Sans Abrisme Dans La Ville Néolibérale

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29 AVRIL 2021 DENIZ CENE

SANS ABRISME DANS LA VILLE NEOLIBERALE ENSAL 2020 / 2021 - RAPPORT D’ETUDE E642_TUTEUR : LISA ROLLAND

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TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES .................................. 2 REMERCIEMENTS ........................................ 3 AVANT-PROPOS : EXPERIENCES PERSONNELLES : .......................................... 5 Origine du sujet, les racines du questionnement ................................... 5 INTRODUCTION : ......................................... 6 Corpus ................................................... 6 Méthodologie ....................................... 7 CHAPITRE 1.- SITUATION ACTUELLE - LA VILLE NEOLIBERALE : ................................... 9 1.1 Nouveau Millénaire, Défis Libertaires .................................................................. 9 1.2 Une Tendance Alarmante Qui Révèle Une Crise En Europe ..............................10 1.3 Des Métropoles En Tension ............10 CHAPITRE 2 - LE PROFIL DES SANS-ABRIS 12 2.1 Définition Du Terme « SansAbrisme » ...............................................12 2.2 Les Besoins Fondamentaux Des Sans Abris :......................................................14

Trouver un abri où dormir ................ 14 Rester Propre - Hygiène Personnelle 15 Se soigner........................................... 15 Se Protéger - Insécurité Permanente 15 CHAPITRE 3 - CONFLITS, EXCLUSION EXTREME DU LOGEMENT ET UTILISATION DE L’ESPACE PUBLIC : ............................... 16 3.1 Comment construire un “chez-soi” dans l’espace public ? ........................... 16 L’intimité ............................................ 17 L’appartenance .................................. 18 3.2 Conflit dans l’utilisation de l’espace public ..................................................... 19 Le contrôle de l’espace public .............. 20 Le mobilier urbain anti-SDF .............. 20 3.3 La relation entre les SDFs et la société – L’opinion public ..................... 23 Le syndrome “Nimby” ....................... 23 La Discrimination et La Solitude ....... 24 3.3 Et pendant le Confinement ? ......... 25 3.3 Réintégration .................................. 26 CONCLUSION ............................................ 28

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REMERCIEMENTS

Je tiens particulièrement à remercier l’Association Mamaude sans quoi, je n’aurais pu explorer les rues et mener mes analyses comme je l’ai fait. je tiens également à remercier Lisa ROLLAND, mon tuteur de rapport d’étude, qui a su me comprendre et me guider vers des questionnements qui me tiennent à cœur.

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« Invoquant Le Corbusier, ils se plaisent à comparer les métropoles de l’Occident à des paquebots. Battant pavillon capitaliste, ceux-ci comportent, comme il se doit, plusieurs classes. Mais que faire de tous ces déclassés de plus en plus nombreux cramponnés au bastingage, dont on n’a même plus besoin comme soutiers ? Plupart est parfaitement d'accord pour que ces passagers en surcharge soient balancés par-dessus bord. Est-ce qu'on lancera des « bouées de sauvetage pour empêcher ceux qui tombent à l’eau de se noyer » ? Et que l’on ne vienne surtout pas reprocher à ces deux âmes charitables d’institutionnaliser la pauvreté en lui donnant pignon sur rue. « Ce ne sont pas les canots de sauvetage qui institutionnalisent la tempête ».

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AVANT-PROPOS : EXPERIENCES PERSONNELLES : Origine du sujet, les racines du questionnement

Dans les rues, dans les gares, dans les squares, devant les boutiques des boulevards, dans le métro, aux escaliers et parfois en bas de chez soi. Accompagnés de leurs « sacs de survie » ou « chariot de dépôt » beaucoup d'entre eux finissent par habiter l'espace public. « La rue, ajoute encore l'auteur, s'imprime comme un habitus dans leur quotidien, tant et si bien que l'obtention d'une chambre ou d'un logement autonome parvient péniblement à les déraciner de la rue. » On parle de « sureffectifs » de la vie urbaine : les sans-abris. Même si leur nombre ne représente pas un grand ensemble de la société, ils font partie intégrante de la vie métropolitaine. Dans de nombreuses villes européennes, en plein 1

cœur des villes, on partage une pratique commune. Ce phénomène s’est intensifié ces dernières années avec l’accroissement démographique de la population mondiale et l’immigration. Il faut revenir aux racines du sujet, le thème de la pauvreté urbaine et de son corollaire l'abri afin de définir le sans-abrisme. Les SDF sont très visibles dans les espaces publics. Ils sont très présents dans les débats relatifs à la pauvreté et à l'exclusion. Depuis le début des années 80, les sans-abris sont devenus progressivement une partie indissociable du quotidien urbain.

qui complique le processus d’être acceptée sans avoir un garant financier qui soit un proche français au premier degré. J'ai passé presque un mois et demi sans avoir un logement fixe et je me suis logé en Air-Bnb puis chez des amis. J'ai eu l’opportunité d’expérimenter cette pratique d'habiter de façon nomade, cette situation extrêmement précaire a eu des impacts psychologiques sur moi.

Une expérience vécue nourrit mon intérêt pour le sujet ; quand je suis arrivée en France pour mes études supérieures en 2017 j'ai eu diverses difficultés à trouver un logement à Lyon pour deux principales raisons ; la première est courante dansla métropole Lyon qui accueille chaque années un nombre d’étudiants croissant, et qui souffre d’une demande de logement beaucoup plus importante que l’offre. La deuxième est liée à mon origine étrangère

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INTRODUCTION : J’aimerais commencer en faisant part de tout mon parcours de formation qui m'a mené à ce sujet que j’ai choisie d’examiner.

Premièrement en Licence 1, nous avons eu des cours intitulé « Pratiques de l’habiter » (Enseignants Responsables : Corine Vedrine, Estelle Lisa Rolland, Stephan Courteix, 2018), qui nous a permit de nous familiariser avec les théories dites « classiques » de la psychologie de l’habiter et notamment de nous familiariser avec des outils SHS (Sciences humaines et sociales) pour l’analyse des pratiques de l’habiter.

L’année suivante, en Licence 2, les notions sur l’enveloppe dispensés par le cours « La vie moderne » (Enseignants Responsables : Marie-Claire Mitout) nous a poussé à nous interroger sur la relation entre les termes d’individu, d’habitat et de rue à travers une méthode appliquée à un un processus de captation et de restitution de la ville contemporaine. En semestre 5 / License 3, pendant l’ensemble des cours, nous avons examiné la notion de l’« urbain » dans son

contexte historique, contemporain, sociologique et géographique.

Ces deux échelles de travail très différentes, une micro et une macro m’ont poussé à interroger le sans-abrisme dans le cadre urbain comme une manifestation extrême de l’être humain.

Pour revenir au sujet, ces dernières années, la communauté architecturale s'est fortement impliquée, à la fois de manière positive et négative, sur l’effet de ce phénomène global chronique du sansabrisme. C’est un sujet très profond et riche avec plusieurs entrées possibles qui sont étudiées et rédigées dans les divers cadres (sociologiques, économiques, urbanistiques). Néanmoins, les raisons sous-jacentes au sans-abrisme n’ont pas été assez étudiées ni dans le cadre architectural ni dans le cadre urbain.

Corpus Le corpus du rapport d’étude s’attarde sur trois chapitres principaux :

Premièrement : dresser un panorama de la présence forte mais délaissée des sansabris dans le cadre urbain depuis sa source la ville néolibérale « CHAPITRE 1SITUATION ACTUELLE - LA VILLE NEOLIBERALE » puis montrer l’importance du phénomène actuel en tension « 1.2 UNE TENDANCE ALARMANTE QUI REVELE UNE CRISE EN EUROPE » En suite : introduire le sujet en identifiant le public cible « CHAPITRE 2 - LE PROFIL DES SANS-ABRIS » et en interrogeant leurs besoins spatiaux fondamentaux « 2.2 LES BESOINS FONDAMENTAUX DES SANS-ABRIS » en s’appuyant sur les entretiens, documentaires et les rapports de cas des associations.

Enfin : Revenir à l'échelle urbaine et analyser comment ces besoin domestiques spatiaux identifiés peuvent s’intégrer à un espace public « CHAPITRE 3 – CONFLITS DE L’UTILISATION D’ESPACE PUBLIC : COMMENT CONSTRUIRE UN « CHEZ-SOI » EN EXCLUSION EXTREME DU LOGEMENT » afin de montrer les conflits urbains mis à

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jour « 3.2 CONFLITS DE L’UTILISATION D’ESPACE PUBLIC : CONFLIT DANS L’UTILISATION DE L’ESPACE PUBLIC » et de questionner l’organisation urbaine des métropoles européennes, et donc la relation entre les personnes sans domicile et l’espace public. L’architecture hostile : un mobilier urbain pensé par l’autorité pour décourager cette coexistence, contrôler le mode de vie urbain. Je me suis intéressé à la création d’une adéquation entre l’architecture, l’hébergement et les modes d’occupation de l’espace liés au phénomène du nomadisme urbain.

Brièvement, je voulais m'interroger sur cette co-existence d'un point de vue architectural en tant que future conceptrice afin de questionner

« QUELS SONT LES CONFLITS D'OCCUPATION D'ESPACE QUE LE SANS-ABRISME REVELE DANS LE MILIEU URBAIN »

Méthodologie Simultanément à la phase de rédaction de ce rapport, je me suis portée volontaire pour suivre une enquête de terrain en participant aux maraudes organisées par les associations d’aide aux sans-abris. Dans le but de développer un regard personnel le plus objectif possible, j’ai voulu m'engager sur le terrain et vivre des rencontres.

Grâce à l'Association Mamaraude, pour une période de deux mois (Février – Mars 2021), j'ai pu assister aux maraudes organisées deux fois par semaine, mercredi et samedi localisées dans le premier arrondissement de Lyon entre Bellecour, Cordeliers et Hôtel de Ville. En une nuit de maraudes sur l'ensemble du territoire, les bénévoles (qui étaient accompagnés de travailleurs sociaux) ont rencontré environ 100 SDFs. Chaque association d’aide aux sans-abris a un secteur d’action et des rendez-vous de maraude. Dans notre cas, il s’agissait plus d’un parcours que d’un rendez-vous, effectué dans les rues pour porter assistance aux personnes qui y

vivent, en distribuant des biens de première nécessité aux sans-abris. Le travail des équipes maraudes se construit notamment autour de la notion « d’aller-vers » * Donc un parcours d’une maraude prévue à l’avance en fonction de la connaissance du terrain de l’équipe et des lieux où des ménages se trouvent régulièrement. L’allervers est une notion et pratique sociale de plus en plus présente sur le terrain, notamment dans le cadre de maraude.

L’aller-vers a différents enjeux.

Cette démarche composantes :

comporte

deux

• le déplacement physique vers les lieux fréquentés par la personne, • l’ouverture vers la personne dans sa globalité, sans jugement et avec respect à travers la recherche d’une posture professionnelle ainsi que d’activités favorisant spécifiquement l’établissement d’un contact, d’un lien avec 1 l’accompagnement social.

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Ces expériences m'ont permis d'observer les pratiques de l'habiter des sans-abris liées à l’utilisation de l’espace, les perceptions des personnes sans-abri par rapport à l’espace public et enfin les conflits pouvant survenir lors de l’utilisation de l’espace public (conflits avec la police, les gardiens, autres utilisateurs des espaces publics,). Donc l’approche de ce rapport est basée sur l’accomplissement d’une série d’entretiens non directifs. Cette méthode de recherche d'étude qualitative a favorisé

* @mamaraude sur l’Instagram / Association aidant les personnes sans-abris

En général, je faisais partie d’une équipe de dix personnes. Mamaraude agit surtout en distribuant des biens de première nécessité aux sans-abris. Mais aussi, l'association vise à échanger avec les SDFs pour créer un lien qui permet de mieux les connaître, d’apporter de la chaleur humaine, de la bonne humeur et de mieux les aider. Donc les responsables principaux de l'association connaissent le nom de la plupart des SDFs et sont capables de diagnostiquer l’évolution de leur état physique et psychique, ce qui facilité la communication avec les SDFs.

l’obtention d’informations détaillées sur le sujet général et m’a permis de réaliser une investigation. Je laisse cette expérience structurer mon étude. J'ai intégré ces citations sous un format particulier ainsi que les sujets que j’analyse au fil du rapport.

Par conséquent, Le corpus du rapport prend sa forme grâce à cette recherche croisée. Tous les chercheurs ont fait une observation lors de l'enquête sur le terrain.

De plus, j'ai bénéficié d'informations statistiques et les ai utilisées sous forme graphique tout au long de mon rapport pour mieux connaître cette communauté hétérogène et mieux atteindre la cible. Bien que très peu de données aient été collectées sur le sans-abrisme d'Europe, ces chiffres collectés par les principales associations m'ont beaucoup aidé à connaître cette communauté et à relever des faits peu connus. ________________________________________________________________________ 1.

Charte « Ethique et Maraude », 2018, https://www.espaceethique.org//sites/default/fi les/charte-ethique-maraude.pdf

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CHAPITRE 1.- SITUATION ACTUELLE - LA VILLE NEOLIBERALE : 1.1 Nouveau Millénaire, Défis Libertaires Depuis près de deux décennies maintenant, le néolibéralisme et la néolibéralisation font l’objet d’un intérêt croissant non seulement pour le débat politique mais aussi pour les sciences sociales, et en particulier les études urbaines. Puisque la définition du néolibéralisme est elle-même une dimension de ce débat, nous la définissons provisoirement ici comme l'ensemble des orientations politiques et des dispositifs réglementaires qui s'efforcent d'étendre les mécanismes de marché, les relations, la discipline et l'éthique à un spectre toujours plus large de domaines d'activités sociales, et tout cela en s'appuyant sur une forte intervention de l’État. 1Les caractéristiques et le processus de néolibéralisation

économique et urbaine contemporains sont issus de La vague de mondialisation au 19 siècle. La critique de la néolibéralisation est surtout basée sur la gentrification, envol des valeurs immobilières, éviction des populations précaires : villes et métropoles sont aujourd’hui le théâtre d’une explosion des inégalités et des processus d’exclusion.

2 Les conception économiques libérales basées sur la théorie du libre-échange sont liées aux lois de l'offre et de la demande.

Cependant, ce système, qui se base sur l’auto-équilibre de marché, continue de creuser l'écart de revenus entre les classes sociales.

JE SUIS DANS UN MONDE QUE JE TROUVE ABSURDE LE MOYEN DE PRODUIRE ET REPARTIR LES RICHESSES ET JE COMPRENDS QU’IL FAILLE PRODUIRE QUE CHACUN CONSOMME SELON SES BESOINS MAIS POUR MOI L’ENSEMBLE EST BEAUCOUP TROP ABSURDE QUE J’Y ENVIE D’Y PARTICIPER DE MANIERE UN PEU EGOÏSTE, MOI J’AI JUSTE ENVIE D’AVOIR LE MINIMUM POUR SURVIVRE. 3 - GUILLAUME 41 ANS, 20 ANS DE SANSABRIS

La néolibéralisation est une forme de politique économique qui renvoie les manières de produire la ville et l’espace urbain à une conséquence de la mondialisation de l’économie et de la transformation récente du capitalisme. La mondialisation du monde et l’urbanisation du monde sont deux phénomènes simultanés qui interagissent.

La mondialisation économique est un arrièreplan important des processus d’’urbanisation contemporaine. Ainsi la connaissance de cet arrière-plan apporte les éléments nécessaires pour décrire et comprendre les dynamiques urbaines telles que l’importance apportée aux grands projets et les stratégies de « marketing urbain » ou encore la privatisation des espaces publics. Les figures qui incarnent le néolibéralisme urbain. « Et dans ce sens le capitalisme néolibéral se cristallise dans les espaces physiques, autrement dit dans les formes urbaines privilégiées. Ces artefacts physiques sont eux-mêmes le support de processus sociologiques de la manière de faire la ville. »3 9

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Evidemment, ces artefacts qui essayent d’harmoniser les institutions publiques et privées avec les politiques urbaines produisent leurs propres conflits.4 MacLeod (2002) affirme que la revanche de la ville se manifeste par la récupération de l’espace public au bénéfice de ceux qui présentent une valeur économique de production ou de consommation en excluant presque totalement les moins nantis.

crise » du sans-abrisme et de l'exclusion liée au logement. Selon un nouveau rapport de la Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri, (FEANSTA), le deuxième aperçu de l'exclusion du logement en Europe révèle des tendances alarmantes du sans-abrisme dans la majorité des pays de l'Union européenne.

L’immigration mondiale, le sans-abrisme sont les deux principaux produits de ce système précaire dans le milieu urbain. Il apparaît à travers notre étude de cas, que le sans-abrisme est un phénomène qui se joue à l’échelle planétaire, tout en ayant des répercussions très locales.

« L'INSTITUT STATISTIQUE EUROPEEN (EUROSTAT) NE COLLECTE AUCUNE DONNEE SUR LE SANS-ABRISME. C’EST UN SCANDALE, CAR SI VOUS NE LE COMPTEZ PAS, VOUS N’EXISTEZ PAS DANS LA POLITIQUE DE L’UNION EUROPEENNE », A DECLARE LE DIRECTEUR DE FEANSTA, FREEK SPINNEWIJN.

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1.2 Une Tendance Alarmante Qui Révèle Une Crise En Europe Les associations estiment que les sans-abris sont plus de 300 000 en France malgré un manque de recensement depuis la dernière enquête de l’Insee qui date de 2012. Les pays européens sont confrontés à une «

Selon la Fondation Abbé Pierre en France.

Le nombre de sans-domicile-fixe a doublé depuis la dernière enquête de l’Insee, qui recensait environ 140 000 personnes sans domicile en France. 5 La Fondation craint les effets de la crise économique, du chômage et des baisses de revenus et la crise sanitaire actuelle, qui pourraient conduire

les plus précaires à ne plus pouvoir payer leur loyer.

1.3 Des Métropoles En Tension Le monde connaît aujourd'hui une urbanisation croissante : depuis 2007, plus de 50 % des habitants de la planète vivent en ville. Cette accélération énorme met en évidence une concurrence économique acharnée pour attirer entreprises, capitaux et travailleurs qualifiés. Les fonctions métropolitaines créent des hiérarchies sociales révélatrices des mutations profondes des espaces. De la même manière, la richesse en termes de ressources et d’opportunités, attire les personnes en situations précaires, en l’occurrence, les sans-abris. Ces derniers expriment une large préférence pour la ville et plus précisément « les centres villes » (55% tandis qu’ils sont 12% à choisir « la périphérie des villes » et 5% « la campagne »). 6

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En conséquence, le phénomène du sansabrisme et de tous les conflits qu’il a générés se développe de manière générale dans les centres-villes. La concentration du sans-abrisme dans les métropoles s’opère dans les zones les plus peuplées ; les gares, les quartiers centraux, les centres commerciaux, etc. favorisent la densité de population et donc la « concurrence » entre les sans-abris. C’est pourquoi, ce phénomène s’il ne représente qu’une minorité de la population nationale, suit toutefois une évolution alarmante qui révèle une crise en Europe.

1.

2.

3.

4.

5.

6.

Cities and the Geographies of “Actually Existing Neoliberalism”, Neil Brenner, Nik Theodore, 2002 Gilles Pinson, La ville néolibérale, Paris, PUF, coll. « La ville en débat », 2020, 160 p., Rapport face au sans–abrisme en Europe : Sans-abri à Paris : L’évolution des profils des personnes sans domicile / FEANTSA / 2006 / p. 4 Journal of Abnormal Psychology, Colin MacLeod, March 2002 Christophe Robert, « La France compte près de 300 000 sansdomicile-fixe, selon la Fondation Abbé Pierre », Publié le 15 novembre 2020, , URL : https://www.fondation-abbepierre.fr/actualites/pres-de-300-000-personnes-sans-domicileen-france L’opinion des personnes hébergées dans les centres, l’Association Emmaüs, Décembre 2005.

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CHAPITRE 2 - LE PROFIL DES SANS-ABRIS 2.1 Définition Du Terme « Sans-Abrisme » Tout d’abord, la population SDF ne peut être considérée comme une catégorie sociale homogène. En second lieu, la population des SDF ne constitue pas un ensemble d’individus, et c’est en prenant en considération les flux, les entrées et les sorties de cette situation, que l’on peut avoir une représentation pertinente de la réalité.

Afin que chacun puisse avoir, plus ou moins, une image commune de cette population en minorité, par ce chapitre, on cherchera à produire un modèle de description dynamique de cette population, essentiellement considérée ici comme cible d’action publique par des définitions décrites par différentes institutions. Le but étant de mettre en évidence les débats sur

les expressions « sans-abris », « SDF », « sans-logis », « vagabond », « réfugié ».

Cela comprend aussi les caractéristiques représentatives de cette population. Voici quelques définitions qui révèlent les conflits sur la notion du sans-abrisme ; •

L’AMA définit la personne sans-abri comme une personne qui ne peut temporairement accéder à un logement à usage privatif adéquat, ou le conserver, à l’aide de ses propres ressources. 1

•

Selon La Commission Européenne, être sans-abri ne consiste pas uniquement à dormir dans la rue ; on considère aussi comme sans-abri les personnes contraintes de vivre dans des logements temporaires, insalubres ou de piètre qualité. *

•

Les personnes qui dorment dans la rue ou dans des édifices publics qui n’ont pas la fonction de logement (gares, etc.) et les personnes qui

sont hébergées provisoirement par un particulier, dans le but de leur porter secours, de manière transitoire et passagère, en attendant qu’elles disposent d’un logement, n’ont pas de lieu de résidence au sens de la définition précitée d’un sans-abri.

Ainsi derrière le terme « sans-abrisme », se dissimule une notion technique, froide et désincarnée, déclinaison jargonneuse prisée par l’administration, les associations et les travailleurs sociaux pour catégoriser des individus ne disposant pas de « chez-soi » 2.

Toutefois cette définition qui décrit ce phénomène au regard des circonstances d’une époque néolibérale qui nous pousse à interroger le nouveau millénaire dans son contexte socio-économique et notamment ses impacts sur l’urbanisme.

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« Ce processus d'identification, qui dépend de nombreux cas et conditions différents, peut sembler complexe mais quel que soit le terme utilisé, les personnes sans domicile forment une population hétérogène aux contours extrêmement variés, faiblement définis juridiquement et difficilement quantifiables. Contrairement au sens commun qui définit la personne sans domicile comme celui qui dort dehors et plus directement celui qu’on voit dans la rue, il y a consensus sur le fait que les personnes sans domicile ne forment pas un groupe social homogène distinct du reste de la population » 3

LES CHIFF RES IMPOR TANTS

REPARTITION PAR TRANCHE D'AGE

SITUATION

7% 20% 73%

Seul

SEXE

47% 53%

Famille

NOMBRE DE PERSONNES SANS-DOMICILE EN FRANCE METROPOLITAINE

NATIONALITÉ

38% 62%

En Couple

400 300

Femmes

Hommes

L’infographie : INSEE Les sansdomicile en France : caractéristiques et principales évolutions entre 2001 et 2012 (Paru le : 28/09/2016)

Français

ERRANCE

Etrangère

%75 DE + D’UN AN

200 100 0 ( en milliers ) 2001

2012

2021 (estimé)

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2.2 Les Besoins Fondamentaux Des Sans Abris : Nous avons vu dans le chapitre précédent les caractéristiques des sans-abris afin de définir le public cible. D'après le rapport de la Métropole de Lyon (Octobre 2019) “Besoins, dispositifs et enjeux existants et à venir à propos des personnes sans-abri”, les besoins fondamentaux des personnes sansabris dépendent des cas multiples et spécifiques (comme indiqué à la section précédente). Ces besoins sont la source des pratiques domestiques des sans-abris qui ont complètement explosé dans l’espace urbain. Il n’y a pas de frontières strictes entre espace urbain et espace domestique et, les problématiques sont d’ordres diverses.

C’EST MA BARAQUE OU IL N’Y A PAS DE CHAUFFAGE, PAS DE GAZ PAS D’ELECTRICITE ET PAS D’EAU ET MEME PAS DE CUISINE - BRIAN, 19 ANS, BIPOLAIRE, SURVIT DEHORS DEPUIS UN AN.

Graphique II. Le Problème Le Plus Important*

Rester Propre Se déplacer gratuitement

Trouver un abri

Se nourrir

Se soigner

Avoir une vie sexuelle

Se protéger Aller aux toilettes

qui remet en perspective la définition de sans-domicile fixe.

Dans le cas d’une impossibilité de dormir dans un lieu couvert, les sans-abris usent de tactiques la nuit et dorment le jour : ne pas dormir (écumer les cafés, les restaurants, les bus de nuit, marcher) et être accompagné sont deux stratégies premières. Les binômes, les couples et la compagnie d’animaux permettent de protéger ses affaires, mais surtout son corps, notamment les nuits dehors. C’est affronter pour se protéger.

Trouver un abri où dormir Evidemment le plus important problème est de passer la nuit à l'extérieur sans abri.

Les personnes pouvant être qualifiées de sans-abri ont en fait souvent un lieu ‘permanent’ ou habituel où dormir, que les sans-abris qualifient de « base ». La « base » est un terme utilisé pour décrire un lieu caché où dorment les sans-abris, ce

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Rester Propre - Hygiène Personnelle L’hygiène est le premier des besoins élémentaires des sans-abri mais l’accès aux douches et aux produits de première nécessité est fréquemment impossible ou inadapté. « Des besoins hygiéniques relèvent d’un défi pour les personnes en grande précarité et à la rue qui refusent de porter les stigmates externes de leur désocialisation et tentent de préserver leur image corporelle » (Dequiré, 2010) 2. En France, 67 % des hébergés interrogés dans le cadre de l’enquête Emmaüs-BVA déclarent qu’il est important de garder une bonne image de soi.

Se soigner À Paris, 46 % des personnes sans-abri affirment avoir des problèmes de santé et deux sans-domicile sur cinq interrogés souffrent de troubles psychiatriques. * Ces troubles engendrent une forte tendance aux toxicomanies, la consommation de

drogues et l’alcoolisme et aux problèmes d’addictions qu’en découlent.

Se Protéger - Insécurité Permanente Un abri c'est avant tout un lieu couvert protégeant les hommes contre les intempéries ou le danger. En son absence, se protéger des autres, de soi, des passants est un défi quotidien, plus difficile que jamais, de jour comme de nuit, tant pour les hommes que pour les femmes. Le sentiment de danger engendre des situations de précarité et des violence symboliques et psychologiques.

L’insécurité est d’abord matérielle, comme la peur de perdre le peu que les sans-abris possèdent (bagages, papiers, lieu de couche, nourriture, etc.) et permanente (vols et vandalismes). Le manque d’un lieu où ils peuvent stocker la nourriture et leurs affaires rend la vie journalière et nomade., Les sans-abris ne peuvent donc pas établir un principe de vie cumulatif ou une simple routine.

L’insécurité est également physique, caractérisée par des bagarres et des agressions venues de l’extérieur du groupe des sans-abri mais aussi internes. Ils sont constamment mis en compétition pour faire la manche, avoir une place d’hébergement, un duvet lors des distributions, etc. * Survivre Outre la violence interpersonnelle, les enjeux de protection de soi renvoient aussi aux conditions d’une vie dehors, notamment climatiques et météorologiques mais aussi au bruit.

________________________________________________________________________ 1.

2.

3.

4.

Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri - AMA, « Les sans-abris : qui sont-ils ? » URL: https://www.ama.be/le-sans-abrisme/les-sans-abris-qui-sontils/#:~:text=L'AMA%20d%C3%A9finit%20la%20personne,toutes% 20les%20personnes%20sans%20distinction Christophe Blanchard, Sans-abrisme, 2019, p. 446 Begin P, Casavant L, Chénier NM. Les sans-abris. Bibliothèque du Parlement, Direction de la recherche parlementaire, document PRB 99-1F. Rapport face au sans–abrisme en Europe : Sans-abri à Paris : L’évolution des profils des personnes sans domicile / FEANTSA / 2006 / p. 77

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CHAPITRE 3 - CONFLITS, EXCLUSION EXTREME DU LOGEMENT ET UTILISATION DE L’ESPACE PUBLIC : 3.1 Comment construire un “chez-soi” dans l’espace public ?

Sous ce titre, je tenterais d’analyser comment les personnes sans domicile assimilent un lieu quelconque à un “chezsoi” et appréhendent la notion de l'espace public. Considérons que l’espace public implique une dimension du besoin de sécurité et les intérêts économiques jouent un rôle central dans la planification et l'administration du paysage urbain.

Ensemble, les deux dimensions nourrissent et légitiment la création de mesures architecturales et politiques pour contrôler l'espace public, son utilisation et ses usagers.

Ce terme renvoie à diverses composantes du “chez-soi” telles qu’un sentiment de sécurité et d’appartenance familiale. Dès lors, la notion de « résident » est devenue individuelle et privative., la notion d’intimité occupe une fonction centrale dans l’architecture du confort. ce type de propos en opposition avec le discours sur le partage de l’espace public me pousse à questionner comment construire un “chezsoi” dans les conditions de l’exclusion extrême du logement ? Donc peut-on investir un territoire public et s’y sentir chez soi ?

apprivoisé. L’espace domestique est l’espace où l’homme se pose, l’endroit qui fait sens pour lui, c’est ce point sacré avec lequel il signe un pacte d’appartenance » 1

BRIAN, 19 ANS, SDF

Dans notre cas, cette définition se reformule pour le sans-domicile comme un lieu particulier d’externalisation du privatif et d’internalisation du public, de l’intime.2 Investir un lieu public à des buts d’utilisation privée ne va pas de soi. Donc cet investissement individuel qui est complètement contre l'usage prévu et désigné du lieu, nécessite des stratégies de défense et de protection du territoire. La rue, l’espace public en général : banc public, cartons posés à même le sol dans la rue, bouche de chaleur du métro sont fondamentaux dans leur vie et l’espace privatif est pour eux restreint.

« L’espace domestique ne va pas de soi, il est une construction complexe, parfois politisé, pouvant à la base se définir de l’appartenance à un lieu intérieur

En plus des principaux besoins que nous avons examinés ci-dessus, on analysera des informations plus détaillées sur les deux facteurs plus profonds qui construit un "chez-soi", mais qui sont très importants à examiner en raison de leurs résultats.

J’AI ENCHAINE LA RUE, LA RUE, LA RUE…

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Parlons du fait que l'espace domestique exige une couverture physique pour créer l'intimité ; « Le chez-soi, l’habitat et l’intimité dessinent les pôles d’un même champ d’intelligibilité, qui est celui de l’habiter, mais chacune de ces notions couvre des sens et ouvre des perspectives qui lui sont propres ».3 Donc l’espace domestique dessine de plus en plus un espace privé et caché. Il faut rendre compte des conditions qui pèsent sur les SDF, plus spécifiquement au regard des possibilités offertes d’avoir une vie privée.

Prenons comme référence les entretiens menés par FEANTSA (Fédération Européenne d’Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri) qui révèlent une autre réalité : à la suite des enquêtes réalisées en France, la grande majorité des sans-abris refuse de fréquenter les centres d’hébergement. Le choix n’a alors rien d’irrationnel parce que l’ensemble des contraintes qui y sont imposées, en termes d’horaires, d’hygiène, d’abstinence, etc.

@maisondcefortune sur l’Instagram / Photographe

L’intimité

sont vécues comme infantilisantes, voire avilissantes. * Enfin, l'enquête affirme que la moitié des sans-abri "n’a pas souhaité se rendre dans un centre d’hébergement la veille de l’enquête ; les principales raisons invoquées sont le manque d’hygiène (29 %) et l’intimité (26 %) ». 4 Les associations distribuent des tentes individuelles lors des maraudes sanitaires et de prévention, pour une mise à l’abri immédiate de toute personne sans abri qui le souhaite. Cette solution est proposée dans l’urgence pour toute situation de détresse humanitaire : pour protéger un minimum ceux qui ont tout perdu : une population en errance, appauvrie qui se retrouve sans toit. Nous savons tous que cet objet phare ne peut être qu’une solution provisoire.

NOUS DEMANDONS A L’ÉTAT DE NE PAS ENLEVER LES TENTES AUX SANS-ABRIS SANS SOLUTION DE LOGEMENT OU HEBERGEMENT PERENNE. –FATIMA, DIRECTRICE D’ASSOCIATION MAMARAUDE

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La tente igloo utilisée déjà par plusieurs personnes sans-abris, permet de s’abriter et d’avoir un peu d’intimité et de se soustraire au regard permanent de l’autre, et pourtant ils sont chassés. *

L’appartenance Mais parallèlement, cet espace privé doit induire la notion de l’apprivoisé. Les stations sélectionnées par le sans-abri sont sélectionnées au regard des activités qu'elles font à l'extérieur ou parce qu'elles sont organisées dans leur quartier. S'ils ont perdu leur logement, ils ne veulent pas perdre leur habitude.

Leur territoire d’attache est très souvent sélectionné en fonction de critères symboliques : il correspond à un endroit qui a été important affectivement dans la vie de la personne devenue sans domicile (ancien quartier de vie par exemple). Ces lieux privés peuvent être partagés avec d’autres sans-domicile, afin de s’assurer une forme de protection dans le cadre de stratégies d’alliances utilitaires ou sentimentales,

A la demande de l’Association Emmaüs, l’institut BVA a réalisé une enquête auprès des sans abri accueillis ou hébergés dans les centres de l’association, presque tous situés en région parisienne. Les résultats de l’enquête Emmaüs-BVA relèvent que, contrairement à une idée répandue, les sans-abris préfèrent le centre d’hébergement d’urgence à la rue, même si c’est pour une courte durée. 78 % des personnes interrogées déclarent être d’accord, surtout les jeunes, ceux qui ont un emploi et ceux qui vivent dans la rue depuis moins d’un an (81 %). Mais 19 % des personnes considèrent tout de même qu’il est préférable d’attendre un hébergement plus long avant de quitter la rue, surtout chez les 50 ans et plus (76 %) et parmi ceux qui sont à la rue depuis cinq ans et plus.

Il n’y a pas à Paris d’architecture plus éphémère que ces maisons de fortune. Un coup de vent, un coup de pluie, parfois même un coup de pied auront raison de ces abris faits de misère, de récup’, de débrouille mais surtout d’instinct . Celui de survivre au « sec », au « chaud » , à l’abri des regards, un jour de plus, une nuit encore. Garder une trace photographique de ces murs de cartons , c’est peut être les rendre un peu plus solides, un peu plus durables, un peu plus visibles voir culpabilisants.

Raoul Haussmann, Hector Guimard, Jean Nouvel…le Paris des avenues a eu ses grands architectes, le Paris des recoins ses archis pauvres.

-@maisondcefortune l’Instagram / Maisons de Parisiennes Photographe

sur fortune

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Considérant que l’espace public est un sujet politique, chaque phénomène et action collective est une construction sociale. Si la rue et espace de conflit entre passants et sans abris, il apparaît nécessaire d’harmoniser les deux usages/sphères, public/privé dans le même espace.

En reprenant l'idéologie de la ville néolibérale et par extension de la dissuasive, la tendance forte actuelle de transformation des lieux publics en espaces “quasi-publics” induit des conséquences signifiantes pour les personnes sans domicile. * A Travers ces formes de privatisation, c’est la dimension commerciale de l’espace public qui est en jeu. La gratuité et l’accessibilité, qui caractérisent l’espace public dans son acception juridique, sont remises en question par ces phénomènes de privatisation qui posent de nouvelles clôtures. Par exemple, l’aménagement de nombreux espaces publics (commerces,

Une personne sans-abri à Lyon en janvier 2017 (illustration). Crédit : PHILIPPE DESMAZES / AFP

3.2 Conflit dans l’utilisation de l’espace public

places, transports publics) est désormais confié à des sociétés privées.

L'ESPACE PUBLIC SOUS TOUTES SES FORMES EST CRUCIAL POUR L’INTEGRATION ET LA COHESION SOCIALES. LA DEMOCRATIE TROUVE SON EXPRESSION (…)

DANS LA QUALITE DE VIE DE LA RUE. - CARL RANSOM ROGERS

Nous nous intéresserons donc à la première partie de notre analyse sur la problématique contrôle qu’exercent les services de sécurité sur l’espace public plus précisément sur les conflits que les SDF éprouvent à propos de l'utilisation de l'espace public, c'est-à-dire de ses droits d'accès, de sa jouissance et de sa fréquence. A cet égard, il convient de souligner le point de vue des sans-abris, ceux dont les espaces et les lieux publics sont le théâtre de vie où le dernier conflit prolongé a commencé dans l'espace, l'intimité, le « chez-soi », la famille. Nous examinerons les transformations du 19

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contrôle de l’espace public par l’état, les forces de sécurité (services de police et agences privées), en se référant à des processus tels que la gentrification, la privatisation et la fortification. Plus précisément, nous nous concentrerons sur les changements que subissent les centresvilles dans les processus de renouvellement urbain axés sur la création d'une image nouvelle et désirable de la ville dans son ensemble.

Le contrôle de l’espace public Dans tous les pays, les sans-abris sont en conflit avec les forces de sécurité. La présence des sociétés privées de gardiennage n’est pas aussi développée partout. Les partisans du contrôle utilisent des raisons de maladie et de désordre pour justifier de telles mesures. Les sans-abris sont étiquetés comme contagieux, inférieurs, méritant des réglementations qui sont présentées comme des tentatives de protection du grand public. 7 En particulier, à partir de l'analyse de Miller,)8 examine une à une les justifications

à la base de cette nouvelle gouvernance urbaine. En bref : protection de la santé et de la sécurité publiques ; économie ; esthétique ; civilité ; prévention de la criminalité.

▪

Installer des boulons, des piques et des pointes sur des surfaces planes et les plans inclinés, sous les fenêtres afin de rendre le sommeil inconfortable.

Le mobilier urbain anti-SDF

▪

Installer des séparateurs sur des bancs métalliques pour éviter de dormir.

▪

Dents et barres métalliques sur les rebords pour éviter de s'asseoir.

▪

Des rochers placés dans des parcs pour empêcher les campements de sans-abri.

C’est pourquoi il été inventé un nouveau concept : « le mobilier urbain anti-SDF ».

C’est un aménagement public qui vise à empêcher des personnes qui occupent un espace public sur une durée prolongée, notamment dans les espaces commerçants ou à fortes circulations. Ces différents « dispositifs » public ou privé (grilles, pics, roches, poteaux…), sont des mesures administratives empêchant, intentionnellement ou non, les personnes sans-abri de s’abriter, de se reposer ou de dormir.

Ces dispositifs peuvent prendre nombreuses formes, notamment : ▪

de

Réduire le nombre de places assises dans les espaces publics.

Après les cactus, les accoudoirs, les picots, les poteaux, les barres de fer et autres plans inclinés, la dernière innovation en date : les douches automatiques sous les abris. Ce dispositif se déclenche automatiquement dès qu’une personne est repérée sous un porche de parking (on en trouve un exemplaire dans la rue de Rivoli à Paris).

De nombreuses associations accusent la ville d’avoir installé des infrastructure antiSDF. Ces dernières années l’esprit du 20

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mobilier urbain a évolué vers un objectif officieux évident d’empêcher les SDFs de s’installer.

IL Y A DIX ANS QU’IL Y AVAIT BEAUCOUP MOINS DE SANS-ABRIS ET PAR EXEMPLE MOI JE N’AI PAS CONNU LES PIQUES. ON VOIT QU’AU FUR AU MESURE QUE LE NOMBRE DE SANS DOMICILE FIXE AUGMENTE LE MOBILIER SE TRANSFORME. – ELINA, ANCIENNE SANS-ABRI

Les lieux quasi-publics - cafés, magasins, centres commerciaux, etc. - paraissent toutefois plus problématiques. Les personnes sans domicile y sont rarement les bienvenues et la police ou des agents de sécurité sont appelés pour les éloigner.

JE VOUS GARANTIS QUE SI VOUS PRENEZ CE MORCEAU QU’ILS JOUENT LABAS QUE VOUS L’AMENEZ DANS N’IMPORTE QUELLE PRISON ET VOUS LE JOUEZ PENDANT 24 HEURES, VOUS AUREZ UNE EMEUTE COMME VOUS N’EN AVEZ JAMAIS VU. -DAN, SANS-ABRI

Les pires dispositifs anti-SDF ont été ironiquement « récompensés », 13 Février 2019, par la Fondation Abbé Pierre (FAP). Parmi les récompenses aux intitulés décalés, le « Pic d’or du dispositif le plus décomplexé » a ainsi été remis à un rail de fer installé tout au long d’une bordure d’un jardin à Lyon, pour prévenir l’installation de sans-abri. (La Fondation Abbé Pierre Récompense Les Pires Dispositifs Anti-Sdf)

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La vraie question à ce stade est de comprendre qui est l’auteur cette architecture hostile ? En fait, on peut penser qu’on la doit aux chefs d'entreprise, puisqu’on la repère généralement devant les vitrines ou dans les espaces de consommation, mais il est également possible de rencontrer des indices démontrant que cette architecture hostile est une issue d’une organisation plus globale et plus pensée.

Au rapport de Métropole Lyon intitulé « Survive Dehors » * en 2019 il est insisté de questionner le risque d’installer les sansabris dans les espaces publics ;

« (…)NOS INSTITUTIONS TERRITORIALES SE TROUVENT AINSI CONFRONTEES A UNE TERRIBLE CONTRADICTION : ORGANISER DURABLEMENT L’AIDE AUX SANS DOMICILES ET ADAPTER L’ESPACE URBAIN POUR LE RENDRE HABITABLE REVIENT A FAIRE L’AVEU QUE LE PHENOMENE NE PEUT ETRE ENRAYE A COURT ET MOYEN TERME, MAIS AUSSI A PRENDRE LE RISQUE DE RENDRE VISIBLE ET D’INSTALLER DURABLEMENT UNE PAUVRETE DANS DES ESPACES PUBLICS AUX USAGES JUSQU’ALORS

RECREATIFS (SE DEPLACER, SE PROMENER, FAIRE SES COURSES, ETC.. » 9 - METROPOLE LYON

A Londres, des pics anti-SDF ont été installés à l’entrée de plusieurs immeubles en 2015. L'attention a été attirée sur leur nombre insuffisant et la nécessité d'augmenter le contrôle de leur usage. Le maire de l’époque avait tweeté à ce sujet.

« NOUS AVONS DEPENSE 34 MILLIONS DE LIVRES STERLING PUR ASSURER QUE LES GENS NE PASSENT PAS « 2 NUITS DEHORS », ATTEIGNANT LES ¾ DE CEUX QUI DORMENT DANS LA RUE MAIS ON DOIT FAIRE PLUS. LES PICS NE SONT PAS LA REPONSE. » 10

2003. La diffusion de ce matériel permet de susciter des débats sur les transformations actuelles de l’espace public, et sur la nécessité d’en inventer une autre conception.

Parfois, l’adaptation du mobilier urbain n’est pas suffisante pour contrôler certains espaces. Dans la plupart des gares, il est interdit de séjourner ou de passer la nuit.

Pour décourager ces comportements, les bancs ont été enlevés et il ne reste qu’une salle d’attente. Par exemple, la valeur d’usage de la Gare de Luxembourg a changé radicalement pour les sans-abris.

-LE MAIRE DE L’EPOQUE, BORIS JOHNSON, @MAYOROFLONDON SUR TWITTER 9 JUIN 2014

Gilles Pâté (1995) montre ainsi que “les bancs hygiéniques, véritables ”, Ces vidéogrammes intitulé Le Repos du fakir, produit par l’association Canal Marches en 22

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3.3 La relation entre les SDFs et la société – L’opinion public Précédemment, nous avons vu que les personnes sans-abris peuvent s’intégrer dans un quartier défini comme « leur territoire d’attache » et s’adapter aux conditions du quartier et en pouvant compter en général sur la solidarité du voisinage.

D’après les cas observés durant les maraudes à Lyon les personnes sans-abris donnent une description plutôt positive de leur relation au voisinage, notamment les commerçants du quartier. Elles bénéficient toutes plus ou moins d’une aide ou d’un soutien. Certaines histoires personnelles marquantes se présentent encore sous la forme de bonnes relations entre certaines personnes et les sans-abris. Au fil du temps, des liens plus étroits se tissent avec ces bienfaiteurs privés à mesure que le séjour dans la rue se prolonge et la relation évolue vers un échange réciproque de menus services qui renforcent et consolident la vie dans la rue. *

Il est aussi dit que l'endroit où les sans-abris séjournent habituellement est habité des flux divers (la foule, les commerçants, des passants), Le quartier n'appartient pas aux résidents exclusivement. Grâce à la foule déchaînée, ils deviennent invisibles.

“On nous chasse seulement des couloirs du métro ; tout le monde s’en fout qu’on soit ici. On fait ce qu’on veut dehors, la public et les patrouilles, ça leur est égal.

Pourquoi ? Parce ce que ce sont les ordres qu’ils ont reçus – Anonyme SDF

Pour autant, les réactions opposées sont aussi fréquentes ; Quand on arrive aux quartiers plus résidentiels., les conflits prennent une allure totalement différente et le syndrome “Nimby” apparaît face à la présence de sans-abri

Le syndrome “Nimby” « Le “syndrome ‘Nimby’”, de l’acronyme anglo-saxon Not In My Back Yard

(littéralement, “pas dans mon jardin”), désigne le comportement qui consiste à reconnaître le bien-fondé d’une idéologie tout en refusant son application près de chez soi lorsque celle-ci est susceptible d’entraîner un quelconque désagrément. » 11 Selon cette interprétation, quel que soit l’équipement collectif créant des nuisances pour les riverains, la réaction naturelle de ces derniers sera de s'y opposer et d'exiger qu'il se fasse ailleurs.

De nos jours ce mouvement s'est accompagné d'une extension des conflits à de nouveaux équipements et à de nouveaux sujets, aboutissant à une « banalisation » de la discussion sur des projets plus locaux ou sans incidence environnementale « Nimby social » avec des nimbistes contestant l'arrivée sur leur territoire de toxicomanes, SDF, demandeurs d'asiles mais aussi, plus largement immigrés et populations en difficulté. En conséquence, le syndrome Nimby laisse croire, à une montée des égoïsmes locaux.

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Les résidents du quartier se plaignent souvent des nuisances que les SDFs occasionnent dans le quartier et les accusent parfois de menacer l’ordre et la salubrité publics. * Le fait que les sans-abris vivent en groupes et se socialisent rend les nuisances plus graves. Ces désagréments perçus par les habitants incitent souvent à refuser les sans-abris : bagarres et agressivité des usagers du centre, leur bruit, la saleté et la présence de déchets.

Donc en général, les résidents définissent ces nuisances comme des atteintes à leur intégrité physique et à leurs sentiments envers le sans-abri, leurs craintes et leurs inquiétudes pour leur propre sécurité et leurs proches.

Au-delà de cela, les craintes concernent aussi la qualité de l’environnement et du cadre de vie. Les conflits qui éclatent ainsi dans ces quartiers se cristallisent autour de la peur et de la détérioration de l’image du quartier.

“Les gens comme nous, ceux de la rue ; ils ne veulent pas de nous, c’est vrai. Par exemple, un jour, il ne s’en souvient pas parce qu’il était soûl, quand ils l’ont amené ici. C’était parce qu’une femme s’était plainte et ils avaient appelé les services de santé : "avec autant d’espace, pourquoi vous ne partez pas d’ici ? « - anonyme SDF

La Discrimination et La Solitude Les recherches des associations montre que les sans-abris connaissent certains des taux de solitude et d'isolement parmi les plus élevés de la population. Ils se sentent exclus, ce qui rend d'autant plus difficile d'échapper à l'itinérance et de répondre à tous les besoins de soutien. Les causes de la solitude étaient composées des facteurs suivants : insuffisance personnelle, déficits de développement, relations intimes insatisfaisantes, séparations importantes et

marginalité sociale. Au premier lieu, la manque des liens professionnel et familiale rends les sans-abris plus en plus seul et isolée. A l’autre cote la discrimination visant la précarité sociale limite tout leur échange avec des personnes pas sans abri. La plupart ne bénéficie plus d’aucune service, donc leur seule relation avec l'Etat est les équipes maraudes et Samu Sociaux. C'est pourquoi, durant les maraudes leur approche aux bénévoles était très cordiale et ouverte au dialogue. « Vivre dans la rue, c’est un terrible engrenage dont il est impossible de sortir sans entourage. Mais le problème, c’est, qu’en général, quand on est dans la rue, c’est qu’on n’a plus d’entourage. » 12 -Yusuf, sans domicile fixe depuis 8 mois

L'appartenance au groupe SDF joue un rôle majeur dans leur quotidienne. Aux cas observés aux maraudes sont les sans-abris de 3 à 15 personnes qui se groupe pour passer du temps ensemble. La plupart des 24

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gens du groupe se connaissaient et plaisantaient entre eux, il y avait une ambiance d'amitié chaleureuse. Quand nous avons distribué un repas, On a observé que certains d'entre eux qui sont partis pour appeler leurs amis ou ils ont récupéré de la nourriture pour leurs amis. Ils disent qu’être une partie d'un group des personnes avec une proximité identitaire et des intérêts communs donne une impression de sécurité. Cependant, en touchant à la marginalité sociale ; être dans un groupe empêche complètement son accessibilité par le public parce qu'il crée une image de « gang » de sans-abris. « Moi je pense surtout qu’ils baissent les yeux quand ils nous voient parce qu’ils s’attendent à ce que l’on leur tire le bras pour leur demander de l’argent. Plutôt que d’avoir à, peut-être, nous dire non.

S’ils ne veulent pas donner c’est peut-être aussi qu’ils croient qu’on utilisera leur argent pour acheter de la drogue ou de l’alcool. » 13Yusuf, 25 ANS, sans domicile fixe depuis 8 mois*

Bien que quelque ‘uns n’apprécie guère ses contacts, qui selon lui le handicapent dans les efforts qu’il fait pour changer de milieu social, il ne peut s’en distancier réellement ; fréquente le même milieu, ils sont bien obligés, par la force des choses, de se côtoyer. Bien évidemment ils doivent donc se marginaliser et s'exclus de la société. « QUAND ON AVAIT UN PEU MARRE DE LA VIE QUI M’ARRIVAIS TRES TRES SOUVENT TU VIENS VOIR LES MARGINAUX LES PUNKS place république PAR QU’EN FAIT TU TE SENTAIS BIEN AVEC EUX, AVEC TA FAMILLE TU TE SENTAIS MAL. D’ETRE AVEC LES GENS QUI T’ACCEPTAIS CE QUE TU ES. C’ETAIT UN SECOURS POUR MOI. C’EST L’ATTIRANCE DE LA MARGINALITE. » - GUILLAUME 41 ANS, 20 ANS DE SANS-ABRIS

3.3 Et pendant le Confinement ?

Le confinement imposé pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 a bouleversé les normes de la pratique d’habiter. La confrontation à l’espace public se réduit, les

interactions familiales et les rapports de genre se modifient dans le logement, de sorte qu’émerge une nouvelle définition du foyer. Dès les premiers jours du confinement, les difficultés d’accès au logement par les populations précaires sont largement commentées. * Alors que les autorités imposent en premier lieu de « rester à la maison », comment procéder avec ceux qui en sont dépourvus ?

Si on retourne la racine d’abri, nous sommes confrontés à un concept similaire.

En Occident, la fin du Moyen âge a sacralisé la notion d’intérieur en mettant l’habitant à l’abri des intempéries physiques, sociales et sanitaires. Alors que les maladies contagieuses obligeaient les villes à se doter de frontières et de quarantaines 14 la « culture de l’intérieur » est devenue une norme minimale préservant l’intimité de l’individu et du groupe Il est évident que la quarantaine, les conditions extraordinaires qu'elle implique 25

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ne sont pas qu’une phase temporaire. l'occasion nous a été donnée la façon dont la crise a souligné ce phénomène de précarité. Il est à noter que l'État n'a pas été en mesure d'accueillir les sans-abris et de leur assurer une bonne hygiène.

Prenons comme étude de cas la France, qui traverse son troisième confinement : la situation des sans-abris en France s'est dégradée car la liberté de mouvement est désormais limitée aux réchauds et aux salles de soupe, aux douches et douches publiques, ainsi qu'à l'hébergement du jour.

D’un autre côté, la discrimination envers les sans-abris par la société est devenue plus normale. Cette pratique d'isolement et les "gestes barrières" ainsi que les critères d'hygiène énoncés sont autant de règles que les sans-abris ne peuvent respecter.

Comme nous l’avons analysé précédemment au Chapitre 2.2 Le Profil des Sans-abris : Les Besoins Fondamentaux, l’hygiène est le premier des besoins des sans-abri mais l’accès aux douches et aux

produits de première nécessité sont fréquemment impossibles ou inadaptés.

Le calme qui règne dans les rues leur offre moins d’occasions de demander de l’aide ou de l’argent, et les centres d’accueil susceptibles de les héberger sont autant de risques de contamination. 15 En conséquences les sans-abris, incapable de se désinfecter, a été directement déclarée comme communauté contagieuse par une grande partie de la population.

Maintenant, ils marchent de loin que jamais – Anonyme SDf

Des articles s’intéressent au devenir des mal-logés et des SDFs après l’état d’urgence. Ainsi, la gestion de crise a mis en lumière la nécessité de prévenir de nouvelles précarités.

Interdire temporairement la remise à la rue via des

dispositifs zéro expulsion, élargir et abonder les aides de maintien au logement sont autant de pistes qui ont été envisagées.

Les commentateurs s’interrogent : le confinement peut-il devenir moteur de changements plus pérennes ? 16 Durant les maraudes auxquels j’ai pu participer, aucun conflit entre les SDF et le service de la police et les gardiens, ont été observé. Cependant les maraudes sont organisées consciemment après le couvrefeu (avec une attestation d'état). De cette façon, les rues sont plus calmes et il est plus facile de naviguer dans les rues pour distribuer de la nourriture.

3.3 Réintégration Sans doute, les enquêtes et les cas particuliers ne correspondent pas directement à la réponse à la question “Estce que le sans abrisme est un choix ou une obligation ?” Il convient de souligner que la diversité et la complexité des conditions ne permet pas de trouver une réponse à cette 26

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thématique. On peut souligner à la dernière section d'enquête d’Emmaüs-BVA17, quand la formulation de la question change et s’intéresse à la vision de leur avenir : une vaste majorité %88 des sans-abris interrogés, préfèrent de fixer définitivement quelque part et juste %9 des personnes interrogées ne souhaitent pas rester plus de quelques semaines dans un même endroit. De plus la moitié des interrogés disent clairement qu’un emploi en plus d’être un moyen de gagner de l'argent, est avant tout un moyen d’accéder à un logement.

De ce fait, leur espace donc leurs habitudes domestiques sont totalement exposées dans un lieu public et, induit plusieurs conflits d’usage en termes d’occupation d’espace et d'utilisation des aménagements publics.

6.

QUAND TU ES DEHORS TU JOUES AVEC LA CHANCE, LA CHANCE NE SOURIT PAS CONSTAMMENT MAIS ELLE FINIT PAR TE SOURIRE QUAND TU AS UN APPARTEMENT TU OBLIGE DE PREVOIR LES CHOSES. IL Y A CETTE SECURITE LA MAIS LA CHANCE C’EST UNE BELLE DANSEUSE ET ELLE ME MANQUE QUELQUE FOIS. J’AI GAGNE EN SECURITE MAIS J’AI PERDU EN LIBERTE. 18

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-Anonyme sdf, VIENT TOUT JUSTE DE TROUVER UN APPARTEMENT.

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5.

André-Frédéric Hoyaux. De l’espace domestique au monde domestiqué. Point de vue phénoménologique sur l’habitation.

Collignon B. et Staszak J.-F. Espaces domestiques. Construire, habiter, représenter, Editions Bréal, pp.33-45, 2003.

Rapport face au sans–abrisme en Europe : Sans-abri à Paris : L’évolution des profils des personnes sans domicile / FEANTSA / 2006 / p. 24 Perla Serfaty-Garzon Le Chez-soi : habitat et intimité. DICTIONNAIRE CRITIQUE DE L’HABITAT ET DU LOGEMENT Sous la direction de Marion Segaud, Jacques Brun, Jean-Claude Driant Paris, Editions Armand Colin, 2003 p.65-69 L’opinion des personnes hébergées dans les centres, l’Association Emmaüs, Décembre 2005.

Graciela Robert et Philippe de Botton.Publié le 11/07/2020 à 08h02, « POINT DE VUE. Sans-abris : des remises sèches à la rue ont commencé, Alerte ! », en ligne sur Ouest-France URL : https://www.ouest-france.fr/societe/point-de-vue-sans-abrisdes-remises-seches-a-la-rue-ont-commence-alerte-6903091

13.

14.

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16.

17.

18.

Rapport face au sans–abrisme en Europe : Sans-abri à Paris : L’évolution des profils des personnes sans domicile / FEANTSA / 2006 / p. 5 Lapalme, Josée. Glenn, Nicole M.. Frohlich, Katherine L.. (2020) Do you mind if I smoke here? Exploring the insights that public benches bring to public health research. Canadian Journal of Public Health.

DOI: 10.17269/s41997-020-00338-x Maurizio Bergamaschi, Marco Castrignanò and Pia De Rubertis, « The Homeless and Public Space: Urban Policy and Exclusion in Bologna », Revue Interventions économiques , 51 | 2014, since 01 November 2014, connection on 10 December 2020.

URL : http://journals.openedition.org/ interventionseconomiques/2441 ; DOI : https://doi.org/10.4000/interventionseconomiques.2441 Métropole de Lyon, « [sur]vivre dehors » Besoins, dispositifs et enjeux existants et à venir à propos des personnes sans-abri, Octobre 2019 Tweet disponible de Mayor of London sur le lien : https://twitter.com/MayorofLondon/status/475945644302282752 Rapport face au sans–abrisme en Europe : Sans-abri à Paris : L’évolution des profils des personnes sans domicile / FEANTSA / 2006 / p. 25 Aury Bouzar, 15 novembre 2019 16:52, L’article de presse URL : https://www.le24heures.fr/2019/11/15/sans-abris-de-plus-enplus-de-morts-et-dindifference/ Aury Bouzar, 15 novembre 2019 16:52, L’article de presse URL : https://www.le24heures.fr/2019/11/15/sans-abris-de-plus-enplus-de-morts-et-dindifference/ Delumeau, Jean / Lequin, YvesLes, Les malheurs des temps : Histoire des fléaux et des calamités en France, Edité par Larousse, Paris (1988) ISBN 10 : 2035231094ISBN 13 : 9782035231093 Leila Abboud et David Keohane L’article de presse, Publié le 18/04/2020 06:08 URL: https://www.courrierinternational.com/article/reportage-etresans-abri-paris-pendant-le-confinement PUCA, « Le Logement Face À La Crise Sanitaire » Note d’analyse n°3 | octobre 2020 URL : http://www.urbanismepuca.gouv.fr/IMG/pdf/note_covid_v2.pdf L’opinion des personnes hébergées dans les centres, l’Association Emmaüs, Décembre 2005.

Sans Toit Ni Choix , Le documentaire sur SDF à Besançon : Lohana, Brian, Guillaume, Jacques, 4 histoires de vies sans toit ni choix URL : https://www.youtube.com/watch?v=lJuG6RyRPpA&ab_channel=Da nsLaBoucleProductions

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CONCLUSION Dans ce rapport d'étude sur le sans-abrisme dans la ville néolibérale décrivant les profils de l’exclusion liée au logement, nous nous sommes attardés sur la relation entre les personnes sans domicile et l’espace public.

Nous avons abordé trois questions fondamentales : tout d’abord, qui sont-ils ?

Ensuite, comment perçoivent-ils euxmêmes l’espace public ? Et enfin, rencontrent-ils des conflits dans l’utilisation de l’espace public ?

A priori, des recherches et des expériences ont été menées sur le terrain pendant les maraudes, qui m'ont permis de construire un point de vue le plus honnête possible pour revenir à mon point de départ, en premier lieu l’omniprésence des sans-abris qui s'est endurcit des dans la vie urbaine.

L'ensemble de l’étude se base sur les cas des villes européennes qui ont un destin commun. Ce temps d’exploration et

d’expérimentation m’a permis de mieux comprendre les mécanismes qui ont profondément transformé les villes depuis le tournant d'idéologie néolibéral mais aussi émettre des hypothèses quant à son rapport aux situations précaires dans les villes actuelles. Tout cela afin de venir questionner la présence des SDF dans la rue qui est devenue tellement banale que cette cohabitation ne choque plus personne.

C’est aujourd’hui plus une fatalité qu’un fait social à cause de plusieurs facteurs qui entrent en jeu. Les SDF constituent la pointe visible de tendances beaucoup plus lourdes, une sorte de concentré de tous les problèmes sociaux. L’accumulation de dispositifs palliatifs ciblés sur les SDF risque de masquer que le problème relève de l’adaptation et de la réforme de politiques bien plus générales .1

concrète entre le néolibéralisme et d'autre processus de changement. 2 De ce fait, les indicateurs nous alertent sur la face sombre de cette renaissance urbaine : l'obsession pour la croissance et à l'opposé l'éviction des populations surnuméraire, le rayonnement de la pauvreté mondiale. Au fur à mesure que ces deux pôles opposés deviennent plus forts, leur dispositif devient plus rigide. Ces dispositifs procèdent aussi de transformations plus générales dans les rapports à l'espace et dans les liens sociaux. L’écart entre les groupes sociaux ne cesse de croître et la société devient progressivement un ensemble de groupes indépendants. >

Selon le sociologue britannique John Clarke, L'idéologie du néolibéralisme urbain gagnera nouveau dimension "l'omnipotenciel" qui est la tendance problématique à voir sur l'articulation

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Cette population dynamique et jeune des sans-abris européens, malgré qu'ils aient été coincés aux premières marches de la pyramide de Maslow, ont des besoins physiques : "avoir un logement décent", ils ont déconstruit la dialectique du dedans et du dehors. « tous les abris, tous les refuges, toutes les chambres ont des valeurs d’onirisme consonantes. Ce n’est plus dans sa positivité que la maison est véritablement « vécue »." Ce n'est pas seulement dans l’heure qui sonne qu’on en reconnaît les bienfaits. Les vrais bien-être ont un passé. Tout un passé vient vivre, par le songe, dans une maison nouvelle » 2

WE ARE ALL HOMELESS is a long term art project that began in 1993 when I started buying and collecting homeless signs as a way to deal with my discomfort when I saw someone on the street with a sign. Art form: Installation, Medium: various materials, homeless signs, Year created: 2009

Des 300 000 sans abri en France aux bien logés dans leurs maisons aménagées selon les préceptes du feng shui, tous cherchent le confort de l’habiter. On considère que le confort a d’abord une dimension hédonique fort éloignée de la recherche d’équipements que certains acteurs immobiliers présupposent. L’essentiel est d’abord de « se sentir bien ».

Leurs pratiques de l'habiter sont éparpillés dans les rues des villes néolibérales. Ils sont de plus en plus visibles parce qu’ils veulent juste construire leurs racines afin d’ancrer leurs identités et leurs modèles culturels.

Sur des boîtes de cartons leur paroles, leurs signes qui nous ont accompagnés au long de ce rapport, ont résumé leur récit en quelques mots. Certains ont des versets bibliques. Certains ont des émoticônes, drôles, grossiers, tristes et doux pour certains. Détachés de leur contexte d'origine, certains se lisent comme de la poésie perverse. Ces nombreux signes : avec des textures, des matériaux et des messages différents sont autant de métaphores de leur diversité.

1.

2.

3.

Damon Julien, « Les SDF en France : difficultés de définition et de prise en charge », Journal du droit des jeunes, 2003/3 (N° 223), p.

30-35.

DOI : 10.3917/jdj.223.0030.

URL : https://www.cairn.info/revue-journal-du-droit-des-jeunes-20033-page-30.htm Gilles Pinson, La ville néolibérale, Paris, PUF, coll. « La ville en débat », 2020, 160 p., Gaston Bachelard, Poétique de l’espace, 1957, 33

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Dans ce rapport d'étude sur le sans-abrisme dans la ville néolibérale décrivant les profils de l’exclusion liée au logement, nous nous sommes attardés sur la relation entre les personnes sans domicile et l’espace public.

In this study report on homelessness in the neoliberal city describing the profiles of homelessness, we have focused on the relationship between homeless people and public space.

« Invoquant Le Corbusier, ils se plaisent à comparer les métropoles de l’Occident à des paquebots. Battant pavillon capitaliste, ceux-ci comportent, comme il se doit, plusieurs classes. Mais que faire de tous ces déclassés de plus en plus nombreux cramponnés au bastingage, dont on n’a même plus besoin comme soutiers ? Plupart est parfaitement d'accord pour que ces passagers en surcharge soient balancés par-dessus bord. Est-ce qu'on lancera des « bouées de sauvetage pour empêcher ceux qui tombent à l’eau de se noyer » ? Et que l’on ne vienne surtout pas reprocher à ces deux âmes charitables d’institutionnaliser la pauvreté en lui donnant pignon sur rue. « Ce ne sont pas les canots de sauvetage qui institutionnalisent la tempête ».

“Citing Le Corbusier, they like to compare the metropolises of the West to ocean liners. Flying the capitalist flag, these include, as it should be, several classes. But what to do with all these more and more declassified people clinging to the rail, who are no longer even needed as trunks? Most strongly agree that these overweight passengers are thrown overboard. Will "lifebuoys to prevent those who fall into the water from drowning" be thrown? And above all, let us not reproach these two charitable souls for institutionalizing poverty by giving it a storefront. "It's not the lifeboats that institutionalize the storm."

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