCIAL COVID-19

TRANSPORTS PUBLICS

LE CORONAVIRUS FAIT DÉRAILLER

LES FINANCES DES CFF La baisse des passagers dans les transports publics pendant le confinement a durement affecté les recettes de l’ex-régie fédérale. Au vu de la situation, la confédération a mis la main à la poche.

Le Conseil fédéral à la rescousse Pour remédier à cela, le Conseil fédéral a décidé d’octroyer 800 millions de francs aux entreprises de transports. Les CFF pourront eux emprunter 550 millions de francs supplémentaires, c'est une mesure exceptionnelle, car en temps normal les prêts de la confédération sont limités à 200 millions de francs. Ueli Maurer, le conseiller fédéral en charge du département des finances qualifie cette mesure de raisonnable pour assurer les liquidités de la compagnie.

Par Félix Portaz

L'

année 2020 devait être marquée pour les chemins de fer fédéraux par de grands projets d’infrastructures, avec l’inauguration du tunnel de base du Monte Ceneri en septembre, complétant l’itinéraire ferroviaire du Gothard entre Lugano et Bellinzone et faisant passer le trajet Milan-Zurich de 3h45 à 2 heures et demi, ou encore avec le lancement des grands travaux de la gare de Lausanne prévus pour novembre. Mais ce qui est certain, c’est que le coronavirus a déjà volé la vedette à tous ces événement. Les CFF ont été durement touchés par la crise sanitaire. Malgré l’effondrement de la fréquentation avec une chute de plus de 80 % d’usagers pendant le confinement, les CFF ont maintenu le service pendant toute sa durée, tout en baissant l'offre de 25 % et en suspendant l’achat de billets dégriffés jusqu'au 8 juin. Mais privée d’une grande partie de ses revenus, l’entreprise ferroviaire, comme toutes les compagnies de transport du pays, a traversé une situation financière délicate.

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Le manque à gagner des CFF en 2020 serait aux alentours de 30 % comparé à l’année précédente

Ainsi, grâce à ce coup de pouce de Berne, l’exrégie fédérale ne se voit pas contrainte d’augmenter ses tarifs en 2021 pour amortir les pertes générées par la pandémie. L’Alliance SwissPass, faîtière qui traite des questions liées aux prix des titres de transport dans tout le pays, estime d’ailleurs que le manque à gagner des CFF en 2020 serait aux alentours de 30 % comparé à l’année précédente. Toutefois, il reste à voir si la décision du Conseil fédéral de rendre le port des masques obligatoires dans les transports en commun depuis le 6 juillet fera de nouveau baisser la fréquentation des trains. Ou si, au contraire, cette mesure rassure les Suisses et les encourage à prendre le train comme avant la pandémie. Ce qui permettrait aux CFF d’entrevoir enfin la lueur au bout du tunnel.


SPÉCIAL COVID-19

TOURISME

L'Institut Tourisme de la HES-SO ValaisWallis a mené, entre mars et fin mai, trois enquêtes pour suivre l’évolution de la demande touristique en fonction des limitations de la liberté de mouvement. Miriam Scaglione, la prof qui a piloté cette étude, répond aux questions de Dossiers Publics. Propos recueillis par Charles Peguiron Avez-vous constaté, lors de vos études, un lien entre les mesures d'assouplissement en vue du déconfinement et l'envie de partir en vacances ? Oui, en effet. Au fur et à mesure que les annonces se succèdent, l’inquiétude sur le covid-19 diminue et les processus de planification de vacances progressent. L’effet le plus marquant a eu lieu après les annonces du Conseil fédéral, le 27 mai, de mesures d’assouplissement des mesures restrictives. Le pourcentage des résidents suisses se disant inquiets à cause du covid-19 reste stable autour de 70 % après les annonces du 27 mars et du 16 avril. Par contre, il tombe à 61 % après celles du 27 mai. Bien que la chute soit significative, les résidents suisses restent inquiets. Après le 27 mai, 65 % des Romands se disent inquiets contre seulement 56 % des Alémaniques. Lorsque l’on demande aux résidents suisses d’évaluer leur envie de partir en vacances sur une échelle de 0 (« aucune envie de prendre des vacances ») à 100 (« très envie de prendre des vacances »), il n’y a pas de changement significatif. Après les deux premières enquêtes, la valeur médiane est de 50. Dans la troisième enquête, elle atteint 55. Pendant les deux premières enquêtes, seulement 13 % des résidents planifiaient effectivement des vacances, contre 24 % après les annonces d’assouplissement prononcées par le Conseil fédéral le 27 mai. Avez-vous remarqué un changement cette année au niveau de la planification des vacances ? L’attitude d’être constamment à l’affût des offres touristiques a perdu de son importance face à l’incertitude liée au coronavirus. Quelque 40 % des sondés planifiant des vacances n’ont pas consulté d’offre touristique en ligne lors de la première enquête réalisée en plein confinement, contre seulement 17 % après le 27 mai. Cela s’explique par le manque d’informations permettant d’anticiper la suite des événements et par la crainte de se retrouver dans une situation d’annulation de réservation. En effet, le mois le plus cité pour les prochaines vacances était septembre lors de la première enquête, août lors de la seconde et juin lors de la troisième.

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2020 est l'année des vacances

à la maison” Miriam Scaglione Dre ès sciences Cheffe de projet auprès de l'Institut Tourisme depuis 2004 Enseigne également à la Haute école de gestion de la HES-SO Valais-Wallis depuis 2008

Avec la crise sanitaire, certaines destinations sont-elles plus prisées que d’autres ? Je suis tentée de vous dire que la destination la plus prisée est « la maison », avec des excursions à vélo ou à pied, des visites à des proches sans passer la nuit hors de son environnement habituel. Cela veut dire aussi privilégier les vacances avec les amis et la famille. D’où l’essor des locations des camping-cars, de l’hôtellerie en plein air et la location de logements isolés comme les rustici au Tessin. Une autre tendance allant dans la même direction est la location de maisons avec piscine, une manière de répliquer


NOM DE TÊTIÈRE

SPÉCIAL COVID-19

le confort de l’hôtel tout en se préservant du contact avec d’autres personnes.

week-end prolongé. Ces tendances sont à surveiller aussi longtemps qu’un vaccin ne sera pas trouvé.

Qu'est ce qui va vraiment changer dans la façon de voyager ? Pour cet été, la tendance est au cocooning. Nos enquêtes montrent une aversion pour les voyages en avion ou en bateau: plus de 70 % des résidents suisses disent renoncer à ces moyens de transport. Un autre aspect remarqué est la durée de séjour. Seuls environ 5 % des résidents suisses planifiant des vacances disent vouloir partir pour un week-end ou un

Le budget consacré aux vacances va-t-il connaître une hausse ou une baisse d'après les tendances que vous avez observées ? Moins de 10 % des résidents suisses dont le revenu n’a pas diminué à cause du covid-19 disent que leur budget de vacances a augmenté. Nos enquêtes ne mettent pas en évidence l’existence d’un effet dit de « revenge spending ». Pour la plupart des résidents suisses (74 %), le budget vacances reste inchangé.

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SPÉCIAL COVID-19

TOURISME

Un nouveau label covid qui permet de séjourner en toute sécurité Ce label de sécurité et d'hygiène pour les hôtels permet aux hôtels indépendants et aux associations hôtelières de rassurer leurs clients et de les accueillir à nouveau dans un environnement sûr et contrôlé grâce à un ensemble de procédures et de formations prêtes à l'emploi gramme, y compris les points d'attention et les procédures supplémentaires ainsi que des sessions de formation pratique pour les équipes. La boîte à outils de EHL Advisory Services permettra rapidement à tous les départements d'un hôtel de répondre aux exigences d'hygiène renforcées, et permettra à ce dernier de continuer à concurrencer les grands opérateurs, alors que les touristes commencent lentement à revenir. Dans un nouveau contexte mondial de peur et d'incertitude quant aux risques pour la santé et de mesures sanitaires de plus en plus strictes, le secteur de l'hôtellerie cherche à se doter de nouvelles solutions pour faciliter le retour des clients.

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ne fois la démarche auprès de la société de conseil du Groupe EHL (Ecole Hôtelière de Lausanne) EHL Advisory Services mise en place, les établissements hôteliers obtiendront un label renouvelable qui les aidera à maintenir les normes internationales les plus élevées et à favoriser la confiance des consommateurs, si nécessaire dans un monde post- covid. L'hôtel participant recevra un dossier prêt à être mis en oeuvre expliquant le pro-

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Les voyageurs qui planifient leurs prochaines vacances ou leur premier déplacement professionnel après plusieurs mois seront désireux de trouver un établissement qui rassure ses clients en appliquant les normes les plus exigeantes pour les protéger des risques sanitaires potentiels. Basé sur les meilleures pratiques et les protocoles développés par EHL Advisory Services, en collaboration avec Working Safe, ce programme fournit une validation externe de la façon dont un établissement a mis en oeuvre les procédures recommandées. EHL Advisory Services a également tiré parti de l'expertise acquise par le Groupe EHL en utilisant les produits et les méthodes du leader mondial de l'hygiène Ecolab.


Adapté à chaque propriété Même si les recommandations sont relativement standardisées, des conseils spécifiques adaptés à chaque établissement hôtelier et à ses procédures actuelles seront formulés par les experts mandatés, dans le cadre du contrat de service. Un badge de reconnaissance du respect des normes de sécurité et d'hygiène définies sera délivré par EHL Advisory Services, et servira à rassurer les clients sur l'engagement de l'établissement à suivre les pratiques d'hygiène les plus rigoureuses du secteur.

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EHL Advisory Services est la plus grande société suisse de conseil en hôtellerie avec une expertise dans le développement de modèles éducatifs et d'assurance qualité pour les centres d'apprentissage, ainsi que dans le conseil stratégique et opérationnel aux entreprises, à savoir la mise en place d'une culture de service de référence pour les entreprises du secteur hôtelier et au-delà. EHL Advisory Services a des bureaux à Lausanne, Beijing, Shanghai et New Delhi et a réalisé des mandats dans plus de 60 pays au cours des 40 dernières années.

> LE GROUPE EHL

Des conseils spécifiques adaptés à chaque établissement hôtelier et à ses procédures actuelles seront formulés par les experts mandatés

Le Groupe EHL comprend un portefeuille d'entités spécialisées dans la formation et l'innovation en gestion de l'hôtellerie dans le monde entier. Basé à Lausanne, en Suisse, le Groupe comprend : L'EHL Ecole hôtelière de Lausanne est l'ambassadrice de l'hospitalité traditionnelle suisse et fait figure de pionnier dans l'enseignement de l'hospitalité depuis 1893 avec plus de 25'000 anciens élèves dans le monde et plus de 120 nationalités. L'EHL est la première école de gestion hôtelière au monde qui offre des programmes académiques sur ses campus de Lausanne et de Chur-Passugg, ainsi que des solutions d'apprentissage en ligne. L'école est classée n°1 par QS World University Rankings par sujet et CEOWorld Magazine, et son restaurant gastronomique est le seul établissement éducatif au monde à détenir une étoile Michelin. EHL Swiss School of Tourism & Hospitality (Chur-Passugg) est l'une des meilleures écoles de gestion hôtelière pour les spécialistes de l'hôtellerie depuis 50 ans. L'école dispense une formation professionnelle et une formation supérieure accréditée en Suisse dans son hôtel-spa du 19e siècle récemment rénové à Chur-Passugg, dans les Grisons, à des étudiants suisses et étrangers venant de 20 pays.

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Un outil pour la reprise Créé avec l'intention principale de stimuler la reprise, le programme a été conçu du point de vue d'un hôtelier indépendant soucieux de la tarification. Les tarifs sont adaptés pour permettre aux hôteliers de mettre en place des normes et des procédures de pointe à un coût qui n'est ni prohibitif ni nuisible à leur rentabilité.

Working Safe est une plateforme web unique de la société suisse Yucca, une entreprise mondiale de solutions informatiques et de ressources humaines. Elle offre un aperçu complet de toutes les règles covid 19 en matière de santé et de sécurité dans le secteur de l'hospitalité en Suisse et en France, en proposant une formation en ligne personnalisée destinée aux employés et des outils pour rassurer les clients.

www.ehl.edu

Source: EHL

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Afrique

African Mosaic European Space Agency

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C

ontinent dont les médias ne parlent un peu trop souvent que lors des calamités qui la frappent régulièrement et la pauvreté de sa population estimée à 1,3 milliard de personnes, l'Afrique regorge pourtant de potentialités et de capacités économiques. Elle doit ses dernières à la richesse de son sous-sol et à un meilleur environnement du monde des affaires qui se traduit notamment, depuis le début des années 2000, par un PIB supérieur à 5 %. Soit trois fois plus que la zone OCDE. En pleine crise sanitaire, alors que tous les experts avaient prédit qu'une catastrophe sans précédent allait la frapper, l'Afrique s'est montrée résiliente, ingénieuse, combative, réactive et jeune. C'est ce continent-là, au dynamisme juvénile (en 2050, 4 jeunes sur 10 dans le monde seront Africains) que Dossiers Publics va désormais vous présenter régulièrement. Dans ce numéro, Karim Bodian, homme d'affaires d'origine sénégalaise basé à Genève, invite les entreprises helvétiques à investir en Afrique. "Elles sont dans une situation très favorable pour y obtenir des mandats conséquents", révèle le directeur de Laycon Finance.

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LA GRANDE INTERVIEW

L'AFRIQUE

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une force sous-estimée

Investir dans les pays émergents... Ne nous mentons pas : quand on évoque cette option, forcément, même chez les mieux intentionnés parmi nous, une kyrielle d'idées reçues, de craintes plus ou moins fondées se retrouvent inexorablement sous les projecteurs. Rencontre avec Karim Bodian, acteur incontournable du secteur et directeur de Laycon Finance à Genève.

A

Par Raphaël Klemm

u débotté et sans ordre de préférence, rentabilité incertaine, corruption et bakchichs à tous les échelons, risques politiques, infrastructures inadaptées, compétences des intervenants locaux sujettes à caution... Et j'en passe et des meilleures... Et pourtant, pourtant... comme disait le regretté Charles Aznavour. Si nous prenons le cas de l'Afrique, qui est au cœur de notre dossier, d'une part, l'état de développement de certains pays est bien plus avancé qu'on ne l'imagine et vient donc battre en brèche nombre des préconçus mentionnés plus haut; d'autre part, dans les états où «  tout reste à faire» , des solutions existent qui permettent de largement sécuriser les investissements pour les parties impliquées. Certains économistes peu... économes de leur cynisme affirment à qui veut l'entendre et depuis des années, que pour relancer le système, rien de tel qu'une bonne guerre, à l'issue de laquelle on pourra enfin tout reconstruire, des chantiers à perte de vue, du travail garanti pour tous et pendant des décennies... Sans aller jusqu'à ces extrêmes, les entreprises occidentales -et suisses en particulier, puisqu'elles nous intéressent en premier lieuont désormais des débouchés insoupçonnés en Afrique. Le travail de Karim Bodian, directeur de Laycon Finance Swiss, est précisément de faciliter, coordonner, préparer le terrain, gérer et sécuriser le financement de projets pour ces entreprises helvétiques qui souhaitent exporter leurs biens et leurs services en Afrique en toute quiétude. Une nouvelle terre promise, un creuset d'opportunités qu'il serait inimaginable de négliger, en particulier au vu du ralentissement actuel de l'économie des pays développés. Africa, here we come! Un homme discret Une brève recherche sur Google vous permettra d'apprendre... pas grand-chose,

tout compte fait, sur ce financier natif du Sénégal, qui préfère laisser parler les projets qu'il porte depuis des années plutôt que son ego. Nous sommes allés à sa rencontre par un beau jour d'été. Dossiers Publics: Karim Bodian, quels sont vos liens avec la Suisse? Karim Bodian : A la fin des années 1990, je travaillais pour l'antenne néerlandaise d'une société américaine internationale active dans les télécoms, puis j’ai créé mon cabinet qui me demandait de me rendre fréquemment en Suisse pour y rencontrer des clients, des investisseurs, des banquiers... J'ai naturellement été séduit par le sérieux et la fiabilité du système, le sens du détail, et j'y ai rapidement développé un réseau de connexions. Tant et si bien que lorsque j'ai décidé de me mettre à mon compte en 2002, il m'est apparu comme une évidence de venir m'y installer. Si on résumait en quelques mots vos activités au sein de Laycon Finance? Je connais très bien l'Afrique, et désormais la Suisse, et l'Europe. Je me suis aperçu de l'incroyable potentiel inexploité de synergies entre ces deux continents, dans nombre de domaines. Le cas de figure typique est celui d'un président africain fraîchement élu, qui souhaite concrétiser sa vision pour la réalisation de projets ayant un impact social et économique avéré. Il va presque systématiquement se retrouver confronté à une administration qui en général peine à accompagner d'une manière efficace et rapide des investisseurs du secteur privé. Le temps passe, le mandat électoral s'achève, et rien n'a été fait, ou si peu! Laycon Finance se veut un trait d'union entre ses clients grâce à notre expérience dans le domaine de la finance internationale. Nous établissons le plan financier, trouvons les investissements auprès de banques mais aussi auprès de fonds en faveur du développement, nous montons le dossier jusque dans ses moindres détails grâce à nos contacts au sein des entreprises. Nous soumettons donc des projets clés en mains à nos clients! C'est la définition même du win-win!

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SPÉCIAL LA GRANDE COVID-19 INTERVIEW

NOM DE TÊTIÈRE

Mais est-ce que cela ne revient pas à créer des emplois pour des étrangers au détriment des travailleurs locaux? Non, car il y a toujours au minimum 40 % d'emplois réservés à la main d'œuvre locale, le but n'est évidemment pas de s'approprier des parts de marché sans contrepartie! Les entreprises sélectionnées participent au projet dans la supervision, l'accompagnement, et la formation. Cela permet le transfert de compétences, de know-how, et contribue à la formation des travailleurs. Sur le long, voire le moyen terme, c'est extrêmement bénéfique pour tous.

engage sa réputation lorsqu'elle articule un projet autour d'une entreprise. Notre intérêt est que tout se passe au mieux pour toutes les parties engagées. Quelques exemples de ces différents domaines d'activité que vous évoquez? Comme nous ambitionnons non seulement d'accroître la « zone de chalandise » des entreprises qui sollicitent nos services et notre accompagnement, mais aussi de favoriser le développement des pays émergents, nous avons décidé de mettre l'accent sur la réalisation de projets d'infrastructures, de production d'énergie thermique électrique et d'énergies renouvelables (géothermie, photovoltaïque, biomasse, éoliennes, etc...), qui sont des conditions sine qua non à l'essor des économies locales. C'est un peu notre notion de la finance équitable !

Mon travail consiste à monter des dossiers de financement, qui sont la clé de voûte, l'alpha et l'oméga de tout projet

Une entreprise suisse peut-elle vraiment être compétitive sur le marché africain? On en revient à la notion de savoir-faire, et aussi au fait que le label swiss quality est de nature à rassurer les investisseurs, de même que les clients qui y ont recours. Mon travail consiste à monter des dossiers de financement, qui sont la clé de voûte, l'alpha et l'oméga de tout projet. Par expérience je peux vous dire que les sociétés helvétiques sont dans une situation très favorable pour obtenir des mandats conséquents en Afrique. Il faut vraiment qu'elles en aient conscience! Vous imaginez ce que peut représenter un tel continent en nombre de chantiers? Quels sont les prérequis pour une entreprise qui souhaite obtenir des mandats en Afrique? Hormis la nécessité de répondre à un besoin, il n'y a pas vraiment de condition spécifique. Elle peut offrir des biens ou des services dans différents domaines, et naturellement présenter des garanties de « respectabilité » et de professionnalisme. Laycon Finance

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Mais cette liste n'est nullement exhaustive, tout projet susceptible d'apporter une réelle plus-value sur le terrain est étudié. Nous essayons d'avancer dans un esprit d'ouverture total. Quelle est l’utilité de la SERV pour les entreprises helvétiques qui s’intéressent notamment à l’Afrique ? La SERV est l’Assurance suisse contre les risques à l’exportation, qui a des homologues dans la plupart des pays européens. C'est un établissement de droit public de la Confédération qui couvre les risques politiques et le risque commercial liés à l’exportation de biens et prestations de service. Cela permet aux entreprises


NOM DE TÊTIÈRE exportatrices suisses de bénéficier d'une couverture en cas de défaut de paiement, de faciliter le financement des opérations d’exportation et d'obtenir des crédits avantageux ou une limite de crédit plus élevée. Toutes les entreprises dont le siège se trouve en Suisse peuvent bénéficier de ces services, dès lors que l’opération d’exportation assurée contient une certaine part de valeur ajoutée suisse. En définitive, son but est de garantir la compétitivité des exportateurs suisses et de contribuer au maintien et à la création d’emplois en Suisse. Pouvez-vous nous parler d'une réalisation dont vous êtes particulièrement fier? Je me souviendrai toujours du sourire irradiant de joie d'une petite fille habitant un village reculé de la Tanzanie qui n'avait jamais connu l'électricité et qui nous a remerciés simplement parce que désormais, elle n'aurait plus à étudier à la lueur d'une lampe à pétrole! Tout ce qu'en Occident, nous tenons pour acquis, que nous ne remarquons même plus, s'avère un véritable trésor pour celles et ceux qui n'en ont jamais bénéficié. Alors, quand à notre modeste mesure, nous avons l'impression d'avoir aidé une page d'histoire à se tourner, la satisfaction que nous ressentons est indescriptible !

Abidjan La plus grande ville de la Côte d'Ivoire est également la plus peuplée de l'Afrique de l'Ouest francophone et sa principale place financière.

SPÉCIAL COVID-19 Qu'est-ce que la SERV ? L’Assurance suisse contre les risques à l’exportation SERV couvre les risques politiques et le risque de ducroire (risque commercial) liés à l’exportation de biens et prestations de service. Les assurances et garanties de la SERV offrent aux entreprises exportatrices suisses une couverture en cas de défaut de paiement et facilitent le financement des opérations d’exportation. Les solutions de la SERV contribuent également à faciliter l’obtention de crédits avantageux ou une limite de crédit plus élevée pour les entreprises et les aident à préserver leurs liquidités lors de l’exportation. Les offres de la SERV sont accessibles à toutes les entreprises dont le siège se trouve en Suisse. Le Conseil fédéral exerce une surveillance sur la SERV, il élit le conseil d’administration et définit les objectifs stratégiques pour une durée de quatre ans. La SERV travaille en tant qu’organisation autofinancée et se finance seule, par le biais de primes conformes au risque.

Le Club des investisseurs Sénégalais S'il est basé en Suisse, ce n'est pas pour autant que Karim Bodian en oublie son pays natal, le Sénégal, loin de là ! « Ensemble, pour un secteur privé national fort! », tel est le motto de ces quelque cent hommes et femmes d’affaires sénégalais -dont Karim Bodian, vous l'aurez compris-, leaders reconnus et respectés dans leurs secteurs d’activité respectifs, et qui ont décidé d’orienter l’avenir plutôt que de le subir. Créé en juin 2018 par un groupe de chefs d'entreprises sénégalais/es conscients que l’émergence d'une nation passe nécessairement par un secteur privé fort et dynamique, le Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) s'est donné pour mission de favoriser le développement et l’émergence de champions nationaux dans tous les domaines clés de l’économie, tels que l’agriculture et l’agro-industrie, le tourisme, les infrastructures, les services financiers, les transports, l'éducation... A la clé, donner un coup d'accélérateur à la transformation structurelle de l’économie sénégalaise. Leur ambition? Créer une société d’investissements dotée d’un capital d’au moins 20 milliards de francs CFA (plus de 30 millions de francs suisses). Les membres du Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) se sont mis ensemble pour développer et promouvoir des projets structurants et à fort impact économique et social. Le CIS envisage de jouer un rôle moteur dans l’investissement privé au Sénégal, participer activement à la transformation structurelle de l’économie sénégalaise et susciter l’émergence d’entreprises de référence tous les domaines clés de l’économie.

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L'AFRIQUE RESISTET-ELLE TOUJOURS AUSSI BIEN ? Les spécialistes avaient annoncé que la pandémie allait causer une hécatombe en Afrique. Mais aujourd'hui, le continent qui représente 17 % de la population mondiale ne compte que 2 % des personnes mortes du coronavirus. Taux de létalité du covid-19 par continent Décès pour 1000 cas confirmés, en %, au 29.07 Océanie Afrique Asie Amérique Europe

1,15 2,11 2,29 3,89 7,13

Q

Par Charles Peguiron

uand les premiers cas de coronavirus ont commencé à atteindre le continent africain, beaucoup ont prédit une situation catastrophique avec des structures hospitalières peu et mal équipées, dépassées et incapables de répondre aux besoins des patients qui affluent en masse. Des experts ainsi que les instances onusiennes ont alors appelé l’Afrique à «se préparer au pire». L’OMS avait estimé entre 83 000 et 190 000 décès et entre 29 et 44 millions de personnes infectées. Dans la foulée, l’organisation mondiale a ainsi publié en mars un rapport avec des prévisions alarmantes. «Il y aurait 3,6 à 5,5 millions d’hospitalisations dues au covid-19, dont 82 000 à 167 000 de cas graves nécessitant l’administration d’oxygène, et 52 000 à 107 000 de cas critiques requérant une assistance respiratoire, estimait le rapport. Un nombre aussi important de patients hospitalisés mettrait à rude épreuve les capacités sanitaires des pays. Une enquête sur les services de santé, entreprise en mars 2020 sur la base des déclarations faites par 47 pays africains, a révélé qu’il y avait en moyenne neuf lits d’unité de soins intensifs par million d’habitants.» Quatre mois plus tard, un constat s’impose: ce continent, qui représente 17 % de la population mondiale, ne compte que 2 % des morts du coronavirus. «Jusqu’à présent, le nombre de cas signalés est plus faible que ce que l’on craignait», a admis Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU. Pour expliquer cette résistance de l’Afrique au coronavirus, plusieurs pistes sont avancées. La principale est la jeunesse de sa population ainsi que son habitude à devoir faire face à des épidémies. «Il y a des facteurs sociaux et environnementaux qui ralentissent la transmission. Et une population plus jeune ayant bénéficié du contrôle des maladies transmissibles telles que le VIH et la tuberculose qui la rend moins vulnérable», analyse le Dr Socé Fall, sous-directeur général de l’OMS, chargé des interventions dans les situations d’urgence. Des efforts importants ont également été consentis pour multiplier les tests. «Au départ, il n’y avait que deux pays qui pouvaient détecter la maladie: l’Afrique du Sud et le Sénégal. Aujourd’hui, pratiquement tous les pays sont en mesure d’effectuer des tests et ça c’est important», a ajouté le Dr Socé Fall de l'OMS. Du nord au sud du continent, beaucoup de pays ont appliqué des mesures de confinement pour limiter les contacts entre les individus et éviter les manifestations populaires. Ce qui a freiné potentiellement la vitesse de propagation du virus. Mais au début du mois de juin, quand la barre des 200 000 contaminations a été atteinte, l’OMS a lancé un nouveau cri d’alarme. «La vitesse à laquelle le nombre de cas confirmés de covid-19 a doublé en moins de 20 jours montre l'accélération de la propagation du nouveau coronavirus sur le continent. "Il a fallu 98 jours pour atteindre la barre des 100.000 cas et seulement 18 seulement pour franchir celle des 200.000. Même si les cas enregistrés en Afrique représentent moins de 3% du total mondial, il est clair que la pandémie s’accélère», a souligné la Dresse Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique. Autre particularité de la pandémie sur sol africain, elle reste concentrée dans les principales villes notamment dans les


NOM DE TÊTIÈRE AFRIQUE

SPÉCIAL COVID-19

capitales, même si de plus en plus de cas apparaissent dans les provinces. L’Afrique se signale également par la concentration des infections. «Dix des 54 pays d'Afrique" recensent 80% des cas, et l'Afrique du Sud à elle seule 25% d'entre eux. Autre fait remarquable, 70% des décès sont enregistrés dans seulement cinq pays: Afrique du Sud, Algérie, Nigeria, Égypte et Soudan. S'il est possible que certains cas asymptomatiques ou légers passent sous les radars, l'OMS ne pense pas qu'un nombre important de cas graves ou de décès ne soient pas comptabilisés en Afrique. La relative jeunesse de la population africaine comparée à celles d'autres continents, et l'expérience acquise dans la gestion d'autres épidémies ont été citées parmi les raisons expliquant le taux de décès en Afrique, inférieur à celui d'autres continents. «Avant que nous ayons accès à un vaccin efficace, je crains que nous devions vivre avec une hausse constante dans la région, avec des foyers à gérer dans de nombreux pays, comme c'est le cas actuellement en Afrique du Sud, en Algérie, et au Cameroun, qui nécessitent de très fortes mesures de santé publique», a encore ajouté la Dresse Matshidiso Moeti.

©Martin Sanchez

Au 9 août, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine, le continent comptait 22.491 décès confirmés et 705.016 guérisons pour 1.022.084 cas enregistrés. L'Afrique du Sud est le pays le plus touché avec 553 188 cas déclarés et 10 210 morts. Ce pays est suivi par l’Egypte qui compte 95 314 cas confirmés dont 4 992 morts.

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SPÉCIAL COVID-19

Vaccination en Afrique

NOM DE TÊTIÈRE

Jean-Paul Mira

Bill Gates

Pr. Jean-Jacques Muyembe

L’AFFAIRE DU TEST DE VACCIN COVID-19 EN AFRIQUE 58

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AFRIQUE

rités françaises. » Par ailleurs, le président du Sénégal, Macky Sall s’est indigné, affirmant « L’Afrique ne saurait s’offrir comme terre de cobayes, » et, à son tour, l’ancienne star du foot ivoirien, Didier Drogba, s’est agacé, arguant que « L’Afrique n’est pas un laboratoire » .

La pandémie fait l’objet de maintes théories du complot qui vont de la version la plus plausible – le virus est issu d’un laboratoire de Wuhan –, à la moins probable – le virus a été créé par Bill Gates –. Une nouvelle affaire de « fake news » alimente l’hypothèse de l’Afrique comme terrain d’expérimentation Par Kathleen Sylvester

E

SPÉCIAL COVID-19

Fake News Face au déferlement des critiques suivant la mise en ligne de l’extrait, l’Inserm tente de se défendre et publie un communiqué dans lequel il évoque une vidéo tronquée qui fait « l’objet d’interprétations erronées » . Effectivement, en consultant la séquence dans sa totalité, nous comprenons mieux l’origine de la controverse. Du fait de son montage, la vidéo a donné lieu à un « fake news » . À l’époque où la France était en confinement strict, et sujette aux mesures de sécurité drastiques, distanciation sociale, hygiène des mains, port de masques, le pays jouissait d’une haute protection contre le virus. Il était alors clair que l’intensité de l’infection diminuerait au fur et à mesure que la situation évoluait. En revanche, afin de mener une étude clinique, il fallait qu’une très grande partie de la population soit malade. Voici pourquoi les experts en déduisaient que le test de vaccin expérimental devrait se faire à l’étranger, et, plus particulièrement en Afrique, qui par sa taille et son infrastructure sanitaire, aurait de plus fortes chances d’héberger des cas, en nombres suffisants, de covid-19. Il était donc tout à fait acceptable de vouloir étendre ce type d’essai sur le continent. Pour en finir avec l’histoire, Camille Locht et Jean-Paul Mira, ont présenté leurs excuses auprès de tous ceux « qui ont été heurtés ou choqués par des propos maladroitement prononcés. »

La dispute provoquée par l’émission de télévision est regrettable car elle contribue à augmenter la méfiance des pays africains déjà concernés par les abus

n plein milieu de crise sanitaire, une vidéo diffusée et partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux a créé la polémique, suscitant de vives réactions auprès des politiques, associations et célébrités, tous confondus. Rappelons des faits. En avril dernier, Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm à Lille, et Jean-Paul Mira, chef de service à l’hôpital Cochin à Paris, sont invités sur le plateau de la chaine d’informations française LCI. Les deux scientifiques échangent sur le potentiel de tester le vaccin anti-tuberculose (BCG) contre le covid-19 sur le continent africain. À la fin de l’émission, diffusée en direct, une personne, encore inconnue, a l’idée d’en soustraire une partie, et de la publier sur la toile. Le clip est devenu viral. L’extrait en question concerne une suggestion provocatrice venant de Jean-Paul Mira. Ce dernier propose d’entamer une étude sur le continent, « où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation » . Son homologue, Camille Locht, se montre favorable au projet et répond d’être lui-même « en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique. » La discussion s’articulait bien autour des études démontrant que le vieux vaccin du BCG pourrait stimuler l’immunité contre le covid-19, mais ces propos, en isolation, rendent impossible d’en deviner le contexte. Évidemment, le montage vidéo fait croire que les Africains sont les cibles d’un test de vaccin contre le coronavirus, donc de nombreuses publications le partagent, et ainsi il fait le tour de l’internet. Au-delà des commentaires sur Twitter ou Facebook, l’histoire fait grand bruit jusqu’à faire réagir le ministre des Affaires étrangères. Il assure que les propos « ne reflétaient pas la position des auto-

Terrain d’expérimentation La dispute provoquée par l’émission de télévision est regrettable car elle contribue à augmenter la méfiance des pays africains déjà concernés par les abus, notamment le Nigéria, à l’égard des vaccins. En parallèle, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le docteur éthiopien, Tedros Adhanom Ghebreyesus, est régulièrement appelé à démentir les rumeurs qui voudraient que le continent soit un terrain d’expérimentation. Une tâche rendue d’autant plus difficile que le virologue congolais, le Pr. Jean-Jacques Muyembe, a affirmé dans la foulée, que son pays, la République Démocrate du Congo, était candidat d’un vaccin contre le coronavirus. Le professeur a dû revenir sur ses propos face au tollé engendré, car à ce jour, aucune étude de ce genre n’est en cours sur le continent africain. Cependant, des tests ont bien démarré dans d’autres pays, notamment en Australie (4160 volontaires) et aux Pays-Bas (1000 personnes), alors qu’en Allemagne et aux États-Unis les essais sont en cours de préparation.

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SPÉCIAL COVID-19

FORMATION NOM DE TÊTIÈRE

TOUJOURS PLUS D’ÉTUDIANTS SÉDUITS PAR LA FORMATION À DISTANCE À l’heure où le confinement est venu perturber le déroulement du semestre dans les universités suisses et mondiales, la formation à distance n’a pas été affectée négativement par la pandémie. Petit tour d’horizon des options offertes en Suisse et ailleurs. Par Félix Portaz

S

e réveiller à 8:00 du matin pour assister à son cours de 8:15, sans se préoccuper d’arriver en retard, tout en ayant le temps de se préparer une tasse de café. Une utopie? Pour nombre d’étudiants universitaires devant penduler chaque jour, oui. Mais pas pour ceux qui suivent une formation à distance. Rendu possible grâce à l’évolution de la technologie, suivre un cursus universitaire depuis son salon n’a jamais été aussi facile, et comporte de nombreux avantages, comme le gain de temps vu l’absence de déplacements et la possibilité de mieux combiner travail et études grâce à une plus grande flexibilité, susceptibles

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de convaincre nombre d’étudiants potentiels. Le covid-19 pourrait, lui aussi, ajouter de l’attrait à cette formule. Si la crise du coronavirus a perturbé pratiquement toutes les activités humaines à travers le monde, un des secteurs les plus affectés a été celui de la formation. En effet, en Suisse comme ailleurs, distanciation sociale oblige, la plupart des universités ont dû fermer leurs portes au mois de mars, comme cela a été le cas à l’Université de Lausanne (UNIL). Les étudiants ont pu tout de même poursuivre leur semestre grâce à des plateformes électroniques comme Zoom, et des aménagements spécifiques ont été introduits pour leur permettre de terminer l’année académique le plus normalement possible, en dépit des circonstances. La plupart des examens de la session de juin ont d’ailleurs eu lieu, mais en ligne, et en cas d'échec, les évaluations de ce semestre ne seront pas comptées comme une tentative. Cela va donc de soi que le monde universitaire, basé depuis des siècles sur l’enseignement dispensé dans des salles de classe en présence des étudiants, a subi une petite révolution. Et ce chamboulement a mis en lumière un secteur moins en vue que le monde académique, mais qui existe tout de même depuis des années: la formation à distance. Longtemps dans l’ombre des formations en présentiel, la crise sanitaire a involontairement donné aux formations à distance un formidable coup de pouce. D’abord présentes aux Etats-Unis, les universités proposant des cursus à distance ont gagné en popularité dans le monde entier, notamment grâce à l’avantage de pouvoir suivre les cours d’un établissement réputé depuis n’importe quel endroit


du globe. D’après Financial Advisor, qui a établi un classement des 10 meilleures universités américaines en ligne pour 2020, les trois meilleures sont celles du Minnesota, de l’Arizona et du Missouri. Mais les options existent aussi en Suisse pour celles et ceux intéressés par cette variante d’études. Il y a par exemple Uni Distance, qui est depuis 1992 le seul institut universitaire à distance reconnu par la Confédération et offrant des cursus en français ou en allemand conformes aux directives universitaires internationales du système de Bologne. Ses diplômes sont d’ailleurs reconnus au même titre que ceux délivrés par les universités suisses. Parmi les bachelors et masters dispensés dans la langue de Molière il y a le droit, l’économie, l’histoire et psychologie. La palette de choix disponible en allemand est en revanche plus restreinte, puisque l’on retrouve uniquement le droit, l’histoire et la psychologie. La formule d’études se compose de cours virtuels et de devoirs à rendre sur une plateforme en ligne, mais les enseignements en présence ne sont pas totalement absents non plus, ayant lieu cinq samedis par semestre, dont trois sont obligatoires. Ils permettent aux étudiants de rencontrer leurs professeurs et de faire connaissance entre eux. Le succès est d’ailleurs au rendez-vous puisque entre 2004 et 2019 les effectifs d’Uni Distance sont passés de 550 à 1719, augmentant chaque année de 10 % en moyenne. La durée d’études avant l’obtention d’un bachelor est toutefois un peu plus longue que dans une université « normale », car il faut compter quatre années et demie, contre trois en général dans les universités suisses.

Le monde universitaire, basé depuis des siècles sur l’enseignement dispensé dans des salles de classe en présence des étudiants, a subi une petite révolution. Le prix est aussi plus élevé car un semestre de bachelor coûte 1300 francs, alors que le prix est de 500 francs à l’Université de Genève, 580 francs à l’UNIL ou 750 francs à l’Université de Berne. Il est à noter en revanche que les bachelors dans certaines universités du pays ont un prix similaire ou sont même plus chers qu’Uni Distance, comme c’est le cas à Saint Gall (1226 francs) mais surtout à Lugano à l’Université de la Suisse Italienne (2000 francs par semestre).

Construire son avenir au service de l’action publique

MPA

Master of Public Administration

Informations et inscription sur

unil.ch/idheap/mpa

Une autre option en Suisse pour la formation à distance est la Haute école spécialisée à distance de Suisse. Reconnue elle aussi par la Confédération, elle appartient à la SUPSI, la Haute école professionnelle de la Suisse Italienne. Tout comme avec Uni Distance, la plus grande partie des études sont effectuées à domicile, les étudiants se retrouvant, en fonction de leur lieu de résidence, deux jours par mois en moyenne aux centres de formation de Berne, Bâle, Brigue ou Zurich. Alors que l’UNIL et les autres universités du pays se préparent déjà à une reprise normale des enseignements en présentiel dès la rentrée de septembre, on peut voir que quelle que soit la formule d’études choisie, il y en a pour tout le monde.

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TRAIT D'HUMEUR

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RÉPERTOIRE EAU

COMPÉTENCE ET RÉACTIVITÉ À VOTRE SERVICE

NETTOYAGE

ÉQUIPEMENT

PIONNIER PAR TOUTES LES NEIGES

INGÉNIERIE

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Ch. des Champs Prévost 14 CH - 1214 Vernier Tél. +41 22 796 21 31 Fax +41 22 797 20 78

Kärcher AG Industriestrasse 18 8108 Dällikon Tél. 0844 850 868 Fax 0844 850 865 info@ch.kaercher.com

Zaugg AG Eggiwil Holzmatt, 3537 Eggiwil Tél. +41 34 491 81 11 info@zaugg.swiss

AJS ingénieurs civils SA Rue de la Place d’Armes 5 2001 Neuchâtel Tél. +41 32 720 01 00 ajs@ajs.ch

www.ds-sa.ch

www.kaercher.ch

www.zaugg.swiss

www.ajs.ch

ECLAIRAGE

FORMATION CONTINUE

VÉHICULES

ÉQUIPEMENT

VENTE DE VÉHICULES ET ACCESSOIRES CONSEIL PERSONNALISÉ SERVICE & ENTRETIEN ATELIER MÉCANIQUE

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Schréder Swiss SA ZI Ecorche Bœuf 8 1084 Carrouge Tél. +41 21 903 02 35

Tony Küpfer SA Route Industrielle 19, 1880 Bex Tél. +41 24 463 90 50

Züko AG CH - 1630 Bulle Tél. +41 26 913 90 21 info@zueko.com

www.schreder.ch

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www.zueko.com

ENVIRONNEMENT

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CARRELAGES

SABAG Romandie SA Chemin de Longemarlaz 6 CH - 1023 Crissier Tél. +41 79 228 34 90 www.sabag.ch/fr ÉCHAFAUDAGES

Echami Léman SA Route de Vallaire 80 CH - 1024 Ecublens Tél. +41 21 324 00 67 info@echami-leman.ch

ÉNERGIE

UN SEUL PARTENAIRE CHAUFFAGE VENTILATION SANITAIRE

GÉOLOGIE INGÉNIERIE GÉOPHYSIQUE ENVIRONNEMENT

INFORMATIQUE POUR COLLECTIVITÉS PUBLIQUES

Von Auw SA Route de Genève 3 CH - 1028 Préverenges Tél. +41 21 804 83 00 Fax +41 21 804 83 01

Geotest En Budron E 7 1052 Le Mont-sur-Lausanne Tél. +41 21 731 09 20 Fax +41 21 731 09 30 lausanne@geotest.ch

Abraxas Epsilon SA Grabenackerstrasse 9 4142 Münchenstein Tél. +41 58 660 95 50

www.vonauw.ch

www.geotest.ch

www.abraxas.ch

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SPÉCIAL COVID-19

EN CHIFFRES Même si les mesures prises par les gouvernements ont permis d'éviter une catastrophe sanitaire, l’économie mondiale a traversé un premier semestre marqué par une crise sans précédent dont les conséquences vont durablement l’affecter. À l'exception des GAFAM, principaux bénéficiaires de la situation.

Dans le monde

20 124 437 En Suisse

36 708

L'applatissement de la courbe. C'était le but recherché par les mesures de confinement

Transmission incontrôlée Nombre de cas

Nombre de cas

Capacité des systèmes de santé Aveccontrôles contrôles Avec Temps depuis le premier cas

Source: WEF

Les pays avec le taux de mortalité le plus élevé Nombre de morts Dans le monde

737 285 En Suisse

1712

Royaume-Uni Belgique Italie France Hongrie

cas confirmés 311 641 74 620 251 237 202 775 4746

décès 46 526 9879 35 215 30 340 614

Taux de mortalité ( %) 15,2 14,9 14,3 13,9 13,4 Source: Johns Hopkins University & Medecine

Tous les chiffres au 11.08.2020

Europe

3 109 225

Répartition géographique des cas confirmés

Amérique du Nord

Asie

6 120 452

5 052 943

Afrique

1 057 649 300 000+ 50 001 - 300 000 10 001 - 50 000 101 - 10 000 1 - 100 Absence de données

96

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Amérique du Sud 4 800 253

Océanie 23 426

Source: covid-19 Portal


NOM DE TÊTIÈRE

ECONOMIE La pandémie a entraîné un effondrement de l’activité dans une multitude de secteurs, partout dans le monde. Le FMI s'attend à « la pire récession depuis la Grande dépression des années 1930 ». Donc, beaucoup plus grave que la crise financière de 2008

Contraction de

Commerce mondial 2020

en 2020

5000 milliards de $

-5% (Banque Mondiale)

-13%­­ à -32%

de richesses détruites

Sources: WTO, Banque Mondiale

L'impact économique par secteur en Suisse De nombreux perdants et quelques gagnants

Perte de

Chute de

55%

Repli de

chute de

-47% 20000 -20% +22% x10

de nuitées emplois dans du chiffre pour l'hôtellerie le secteur MEM d’affaires suisse en 2020 (machines, de Swiss des exportations par rapport équipements au premier horlogères à l’année électriques et semestre 2020 en 2020 précédente métaux)

-25%

du commerce de détail en avril par rapport à l’année précédente

de hausse pour les livraisons le commerce et commandes en ligne en avril e-commerce (marchés, envoi ont décuplé et commerce l'utilisation sur internet) d'emballages Sources: Vontobel, KOF, Swissmem, Agefi, OFS

Les aides inédites pour soutenir et relancer l'économie

Aux grandes crises, les grands remèdes: des montants astronomiques sont distribués pour protéger les entreprises

2,2

trillions de dollars

C'est la somme allouée au CARES Act signé par Donald Trump le 27 mars afin de venir en aide à l'économie américaine. Du jamais vu dans l'histoire des USA

750 65 milliards d'euros

de rachats de dette d’ici fin 2020. C'est le Programme d’urgence (PEPP) décidé par la BCE pour éviterune nouvelle crise de la zone euro

milliards de francs

Le Parlement suisse a autorisé le déblocage de crédits urgents pour un montant inédit Prêts transitoires PME Assurance chômage Alloc. perte de gain Matériel sanitaire Aviation Culture Autres

41 000 6000 5300 2593 1875 280 300


SPÉCIAL COVID-19

LES GRANDS

GAGNANTS

DE LA CRISE

GOOGLE a enregistré un bénéfice net de

6,8 milliards

de dollars. Les bénéfices publicitaires de Youtube et du Cloud ont explosé.

+52 %

+33 %

APPLE a vu son chiffre d'affaires des services bondir de 17 %, à 13,3 milliards de dollars, tandis que les ventes d'articles portables, de maison et d'accessoires ont grimpé de 23 % au premier trimestre.

+169  % de CA

Le chiffre d'affaires de ZOOM a bondi de 169% à 328 millions de dollars entre février et avril. 300 millions de participants au cours d’une même journée en avril.

+28  % surunan Record absolu pour NETFLIX :

15,8 millions

de nouveaux abonnés grâce au confinement

138

FACEBOOK. Mark Zuckerberg, PDG et cofondateur du groupe : « Il y a beaucoup de choses à construire pendant des périodes comme celle-ci, donc plutôt que de freiner à fond, comme beaucoup d'entreprises pourraient le faire, c'est important de continuer à investir dans les nouveaux besoins »

milliards de dollars AMAZON Jeff Bezos, PDG d'Amazon, avait au 24 avril augmenté sa vaste fortune de 24 milliards de dollars pendant la pandémie, soit une augmentation d'environ 20% en quatre mois pour atteindre 138 milliards de dollars.


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