Les Halles de Paris au printemps 2021
Deniz Cene et German Gomez Grijalva
LA VILLE ÉPIDERMIQUE:
De l’état des lieux à sa réglementation: l’Espace Public des Halles en temps de crise du COVID-19
PASS - Learning from Paris, une aventure documentaire 2022-2023
Mémoire de Master
Encadré par Soline Nivet et Christelle Lecoeur
Je tiens à exprimer ma sincère gratitude envers Mme Soline NIVET. Sa guidance, ses précieux conseils, sa patience, et sa disponibilité ont été d'une aide précieuse dans la réalisation de ce mémoire et dans mon développement personnel. Ces interactions ont également suscité en moi une réflexion approfondie sur le rôle de l'architecte de nos jours et sa responsabilité politique. Les grains de curiosité qu'elle m'a transmis meguideronttoutaulongdemavie.
Un grand merci également à Mme Christelle LECOEUR, qui m'a accompagné tout au long de l'enquête. Je souhaite exprimer ma reconnaissancepoursonsoutiencontinu.
Je tiens également à exprimer ma gratitude envers mon coéquipier, German Gomez Grijalva, pour son soutien et son engagement. Cette enquêteestlefruitdenotre recherchecroisée,etces collaborationsont enrichinotreexpériencecommune.
Monparcoursm'aconduitàsuivrelamoitiédemaformationàIstanbul, couvrant une étendue de l'Europe de l'Est à l'Asie Mineure au MoyenOrient, tandis que l'autre moitié s'est déroulée à Paris, au cœur de l'hexagone d’Europe. Grandie, cultivée et inspirée par l'influence de ces deux villes, mes explorations se concentrent sur l'identité palpitante de ces organismes dynamiques. Bien que ces deux métropoles diffèrent culturellement,ellesconvergentauniveaudel'idéologieurbanistique.
En cherchant ma place dans ces villes, j'ai axé mes efforts sur l'échelle humaine, notamment sur l'espace public. Interrogeant l’approche politique du pays, j'ai porté mon attention surlagestionde ces espaces publics, conçus commedeslieuxphysiqueset symboliquesoùl'opinion publiqueseconcrétise.
À la fin de ma licence, ces questionnements ont pris forme dans mon rapport «Sans Abrisme Dans La Ville Néolibérale». Persévérant dans cette quête lors du deuxième cycle d'architecture, j'ai choisi de me spécialiser en Master au sein du Séminaire "Pratiques Architecturales, SituationsetStratégies[PASS]–LearningFromParis",orchestrédansle cadre de ma formation à l'ENSA Malaquais. Ce séminaire a été l'incubateur de mon regard critique sur Paris, donnant naissance àmon mémoire, "La ville épidermique : De l'état des lieux à la réglementationL'enquête sur l'espace public des Halles en temps de crise du COVID19". Ce dernier, que vous vous apprêtez à découvrir, vise à analyser les symptômes de la ville néolibérale sous l'influence de la crise épidermique.
Où
De la Bourse de Commerce au Centre Pompidou. En passant par le Jardin de Nelson Mandela et la Canopée des Halles, un vaste espace publicseformeaucœurdelacapitale.Ceplateaupublic,quis'étendde la place de l'ancienne Halle Baltard jusqu'au secteur de Beaubourg, est constituéd'unedalleartificiellesuperposantplusieurscouchesd'histoire et de programmes. C’est également le principal hub de transport de Paris, abritant la gare de Châtelet-Les Halles, la plus grande gare souterraine d'Europe. Cette gare permet des liaisons aisées à travers la ville, ainsi qu'à l'échelle nationale et internationale. Cette zone dynamique représente une porte souterraine de Paris, projetant une imagesingulièreàl'étranger.
Personnellement,danslecadre de monenquête,l'importancedece lieu découle de son rôle en tant que porte d'entrée de la ville, mais pas n'importe laquelle, celle de Paris. En septembre 2021, j'ai quitté ma ville natale, Istanbul, pour atterrir à l'aéroport de Charles de Gaulle. Après avoir récupéré ma valise, j'ai emprunté le RER B pour me retrouver au cœurdeParis,maisenterrée.Aprèsavoirgravi251marchesettraversé unlabyrinthedemagazines,j'aienfinpuvoirlecieldeParis.J'étaisalors à la sortie numéro 9 de la station, dans le Jardin Nelson Mandela. D'ailleurs, s'agit-il d'un jardin ou d'une esplanade ? Ou bien est-ce simplementuneextensiondelacanopéeenverrehorsd'échelleenface ?Cetendroit,censéêtrelaported'entréed'unecapitaleeuropéenne,m'a accueilliedemanièreincertaine.
Périmètre
Définir le périmètre de notre site d'enquête a été un processus à la fois stimulantetenrichissant.Finalement,leslimitesontétédéterminéesen tenant compte de plusieurs initiatives de piétonisation mises en place au fil des années pour relier le plateau des Halles au plateau de Beaubourg, ainsi que de deux grands chantiers de réaménagement du centre-ville, notamment ceux des Halles et celui du Centre Pompidou.
Ces aménagements incarnent et résument les ambitions derrière la recherched’une«villemodernisée»deXXIèmesiècle.
Les Halles et Beaubourg, les deux sont unis un peu comme la vis et l’écrou : rivés en un dans la complémentarité de leur fonctionstructurante.1
Unautreaspectquinousapousséeàétudiercequartierétaitlefaitqu'il s'agit de l'espace public le plus vaste de centre de Paris réservé aux piétons. En examinant la carte de Paris, je constate que ce plateau est un d’unique endroit de centre Paris qui extrêmement réfléchi en bâti et concentré en activités. Souvent, lorsqu'on évoque l'espace public, on pensespontanémentauxzonespiétonnes.Cependant,unespacepublic n'est pas nécessairement réservé aux piétons. Il représente en théorie unparcourspiétonidéalpourprofiterpleinementdecetespacepublic.
Cette enquête offre l'opportunité d'explorer les transformations survenues depuis le déménagement des anciennes Halles de Paris, permettant ainsi une meilleure appréhension de son caractère métropolitain.J'aieul'occasiond'étudiercequartierpeudetempsaprès mon arrivée à Paris pour poursuivre mes études supérieures. Mon objectifétaitsimplementdecomprendrelanaturedecequartierau-delà desaréalitéphysique,dedécouvrirsadimensionsymbolique.Pourmoi, Les Halles étaient un repère essentiel pour comprendre Paris, et par extension,laFrance.
Non-lieux
L'accessibilité et la zone piétonne offrent de nombreuses possibilités pourdévelopperunespacepublic.Àlasuited'unerevuedepressesurla vie du quartier aux Halles, j'ai constaté qu'en raison du tourisme de masse, de l'insécurité et des nuisances sonores, l'association de riverains des Halles s'alarme d'une « dévitalisation » du quartier. Cependant, de nos jours, de nombreux Parisiens préfèrent éviter cet endroit:deblogenblog,j'avaistrouvécegenredecommentaire
«Aujourd'huiilestdevenuunlieutotalementensauvagé,malfamé,bruyantet agressif où, je ne me sens pas en sécurité. Une chose est sûre je n'y amènerai pas mes futurs enfants. Quelle tristesse de voir la destruction intégrale de ce lieu (comme tant d'autres) autrefois si agréable.» - Parisien anonyme
«QuartierdepassageétantdonnélaproximitéduRER.Lesgensviennentau ciné,boireunverreouacheter desvêtementsets'envont.Leslocaux(yena peu)nesontpasdutoutsympathiques.Bruitconstantmatinsoir,nuit.Saleté desruesétantdonnélepassage.»-Délinquanceàmaîtriser.Etsurtoutcequi marque, c'est la pollution, abondante et intense. Ajoutez-y le bruit est c'est la formuleparfaitepourdevenirdingue.»-Parisienanonyme
«Le constatest sansappel :LesHalles,soncentre commercial inhumain,sa gare claustro, son pseudojardin, son architecture hétéroclite où rien ne communique, est un concentré de désastres urbanistiques, l’exemple même decequ’ilnefautpasfaire.Lequartiernemanquaitpourtantpasd’identité:« le ventre de Paris », une ville dans la ville où trimait nuits et jours tout un peuplede «fortsdesHalles»...»- Le DestindesHallesTT Documentaire de FrédéricBiamont,(France.2005).52mn.
«Une «malédiction » qui est le résultat de trente-cinq ans d'incompétence dans l'art de bâtir la ville et d'un manque d'ambition politique de droite comme de gauche. Sans parler, aujourd'hui, de la défense des intérêts personnels des associations de quartier et de ceux d'Unibail, propriétaire du Forum. Une leçon qui vaudrait d'être enseignée dans les écoles d'architecture, à l’ENA ou à Polytechnique.» - Michèle Leloup, journaliste spécialiséedansl'architectureetrédactriceenchefd'Archistorm.
Les Halles est connue comme un point de correspondance ou de commerce, agrémenté par les magasins situés sous la Canopée.
Pourrait-on considérer que les Halles de Paris aujourd'hui sont un nonlieuquineconstituepasunespacederencontreetneconstruitpasune référencecommuneàungroupe?
Le concept de "non-lieux" a été développé par le sociologue et anthropologue français Marc Augé dans son livre "Non-Lieux : Introduction à une anthropologie de la surmodernité" publié en 1992.
Les "non-lieux" désignent des espaces contemporains caractérisés par l'anonymat, la transience, et l'absence de liens sociaux significatifs. Ces espaces ne sont ni des lieux de résidence, ni des lieux de sociabilité, maisplutôtdesespacesdepassageoudetransit.
Marc Augé a utilisé le concept de "non-lieux" pour explorer les changements sociaux et culturels dans la société contemporaine, marquée par la mobilité croissante, la mondialisation, et l'urbanisation. Il a suggéré que ces espaces anonymes et transitoires peuvent engendrer un sentiment d'aliénationetdepertederepèresdansnosviesmodernes.2
Quand
Cette investigation a été menée vers la fin de l’année 2022, après le troisième confinement lié à la pandémie de Covid-19. Le Premier ministre était optimiste."Nous sommes enfin en train de sortir durablementdecettecrisesanitaire",déclaraitJeanCastexauParisien. 3
Cependant, l’ironie de l’histoire, quelques mois plus tard, unpremier cas de variant Delta était détecté en France annonçant ainsi l’arrivée d’une nouvelle vague de l’épidémie. Une période intermédiaire marquée par la levée de plusieurs restrictions sanitaires. Elle a également été caractérisée par une reprise vigoureuse de l'activité économique,
2 Augé,Marc,"Non-Lieux:Introductionàuneanthropologiedelasurmodernité",1992
3 Beaumont, Olivier. L’article de presse, “Jean Castex : « Nous Sommes Enfin En Train de Sortir DurablementdeCetteCriseSanitaire.”LeParisien,10May2021.
touristique et commerciale, tout en maintenant l'obligation du port du masque et lanécessitéd'un test RT-PCRnégatif pouraccéder aux sites touristiques. Il était devenu fréquent de croiser des tentes de dépistage du Covid-19 sur notre parcours, installées au cœur des rues animées, à proximité de boîtes de nuit, voire sur de vastes places, y compris aux HallesdeParis.
Paris, comme de nombreuses autres grandes villes mondiales, a répondu àcettecrise en instaurantdiverses restrictions,interdictions et obligations afin de contenir la propagation du virus et de protéger la santé publique. En raison d’état de pandémie imprévu, il était essentiel de consulter régulièrement les actualités afin de rester informé des horaires de confinement, des restrictions sur les rassemblements, et desrèglesdecirculationautomobileenvigueur.
Cette période, marquée par son caractère instable, imprévisible et délicat, a révélé le manque de préparation face à des situations exceptionnelles telles qu'une crise ou une situation d'urgence dont les circonstances exigent une réponse collective et coordonnée pour faire faceauxdéfis.
En raison de la crise sanitaire et du bouleversement de nos pratiques quotidiennes depuis mars 2020, il semble essentiel de se questionner sur la manière dont ces nouvelles restrictions, confinements, contrôles, distances sanitaires, etc. influent sur nos habitudes en matière d'utilisation des espaces publics. Du point de vue architectural, la crise sanitaire a profondément perturbé l'espace public en mettant en évidence de nombreuses contradictions et événements qui n'auraient paspuseproduiresansl'applicationdechangementsdynamiquesdonc de lois temporaires (arrêtés). C’est à ce moment que nous avons commencéàméditersurleconceptdela"villeépidermique".
D’autre cote, si l'on aborde la question de manière plus théorique. Cette période a également révélé l'existence de nombreuses lacunes juridiquesdanslagestionetl'utilisationdel'espacepublic.Cependantla notion d'espace(s) public(s), du point de vue juridique, demeure une
célèbre inconnue, un constat que nous examinerons de manière approfondie au fil de cette enquête. Toutefois, il est égalementsouligné que ses contours manquent de netteté, constituant ainsi un risque pour leslibertésindividuelles,commel'amisenévidencelacrisesanitaire.
Mais la notion d’espaces publics a constitué malgré tout la principale référence mobilisée par les pouvoirs publics (des restrictions – « règles de jauge », par exemple – imposées dans des lieux privés stricto sensu, autres que les établissements habilités à recevoir du public, se heurtant à l’inviolabilité du domicile et à des risques de censure constitutionnelle):lesconfinementsetcouvre-feu[x],l’exigence d’attestations de déplacement se sont largement joués par rapport à la fréquentation de tels espaces (vidés pour ne pas être « covidés »), de même que l’établissement des distances de déplacement et le port obligatoire du masque sanitaire4 Pour le dire brutalement –sans qu’il soit question de reprendre la litanie des textes ni d’en discuter le bien-fondé (faute de compétence reconnue en infectiologie) -, c’est par rapport aux espaces publics qu’a été fixée tout à la fois la « longueur de la laisse»etl’obligationdu«portdelamuselière». 5
4 Sur ce passage paradoxal de l’interdiction à l’obligation de dissimuler son visage dans l’espace public, O. Bui-Xuan :Masques sanitaires et espace[s] public[s] (in Masques sanitaires et droit[s], dir. O.Bui-Xuan,IFJD,2021,p.103).
5 Yolka, Philippe. "LES ESPACES PUBLICS. LIBRES PROPOS AU TEMPS DU COVID." revuedlf, [URL dulienfourni],Articlepubliédansledossier"Ledroitdeslibertésenquestion(s)–Colloquen°3dela RDLF-Montpellier2021",RDLF2022chron.N°01.
Comment
Ilyadeuxenquêteschronologiquementsituées:
Une enquête « historique »
Dans un premier temps, dès les premiers mois de l’année 2022, nous avons approfondinosrecherchessurl'histoire duquartierafindemieux comprendre la situation actuelle. Cette étape était basée sur des matériaux de seconde main, a été largement concrétisée à travers les documentations de l’APUR, ainsi que plusieurs publications de ParisProjetquirelatentlesdifférentesépoquesdececélèbrequartieravecsa forte médiatisation. L'objectif de cette première enquête sur le terrain estdedéterminerquelleestl'identitéactuelledu"ventre"deParis.
Ensuite,nousavonsengagéuntravailsurleterrainvisantàdocumenter et garder la mémoire de ces bouleversements. En tant que résidents étrangers de Paris, German Gomez Grijalva et moi-même avons entrepris une enquête dans le but de veiller, d'observer et de nous engager face à cette transformation majeure de la ville du XXIe siècle, quiaeulieudanslequartierdesHallesauprintemps2021.
C'est ainsi que nous avons observé la multiplication de diverses structures éphémères dans les rues des Halles. Tout au long de notre première enquête sur le terrain, nous avons méthodiquement documenté le site, en réalisant des prises de vue hebdomadaires conformément à un protocole préétabli. Quels éléments occupent l'espace public du quartier des Halles, par qui et comment ? Par conséquent, Le corpus de recherche prend sa forme grâce à cette méthodecroisée.
Une enquête « à chaud »
Et une enquête 'à chaud', consiste en une analyse critique à distance permettant d'examiner la période post-COVID qui était lieu en pendant toutl’annéede2023.Cettedeuxièmeenquêtereposesurdesmatériaux de première main produite pendant l’enquête sur terrain et est également alimentée par des recherches et des publications récentes sur la pandémie de Covid pour garantir une analyse approfondie sur les aspects de cette période. Malgré la tendance à oublier les conséquences de cette période d'enfermement et d'inquiétude, cette phase laisse des empreintes sur nous, sur l'histoire humaine et sur nos villes,particulièrementàParisetdanslequartierdesHalles.Laquestion fondamentale persiste : existe-t-il vraiment un 'monde post-Covid' ou non?
Pendant ces deux enquêtes, la presse est suivie de près et examinée attentivement. Ainsi, cette enquête s'efforce de dessiner l'image du quartier des Halles en 2023 grâce à une revue de presse. Dans les chapitressuivants,nousnousattacheronsàexpliquerlaréglementation de l'espace public. Nous sommes entrés aux archives municipales afin de trouver toutes les annonces réglementaires visant ce quartier, notamment les lois, les arrêtés préfectoraux, etc. Par conséquent, cet exercice est devenu une enquête croisée utilisant deux méthodes de communication pour explorer la réglementation de l'espace public. En effectuant des allers-retours entre ces deux types de documents, nous avons cherché à comprendre les objectifs des autorités ainsi que les réponsesdespouvoirspublics.
Les halles sont la France
Dans l’effet de centralité dans une pays assez centralisé… Les Halles représentent la France dans le contexte de la relation au sein de la capitale. Elles incarnent l'influence de l'État dans un pays centralisé, où l'État a régulièrement exercé son contrôle sur le destin de cet endroit central. En d'autres termes, Les Halles sont considérées comme un élémentimportantdelavieparisiennequireflètel'identiténationale.
En raison de son emplacement central et de son importance historique, Les Halles ont toujours été influencées par l'État français. L'État a joué unrôlemajeurdanslaplanificationetlagestiondecettezone,cequien fait un symbole de l'interaction entre le gouvernement central et la ville deParis.
François Fromonot, critique et professeure d’architecture est notamment connue pour ses travaux qui met en évidence les transformationsarchitecturalesetsocialesdecettezoneemblématique, en particulier sous l'influence de la mondialisation et de l'architecture contemporaine. Dans son livre «La Comédie des Halles», qui est la suite de «La campagne des Halles», elle explore la stratégie employée de«Agirlocal,jouerglobal»pourqualifierlejoyaudeprojeturbain.
En cela, le maire de Paris suivait la tendance en vogue auprès des décideurs des autres capitales. La mondialisation avait attisé la concurrence entre les métropoles du globe. Elle passaitdésormaisparl'architecture,ou plusexactement parla commande, aux architectes les plus en vue du moment, de bâtiments aux formes distinctives, censées attester ou stimulerlavitalitédesvillesdontilsassuraientlapublicité.6
- FrançoisFromonot
Le maire avait aussi évoquéla dimension « internationale » du projet de rénovation,complémentairepourluidesavisée«locale».
6 Fromonot,Françoise.LaComédieDesHalles:IntrigueEtMiseEnScène.2019.,page35
«Et pourquoi une ambition « nationale », comme le titrait un articleparuhier?Jediraisplutôtuneambitioninternationale!» D’ailleurs, je crois que la presse étrangère est largement présente aujourd’hui : je la salue donc, tout comme la presse française, bien sûr. Non, il ne faut pas limiter notre ambition à une visibilité nationale. Le cœur de Paris intéresse le monde entier.Ehbientantmieux! 7
- Bernard Delanoë, marie de Paris de l’époque, à la conférence depressedu15décembre2004
Le ventre à vendre
En 1873, Émile Zola utilisait la métaphore du « ventre de Paris » en se référant aux anciens marchés des Halles de Paris, le lieu où se déroule son roman. Il explore la dynamique d'une classe sociale prospère et satisfaite, suggérant une métaphore de la consommation ostentatoire et de l'abondance, mais également de l'opulence égoïste au détriment d'autressegmentsdelasociété.Sonattentionseporteparticulièrement sur la bourgeoisie de la période du Second Empire, décrivant son comportementdemanièresuggestive.Voyezplutôtl’intentiondeZola:
L’idée générale est: le ventre…le ventre de l’humanité; la bourgeoisie digérant, ruminant, cuvant en paix ses joies; la bourgeoisie du Second Empire; la bedaine pleine et heureuse, seballonnantausoleiletroulantjusqu’aucharnierdeSedan.8
–EmileZola
Ainsi, cette métaphore devient un outil puissant pour Zola, lui permettant de capturer la complexité sociale et économique de son époque. C'est à travers cette lentille qu'il examine les tensions entre les classes, les excès de la bourgeoisie, et les conséquences
7AllocutiondeBernardDelanoë,mariedeParis,àlaconférencedepressedu15décembre2004
8L’entretienavecEmileZola,LesEditionsdeLondres
potentiellement néfastes de cette opulence dans un contexte urbain dynamique. En mai 1960, pour remédier à la saturation constante de la circulation et aux problèmes de fonctionnement, la décision de déménager les Halles du centre de Paris vers Rungis et la Villette était prise.CettedécisionaprovoquéladémolitiondesHallesdeBaltard.
Par suite de la disparition du marché du gros, une vaste parcelle de 81 619 m2 s'est libérée au cœur de Paris, inaugurant ainsi une ère de rénovationéternellepourcequartier.LarénovationduquartierdesHalles est sans doute le plus extraordinaire. C'est le plus grand, le plus spectaculaire, le plus médiatisé, le plus long et le plus cher entrepris depuis longtemps par la Ville, mais aussi le plus coûteux pour elle car le plus controversé.9 Cependant, depuis lors, la sociologie de ce quartier n'a cessé d'évoluer. En d'autres termes, ce quartier est devenu un «laboratoiredesambitionsnourriespourlacapitalepartouslespouvoirs qui l’ont successivement gouvernée»10 un aspect que nous détaillerons danslasuitedecetteenquête.
Aujourd'hui, en observant le quartier qui porte toujours le nom « Les Halles », se demanderait-on s'il conserve également les mêmes caractéristiques ? Quels sont les éléments qui évoquent encore le conceptdu«ventre»telquel'adécritÉmileZola? 9 Fromonot,Françoise.LaComédieDesHalles:
«EtFlorentregardaitlesgrandesHalles[...] elles apparurent comme une machine moderne, hors de toute mesure, quelque machine à vapeur, quelque chaudière destinée à la digestion d'un peuple, gigantesqueventredemétal,boulonné,rivé, fait de bois, de verre et de fonte, d'une élégance et d'une puissance de moteur mécanique, fonctionnant là, avec la chaleur du chauffage, l'étourdissement, le branle furieuxdesroues.»
LeVentredeParis,ÉmileZola
Définition
L'espace public, tel que nous le décrivons aujourd'hui, dans les champs de l’urbanisme et de l’architecture, englobe plusieurs types d'endroits et dedéfinitions.Parmilesdénominationsvariéestellesqueparcs,jardins, squares,rues,allées,avenuesetpassages,tousceslieuxouvertsàtous sansrestrictiond'accèsformentl'espacepublic.
Avant d'analyser Les Halles et ses interactions avec le public, il est essentieldedéfinirl'espacepublicdanssoncontextecontemporain,car la définition générale nous expose à une polysémie. Par exemple, en prenant «l'accessibilité sans restriction» comme un critère indispensabled'unespacepublic,onconstatequ'ellejoueunrôlecentral dans la conception de l'espace public, même de l’archétype idéal de l'espace public est l'agora grecque, centrale et ouverte à tous. Cependant, elle-même présentait des inégalités marquées en termes
d'accessibilité en fonction de critères tels que le rang social, le statut juridiqueetlegenredesindividus.11 Cettepolysémiedel’expressionaété égalementsignaléeparT.Paquot,en2009:
«Apparu dans les années 1960 comme synonyme de sphère publique, le terme d’espace public a été depuis lors l’objet de plusieursglissementssémantiques:àpartirdesannées1970il désigne aussi un espace d’expériences et d’interactions sociales, avant de devenir une catégorie de l’action publique dans les années 1980. Le terme est aujourd’hui mobilisé non seulement dans le champ des sciences sociales et de l’urbanisme, mais aussi, de plus en plus, dans la vie publique. Sabanalisationestcependantalléedepairavecunepolysémie croissante qui rend la notion d’espace public d’autant plus difficileàmanier.»* 12
Ainsi,ilestnécessairedereconnaîtrequeladéfinitiondel'espacepublic esthistoriquementetlocalementsituée.
Public/Privé
Unepremièredéfinitiondel'espacepublicleconsidèrecommeconstitué des endroits n'appartenant pas à des propriétaires privés. Ainsi, ces espaces sont la propriété de l'État ou d'organismes publics. Bien que la propriété puisse servir de critère pour distinguer l'espace public de l'espace privé, il suffit de vérifier l'appartenance d'un espace donné ou d'un groupe de biens pour qualifier cet espace et définir le cadre juridiqueapplicable.
Cependant, la gestion et l'apparence actuelles de l'espace public révèlent une complexité plus grande. Il devient évident que la nature de la propriété des biens n'est pas le seul critère de régulation
administrative. En effet, cette régulation peut être étroitement liée à la fonctionnalitédesbiens.
Ainsi, au-delà de la simple question de propriété, d'autres éléments, tels que l'utilisation et la finalité des espaces, entrent en jeu dans la gouvernance de l'espacepublic. Cette évolution dans la compréhension de la gestion de l'espace public souligne la nécessité de considérer une perspective plus holistique, prenant en compte non seulement la propriété, mais également la manière dont ces espaces contribuent à répondreauxbesoinsetauxusagesdelacommunauté.
Terrains vagues, concept mou
De nos jours, les incertitudes concernant la notion d'espaces publics dans le domaine du droit administratif continuent d'être discutée. Philippe Yolka, Professeur de droit public à L’Université Grenoble Alpes, CRJ décrit en 2021 comment un juriste spécialisé en droit administratif ressent à la fois de la familiarité et de l'étrangeté quand il explore les espaces publics.13 La familiarité vient du fait que le terme "espaces publics" est couramment utilisé, mais l'étrangeté provient du fait que cette notion diffère de celles qu'il traite habituellement, telles que le domaine public ou les ouvrages publics. Il met en évidence que le champ académique consacré à cette notion est plutôt restreint en comparaisonavecd'autresdomainesdessciencessociales.
11 Chignier-Riboulon, Franck. "Géographie sociale, approches, concepts, exemples." L’Espace Politique,Comptesrendusd'ouvrages,04janvier2022,consultéle24décembre2023,URL 12 Paquot,Thierry.L’espacepublic.LaDécouverte,2009,URL
13 Yolka, Philippe. "LES ESPACES PUBLICS.LIBRES PROPOS AUTEMPS DU COVID."revuedlf,[URL dulienfourni],Articlepubliédansledossier"Ledroitdeslibertésenquestion(s)–Colloquen°3dela RDLF-Montpellier2021",RDLF2022chron.N°0,URL.
Afin de pouvoir explorer la distinction entre les espaces publics non marchands et marchands. Il suggère l'idée de différencier ces espaces, en prenant exemple sur les services d'intérêt général au sein de l'Union européenne. La distinction se ferait entre les espaces publics non marchands, souvent associés à des environnements moins entretenus et dégradés, et les espaces publics marchands, qui peuvent être des propriétés privées, comme les centres commerciaux appartenant à des groupes privés. Ce classement se matérialise dans la Canopée des Halles, qui remplit tous les critères pour être considéré comme un espacepublicmarchand.
« Il y aurait en quelque sorte « l’espace public du pauvre » –dégradé,malentretenu;bref,«universel»–;etpuiscelui,plus cossu – chauffage, musique Easy Listening – conçu sur le modèle des galeries commerciales et propriété de groupes privés (par ex. Unibail-Rodamco-Westfield : Forum des Halles, LesQuatre-TempsàLaDéfense…)14
Cette distinction offre une perspective pour comprendre l'évolution de cesespaces,maisl'auteursouligneégalementquecettefrontièreesten constanteévolution.
Car la frontière se décale continument entre espaces publics marchands et non marchands ; l’ouverture au public fait l’intérêtmarchand,avecunvéritablerisquede«vampirisation» del’espacepublic.15
Réglementation de l'espace public
La réglementation de l'espace public à Paris est gérée par la
municipalité de la ville, en collaboration avec différentes autorités et instances.Selonladéfinitionlégale,
« L’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public ». Loin°2010-1192du11octobre2010.
À Paris, La ville est responsable des règles de circulation et de stationnement en général. En parallèle, la préfecture dispose de pouvoirs particuliers axés sur la sécurité des personnes, la sauvegarde des biens, et la protection des institutions, en particulier pour les zones clés de la capitale. Ces compétences spéciales sont accordées en vertu de l'article L.2512-14 du code général des collectivités locales, tel que modifié par la loi n°2017-257 du 28 février 2017 (article 25), qui traite du statut de Paris et du territoire métropolitain. (Préfecture de Paris, Dernière miseàjourle17/07/23)
En témoigne le V° Espace public sur le site Internet des CAUE (conseils d’architecture,d’urbanismeetdel’environnement):
« L’espace public est la partie du domaine public non bâti affecté[e] à des usages publics, un endroit ouvert à tout le monde, important pour la vie sociale et la structuration d’une ville. Il comprend le paysage urbain et les façades constituant l’interface entre le public et le privé. Il doit être différencié des bâtimentspublics.Parextension,certainslieuxayantunusage public et un statut public ou privé (les gares, les équipements collectifs)sontconsidéréscommedesespacespublics».
Loin de sa réglementation sur papier, notre cas des Halles qui est un secteurdominé parl’activité de transport,donclaprésence de LaRATP etlaSNCF.
14 Yolka, Philippe. "LES ESPACES PUBLICS. LIBRES PROPOS AU TEMPS DU COVID." revuedlf, [URL dulienfourni],Articlepubliédansledossier"Ledroitdeslibertésenquestion(s)–Colloquen°3dela RDLF-Montpellier2021",RDLF2022chron.N°01. 15 Idem
Encitantl’articleintitulé«Gérerl’EspacePublic»deClémentOrillardqui traitedelacommercialisationcroissantedel'espacepublic,notamment à travers la privatisation d'établissements publics et la concession de
terrains pour des activités commerciales. Il mentionne que la norme pour la création de nouveaux services publics, en particulier dans le secteur des transports, évolue vers une approche de délégation sous forme de concession. Cela signifie que, de plus en plus, les services publics sont confiés à des acteurs privés par le biais de contrats de concession, plutôt que d'être gérés directement par les organismes publics. Cela reflète une tendance vers la privatisation partielle ou la collaboration avec le secteur privé dans la prestation de services publics. Donc on arrive à la notion de la «gouvernance urbain» qui décritcetteconcessionrèglementaire.
L'article évoque manifestations de ce phénomène, notamment la privatisation d'établissements publics, en particulier dans le domaine des transports. Donc Les Halles de Paris. La RATP et la SNCF réaménagent ainsi systématiquement leurs grandes plates-formes pour yimplanterdescommerces.
«Mais au-delàde ces cas très visibles, c’est àtravers lanotion de gouvernance quele privéenvahitle domaine public. Avec la gouvernance urbaine, la ville n’est plus pensée comme un gouvernement hiérarchisé, mais comme le jeu d’une multiplicité d’acteurs publics et privés recherchant une efficiencemaximum»16 16
Le sol
Cette autorisation réglementaire se manifeste dans l'espace public des Halles, de sorte que, au lieu de percevoir une totalité homogène, nous constatons plutôtun assemblage de différents espaces interconnectés. Souvent, il était difficile de discerner les limites les plus marquantes du territoire,tellesqueleslimitesduparcouleslimitesdesparcelles.
Cet effet se continue sur le revêtement de sol. Afin de pouvoir comprendre quoi appartient à qui aux Halles, on a réalisé une étude de soldedomaine.Lerevêtementdusolétaitunemanièrededéterminerle territoire donc le traitement du domaine. On a fait des zones sur des pointdecontactdesdifférentestextures.
La gouvernance urbaine
Comment le groupe immobilier Unibail est devenue « le partenaire» de la ville? En septembre 2010, le groupe immobilier Unibail a signé un accord de partenariat avec la Ville de Paris pour le réaménagement du quartier des Halles, un projet majeur de développement urbain au cœur de la capitale française. Cet accord a permis à Unibail de devenir un partenaireclédanslatransformationdecequartieremblématique.
Le projet de réaménagement des Halles avait pour objectif de moderniseretderevitalisercequartierhistoriquetoutenlerendantplus attractif pour les Parisiens et les visiteurs. Le groupe Unibail-RodamcoWestfield, spécialisé dans l'immobilier commercial, a été choisi pour sa vaste expérience dans le développement et la gestion de centres commerciauxetdedestinationsdeshopping.
L'accord entre Unibail-Rodamco-Westfield et la Ville de Paris a prévu la constructiond'unnouveaucentrecommercial,leForumdesHalles,plus tard rebaptisé en tant que «canope» qui a été rénové et agrandi pour devenirl'un des plusgrands centres commerciaux d'Europe.Ceprojet a égalementincluslacréationdenouveauxespacespublics,dejardins,et l'améliorationdel'accèsauxtransportsencommun.
En devenant «le partenaire» de la Ville de Paris dans ce projet, UnibailRodamco-Westfield a investi des fonds importants dans le développement urbain de la ville. Ce partenariat visait à transformer les Halles en un lieu «moderne» et «attractif» pour les habitants et les visiteurs de Paris.Cettecadre-là, Laville aannoncéqu’il s'agissaitd'une «collaborationstratégique»entrelesecteurprivéetlamunicipalitépour revitaliserunepartieimportantedutissuurbaindelacapitalefrançaise.
Lespolitiquesderrièrel’intentionde«moderniser»lecentre-villeétaitun peu vague, surtout après l’échec de premier «Forum des Halles» qui étaitdétruitjusteaprès30ansdesoninauguration.
Nicolas Sarkozy, le nouveau président de la République, avait pour objectifd'éviter que Parisne se transformeen"uneville-musée".Ainsi,il
s'est engagé à jouer le rôle de bâtisseur pour façonner un avenir grandiose pour le Grand Paris. Donc cet énorme toit qui abrite les commerces en chaine au rez-de-chaussée donneraient à Paris le «visage»d’unevilleplusdynamique.
Rencontre avec les acteurs
- L'aménagementetlecontrôledecetespaceimpliquentdenombreux acteurs ayant des statuts et des objectifs différents. Ces acteurs comprennent–
- l'État,
- laVilledeParis,
- lesorganismestelsquelaRATPetlaSNCF,laSEMAH,l'APUR,
- lesarchitecteseturbanistesquiontconçuleprojet,
- lesmaîtresd'ouvrageresponsablesdesaréalisation,
- lesresponsablespolitiquesquiontinfluencélesdécisionsprises,
- lesassociationslocalesquiontexpriméleurspréoccupationsetleurs besoins,
- ainsiquelapressequiacouvertledéveloppementdecetespace.
Donc, c'est que les Halles que nous voyons aujourd'hui ne sont pas simplement le résultat d'un plan préconçu, mais plutôt le produit des interactions dynamiques entre tous ces acteurs. Ces interactions ont façonné l'espace en fonction des besoins, des préférences et des contraintesdechacundecesintervenants.
Ces acteurs publics, notamment l'État et la Ville de Paris, ont abordé le processus d'aménagement. Ont-ils réagi aux usages observés par les habitants et les utilisateurs de l'espace public au fil du temps ? Ont-ils anticipé les usages potentiels de cet espace lorsqu'ils ont élaboré des réglementations et des plans d'aménagement ? En d'autres termes,
cette question explore lamanière dont les décideurs publics ont pris en compte laréalité du terrain et les besoins des citoyens dans la création etlagestiondecetespacepublicemblématique.
« Il leva une dernière fois les yeux, il regarda les Halles. Elles flambaient dans le soleil. Un grand rayon entrait par le bout de la rue couverte, au fond, trouant la masse des pavillons d’un portique de lumière ; et, battant la nappe des toitures, une pluie ardente tombait... Il l’avait sentie à ses chevilles, puis à son ventre ; elle menaçait, à cette heure, de passer par-dessus sa tête. Aveuglé, noyé, les oreilles sonnantes, l’estomac écrasé par tout ce qu’il avait vu, devinant de nouvelles et incessantes profondeurs de nourriture, il demanda grâce, et une douleur folle le prit, de mourir ainsi de faim, dans Paris gorgé, dans ce réveil fulgurant des Halles. De grosses larmes chaudes jaillirent de ses yeux. »
Le Ventre de Paris, Émile Zola
«Elle devrait gagner de l'argent; les fruits sontavantageux,cetteannée.»
LeVentredeParis,ÉmileZola
Ce chapitre consiste à dessiner l’état des lieux des Halles, On asuivi un protocole d’observation et documentation du terrain. Ce protocole consistait en ce que chacun d'entre nous se rende individuellement sur lesitechaquesemaine,àdesjoursetheuresdifférents.Pourmapart,je me rendais sur le terrain chaque jeudi de 18h à 21h. Une fois sur place, nous avons établi un itinéraire : en partant de la Canopée des Halles, nous marchions jusqu'à la Bourse de Commerce, puis nous faisions le tour en passant par la rue du Louvre, pour ensuite repartir dans l'autre sens jusqu'au Centre Pompidou, créant ainsi une boucle. Chaque semaine, nous avons commencé à prendre en photo les éléments qui méritaient d'être discutés entre nous. Petit à petit, cela est devenu un protocole consistant à prendre des photos de même manière et à les classer.
Finalement nous avons obtenu une série d’image qui pourrait servir comme une archive d’un période inédite. Ces prises peuvent restituer une partie de l’histoire du centre-ville et de voir les contradictions des différents dispositifs mis en place d l’époque tels que : le distancement social, Fermeture des espaces publics, Élargissement des pistes cyclables, Restrictions de circulation automobile, Fermeture des restaurants et cafés, donc changement de l’occupation de l’espace public.
C’est en créant des séries et en mettant en tensions les photographies des deux différents protocoles - photographies prises les mercredis matins par moi-même et les Jeudis soirs par Deniz Cene - que nous avons voulu comprendre et questionnerl’usagedel’espacepublic:est-cequelesBarnums étaient démontés ou ils avaient d’autres usagers (personnes sansdomicilefixeparexemple)lesoir?Est-cequ’ilavaientdes horairesd’attention?Quiétaientlespropriétaires?... 17
17 GomezGriijalva,German
Notre protocole photographique constituait une petite partie d'un protocoleplus vastequenous avonssuivi.Aucours de ce chapitre, afin de vous présenter l’état des lieux des Halles, nous présenterons les photographies que nous avons prises lors de nos visites hebdomadaires.Nouslesavonsclasséssousdifférentesthématiques;
Acteura/Lesbarnums
Acteurb/Lesconstructions
Acteurc/Lesvéhicules
Acteur5d/Lesindividus
2a Acteur : Les barnums
Les barnums, on commence par les centres éphémères de tests de dépistage du COVID-19 qui se multiplient en Paris aux premières semaines de 2021. Il s'agit de structures provisoires des tentes de dimension 3X3m ou 3X4,50m, installées à proximité des populations pour offrir un accès étendu aux tests. Vue la localisation centrale, et la proximité des lieux de loisirs et de culturel, Les Halles était une zone de concentrationdecestentesdedépistage.Aucoursdelasemainedu20 janvier,onarepéré14tentesdedépistageCOVID-19,parmilesquelles6 ne sont pas utilisées, mais occupent une partie de l'espace public et compliquelesfluxdespersonnes.
Les lieux et les horaires des centres de dépistage peuvent varier en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique et des directives des autorités sanitaires. Cependant, lors des fêtes de fin d'année, une transformation significative de l'espace public au cœur de Paris a été constatée. De nombreux déplacements, qu'ils soient de longue ou de courte distance, ont été effectués pour permettre aux gens de célébrer Noël en compagnie de leurs proches. Cette situation a conduit à une demande fortedu 'passe vaccinal', notamment en ce qui concerne les déplacements de longue distance effectués via les transports publics interrégionaux tels que les vols intérieurs, les trajets en TGV, les Intercités, les trains de nuit et les services d'autocar. D'un autre côté, pour ceux qui souhaitaient passer leurs vacances en ville et profiter d'activités culturelles telles que des spectacles, des cinémas, des musées ou des événements prévus, le 'passe sanitaire' était également requis.
De cette manière on a remarqué par une multiplication soudaine de structures de dépistage Covid en raison des mesures prises pour faire face à la crise sanitaire. Cette transformation de l'espace public a conduitàuneréévaluationdenotreprotocolederecherche.
Evidementceladevient une nouvelleopportunité économique. Les mois suivants, on a constaté une augmentation des nombres de tentes mais aussi une diversification. Comme en décembre 2021, les barnums pousseraientànouveaucommedeschampignonsdanslesgrandesvilles, et beaucoup ne respecteraient pas les obligations qui s'appliquent à l'activité de dépistage.18 Donc il soulevait des questions juridiques et liées à la fraude, notamment en ce qui concerne une possible occupation illégitime de l'espace public et la présence de barnums non conformesàlaréglementation.
Heureusement, la loi19 met fin à l'état d'urgence sanitaire et au régime post-crise instauré par la suite pour faire face à l'épidémie de Covid-19. Par suite de l'annonce faite le 14 mars 2022 de la suspension du "pass sanitaire"danstous les lieuxoù il étaitprécédemment requis, les tentes dedépistageontdisparudèslelendemain.
VincentBaladi,ConseillerdeParis,déléguéàl'attractivitééconomiqueet à la sécurité, a porté cette problématique au conseil de 12- 15 octobre 2021commesuit:
…Cependant, depuis cet été, des installations se sont faites sans régulation de la Ville de Paris, mais sur une simple déclaration d'adresse auprès de laRS.Cettesituationaparfois conduit à des doublons dans les zones blanches, mais surtout à des abus, tels que le non-respect des règles essentielles de sécurité pour le cheminement piéton d'un mètre 60 sur les trottoirs déjàencombrés. De plus, le non-respect des règles de sécurité a donné lieu à des incidents signalés régulièrement auxservicesdesmairiesd'arrondissement,auxriverainsetaux pharmacienseux-mêmes.
18 Bascou,Stéphanie."AttentionàcesbarnumsillégauxdedépistageduCovid-19."L’articleenligne surcapital.fr07décembre2022,19h34,URL
19 "Findu‘‘Passvaccinal’’etdumasqueobligatoire."L’articleenlignesurgouvernement.fr,04mars 2022,URL
Notamment,despréoccupationsontétésoulevéesconcernant le recours à des sociétés de dépistage utilisant du personnel étudiant non formé, ce qui a entraîné des frictions, des incivilités, un stationnement gênant, voire des outrages envers lesagents…Concrètement,nousdemandonsàlaVilled'assurer une régulation régulière des centres de dépistage sur l'espace publicetdecommuniqueràl'ensembledesacteurslesrèglesà respecterpourpoursuivreleuractivité..20
20 Baladi, Vincent - Régulation des "tentes Covid" sur l'espace public, 12-13-14-15 Octobre 2002, ConseildeParis,URL
2b Acteur : Les constructions
Sur place, une variété de chantiers a été observée, englobant ceux dirigésparlaVille de Paris, les chantiers desopérateurs de réseau(eau, chauffage,électricité,gaz,climatisation,RATP,opérateurstélécom,etc.), et les chantiers privés occupant l'espace public, tels que les échafaudages. Après de nombreuses années de chantiers d'envergure, les autorités n'ont pas réussi à tenir leur promesse d'achever et d'inaugurerlestravaux.Cettesituationcréeuneatmosphèrepersistante d'un chantier sans fin, générant un mécontentement au sein de la communautélocale.
Lorsqu'il s'agit d'entreprendre des travaux sur le réseau routier ou d'occuper le domaine public routier, il est impératif d'obtenir une autorisation d'occupation temporaire (AOT). Pour les opérations qui n'impliquentpasd'implantationdanslesol,unpermisdestationnement est nécessaire. Enfin, la permission de voirie concerne les travaux qui modifientlesoloulesous-soldudomainepublic.
Cette accumulation de chantiers, combinée à la complexité des procédures pour obtenir les autorisations nécessaires, contribue à l'image d'un quartier constamment en travaux, où l'achèvement des projets semble échapper à la réalité quotidienne des habitants. Ce contextepeutexpliquerleressentigénéraldefrustrationetdedéception auseindelacommunautélocale.
Pour effectuer des travaux sur le réseau routier ou occuper le domaine public routier, vous devez obtenir une autorisation d'occupation temporaire (AOT). Le permis de stationnement est nécessaire pour les opérations sans implantation dans le sol. La permission de voirie concerne les travaux qui modifient le sol ou le sous-sol du domaine public.21
21 Code de lavoirie routière, Article L113-2Version en vigueur depuisle28décembre 2007, Modifié parLOIn°2007-1822du24décembre2007-art.40(V)
2c Acteur : Les véhicules
Lasituationquel'onaenvisagéedanslequartiersembleêtreconfrontée à des problèmes liés à la circulation automobile, aux livraisons, et à l'absence de contrôle dans lazone piétonne. Parrapport aux articles de presse récents qui abordent ce sujet, les habitants du cœur de Paris en doutent,navrésdeconstaterqueles«automobilistesetlivreurscirculent assez librement dans cette espace qui est dédié aux piétonnes. Il n'y a plus aucun contrôle. Nous avons l'impression que l'espace public est abandonné »22 déplore Emmanuel Duprat, président de l'ADRAQH (association pour la défense des riverains et l'animation du quartier des Halles). Le maire du 1er arrondissement, Jean-François Legaret (LR), dresse le même constat : « c'est l'anarchie la plus totale. Le week-end, c'estlefoutoirgénéral.EtlamairedeParislaissepourrirlasituation».23
En 2018, la Maire de Paris a émis deux arrêtés instaurant deux zones piétonnes nommées "Beaubourg" (IVe) et "Quartier de l'Horloge" (IIIe). Ces arrêtés avaient pour avantage de définir clairement le concept de "piétonisation", se traduisant par l'interdiction de circulation pour les véhiculesàmoteur,àl'exceptiondesrésidents,desvéhiculesdeservice et d'urgence, deslivraisons (de 7h00à13h00), des bus, des taxiset des VTC (comme UBER) pour la prise en charge et la dépose uniquement. Les véhicules àdeux roues, telsque les cycles, n'étaient pasconcernés, donc autorisés. De l’autre cote bien que cela ne fût pas explicitement précisé, il était sous-entendu que les modes de transport qualifiés de "doux" étaient égalementautorisés. À cette époque, aucune clarification n'avait encore été apportée concernant l'usage des trottinettes électriques.
Au niveau des véhicules de livraison, la pandémie de Covid-19 et les restrictionsdedéplacementontprofondémentbouleverséleshabitudes d'achat en nous offrant de multiples options de livraison rapide pour
22 Baverel, Philippe.«Paris : leSOS des habitants de la zone piétonne des Halles. Les barrières qui ne fonctionnaient plus vontêtreretirées.»Le 30septembre 2019à 18h34,modifiéle 5mai 2020à 22h16,URL 23 Idem
faciliter l'accès aux biens essentiels. Ainsi, pendant cette période, les plateformes de livraison rapide ont gagné beaucoup de force, revendiquant leur place dans les villes et influençant les pratiques d'urbanisme. De Paris des Halles à Deliveroo, les besoins logistiques de ces plateformes, y compris le stationnement temporaire, les points de collecte, et les aires de chargement/déchargement, deviennent des élémentsclésdanslaplanificationurbaine.Lesassociationslocalesfait un appel aux autorités24 qu’ajuster leurs pratiques d'urbanisme pour intégrer ces nouvelles réalités «l’emporte-pièce n’est pas dans les faits unebonnenouvelledutoutpourlesriverains…» 25 .
24 Perrier, Marion. «Du Paris des Halles à Deliveroo, la livraison a bienchangé.»Capital.fr, publiéle 07/06/2017à19h02,misàjourle08/06/2017à10h04,URL
25Simonet,Gérard.«L’association'VivreleMarais,VivrePariscentre!'.»Articlepubliésurlesitede l'association,26novembre2018,danslarubriqueCirculationCentredeParis,Voirie/Déplacements, URL.
2d Acteur : Les individus
Cequartierestégalementréputépourlaforteprésencedelapopulation sans-abri.Ilenglobeégalementunepopulationquimendie,laquelle,bien qu'installée ici, fait intégralement partie de la résidence du quartier des Halles.Cetespace«quasi-public»,nonaménagé,sertdelieud'abripour ces personnes, notamment autour du Jardin Nelson Mandela, où nous avons observéfréquemmentlaprésence detentes de sans-abri,parfois regroupées avec d'autres. Ces installations changent de place quotidiennement à chaque intervention, et nous avons également noté des déplacements dans le jardin, soulignant ainsi leur présence résidentedanslequartier.
De même, sur la voie publique, divers aménagements tels que des matelas, des « chariots de dépôt » et des « sacs de survie » témoignent de leur existence dans le quartier. En explorant plus en profondeur, les étages souterrains et les longs couloirs du Forum servent également d'abri aux sans-abris, avec une augmentation significative de leur nombre pendant les mois d'hiver. Sur la totalité du réseau de laRATPà Paris, Ils sont environ 200 sans-abris à tenter de trouver le sommeil chaquenuit.26
En raison de l'échelle et de la quantité de ces installations, cette présence se transforme souvent en occupationpermanente de l'espace public.Ilestànoterqueleurprésencedanslequartiertrouveégalement ses racines dans l'histoire. En 2012, pendant les travaux de rénovation encoursjusqu'en2015,unecinquantainedesans-abrionttrouvérefuge de manière plus permanente dans les tunnels des Halles. En raison d’avancement des travaux de rénovation du centre commercial, les autorités ont alors rencontré des difficultés à les évacuer pendant un certaintemps.27
«Les travaux poussent ici tous ceux qui ont compris que, sous terre, on n'est pas dérangés», résume Mano un sdf du quartier. Lui a fait le voyage il y a trois ans. «A force d'être virés, on cherche les lieux où la police ne va jamais.Les loyers nesont plus abordables, Parisn'est plus squattable.Onfinitchezlesdésespérés.»28
Pendant ces périodes de travaux sous les Halles, les nouveaux occupants de l’espace public prenaient racine dans le sol au cœur de Paris. Ainsi, cet espace souterrain représente un abri central et un lieu de rencontre pour les personnes sans domicile fixe, même un lieu « historique» pour quelques-uns. Un SDF vivant depuis huit mois comme des dizaines d'autres sur un bout de trottoir dans le tunnel des Halles à Paris qui va fermer pour travaux à l'automne 2012 demande à un agent delamairieJean-RenéAgnassia;«Vousalleznousparquerquelquepart quandmême?» 29
26 Menu,Margaux« Parisn’est pasunefêtepour tout le monde »: dansle métro lanuit,les viesen sommeildesSDF»,le24décembre2021à11h18,Libération,URL
27«Lessans-abrischassésdutunneldesHalles»,le25juin2012à05h02,surLeParisien,URL
28 «Lessans-abrischassésdutunneldesHalles»,le25juin2012à05h02,surLeParisien,URL
29 AFP, «Pendant les travaux, les SDF vont devoir quitter le tunnel des Halles», 25 mai 2012 à 09 :55,surwww.cnews.fr,URL
Afin de freiner la propagation du virus, une stratégie de distanciation sociale aété mise en œuvre par le biais du "confinement", limitant ainsi la transmission de personne à personne. De plus, l'Organisation mondialedelasanté(OMS)arecommandéauxindividusderesterchez euxetdetravailleràdomicile. 30 Pourrépondreàl'impératifdemaintenir ladistanciationsocialefaceàlacrisesanitaireduCovid-19,lesvillesont dû rapidement réorganiser leurs espaces publics. Toutefois, dans ce contexteparticulier,cesajustementsontétéeffectuésenurgence,sans consultations préalables. Les métropoles, ainsi que certaines villes de taille moyenne, ont instauré des mesures temporaires telles que la création de pistes cyclables provisoires, la réduction des espaces de stationnementpourlesvoituresetl'aménagementdezonespiétonnes.
Certainesruesontétéferméesàlacirculationautomobile,lesplacesde stationnement sont devenues des terrasses et les trottoirs ont été élargis. Pour approfondir ce sujet, nous allons examiner ces différentes mesuresàlalumièredesdocumentsrèglementairestelsquelesarrêtés préfectoraux, qui ont été pris dans le but de limiter la propagation de la Covid-19toutenmodifiantdemanièrepermanentelaréglementationet, parconséquent,laconceptiondel'espacepublicàParis.
Les restrictions rigoureusement respectées
Avant de commencer, il est essentiel de noter l'effectivité des restrictions mises en place, en se référant à l'enquête publique réalisé par Forum Vies Mobiles sur les impacts sociaux, présents et futurs, sur lesmodesdeviedesFrançais31 ;Pendantconfinementde17marsà11 mai 2020 Plus d’un Français sur deux ne sort pas plus d’une fois par semaine(55 %).Plusencore,plusd’unFrançaissurcinqn’estjamaissorti dechezluidepuisledébutduconfinement(21%)endehorsdeséventuels
30 Avisn°6duConseilscientifiqueCOVID-19,AvisduConseilscientifiqueCOVID-19du20avril2020 - Sortie progressive de confinement, prérequis et mesures phares, Conseil Scientifiques Covid-19, Avril2020.
31 «Enquête sur les impacts du confinement sur la mobilité et les modes de vie des Français», ForumViesMobiles,2018
déplacements liés au travail ! 18% ne sont jamais sortis, même pour le travail.Contrairementàcequel’onapuentendre,lesdépartsversd’autres logements concernent une fraction très minoritaire de la population, souvent très jeune : seuls 4 % de la population ont changé de domicile avant le confinement mais près d’un quart des Français aurait aimé pouvoirlefaire(23%).17%delapopulationadultede18à75ansviventà lafoisseulsetconfinés,soitplusde7,7millionsdepersonnes.32
Pendant ce chapitre, la méthode de cartographie que nous avons utilisée lors des derniers chapitres prend une nouvelle dimension; Les données compilées, élaborées en collaboration avec de nombreux acteurs, provenant des sources Open Data de la ville de Paris et d'Apur, sont d'abord mises à l'échelle de Paris, puis à l'échelle du quartier des Halles.Ils'agitd'uneapprochevisantàcomparerlasituationactuelledu quartierparrapportaurestedelaville.Decettemanière,nouspourrons suivre les décisions qui ont été prises par les autorités à l’échelle régionaleetnationaleetcommentellesrésonnentaucœurdeParis.
Le but principal de cette partie est d’utiliser et croiser les initiatifs urbaines afin de surveiller les changements était mis en place visant à ajuster l'espace public à la contrainte de la distanciation physique à Paris.Cesinitiatifsquipeuventêtreétudiessous3phasestellesque;1Laavantluttecontreépidémie2-Confinementde55joursde17marsà 11 mai 3- Déconfinement, la phase qui englobe aussi le temps de cette enquête.
La période de confinement a ouvert une période inédite avec une baisse du nombre de personnes présentes à Paris jamais observée depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette baisse de la fréquentation de Paris s’est traduite par une modification profonde de la géographie des présents, mais aussi du niveau d’usage des bâtiments en fonction de leurtypologie (équipements, tertiaire, résidentiel) durant cette période ainsi que pendant
les différentes phases de déconfinement en fonction des restrictions qui sesontmaintenuesetdeleursconséquences.
3a L’Etude de cas : Aménagements en faveur des piétons
Durant la période d’enfermement la plupart des déplacements était illégal sauf, le périmètre d’1 km défini pour les déplacements autour de notredomicileainvitéàmieuxapprécierlavilledesproximités.
Pour faciliter ces circulations à partir de mois de mai 2020 un grand nombre des rues parisiennes ont été transformé afin d’augmenter la distanciation physique des piétons dans l’espace public notamment dans les rues commerçantes et les rues à proximité des écoles. 33 Ces transformations y compris temporellement piétonisation totale de certaines rues et élargissement des trottoirs sur les places de stationnement. Une demande de piétonnisation temporaire de voie pourrait être réalisée par un commerçant, un collectif de commerçants ou une association de quartier…Le 12 juin, 119 demandes étaient à l’étude à la direction de la voirie et des déplacements de la Ville 4 et de nombreuses rues avaient déjà été rendues piétonnes comme la rue des Fontaines-du-Temple (3e), Geoffroy L’angevin (4e), la rue Quincampoix (4e)ouencoredelarueBiot(17e).34
Dans ce cadre, les rues sont regroupées selon différentes typologies afin de les étudier en fonction de leurs besoins, notamment les rues commerçantes pour faciliter le transport des marchandises, les rues à fortefréquentationpourréduireletrafic,etlesruesprèsdesécolespour sécuriserlacirculationdesélèves.Dessecteursàenjeuxsesontrévélés : quartier du Faubourg Saint-Denis, rues de Belleville, Étienne Marcel, d’Avron,deBercy,etc.
32 «Enquête sur les impacts du confinement sur la mobilité et les modes de vie des Français», ForumViesMobiles,2018,page2
33 Apur«Mars-Juillet2020ParisFaceàlaCrisedeLaCovid-19»,Novembre2020
34 Apur«Mars-Juillet2020ParisFaceàlaCrisedeLaCovid-19»,Novembre2020
Au total, un peu plus de 150 aménagements temporaires en faveur des piétons ont été réalisés dans Paris. 35 Bien que ces aménagements aient été initialement temporaires, une partie d'entre eux pourrait devenir permanent, intégrée de manière durable dans le tissu urbain. Surtout la disposition des « rues aux écoles » qui sont expérimentées à Paris depuis le premier déconfinement, est devenue une piétonisation permanente afin de réduire la pollution émise par la circulation routière et de sécuriser les abords des écoles. Au 1er septembre 2020, 57 nouvelles«ruesauxécoles»ontétémisesenplaceparlaVille:29deces ruessonttotalementferméesàlacirculationet28sonttransforméesen« zone calme », avec limitation de vitesse. Début 2021, Paris compte un total de 122 « rues aux écoles », et l’objectif à terme est d’en développer 300,avecaussidefortesambitionsentermesdevégétalisation36
En raison de l'installation de terrasses élargies et éphémères, la piétonisation en cours augmente l'espace disponible pour les restaurants et les bars, ce qui entraîne un risque d'occupation. La municipalité a précisé sa position sur la différenciation des typologies depiétonisation;
Cettepiétonnisationviseessentiellementàapaiserlacirculationdans les rues avec terrasses et à libérer de l’espace de circulation pour les piétons, il ne s’agit pas d’étendre les terrasses sur la chaussée qui doit être laissée libre d’au moins une voie pour le passage des véhiculesdesecours.Lapropositiond’aménagementtemporairedoit dans tous les cas veiller au respect de la bonne circulation des piétons et parmi eux les plus fragiles, de la propreté, de la tranquillité etdelasécuritédel’espacepublic.37
AnneHidalgo,Juin2020
35 OpenDataVilledeParis-24août2020,
36 Apur«Lesdonnéesurbaines,unoutilpourorienterlesstratégiesdegestiond'unecrisesanitaireL'espacepublicparisienetlaCovid-19»,Décembre2020
37 Lescurieux, Romain. «Déconfinement à Paris : Après les terrasses éphémères, quatre rues passentpiétonnes…Jusqu’àdevenirpermanentes?»20minutes,11June2020,17:01,URL
3b L’Etude de cas : Aménagements en faveur des cyclistes
Pendant la phase de déconfinement, la Ville de Paris a initié la création de pistes cyclables temporaires, appelées «coronapistes», dans le but de décongestionner les transports en commun et décourager l'utilisation excessive de voitures individuelles. Certaines pistes ont été largement adoptées dès le 11 mai, tandis que d'autres sont encore en planification et quelques-unes sont remises en question en raison de leurfaibleutilisation.
Les pistes cyclables temporaires qui ont été créées pendant la crise du coronavirus sont principalement situées le long des lignes de métro les plusfréquentées,àsavoirleslignes1,4et13.En3mois,plusde40kmde pistes ont déjà été réalisés : Cours de Vincennes, rue du Faubourg SaintAntoine, rue de Rivoli, rue Saint-Jacques, rue de la Tombe Issoire, boulevard Saint-Michel, avenue Denfert-Rochereau, avenue du Général Leclerc, boulevard des Invalides, tunnel de l’Étoile, Porte Maillot, avenue de Clichy, avenue de la République…, ainsi que sur de nombreux ponts de la Seine. Les bois des Vincennes et de Boulogne ont également été équipés, commesurl’alléeduBorddel’Eauoul’avenuedeNogent.38
3c L’Etude de cas : Terrassés Estivales
L'arrêté préfectoral du 21 mai 2020 a autorisé l'installation de terrasses temporaires pour les restaurants et les bars sur les trottoirs et les places publiques deParis, afin depermettre une distanciationsocialeadéquateentrelesclients.39
Au début, cette exigence est apparue en raison de la reprise de clients par les restaurants et des gestes de distanciation de l'époque, ce qui a entraîné une diminution des capacités des restaurants jusqu'à 50%. La VilledeParisalancéuneconcertationenavriletmaiafindemaintenirle dynamismedutissuéconomiqueparisien,d'accompagnerlareprisedes activités en facilitant les règles de distanciation physique. Cette concertation a permis aux commerçants, à compter du 1er juin 2020, d'utiliser de manière exceptionnelle, temporaire et gratuite, des emplacements supplémentaires dans l'espace public, sur les places de stationnement, les trottoirs, les terre-pleins, les placettes et les rues temporairement piétonnisées.Conformément aunouveau règlement de la ville des étalages et terrasses (RET), les restaurateurs parisiens doivent démonterles quelque 12 000 « terrasses estivales »installées parsuiteduconfinement.40
Le1eroctobre2020,cedispositifdesterrassesdites«éphémères»aété prolongé jusqu'au 30 juin 2021.41 À l'issue d'une large concertation, le règlement des terrasses a été réformé en juin 2021, avec notamment l'introduction du dispositif des terrasses éphémères pour les professionnels. Depuis, à cause de la forte volonté et l'augmentation constante de la clientèle, le dispositif est devenu saisonnier encadrant les terrasses estivales. Les terrasses estivales sont autorisées pendant 7 moisdansl'année,du1eravrilau31octobre.42
39 Arrêtémunicipaldu11juin2021portantrèglementdesétalagesetterrassesinstalléssurlavoie publique en intégrant les modifications issues des arrêtés du 18 mars 2022, du 29 mars 2022, du 22avril2022etdu29juillet2022,accessibleparICI
40 RèglementdesTerrassesetÉtalages,LaVilledeParis,enligneICI
41 Idem
42 Idem
3d L’Etude de cas : Restrictions sur les rassemblements :
L'arrêté préfectoral du 31 août 2020 a interdit les rassemblements de plus de 10 personnes dans les espaces publics, sauf pour les manifestations déclarées auprès des autoritéscompétentes.43
Bienquelesforcesdel'ordreaienteffectuédescontrôlessurl'ensemble de la population, il est souligné que les quartiers populaires ont été particulièrementtouchésparunefréquenceélevéedeverbalisations.De plus, les femmes ont subi les conséquences de la privation d'accès à l'espace public, suggérant que les mesures de restriction ont eu un impact disproportionné sur certains groupes de la population. Cela a accentué les inégalités dans la réglementation et le contrôle des espacespublics.
Le 31 mars, les agents de la Direction de la prévention, de lasécurité et de la protection (DPSP) de la Ville de Paris ont été habilités à constater par procès-verbaux les contraventions émises en cas de violations des restrictions en vigueur 2. La semaine du 11 avril, les agents ont réalisé 29 671 contrôles et dressé 983 procès-verbaux, soit 1 contravention dressée pour 30 contrôles. À cette date, lessecteurs de laPorteMaillot (16e) et l’avenue du Général Leclerc (14e) concentrent un fort taux de contraventions.44 43 Arrêtén°
Un monde d’après ?
En conclusion, cette enquête montre que la crise sanitaire liée à la Covid-19 a accéléré toute une série de tendances évolutives à Paris, notamment en ce qui concerne la transformation de la spatiotemporalité des modes de vie. Cela s'est particulièrement manifesté dans l'occupation de l'espace public, notamment dans le plus vaste espacepublicdelacapitale,lequartierdesHalles.
Il est à noter également qu'une grande partie de ces transformations accélère des tendances préexistantes telles que la piétonisation et la promotion des modes de transport doux, l'essor de la marche et de l'utilisation du vélo, ainsi que la croissance du télétravail et des téléachats.
La crise sanitaire a eu des répercussions considérables sur l’espace public des villes. Pour veiller au respect de la distanciation physique, certains espaces ont été fermés et d’autres transformés. Pendant le confinement, la notion de proximité a été réinvestie par les habitants…Après le 11 mai, plusieurs aménagements ont transformé la morphologie urbaine de Paris en offrant plus de place auxmobilités douces etauxpiétons.45
Un catalyseur pour promouvoir une mobilité plus durable
Par rapport à une grande enquête régionale confirme une transformationdeshabitudesdedéplacementenÎle-de-Francesuiteàla crise sanitaire menée par l'Institut Paris Région, Quand on les interroge surl’avenirdelamobilité,unemajoritéderépondantssedisentfavorables àdesrèglespluscontraignantesoudenouvellesinfrastructuresenfaveur d’une mobilité plus durable. Ainsi, 68% des répondants se disent favorables aux restrictions de circulation pour les véhicules les plus
polluants. Ils sont également 67% à être favorables à la pérennisation totale ou partielle des pistes cyclables temporaires mises-en-place en Ilede-France,cesderniersmois.Ilestintéressantd’ailleursdenoterque25% desrépondantsindiquentlesavoirutilisées.46
En conséquence, Il est envisageable que le vélo, et particulièrement la marche, gagnent en importance en tant que moyens de transport dans la vie quotidienne à l'avenir. De plus, il est probable que les déplacements longue distance se réduisent en faveur du développementdutélétravail.
Un retour à la proximité spatiale dans la vie quotidienne
D'autre part, cette période nous a amenés à considérer une tendance plus abstraite d'urgence qui également engendré des changements permanentes pour le futur, marquant ainsi un retour de la proximité spatiale dans nos vies quotidiennes. Des modifications dans des pratiques assez simples, telles que la réalisation d'activités à domicile comme la confection de pain ou la cuisine, ainsi que la fréquentation des environs du domicile et une croissance des services rendus entre voisins, ont augmenté pendant la pandémie. Comme le montre la recherche de Anne Lambert. : « Comme en temps normal, quatre Françaissurdixdéclarentavoirrenduunservicedansleurquartier,et29% disent en avoir reçu. »47 Une autre enquête internationale menée par le cabinet Mobil’Homme48 a montré que la part des personnes qui pratiquent les sorties récréatives dans leur quartier de résidence a augmenté dans tous les pays étudiés, sauf en Espagne (où il y avait une interdiction de sortie pour ce type de motif). En Suisse par exemple, 23% de la population déclarait faire des activités à proximité de son domicile
46 «Le 3ème et dernier volet d’étude sur la mobilité en Ile-de-France avec la crise du Covid-19 confirme et annonce une transformation durable des habitudes de déplacements», L’institut Paris Région,Octobre2020,URL
47 Lambert, Anne, et al. «Comment voisine-t-on dans la France confinée?»,Population & Sociétés, vol.578,no.6,2020,pp.1-4.URL
48 Dubois, Yann, et al. "Effets de la crise sanitaire ; 1. Le télétravail dans 7 pays européens." Bureau Mobil’Homme,Lausanne,Suisse,2020.,URL
45 APUR, Dossier Mars
tous les jours avant le confinement du printemps 2020, contre 32 % pendant le confinement. D'autre part, cela a provoqué une rupture nette danslesmobilitésdelonguedistance.
Ce désir de proximité peut également être renforcé par le constat que les régions métropolitaines, l’habitat urbain dans des contextes de forte densité, sont plus mal vécus depuis le confinement et cela se traduit dans toute l’Europe par un marché du logement particulièrement dynamiquedanslespetitesvilles,lepériurbainetlesrégionsrurales. 49 À nouveau, l'étude menée par le Forum Vies Mobiles le souligne clairement;
Sans surprise, ce sont les habitants des grandes agglomérations et en particulier les habitants de la métropole parisienne qui souffrent le plus delasituation.Ilssontplusnombreuxàvivreseuls(28%contre11%en moyenne en France) et dans de petits appartements (28 % vivent dans un deux pièces ou un studio contre 5 % en moyenne en France) et beaucoup plus nombreux à avoir aimé pouvoir s’installer ailleurs que chez eux pendant le confinement (39 % contre 12 % en moyenne en France). Ils sont également plus nombreux à être dérangés par la restriction du périmètre de déplacement à respecter (53 %contre 43 % pour les agglomérations de moins de 20 000 habitants) et sont plus nombreux à vouloir déménager (38 % contre 11 % en moyenne en France) après cette expérience. Conformément aux tendances démographiques et aux études menées précédemment sur le sujet, la crise épidémique confirme ainsi le caractère problématique des cadres de vie densément peuplés et de l’agglomération parisienne en particulier, et le manque de résilience des modes de vie qu’on peut y déployer.50
L’avenir Des Halles
En retournant à notre site d'enquête, le quartier des Halles, qui montrait déjà des symptômes de mauvais calculs à en faveur d'une hypothèse mondialiste employée par les autorités, a pris une autre dimension pendant et après la crise sanitaire du Covid-19. Le manque de communication entre les autorités successives et les divergences d'intentions de ces acteurs quant à l'avenir du quartier ont laissé le terrain, et donc le débat « non-réclamé », en suspens pendant des années, rendant l'appropriation de ce quartier par les Parisiens plus difficile. De ce fait, tandis que la presse internationale "est fière de vous présenter" le point d'interchange le plus grand de l'Europe, la structure unique de la canopée, le quartier est en réalité devenu "victime de son succès".
Vis-à-vis le crise sanitaire, les tendances que nous avons étudiées, qui met envisageable que le vélo gagnent en importance en tant que moyens de transport dans la vie quotidienne à l'avenir et il est probable que les déplacements longue distance se réduisent en faveur du développement du télétravail. Qu’est qu’il aura l’avenir de site que nous avions défini par sa fréquentation par rapport aux déplacements interdépartementauxgrâceaunœuddeRER?
Deuxièmement, bien que la population de riverains ait été engagée pour préserver sa nature résidentielle du quartier tout au long de l'histoire, réagissant aux manipulations des autorités, on constate que le quartier des Halles est perçu comme une porte d'entrée de la capitale. Cela n'encourage pas les interactions entre voisins ni la proximité spatiale quotidienne pour ses habitants, contribuant ainsi à faire de ce quartier unlieunondurablefaceauxcrisesdecetteenvergure.
49Kaufmann,Vincent.«Confinement."Préparerlatransitionmobilitaire»,19Avril2021,URL
50 ForumViesMobiles,«Enquêtesurlesimpactsduconfinementsurlamobilitéetlesmodesdevie desFrançais»,,Avril2020,URL
Apparemment pas aujourd'hui, mais peut-être dans un futur, dans un futuroù«laFrancen’estpasprête»51 ;est-cequeleventredeParisest-il susceptiblededevenirobsolète?
Quoi d’autre... Peur et l’obéissance
Paul Virilio, architecte d’origine, devenu au fil des années penseur de la vitesse et de l’accélération, explorele conceptde lapeuret l’obéissance à travers différentes époques dans son livre «l’Administration de la Peur» livrait en 2010 aux éditionsTextuelces 90 pages d’entretien avecBertrand Richard. Dans le passé, les inquiétudes étaient liées aux guerres, aux famines et aux dangers. À l'époque dont il parle, c’étaient les crises boursières contaminantes, terrorisme indifférencié, suicides «professionnels»52 qui préoccupait.Aujourd'hui, en plusde cela, cette perspective trouve un écho dans la période que nous avons traversée, caractériséeparuneinquiétudetotale,notammentdueàlapandémiede Covid-19.Cetteréaliténouscontraintégalementàl'obéissance.
L’administration de la peur, cela signifie aussi que les États sont tentés de faire de la peur, de son orchestration, de sa gestion, une politique. La mondialisation ayant progressivement rogné les prérogatives traditionnelles des États (notamment celles de l’État providence), il leur reste à convaincre les citoyens qu’ils peuvent assurer leur sécurité corporelle. La double idéologie sanitaire et sécuritaire peut se mettre en place, faisantpeser de réelles menaces surladémocratie.53
Viriliosoulignequelescatastrophesnaturellesouartificiellesdeviennent des prétextes pour administrer la peur publique, qui se transforme progressivement en peur privée. Il observe une évolution de la société, passant d'une communauté d'intérêt national structurée par les classes socialesàunecommunautéd'émotions.Donc « une synchronisation des émotions ». La gestion de la peur, selon lui, peut mettre en péril la démocratie. Vue la gestion publique et la réglementation en temps de crise, nous pourrons appelait cette crise sanitaire en tant une catastrophenaturelle.
51«"LaFrancen'estpasprête":SalomonavaitprévenuMacron...en2016»,LeDauphinéLibéré-20 mars2020à13:54|misàjourle20mars2020à13:55,URL
52 Virilio,Paul.L’administrationdelaPeur.ÉditionsTextuel,Paris,2010.
53 Idem.
Malgré le fait que cette période d’isolement est mise en évidence le besoin constant de socialisation. Il évoque le potentiel de l'individualismedemasse,rendupossibleparlesnouvellestechnologies de communication politiquequi permettent de manipulerles individusà grande échelle. C’était exactement ce qu’on avait eu au suivi des annoncesdeministredeSanté,lesarrêtes,leslimitations.Virilioquandil avait évoqué cette aspect 2006, donc aujourd’hui on est encore assez développé donc contrôlé au niveau de les avancées technologiques telles que les téléphones portables et Internet. Donc notamment avec contrôle de Pass Vaccinal etc. Cette l’aspect de contrôle est devenu inévitable pour chaque individu et ouvre la voie à diverses formes de manipulationetdecontrôle.
Sur le même point de vue, le livre de laforme d’enquête «L'attestationUne expérience d'obéissance de masse, printemps 2020»54 met en lumière les mécanismes de contrôle par lesquels s’est imposée durant la pandémie est sortie 28 septembre 2023, par les sociologues Théo Boulakiaet Nicolas Mariot. Cependant cette période est marquée par la singularitédel’expérienceenquelquesheures,chaqueindividu,quelque soit son lieu de résidence, son métier ou son niveau de revenu, s'est retrouvé soumis aux mêmes obligations. Le confinement représente ainsiuneoccasionhistoriquerared'étudierl'obéissanceetleconformisme vis-à-visdel'État. 55
Latransitionviraleinviteàréfléchirsurcetteétonnantecontradiction,où l'espace privé se transforme à la fois en dernier bastion des libertés et en un lieu de confinement. Cette vision prévoyante de l'urbaniste Paul Virilios'exprimedemanièrepercutante:
Lespouvoirspublicscherchentdésormaisàenfermerlesgenschezeux.56
54 Boulakia, Théo, et Nicolas Mariot. L’attestation : Une Expérience d’obéissance de Masse, Printemps2020.Anamosa,Septembre2023.
55 Idem
56 Entretiendansl’hebdomadaireLavie,7sept.2006.
«Alors, pourquoi parles-tu de renverser le gouvernement, qui te protège et te permet de faire des économies ? Tu as une femme, tu as une fille, tu te dois à elles avant tout. Tu serais coupable, si tu risquais leur bonheur. Il n'y a que les gens sans feu ni lieu qui veulent des coups de fusil. Tu n'entends pas être le dindon de la farce, peut-être ? Reste donc chez toi, grande bête, dors bien, mange bien, gagne de l'argent,aiela consciencetranquille, dis-toi quelaFrancesedébarbouilleratouteseule, si l'Empire la tracasse. Elle n'a pas besoin detoi,laFrance!»
LeVentredeParis,ÉmileZola
Presse
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«Fin du ‘‘Pass vaccinal’’ et du masque obligatoire.» L’article en lignesurgouvernement.fr,04mars2022,URL.
Lescurieux, Romain. «Déconfinement à Paris : Après les terrasses éphémères, quatre rues passent piétonnes… Jusqu’à devenirpermanentes?»20minutes,11June2020,17:01,URL
Menu, Margaux « Paris n’est pas une fête pour tout le monde »: dans le métro la nuit, les vies en sommeil des SDF», le 24 décembre2021à11h18,Libération,URL
«Lessans-abrischassésdutunneldesHalles»,le25juin2012à 05h02,surLeParisien,URL
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Arrêtémunicipaldu11juin2021portantrèglementdesétalages et terrasses installés sur la voie publique en intégrant les modifications issues des arrêtés du 18 mars 2022, du 29 mars 2022,du22avril2022etdu29juillet2022,accessibleparICI.
Règlement des Terrasses et Étalages, La Ville de Paris, en ligne ICI.
Arrêté n° 2020-00670 modifiant l’arrêté n° 2020-00666, 27 août 2020,URL