DIMENSION 41 - FR

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UNE VILLE EN IMAGE

Jusqu’il y a quelques années, Alost faisait surtout la une pour son carnaval, les exploits carnavalesques de certaines personnalités locales, et ses incessantes querelles politiques. Mais il semble que les choses aient changé. « Nous sommes dans un état d’esprit positif », affirme le bourgmestre Christoph D’Haese. « En Flandre, aucune autre ville du centre ne nous égale au niveau du rythme des investissements. » L’entretien a lieu dans le nouveau centre administratif situé non loin de la gare, et qui donne sur la Dendre. Comme presque toutes les décisions politiques, le déménagement dans ces locaux a longtemps constitué une pomme de discorde. Mais le bourgmestre - qui fut avocat dans une vie antérieure - a assumé avec succès le rôle du médiateur, et a d’emblée placé cette démarche dans une stratégie plus vaste de rénovation urbaine.

au sol, qui était en vente pour 8,5 millions d’euros. Là encore, un parti était radicalement opposé au projet, l’autre le soutenait sans réserve. De nombreuses négociations et un timing serré - les deux actes ont été signés à dix minutes d’intervalle à peine - m’ont permis de boucler les deux dossiers. Nous louons le centre administratif pour neuf ans, avec à la fin du bail une option d’achat dont le montant est déjà fixé. »

La voie du milieu L’achat du site des Pupilles n’était pas réellement une priorité à l’ordre du jour du bourgmestre. « Un tel site, au cœur de la ville, à mi-chemin entre la Grand-Place et la gare, était idéal pour l’aménagement d’un corridor urbanistique, ce qui nous a permis d’assumer pleinement notre rôle de régie en tant qu’administration communale. En l’occurrence, un aménagement approprié permet d’améliorer considérablement la qualité de vie qu’offre la ville. » Le développement s’effectue en deux parties. Le bâtiment existant, qui hébergeait jadis la police judiciaire, a été pris en main et agrandi par l’ajout d’une nouvelle annexe qui accueillera la bibliothèque et l’académie des arts de la scène. « Pour tout mettre rapidement sur les rails, nous avons organisé un concours destiné aux consortiums d’entrepreneurs au terme duquel KAAN architectes et le groupe de construction Van Roey ont été sélectionnés. Dans leur concept, l’immeuble (qui, soit dit en toute modestie, a quelque chose de Tour et Taxis) a été

ouvert de manière à permettre d’y voir ce qui s’y déroule sous n’importe quel angle. Le réaménagement du domaine public rend le site perméable. La bibliothèque est devenue un véritable centre de connaissances et d’expériences ainsi qu’un lieu de rencontre, une sorte de Salon local, où les élèves de nos 21 écoles pourront passer beaucoup de temps tandis que les parents, depuis la bibliothèque, pourront regarder leurs enfants qui jouent du piano... ou vice versa. Car pour que la fonction publique soit efficace, il faut non seulement de beaux bâtiments, mais aussi une expérience humaine et chaleureuse. » L’autre élément du site sera destiné au logement. L’aménagement fait l’objet d’un appel ouvert de l’équipe du maître-architecte flamand, qui sera plus ou moins bouclé lors de la publication de ce numéro de DIMENSION. Christoph D’Haese : « Je souhaite une solution créative, qui s’éloigne des sentiers battus débordant de clichés urbanistiques. Nous avons besoin d’un projet vivace et dynamique qui amalgame les solutions de logement sans tomber dans l’expérimentation ou les excès. Durant l’évaluation par jury en cours, j’ai encore vu passer deux projets que j’ai décrits comme la moyenne de la médiocrité. Heureusement, il y en a d’autres qui sont plus ambitieux. »

La Dublin flamande ? Selon le bourgmestre, le déménagement des services communaux au Werf stimulera aussi la rénovation urbaine de » DIMENSION

« Du point de vue urbanistique, deux grands défis m’attendaient lorsque j’ai ceint l’écharpe mayorale », explique-til. « Nous devions nous débarrasser de notre image de terne ville industrielle sur un cours d’eau, avec une usine de glucose juste à côté du centre et de nombreux quartiers grouillant de vieilles maisons ouvrières, et transformer Alost en une ville attrayante. Il fallait également jouer habilement sur une croissance annuelle de la population de 700 à 800 habitants, qui exigeait des logements pour toutes les catégories possibles, et des services à l’avenant : crèches, écoles, appartements, maisons unifamiliales... Pour pouvoir jouer sur tous ces registres, il a fallu ouvrir en grand l’accordéon urbanistique. » Le Moniteur des villes 2014 de l’Autorité flamande encourage déjà la coalition, car les chiffres démontrent que la satisfaction des habitants d’Alost est en forte hausse. Christoph D’Haese y voit deux explications. « Je voulais que tout le monde connaisse mon visage, et au début, j’ai mené une politique qui privilégiait fortement la présence. Mais j’ai surtout travaillé dur sur plusieurs dossiers. » Le premier concernait le déménagement vers le nouveau centre administratif Werf 9. « Pendant 18 ans, ce dossier a fait l’objet de tirs croisés depuis les tranchées politiques. Dans la nouvelle coalition, un parti était résolument pour, l’autre entièrement contre. D’autre part, je voulais acheter et développer le site des Pupilles, situé en plein cœur de la ville et d’une superficie de 14.439 m²

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