Gestion et technologie agricole

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CULTIVER LA P MOTION DE laR Oréussite L’A G R I C U LT U R E E N MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC

e e Jeudi 7 décembre 2023 | Volume 48 | 2 12 Numéro Numéro

PRODUCTION AVICOLE ET PORCINE

Élevage d’oies de pâturage : sur les ailes du succès!

Aussi dans cette édition : Entrevue avec François Nadeau, président des Éleveurs de porcs de la Montérégie ...................p. 8 L’IRDA dévoile les résultats d’une étude sur l’état de santé des sols agricoles ..............................p. 13 MAPAQ : les animaux de ferme, champions du recyclage des sous-produits alimentaires .........p. 16

CULTIVER la réussite


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L A P R O M O T I O N D E L’A G R I C U LT U R E E N M O N T É R É G I E E T A U C E N T R E - D U - Q U É B E C

PRODUCTION AVICOLE ET PORCINE

Une croissance annoncée pour Au Gîte des oies ché et de proposer de nouveaux produits m’animait certainement. L’an dernier, nous avons construit une volière automatisée de 6000 pi2 afin de préparer cette croissance. » Depuis sa reprise de la ferme, la production a ainsi doublé. « Et elle doublera à nouveau au cours de la prochaine année », confie Mme Barrou.

Yves RIVARD GTA

Depuis ses 38 acres d’aires d’élevage, de transformation alimentaire et de vente en boutique à Roxton Falls, la ferme Au Gîte des oies se présente comme une entreprise en croissance continue. Safia Barrou, propriétaire, nous parle plus bas des activités actuelles et futures de sa PME qui a récemment remporté le prix Clin d’œil à la relève au Gala Agricultrices du Québec, de même que le Prix Relève Alimentaire Québec de la Fondation Initia dans la catégorie Reprise d’entreprise, présenté par Investissement Québec. Rappel des faits : Safia Barrou acquiert en mai 2022 l’élevage d’oies en pâturage fondé en 2015 par Linda Lazure. « Je suis choyée d’avoir pris la relève de cette entreprise en compagnie de l’équipe d’Au Gîte des oies et de bénéficier du mentorat de Linda, révèle Mme Barrou. Si cet élevage était alors davantage un projet de retraite pour le couple fondateur qui ne cherchait pas la croissance à tout prix, l’objectif de développer davantage le mar-

Une approche écoresponsable

Au Gîte des oies est actuellement l’un des deux grands producteurs et transformateurs de produits d’oie de haute qualité au Québec. Ses méthodes et pratiques d’élevage en plein air sont rigoureuses et orientées selon une approche du bienêtre animal et de l’écoresponsabilité. Par exemple, en plus de permettre la revalorisation du fumier par ses partenaires producteurs, ses produits certifiés Aliments Québec n’utilisent aucun pesticide. « Le contrôle de la production s’effectue de l’œuf à la mise en marché des produits », note Mme Barrou.

Plaisirs de la table et de la découverte

La découverte de l’oie et de ses produits passe par différents types d’expérience, comme le souligne la propriétaire. « Plusieurs possibilités sont offertes au public : des découvertes éducatives pour les familles aux événements gastronomiques

ÉDITEUR : Benoit Chartier RÉDACTEUR EN CHEF : Martin Bourassa ADJOINTE À LA RÉDACTION : Annie Blanchette TEXTES ET COORDINATION : Yves Rivard CONTRÔLEUR : Monique Laliberté

DIRECTEUR DE LA PRODUCTION : Alex Carrière

PUBLIÉ PAR:

PUBLICITAIRES : Louise Beauregard Manon Brasseur Luc Desrosiers Linda Douville Miriam Houle Isabelle St-Sauveur

TÉL. : TÉLÉCOPIEUR : SITE WEB : COURRIEL :

DIRECTEUR DU TIRAGE : Pierre Charbonneau DIRECTEUR DE LA PUBLICITÉ : Guillaume Bédard

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conçus par notre chef à la ferme en passant par nos différents partenariats avec les épiceries fines et les restaurants. Les gens découvrent une viande rouge au goût assez raffiné, peu grasse, très tendre, proche du canard, un produit festif qui gagne en popularité. En Europe, par exemple, on l’utilise beaucoup pour remplacer la dinde. » Pour l’heure, l’entreprise commercialise l’oie selon différentes formules : pâtés,

terrines, rillettes, bouillons, charcuteries, cuisses confites, raviolis et autres. Bien que ses produits soient actuellement disponibles dans certains points de vente à Montréal, à Québec et à Sherbrooke de même qu’en Abitibi et au Saguenay, on les retrouve plus près de nous, notamment à Acton Vale (Érablière et vignoble Au Domaine du cap), à Granby (Boutique Oh Filon) et à SaintHyacinthe (Les Passions de Manon).

Quelques-uns des produits en vente à la boutique et sur les tablettes de plusieurs épiceries fines actuelles et à venir. Photo : Robert Gosselin I GTA.

26 500 exemplaires

450 773-6028 450 773-3115 www.dbc.ca admin@dbc.ca

Publié 12 fois par année par DBC Communications inc. 655, avenue Sainte-Anne, Saint-Hyacinthe, Québec J2S 5G4 Imprimé par Imprimerie Transcontinental SENC division Transmag, 10807, rue Mira­beau, Ville d’Anjou Québec H1J 1T7. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada Copyright® Tous droits réservés sur les textes et les photos. Les articles sont la responsabilité exclusive des auteurs. Prix d’abonnement : 1 an (taxes incluses)...............3500$ Poste publication - convention : PP40051633

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Certifié PEFC Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées PEFC/01-31-106

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Merci de recycler ce journal.

distribués dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe et par la poste aux producteurs agricoles dans les régions suivantes :

Montérégie-Est Montérégie-Ouest Centre-du-Québec Prochaine édition 11 janvier 2024 SPÉCIAL

Salon de l’agriculture

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Un aperçu des installations où s’affaire quotidiennement l’équipe d’Au Gîte des oies, qui a pignon à Roxton Falls. Photo : Robert Gosselin I GTA.

Safia Barrou, heureuse propriétaire de la ferme Au Gîte des oies, en compagnie d’Ahmed Sarni, directeur de production. Photo : Robert Gosselin I GTA.


Les Éleveurs de porcs du Québec adoptent une charte d’engagement envers l’équité et la diversité Les Éleveurs de porcs du Québec (ÉPQ) ont dévoilé, dans le cadre de leur assemblée semi-annuelle, leur engagement en matière d’équité, de diversité, et d’inclusion. Fruit d’une démarche qui reconnait les avantages de favoriser la mixité au sein de l’organisation, cet engagement témoigne la volonté des ÉPQ de réaliser une réflexion en profondeur et de s’inscrire en leader du mouvement au sein du milieu de l’agriculture.

En mode inclusif

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L’engagement adopté permettra aux Éleveurs de porcs de mettre en place les bases d’un plan d’action pour être proactifs en matière d’équité, de diversité et d’inclusion, alors que l’organisation a à cœur que le secteur se dote de pratiques justes, équitables, saines et respectueuses. L’engagement proposé au sein de la Charte est le suivant : • Les Éleveurs de porcs du Québec se joignent à ceux et celles qui demandent la fin de la discrimination et des préjugés fondés sur le sexe, l’orientation sexuelle et l’identité de genre, le handicap, la religion et l’ethnie. • Les Éleveurs de porcs du Québec s’engagent à défendre la diversité, l’équité et l’inclusion au sein du secteur porcin, afin de créer un environnement positif et inclusif qui mise sur l’acceptation des différences et valorise cellesci dans l’organisation. « Avec cette Charte, on vient définir clairement qu’il est important pour notre

organisation de s’assurer que tous et toutes y trouvent une place et puisse participer à sa vie associative. Notre premier plan d’action portera principalement sur la place des femmes au sein de nos instances. Nous avons 32 % de nos membres qui sont des femmes et cela doit se refléter au sein de nos instances démocratiques », confie le président des Éleveurs de porcs du Québec, Louis-Philippe Roy. Les ÉPQ reconnaissent ainsi que dans un contexte où la société de consommateurs et de consommatrices est de plus en plus diversifiée, que la main-d’œuvre suit également cette tendance et que peu de diversité est observée au sein des personnes impliquées dans l’organisation, il importe de s’engager en la matière. Parmi les autres actions qui seront mises en place prochainement, mentionnons l’instauration d’une politique de rédaction inclusive pour les communications de l’organisation, la mise à jour du site web avec une section EDI, ainsi que des articles visant à valoriser la diversité au sein de l’organisation.


Production avicole et porcine

La ferme Grenier Gardangeois opte pour la biométhanisation Christian Grenier et sa conjointe, Stéphanie Taylor, propriétaires de la ferme Grenier Gardangeois, qui exploite 13 sites disséminés autour de la municipalité d’Ange-Gardien, ont décidé de se lancer dans la production de gaz naturel agricole, produit sous l’appellation de biométhanisation. Cet agriculteur diplômé en agroéconomie et producteur de quatrième génération, qui donne dans l’élevage de porc, de poulet et dans la grande culture de maïs, de soya et de blé, a fait le choix de l’écoresponsabilité et de l’économie circulaire. « Bien que la situation actuelle de la production porcine soit actuellement très difficile, il n’y a pas de raison de ne pas continuer d’innover, explique d’entrée de jeu M. Grenier. Tout problème implique une solution en soi. C’est pourquoi, depuis 17 ans, la ferme possédait son usine de traitement de lisier de porc. Mais nous désirons aller plus loin et nous inscrire dans la mouvance de la nouvelle agriculture. Ce qui explique le projet de transformation de l’usine de traitement en usine de biométhanisation. »

implique également une entraide communautaire entre différents producteurs. Par exemple, certains de mes collègues producteurs contribueront en fournissant la matière première, en retour de quoi je leur retournerai de l’engrais riche en azote. Un bel échange local, loin des dangers des importations de lisier d’Europe. Il faut comprendre que l’autonomie alimentaire passe aussi par l’autonomie des intrants de production. Et que l’économie circulaire est certainement importante dans l’équation », note M. Grenier, qui fait écho au brûlant dossier de l’an dernier. « En produisant ce gaz naturel renouvelable propre, nous contribuons également à l’autonomie énergétique, poursuit-il. Peu importe la situation mondiale, il est possible de produire et de bénéficier d’une source d’énergie en tout temps. Il faut que tous les producteurs s’y mettent en évitant les modèles d’affaires des grandes corporations étrangères, notamment européennes, qui courtisent plusieurs de mes collègues en proposant des solutions qui se situent souvent loin des impératifs du développement local et de la réduction de l’empreinte carbone. Par exemple, elles s’approvisionnent en lisier se trouvant jusqu’à 50 km du point de traitement.

L’importance de l’énergie propre

Transformer la dépense en revenu

Yves RIVARD

GTA

Comme l’explique M. Grenier, ce projet l’intéresse depuis 2009, date à laquelle il termine son baccalauréat en agroéconomie. « À l’époque, le projet était moins attrayant vu le bas coût de l’électricité. Mais depuis les dernières années, vu les hausses de coût de toutes les énergies et la demande croissante pour l’énergie verte, la biométhanisation s’impose comme une solution de premier ordre. » Pour lui, il ne fait aucun doute que ce projet se définit comme écoresponsable, rémunérateur et rassembleur. « En plus d’atteindre les objectifs de lutte aux changements climatiques, cette démarche

Le traitement du lisier étant incontournable, il convient de choisir la meilleure solution. « Pour l’entreprise familiale, le traitement du lisier a toujours représenté une dépense. La biométhanisation vient changer la donne en permettant de créer une nouvelle source de revenus. Nous allons continuer de fournir de l’engrais aux producteurs de grandes cultures, rien ne changera à cet égard », indique Christian Grenier, qui ajoute du même souffle espérer voir la construction de l’usine de biométhanisation, au coût de quelques dizaines de millions de dollars, se concrétiser en 2024.

« La production pourrait ainsi débuter au cours de l’année 2025. Nous avons déjà une lettre d’entente avec Énergir, qui achètera l’intégralité du gaz naturel propre produit. Les installations multicuves devraient permettre le traitement annuel de 100 000 m3 d’intrants, dont 75 % de ceux-ci seront purement agricoles », souligne-t-il.

En matière d’acceptabilité sociale, le projet a reçu l’aval des résidents lors d’une rencontre citoyenne tenue en juin 2022. « Le maire, les conseillers, les représentants d’Énergir et plus d’une trentaine de citoyens concernés sont venus et ont posé des questions. Tout le monde s’est dit en faveur du projet », conclut M. Grenier.

Christian Grenier et sa conjointe, Stéphanie Taylor, visiblement heureux de contribuer à l’optimisation des méthodes et des pratiques de la production porcine. Photo : gracieuseté.

Avant

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Après


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ENTREVUE

Un pas de recul pour mieux avancer : le point avec les Éleveurs de porcs de la Montérégie Yves RIVARD

GTA

Depuis 1966, les Éleveurs de porcs du Québec soutiennent les éleveurs, en collaboration avec les acteurs de la filière porcine et du public, dans leur objectif commun d’optimiser les méthodes et les pratiques du milieu, d’assurer leur prospérité, de leur permettre de négocier collectivement les conditions de mise en marché de leur produit et de promouvoir le développement durable et l’innovation. François Nadeau, président des Éleveurs de porcs de la Montérégie et 2e vice-président des Éleveurs de porcs du Québec, a accepté de faire le point sur la situation actuelle. GTA : La production porcine vit présentement une période turbulente, pour laquelle la restructuration entière semble être l’unique solution. Au cours des dernières années, quels sont les principaux facteurs ayant créé à cet état des choses? François Nadeau : Je citerais d’emblée le contexte lié à la pandémie, qui a créé une grande instabilité au niveau des marchés internationaux, de même que la grève de cinq semaines chez Olymel, plus précisément à l’usine de ValléeJonction, qui a causé bien des bouleversements dans le milieu, notamment en matière d’engraissement, d’exportation

de porcs hors Québec, de transport, et donc de coûts reliés directement à cette situation. L’annonce de la fermeture de cette usine en avril dernier a contribué grandement à cette onde de choc ressentie par l’industrie. Il faut savoir que la force du Québec se trouve dans la valeur ajoutée des coupes de viande à destination des marchés internationaux effectuées par les employés. La réduction drastique des effectifs à cet égard a mis en péril cette distinction du Québec, bien qu’il ait fallu tenter de jouer davantage la carte de la diversité sur les marchés. L’instabilité du marché de la Chine a aussi influé sur la situation. La Chine est un bon acheteur, mais peut couper les ponts n’importe quand. Et c’est ce qui est arrivé. Les différentes crises diplomatiques n’ont pas aidé. Il faut noter que la Chine est un bon acheteur pour nos produits, car elle achète le « 5e quartier », une pièce de viande moins populaire dans d’autres marchés et qui maximise chaque vente. Le climat d’incertitude a aussi été causé par l’absence de plan officiel en matière de demandes des abattoirs. Olymel annonçait des coupures d’abattage, car elle était incapable de dégager une marge positive suffisante à l’international. Donc, pendant six mois, les éleveurs leur ont octroyé un rabais de 40 $ / 100 kilos, pour ensuite réviser le tout à

25 $ / 100 kilos lorsque les marges des usines se sont améliorées. Mais cela s’est traduit par l’annonce d’une nouvelle coupure aux producteurs de l’ordre de 850 000 têtes… La pression s’est ainsi accentuée sur les producteurs, qui travaillent avec du vivant, et non des matériaux qu’on peut stocker. GTA : Puis, pour éviter l’arbitrage et accélérer les négociations, l’exministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, devient conciliateur entre les Éleveurs de porcs du Québec et les Acheteurs... F.N. : Exact. Le 15 avril 2023, une nouvelle entente est intervenue sur les structures de prix. Si elle s’avère actuellement moins intéressante que celles signées dans d’autres provinces canadiennes, il faut savoir que chaque année d’ici 2026, la formule de prix sera ajustée. De plus, elle permet un meilleur partage des risques et des bénéfices liés à la mise en marché. Il est prévu que le prix de base, fixé au cours de la première année de la convention, correspondra à 85 % de la valeur reconstituée d’une carcasse de porc et transitera vers 88 % au début de la troisième année, soit 2026. La formule prévoit un prix de base bonifié par un complément de prix selon les profits du secteur Porcs frais Est générés par Olymel. Les autres acheteurs paieront un complément de prix égal.

«

prochaines années, qui n’ont pas de relève, qui doivent investir massivement dans leurs installations en vue d’une mise aux normes BEA ou de rénovation de bâtiments vétustes. Les entreprises visées doivent répondre aux critères suivants : avoir été en production depuis janvier 2022 jusqu’au 31 décembre 2022 pour les maternités, les pouponnières et les engraissements; ne pas avoir déposé de cession de faillite, accepter d’arrêter la production porcine pendant au moins cinq ans et ne pas agrandir le cheptel pour les prochains cinq ans. Une enveloppe de 80 M$ est dédiée au programme de retrait de la production, un processus confidentiel et exécuté par une firme d’audit externe. Pour l’heure, 262 producteurs ont rempli la demande pour quitter la production. De ce nombre, 60 ont déjà été acceptés. L’objectif pour le début du 3e trimestre 2024 est de réduire la production de 9 %.

L’avenir, à court terme

GTA : Une fois la production ramenée au taux fixé, quelle sera la suite des choses? F.N. : Entre autres choses, nous entendons mettre à jour les normes liées au bien-être animal dans les bâtiments de finition d’engraissement. Selon les normes 2029, on parle de 8 pi2, soit celles adoptées par les grandes entreprises. Ce qui est positif pour l’industrie. Si les marchés sont bons, nous espérons que la clause de partage des profits pourra s’appliquer.

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Une enveloppe de 80 M$ est dédiée au programme de retrait de la production, un processus confidentiel et exécuté par une firme d’audit externe. Pour l’heure, 262 producteurs ont rempli la demande pour quitter la production. De ce nombre, 60 ont déjà été acceptés. L’objectif pour le début du 3e trimestre 2024 est de réduire la production de 9 %. Objectif : réduction

François Nadeau, président des Éleveurs de porcs de la Montérégie. Photo : gracieuseté.

GTA : Qu’en est-il de la réduction de la production? F.N. : Les éleveurs et les acheteurs ont conclu différentes ententes visant à assurer un écoulement de la production porcine québécoise en attendant que les processus implantés par les Éleveurs portent fruit. Afin de minimiser les effets de cette réduction de production pour les producteurs québécois, Olymel devrait cesser d’acheter des porcs en provenance de l’Ontario. Aux dernières nouvelles, selon l’entente, la production québécoise à destination des usines Olymel devra être réduite de 624 000 porcs d’ici le 14 janvier 2024. Pour le reste, la procédure est incluse dans le Programme de retrait de la production. Entre autres, le programme vise principalement les propriétaires de bâtiments depuis le 1er janvier 2022 qui ne pensent pas rester en production au cours des cinq

»

GTA : Croyez-vous que la technologie soit la solution, ou une partie de la solution, pour venir en aide aux producteurs aux prises avec la pénurie de main-d’œuvre et les impératifs de retour à la pleine rentabilité et au positionnement à l’échelle internationale? F.N. : Bien qu’il y ait plusieurs travailleurs étrangers temporaires qui viennent contribuer au bon roulement des opérations, la ferme intelligente est certainement une solution à bien des problèmes. L’intelligence artificielle d’utilisation domestique et industrielle pourrait certainement générer des avantages pour les producteurs et les abattoirs.Toutefois, ces technologies demandent des investissements souvent importants. Après deux années particulièrement difficiles, les marges recensées viennent parfois ralentir les démarches des producteurs, qui sont très intéressés par ces possibilités.


Collectif en formation agricole de la Montérégie

La transformation des produits de l’érable VALÉRIE PLANTE, agente en formation agricole

Alors que l’automne est bien entamé, les productrices et producteurs acéricoles se préparent pour le prochain hiver. Mais pourquoi se contenter de seulement mettre en canne le fruit de leur labeur alors qu’il est possible de transformer le sirop d’érable? Grâce à l’initiative des Producteurs et productrices acéricoles de Montérégie-Est et de Montérégie-Ouest, une série de trois formations est offerte dans chaque région aux personnes intéressées à apprendre à modifier le sirop d’érable pour en obtenir de douces sucreries qui sauront réconforter pendant la froideur de l’hiver. Ces formations, soient

transformation des produits de l’érable (cours de base), transformation des produits de l’érable (je réussis mes ratés) et transformation des produits de l’érable (cours avancé), ont eu lieu en novembre dernier ou seront offertes en janvier et février 2024. Afin d’obtenir des produits de qualité, il est nécessaire de se garder à jour au niveau des techniques de production. Le Centre ACER, en collaboration avec les Producteurs et productrices acéricoles du Québec, offre des formations sur l’utilisation et la calibration des instruments de mesure utilisés en acériculture, la salubrité et l’assainissement pour améliorer le rendement et la qualité du sirop d’érable. En Montérégie, ces formations auront lieu

en janvier et février 2024. Par ailleurs, Parcours formation se spécialise en acériculture, de l’aménagement acérico-forestier, l’installation de la tubulure et l’entaillage des érables jusqu’à l’évaporation de la sève. À faible coût, ces formations sont aussi offertes au début de l’année 2024. Le secteur des oiseaux fermiers au Québec comprend 76 fermes productrices de canards et d’oie. La province est la seule productrice de foie gras au Canada, et la principale province qui exporte des canards à l’international. De plus, c’est en Montérégie où se trouvent le plus d’éleveurs d’oiseaux fermiers, soit 49 % des producteurs. L’association des éleveurs de canards et d’oie du Québec, qui regroupe et repré-

sente les producteurs d’oiseaux fermiers, s’assure de promouvoir l’industrie par sa nouvelle initiative Quanard. Elle consiste à faciliter le repérage en épicerie des produits dérivés de canards élevés et transformés au Québec à l’aide d’une étiquette apposée sur ceux-ci. Par ailleurs, l’association met à la disposition des producteurs de canards un guide pour l’élevage des canards, et le CRAAQ, des fiches synthèses sur les oiseaux fermiers. Pour avoir plus d’information sur l’offre variée en formations agricoles en Montérégie, consultez le catalogue des formations U+ sur le site uplus.upa.qc.ca ou Valérie Plante au 450 454-5115 au poste 6286 ou par courriel : vplante@upa.qc.ca.

de recherches de solutions. Les participantes repartent avec des outils concrets pour gérer les ressources humaines au sein de l’entreprise agricole : guide d’entrevue, guide de l’employé, échelle salariale, …

amène son lot de défis. Discussions, réflexions et identifications de pistes de solutions permettront aux participants d’avoir plus de plaisir au travail, de siffler en travaillant, d’être plus efficace et de maintenir les relations familiales harmonieuses. Une autre situation en gestion des ressources humaines vous cause des ennuis? Parlez-en avec votre répondante en formation agricole. Pour le Centre-du-Québec, Guylaine Martin au 819 758-6401 poste 2702, gmartin@formationagricole.com .

Collectif en formation agricole Centre-du-Québec

Siffler en travaillant GUYLAINE MARTIN AGR.

Répondante en formation agricole

Quand on siffle en travaillant, c’est que tout va bien. Après la météo et les bris mécaniques hors de notre contrôle, ce qui peut nous empêcher de siffler certains jours, ce sont les relations difficiles avec les membres de l’équipe de la ferme. Mieux communiquer, cela s’apprend. Une belle offre de formations en gestion des

ressources humaines est en préparation. Elles sont toutes accessibles en ligne.

Codévelopper entre femmes agricultrices

Le 17 janvier à 9h30, la formatrice, Valérie Côté, attend son groupe de femmes agricultrices dans le cadre de la formation A-Tribu. La formule retenue est le codéveloppement où un peu de théorie s’entremêle avec beaucoup de partages d’expériences vécues et

Codévelopper en petit groupe

De janvier à avril 2024, Isabelle Éthier et Jean-Christophe Durand animeront des petits groupes de codéveloppement sur les enjeux du travail en contexte familial. Travailler avec les membres de sa famille

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IQDHO

Colloque IQDHO 2024 : le plus important rassemblement technique de l’industrie de l’horticulture ornementale

GILBERT BILODEAU, agr., M.Sc., conseiller en serriculture, IQDHO

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L’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale (IQDHO) est un centre d’expertise unique au Québec. Dédié aux entreprises de serres, de pépinières, de gazonnières, de jardineries ainsi qu’à tous les autres intervenants du milieu horticole ornemental, l’IQDHO offre des services spécialisés en conseil, en développement des compétences, en gestion et en diffusion des connaissances et exécute des projets en recherche et développement. Depuis sa création en 1990, l’IQDHO a toujours organisé des journées de transfert technique dans le but de favoriser le développement des connaissances des différents acteurs du milieu, qu’ils soient producteurs, enseignants ou encore conseillers ou représentants commerciaux, par exemple. Ces journées peuvent prendre différents formats : cours complet sur un sujet précis dispensé par un expert de

l’équipe, activité de démonstration en entreprise, webinaires techniques, journée de discussions et d’échanges entre producteurs, etc. Mais les journées qui attirent le plus grand nombre de participants et qui ont fait la renommée de l’IQDHO en tant qu’organisme de haut niveau sont définitivement les journées de conférences auxquelles des experts du Québec et de l’extérieur sont invités à parler et partager leur expertise. Un service de traduction simultanée permet aux spectateurs qui sont moins à l’aise avec l’anglais de bien suivre les exposés. À leurs débuts, les colloques de l’IQDHO se déroulaient sur deux jours. Les sujets touchant la production en serre alternaient une année sur deux avec ceux de la pépinière. La formule a évolué pour maintenant présenter simultanément, la même journée et à chaque année, des conférences sur la serre et des conférences sur la pépinière. Les conférences ont lieu en même temps dans des salles distinctes.

Le grand événement

C’est donc le 1er février 2024 qu’aura lieu la 3e édition du Colloque IQDHO. Cet événement unique qui est le rendez-vous technique le plus important de l’industrie de l’horticulture ornementale se tiendra à nouveau à Drummondville, mais il sera

possible pour la première fois d’y assister par webdiffusion (sauf pour les conférences sur la production de cannabis). Lors de cette journée, l’IQDHO offre une programmation de près de 25 conférences. Les conférences portent sur les thèmes suivants : production en serre, production en pépinière, production de cannabis et sujets communs. Les conférences de chacun de ces thèmes sont présentées dans une salle distincte. L’inscription permet aux participants d’assister aux conférences dans l’une ou l’autre des 3 salles, selon leur intérêt.

• Les derniers développements des connaissances sur le scarabée japonais • La production complète du Begonia • Des conférences sur le cannabis

Au programme

Accréditation

Les sujets des conférences sont variés et en voici quelques exemples : • Nouvelles techniques de production et nouveaux équipements en serre et en pépinière • Résultats des projets d’innovation de l’IQDHO quant au contrôle des thrips et des pucerons • Innovation en éclairage en serre tant pour l’ornemental que pour le cannabis • La production et la culture de Mandevilla, de A à Z • La présence de thrips exotiques au Québec • Comment bien choisir ses lampes DEL • Tout savoir sur la conception d’un étang d’irrigation • Les défis d’optimiser le contenu en matière organique du sol en pépinière • L’évolution dans le temps du terreau en contenant en pépinière • Les bénéfices des jachères

Crédit : IQDHO.

Le rassemblement technique le plus important de l’industrie de l’horticulture ornementale

Colloque IQDHO 2024 Drummondville, 1er février

Comme on peut le constater, cette journée s’adresse à tous les professionnels de l’industrie, qu’ils soient producteurs, détaillants, fournisseurs, conseillers ou autres. L’activité est habituellement accréditée en tant que formation continue auprès de l’Ordre des agronomes du Québec. Nous sommes actuellement en attente de cette accréditation. Pour plus d’information, consultez le calendrier de l’IQDHO au https:// iqdho.com/calendrier/ L’IQDHO, l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale, est un centre d’expertise unique au Québec. Pour plus de détails sur l’institut, voici ces coordonnées : 3230, rue Sicotte, Bureau E-307 Saint-Hyacinthe, QC J2S 2M2 info@iqdho.com www.iqdho.com


Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 7 décembre 2023 - 11


Développement durable : un outil de croissance accessible à tous

Saviez-vous que...

Le développement durable est défini comme un développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.

à la portée d’entreprises de toutes les tailles. Pour aller plus loin et adopter une démarche plus complète, vous pouvez obtenir de l’accompagnement auprès d’organismes locaux dans l’élaboration d’un plan de développement durable. Ils vous aideront à lancer la réflexion et à obtenir des résultats tangibles à la portée des petites entreprises. KIM DESPRÉS,

répondante en relève et conseillère en transformation alimentaire, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

JULIE CHABOT,

conseillère en transformation alimentaire, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Le développement durable est sur toutes les lèvres. Ce concept peut vous sembler nébuleux et intimidant, mais lorsque vous êtes bien outillé, c’est plus simple que vous le croyez. Il y a plusieurs avantages à mettre en place des initiatives de développement durable au sein de votre entreprise. Parmi les plus évidents : - L’intérêt indéniable de la clientèle pour les entreprises responsables. - L’accès au financement, qui s’ouvre aux organisations durables. - La fidélité des employés, qui est fortement influencée par la durabilité de l’organisation. - Les gains économiques importants, en revoyant la consommation des ressources (énergie, intrants, etc.). - La rentabilité des investissements, selon la conclusion de plusieurs études.

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Trois dimensions du développement durable

Pour apprivoiser le concept de développement durable, il importe de connaître ses trois dimensions indissociables : - Économique : sa finalité réside dans l’absence de tout gaspillage de ressources pour maximiser le bien-être des générations. - Sociale : sa finalité est d’assurer un accès équitable aux ressources pour les générations actuelles et à venir. - Environnementale : sa finalité a trait à la gestion des ressources naturelles et à la préservation de leur qualité pour assurer leur permanence. Pour la moyenne et la grande entreprise, il semble plus facile d’intégrer les concepts du développement durable à travers les politiques et les procédures existantes. Pour la petite entreprise, qui n’a souvent que peu de pratiques documentées, il peut s’avérer fastidieux d’entreprendre une démarche d’analyse. Pourtant, des actions sont probablement déjà en place. Une première étape simple est d’en dresser la liste.

Attention à l’écoblanchiment

L’écoblanchiment consiste à promouvoir un produit ou une entreprise en mettant en valeur le recours à des pratiques exemplaires en développement durable alors que ce n’est pas le cas. Cette stratégie vise à influencer la perception des consommateurs pour conclure des ventes ou augmenter le prix de vente. Bien qu’il soit souhaitable de faire savoir à sa clientèle et à ses fournisseurs qu’une stratégie de développement durable a été mise en action, il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège de l’écoblanchiment. Il est important d’utiliser des propos justes et de communiquer l’engagement écoresponsable de l’entreprise et des produits à bon escient. Si les entrepreneurs veulent atténuer les risques et prendre position en vue de la croissance future de leur entreprise, le développement durable devra être placé au cœur de leurs stratégies. Vaut mieux commencer, dès maintenant, un pas à la fois. À l’aube de 2024, que mettrez-vous en place pour la prochaine année?

Tableau : Exemples d’actions à réaliser, dans certains contextes agroalimentaires, selon les trois dimensions du développement durable Dimension économique

Dimension environnementale

Dimension sociale

Transformation

• Privilégier l’équipement d’occasion et la remise à niveau. • Identifier les sources de gaspillage. • Valoriser les résidus en les utilisant ou en les revendant.

• Choisir un emballage écoresponsable. • Favoriser l’approvisionnement de proximité. • Réduire l’utilisation d’eau.

• Créer un partenariat avec un organisme de glanage. • Favoriser la conciliation travail-famille, au bénéfice des employés. • S’impliquer auprès de la collectivité.

Agrotourisme

• Remplacer les systèmes d’éclairage par la lumière DEL. • Utiliser la ventilation naturelle lorsque possible. • Utiliser des supports numériques (codes QR, panneaux d’interprétation, site Internet, etc.).

• Offrir des stations de remplissage pour les bouteilles d’eau. • Favoriser l’utilisation de contenants et de sacs réutilisables. • Installer une borne de recharge pour véhicule électrique.

• Prévoir l’aménagement du site avec une accessibilité inclusive. • Sensibiliser les visiteurs aux efforts de production pour les encourager à ne pas gaspiller. • Créer un partenariat avec d’autres producteurs locaux.

• Réduire la quantité d’emballage. • Optimiser les routes de distribution. • Définir les segments de consommateurs écologistes et conscientisés pour répondre efficacement à leurs besoins.

• Favoriser le numérique lorsque possible. • Opter pour des matériaux facilement recyclables. • Développer une formule de commercialisation pour les produits imparfaits.

• Promouvoir ses produits dans les marchés locaux. • Choisir des partenaires commerciaux engagés. • Éduquer le consommateur sur l’usage responsable du produit, y compris la façon de jeter l’emballage.

• Augmenter sa conscience d’utilisation des ressources et réduire leur utilisation (énergie, eau, etc.). • Opter pour le partage d’équipements. • Prévoir au budget un poste de dépenses pour la mise en œuvre de projets de développement durable.

• Offrir des stations de tri des déchets (déchets, recyclage, compostage). • Installer des nichoirs pour prédateurs naturels. • Activer l’option recto verso des photocopieurs et des imprimantes. • Inciter les employés à choisir d’autres modes de déplacement que la voiture pour se rendre au travail.

• Évaluer l’embauche de personnes issues d’une minorité visible ou de personnes ayant des besoins particuliers. • Faire participer les employés à la mise en œuvre d’actions de développement durable. • Se former au développement durable.

Mise en marché

Préparer l’entreprise pour l’avenir

Dans le tableau ci-contre, vous trouverez quelques exemples d’actions selon les trois dimensions du développement durable. Ils vous permettront de commencer une réflexion. L’acquisition de bons réflexes et de bonnes habitudes est

Crédit photo : Éric Labonté (MAPAQ).

Autres


Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 7 décembre 2023 - 13


IRDA

L’IRDA dévoile les résultats d’une vaste étude sur l’état de santé des sols agricoles du Québec Les principaux constats de l’état des sols du Québec méridional

MARC-OLIVIER GASSER,

chercheur en conservation des sols et de l’eau

JEAN-BENOÎT MATHIEU,

professionnel de recherche en conservation des sols et de l’eau

Les sols constituent une ressource des plus précieuses pour les producteurs, mais les superficies à bon potentiel agricole ne représentent que 2 % du territoire du Québec et sont soumises à de fortes pressions. Depuis plusieurs années, de nombreux intervenants se questionnent sur l’état de santé des sols, le dernier inventaire ayant été réalisé il y a plus de trente ans. Le MAPAQ a mandaté l’IRDA pour diagnostiquer l’état de santé des sols des principales régions agricoles du Québec à l’orée de 2020. Les propriétés pédologiques, biologiques et physico-chimiques des sols ont été relevées dans des champs cultivés et comparées à des sols témoins chez près de 400 producteurs.

Les sols des régions de la plaine de Montréal et du Centre-du-Québec révèlent un état de dégradation plus avancé. L’augmentation de la masse volumique apparente (MVA) qui témoigne de la compaction du sol, est le phénomène de dégradation physique le plus souvent enregistré, affectant tous les sols en surface. La macroporosité, le volume de sol occupé par l’air, est plus faible en profondeur dans les sols argileux, loameux et les tills ; ce qui entraîne des problèmes de diffusion des gaz et d’écoulement d’eau, les rendant ainsi plus vulnérables aux épisodes de sécheresse et de fortes précipitations comme en 2023. La teneur en matière organique du sol (MOS) a diminué dans tous les types de sols depuis 1990. Elle demeure inférieure à 4 % dans les sols sableux, mais elle a diminué de façon plus marquée dans les tills. Cette situation est à surveiller de près puisque les teneurs en MOS sont déjà à un niveau plus faible en Montérégie et au Centre du Québec du fait du climat plus chaud et de la prépondérance des cultures annuelles. La capacité des sols à minéraliser de l’azote diminue avec ces baisses de MOS. L’étude a aussi évalué l’effet des pratiques agricoles sur la santé des sols. La présence d’une culture pérenne dans une

rotation de cinq ans permet d’augmenter significativement la teneur en MOS de l’horizon de surface et a un effet encore plus marqué sur la capacité du sol à minéraliser de l’azote, rendant les cultures moins dépendantes aux apports d’engrais. Concernant le travail du sol, les effets sont plus nuancés. Même s’il est vrai que la réduction de l’intensité du travail permet d’accumuler plus de MOS dans les sols en surface du fait de la présence de résidus de culture, peu d’effets ont été notés sur les propriétés physiques. L’indice du risque de compaction, un indice créé en calculant le cumul du poids de la machinerie et du

nombre de passages de celle-ci, semble avoir plus d’effet sur la MVA et la macroporosité, et ce jusqu’en profondeur. Les détails de cette étude se retrouvent dans 5 rapports disponibles sur le site web de l’IRDA. Vous y trouverez le détail des propriétés de chaque groupe de séries de sols. Il suffit de scanner le code QR lié à cet article.

Crédit photo : IRDA.

Intégrer l’approche Une seule santé dans les activités de R&D équipes de recherche en génie agroenvironnemental de l’IRDA s’entourent de collaborateurs externes afin d’assurer à la fois le respect de la santé du travailleur, la santé des animaux et la santé de l’environnement lors du développement de nouvelles pratiques, de nouveaux bâtiments, ou encore de nouvelles technologies. STÉPHANE GODBOUT,

14 - Jeudi 7 décembre 2023 - Gestion et Technologie Agricoles

chercheur en génie agroenvironnemental

VINCENT PELLETIER,

directeur adjoint R&D du pôle Pratiques agricoles

Bien que le concept « Une seule santé » ait été introduit au début des années 2000 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce n’est qu’il y a quelques années que cette approche a réellement été intégrée dans les activités de recherche en agroenvironnement au Québec.

Une seule santé, mais pourquoi?

D’une part, il y a les changements climatiques qui sont observés depuis plusieurs années à l’échelle mondiale. Cela comprend une accentuation des phénomènes extrêmes, tels que les canicules, entrainant ainsi la nécessité d’y adapter la production animale.

Une seule santé, qu’est-ce que c’est?

L’objectif est de considérer de façon globale les risques pour la santé humaine, la santé animale (animaux domestiques, d’élevage et sauvages) et la santé des écosystèmes. Il est donc primordial de prendre en considération ces trois domaines de façon holistique lors de la réalisation de projets de recherche. Par conséquent, les

Photo crédit : IRDA.

D’autre part, il y a de nouvelles normes pour le bien-être animal en élevage qui imposent également des changements afin de permettre plus de mouvement aux animaux et des accès à l’extérieur. Ceci affecte toutefois négativement la qualité de l’air et, par ricochet, la santé humaine et de l’environnement. Ces changements engendrent une pression supplémentaire sur les pratiques en élevage et imposent de considérer la santé du travailleur, la santé animale et la santé environnementale comme étant un tout interconnecté.

Quelques chiffres

Selon l’OMSA et la FAO, plus de 20 % des pertes mondiales en élevage sont liées

aux maladies animales, privant notamment les communautés agricoles d’importants revenus. Alors que les activités humaines ont profondément modifié 75 % des écosystèmes terrestres et que les humains et leurs troupeaux sont plus susceptibles d’être confrontés à la faune sauvage dans les zones où plus de 25 % de la couverture forestière originelle a disparu, plus de 75 % des maladies infectieuses humaines émergentes ont une origine animale. La récente pandémie causée par un virus d’origine animale impose d’autant plus la pertinence du concept Une seule santé.

Un premier symposium sur le sujet

C’est dans cet état d’esprit que l’IRDA a organisé, à Deschambault, au mois de septembre 2023 un premier symposium sur le concept Une seule santé. Les participants ont pu assister à la présentation des résultats d’un projet collaboratif sur les poules pondeuses impliquant à la fois des chercheurs du centre de recherche de l’Institut universitaire en cardiologie et pneumologie de Québec (IUCPQ), de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, de la Faculté de médecine vétérinaire l’Université de Montréal ainsi que de l’IRDA. Il y a fort à parier que ce n’est que le début de l’intégration de ce concept dans nos activités de recherche!


L’ATA VOUS INFORME

Attrapeur de poulet, d’hier à aujourd’hui “Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire carrière dans le domaine agroalimentaire. J’ai travaillé de l’âge de 13 à 18 ans comme ouvrier agricole sur une ferme laitière et sur une ferme de bovins de boucherie. Dans cette même période, j’ai aussi eu une double vie, en voici le récit... Nous entendons parler à l’occasion aux nouvelles de ce métier qu’est celui d’attrapeur de poulet. Dans le monde avicole, tout le monde sait à quoi on fait référence. J’aimerais vous partager dans ce texte mon expérience vécue entre 1975 et 1979 comme attrapeur de poulet. J’ai eu la charge d’une équipe qui était embauchée par l’abattoir ROVCO de SaintRoch- des Aulnaies. On allait à l’école le jour et 2-3 nuits par semaine, on recevait nos instructions pour savoir où se rendre (grande région de Chaudière-Appalaches et Bas Saint-Laurent) afin de vider les planchers de poulaillers. On pouvait attraper jusqu’à 10 000 poulets dans une nuit à 7 personnes. C’est un travail très dur et on devait tous être en forme pour exécuter cette tâche. Ces souvenirs sont encore gravés dans ma mémoire. À chaque soirée de travail, nous étions excités de partir entassées dans la voiture du propriétaire de l’abattoir pour offrir nos services. Étonnamment, j’avais une liste de noms d’adolescents qui voulaient vivre cette expérience. On était fier d’effectuer ce travail; dans notre tête, on formait une équipe soudée et à chaque soirée de travail, on était en mission. Nous nous avions fait faire des chandails avec un dessin de poulet et la mention « équipe de chargement de poulet ROVCO ». À la polyvalente, tout le monde au début nous

posait la question « c’est quoi une équipe de chargeurs de poulet? » Sans le savoir, on faisait la promotion du métier et plusieurs étudiants voulaient vivre cette expérience. Nous avions même repris le refrain d’une chanson disco populaire de KC and the Sunshine Band « Shake, Shake, Shake » (voir le lien ci-dessous) et remplacé les mots par « Ship, Ship, Ship, Ship des poulets.» C’était notre cri de ralliement. Nous avons vécu tellement d’anecdotes que je ne peux pas toutes vous les énumérer. Mais, il y a celles-ci : Accident de voiture, tempêtes de neiges forçant des nuits de sommeil dans le poulailler, se perdre dans les rangs, affronter un chien enragé et dormir débout à l’école le lendemain d’une nuit de dur labeur. Aujourd’hui, ce sont des travailleurs étrangers qui exécutent cette tâche, car les travailleurs locaux ne veulent plus la faire, comme bien d’autres tâches agricoles d’ailleurs. Pour ma part, j’ai fait mes études en phytotechnologie à l’ITA, campus de La Pocatière. Je suis technologue professionnel et je m’implique depuis 30 ans dans l’Association des technologues en agroalimentaire (l’ATA). Comme à l’époque où j’étais attrapeur de poulet, j’ai la même fierté et la même motivation dans mon métier à défendre les intérêts de notre profession et d’en faire la promotion. Le métier d’attrapeur de poulet m’a forgé, m’a endurci, m’a appris à me débrouiller et chercher des solutions face à un problème et aussi à gérer du personnel. Quelle belle école ce fut dans ma vie. ” Lien de la chanson : www. youtube.com/watch?v=aqoDrWXnld0

Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 7 décembre 2023 - 15

Vincent Giasson, directeur agricole chez Lassonde. Photo : courtoisie.


Les animaux de ferme, champions du recyclage des sous-produits alimentaires! LES AGRONOMES DU COMITÉ DES PRATIQUES RESPONSABLES EN PRODUCTIONS ANIMALES MAPAQ

D’après vous, est-ce que les bovins d’élevage mangent des patates? Étonnamment, les pommes de terre peuvent bien faire partie de leur alimentation! Les animaux de la ferme sont en mesure de consommer différents résidus provenant de la préparation d’aliments destinés aux humains. On parle alors de « valorisation » de coproduits ou de sousproduits alimentaires : ce qui aurait pu devenir des déchets devient plutôt une source de nutriments pour les animaux.

Production animale responsable

Pouvez-vous imaginer la quantité de déchets que génère la transformation de vos aliments? Pensons aux résidus de la fabrication de la bière et des huiles ou à ceux du traitement des céréales. On peut aussi penser aux produits qui ne se rendent pas jusqu’à vous, comme des légumes difformes ou des invendus. C’est ce qu’on appelle des « sous-produits ». Sachez qu’une partie d’entre eux réussit à trouver preneur! Ils constituent de bons apports en énergie, en protéines et en minéraux pour les animaux d’élevage. Ce recyclage permet de redonner de la valeur à des tonnes d’aliments. On contri-

bue ainsi à réduire le gaspillage alimentaire et les coûts d’alimentation pour les agriculteurs. Chaque année, au Québec, on détourne de cette façon des tonnes d’aliments qui, sans cela, seraient parties vers le dépotoir.

Exemples : oléagineux et céréales

Le tourteau, vous connaissez? Il s’agit du résidu solide qu’on obtient lors du traitement des graines et des fruits oléagineux pour en extraire de l’huile, comme le soya, le canola et le tournesol. Les tourteaux sont intéressants pour l’animal parce qu’ils sont riches en protéines. Par exemple, le tourteau de canola contient 44 % de protéines, alors que le soya en a 40 %. Les tourteaux de tournesol (34 %) et de lin (32 %) sont aussi de bonnes sources de protéines. On peut aussi incorporer des sousproduits de la transformation des céréales dans la ration animale. La fabrication de la farine de blé, par exemple, engendre des particules de son et de farine nommées « gru de blé ». Tout comme nous, les animaux de la ferme ont besoin de fibres et le gru en contient beaucoup! La bière est très à la mode ces dernières années au Québec. Sa fabrication génère des résidus, les drèches : il s’agit des éléments solides qui restent lors du brassage, après la fermentation de l’orge, du blé ou d’autres céréales. Les drèches sont très nutritives et peuvent

profiter tant aux bovins qu’aux ovins, aux porcs et aux volailles.

Et les légumes moches?

Oui, les animaux d’élevage peuvent manger des légumes moches! On peut leur offrir des légumes déclassés ou en surplus, comme des pommes de terre abîmées ou jugées non conformes lors du classement, mais tout à fait sains pour les animaux. La nourriture des bêtes pourra aussi contenir des carottes, des restes de maïs sucré, des navets et des pommes ou encore des sous-produits de conserveries.

Sous-produits bien pensés

Il ne faudrait pas croire qu’on ajoute n’importe quoi dans l’alimentation des animaux d’élevage. Tout comme les produits de base sont régis par des normes strictes de fabrication, leurs sous-produits le sont tout autant! Utilisés comme source d’énergie, ils rendent les rations appétissantes et digestes pour les bêtes. Par exemple, on utilise parfois des sousproduits de boulangerie déshydratés, constitués de pain, craquelins et pâtes dans l’alimentation des animaux. Par ailleurs, l’ajout de sous-produits dans l’alimentation animale ne se fait pas à la légère. Tout est contrôlé par un professionnel dont c’est la spécialité. C’est un agronome qui établit la ration totale des animaux pour qu’elle réponde à leurs

besoins. Les sous-produits représentent seulement une partie de la ration. Ils peuvent être accompagnés de fourrage, de grains, de vitamines et de minéraux pour que chaque espèce animale reçoive une alimentation complète.

Lutte au gaspillage

L’utilisation des sous-produits est donc utile, autant pour les agriculteurs que pour la société québécoise. Les éleveurs du Québec et leurs bêtes valorisent une grande quantité de résidus alimentaires qui seraient, sinon, perdus. Ils sont des champions de la lutte au gaspillage et participent au développement d’une société plus responsable.

Crédit photo : Éric Labonté (MAPAQ).

16 - Jeudi 7 décembre 2023 - Gestion et Technologie Agricoles

Journées acéricoles de la Montérégie : vers une acériculture durable Le 16 janvier prochain, participez au retour en salle de la Journée acéricole de la Montérégie qui se tiendra au Club de golf Saint-Hyacinthe. Les organisateurs vous réservent un programme axé sur la santé et la durabilité de votre érablière. Il sera notamment question de conservation et d’entreposage de la sève, de qualité du sirop d’érable, de programmes d’assurance en production acéricole et d’adaptation des entreprises aux nouvelles technologies et aux changements climatiques.

Vous pourrez également visiter des kiosques intéressants sur place et découvrir les technologies et équipements acéricoles les plus récents.

La programmation :

• Programmes d’assurance et de protection en acériculture Amélia Giroux-Gagné, Coordonnatrice en assurance agricole et protection du revenu, La Financière agricole du Québec • Aléas climatiques, ravageurs et nouvelles technologies : que faire?

M. Rock Ouimet, ingénieur forestier, Ph. D., chercheur en pédologie et nutrition des forêts, ministère des Ressources naturelles et des Forêts • Meilleures pratiques d’entaillage et de désentaillage M. Sylvain Mailloux, conseiller acéricole, Réseau Agriconseils Montérégie • Microbes à l’origine des sirops d’érable acides et filants M. Luc Lagacé, microbiologiste, Ph. D., Centre ACER Mme Marie Filteau, Ph. D., Université Laval

• Conservation et entreposage de la sève M. Joël Boutin, technicien agricole, formateur en production acéricole, Centre de formation agricole Saint-Anselme, et conseiller acéricole, Club d’encadrement technique acéricole des Appalaches

Soyez des nôtres!

Pour plus d’information, consultez le www. quebec.ca/agriculture-environnementet-ressources-naturelles/agriculture/ calendrier-evenements-bioalimentaires/ journee-acericole-de-la-monteregie.


Les Producteurs de bovins du Québec dévoilent la nouvelle certification Bœuf du Québec Les Producteurs de bovins du Québec (PBQ) et ses partenaires sont fiers de travailler ensemble pour offrir aux Québécoises et aux Québécois du bœuf de qualité grâce à une toute nouvelle certification collective « Bœuf du Québec ». La certification sera visible en épicerie, notamment grâce à un engagement de Sobeys à offrir des produits certifiés dans les semaines à venir. Elle continuera également de se déployer sur une vaste variété de produits de bœuf à la grandeur du Québec grâce à l’engagement du Groupe ADEL, qui opère une usine de transformation à Sainte-Luce, au Bas-Saint-Laurent. Bœuf du Québec est une certification collective soutenue par plus de 12 000 producteurs, garantissant une viande bovine provenant de fermes d’ici. La certification générique permettra aux consommateurs de distinguer rapidement des caractéristiques communes propres au bœuf du Québec, soit une viande de qualité répondant à des normes de production élevées. La certification mise sur un cahier de charge qui exige que 100 % des animaux proviennent de fermes du Québec, et qu’au moins 85 % d’entre eux soient nés au Québec. Pour se prévaloir de la certification, le demandeur a la responsabilité de fournir les

preuves qui témoignent du respect des critères de provenance de la viande.

Un signal fort pour les producteurs et les consommateurs

Grâce à la nouvelle certification, issue de la planification stratégique 2021 des PBQ, les producteurs visent à contribuer positi-

vement à la stabilisation des revenus à la ferme, notamment en garantissant une demande plus élevée pour la production locale. L’objectif est de continuer de produire à long terme, et plus que jamais, de façon durable, de la viande d’ici. Les produits identifiés avec la certification Bœuf du Québec seront disponibles

dans des grandes bannières du Québec et dans le réseau HRI. Un logo et une signature visuelle ont été développés spécifiquement pour la certification, qui est facilement reconnaissable par ses couleurs, pourpre, ivoire et noire, mettant en vedette la silhouette d’un bœuf dans les pâturages.

De gauche à droite : Stéphane Bergeron, Directeur Québec, catégories viande et poisson, Sobeys, André Roy, Directeur général, Les Producteurs de bovins du Québec, Manon Cambefort, Directrice générale, Groupe ADEL, Jean-Thomas Maltais, président, Les Producteurs de bovins du Québec.

Les producteurs de grains appellent à l’équité en matière de tarification de carbone diesel agricole. Les producteurs québécois sont, à l’heure actuelle, nettement désavantagés par la méthode de tarification de carbone du Québec. En effet, la Bourse du carbone est plus contraignante pour les producteurs de grains que la taxe carbone du fédéral qui s’applique dans la plupart des provinces. Qui plus est, nos concurrents internationaux sont déjà lourdement plus subventionnés que nous par leur gouvernement. Ainsi, les producteurs québécois sont de facto disqualifiés du jeu de la concurrence économique internationale », soutient le président des PGQ, Christian Overbeek. Il est possible de constater une augmentation notable de 11 % depuis l’enchère d’août 2023. En comparant les chiffres actuels avec l’enchère de novembre 2022, cette tendance représente une hausse de 50 %. Les coûts de cette politique passeront à 80 M$ en 2029-2030 selon les prévisions de croissance du prix du carbone à la Bourse du carbone de Californie. « Considérant que nos concurrents canadiens n’ont pas à payer pour leurs émissions de GES liées à la consommation de diesel agricole, nous appelons le gouvernement du Québec à instaurer une politique de réciprocité sous la forme de taxe carbone à l’importation pour maintenir la compétitivité des fermes québécoises. Cette mesure contribuerait à rétablir

l’équilibre concurrentiel de notre secteur. Sans quoi, c’est l’économie et la souveraineté alimentaire du Québec qui en pâtissent », ajoute M. Overbeek. Par ailleurs, les PGQ sont aussi d’avis que les agriculteurs devraient pouvoir échanger des crédits compensatoires dans un système officiel reconnu pour toutes pratiques et techniques d’atténuation des émissions. Une plus grande souplesse permettra de mieux considérer les besoins du secteur agricole. De plus, les PGQ appellent le gouvernement à accélérer la mise en place des protocoles d’évaluation des émissions spécifiques au secteur des grains afin que celui-ci tienne justement compte des réalités spécifiques des producteurs. Les PGQ sollicitent également un soutien accru de l’État en matière de rétribution des pratiques agroenvironnementales, considérant que la grande majorité des producteurs font des efforts importants pour diminuer leur consommation d’énergie fossile. Effectivement, les producteurs de grains ont entrepris la modernisation de leurs pratiques afin de capter les GES en plus d’autres activités pour diminuer les impacts des changements climatiques. Puisque plusieurs financent largement ces pratiques à même leurs propres deniers, les taxes ou frais supplémentaires ne font que diminuer les sommes disponibles.

Le président des PGQ, Christian Overbeek. Photo : courtoisie.

Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 7 décembre 2023 - 17

À la suite des enchères sur les crédits carbones compensatoires du 15 novembre dernier, les Producteurs de grains du Québec (PGQ) lancent aujourd’hui un décompte des impacts négatifs et répétés de ces enchères sur les coûts de production dans le secteur des grains. En raison de la méthode de tarification du carbone prônée par Québec, le décompte sera mis à jour systématiquement après chaque enchère et permettra de démontrer concrètement le déséquilibre concurrentiel notable entre les producteurs québécois et ceux des autres provinces canadiennes et États du Midwest américain. Dans le domaine des grains seulement, les producteurs québécois déboursent quelque 22 millions $ annuellement en droit d’émission de GES pour l’utilisation d’intrants énergétiques -- de ce nombre, 13,3 millions $ sont versés spécifiquement pour l’utilisation de diesel agricole. « Nous réclamons aujourd’hui une meilleure équité en matière de tarification du carbone. Il est impératif que les mesures de réduction de gaz à effet de serre (GES) tiennent compte des complexes réalités du secteur agricole et s’y adaptent, comme en témoigne le décompte des PGQ. En ce sens, nous appelons le gouvernement du Québec à exempter le milieu agricole de la taxe carbone ou à en compenser les coûts inhérents comme le


Soutien agricole : Québec annonce une bonification de plusieurs millions Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation annonce une bonification de 10 M$ afin de soutenir les entreprises touchées par le contexte inflationniste et les aléas météorologiques qui ont rendu la saison 2023 difficile. Ce montant additionnel porte le total à 25 M$, ce qui permet de générer des liquidités pouvant atteindre jusqu’à 167 M$. Les modalités du programme sont également revues afin d’accroître le soutien offert en fonction de la taille. Pour les entreprises ayant un chiffre d’affaires qui se situe entre 750 000 $ et 1,5 M$, le montant de financement admissible passera de 50 000 $ à 100 000 $, avec une aide financière maximale de 15 000 $. Pour celles qui ont un chiffre d’affaires supérieur à 1,5 M$, le financement pourra atteindre 200 000 $, avec une aide financière de 30 000 $.

Un renfort

Le contexte inflationniste des derniers mois et les hausses successives des taux d’intérêt s’ajoutent aux aléas climatiques subis cet été par les entreprises agricoles, notamment les productions horticoles. Ces nouvelles mesures viennent s’ajouter à celles déjà annoncées, telles que la demande au gouvernement

fédéral pour que soit déclenché le programme Agri-relance à la suite des excès d’eau et des sécheresses ayant affecté les producteurs agricoles, et la confirmation des travaux entourant la révision de l’assurance récolte de La Financière agricole du Québec.

Faits saillants

• Les entreprises admissibles bénéficient d’une garantie de prêt de fonds de roulement sur une période de dix ans sans remboursement de capital pour les trois premières années. • La période de dépôt d’une demande au volet « Fonds de roulement » est prolongée d’un an, soit jusqu’au 31 mars 2025 ou jusqu’à l’épuisement des sommes, selon la première éventualité. • L’aide financière octroyée représente 15 % de la valeur du prêt de fonds de roulement. • Selon les estimations, l’enveloppe totale du Programme Investissement Croissance Durable pour le volet « Fonds de roulement » permettra à près de 2600 entreprises d’en bénéficier. • En date du 31 octobre 2023, 426 entreprises ont obtenu un prêt de fonds de roulement, pour une valeur totale de près de 21 M$.

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. Photo : courtoisie.

Agriculture et Agroalimentaire Canada lance son nouveau Défi de réduction du méthane agricole

18 - Jeudi 7 décembre 2023 - Gestion et Technologie Agricoles

La réduction des émissions de méthane nécessite des idées nouvelles et innovantes, y compris dans le secteur agricole. Il s’agit d’un élément clé du plan du gouvernement du Canada visant à lutter contre les changements climatiques et à atténuer les répercussions sur les agriculteurs, qui sont confrontés à des feux de forêt plus fréquents, à des tempêtes violentes et à des sécheresses accrues. Dans le cadre de cette initiative, jusqu’à 12 M$ seront accordés à des innovateurs qui font progresser des pratiques, des processus et des technologies évolutifs et économiquement viables conçus pour réduire les émissions de méthane produites par les bovins.

Tenants et aboutissants

Le Défi de réduction du méthane agricole s’appuie sur les succès des engagements existants de l’industrie en matière d’environnement. Les éleveurs de bétail et les groupes de l’industrie établissent des cibles et des objectifs volontaires de réduction des émissions, et ces engagements portent déjà leurs fruits. Par exemple, les conseillers de l’industrie canadienne du bœuf se sont fixé pour objectif de réduire de 33 % l’intensité des émissions provenant de la production primaire de bœuf d’ici 2030, tandis que les Producteurs laitiers du Canada se sont fixé pour objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Ce Défi a été conçu en collaboration avec le secteur afin d’accélérer ces succès, de stimuler l’innovation et de réduire les émissions. Agriculture et Agroalimentaire Canada invite tous ceux qui proposent des solu-

tions novatrices pour réduire les émissions de méthane produites par les bovins à présenter une demande.

En bref

• Le Défi de réduction du méthane agricole est le premier défi du genre -

conçu pour faire progresser des pratiques et des technologies innovantes, peu coûteuses et évolutives qui contribuent à la réduction des émissions de méthane des bovins et du bétail. • Le Défi utilisera une approche progressive pour guider les innovateurs

tout au long du processus d’élaboration et de déploiement de leurs solutions. À chaque étape du Défi, le comité d’examen externe déterminera quels candidats passeront à l’étape suivante et recevront du financement. Jusqu’à 20 prix d’une valeur maximale de 250 000 $ sont offerts aux candidats admissibles qui participent à l’étape 1, et jusqu’à 10 prix d’une valeur maximale de 500 000 $ sont offerts aux demi-finalistes qui participent à l’étape 2. À la dernière étape, deux gagnants recevront un grand prix pouvant atteindre 1 M$ chacun. Tous les demi-finalistes et les finalistes bénéficieront également d’un soutien non financier, comme des possibilités de mentorat et de formation. Les demandes seront acceptées jusqu’au 7 février 2024. • Des fonds seront accordés à ceux qui proposent des solutions dans les secteurs vache/veaux, des fermes laitières et des parcs d’engraissement. • En 2021, l’agriculture était responsable de 31 % des émissions totales de méthane au Canada, la majorité provenant de la fermentation entérique produite par les bovins de boucherie et les bovins laitiers. • Les troupeaux canadiens sont également responsables de la préservation d’environ 1,5 milliard de tonnes de carbone dans le sol canadien et de la protection de plus de 60 espèces en voie de disparition qui vivent dans les prairies sauvages où ils paissent.


Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 7 décembre 2023 - 19


20 - Jeudi 7 décembre 2023 - Gestion et Technologie Agricoles


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