Foot Santé 2025

Page 1


BLESSURES

FOOTSanté

docdusport.com

DOCDUSPORTEST UNE PUBLICATION DE MÉDIATHLÈTE

294, avenue de la Capelette 13010 Marseille

Tél. 09 51 92 77 12

RCS Marseille 844 467 506 au capital de 1000 € E-Mail : contact@docdusport.com

ISSN 2649-6615

Directeur de la publication : docteur Bruno Emram

Rédacteur en chef : docteur Stéphane Cascua

Rédactrice en chef adjointe : Anne Odru

Directrice de la publicité et du développement :

Muriel Hatem

Chef de projet :

Juliette Raudrant

Comité scientifique : docteur Stéphane Cascua, docteur Marc Rozenblat, docteur Dany-Michel Marcadet, Mikael Bettan, Charles-Antoine Winter

Comité de rédaction : docteur Stéphane Cascua, docteur Emmanuel Orhant, docteur Pascal Maillé, docteur Jean-François Chapellier, Mikael Bettan, docteur François Rozet, docteur Bertrand Tamalet, Anne Odru

Correctrice : Anne Vialletet

Les news du Doc : Anne Odru

Webmaster :

Grégory Herlez

Réalisation : Charlotte Calament

Groupe Centrimprim

Rue Denis-Papin - Zi « La Molière » 36100 Issoudun

Dépôt légal à parution

Aucun article publié dans ce magazine ne peut être reproduit sous forme d’imprimé, photocopie, microfilm ou par tout autre procédé sans autorisation expresse des auteurs et de l’éditeur. Les articles de ce magazine sont rédigés sous la responsabilité de leurs auteurs et reflètent leurs opinions. Ils n’engagent en aucune façon la société éditrice. Les articles sont des articles de fond.

NOS EXPERTS

Docteur Stéphane CASCUA

Triathlète adepte du cardio-training et de la musculation. Médecin du sport, traumatologue et nutritionniste du sport. Diplômé en entraînement du sportif Rédacteur en chef

Anne ODRU

Triathlète aventurière. Journaliste de sport et sportive, formation universitaire en sciences de la nature et de la vie Rédactrice en chef adjointe

Docteur Bruno EMRAM

Triathlète, Ironman, boxeur. Médecin ORL et médecin de la plongée Directeur de publication

Mikael BETTAN

Coureur de demi-fond et de trail, triathlète, golfeur et footballeur.

D.U. podologie du sport. Membre ANPS Expert Préférences motrices Volodalen

Cyril Blanchard

Athlète, préparateur mental Fondateur de l’Institut Santé & Mental Recordman de l’Enduroman (Londres - Paris en triathlon)

Grégory HERLEZ

Runner et ultra-trailer Community Manager

Muriel HATEM

Triathlète, marathonienne Directrice de la publicité et du développement

Docteur Marc ROZENBLAT

Golfeur et cycliste. Président honoraire de la Société française de traumatologie du sport (SFTS)

Président du Syndicat national des Médecins du Sport - Santé (SNMS Santé)

Professeur François CARRÉ

Coureur et cycliste

Cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes et à la Fédération Française de Cardiologie

Docteur Dany-Michel MARCADET

Golfeur, voile en compétition. Consultant FFT et FFG Cardiologue du sport

Docteur Philippe CHADUTEAU

Instructeur de plongée et de Krav Maga Médecin traumatologue du sport

Charles-Antoine WINTER

Ancien pratiquant de raids, cycliste amateur et passionné de courses d’obstacles

Diététicien nutritionniste, consultant et conférencier

ÉDITO

DÉVELOPPEMENT DES PRATIQUES SANTÉ :

« UNE POLITIQUE PRIORITAIRE DE LA FFF »

Avec 2,4 millions de licenciés, femmes et hommes, répartis dans 12 000 clubs sur tout le territoire, la Fédération Française de Football s’impose comme la première Fédération sportive de notre pays. Ce statut, qui affirme la formidable popularité et l’attractivité du football, constitue évidemment une fierté. Il prouve que le football est présent partout, des villes aux campagnes, sans oublier l’outre-mer, et qu’il occupe une place particulièrement importante et même essentielle dans notre société, à plus d’un titre. Au regard du nombre considérable de pratiquants, de tout âge, qu’il touche presque quotidiennement, le football, en tant qu’activité sportive, participe à une meilleure santé pour notre jeunesse et l’ensemble de nos concitoyens. Ses bienfaits sont reconnus par tous et la FFF a bien entendu à cœur de les valoriser à travers un ensemble d’actions et de programmes qu’elle impulse.

Mais ce rang de Fédération numéro un en appelle aussi à une grande responsabilité vis-à-vis de celles et ceux qui foulent nos terrains, parmi lesquels une majorité de jeunes, mais aussi de celles et ceux qui les encadrent. C’est pourquoi la FFF, soucieuse de remplir pleinement sa mission de service public, fait du « football santé » l’une de ses priorités et veille à l’appliquer aussi bien à la pratique de haut niveau, d’élite, qu’à la pratique amateure, la plus répandue. Elle s’appuie pour cela sur sa Direction médicale, dirigée par le Dr Emmanuel Orhant, ainsi que sur sa Commission fédérale médicale, présidée par le Dr Jean-François Chapellier, et ses déclinaisons dans les ligues et les districts, son réseau de médecins régionaux et départementaux, de spécialistes. Leur mission : mettre en œuvre la politique médicale fédérale dans le football hexagonal.

Prévenir, sensibiliser, protéger, informer et former sont parmi les maîtres-mots de cette politique fédérale. Cela fait partie de l’engagement au sens large de la FFF, de son rôle sociétal, qu’elle revendique et assume pleinement. Nous avons ainsi la fierté d’avoir signé en juillet 2024 une convention avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui a vocation à favoriser une pratique du football axée sur la santé, la remise en forme et la prévention pour les personnels et les patients de l’AP-HP !

La FFF assure par ailleurs une mission académique avec la formation continue des médecins fédéraux et ceux des clubs professionnels. Elle a également créé un diplôme interuniversitaire (DIU) dédié aux pathologies du football. Régulièrement, elle organise un congrès médical de référence, fait partie des intervenants réguliers de l’UEFA et assure des formations à l’étranger. Rappelons enfin, car c’est important, que le Centre National du Football de Clairefontaine abrite un Centre médical de tout premier plan, doté de toutes les technologies de pointe, labellisé « FIFA Medical Centre of Excellence », faisant partie des cinquante centres médicaux de référence dans le monde. Avec ses 3 000 consultations annuelles, le suivi qu’il assure auprès des équipes de France et des sélections nationales, il symbolise, à mon sens, le fort investissement de la FFF en matière de football santé.

DIALLO, PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE FOOTBALL

LIVRAISON GRATUITE &

RETOUR OFFERT

PLUS DE 50 000 MODÈLES SPORT

FOOTBALL / RUNNING / TRAIL / TENNIS / BASKET / RUGBY

ÉDITO

LA SANTÉ : « UN ENJEU MAJEUR POUR LE FOOTBALL AMATEUR »

Lorsque l’on évoque l’engagement de la FFF en matière de Football Santé, un chiffre me vient spontanément à l’esprit car il donne toute la mesure de l’importance que notre institution accorde à cette question et aux enjeux qu’elle suppose : 75 000 ! Il ne correspond pas à un nombre de matches ou de spectateurs, mais au nombre de licenciés formés par la Fédération dans le cadre de sa campagne dédiée aux Gestes qui sauvent. Il mérite d’être connu et cité en exemple. Ces formations aux Gestes qui sauvent sont principalement dispensées au sein du football amateur, là où se trouve l’écrasante majorité des pratiquants, et par conséquent, là où elles vont pouvoir bénéficier au plus grand nombre, de manière efficace et surtout, utile. Il faut ici saluer le travail de la Direction médicale de la FFF qui pilote cette opération véritablement d’intérêt public.

On le voit par cette illustration, la politique fédérale en termes de Football Santé ne privilégie pas le sommet de la pyramide de notre sport. Au contraire, elle associe étroitement l’élite et la base car les progrès réalisés pour l’une, au niveau des sélections nationales par exemple, du suivi des futurs joueurs, joueuses ou arbitres professionnel(le)s, profitent nécessairement à l’autre, par effet de « contagion » si j’ose dire : sur la préparation physique, la prévention des risques de blessure, la prévention du dopage, la récupération, l’alimentation, la diététique, l’hygiène, via des fiches pratiques mises à disposition des licenciés sur le site Internet de la FFF (www.fff.fr).

En décembre 2023, l’Assemblée générale de la FFF a pris la décision de créer une licence Foot Santé afin d’offrir une solution aux personnes qui ne sont pas en mesure de pratiquer un football de compétition mais plutôt une discipline axée sur la santé et la remise en forme. Cette licence permet d’accéder au Foot en marchant, au Fit Foot et au Golfoot, nouvelles pratiques proposées par la Fédération dans le cadre plus général du Football Loisir, qui a franchi cette année le cap des 50 000 licencié(e)s. Les actions de sensibilisation mises en œuvre dans les territoires - ligues et districts –, qui abritent nos 12 000 clubs amateurs, vont aussi au-delà du terrain de jeu et de la pratique en elle-même. Elles concernent ainsi des sujets tels que la protection de l’enfance, l’accompagnement médicopsychologique, les pratiques addictives ou les commotions cérébrales, participant ainsi aux politiques conduites par les pouvoirs publics et les autorités médicales de notre pays. Je n’oublie pas, non plus, les relations qui nous unissent avec nos amis des Fédérations Handisport et Sport Adapté, auxquelles nous sommes très attachés.

Tout cela traduit la volonté de la FFF, avec le soutien et le relais actif de la Ligue du Football Amateur, d’apporter toute l’attention nécessaire au Foot Santé. Par des actes et pas seulement des mots.

CLAUDE DELFORGE, PRÉSIDENT DE LA LIGUE DU FOOTBALL AMATEUR

10

RENDEZ-VOUS

Pour l’amour du foot… et de son papa !

12

PRÉSENTATION

Le foot santé : allié du bien-être et de la prévention

14

BIENFAITS

Les avantages sur la santé de la pratique du foot santé

16

BLESSURE

Les blessures dans le football

19

INTERVIEW

Quand le foot se met au pas pour la santé

20

JEUNESSE

Les lumbagos des jeunes footballeurs sont des fractures… jusqu’à preuve du contraire !

22

PRÉVENTION

Programme de prévention des blessures dans le football amateur

25

LES NEWS DU DOC 26

CONSEIL

Jouer et faire ! 28

FOCUS

Le retour au football après une rupture du ligament croisé antérieur du genou 31

SANTÉ

Bouger pour la santé des hommes : quand le sport devient un véritable traitement 32

MISE AU POINT

Le claquage des ischio-jambiers : la plaie du footballeur !

Les spécificités du football féminin

PODOLOGIE

La douleur de talon chez le jeune footballeur : la maladie de Sever

RENDEZ-VOUS

PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA.

MÉDECIN DU SPORT ET RÉDACTEUR

EN CHEF DE DOC DU SPORT

POUR L’AMOUR DU FOOT…

ET DE SON PAPA !

Enzo a 14 ans, il fait du foot en club. Il vient me voir accompagné de son papa car il a mal au genou. Il me montre spontanément une petite bosse osseuse située juste en dessous de son articulation. Le diagnostic est fait ! Il présente une maladie d’Osgood-Schlatter, une souffrance de l’os en croissance à l’endroit où s’accroche le quadriceps, le gros muscle de la cuisse. Dans quelques minutes, je l’examinerai de façon exhaustive pour éliminer toutes les autres blessures possibles et je devrai confirmer mon hypothèse.

Le Doc : Enzo, je te pose plein de questions et papa intervient quand il veut ! D’accord ?

Le papa… d’emblée �� : Parfait docteur, on fait comme ça !… Mais  je voudrais d’abord vous dire, car il n’osera pas vous l’exprimer, que Enzo est très doué, il a de grosses aptitudes ! Il a été repéré par de nombreux centres de formation. J’ai été contacté ! Il a le potentiel pour devenir « pro »… alors que moi, j’ai dû arrêter mon cursus à  17 ans après une rupture du ligament croisé !

Le Doc : Alors, Enzo, raconte-moi ta pratique. Quel est ton poste ? Es-tu droitier ou gaucher ? Combien as-tu d’entraînements chaque semaine ?

Le papa : … Docteur, il faut préciser qu’il joue aussi très bien du gauche… et personnellement je suis convaincu qu’il serait encore plus efficace en attaquant de pointe. Ses frappes sont puissantes et  malicieuses. Son coach n’en a pas pris conscience ! Pourtant, je lui ai dit ! C’est dommage !

… je croise son regard et je l’accompagne d’un sourire bienveillant mais taquin…

Le papa : … Oui, je lui enseigne beaucoup l’humilité… c’est  essentiel pour progresser ! Alors, il n’ose par vous dire tout ça !…

… en vieux brisquard de la médecine footballistique, je complète mon tour d’horizon…

Le Doc : Dis-moi, Enzo. As-tu des entraînements complémentaires ?

Enzo : Eh oui ! Les jours sans football, je fais de la préparation physique avec un coach. On fait du renforcement, du travail de vivacité et des sprints.

Le papa : Oui, je lui offre deux séances personnalisées par semaine avec un prépa qui a travaillé en centre de formation. Enzo est vif mais c’est un petit gabarit ! Il doit faire du muscle pour être plus solide sur les contacts ! Je trouve que les clubs oublient trop souvent cette notion… Et puis en fin de session, je prends le relais pour lui faire bosser un peu sa technique… je lis beaucoup ! On parle de transfert vers le geste spécifique ! Les prépas ne savent pas faire ça !… Chacun son métier !

Enzo : … parfois, je fais une autre séance le dimanche, quand je suis resté sur le banc le samedi.

Le papa : … Pfft ! Oui parfois, il est remplaçant ! Sur son poste, il est en concurrence avec un grand costaud, un gars qui a fait sa  puberté bien avant tout le monde… ou dont la date de naissance mentionnée est approximative ! Enzo va continuer à se développer et aura bientôt comblé l’écart !

Le Doc : Alors, Enzo, peux-tu associer ta douleur de genou à un contexte particulier ? Une grosse séance physique, un match difficile, un choc sur ton genou… un stage peut-être ? … bingo !

Enzo : Oui ! Elle est arrivée pendant le stage de la trêve de Noël ! J’ai fini les entraînements en boitant ! On avait souvent deux séances par jour !

Le Doc : Oh ! Enzo, c’était une drôle de trêve… Tu sais que les études montrent que les stages provoquent 5 fois plus de blessures que les entraînements habituels ! À chaque séance, le risque est équivalent à celui d’un match ! Le corps ne parvient pas à s’adapter ! Il lui faut du repos pour se réparer, se reconstruire plus fort et progresser !

Le papa : … Mais ce stage était organisé par une grande académie !

Le Doc : Bien sûr ! Mais il a été à l’origine d’une surcharge de contraintes sur le corps de Enzo déjà très sollicité… Tout ça, alors que ses copains se reposaient… conformément au rythme annuel validé par l’usage ! Allez, Enzo, viens me voir, je vais t’examiner consciencieusement…

Je teste la totalité des structures de son genou. Tout est rassurant… et le diagnostic d’Osgood-Schlatter est confirmé. Mais le papa souhaite compléter…

Le papa : Ah oui, j’oubliais ! Tous les mois, Enzo va chez l’ostéopathe pour réharmoniser le fonctionnement de chacune de ses articulations…

Le Doc : Bon, Enzo ! Cette fois, tu as une blessure. Ce n’est pas dramatique ! Tu souffres sur la zone de croissance en haut de ton tibia. À cet endroit s’accroche le gros muscle de la cuisse appelé « quadriceps ». Les vieux, comme ton père et moi ��, si nous abusons des tractions à ce niveau, nous abîmons notre tendon rotulien. Tu vois, cette cordelette fibreuse relie le muscle à l’os et transfère la force de contraction. Nos tendons sont un peu secs et fragiles mais nos os ont fini de grandir et sont solides. Chez les ados comme toi, le tendon est jeune et souple. Le point faible de cette chaîne mécanique se situe sur l’os en croissance, au point d’amarrage du tendon. Bref, tu as fait l’équivalent d’une fracture de fatigue ! Alors, je vais te donner des compléments alimentaires et des plantes qui favorisent la réparation osseuse : du calcium, de la vitamine D, bien sûr ! Je vais ajouter de la vitamine K, du silicium, du collagène et une crème à la consoude… une plante qui comme son nom l’indique est connue pour consolider les os. Tu vas faire des étirements doux de ton quadriceps tous les matins, allongé sur le ventre, en ramenant ton talon vers ta fesse, abdos contractés sans cambrer. Pendant la croissance, ce sont les os qui grandissent… et les muscles tentent de suivre ! Ils sont toujours un peu en retard et tirent sur les insertions. Mieux vaut les adapter en douceur ! Et surtout, tu vas ajuster ta pratique sportive ! Tu as de la chance, avec tes douleurs aujourd’hui modérées, le traitement n’est pas le repos mais le dosage de tes contraintes d’entraînement. Comme tu en faisais beaucoup trop, je t’invite à reprendre avec le groupe… mais tu élimines toute la prépa et les stages que ton coach n’a même pas intégrés à ta charge de travail ! Il est même possible de faire les matchs si tu ne souffres pas trop. Tu peux sentir ton genou… mais je ne veux pas que tu boites ! On se revoit dans un mois et on peaufine les réglages de ton activité en fonction de l’évolution…

Le papa : … Vous pouvez compter sur moi ! Boiterie interdite ! De toute façon, je vais surveiller ! Je suis présent à tous les matchs. On débriefe toujours sur sa prestation technique et tactique… on parlera aussi du genou ! Heureusement que vous ne lui avez pas interdit le foot ! il adore ça !

Le Doc : …oui sûrement, mais je crois aussi qu’il adore son papa et qu’il ne veut pas le décevoir ! … et en sortant je lui susurre à l’oreille…

Le Doc : Et surtout, n’oubliez pas de dire à Enzo que vous l’aimerez toujours… même s’il ne devient pas footballeur professionnel !

Marcher, bouger, respirer… et jouer ! Le « foot santé » séduit de plus en plus d’adeptes en quête d’activité physique accessible et conviviale. Soutenue par la FFF, cette philosophie de pratique repense le football autour de la prévention, de la remise en forme et du plaisir partagé.

Du Foot en marchant dans les hôpitaux au Fit Foot dans les clubs amateurs, la santé marque des points sur tous les terrains.

LE FOOT SANTÉ : ALLIÉ DU BIEN-ÊTRE ET DE LA PRÉVENTION

FOOT SANTÉ : DE QUOI PARLE-T-ON ?

Le concept de « foot santé » désigne une philosophie de jeu autour de formes de pratique du football adaptées à des objectifs de prévention, de remise en forme ou d’inclusion, plutôt que de performance pure. Il englobe notamment :

 Le Foot en marchant (pratique douce, accessible, favorisant le maintien de l’activité physique) ;

 Le Fit Foot, une forme de football récréatif visant la condition physique et le plaisir ;

 D’autres adaptations selon les publics : personnes âgées, personnes en réhabilitation ou en situation de santé particulière, handicap, etc.

Ces pratiques permettent d’associer les bienfaits du sport — amélioration cardio-vasculaire, renforcement musculaire, équilibre, bien-être psychologique — à l’esprit collectif et convivial du football.

LE DÉVELOPPEMENT AU SEIN DE LA FFF

La Fédération Française de Football intègre le foot santé dans plusieurs de ses actions récentes :

 En juillet 2024, la FFF a signé une convention de deux ans avec l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour proposer aux personnels et aux patients des activités de « foot santé » ;

 Dans ce cadre, la FFF développe une licence spécifique « foot santé », qui permet à des personnes de pratiquer des formes adaptées : Foot en marchant, Fit Foot, GolfFoot ;

 La convention prévoit aussi des ateliers de découverte ou d’initiation dans les hôpitaux, la formation de clubs volontaires pour accueillir ces publics, etc.

Par ailleurs, la FFF incorpore le foot santé parmi ses priorités dans les dispositifs de subvention et d’appels à projets (voir plus bas) et dans ses orientations sociétales liées à la pratique sportive, à la lutte contre la sédentarité, à l’accès aux sports pour tous.

PAR ANNE ODRU AVEC LA FFF ET LA LFA

LE PROGRAMME ÉDUCATIF FÉDÉRAL ET SA THÉMATIQUE « SANTÉ »

Le PEF — lancé en 2014 — constitue l’outil pédagogique central de la FFF pour sensibiliser les jeunes licencié·es (catégories U6 à U19) aux règles de vie, aux valeurs et à des thèmes sociétaux comme la santé.

Ce que le thème « Santé » couvre dans le PEF :

 L’hygiène de vie : nutrition, hydratation, sommeil, récupération ;

 La prévention des blessures, des comportements à risque (surmenage, usage de substances, etc.) ;

 L’éducation à la sécurité : échauffements, étirements, gestes de premiers secours, préparation physique adaptée ;

 Des fiches pédagogiques et éducatives : ateliers, mises en situation, jeux, fiches d’information.

Son fonctionnement et son déploiement :

 Le PEF s’adresse aux éducateur·rices, dirigeants, clubs, parents ;

 Les clubs peuvent choisir et conduire des fiches actions, organiser des temps éducatifs, des animations selon les thématiques, dont la santé ;

 Le PEF évolue : nouveaux outils, fiches, plateforme « Développer son club », etc.

EFFORTS FINANCIERS VIA LE FAFA

Le Fonds d’Aide au Football Amateur (FAFA) représente le principal levier financier de la FFF pour soutenir le football amateur : clubs, ligues, districts, collectivités. Il intervient sur plusieurs volets : emploi, équipement, formation, transport. Liens entre FAFA et santé

Même si le FAFA ne finance pas exclusivement la thématique « foot santé », ses dispositifs labellisés nouvelles pratiques, équipement ou emploi contribuent fortement à la mise en place de formes de pratique sanitaires ou de bien-être :

 Le soutien aux terrains Foot5, Futsal® extérieurs ou intérieurs permet de multiplier les offres d’activités accessibles, de proximité, potentiellement utilisées pour du foot santé (Foot en marchant ou Fit Foot) ;

 Les dispositifs PSF (Projets Sportifs Fédéraux) copilotés avec l’Agence Nationale du Sport (ANS) incluent explicitement la promotion du sport santé (Foot en marchant, Fit Foot) comme critère d’éligibilité ;

 Le guichet ANS-FFF pour la création de terrains Foot5/Futsal® aide à diversifier les infrastructures de proximité.

ENJEUX, LIMITES ET PERSPECTIVES

Enjeux positifs

 L’intégration du foot santé permet d’élargir les publics : les nonlicenciés, les personnes en prévention, en réhabilitation, etc. ;

 Il répond à des enjeux de santé publique : lutte contre la sédentarité, obésité, maladies liées à l’inactivité ;

 Il renforce le rôle social du football : inclusion, lien social, bien-être.

Limites ou défis

 Nécessité de former les clubs et éducateurs pour accueillir ces publics spécifiques : compétences, équipements adaptés, sécurité ;

 Assurer que les licences « foot santé » soient réellement accessibles (coût, localisation) ;

 Trouver une pérennité dans les financements, parce que les dispositifs ponctuels ou subventions peuvent fluctuer ;

 Évaluation : mesurer l’impact réel sur la santé des participants nécessite des protocoles adaptés, ce qui est parfois complexe.

Perspectives

 Déploiement de la licence « foot santé » dans d’autres hôpitaux, mais aussi dans les quartiers, les maisons de retraite, les centres de rééducation ;

 Renforcement des partenariats santé sport (hôpitaux, collectivités, mutuelles, Assurance Maladie) ;

 Développement d’infrastructures de proximité pour faciliter l’accès ;

 Plus d’actions dans le PEF liées à la santé : fiches thématiques encore plus nombreuses, ateliers de prévention, etc.

CONCLUSION

Le foot santé entre de plus en plus dans les priorités de la FFF, tant sur le plan pédagogique, avec le Programme Éducatif Fédéral, que sur le plan opérationnel à travers les licences, partenariats et financements. Le FAFA, bien qu’il ne soit pas exclusivement dédié à la santé, joue un rôle déterminant dans la structuration de l’offre, la mise à disposition d’infrastructures et la facilitation des actions de sensibilisation. Pour que ces initiatives aient un impact durable, il est essentiel de consolider les financements, d’accompagner les clubs dans la montée en compétence et de favoriser l’évaluation rigoureuse des dispositifs. ✱

LES AVANTAGES SUR LA SANTÉ DE LA PRATIQUE DU FOOT SANTÉ

La pratique du foot santé, aussi appelé « football loisir adapté à la santé », présente de nombreux bénéfices physiques, mentaux et sociaux, en particulier lorsqu’elle est encadrée de manière sécuritaire pour des publics variés (adultes, seniors, personnes atteintes de maladies chroniques...).

FOOT SANTÉ = LOISIR

À la différence du foot traditionnel, lorsque l’on souscrit à une licence « foot santé », la compétition est interdite ! Cette pratique est dédiée au bien-être physique, mental et social. Nous parlons donc de loisir pur où l’on va pouvoir pratiquer du foot en marchant, du Golfoot, du foot sur terrain réduit, ou encore du Fit Foot pour les féminines.

Les mamans peuvent ainsi profiter d’une séance pendant l’entraînement de leurs enfants, de quoi tirer profit de ce temps de pratique sportive en famille.

Le foot en marchant est la pratique la plus répandue, elle s’effectue à tout âge et sans esprit de compétition.

La Fédération Française de Football a d’abord fait connaître ses pratiques via des ateliers au sein des hôpitaux ; une sensibilisation auprès des patients qui leur a permis de se motiver pour continuer au-dehors et se rapprocher des 13 ligues en France qui servent de relais afin de savoir où pratiquer.

LES BIENFAITS DU FOOT SANTÉ

La pratique du foot santé permet de développer l’endurance quel que soit son niveau.

Elle permet de participer à un sport collectif et donc d’établir un contact avec l’autre, ce qui est très bénéfique sur le plan psychique. Les personnes avec des pathologies similaires peuvent se retrouver et partager un moment de convivialité en se sentant incluses dans un groupe sans se dévaloriser. Afin de faciliter l’accès à la pratique, la commission fédérale a validé l’absence de certificat médical. Les patients venant au foot santé sont déjà suivis par un médecin.

Marcher avec une balle au bout du pied permet de développer des réflexes et de travailler sa proprioception qui se perd en vieillissant. C’est donc un bon moyen de se maintenir en forme et de garder l’équilibre au quotidien.

Voici les principaux avantages sur la santé du foot santé :

1

 Avantages physiques

a. Amélioration de la santé cardio-vasculaire

I / Le football santé stimule le cœur et la circulation ;

II / Baisse de la tension artérielle ;

III / Diminution des risques d’accident cardiovasculaire (AVC, infarctus).

b. Renforcement musculaire et articulaire

I / Sollicite les membres inférieurs (cuisses, mollets), mais aussi le tronc ;

II / Renforce les muscles posturaux et améliore l’équilibre.

c. Meilleure gestion du poids

I / Activité aérobie modérée → brûle des calories durablement ;

II / Prévention du surpoids et de l’obésité.

d. Prévention de l’ostéoporose

I / L’effort avec appui au sol stimule la densité osseuse ;

II / Réduit les risques de fracture, surtout chez les seniors.

2  Bénéfices mentaux et cognitifs

a. Réduction du stress et de l’anxiété ;

b. Libération d’endorphines ;

c. Moment de plaisir et de convivialité qui agit sur le moral ;

d. Amélioration des fonctions cognitives :

I / Sollicitation de la mémoire, coordination, prise de décision rapide ;

II / Utile en prévention du déclin cognitif chez les personnes âgées.

3  Bienfaits sociaux et motivationnels

a. Renforcement du lien social ;

b. Activité collective, accessible à tous ;

c. Crée un sentiment d’appartenance, utile contre l’isolement.

PAR LE DOCTEUR JEAN-FRANÇOIS CHAPELLIER, MÉDECIN FÉDÉRAL NATIONAL, MEMBRE DU COMEX DE LA FFF AVEC ANNE ODRU

4

 Reprise progressive d’une activité physique

a. Idéal pour les personnes sédentaires ou en convalescence ;

b. Souvent pratiqué à intensité adaptée, en marchant ou avec des règles sécurisées.

La pratique du foot santé permet également de travailler sur la vision périphérique en cherchant à éviter l’adversaire, un bienfait cognitif non négligeable que l’on ne retrouve pas dans tous les sports. C’est une activité qui entretient de nombreux facteurs cognitifs afin de participer au « jeu ». C’est dans ce contexte que la relation avec les partenaires constitue un avantage social considérable.

Les éducateurs spécialisés mettent en place une pratique sereine et sans contrainte en veillant à ce qu’il n’y ait pas de contact. Il est important de communiquer dans les hôpitaux pour amener les éducateurs à se former dans les clubs prévus à cet effet.

Il faut communiquer également au sein de la FFF afin de rendre accessible cette pratique à tous en permettant à la population de comprendre où et comment s’inscrire. Pour cela, nous devons partager les bienfaits afin de motiver un maximum de personnes à prendre une licence pour profiter de ce loisir ludique et bon pour la santé. ✱

LES ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

METTENT EN PLACE UNE PRATIQUE SEREINE ET SANS CONTRAINTE.

EXEMPLES D’APPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES

Diabète de type 2 : amélioration de la glycémie.

Hypertension artérielle : régulation durable. Dépression ou burn-out : retour à l’estime de soi par le jeu.

Réhabilitation cardiaque : alternative ludique à la marche sur tapis.

COMMENT PRATIQUER ?

S’inscrire dans un club labellisé FFF proposant le foot santé

 Il faut trouver un club affilié à la FFF qui propose l’une ou plusieurs de ces pratiques ;

 Ces clubs doivent avoir des éducateurs formés à l’encadrement spécifique du foot santé ;

 La pratique se fait en groupe, souvent en séances hebdomadaires.

☞ Carte des clubs proposant le foot santé sur fff.fr

Obtenir une licence foot santé

 Il s’agit d’une licence spécifique, différente de celle des compétiteurs ;

 Elle donne accès uniquement aux pratiques santé (pas de match officiel).

Adapter la pratique à son profil santé

La pratique peut être adaptée à :

 Des pathologies chroniques (diabète, hypertension, arthrose…) ;

 Une rééducation post-traumatique ou post-AVC ;

 Un objectif de prévention ou de retour à l’activité physique ;

 Des publics éloignés du sport (sédentarité, isolement, handicap…).

Des clubs peuvent organiser des séances personnalisées ou en lien avec des structures de santé (médecins, kinés, centres sportifs santé).

Participer à une dynamique collective

 Le foot santé encourage l’inclusion sociale, la mixité, l’esprit d’équipe ;

 Certaines structures proposent des actions en entreprise, en milieu hospitalier ou dans le cadre d’actions territoriales de santé publique ;

 Il existe aussi des événements ludiques interclubs, sans enjeu de compétition.

LES BLESSURES DANS LE FOOTBALL

Le football est le sport le plus pratiqué dans le monde avec 270 millions de pratiquants (en France 2,4 millions) dont 30 millions de femmes (en France : 250 000).

La survenue des blessures dans le football doit faire craindre un impact sur la santé publique, notamment sur l’absentéisme scolaire et sur les arrêts de travail en entreprise. Dans le haut niveau européen, en moyenne 84 % des joueurs sont disponibles, autrement dit dans une équipe de 25 joueurs, il manque environ 4 joueurs à chaque match. Dans le milieu du football professionnel, il existe 6 à 10 fois plus de blessures dans un match par rapport à l’entraînement et elles sont plus graves.

lus le niveau sportif augmente, plus la survenue des blessures est grande. Dans le football féminin de haut niveau, une plus grande proportion des lésions survient à  l’entraînement. Depuis quelques années, les qualités physiques et techniques des athlètes grandissent. L’individualisation, l’analyse des datas dans la gestion des charges à l’entraînement et pendant les matches, la surveillance des données de course, de sauts, la connaissance de la progression de la force sont à l’origine d’un changement des localisations et des types de blessures. La qualité et la quantité des entraînements ont un impact sur les lésions. Plus les staffs techniques et médicaux sont compétents avec un vrai désir de communication, plus l’impact sur la réduction des blessures est grand. La surveillance des blessures qui surviennent lors des 550 000 matches par an en France permet d’établir un lien entre le nombre de lésions et le niveau de pratique des joueurs.

DES BLESSURES SUR TOUS LES TERRAINS

Il existe un risque de blessures accru de 67 % entre le  niveau départemental (81 % des matches en France) et le niveau régional. Le risque supplémentaire est de 39 % entre le niveau régional et national (3,3 % des matches).

PAR LE DOCTEUR EMMANUEL ORHANT, DIRECTEUR MÉDICAL DE LA FFF

L’impact du terrain n’existe pas. Contrairement aux croyances, il n’y a pas plus de blessures sur un terrain synthétique (35 % des matches en France) que sur un terrain naturel (62 % des matches). Il vaut mieux jouer sur un bon terrain synthétique que sur un mauvais terrain en herbe. Aucun lien n’existe avec les conditions climatiques (pluie, froid, chaleur). Plus le footballeur vieillit, plus le risque de blessures augmente. En revanche, la congestion des matches est un facteur de risque démontré. En dessous de 3 jours entre 2 matches, le risque de se blesser est très important. La fatigue physique et psychologique, les nombreux déplacements, les problèmes de récupération, l’absence de repos et l’absence de vacances en hiver sont des facteurs de risques avérés. Il est facile d’extrapoler ces difficultés dans le football amateur mais être fatigué par sa vie professionnelle ou personnelle entraîne un risque supplémentaire de lésion. La mauvaise hygiène de vie, le stress, les troubles du sommeil, une mauvaise alimentation et une hydratation insuffisante sont responsables de lésions chez tous les footballeurs.

RÉPARTITION DES BLESSURES

Les blessures dans le football de haut niveau (femmes et hommes) se trouvent dans 87 % au niveau des membres inférieurs. La première se situe aux cuisses (entre 28 et 37 % des blessures). Puis 15 % des lésions surviennent aux genoux et enfin 13 à 14 %, aux chevilles. La tête est touchée dans 3 à 4 % des cas. Chez la femme, le risque de commotion cérébrale est multiplié par 2 par rapport aux hommes, mais les conséquences sont plus graves chez ces derniers avec des symptômes qui persistent plus longtemps. Chez les amateurs, 76 % des blessures sont au niveau des membres inférieurs et 7 % au niveau de la tête. Le risque de commotion est important chez les amateurs. Les conséquences d’une commotion chez un joueur amateur ont un impact certain sur la vie personnelle et professionnelle qui n’est pas encore évalué. Chez ce dernier, la blessure survient surtout au niveau des chevilles. Chez les jeunes, les chevilles sont le plus souvent touchées. Si on analyse le type de blessure, dans le haut niveau, 30 à 50 % des blessures sont musculaires. Il s’agit dans 90 % de blessures sans contact. Les muscles ischio-jambiers sont les plus touchés chez les hommes (30 % des cas) alors que chez les femmes, il y a autant de lésions du quadriceps que des ischiojambiers. Dans le haut niveau européen, les lésions musculaires, notamment de l’arrière de la cuisse, augmentent de 4 % chaque année. Même si les blessures musculaires sont de mieux en mieux gérées, leur nombre et surtout l’importance des récidives sont à l’origine d’une augmentation du fardeau pour les équipes. Les rechutes musculaires représentent entre 12 et 16 % de toutes les blessures. 50 % de ces récidives surviennent dans les 25 jours suivant la reprise.

Les lésions ligamentaires représentent 15 à 21 % des blessures. Elles diminuent régulièrement chez les hommes grâce à la prévention et de façon très importante chez les femmes. Les traumatismes directs (hématome et contusion) constituent le troisième type de blessure. Les lésions tendineuses ne représentent que 11 % des blessures. Les fractures surviennent dans 4 % des cas. Chez les jeunes, les lésions ligamentaires de chevilles (50 % des cas) dominent devant les contusions et les fractures (3 à 5 %). Les pathologies de croissance dans les académies de football ne représentent que 2 % de toutes les blessures.

LES MEMBRES INFÉRIEURS

LES PLUS TOUCHÉS

Les blessures des genoux sont surtout ligamentaires (35 % des cas). Le ligament collatéral médial est le plus touché. Mais la lésion du ligament croisé antérieur est la plus grave. Le risque est multiplié par 2 à 3 chez la femme, avec un pic entre 15 et 19 ans. L’arrêt du sport dans ce cas se situe autour de 9 mois chez les footballeurs professionnels masculins mais à 11 mois

BLESSURE

chez les femmes. Certes, il existe un taux important de reprise du football à 1 an (96 % chez les hommes et 87 % chez les femmes). Dans le football amateur, entre 55 et 65 % des sportifs reprennent la compétition. Le risque de récidive sur un des deux genoux est important, autour de 18 % dans le haut niveau masculin. Il est très préoccupant chez la femme avec un risque de 42 % de rechute dans les 5 à 10 ans. Il faut aussi avoir à l’esprit les conséquences à moyen terme puisque, à 3 ans, seulement 50 à 65 % des professionnels jouent encore au même niveau.

Les chevilles sont les plus touchées dans le football amateur. Entre 71 et 81 % de toutes les blessures de la cheville sont des entorses. Les ¾ touchent les ligaments latéraux. La proportion de ce type de blessure baisse de 3 % par an depuis 11 ans dans le football européen grâce à la prévention. Dans le football amateur, l’échauffement « FIFA 11+ » et l’ESVP (échauffement structuré à visée préventive) de la FFF ont permis de réduire de façon significative la survenue des blessures.

LE BUT DE LA PRÉVENTION EST D’AMÉLIORER

LES PERFORMANCES,ÉVITER LES BLESSURES ET L’ABSENCE QUI EN DÉCOULE.

La pubalgie désigne une pathologie du pubis qui touche les muscles adducteurs, de l’abdomen, la symphyse pubienne. Il peut exister une fragilité abdominale du type « hernie du sportif ». Les pubalgies représentent entre 4 et 19 % de toutes les blessures. Il s’agit d’une pathologie surtout masculine mais elle survient dans le football féminin. La prise en charge est difficile avec de nombreuses rechutes, surtout dans le football amateur. Dans le football professionnel, 58 % des joueurs avec des antécédents de pubalgie jouent encore avec des douleurs.

CONCLUSION

Il faut avoir conscience que les données épidémiologiques doivent être analysées par des spécialistes pour éviter les croyances et les mauvaises utilisations. Les datas médicales dans le football moderne permettent d’analyser les blessures, leurs modes de déclenchement, leurs facteurs de risque. Ces données doivent orienter la prévention. Le travail collaboratif des staffs techniques, des préparateurs physiques et des staffs médicaux a permis de réduire considérablement la survenue des blessures. Le but de la prévention est d’améliorer les performances, d’éviter les blessures et l’absence qui en découle. Ce qui est essentiel, c’est la disponibilité des athlètes pour les matches. Le fardeau de la blessure a un impact sur la vie personnelle du joueur mais aussi sur sa vie sportive. On peut avoir de nombreuses blessures dans un club mais si elles ne sont pas graves, l’absence sera de courte durée. 18 % des blessures entraînent un arrêt de moins de 3 jours, 24 % entre 4 et 7 jours. L’impact est donc peu important et le fardeau pour le joueur et le club, faible. Cependant, les blessures entraînant 8 à 28 jours d’arrêt sont nombreuses (56 %) et 2 % sont à l’origine de plus de 28 jours d’absence. Le fardeau est réel pour le joueur, pour le club et la conséquence économique, importante. Dans le milieu amateur, les longues absences ont un impact sur la scolarité et sur les arrêts de travail au niveau professionnel. Les blessures graves, récidivantes et chroniques sont celles où les médecins jouent un rôle essentiel. La communication des staffs médicaux avec les athlètes et les staffs techniques doit aider à mettre en place une prévention primaire et secondaire essentielle et une meilleure prise en charge des blessures. ✱

QUAND LE FOOT SE MET AU PAS

POUR LA SANTÉ

Longtemps cantonné aux terrains des clubs amateurs ou des vétérans, le football s’ouvre aujourd’hui à de nouvelles pratiques, plus accessibles et bienveillantes. Parmi elles, le Foot en marchant séduit de plus en plus d’adeptes : une  discipline sans contact, intergénérationnelle, axée sur le plaisir du jeu et la santé. William Vallas, chargé du développement de cette pratique au District de la Loire, nous explique comment le Foot en marchant redonne goût du ballon rond à tous ceux qui pensaient en avoir fini avec les crampons.

Comment est née la volonté du District de la Loire et de la FFF de développer le Foot en marchant ?

Cette pratique est née en Angleterre en 2011. En 2020, le District de la Loire est sollicité par l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne pour un prêt de matériel lors d’une thèse effectuée par un étudiant sur les bienfaits physiques et psychologiques du Foot en marchant sur un public de 60-80 ans. Malheureusement, elle ne durera que 6 semaines avec confinement ; quelques résultats ont pu être mis en avant comme la perte de masse corporelle et la baisse de l’IMC. La FFF a obtenu en mars 2022 une délégation du ministère des Sports pour la mise en œuvre et le développement du Foot en marchant en France jusqu’au 31 décembre 2025.

En quoi le Foot en marchant s’inscrit-il dans la démarche foot santé portée par la FFF ?

Facile et sans prise de tête, c’est une version slow du football avec des règles aménagées permettant une pratique loisir totalement sécurisée, mixte, intergénérationnelle et inclusive. Par exemple, pas de contact, pas de tête, pas de ballon au-dessus de la tête.

BIEN POUR LA SANTÉ :

 Réduit le stress et les temps de réaction, les risques cardiovasculaires et vasculaires cérébraux ;

 Améliore la tension artérielle et la glycémie, l’équilibre et la force.

UN FOOT POUR TOUS !

Pour les joueurs éloignés des terrains à cause de l’âge, des blessures ou de la discrimination (sexe, âge, handicap), un retour à l’essence du football avec un jeu non plus basé sur la vitesse et les contacts physiques, mais sur le placement et le jeu collectif.

BON POUR LE MORAL !

Le Foot en marchant permet de rompre l’isolement social et de retrouver convivialité, cohésion sociale et solidarité. Il permet aussi de renforcer ou de retrouver l’estime de soi et la confiance en soi.

Quels publics le Foot en marchant touche-t-il le plus aujourd’hui ?

Il s’adresse à tous les publics, hommes et femmes ; la majorité a + de 50 ans mais on trouve dans certains clubs un quadra avec des problèmes physiques, un trentenaire en surpoids, un adolescent jouant avec son père pour prendre plaisir à jouer au foot en famille. Dans le cadre du club, tous les publics peuvent se mélanger. Lors des rassemblements, les pratiquants doivent avoir une licence « loisirs ».

Pouvez-vous nous partager un exemple qui illustre bien la réussite du Foot en marchant ?

La section Foot en marchant du FC Saint-Etienne est issue des premiers volontaires de la thèse de 2020. La pratique a plu, le club a accueilli ces hommes et femmes, a mis un éducateur diplômé à leur disposition pour encadrer en toute sécurité les séances. Depuis, les effectifs ont grandi et ils sont 25 aujourd’hui. C’est d’ailleurs une force vive très importante pour le club puisque ce sont des personnes disponibles et très actives pour les manifestations du club.

Quelles sont, selon vous, les prochaines étapes pour faire connaître et structurer davantage le Foot en marchant ?

Dans un premier temps, il faut faire connaître la pratique dans les clubs et initier des sections dans ces derniers. Puis organiser des rassemblements ponctuels pour fidéliser ces sections. Former les responsables des sections. Ensuite, nous pourrons organiser des rencontres mensuelles, voire des « championnats ». Dans la Loire, nous organisons tous les mois un rassemblement dans une de nos sections qui se termine par un moment convivial autour d’un casse-croûte. ✱

PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE ODRU

LES LUMBAGOS DES JEUNES FOOTBALLEURS SONT

DES FRACTURES…

JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE !

Cet adage médical justifie un bilan diagnostique rigoureux pour éliminer une lésion osseuse en cas de douleur lombaire avant la fin de la croissance ! Alors, si votre petit footballeur a mal en bas du dos, consultez votre médecin et lisez cet article !

PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA, MÉDECIN DU SPORT, RÉDACTEUR EN CHEF DE DOC DU SPORT

La colonne est constituée d’un empilement de vertèbres séparées par un petit amortisseur, le disque. Chacun de ces blocs se prolonge d’un arc osseux pourvu de deux petites articulations qui guident le mouvement à la manière de spatules de ski. Ce sont ces structures qui risquent de se fissurer chez l’enfant.

COLONNE DE JEUNE BIPÈDE SPORTIF

EN DANGER !

Chez l’enfant, le disque intervertébral est souple. Il résiste aisément aux contraintes de compression ou d’inclinaison. Les hernies discales sont exceptionnelles. En revanche, l’os en croissance est fragile. Quand la colonne vertébrale se cambre, les arcs postérieurs sont impactés. Ils sont pris en tenaille. Les chocs finissent par les fissurer. Il se constitue une véritable fracture de fatigue. En langage médical, on parle de « spondylolyse ». Le plus souvent, elle se localise sur la dernière vertèbre, la 5e lombaire. Cette lésion est inhérente à la verticalisation et au dos creux. Elle n’existe ni chez les quadrupèdes, ni chez les humains handicapés n’ayant jamais marché. On la retrouve chez 3 à 6 % des enfants… et dans les

mêmes proportions chez les adultes sédentaires. Ces chiffres confirment tout simplement que cette lésion se constitue obligatoirement avant la fin de la croissance ! Elle touche 20 % des sportifs de haut niveau. Plus la discipline impose de cambrer le bas du dos, plus ce ratio augmente. Ainsi, 60 à 70 % des gymnastes et des pratiquants du plongeon en sont victimes. Parfois, la fracture se produit aussi sur les vertèbres susjacentes, 4e, voire 3e lombaire. C’est notamment le cas chez les professionnels du cirque et autres contorsionnistes.

FRÉQUENT MAIS NÉFASTE !

Cette lésion est fréquente chez l’adulte. Pourtant, il faut la traiter dès l’enfance ! En effet, la fracture sépare les petites articulations situées sur l’arc postérieur et le gros bloc osseux antérieur appelé « corps vertébral ». Du fait de la cambrure, ce dernier risque de glisser vers l’avant. On parle de « spondylolisthésis ». Dans 85 % des cas, le décalage entre les 2 vertèbres est stable et modéré, inférieur à 1/3 de la longueur du disque intervertébral. Souvent, il ne fait pas mal. Lorsque la vertèbre cassée est plus étroite en arrière qu’en avant, si celle située en dessous est très inclinée ou en forme

de toboggan, l’aggravation est probable. Exceptionnellement, il arrive que la vertèbre du haut passe complètement en avant de sa voisine du bas et tombe en avant du bassin ! C’est la «  spondyloptose ». À tous les stades, des douleurs peuvent survenir au fil des ans. En effet, le disque est soumis à des contraintes de cisaillement alors qu’il est conçu pour assumer une compression. Ses anneaux fibreux se déchirent, le liquide gélatineux contenu au milieu peut même sortir et former une hernie discale. Parfois, un gros noyau fibreux et distendu s’est formé en remplacement du cal osseux, c’est le « nodule de GILL ». Il arrive que ce dernier soit irrité par la répétition des impactions lors des hyperextensions de la colonne. Plus ennuyeux, il peut toucher, voire emprisonner, le nerf sciatique qui sort du canal vertébral juste à cet endroit. Cette fois, les douleurs lombaires irradient dans la jambe !

PROFITEZ DE LA FRACTURE !

Chez l’adulte, plusieurs années après la constitution de la fracture, il ne subsiste aucun potentiel de consolidation. En revanche, chez le jeune footballeur, au cours des semaines qui suivent la survenue des douleurs, la spondylolyse peut cicatriser. D’où l’importance de ne pas rater le diagnostic ! Voilà pourquoi « tout lumbago de l’enfant est une fracture de fatigue… jusqu’à preuve du contraire ». En pratique, devant de tels symptômes, votre médecin du sport prescrit une radiographie. Si une fracture est visible, il est indispensable de savoir si elle est récente. Pour cela, il est nécessaire de réaliser une IRM ou une scintigraphie ou un scinti-scanner. Le premier examen montre une inflammation et un œdème autour de la zone nouvellement cassée. Le second consiste à injecter dans le sang une substance qui se fixe sur l’os qui travaille. Tant que le tissu osseux tente encore de réparer la fissure, le produit se concentre dans les arcs vertébraux. Une caméra détecte cette hyperactivité et le scanner décrit la lésion plus en détail. Dans ces circonstances, une immobilisation mérite d’être tentée !

UN TRAITEMENT CONTRAIGNANT, PAS TOUJOURS EFFICACE… MAIS INDISPENSABLE !

Si la fracture est récente et qu’elle peut encore se consolider, un corset s’impose. Il est réalisé sur mesure et bloque l’extension

du dos. Il est dit en « délordose ». Classiquement, il est à conserver toute la journée pendant 3 mois. La nuit, il est théoriquement inutile car, souvenez-vous, il s’agit d’une blessure provoquée par le redressement et la verticalité. Certains médecins tentent de limiter à 6 semaines l’immobilisation ; d’autres la prolongent jusqu’à 4 ou 6 mois en fonction des résultats. Pendant toute cette période, une rééducation visant à réduire la cambrure est conseillée. Le vélo, en vous plaçant légèrement penché en avant, permet de garder la forme pendant les semaines d’immobilisation. La natation est contre-indiquée. Malgré son image favorable, elle creuse le bas de la colonne. Au retrait du corset, les études mettent en évidence 60 à 80 % de consolidation. Dans le cas contraire, même si le cal osseux ne s’est pas formé, les douleurs se sont souvent apaisées. Il existe des cas intermédiaires où la zone osseuse pincée par la cambrure est douloureuse et œdématiée sur l’IRM alors qu’elle n’est pas fracturée. Dans ces circonstances, il est possible de continuer à jouer avec une ceinture lombaire qui limite le creusement du dos. Elle est souvent bien tolérée. Parallèlement, une rééducation assidue s’impose ! ✱

PRÉVENTION POUR TOUJOURS

!

Fracture ou non, consolidation ou non, glissement ou non, douleur ou non, la prévention est définitivement indispensable ! La rééducation doit se poursuivre pour limiter le dos creux et automatiser cette nouvelle posture. Il faut assouplir les muscles situés à l’arrière de la colonne et des cuisses. Il est opportun de renforcer les abdominaux et surtout d’optimiser leur coordination afin qu’ils ne se laissent pas distendre. Le travail de gainage regroupe les exercices emblématiques. Il est effectué d’abord sur des appuis stables, puis en utilisant des coussins et des ballons. Il ne faut pas hésiter à modifier la frappe ou le jeu de tête afin de limiter la cambrure du dos. Le plus souvent, ces mesures parviennent à apaiser les souffrances du sportif. Certains médecins proposent d’infiltrer le nodule de cicatrisation resté enflammé. Parfois, une opération est envisagée. Habituellement, le chirurgien prélève un bout d’os dans le bassin. Il l’insère à la place du nodule de cicatrisation mou et inefficace, puis le visse en comprimant l’ensemble. Là encore, une immobilisation par corset s’impose pendant 3 mois.

PROGRAMME DE PRÉVENTION DES BLESSURES DANS LE FOOTBALL AMATEUR

LA PRÉVENTION, POURQUOI ?

Contrairement aux croyances solidement ancrées chez beaucoup de joueurs et d’entraîneurs, la blessure n’est pas toujours la faute de l’autre ou « la faute à pas de chance ». L’observation scientifique des mécanismes de blessures, qu’elles soient musculaires, tendineuses ou ligamentaires, montre qu’il ne s’agit pas d’une fatalité.

La prévention des blessures est fondamentale car, bien que la médecine du sport progresse, certaines lésions peuvent laisser des séquelles durables pour la vie sportive mais également pour la vie de famille ou la vie professionnelle comme le cas de la rupture du ligament croisé antérieur (LCA) du genou. À la suite d’une telle lésion, l’arrêt du sport est souvent supérieur à 8 mois, la reprise du sport au même niveau n’est pas garantie. Le risque arthrosique est augmenté à un délai de 20 ans. Cela représente également un coût social et médical préoccupant compte tenu du nombre de ruptures du LCA (près de 35 000 cas par an en France, tous sports confondus).

LES FACTEURS PRÉDISPOSANT

À LA BLESSURE

Il existe des facteurs prédisposants personnels sur lesquels il n’est pas possible d’avoir une action. Pour le LCA, il s’agit du sexe féminin, l’âge entre 14 et 18 ans, un antécédent familial de rupture du LCA, le niveau amateur, une laxité constitutionnelle, un excès de rotation interne. A contrario, il existe des facteurs sur lesquels il est possible d’agir : la faiblesse relative des muscles ischio-jambiers (IJ), une mauvaise qualité de la réception de saut ou de décélération, la fatigue musculaire, la mauvaise condition physique et enfin des crampons inadaptés au terrain.

LES MOYENS DE PRÉVENTION

La prévention individuelle des blessures est idéale mais elle est très exigeante et donc réservée au joueur de haut niveau. La prévention la plus simple et la plus accessible à tous est donc collective. Elle se base sur des programmes de prévention (PP) standardisés pouvant s’appliquer à tous les niveaux, donc efficaces à grande échelle.

STRUCTURATION DES PROGRAMMES DE PRÉVENTION

Au début des années 2000, une première étude pilote lancée par la cellule scientifique de la FIFA sur une population de footballeurs amateurs a démontré l’efficacité d’un programme standardisé sur la diminution des blessures (1). À partir de cette première expérience sont nés en 2003 le programme « FIFA the 11 » puis en 2006 le programme « FIFA 11+ ». Les principes vont se retrouver dans tous les programmes suivants, dans différents pays et aussi dans d’autres sports. Ils reposent sur la correction ou l’amélioration des facteurs modifiables :

 Améliorer la force et l’activation des IJ, diminuer leur fatigabilité ;

 Améliorer le contrôle neuromusculaire : l’équilibre dynamique, la prise de conscience corporelle, le contrôle du tronc et le contrôle global du schéma dynamique des membres inférieurs lors des réceptions de saut ;

 Favoriser la flexion genoux + hanches pour diminuer les forces de réaction s’appliquant au genou ;

 Éviter le valgus rotation externe du tibia en empêchant l’adduction rotation interne du fémur (contrôle par les fessiers et le gainage dynamique en charge, l’alignement tronc membre inférieur) ;

 Améliorer la composante dynamique de la force en triple extension/triple flexion par des exercices de pliométrie. Ces exercices sont combinés à des exercices de course et de changements de direction rapides. Différentes variantes ou divers niveaux de progression dans les exercices permettent de lutter contre la lassitude d’un programme routinier ; cet ensemble est suffisamment complet pour remplacer l’échauffement, il dure 15 à 20 minutes selon l’habitude de pratique. Ils ne nécessitent aucun matériel spécifique autre que ceux utilisés habituellement dans un échauffement de football (joueurs, ballons, plots, etc.).

Efficacité : Dans une approche synthétique, l’application rigoureuse d’un PP sur une saison permet la diminution des blessures sans contact de 23 % (2) et 35 % pour les lésions musculaires des IJ. D’autres études ont montré une réduction de 4,25 fois du risque de subir une lésion du LCA (3). La pratique 2 à 3 fois par semaine tout au long de la saison est la plus efficace des méthodes. Depuis FIFA 11+ sont apparus également des pro-

Figure 1

Échauffement standardisé comprenant temps de course, de gammes, de jeux de ballon et de phases arrêtées pour la pratique des exercices.

grammes plus spécifiques à certaines populations comme le FIFA 11+ Kids, à destination des enfants de 7 à 14 ans ou le programme FIFA 11+ Shoulder à destination des gardiens de but.

Compliance : Le nombre de séances effectivement pratiquées est un facteur déterminant. Il a été démontré que les équipes pratiquant assidûment ont moins de blessures que celles qui pratiquent moins fréquemment. De nombreuses études de tous pays ont démontré la difficulté d’adhésion et la perte de pratique au fil des années chez les entraîneurs formés aux PP. L’implication pratique de chacun repose sur la qualité de l’information, ce n’est que par la compréhension de l’efficacité des PP que les entraîneurs et les joueurs vont s’investir. Il s’agit de proposer plus que d’imposer : moins de blessés signifie aussi plus de joueurs disponibles et donc meilleurs résultats sportifs.

ESVP, UN PROGRAMME FFF

POUR LE FOOTBALL AMATEUR

Bien que ces programmes aient montré leur efficacité, ils n’avaient jamais été déployés en France à grande échelle. En 2018, sous l’impulsion de la direction médicale et de la direction technique de la FFF, a été créée une cellule d’experts sur ce sujet. De là est né le programme nommé échauffement structuré à visée préventive (ESVP). Ce programme reprend les principes incontournables cités plus haut mais inclut également plus d’éléments spécifiques de l’échauffement propre au football.

PRÉVENTION

SQUATS SAUTÉS AVEC CONTRÔLE À LA DESCENTE

Consignes de réalisation du mouvement

REGARD VERS L’AVANT ��

BUSTE DROIT, LORDOSE (CAMBRURE)

MAINTENUE

LE GENOU NE DÉPASSE

PAS LA POINTE DU PIED, TALON AU SOL ��

ATTENTION : LES GENOUX DOIVENT RESTER

ALIGNÉS AVEC LA CHEVILLE ET LA HANCHE ET NE PAS RENTRER VERS L’INTÉRIEUR !

À ce jour, deux possibilités sont proposées :

1.L’ESVP tout en 1 : il consiste en un échauffement « clé en main », standardisé, comprenant temps de course, de gammes, de jeux de ballon et de phases arrêtées pour la pratique des exercices. Différentes variations dans les exercices permettent d’éviter la lassitude.

L’installation se fait sur un quart de terrain, les exercices s’effectuant dans les zones hors du rectangle. [Figure 1]

Déroulement :

Partie 1  Mise en route passe et suit (2 min 30s) ;

Partie 2  Renforcement gainage tronc/bassin (2 min) ;

Partie 3  Passe et suit + proprioception/renforcement quadriceps (3 min) ;

Partie 4  Renforcement ischio-jambiers/adducteurs (4 min) ;

Partie 5  Passe et sprint + pliométrie basse (2 min) ;

Partie 6  Étirements activo-dynamiques (2 min 30s).

Un élément fondamental est le rôle de l’éducateur qui contrôle la qualité d’exécution des exercices de renforcement quadriceps ainsi que ceux de proprioception.

Une vidéo explicative à l’attention des coachs reprend tout ce déroulement via ce lien : www.fff.fr/article/2032-apprendrea-bien-s-echauffer.html

L’ESVP EST UN PROGRAMME FFF ACCESSIBLE À TOUS, NE NÉCESSITANT PAS DE MATÉRIEL

SPÉCIFIQUE.

2.L’ESVP - les exercices incontournables uniquement : Certains clubs peuvent percevoir la version « clé en main » comme contraignante. Il leur est alors proposé, dans cette version 2, de laisser l’entraîneur à l’initiative de la partie de l’échauffement comprenant une alternance de courses et de jeux de ballon. Au cours de celle-ci, doivent être intégrés régulièrement les courts temps de pause consacrés aux exercices clés du programme (les mêmes exercices que dans la version 1).

Des vidéos détaillant chaque exercice sont consultables via ce lien : www.fff.fr/648-l-echauffement-structure-a-viseepreventive.html

CONCLUSION

Les programmes de prévention ont montré la preuve de leur efficacité sur la diminution des blessures quel que soit le niveau et quel que soit l’âge. L’efficacité est d’autant plus marquée qu’ils sont pratiqués plusieurs fois par semaine. L’ESVP est un programme FFF accessible à tous, ne nécessitant pas de matériel spécifique, suffisamment complet et évolutif pour constituer en lui-même un échauffement complet. Il est idéalement pratiqué tout au long de la saison, si possible deux fois par semaine. La prévention est une préoccupation médicale mais elle ne peut être appliquée que si l’entraîneur est au centre de la démarche préventive. L’information et la formation du plus grand nombre est souhaitable. ✱

S

entrainer plus. ux

Theragun Theragun PRO Plus

Massage chauffant et puissant p our un échauffement et une récup ération plus rapides.

JOUER ET FAIRE !

PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA, MÉDECIN DU SPORT, RÉDACTEUR EN CHEF DE DOC DU SPORT

Thomas a 42 ans. Il joue au foot toutes les semaines. Il vient me voir car il accumule les bobos. Il me dit qu’il a mal au genou, qu’il a une tendinite d’Achille et que, pour finir, il a fait un claquage derrière la cuisse dimanche dernier ! Je l’examine consciencieusement et j’avance sur le plan diagnostique. Au genou, il présente une souffrance de son ménisque. Un classique chez un quadra qui pratique depuis des années la course et surtout des changements d’appui… Son tendon d’Achille montre un petit nodule, à savoir une cicatrice anarchique et enchevêtrée. Pas de drame ! Son claquage est en fait une élongation : quelques fibres contractiles se sont décrochées de l’enveloppe musculaire. Il n’y a pas eu de saignement et l’évolution devrait être favorable en deux semaines.

Le Doc : Bon, votre corps siffle d’un peu partout ! Je vais vous soigner toutes ces blessures mais une prise en charge plus globale est indispensable ! Racontez-moi votre programme sportif hebdomadaire habituel…

Thomas : Bah ! Je joue au foot avec mes copains le dimanche ! On fait un match… Mais je prends soin de bien m’échauffer !… Et, parfois, mais c’est rare, je fais un five en semaine…

UN FOOT PAR SEMAINE : INSUFFISANT POUR LA SANTÉ ET MÊME UN PEU RISQUÉ !

Le Doc : Bon, Thomas, votre corps n’est pas prêt pour encaisser des séances explosives avec changements de direction ! Si vous continuez de cette manière, vous allez prendre un abonnement avec le doc !

Thomas : Mais je fais du foot depuis l’enfance ! Mon organisme est habitué !

Le Doc : Thomas, deux paramètres chronologiques. À l’échelle de la vie et surtout de la semaine ! Vous avez un peu vieilli… votre appareil locomoteur encaisse moins bien… mais il pourrait le faire si vous l’entreteniez un peu mieux ! Il faut vous entraîner plus souvent et faire de la préparation physique !

Thomas : Mais ça, c’est pour les pros !

Le Doc : Évidemment ! Même à 22 ans, pour tenir le coup,

ils bénéficient avec le groupe de protocoles cardio, renfo et mobilité ! Les plus consciencieux ajoutent une routine perso avant les entraînements ! Pour votre corps devenu moins performant, c’est encore plus indispensable !

Thomas : Il faut que j’augmente mes activités ! ? Je croyais que vous alliez me dire d’arrêter !

PLUS DE SPORT POUR GUÉRIR ET PRÉVENIR !

Le Doc : C’est votre corps qui va vous dire d’arrêter si vous continuez comme ça ! Moi, je vais vous soigner en vous proposant plus de sport : ce n’est pas beau, ça ? Un vrai concept de médecin du sport ! Mais en plus de JOUER, il faudra FAIRE ! FAIRE du cardio, du renfo et de la mobilité pour pouvoir JOUER au foot !

Thomas : Alors, comment FAIRE ? Que FAIRE ?

Le Doc : Déjà, le travail cardio-vasculaire est bénéfique pour la santé à raison de trois séances par semaine. Pendant l’unique match du week-end, votre cœur est surpris et augmente la probabilité de pépins… C’est bien validé ! Il est nécessaire de faire du renforcement musculaire pour mieux guider les articulations mais aussi pour amortir les réceptions de chaque foulée et chaque saut. Des sessions de mobilité sont recommandées pour assouplir les muscles et mieux tolérer les gestes de grande amplitude.

Thomas : Mais comment vais-je faire tout ça ?

Le Doc : C’est sûr, il faudra enclencher des routines, comme disent les psys… Organisez-vous comme vous le souhaitez : le matin, le midi ou le soir. Choisissez, selon votre chronobiologie et vos rythmes sociologiques ! Trouvez au moins 2 dispos dans la semaine ! Souvent, il sera nécessaire de privilégier votre entraînement sur d’autres sollicitations, c’est indispensable ! Votre santé préfère le sport à un happyhouret une bière ! En ce qui concerne votre série Netflix®, vous pourrez la regarder en pédalant sur vélo fixe… c’est un bon compromis �� !

FAIRE DE LA PRÉPARATION PHYSIQUE

POUR JOUER AU FOOT !

Je vous propose de faire un footing par semaine. Lors de cette course, vous pouvez rester à intensité moyenne et continue. On considère alors que votre fractionné a été réalisé à l’occasion de votre match de foot. La perception respiratoire correspondant à cette activité santé est telle que « vous pouvez parler mais pas chanter ». La durée est de l’ordre de 30 à 45 minutes. Vous validez ainsi le foncier d’une mi-temps �� !

PROGRAMME DE LA SEMAINE

 Un match… le dimanche !

 Un footing de 45 min suivi d’une routine renfo/mobilité

 Une séance en salle multicardio et parcours de muscu guidé

Je vous invite à enchaîner avec un protocole locomoteur incluant du renforcement et de la mobilité. Cette succession d’activités permet de pratiquer la musculation en surfatigue qui favorise l’endurance locale ! Un point clé pour la santé et la performance sur le terrain. Les exercices au poids du corps ou avec du petit matériel sont les bienvenus. Il est possible de profiter des spots de callisthénie ou des postes de musculation en extérieur installés par de nombreuses communes. Sans oublier que, dans les squares, les jeux pour enfants, notamment

les toiles d’araignée en corde, deviennent des modules de renforcement instables et ludiques. Autre option, transportez dans votre sac de trail des élastiques ou des sangles de suspension pour multiplier les exercices ! Enchaînez avec quelques étirements… et le tour est joué ! Après avoir soigné vos bobos, votre kiné peut vous concocter ce petit programme. Il contiendra sûrement des squats, des fentes, des pompes, des dips et du gainage… et de nombreux autres mouvements si vous utilisez quelques-unes des options que je vous suggère !

Thomas : Donc, j’ajoute une séance de sport chaque semaine ?

Le Doc : En fait, je vous caserais bien un entraînement supplémentaire, en salle, chaque semaine. On en trouve désormais partout pour des tarifs très abordables. L’astuce est bien sûr de s’y rendre en tenue de sport, à pied, en trottinant ou à vélo puis de rentrer prendre votre douche à domicile. Sur place, profitez-en pour varier les appareils de cardio, multiplier les adaptations motrices et réduire les impacts. Privilégiez le rameur et l’elliptique qui font bosser également les bras et le gainage. Pensez aussi à l’escalier et au vélo pour insister sur les jambes ! Idéalement, enchaînez avec un parcours de musculation. Tournez de préférence sur les appareils guidés pour ne pas faire de mauvais mouvement. Afin d’éviter de vous blesser, je vous conseille de réaliser des séries longues avec des charges légères vous menant à l’échec en 30 à 40 répétitions. Dans ce contexte, les études indiquent qu’il suffit d’une série pour optimiser la force ! Limitez les récupérations, enchaînez les exercices en alternant bras et jambes ; ainsi, vous greffez une composante cardio à votre renfo ! En plus de l’efficacité, cette méthode vous permet de gagner du temps !

Thomas : C’est finalement une bonne idée car ma femme va à la salle… et elle voulait que je l’accompagne !… Elle fait aussi du Pilates !

Le Doc : Formidable ! Loin de formuler des injonctions contradictoires, votre nouveau programme sera l’occasion d’une belle complicité ! Et bien sûr, même chose pour le Pilates. Vous pouvez ranger cette discipline dans la case mobilité mais aussi renforcement et gainage ! Le Pilates, c’est la préparation physique des danseurs pros !… Il traîne d’ailleurs sur les réseaux sociaux des bodybuilders qui s’initient… et ne parviennent pas à tenir les postures !

Thomas : En voilà de bonnes idées ! Je vais tenter de mettre ça en place. Et dites-moi… serai-je plus en forme pour mon match le dimanche ?

Le Doc : Et comment ! Voilà une bonne méthode pour mettre en synergie la performance avec la santé cardio-vasculaire et locomotrice ! Faites-vous plaisir !  ✱

LE RETOUR AU FOOTBALL

APRÈS

RUPTURE DU LIGAMENT CROISÉ

ANTÉRIEUR DU GENOU

La rupture du ligament croisé antérieur (LCA) est une blessure fréquente chez les footballeurs, nécessitant souvent une ligamentoplastie pour restaurer la stabilité du genou. Après une reconstruction du LCA (LCRA), l’objectif général est de reprendre le sport le plus rapidement possible, de préférence au même niveau qu’avant la blessure, tout en préservant le risque de nouvelle rupture. Pour accroître les chances de réussite et de sécurité de la reprise du sport, des critères spécifiques ont été élaborés.

Les études montrent que dans la population de footballeurs amateurs, 80 % reprennent le football mais seulement 50 % au même niveau. Chez les professionnels, 97 % reprennent au niveau pré-blessure mais seulement entre 63 et 65 % restent à leur niveau à 3 ans et 22 % jouent à un niveau inférieur. Le taux de rechute dans les 3 ans est de 6 à 10 % dans la population générale et autour de 25 % chez les moins de 20 ans. La tendance actuelle est d’avoir un continuum de rééducation plus qu’un calendrier et des critères de reprise de sport objectivés par des évaluations tout au long de la rééducation sur les critères quantitatifs et qualitatifs. La confiance qui est évaluée par le score ACL-RSI apparaît comme discriminante pour la reprise du football au même niveau.

L’ÉCHELLE ACL-RSI S’EST AVÉRÉE VALIDE ET FIABLE

Après une reconstruction du LCA, le score psychologique ACL-RSI augmente progressivement en cours de suivi et est fortement et significativement lié au retour au sport.

Dans leur étude, Sadeqi et al. (2018) ont observé qu’un athlète de haut niveau ayant subi une reconstruction primaire sans complications postopératoires et avec un score ACL-RSI à 6 mois ≥ 60 est significativement plus susceptible de reprendre le même sport pré-lésionnel 2 ans après la chirurgie.

L’échelle ACL-RSI est valide pour une utilisation chez les enfants et les adolescents. Le critère temps reste un élément finalement incontournable, en particulier pour les plus jeunes où la littérature a montré que chaque mois entre 8 et 12 mois a diminué significativement le taux de rechute, ce qui nous conduit aujourd’hui à n’autoriser une reprise des sports de pivots aux plus jeunes qu’entre 10 et 12 mois postopératoires.

En 2024, un symposium de la Société Francophone d’Arthroscopie a mis en évidence que le taux de retour au jeu au même niveau est favorablement influencé par le fait d’avoir bénéficié d’une phase de réathlétisation avec des exercices spécifiques du sport concerné dans son parcours de rééducation.

UNE REPRISE EN DOUCEUR ADAPTÉE

De nombreux critères pour le retour au sport (RTS) ont été proposés, certains se basant sur le temps écoulé depuis la LRCA comme seul critère de RTS, d’autres préconisant de combiner le temps avec des critères subjectifs et objectifs.  Les tests les plus fréquemment décrits sont l’évaluation clinique, les tests de force isocinétique, les tests fonctionnels tels que les hop tests, et les questionnaires subjectifs associés tels que l’ACL-RSI. Ce combo est aujourd’hui le minimum à envisager pour tout footballeur amateur. Pour le test isocinétique, les critères retenus seront une asymétrie de force entre le côté sain et le côté opéré inférieure à 15 % pour le quadriceps et les ischio-jambiers en étant attentif au ratio poids de corps qui doit être de 3N/kg chez un footballeur et à l’aspect qualitatif des courbes (accident de courbe et pic de force le plus en course externe possible sur le test excentrique des ischio-jambiers).

La batterie de hop tests (hop test, triple hop test, cross over test) qui a été validée par la littérature s’intéressera là encore a l’asymétrie dans la performance réalisée entre le côté sain et le côté lésé mais aussi à l’aspect qualitatif du contrôle du genou et de la bonne synchronisation des ceintures scapulaire et pelvienne. Enfin, le score ACL-RSI devra être au-delà de 70 %.

LE PROTOCOLE À SUIVRE

Nous avons avec ces 3 tests les 3 axes incontournables que sont la force, le contrôle biomécanique du genou et l’évaluation psychologique.

Les équipes lyonnaises REATHLETIC® et Santy ont développé

un combo appelé « K-STARTS » qui reprend les éléments précités complétés par un Side Hop Test et un test en étoile Illinois modifié.

À la fin de ces tests, un score composite fonctionnel sur 100 points est calculé ; il permet d’évaluer les capacités physiques et psychologiques du sportif pour déterminer s’il est prêt à reprendre un entraînement spécifique ou non, en utilisant des valeurs cut-off scientifiquement établies.

À partir de là, un programme est défini pour corriger les éléments restant déficients ou pour définir la reprise du football avec le groupe d’entraînement avec une évaluation du nombre de séances nécessaires. Les tests K-STARTS sont souvent réalisés dans des conditions standardisées, avec un environnement contrôlé qui ne reflète pas la réalité du terrain. Or, le retour au sport implique de multiples facteurs tels que : les irrégularités du terrain, les réactions imprévues face à un adversaire, la fatigue progressive au cours d’un match ou d’un entraînement. Au centre médical de Clairefontaine, nous avons estimé que pour un joueur de football de haut niveau ces critères n’étaient pas suffisamment spécifiques, ni suffisamment complets pour évaluer la capacité d’un joueur à réintégrer son groupe professionnel et à performer. Pour cela, nous avons défini à partir de la littérature internationale un pack d’évaluation intitulé « 11 to Perf », destiné aux joueurs professionnels, qui va tenir compte des caractéristiques nécessaires en fonction du niveau de compétition, du poste occupé sur le terrain, des données du joueur pré-blessure et des exigences du groupe qu’il doit réintégrer.

Les 11 items sont :

1

 Bilan psychologique : ACL-RSI et entretien avec le psychologue du sport pour un aspect plus qualitatif que ce simple score ;

2  Bilan énergétique : Test d’effort avec évaluation de la VMA et des seuils ventilatoires ;

3  Bilan de force par un test isocinétique avec évaluation des asymétries de force mais aussi des allures de courbe et des ratios force/poids de corps ;

4  Tests de sauts verticaux et horizontaux tels que hop test et test sur plateforme de force (CMJ, drop jump, squat jump et landing en situation de fraîcheur et de fatigue) ;

5  Tests de changement de direction (T-test, 5-0-5 Agility test) ;

6  Tests de vitesse (répétition de sprint, profil force vitesse, curve test) ;

7  Analyse de la fatigue (qualité des sauts et du maintien de performances en vitesse en état de fraîcheur et de fatigue) ;

8  Évaluation neurocognitive (évaluation de l’introduction du chaos selon Taberner sur les tests avec changement de direction aussi bien en qualitatif qu’en quantitatif) ;

9  Simulation des contraintes d’un match sur 45 min sous forme d’ateliers enchaînés sur tout type de course, des duels, du jeu de tête, pivot avec analyse des datas par GPS ;

10  Bilan de la charge de travail de la semaine comparée à celle du groupe de joueurs à réintégrer ;

FOCUS

11  Mise en place des routines de prévention et communication avec le staff du joueur.

Ce combo de tests permet d’avoir une photographie complète pour finaliser la préparation individuelle et faciliter la reprise progressive avec le groupe. Une étroite communication avec l’équipe de Clairefontaine, le joueur et le staff du joueur (médecin, kinésithérapeute, préparateur physique, technicien) est nécessaire pour optimiser par des objectifs coordonnés et communs cette phase de reprise. Depuis la mise en place de cette batterie de tests,

les retours sont positifs aussi bien de la part des staffs médicaux qui sont confortés dans leur choix, que de celles des joueurs qui apprécient cette évaluation multifactorielle avec un taux de rechute inférieur à la moyenne sans que la taille de l’échantillon nous permette une validation scientifique.

EN CONCLUSION

Chez les plus jeunes, la patience est primordiale pour amener les adolescents à une reprise du football entre10 et 12 mois après leur ligamentoplastie. La reprise du football après ligamentoplastie du LCA nécessite même chez les amateurs une évaluation musculaire, fonctionnelle et psychologique. Chez le joueur de haut niveau, cette évaluation doit être plus complète et correspondre au niveau du joueur et du groupe qu’il doit réintégrer. Une phase de réathlétisation spécifique du sport pratiqué est nécessaire pour optimiser les chances de reprendre au moins au niveau initial et limiter les risques de rechute ou de sur-blessure. La décision finale dans les sports collectifs appartiendra toujours à l’entraîneur et pourra être influencée par des données non médicales et fonctionnelles telles que le statut du joueur dans l’équipe, la concurrence ou pour les professionnels la situation contractuelle. ✱

Ça saigne ? Ça suinte ? Vite !…

Pour favoriser la cicatrisation & protéger la plaie !

Ampoules ouvertes, coupures…

Compresse d’alginate de calcium issu des algues marines sur support adhésif

Soulage la douleur instantanément en supprimant le frottement

Coalgan® ADHÉSIF est destiné à l’hémostase et à la cicatrisation, indiqué pour les plaies superficielles cutanées. Ce dispositif médical est un produit de santé réglementé qui porte, au titre de cette réglementation, le marquage CE. Si le saignement persiste et/ou la plaie ne cicatrise pas, demander conseil à un pharmacien ou consulter un médecin. Pour une information complète et un bon usage, consulter la notice. Fabriqué en France par les Laboratoires Brothier, SAS au capital de 2 646 000 €, 41 rue de Neuilly, 92000 Nanterre (France), RCS Nanterre B 572 156 305. MTP25COG19A - Mai 2025.

Retrouvez nos conseils sur www.coalgan-gamme.com

BOUGER POUR LA SANTÉ

DES HOMMES :

QUAND LE SPORT DEVIENT UN VÉRITABLE TRAITEMENT

Chaque année, l’Association Française d’Urologie (AFU) mobilise les urologues de France pour sensibiliser le public aux maladies masculines. En 2025, pour la 4e année consécutive, l’AFU a choisi de mettre le sport au cœur de sa campagne. Objectif : rappeler que l’activité physique n’est pas seulement bonne pour garder la forme, mais qu’elle peut aussi jouer un rôle clé dans la prévention et la prise en charge des cancers et des troubles masculins

PAR LE DOCTEUR FRANÇOIS ROZET, CHIRURGIEN UROLOGUE À PARIS

DES MALADIES FRÉQUENTES

MAIS TROP SOUVENT TABOUES

Parmi les grands enjeux de santé masculine :

 Le cancer de la prostate, le plus fréquent chez l’homme avec plus de 50 000 nouveaux cas chaque année en France ;

 Les troubles de l’érection, qui touchent environ 20 millions d’hommes en Europe ;

 L’infertilité, qui concerne 1 couple sur 7 ;

 Le cancer des testicules, qui touche surtout les jeunes adultes entre 18 et 45 ans.

LE SPORT : UNE ARME SIMPLE ET EFFICACE

De nombreuses études montrent que l’activité physique adaptée (APA) – c’est-à-dire un sport choisi en fonction de l’âge, de la condition physique et de la maladie – apporte de multiples bénéfices :

 Moins de fatigue, même pendant les traitements ;

 Meilleure qualité de vie ;

 Diminution de l’anxiété et du stress ;

 Amélioration du sommeil, de l’image de soi et du moral. Dans certains cancers (sein, côlon, prostate), la pratique régulière du sport peut même réduire :

 Le risque de décès global de 40 % ;

 Le risque de décès lié au cancer de 35 % ;

 Le risque de récidive de 45 %

CANCER DE LA PROSTATE : DES BÉNÉFICES À TOUS LES STADES

Chez les hommes atteints d’un cancer de la prostate, l’activité physique a des effets positifs quel que soit le stade :

 Surveillance active (cancers localisés à faible risque) : le sport aide à réduire l’anxiété et la peur de la progression ;

 Après traitement (chirurgie, radiothérapie) : il diminue la fatigue et améliore la récupération ;  Au stade métastatique : il aide à mieux supporter les traitements lourds, à lutter contre la perte musculaire et osseuse, et à préserver la qualité de vie.

QUAND LE VÉLO DEVIENT SYMBOLE

Pour illustrer son message, l’AFU a choisi le  cyclisme

Accessible à tous (vélo classique ou à assistance électrique), il permet un effort d’endurance adapté, sans traumatisme. En 2025, la randonnée AFU-Ventoux a réuni 600 participants, patients, médecins, familles et personnalités du sport, autour du légendaire Bernard Hinault.

L’événement, soutenu par le ministère de la Santé et celui des Sports, avait aussi une dimension solidaire : les fonds collectés soutiendront la recherche et l’innovation en urologie

UNE APPROCHE GLOBALE DE LA SANTÉ

Cette année, un partenariat avec l’association Odysséa, connue pour ses courses solidaires contre le cancer du sein, a permis de rappeler que l’activité physique est un enjeu de santé pour les hommes comme pour les femmes ✱

Le rendez-vous est déjà pris pour la 5e édition, prévue en septembre 2026, avec un même mot d’ordre :  bouger pour mieux vivre et mieux guérir.

LE CLAQUAGE DES ISCHIO-JAMBIERS LA PLAIE DU FOOTBALLEUR

Lors d’un sprint ou d’un tir : « crac ! », vous ressentez une violente douleur à l’arrière de la cuisse. Vous stoppez votre action, parfois même vous quittez le terrain en boitant. C’est probablement un « claquage »… ou une « élongation »… ou peut­être un arrachement osseux ! Votre doc du sport vous explique votre blessure et son traitement !

PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA, MÉDECIN DU SPORT, RÉDACTEUR EN CHEF DE DOC DU SPORT

QUE S’EST-IL PASSÉ ?

Le tir illustre parfaitement les contraintes musculaires imposées à la cuisse lors de la pratique du football. En fin de geste, le genou s’étend puissamment et la hanche se plie. Lorsque la jambe monte vers le thorax, les mouvements de ces deux articulations s’associent pour tirer fortement sur le muscle situé à l’arrière de la cuisse. Simultanément, il doit se contracter car il est chargé de freiner le mouvement. Il protège le genou d’un excès d’extension et contrôle la qualité technique du geste. Le tibia situé sous le genou étire ce muscle. Il tracte le sac fibreux qui l’entoure. Pour ajuster le tir, les fibres musculaires se contractent et tirent sur cette enveloppe en sens inverse ! Parfois, les points de jonction entre les fibres et la membrane musculaire peuvent céder : c’est la « lésion musculaire ».

UN « CLAQUAGE », C’EST QUOI ?

En fait, la blessure est plus ou moins grave selon l’ampleur des dégâts au sein du muscle. En cas de contracture, on ne retrouve pas encore de lésion dans le tissu. À la suite d’un épuisement local, quelques fibres musculaires se bloquent, elles ne parviennent plus à se décontracter. Vous connaissez ce phénomène : dans votre polar préféré, c’est le corps entier du cadavre qui se rigidifie par manque d’énergie.

Lorsque quelques fibres musculaires sont déchirées au contact du sac fibreux, on parle d’élongation

Parfois, cette enveloppe musculaire, appelée « aponévrose », est distendue. Il s’agit alors d’un « claquage ».

Lorsque le traumatisme est plus violent, la membrane peut s’ouvrir, c’est la déchirure

Enfin, la totalité du sac est déchiquetée, tout autour du muscle : vous êtes victime d’une rupture.

COMMENT RECONNAÎTRE UNE LÉSION GRAVE ?

L’enveloppe contient tous les vaisseaux sanguins qui nourrissent le muscle. Lorsqu’elle est rompue, du sang se répand dans le muscle. Il sépare les fragments musculaires et ne favorise pas la réparation de la lésion.

Tous les signes évocateurs d’une déchirure de la membrane et d’un saignement constituent des éléments de gravité :

Un craquement ou une sensation de déchirure ;

Une impossibilité à poursuivre le sport…

Un gonflement de la cuisse suivi éventuellement d’une traînée bleue sous la peau. Cette ecchymose caractérise l’écoulement du sang.

QUE FAIRE, EN URGENCE, SUR LE TERRAIN ?

Dans ces circonstances, sortez du terrain. Entourez la cuisse avec une bande. Partez au-dessus du genou et remontez. Serrez un peu en bas puis de moins en moins. Le serrage diminue le saignement. La pression plus importante à la base de la cuisse favorise le retour du sang vers le cœur. Posez un sac de glace sur le bandage en regard de la zone douloureuse. Laissez-le en place au moins 20 minutes. Souvenez-vous : quand il fait chaud, votre visage est tout rouge. La chaleur ouvre les vaisseaux. échauffement « clé en main », standardisé, comprenant temps de course, de gammes, de jeux de ballon et de phases arrêtées pour la pratique des exercices. échauffement « clé en main », standardisé, comprenant temps de course, de gammes, de jeux de ballon et de phases arrêtées pour la pratique des exercices. À l’inverse, le froid provoque leur fermeture. La glace permet de réduire le saignement dans le muscle. Pour favoriser l’évacuation du sang vers la circulation générale, levez la jambe. Détendez votre muscle, allongez-vous et posez le pied en hauteur.

ATTENTION, CE N’EST PAS TOUJOURS UN « CLAQUAGE »

!

Le muscle s’accroche sur l’os. Parfois, lors de sa violente mise en tension, c’est le point d’insertion osseux qui s’arrache. Ce type de fracture survient plus souvent chez l’enfant ou chez l’adolescent. L’os en pleine croissance est encore fragile, il constitue un maillon moins résistant que le muscle.

ISCHIO-JAMBIERS

FOOTBALLEUR !

POUR SOIGNER EN URGENCE LES LÉSIONS

MUSCULAIRES, METTEZ EN PLACE LE GREC.

G = glace

R = repos… arrêt de l’activité et position réduisant les tensions musculaires

E = élévation

C = compression

Lors de la préparation du tir, le muscle situé à l’avant de la cuisse est puissamment étiré. Tendu au maximum, il se contracte pour relancer le mouvement et shooter. Alors, il arrive que la zone d’amarrage sur l’os du bassin se brise. Cette véritable fracture nécessite un traitement spécifique.

FAUT-IL TOUJOURS VOIR UN MÉDECIN ?

S’il existe des signes de gravité, un avis médical s’impose pour préciser l’ampleur des lésions. Une échographie peut être envisagée. Il faut programmer rapidement un traitement adapté. Même en cas de lésion bénigne, certains médicaments et surtout la kinésithérapie se révèlent très utiles.

COMMENT SOIGNER VOTRE « CLAQUAGE » ?

Dans un premier temps, il est crucial de poursuivre la lutte contre le saignement. Très vite, la rééducation est instaurée. La contraction douce du muscle débute dès qu’elle ne provoque plus de douleur. Même tout au début du traitement, le travail du muscle est indispensable à sa bonne cicatrisation. Ses mouvements provoquent des variations de pression qui chassent l’hématome. Les étirements favorisent la constitution d’une cicatrice plus souple et plus adaptée à sa fonction. Sans travail du muscle, l’hématome cicatrise comme une croûte fibreuse devenant le maillon raide et cassant au sein de la chaîne musculaire élastique. Vous avez probablement déjà été victime de gerçure sur les lèvres. Une peau rigide et cornée répare la lésion. Un grand sourire et… « crac ! »… une nouvelle déchirure se constitue. Voilà ce que vous risquez à la reprise du foot si vous traitez vos lésions musculaires par le repos ! Le kinésithérapeute suit la cicatrisation pour augmenter progressivement les contraintes mécaniques. Avant de permettre le retour sur le terrain, il doit imposer au muscle les mêmes contraintes que celles subies lors de la pratique du foot ! Même en cas de rupture complète, une opération chirurgicale

reste exceptionnelle. Le muscle déchiqueté est très difficile à suturer. Mieux vaut le laisser cicatriser en s’accrochant au muscle voisin.

COMBIEN DE TEMPS SEREZ-VOUS INDISPONIBLE ?

Une lésion musculaire sans lésion de la membrane cicatrise en 1 à 2 semaines. Lorsque l’enveloppe musculaire est abîmée, votre absence peut durer 3 à 8 semaines. Mais, souvenezvous : l’activité musculaire bien dosée s’intègre au traitement. Rapidement, la natation, le vélo, puis le jogging sont les bienvenus. Finalement, vous n’arrêtez pas le sport, vous gardez la forme pour retrouver au plus vite votre nom sur la feuille de match ! ✱

ÉCLAIRAGE

LES SPÉCIFICITÉS DU FOOTBALL FÉMININ

La croissance du football féminin est importante depuis des années. Depuis moins de 10 ans, les études sur le football féminin se multiplient et apportent une meilleure connaissance de la physiologie féminine. Le développement du football féminin doit faire baisser les risques liés à la pratique plus ou moins intensive et accompagner la performance.

PAR LE DOCTEUR EMMANUEL ORHANT, DIRECTEUR MÉDICAL DE LA FFF

L’optimisation des compétences physiques et techniques du public féminin est un défi. En effet, il existe des spécificités physiques et morphologiques à prendre en compte. Par exemple, le bassin est plus large créant des déséquilibres musculaires. Les déséquilibres statiques et dynamiques des genoux, des chevilles et des pieds conduisent à une augmentation du risque de blessures graves comme des entorses du genou ou de la cheville. L’entraînement permet un gain de muscle significatif limitant les blessures et le développement du football de haut niveau.

CYCLES MENSTRUELS

La première inquiétude des joueuses et des staffs concerne les cycles menstruels. Depuis la Coupe du monde féminine en France en 2019, le haut niveau s’est accaparé la gestion des cycles menstruels. Des études montrent que 66 % des joueuses pensent que leur cycle va impacter leurs performances. 85 % des joueuses pensent être mal informées sur ce sujet. Contrairement aux croyances, malgré de nombreuses études scientifiques, il n’y a que très peu de certitudes sur le lien entre sport de haut niveau et cycles. Il existe néanmoins de nombreux travaux sur les liens avec l’endurance, le renforcement musculaire, la raideur ligamentaire, la prévention des blessures, la récupération, la psychologie dans le football. Il est admis qu’il faut traiter les troubles des cycles (dysménorrhée) et faire travailler spécifiquement certaines filières énergétiques (endurance et force). Il est conseillé d’avoir des données physiologiques de terrain pour chaque joueuse. Le gain de force de la femme grâce à l’entraînement est de 20 à 40 %, soit identique à l’homme. La récupération doit être optimisée en fonction du cycle. Il n’y a

pas de bénéfice de la contraception sur les performances des sportives. C’est pour cela qu’aucune pilule contraceptive, par exemple, ne figure dans la liste des médicaments dopants. La pilule peut être un traitement de la dysménorrhée et une analyse de ces effets doit être individualisée. Il est important de rechercher des troubles du cycle, comme une absence de règles qui permet de dépister des troubles énergétiques connus sous le nom de « RED Syndrome » (déficit énergétique relatif dans le sport). Il s’agit d’un déséquilibre entre les dépenses physiques et la compensation alimentaire. L’avis spécialisé du médecin du sport est important pour éviter les lourdes conséquences sur la performance mais aussi les blessures et la dégradation du corps. On ne connaît pas encore tous les liens entre football et cycle menstruel mais les conséquences à court, moyen et long terme d’un trouble du cycle sont si importantes que les dysménorrhées doivent être recherchées et traitées.

GROSSESSE ET FOOTBALL

Il existe peu de données sur les grossesses dans le football. Le premier trimestre comporte des risques à cause de l’élévation de la température corporelle et de la déshydratation à l’effort. Les malformations du fœtus et les fausses couches peuvent être des conséquences graves. Le sport modéré est bénéfique à partir du moment où l’hydratation est importante. Le risque lié aux contacts est élevé dans le football, le pelvis qui se transforme avec la grossesse protège moins le fœtus. C’est pour cela qu’après 12 semaines, l’UEFA ne recommande pas la pratique « active » du football. Mais la pratique du Fit Foot a toute sa place. Après l’accouchement, la reprise doit être progressive, adaptée à chacune. La décision de reprise médico-sportive doit être individualisée. Un consensus international organise le retour

APRÈS L’ACCOUCHEMENT, LA REPRISE DOIT ÊTRE PROGRESSIVE, ADAPTÉE À CHACUNE.

au sport en 6 étapes : la première est d’aider à la transition biopsychosociale. Il s’agit d’accepter de recommencer à avoir un temps sportif dans un planning très chargé; la deuxième est de faire un bilan complet de ses capacités physiques et psychologiques ; la troisième est de restaurer le bien-être physique et psychologique ; la quatrième est la reprise progressive des charges d’entraînement non spécifique ; la cinquième est une progression spécifique vers le football au niveau technique et physique ; la dernière étape consiste d’accompagner la joueuse dans la recherche de la performance.

FOOTBALL FÉMININ, ENCADREMENT MÉDICAL ET TECHNIQUE

La poussée de croissance des filles a lieu entre environ 9,5 et 13,5 ans, avec un pic généralement entre 11 et 12,5 ans. Alors que chez le garçon, la poussée se produit entre 12 et 16 ans. L’acquisition motrice, le développement des filières énergétiques, de la force est plus précoce chez la fille. Malgré cela, des études scientifiques ont démontré que le nombre de minutes d’entraînement était très faible chez les jeunes filles avant 18 ans par rapport aux garçons. Cela a 2 impacts : un déficit de compétence alors que la joueuse est capable de faire plus et plus tôt ; et surtout un pseudo-rattrapage chez la jeune fille après 15 ans et une progression trop rapide à l’origine de nombreuses blessures. La mise en place de staffs techniques compétents pour accompagner les joueuses spécifiquement dès 12 ans doit exister. La gestion des charges d’entraînement doit être différente des garçons, avec surtout dès le plus jeune âge une prise en compte des cycles. Savoir travailler l’entraînement physique ou technique par petits ateliers en fonction du cycle est essentiel. Enfin, une prise en charge par des médecins du sport et des kinésithérapeutes formés permet d’organiser une bonne

prévention. L’individualisation de la progression dans un sport collectif est un challenge qui nécessite une bonne connaissance et une bonne communication avec les éducateurs.

LES PATHOLOGIES SPÉCIFIQUES

Le risque de commotion est multiplié par 2 à 3 chez la joueuse. Les suites de la commotion sont problématiques chez les femmes avec des risques de symptômes plus sérieux et plus longs. Une prévention doit être faite sur le renforcement cervical, sur l’apprentissage du geste technique de la tête, sur le travail global de positionnement dans l’espace et de la trajectoire. L’accompagnement médical dans les suites de la commotion doit être essentiel au vu des conséquences qui peuvent être longues.

Les troubles psychologiques et du comportement alimentaire doivent être recherchés quand il existe une inadaptation des apports alimentaires par rapport aux dépenses énergétiques liées au haut niveau. Les conséquences sur la santé sont importantes. Ces problèmes de déficit énergétique (RED syndrome), anciennement appelé « surentraînement », sont présents dans certains sports (gymnastique, athlétisme…) mais maintenant le niveau est tel que le football devient aussi un sport à risque. La santé des seins est taboue et extrêmement méconnue. Les seins peuvent causer des douleurs, être blessés et nuire à la capacité de performer de manière optimale. Une partie importante de la population féminine (environ 44 à 72 %) déclare ressentir des douleurs mammaires dues au mouve-

ment des seins pendant l’exercice. Le port d’un soutien-gorge bien ajusté et offrant un bon maintien permet non seulement de soulager la douleur, mais aussi d’améliorer les performances sportives et de réduire le risque de blessure.

L’INCONTINENCE

URINAIRE D’EFFORT

L’incontinence urinaire d’effort (IUE) désigne une perte involontaire d’urine lors d’un effort dans la vie quotidienne ou pendant une activité physique. L’IUE touche jusqu’à 58 % des femmes. Sa gravité s’objective par les circonstances de survenue des fuites, par leur fréquence, l’importance des stratégies mises en place (par exemple le nombre et le type de protections utilisées), l’existence d’éventuels facteurs favorisants, l’impact psychologique et la demande de traitement. Le plancher pelvien est constitué d’éléments musculaires, ligamentaires et conjonctifs dont les principales fonctions sont de maintenir les organes pelviens et de permettre la continence. L’IUE résulte de l’affaiblissement d’une ou plusieurs parties du plancher pelvien. Il existe un trouble du mécanisme de fermeture du sphincter urinaire. La survenue de l’IUE est liée à l’augmentation de la pression intra-abdominale pendant l’exercice, associée à une défaillance anatomique du hamac musculo-aponévrotique du plancher pelvien ou de son activation ou de sa force. Des troubles de la co-contraction des muscles abdominaux (transverse, obliques internes, externes et grand droit) avec les muscles du plancher pelvien sont à rechercher. Les sportives multiplient le risque de 1,77 à 3 fois de déclencher une IUE par rapport aux

non-sportives. Les athlètes compétitives sont 2,5 fois plus touchées que les sportives loisirs. Les athlètes professionnelles sont 3 fois plus touchées que chez les amatrices. L’entraînement est plus pourvoyeur d’IUE que la compétition. Une étude observationnelle a été réalisée en 2024 en France auprès d’environ 800 footballeuses de la première à la troisième division nationale, chez les jeunes des académies et les footballeuses des équipes nationales françaises. 55 % des joueuses ont déclaré avoir déjà été victimes d’une IUE quel que soit le niveau. Les facteurs déclenchants dans le football sont le saut et sa réception, les changements d’appui et de direction, le renforcement musculaire en salle avec le travail des muscles abdominaux et le soulèvement de poids, la course à haute intensité, les tacles et les tirs. La fatigue par diminution de l’efficacité du plancher pelvien à lutter contre la pression abdominale est retrouvée comme un facteur de risque. Ainsi, une IUE survient plus facilement à la fin des entraînements ou des matches. La diminution de la qualité de vie chez la sportive est un réel problème. 35 à 39 % des footballeuses souffrant d’IUE ont utilisé des stratégies compensatoires, 28 % utilisent des tampons, des serviettes ou des protège-slips. Certaines limitent l’hydratation au risque de diminuer leur performance et d’augmenter les blessures. 60 % des athlètes déclarent que l’IUE a un effet négatif sur leur performance. Certaines préfèrent arrêter l’activité physique devant cette défaillance du corps. Les staffs médicaux et techniques jouent un rôle essentiel et doivent ouvrir le dialogue pour éviter le tabou. Connaître l’anatomie du

plancher pelvien permet de comprendre les programmes de prévention, augmente la confiance en ses capacités et réduit l’impact sur sa vie sportive. Les footballeuses ont déclaré avoir été interrogées beaucoup sur l’IUE par les médecins (20 %) et peu par les staffs techniques (8 %). La communication est donc primordiale car il existe des traitements. Le traitement préventif permet d’augmenter le volume, la force et la rigidité des muscles du plancher pelvien, d’apprendre le travail de co-contraction avec les muscles de l’abdomen, de connaître le travail hypopressif visant à diminuer la pression abdominale. Des résultats sont obtenus dès la sixième semaine. Le traitement curatif doit être entrepris le plus tôt possible chez la sportive. Un entraînement des muscles du plancher pelvien obtient des résultats au bout de 3 mois. L’information et la formation des éducateurs sont essentielles. Il faut obtenir la compliance et la motivation de la joueuse. Les athlètes doivent être orientées vers un personnel médical expérimenté. Enfin, le programme d’entraînement doit être approprié et individualisé.

CONCLUSION

Accompagner la performance tout en préservant la santé passe par une meilleure connaissance de la physiologie, de la prévention. Il faut éviter les tabous des troubles des cycles, des douleurs de sein, de l’incontinence urinaire d’effort. La formation, la communication, l’information sont essentielles pour permettre à toutes les joueuses de s’épanouir dans le football. ✱

Wellpass, l’abonnement sport ultime pour les salariés qui veulent plus qu’un simple avantage

Du fitness en illimité et +300 activités à portée de main.

Profitez de toutes ces salles et bien d'autres.

LA DOULEUR DE TALON CHEZ LA MALADIE DE SEVER

La maladie de Sever désigne une pathologie de croissance très fréquente chez le jeune footballeur, entre 8 et 11 ans. Elle résulte d’une inflammation du cartilage de croissance situé au niveau du talon, à l’insertion du tendon d’Achille sur le calcanéum. Cette zone, encore fragile durant la période de croissance, est soumise à des contraintes mécaniques importantes lors des appuis, des sauts ou des changements de direction. Le rôle du podologue du sport est alors central, à la fois pour le diagnostic fonctionnel, la prévention de la récidive et l’accompagnement du retour au jeu

1. DIAGNOSTIC ET ÉVALUATION PODOLOGIQUE

Le diagnostic de la maladie de Sever est avant tout clinique, mais l’évaluation du podologue du sport permet de mieux comprendre les causes mécaniques qui entretiennent la douleur.

Le bilan podologique s’articule autour de plusieurs étapes :

 Interrogatoire précis : le praticien recueille l’historique sportif, la fréquence des entraînements, les types de surfaces de jeu (gazon naturel, synthétique, stabilisé) et les antécédents de douleurs ;

 Observation statique et dynamique : le podologue analyse la posture globale, l’alignement des segments, les appuis plantaires et le déroulé du pas ;

 Analyse biomécanique : une étude du mouvement (course, frappe, impulsion) peut être réalisée afin d’identifier d’éventuelles surcharges postérieures, une raideur du triceps sural, un défaut d’amorti lors des appuis ou des pieds plats valgus ;

 Évaluation de la chaussure : l’usure des crampons, le type de semelle interne et le maintien du talon sont inspectés car ils influencent directement les contraintes exercées sur le calcanéum ; la bonne adaptation de la chaussure par rapport au terrain. Cette analyse complète permet au podologue d’identifier les facteurs mécaniques favorisants : hyperpronation, déséqui libre musculaire, déficit de mobilité de cheville, raideur du mollet ou port de chaussures inadaptées.

2. CONSEILS DE CHAUSSURES ADAPTÉES

AU FOOTBALL ET AUX SURFACES

Le choix de la chaussure est un élément clé du traitement et de la prévention de la maladie de Sever. Le podologue du sport conseille le jeune joueur et ses parents sur plusieurs points essentiels :

 Talon amortissant et légèrement surélevé : cela concerne les chaussures pour gazon synthétique avec un bon amorti postérieur et un drop (différence de hauteur entre talon et avant-pied) de 8 à 10 mm permet de réduire la traction du tendon d’Achille sur le calcanéum ;

 Maintien du contrefort : le talon doit être bien maintenu pour éviter les micromouvements et les frottements douloureux ;

 Semelle intermédiaire souple et stable : elle doit offrir un compromis entre flexibilité pour la propulsion et stabilité pour limiter la pronation excessive ;

LE JEUNE FOOTBALLEUR :

4. CONFECTION DE SEMELLES ORTHOPÉDIQUES SPÉCIFIQUES

LA PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE DE SEVER

NE SE LIMITE PAS AU SOULAGEMENT DE LA DOULEUR.

 Choix en fonction du terrain :

 Gazon naturel mou → crampons moulés avec bon amorti,

 Terrain synthétique → semelle multi-crampons ou Turf avec talon amortissant,

 Terrain dur/stabilisé → semelle plus épaisse et rigide pour limiter les impacts directs sur le talon.

Un mauvais choix de chaussure ou une usure trop importante peut aggraver la douleur et prolonger la période d’inconfort.

3. ÉTIREMENTS ET RENFORCEMENT SPÉCIFIQUES

Le podologue du sport travaille en complémentarité avec le kinésithérapeute et le préparateur physique pour proposer un programme d’entretien du pied et de la chaîne postérieure. Étirements recommandés :

 Triceps sural (mollet) : étirements du gastrocnémien et du soléaire pour réduire la tension sur le tendon d’Achille. Ils doivent être faits au cas par cas et avec l’accord du médecin du sport, et sous surveillance du kinésithérapeute ;

 Aponévrose plantaire : mobilisation douce de la voûte plantaire avec balle de massage ;

 Chaîne postérieure complète : ischio-jambiers et fessiers pour harmoniser les tensions.

Renforcement musculaire et proprioception :

 Exercices de renforcement du pied : travail des muscles intrinsèques via des exercices de type « griffe de serviette » ou « marche sur pointe/talon » ;

 Travail sur plan instable : pour stimuler la stabilité de la cheville et améliorer le contrôle postural ;

 Montées sur demi-pointes : exercices progressifs pour renforcer le triceps sural sans douleur. Ces exercices, bien encadrés, participent à rééquilibrer les forces autour du talon et à préparer la reprise du sport en sécurité.

Lorsque la douleur persiste ou que la biomécanique révèle un déséquilibre important, le podologue peut proposer des semelles orthopédiques sur mesure

Ces orthèses ont plusieurs objectifs :

 Décharger le talon douloureux grâce à de nombreux matériaux dynamiques à disposition du podologue du sport ;

 Surélever légèrement le talon pour diminuer la traction du tendon d’Achille ;

 Corriger un appui désaxé (hyperpronation ou supination) afin de répartir les pressions sur l’ensemble du pied ;

 Stabiliser le pied dans la chaussure de sport, pour éviter les microtraumatismes répétés.

Les semelles sont réalisées à partir d’un moulage du pied en position neutre, souvent lors d’une première séance dans un centre de performance ou au cabinet.

Elles sont ensuite ajustées en fonction du ressenti et du type de chaussure utilisée (football, running, basket…).

5. SUIVI ET PRÉVENTION DES RÉCIDIVES

Le suivi régulier, environ tous les trois mois, permet d’adapter les semelles à la croissance du jeune joueur et de vérifier la bonne application des conseils donnés.

Le podologue du sport veille à ce que les chaussures soient changées à temps, que les exercices soient maintenus et que la charge d’entraînement soit adaptée à l’âge et à la période de croissance.

Ce suivi personnalisé contribue à :

 Réduire le risque de rechute ;

 Favoriser un développement harmonieux du pied ;

 Améliorer la performance grâce à un appui stable et indolore.

CONCLUSION

La prise en charge de la maladie de Sever ne se limite pas au soulagement de la douleur : elle s’inscrit dans une démarche globale de prévention et d’éducation.

Le podologue du sport joue un rôle essentiel dans la compréhension des processus mécaniques, l’adaptation du matériel (chaussures, semelles) et la mise en place d’exercices spécifiques.

Chez le jeune footballeur, cette approche pluridisciplinaire, alliant écoute, pédagogie et suivi dans le temps, permet non seulement une guérison durable, mais aussi une amélioration de la performance sportive à long terme. ✱

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.