Gestion et technologie agricoles

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Jeudi 8 décembre 2022 | Volume 47 | 2 e Numéro PP40051633 CULTIVER la réussite 12 e Numéro CULTIVER la réussite LA PROMOTION DE L’AGRICULTURE EN MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC TRANSFORMATION ALIMENTAIRE Des grillons au menu! Aussi dans cette édition : Ferme d’Hiver à Vaudreuil-Dorion, lauréate d’un prix du CTAQ ....................................p. 7 Transformation alimentaire : tirer son épingle du jeu en période d’incertitude ..............................p. 8 Qu’est-ce que le RAP? Le MAPAQ explique........p. 16
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TRANSFORMATION ALIMENTAIRE

Alimentomo produit aujourd’hui l’une des grandes protéines de demain

sieurs entrepreneurs l’intègrent maintenant à différents aliments.

À Marieville, plus précisément sur le chemin du Ruisseau Saint-Louis Ouest, une petite entreprise œuvre quotidiennement à la production de protéine d’insectes à grande échelle. Son nom : Alimentomo. Ses produits : le grillon (gryllode sigillatus) et le vers géant (zophobas morio), entiers ou en poudre. Son marché : les boulangeries et les fabricants de pâtes, de sauces et de breuvages divers. Benoît Hébert, fondateur, nous en dit plus sur les procédés de transformation inhérents à ce type d’élevage, qui gagne à être connu.

« Alimentomo produit une poudre de grillons, aussi appelée farine. Cet aliment s’incorpore dans les recettes, où il peut remplacer une portion de farine régulière, ou être ajouté à titre de supplément, explique M. Hébert. Ce superaliment est riche en protéines complètes, car il contient les acides aminés essentiels comme la leucine, l’isoleucine, la valine, la méthionine et le tryptophane. Il est également une source en fer, en fibre, en minéraux, en gras polyinsaturés de type oméga-3 et oméga-6 et en vitamine B-12. »

Gains considérables pour aliment écoresponsable

La poudre de grillons, fine et dégageant certains arômes de cacao, est facilement intégrable à plusieurs produits ou recettes. La protéine de grillons est même considérée par plusieurs experts, incluant ceux rattachés à l’ONU, comme alternative incontournable pour l’alimentation humaine de l’avenir. À ce jour, la protéine d’insectes est consommée sur une base régulière par plus de 25 % de la population mondiale. En Amérique du Nord, elle gagne en popularité et plu-

Outre la grande valeur nutritive qu’elle génère, la transformation des grillons et vers géants se distinguerait aussi par des gains considérables en matière de développement durable et de gestion écoresponsable. « La production d’insectes doit être favorisée, car ce type d’élevage produit peu de gaz à effet de serre, consomme peu d’eau et peu de nourriture, ce qui en fait un élevage durable et très écologique. De plus, l’élevage de grillons est quasi sans odeurs et rejets », affirme Benoît Hébert.

Maturation, transformation, innovation

L’équipe d’Alimentomo optimise constamment ses méthodes de production afin d’obtenir des produits de qualité tout en minimisant ses coûts de production. Les processus en place permettent que tout y soit mesuré et traçable, notamment les données environnementales, les intrants en eau et en nourriture, de même que les données de transformation en poudre protéinée. « L’entreprise a choisi d’élever ses grillons dans de grands enclos où ils peuvent se déplacer en liberté et sont récoltés lorsqu’ils sont en fin de vie. On parle d’environ 40 à 45 jours pour les grillons et d’environ trois mois pour les vers », précise M. Hébert.

La transformation s’effectue selon deux méthodes : le four à convection conventionnel, soit selon une déshydratation lente, et la lyophilisation, qui consiste à congeler l’aliment, puis à le déshydrater pour en extraire l’eau. « Sauf erreur, Alimentomo est la seule à utiliser la seconde méthode », spécifie le producteur.

En vertu de son modèle d’affaires, l’entreprise mise sur les collaborations locales ainsi que sur le développement de produits par des transformateurs régionaux pour faire évoluer la popularité de la protéine d’insectes. Grâce à ses innovations, Alimentomo offre une poudre de grillons de première qualité à un prix très concurrentiel, ce qui a pour effet direct de stimuler le développement de

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Centre-du-Québec

Prochaine édition 12 janvier

Spécial Salon de l’agriculture

LA PROMOTION DE L’AGRICULTURE EN MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC Gestion et Technologie AgricolesJeudi 8 décembre 20223 ÉDITEUR : Benoit Chartier RÉDACTEUR EN CHEF : Martin Bourassa ADJOINTE À LA RÉDACTION : Annie Blanchette TEXTES ET COORDINATION : Yves Rivard CONTRÔLEUR : Monique Laliberté DIRECTEUR DU TIRAGE : Pierre Charbonneau DIRECTEUR DE LA PUBLICITÉ : Guillaume Bédard DIRECTEUR DE LA PRODUCTION : Alex Carrière PUBLICITAIRES : Louise Beauregard Manon Brasseur Luc Desrosiers Miriam Houle Isabelle St-Sauveur TÉL. : 450 773-6028 TÉLÉCOPIEUR : 450 773-3115 SITE WEB : www.dbc.ca COURRIEL : admin@dbc.ca Publié 12 fois par année par DBC Communications inc. 655, avenue Sainte-Anne, Saint-Hyacinthe,
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Québec H1J
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dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe et par la poste aux producteurs agricoles dans les régions suivantes : Montérégie-Est Montérégie-Ouest
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pic. « Nous voulons éviter la surpopulation et ainsi réduire les risques. La demande est en croissance continue, mais ne nécessite pas actuellement un tel Un produit en demande croissante, un ingrédient important de l’alimentation du futur. Photo : Alimentomo. Les grillons sont transformés selon deux méthodes : le four à convexion conventionnel et la lyophilisation. Photo : Alimentomo. RIVARD

Le CTAQ dévoile les lauréats des Prix Innovation en alimentation 2022

C’est à l’occasion de sa traditionnelle soirée-gala de novembre que le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) a présenté les lauréats du concours Prix Innovation en alimentation 2022. Ces prix récompensent les entreprises alimentaires qui se démarquent par leur innovation et leur créativité exceptionnelles dans leurs activités. Les projets d’innovation ont été évalués par un jury composé de professionnels œuvrant dans l’industrie alimentaire.

Catégorie Produits nouveaux ou améliorés

• Alcools distillés :

Loop Mission pour son Gin Fizz Loop Mission;

• Chocolats, collations, desserts et confiseries :

Séva Nature pour sa Crème Glacée Molle Végétale;

• Jus et boissons :

Distribution Bobba pour Bobba, un breuvage type bubble tea;

• Mets préparés, prêts à servir ou à assembler : Benny&Co. pour ses Pépites Squick Squick de sa gamme de produits d’épicerie Benny&Co;

• Produits de boulangerie : Bela Peko pour son Pancake Choco & Courge Butternut;

• Produits de longue conservation : Colibri Vanille pour ses Extraits de Colibri Vanille;

• Protéines végétales : Chickumi pour sa Gallette au concassé de pois chiche;

• Protéines animales : Fumoirs Gosselin pour son Bacon fumé au bois;

• Catégorie Emballage : Agropur Coopérative Laitière pour sa boîte Oka 100 % recyclable.

Catégorie Technologie & Productivité

• Ferme d’Hiver pour son projet d’agriculture verticale Ferme d’Hiver;

À l’occasion de ce concours, la Banque Nationale a remis le Prix Entrepreneuriat Banque Nationale à Benny&Co., une entreprise qui favorise l’esprit entrepreneurial au sein de son équipe en encourageant ses employés à réaliser leurs idées.

De plus, Investissement Québec a remis le Prix Productivité Investissement Québec à KWE Cocktails qui récompense l’entreprise qui aura démontré une hausse de productivité notable grâce à l’implantation d’une nouvelle technologie ou d’un processus innovant afin d’accélérer sa croissance.

De son côté, Fasken a remis le Prix Éco-responsable Fasken à Still Good à qui le jury a octroyé le plus haut pointagee pour le critère Développement durable.

Finalement, le Prix Entreprise Innovante Desjardins a été remis à Séva Nature, une entreprise qui présente un fort potentiel créatif et qui se réinvente constamment.

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Les lauréats montérégiens Ferme d’Hiver (à gauche) et Colibri Vanille (à droite) reviennent sur leur victoire dans les pages qui suivent... Photo crédit : courtoisie.

Prix Innovation en alimentation du CTAQ

Colibri Vanille : le secret est dans l’extrait

Quoi de plus pertinent pour valider son projet entrepreneurial que de se voir attribuer une distinction par le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) dans le cadre du concours d’excellence Prix Innovation en alimentation 2022? Chantale Caron, fondatrice de Colibri Vanille, située à Saint-Roch-deRichelieu, revient sur cette victoire dans la catégorie Produits nouveaux ou améliorés, plus précisément dans la sous-catégorie Produits de longue conservation

Peu de gens le savent, mais Chantale Caron est la première et seule productrice d’extrait de vanille et de pâte de vanille au Canada. Une pionnière. C’est là un titre fort honorable pour une entreprise qui n’œuvre dans la transformation alimentaire que depuis 2019.

Pour assurer son approvisionnement, Colibri Vanille a créé des liens d’affaires solides avec des producteurs de plusieurs pays, notamment le Mexique, le Costa Rica, la Papouasie-Nouvelle Guinée et Madagascar.

Grâce à ce réseau diversifié et à l’excellence des produits, les consommateurs québécois peuvent maintenant retrouver certains d’entre eux sur les tablettes de la bannière IGA et, sous peu, possiblement sur celles des épiceries Métro.

Une vanille du goût du jury

Interrogée au sujet des caractéristiques de l’entreprise ayant possiblement retenu

l’attention du jury du CTAQ, Chantale Caron apporte ces quelques mots : « Je crois que la différentiation des terroirs leur a beaucoup plu. Colibri Vanille achète de la vanille affinée en provenance de différents terroirs, mais ladite vanille ne se retrouve pas mélangée dans un tout, comme c’est le cas chez les grands producteurs et distributeurs. Nos produits viennent encapsulés, identifiés et présentant des informations en matière de goûts et de nuances. »

Ainsi, la vanille est affinée dans le terroir d’origine, pour ensuite être traitée et transformée par l’équipe de Colibri Vanille. « Nous utilisons une méthode miartisanale, mi-technologique, explique Mme Caron. La vanille est lyophilisée, réduite en fine poudre de moins de 3000 microns, puis extraite au moyen d’un appareil à ultrasons. » Ce processus de transformation unique, développé par Chantale Caron, conserve ainsi toutes les propriétés de la matière originelle. Ce qui distingue d’ailleurs aussi Colibri Vanille de la concurrence des grands joueurs et des semi-vérités commerciales.

Car, comme le révèle cette dernière, l’industrie de la vanille ne joue pas franc jeu avec le consommateur : « Toute autre bouteille d’extrait de vanille indiquant Produit du Québec ou du Canada est un leurre. Il s’agit de concentré produit ailleurs auquel on ajoute de l’eau. La loi est pourtant claire : l’extrait de vanille doit inclure 100 grammes de vanille pure par litre d’alcool à 35 %. Une fois le processus complété, la vanille est extraite et

l’alcool en sort transformé. Voilà ce que devrait être l’extrait de vanille. Alors, si vous retrouvez d’autres ingrédients, tels que colorant, arôme ou glucose, c’est un produit différent », soutient-elle.

Signe indéniable du succès, les aires de transformation actuelles se font de plus en plus étroites. Mme Caron aimerait ainsi relocaliser ses activités dans une petite

usine de la région immédiate, question de bien gérer la croissance de l’entreprise.

Chantale Caron désire profiter de cette vitrine pour remercier les organismes Femmessor et Procomer pour le prêt accordé et les conseils apportés, deux aides qui lui ont permis de démarrer son entreprise, un véritable tremplin vers le monde des affaires.

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Qu’on se le dise : Chantale Caron est la première et seule productrice d’extrait de vanille et de pâte de vanille au Canada. Photo : Robert Gosseliin | Le Courrier © Yves RIVARD GTA

Prix Innovation en alimentation du CTAQ

Ferme d’Hiver continue de se distinguer

Le 17 novembre, le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) a souligné la vision et la portée de Ferme d’Hiver lors du gala des Prix Innovation, tenu à Montréal. En cette soirée, Ferme d’Hiver a remporté les honneurs dans la catégorie Technologie & productivité, qui récompense l’aspect novateur d’un projet, sa capacité de transfert technologique et l’impact sur l’entreprise.

Le même soir, le Gala des Prix Innovation de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ) lui a également décerné le Prix Intelligence artificielle, qui souligne l’excellence des activités de valorisation des données, d’apprentissage automatique, de recherche opérationnelle et de toute autre technique liée à l’intelligence artificielle pour accroître la compétitivité d’une entreprise dans son marché. Un heureux doublé qui témoigne de l’importance et de la pertinence des méthodes et des pratiques prônées par l’entreprise.

Des cultures pour toutes les saisons

Pour rappel, Ferme d’Hiver propose un modèle d’agriculture hors saison, sans pesticides chimiques, capable de fournir à la population des aliments frais et locaux, tout en contribuant aux objectifs québécois et canadien de développement durable. Alliant les savoirs de l’agriculture verticale, de l’ingénierie et

de l’intelligence artificielle, l’entreprise fondée en 2018 à Brossard propose une solution agrotechnologique clés en main, qui évite toute dépendance aux conditions climatiques, en plus d’offrir un rendement énergétique inégalé. En s’associant avec des maraîchers locaux, l’objectif est clair : assurer le développement durable des ressources alimentaires et favoriser l’autonomie alimentaire.

« Plus précisément, l’agriculture verticale de Ferme d’Hiver maximise les zones de culture disponibles, augmente la capacité de production et offre des

avantages économiques et environnementaux importants pour les communautés locales », explique Daphné Mailhot, responsable marketing et communication chez Ferme d’Hiver.

Une vision qui porte fruit

Il va sans dire que ces deux prix confirment la reconnaissance du potentiel industriel de Ferme d’Hiver et de sa capacité à transformer la production maraîchère locale en un secteur d’activités plus résilient, plus durable et plus compétitif

grâce aux technologies. « Depuis ses débuts, Ferme d’Hiver a bénéficié du support des instances gouvernementales, de partenaires financiers, de groupes de recherche universitaires et de divers programmes de soutien à l’innovation. C’est la mise en commun de ces diverses expertises qui transforment de bonnes idées en innovations concrètes et qui permettent aujourd’hui à Ferme d’Hiver de récolter les fruits de l’innovation. Nous continuerons à promouvoir une culture transformative en agriculture dans les années à venir », conclut Mme Mailhot.

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Vue d’un des systèmes de culture verticale développé par Ferme d’Hiver à ses installations de Vaudreuil-Dorion. Photo : Ferme d’Hiver. Yves RIVARD GTA
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Comment tirer son épingle du jeu en période d’incertitude

conseillère en transformation alimentaire et répondante en relève, directions régionales de la Mauricie et du Centre-du-Québec, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

conseillère en transformation alimentaire, Direction régionale de la Mauricie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Comme tout le monde le sait, ces deux dernières années témoignent d’un début de décennie mouvementé. Néanmoins, ce contexte hors de l’ordinaire a propulsé comme jamais la réflexion collective sur l’achat local. Rappelons-nous le Défi 12 $ lancé à l’automne 2020 par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, afin de relancer l’économie et l’autonomie alimentaire. Les ménages étaient invités à remplacer 12 $ par semaine d’aliments étrangers achetés par leur équivalent québécois.

Entraîné par cette effervescence, le secteur de l’agriculture n’a pas fait exception. En 2020, pour la province, ce sont 1163 nouvelles entreprises qui se sont enregistrées auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Les fermes en maraîchage diversifié sont celles qui ont connu la plus grande croissance : elles comptent 80 entités de plus qu’en 2019. Entre 2015 et 2020, ce secteur a connu une croissance de 237 fermes. Le modèle d’agriculture de proximité avec une offre de paniers hebdomadaires est celui qui a connu la plus grande croissance dans les deux dernières années (Cameron, 2021).

Ce modèle de commercialisation homogène semble toutefois vouloir s’essouffler avec la fin de la pandémie et la hausse de l’inflation. Selon la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ), le nombre d’inscriptions aux paniers bio en 2022 a subi une décroissance de 11,65 % par rapport à 2021 (Sabourin, 2022). Dans de pareilles circonstances, comment s’assurer que son entreprise demeure concurrentielle et pérenne? Plusieurs pistes de solution sont possibles.

Effectuer une planification stratégique : un cap vers l’avenir En période plus difficile, la planification stratégique prend tout son sens. Établir les bases de l’entreprise en définissant une mission et une vision à long terme ainsi que des valeurs propres à son organisation permet de garantir les meilleures décisions. La planification stratégique est en outre l’outil parfait pour créer un échéancier et un plan d’action avec des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporels, aussi appelés « SMART ». Garder le cap lors

d’une crise inflationniste est essentiel pour bien naviguer à travers cette perturbation, en tirer profit et arriver à bon port. C’est exactement ce qu’une stratégie d’entreprise permet d’accomplir.

L’analyse PESTEL de l’environnement de l’entreprise, la grille FFOM, les études de marché, les personas, la fixation des prix selon la stratégie des 4 P, etc. Que signifient tous ces acronymes? Ils ont un point en commun : le plan de commercialisation! Ce document précieux, intimement lié à la planification stratégique, « [...] présente les activités de marketing et de publicité anticipées [d’une entreprise] pour une période donnée, [soit] habituellement [de] 12 mois », selon la Banque de développement du Canada (BDC). Un tel exercice met en lumière l’avantage concurrentiel, c’est-à-dire ce qui distingue une entreprise et son produit de ses concurrents. Connaître et exploiter son avantage concurrentiel, que ce soit le prix, la qualité ou la valeur ajoutée, accorde un positionnement avantageux par rapport aux concurrents et aide à consolider le succès d’une organisation.

Diversifier son offre pour élargir sa clientèle Ici, l’expression « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » prend tout son sens. Être diversifié permet de réduire l’effet d’une baisse dans un marché, de répartir les risques et d’avoir une plus grande stabilité. Voici des exemples de diversification de l’offre.

Une ferme maraîchère biologique propose une gamme de produits variant selon les périodes de récolte. Elle offre un abonnement à ses paniers bio saisonniers en plus d’avoir une boutique à la ferme. Elle vend non seulement ses fruits et légumes

et ses produits transformés, mais aussi les produits locaux de ses partenaires, comme des bières et du café biologique, des fromages, des repas prêts-à-manger, des viandes et des charcuteries, etc. Cette variété de produits permet de rejoindre plusieurs types de clientèles, telles que les familles soucieuses de manger des aliments sains et frais à proximité ou les touristes gourmands à vélo ou en auto. La ferme pourrait ensuite étendre ses canaux de distribution pour élargir ses parts de marché, comme l’ont fait les agriculteurs dans l’exemple qui suit.

Dans un contexte de réduction du gaspillage alimentaire ou de sensibilisation aux produits locaux et sains, des agriculteurs de différentes régions de la province ont collaboré avec des intervenants régionaux pour se tourner vers les hôpitaux, les garderies ou encore les restaurants pour écouler leurs surplus. Ils sont donc allés chercher un nouveau secteur auquel vendre leurs produits, celui des hôtels, des restaurants et des institutions.

Opter pour une valeur ajoutée

D’une part, on peut se démarquer avec des certifications ou des pratiques qui rejoignent les valeurs de la clientèle. Par exemple, ajouter un volet de développement durable à son entreprise permet d’attirer une clientèle écoresponsable. Mettre en valeur l’aspect local d’un produit est aussi une attraction pour les consommateurs. La certification Aliments du Québec peut être à considérer. D’autre part, l’innovation peut améliorer la marge sur un produit en lui donnant une valeur ajoutée. Ainsi, le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants rapportait en 2020 que «l’Union des distillateurs de spiritueux d’érable [déposait] une demande d’indication géographique protégée (IGP), pour une eau-de-vie d’érable appelée Acerum, qui est exclusivement

obtenue par la distillation de l’alcool issu de la fermentation d’eau d’érable, de concentré d’eau d’érable ou de sirop d’érable du Québec »(CARTV, 2020). Pour l’instant, cinq distilleries s’affichent au sein de l’union et promeuvent cette liqueur innovante. Plusieurs déclinaisons de ce produit se trouvent d’ailleurs sur les tablettes de la Société des alcools du Québec. Cette démonstration est un exemple concret d’une innovation en synergie avec le terroir québécois et d’une démarche de mise en valeur rigoureuse.

En résumé, la recette d’une entreprise durable est habituellement composée d’une bonne dose de planification avec une vision sur plusieurs années, d’une approche réfléchie et structurée ainsi que d’une offre variée. Plusieurs actions peuvent être mises en place pour assurer la pérennité de son entreprise. Faire appel au conseiller régional en transformation alimentaire du MAPAQ peut s’avérer gagnant à cet égard. Il peut offrir un accompagnement, aider à trouver les ressources adaptées selon les besoins et aussi suggérer des leviers financiers.

Bibliographie

- Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV). (2020, 17 juin). Deux nouveaux projets d’appellations réservées. https://cartv.gouv.qc.ca/actualites /deux-nouveaux-projets-dappella tions-reservees/

- Cameron, D. (2021, 15 février). Les petites fermes poussent. La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/202102-15/les-petites-fermes-poussent.

- Sabourin, B. (2022, 28 juin). Après deux ans d’engouement, des fermiers de famille perdent des plumes. Le Devoir. https://www.ledroit.com/2022/06/29/apre s-deux-ans-dengouement-des-fermiersde-famille-perdent-des-plumes01ab03b8086fc3aed6eeb9313f850622

8Jeudi 8 décembre 2022Gestion et Technologie Agricoles
Établir un plan de commercialisation pour bien connaître son positionnement
Crédit photo : Éric Labonté.

La poire et la vigne, matières premières du Domaine des Salamandres

Si les poirés et vins de glace sont aujourd’hui des produits connus et appréciés des fins palais, c’est qu’il y a environ une quinzaine d’années, certaines personnes ont suivi leur intuition, leur vision, pour se lancer dans une aventure commerciale et personnelle. C’est le cas du Domaine des Salamandres, qui a pignon sur le chemin Covey Hill à Hemmingford, dont les produits tirés de la culture de la poire et de la vigne se distinguent à l’international et sur toutes les bonnes tables. Denise Lavoie et Sylvain Haut, partenaires dans la vie comme au verger, nous explique ce succès.

Fondé officiellement en 2006, le Domaine des Salamandres compte 8000 plants de vignes de cépages hybrides que sont le vidal, le geisenheim, le seyval blanc, le frontenac rouge et le frontenac gris. Un verger de 300 poiriers (beauté flamande, bosc, bartlett) servant à la fabrication de poirés de glace diversifie également le paysage, qui totalise trois hectares.

Lorsque l’aventure débute, les propriétaires comptent sur un associé spécialiste de la transformation (ayant quitté depuis) pour leur enseigner la technique, de même que sur quelques œnologuesconsultants pour vinifier leurs produits selon les règles de l’art. Et depuis, certains de leurs produits sont disponibles à la Société des alcools du Québec (SAQ) et à leur boutique.

Action, cryoextraction!

Comme l’explique Denise Lavoie, les poirés de glace sont produits selon deux techniques : la cryoconcentration et la cryoextraction. « Les poires sont cueillies à l’automne, puis conservées au frais. La cryoconcentration consiste à presser les poires au début de l’hiver, puis à entreposer leur jus à l’extérieur. Après plusieurs semaines, les jus dont les sucres se sont

concentrés naturellement par l’effet du froid sont collectés, puis mis en fermentation. »

La cryoextraction, quant à elle, consiste à disposer les poires entières sur des cagettes laissées à l’extérieur. Les gels et dégels se succédant, les sucres se concentrent et les fruits sont ensuite pressés et leur jus laissé à fermenter.

Des procédés qui charment les papilles… et les investisseurs chinois

À ce jour, l’entreprise tire une dizaine de produits de ses cultures, dont trois poirés de glace, deux vins blancs secs, un vin de glace et une mistelle de poires gelées.

Ceux-ci se distinguent un peu partout dans le monde, notamment aux ÉtatsUnis et en France, où son vin de glace a récemment décroché l’Or dans le cadre de l’événement Vinalies International de Paris 2022.

Cette belle notoriété, y compris dans les magazines et sites spécialisés, lui a même valu des visites de la part d’investisseurs venus de Chine. « On m’a demandé de me rendre sur place pour plusieurs mois et de leur enseigner les méthodes et pratiques de la transformation, en plus de monter une salle de cryo et une cuverie. J’ai fait des recherches, mais en fin de compte, je n’ai pas donné suite », raconte Sylvain Haut. Même constat pour un groupe d’importateurs chinois qui désirait acheter la production du Domaine. « Notre tarif par bouteille était trop élevé pour eux, se rappelle M. Haut. Ils recherchaient un produit de qualité et de coût bien inférieurs, et une production de masse. Nous en sommes restés là, car le Domaine désire demeurer dans la catégorie artisanale et servir la clientèle d’ici. » Une excellente tournure d’événements pour les amateurs, qui pourront continuer à goûter l’excellence des méthodes de transformation « artisanales » de cette entreprise familiale.

AgricolesJeudi 8 décembre 20229 TRANSFORMATION ALIMENTAIRE
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Denise Lavoie, fière d’une gamme de produits qui se distiguent à l’international, et dont le succès repose sur les méthodes de transformation uniques au Domaine des Salamandres. Photo François Larivière | Le Courrier © Dans l’ordre habituel : Sylvain Haut, Denise Lavoie, Karelle Haut et Israël Waldemar Coronodo Perez, captés par notre photographe. Photo François Larivière | Le Courrier © Yves RIVARD GTA
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Un portail de formations revampé

En agriculture biologique, le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+) propose 25 formations en mode hybride.

Le Portail de la formation agricole s’est refait une beauté. Un tout nouveau catalogue des formations recense les cours disponibles en agriculture pour tout le Québec. On y trouve une belle offre en ligne. C’est toujours le même chemin pour y accéder : uplus.upa.qc.ca.

Le site arbore les couleurs de l’UPA mais les formations sont organisées le plus souvent par les maisons d’enseignement agricole. Pour nos régions, Parcours Formation, l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), VEC Entreprises et Communauté, Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+), Service aux entreprises du Centre de services scolaires Valléedes-Tisserands et Service aux entreprises Centre-du-Québec.

A la mi-novembre, le site comptait 80 formations en ligne. D’autres s’ajouteront. La formation est offerte en différent mode. Formateur et participants devant leur ordinateur en même temps. Formateur en salle avec une partie du groupe et le restant du groupe à la maison. Formation disponible en tout temps que l’on suit à son rythme. La formation n’a jamais été aussi accessible.

Les sujets couverts sont la gestion financière, les grandes cultures, la production

fruitière.la production laitière, la production maraichère et les sols.

L’offre de formation peut être bonifiée avec les suggestions des producteurs et des productrices agricoles. Il faut contacter sa répondante en formation

agricole pour la Montérégie, Karina Salazar Tancredi, au 450 454-5115 poste 6288 (ksalazar@upa.qc.ca), ou pour le Centre-du-Québec, Guylaine Martin, au 819 758-6401 poste 2702 (gmartin@formationagricole.com).

12Jeudi 8 décembre 2022Gestion et Technologie Agricoles COLLECTIF EN FORMATION AGRICOLE CENTRE-DU-QUÉBEC
Une nouvelle image pour U+, le portail de la formation agricole. Photo crédit : courtoisie.
Jeudi 8 décembre 202213
Gestion et Technologie Agricoles

Prix de la relève agricole du MAPAQ

La coop Agricola l’emporte!

Le Prix de la relève agricole 2022 du MAPAQ, assorti d’une bourse de 7500 $, a été remis à Natalie Childs, Caleb Langille, Hannah Hunter et Heather Syposz de la Ferme Coopérative Agricola, située à Papineauville dans la région de l’Outaouais.

Ces quatre jeunes amis et copropriétaires cultivent des légumes biologiques variés, des asperges et des fleurs coupées. Le succès des lauréats repose sur leur passion commune pour l’agriculture et la protection de l’environnement ainsi que sur leurs compétences diversifiées et complémentaires qui leur permettent de miser sur les forces de chacun.

La mission de cette coopérative de travailleurs est de bâtir une entreprise

agricole viable sur les plans économique, environnemental et social. La production et le développement durables sont au cœur des décisions. L’entreprise se concentre notamment sur le renforcement de la résilience climatique dans chaque partie de ses activités agricoles. Un autre volet important de son activité consiste à contribuer à la sécurité alimentaire de tous les membres de la collectivité, quel que soit leur revenu.

Pour être admissible à ce concours, l’entreprise doit être détenue en majorité par des personnes de moins de 40 ans, doit être en activité depuis au moins trois ans mais depuis moins de 10 ans. Elle doit avoir généré au minimum 50 000 $ de revenus bruts lors de l’année précédente.

14Jeudi 8 décembre 2022Gestion et Technologie Agricoles
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et

Un rôle majeur du MAPAQ dans le RAP

Les directions régionales de la Montérégie et du Centre-du-Québec du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) peuvent compter sur l’expertise de nombreux agronomes au sein de leurs équipes, dont 13 qui collaborent au Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP). Ceux-ci viennent en soutien aux intervenants et aux conseillers agricoles de même qu’aux producteurs. Le travail des agronomes auprès du RAP ne représente qu’un moyen parmi tant d’autres de remplir leur rôle. Cet engagement majeur leur permet d’être en contact régulièrement avec les gens sur le terrain et de maintenir leurs connaissances et leur expertise dans leur champ d’action.

Mais qu’est-ce que le RAP?

Il s’agit d’un outil fort utile pour les producteurs et les intervenants en agroalimentaire. Mis en place en 1975, le RAP a pour mission de surveiller les ennemis des cultures dans les champs du Québec. Coordonné par la Direction de la phytoprotection du MAPAQ, il implique plusieurs agronomes de différentes régions.

Le RAP permet aux producteurs et aux intervenants d’être informés rapidement des problématiques qui peuvent avoir une incidence sur leur travail. Les avertissements émis par le RAP contiennent des informations pertinentes et actualisées de différentes natures : des informations sur la présence et l’évolution des ennemis de plus de 20 cultures, des stratégies d’intervention pour la gestion intégrée des ennemis des cultures, des fiches techniques sur différents sujets, etc.

Pour chaque groupe de cultures visé par le RAP, un conseiller du MAPAQ, dont l’expertise est reconnue, agit à titre d’avertisseur ou de coavertisseur. C’est-à-dire

qu’il est responsable de colliger et de synthétiser les observations des conseillers sur le terrain, qui sont ses yeux et ses oreilles dans les champs à travers la province. Il vérifie ensuite l’information afin de rédiger les avertissements qui seront envoyés aux producteurs et aux intervenants dans les meilleurs délais.

La Montérégie est bien souvent la porte d’entrée des ennemis des cultures qui proviennent de nos voisins, les ÉtatsUnis. Il est donc crucial pour les entreprises agricoles et les intervenants de cette région de rester à l’affût et d’être en mesure de réagir rapidement lors de l’apparition de nouveaux pathogènes ou insectes.

Pour le MAPAQ, il est important de contribuer à la diffusion du savoir en agriculture et au transfert des connaissances. Le RAP est un bon moyen d’informer sa clientèle afin de prévenir les problèmes phytosanitaires au Québec et d’en minimiser les répercussions. Il revêt

encore plus de pertinence en raison des changements climatiques, des nouveaux ennemis et des nouvelles maladies qui font leur entrée sur le territoire québécois. Tous les intervenants du RAP travaillent avec le souci d’informer le plus rapidement possible les producteurs d’une situation précise.

Le RAP s’inscrit également dans l’un des objectifs du Plan d’agriculture durable 2020-2030, soit de réduire l’utilisation des pesticides et leurs risques. En effet, en suivant de près la situation et l’évolution de la présence de maladies ou d’insectes sur le terrain et en proposant des stratégies de traitement éprouvées aux conseillers en agroenvironnement et aux producteurs, le RAP contribue à un usage raisonné des produits de protection des cultures.

Le RAP en chiffres :

• Il existe un peu plus de 20 cultures ou groupes de cultures visés par le RAP,

dont les grandes cultures, les cultures maraîchères en serre, les vignes et les cucurbitacées.

• Plus de 370 ennemis des cultures sont dépistés dans les différentes cultures (insectes, maladies, adventices).

• Le RAP compte 5627 abonnés.

• En moyenne, 400 communiqués sont publiés par année, majoritairement entre les mois d’avril et d’août.

• Près de 200 intervenants collaborent au RAP (employés du MAPAQ, fournisseurs de services, centres d’expertise et de recherche, entreprises agricoles, etc.).

Comment recevoir les avertissements du RAP?

Il est possible de vous inscrire gratuitement pour recevoir les communiqués du RAP. Pour vous abonner ou pour en savoir plus, consultez le site Internet du MAPAQ au www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/ Protectiondescultures/Pages/reseau.aspx.

16Jeudi 8 décembre 2022Gestion et Technologie Agricoles
RÉJEAN PRINCE, directeur régional, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) Le RAP permet aux producteurs et aux intervenants d’être informés rapidement des problématiques qui peuvent avoir une incidence sur leur travail. Photo crédit : MAPAQ.

Choisir la santé des sols

Au cours de l’été 2022, la réalité des changements climatiques a pris une signification plus que tangible pour des milliards de personnes. Il reste très peu d’endroits sur notre terre qui ne subissent pas les aléas de la hausse des températures. Rappelons-nous les inondations au Pakistan, les pluies diluviennes aux ÉtatsUnis, les sécheresses et les canicules en Europe, et l’assèchement des cours d’eau un peu partout dans le monde qui a

Mais que peut-on faire individuellement pour changer les choses? Par où commencer?

D’abord, et toujours, prenons le temps. Prenons le temps de se former et de s’informer pour choisir des actions qui nous motivent. Les pratiques agricoles de conservation des sols et de l’eau ont un

effet positif sur la protection de notre environnement. En observant nos habitudes, en restant à l’écoute et en acceptant de modifier nos paradigmes, il est possible de mettre en place efficacement des pratiques agricoles de conservation.

Prendre le temps de lire sur la santé des sols. Consacrer quelques heures par semaine à lire et à échanger sur le sujet. Il y a certainement une journée d’informations ou une activité de réseautage près de chez vous cet hiver. Allez-y, inscrivezvous! Allez à la rencontre de producteurs innovants pour apprendre de leurs expériences et de leurs bons coups. Un voisin réussit ses cultures de couverture ou ses céréales d’automne? Allez lui jaser pour comprendre comment il s’y prend, comment il fait pour réussir!

L’hiver est aussi la saison parfaite pour peser et équilibrer la machinerie dans le garage, au chaud. Saviez-vous qu’un tracteur bien équilibré peut vous faire économiser jusqu’à 10 % de carburant? La citerne de lisier laisse des traces dans votre champ, parlez-en avec votre conseiller, avec votre forfaitaire. Il faut trouver des pistes de solutions. Elles existent. Et… elles sont là. L’épandage par irrigation assure une charge à la roue beaucoup moins imposante que les citernes et permet une diminution considérable de la compaction en profondeur.

C.R.P.

La réussite d’un projet passe nécessairement par une planification réfléchie. Une transition vers des pratiques agricoles qui respectent le sol et améliorent sa santé doit se faire en douceur. La première étape consiste à faire un diagnostic du sol au champ. C’est une activité conjointe entre le producteur agricole et son agronome.

L’objectif ultime du diagnostic se résume en trois lettres : C. R. P.

C comme couverture . Comment travailler son sol tout en s’assurant de garder 30 % de couverture du sol après semis? Passer du labour au semis direct exige un moment de transition qui va bien au-delà de l’achat de machineries. Couvrir le sol pour le protéger est essen-

tiel. Il faut tout de même s’assurer que ces résidus seront gérés par la macrofaune du sol. Une transition en petites bouchées sera garante d’une couverture efficace pour vos sols et de l’adoption d’une pratique agricole de conservation à long terme.

R comme rotations. Bien noter le s! Comment intégrer une nouvelle culture dans la rotation commerciale? Comment ouvrir une fenêtre intéressante pour la rotation de fertilité? Il devient alors plus nécessaire que jamais de prévoir les achats de semences de cultures de couverture en même temps que ceux de semences de cultures commerciales pour s’assurer d’avoir les variétés qui vont répondre aux objectifs fixés.

P comme porosité. Comment s’assurer de respecter la charge maximale de 3500 kg à la roue? Ne pas confondre la roue avec l’essieu. La charge maximale de 3500 kg à la roue minimise la compaction en profondeur du sol et maintient une bonne porosité du sol. La porosité est essentielle pour l’aération du sol, pour les mouvements de l’air et de l’eau dans le profil du sol. Les racines, par leur relation symbiotique avec les microorganismes, assurent la bonne stabilité structurale des sols. Une charge excessive compacte et réduit la zone d’action des racines.

Couverture. Rotations. Porosité. Avec un bel automne comme celui que nous avons connu au cours des dernières semaines, le travail du sol, excessif, a pris du galon. Nous avons la chance de rester dans un coin du monde encore relativement épargné par les catastrophes climatiques. Alors que partout les solutions impliquent des changements drastiques de gestion, d’actions et de pensée, chez nous, ce sont de réelles occasions qui s’offrent à nous. Pas des obligations, pas des ultimatums. Des opportunités. Ces portes qui s’ouvrent sont gages de meilleures rentabilités tout en assurant notre survie collective.

Prenons le temps, pendant qu’il est encore temps, de choisir la santé des sols.

Jeudi 8 décembre 202217
Gestion et Technologie Agricoles
La réussite d’un projet passe nécessairement par une planification réfléchie. Photo crédit : MAPAQ. MARIE-EVE BERNARD, conseillère en agroenvironnement et santé des sols, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) ODETTE MÉNARD, conseillère en conservation des sols et de l’eau, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) La première étape consiste à faire un diagnostic du sol au champ : une activité conjointe entre le producteur agricole et son agronome. Photo crédit : MAPAQ.

Transformation alimentaire et perfectionnement : deux éléments qui vont bien ensemble

continue dans le domaine de la transformation alimentaire :

L’industrie agroalimentaire est en pleine effervescence. Dans un tel contexte, la formation est un outil indéniable pour se démarquer et développer l’entreprise agricole. Les collectifs régionaux en formation agricole offrent bon nombre de cours pour ceux et celles qui souhaitent acquérir de nouvelles compétences dans le domaine.

Nous avons la chance de pouvoir compter sur l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), qui a développé une expertise hors du commun et qui est accessible à l’ensemble des producteurs agricoles de la région. Cette maison d’enseignement réputée offre des cours dans domaines très diversifiés et répondant à un réel besoin de perfectionnement.

Les thématiques suivantes sont abordées dans le cadre de la formation

Conservation sous vide Étiquetage et durée de vie Hygiène et salubrité Management de la sécurité Produits carnés, laitiers et végétaux

Pour découvrir l’ensemble de l’offre de cours

Toutes les formations offertes en Montérégie sont disponibles sur le site www.upa.qc.ca En le consultant, vous trouverez que nous avons mis en place un programme de perfectionnement qui s’adresse à tous les producteurs, peu importe leur spécialisation.

Nous avons également le souci de suggérer des activités qui intéresseront à la fois des agriculteurs ayant bon nombre d’années d’expérience tout autant que des membres de la relève ou des employés d’entreprises.

Si vous avez des questions ou que vous souhaitez nous suggérer une activité d’apprentissage, n’hésitez surtout pas à communiquer avec nous.

Pour rejoindre le collectif régional en formation agricole :

Karina Salazar Tancredi au 450 4545115 poste 6288.

Une Bedfordienne honorée au Gala des Agricultrices du Québec

Les Agricultrices du Québec ont tenu leur Gala annuel le 22 octobre, à l’hôtel Le Montagnais à Chicoutimi. L’événement souligne, depuis 1988, les compétences, la créativité, le parcours entrepreneurial, la passion, les réalisations des femmes, tant par leur présence soutenue à la ferme, que dans leur milieu social et syndical. Neuf femmes inspirantes et innovatrices, venant de partout au Québec, ont été mises à l’honneur.

Pour l’édition 2022, Caroline Pelletier, productrice laitière à la Ferme Missiska et Fromagerie Missiska de Bedford s’est vu décerner l’une des deux prestigieuses récompenses de la soirée, soit le prix Dimension E – entrepreneuriat au fémi-

nin, remis à la candidate ayant contribué le plus au développement de son entreprise. Le prix était assorti d’une bourse en argent de 1000 $.

Pour en savoir plus sur la lauréate, rendez-vous sur : agricultrices.com/candidate-caroline-pelletier

« En mon nom et celui des Agricultrices de la Montérégie-Est, je tiens à féliciter et à souligner le travail exceptionnel de Mme Pelletier qui mérite amplement ces honneurs. Je suis fière de voir des femmes agricultrices entrepreneures de notre région se démarquer et devenir une source d’inspiration », a déclaré Michèle Laberge, présidente des Agricultrices de la Montérégie-Est.

Peste porcine africaine : Ottawa lance un programme pour se préparer

Les organisations admissibles peuvent maintenant présenter une demande de financement fédéral dans le cadre du Programme de préparation de l’industrie à la peste porcine africaine (PPIPPA). Doté d’une enveloppe de 23,4 M$, ce programme vise à aider l’industrie porcine du Canada à se préparer à l’entrée éventuelle de cette maladie au pays.

Le financement du nouveau programme a été réservé en août 2022 pour appuyer des projets comme les évaluations et les améliorations de biosécurité, la gestion des porcs sauvages, la modernisation des abattoirs existants, les analyses sectorielles et la recherche en lien avec la peste porcine africaine (PPA).

Les demandes de la part d’établissements universitaires, d’associations, d’entreprises, de groupes autochtones et de gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux seront acceptées jusqu’au 30 novembre 2023 et le financement sera distribué sur deux ans.

Pour rappel, la PPA est une maladie porcine mortelle qui se propage par contact direct ou indirect avec des porcs infectés ou avec de la viande ou des sous-produits de porc contaminés. La maladie n’a jamais été détectée au Canada.

Depuis 2018, toutefois, la PPA s’est propagée dans certaines parties de l’Asie, de l’Europe et des Caraïbes, incitant à redoubler de vigilance. Le virus de la PPA n’est pas transmissible aux humains et ne pose pas de risque pour la salubrité des aliments.

Cependant, un seul cas de PPA au Canada entraînerait la fermeture immédiate des frontières aux exportations de porc canadien, qui représentent 70 % de la production porcine canadienne.

Les détails du programme et du processus de demande se trouvent à l’adresse : www.agriculture.canada.ca /fr/programmes-services-agricoles.

18Jeudi 8 décembre 2022Gestion et Technologie Agricoles COLLECTIF EN FORMATION AGRICOLE
Michèle Laberge, présidente des Agricultrices de la Montérégie-Est, Caroline Pelletier, lauréate du Prix Dimension E, Marie-Claude Bibeau, ministre de l’Agriculture, et Jeannine Messier, présidente des Agricultrices du Québec.

Des représentants agricoles africains à Saint-Damase

Dix représentants d’organisations agricoles africaines étaient de passage, le 23 novembre, à la ferme Cabri génétique international à Saint-Damase, spécialisée dans la production de chèvres, dans le cadre de la mission Sud-Nord « Viens marcher ma Terre 2022 » de l’Union des producteurs agricoles Développement international (UPA DI).

En terre québécoise jusqu’au 3 décembre, les visiteurs ont pu échanger sur les politiques agricoles et agroenvironnementales en vigueur dans la province et dans leur pays respectif et de s’inspirer de nos méthodes.

« Ce fut une super bonne visite. Ils ont été impressionnés », a affirmé Hélène Benoit, consultante en communications de l’UPA DI.

Certains se sont d’ailleurs montrés intéressés par le démarrage d’un élevage caprin dans leur pays. « C’est un élevage qui pourrait bien s’intégrer chez eux. Les propriétaires de la ferme Cabri génétique international, Ginette Morneau et Christian Dubé, ont quand même 25 ans d’expérience et pourraient être des ressources pour les producteurs africains », explique Mme Benoit.

« Nous avons bien apprécié et suivi avec attention les explications des propriétaires de la ferme. Est-ce que ce modèle pourra être dupliqué en Afrique, plus précisément au Sénégal? Nos dis-

cussions futures nous le diront. Merci à Ginette et à Christian de nous avoir ouvert leurs portes et merci à l’UPA DI d’avoir facilité la mise en relation », a témoigné Ahmedou Moukhtar Mbodj, secrétaire général du Cadre national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR).

Une mission pour les dirigeants

L’UPA DI aura 30 ans l’an prochain et cette année représente le retour des missions qui existent depuis plus de 20 ans et qui avaient été arrêtées en raison de la pandémie. Depuis le début, des échanges se font avec des pays d’Afrique et, depuis une dizaine d’années, avec Haïti. Plus récemment se sont ajoutés la Tunisie, la Bolivie et le Pérou. La Tunisie fait d’ailleurs partie de la mission actuelle avec le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et la République démocratique du Congo. De plus, l’UPA DI s’est rendue pour la première fois en Indonésie cette année.

L’édition 2022 est particulière puisqu’il s’agit vraiment d’une mission dédiée aux dirigeants d’organisations agricoles de plusieurs pays et à l’échelle provinciale ici, au Québec. Auparavant, il s’agissait plutôt de stages dans des fermes d’une région spécifique, les régions variant d’une année à l’autre, pour des groupes de femmes ou des agriculteurs d’un pays en particulier.

Les visiteurs ont aussi participé à une journée de réflexion avec les membres du conseil d’administration de la coalition « Nourrir l’humanité durablement », créée en mai 2021, ce qui permet d’entamer le

processus pour internationaliser le mouvement. Les représentants africains souhaitent que leurs organisations joignent les rangs du mouvement, mais ils ont convenu, dans un premier temps, à l’instar de ce qui s’est fait au Québec, de rallier à cette cause les acteurs du secteur agroalimentaire et les organisations de la société civile dans leur pays respectif.

Ils ont aussi pris part à des rencontres avec des organisations gouvernementales du Québec et du Canada et au Congrès général de l’Union des producteurs agricoles, les 29 et 30 novembre. Le but pour l’UPA DI est de faire connaître les préoccupations des agricultrices et des agriculteurs d’ici et d’ailleurs au regard des politiques agricoles, les enjeux

d’autonomie alimentaire et de développement durable auxquels doivent répondre ces politiques et les points de vue de leaders agricoles sur ces questions.

« Nous avons des enjeux communs, notamment en matière d’adaptation aux changements climatiques et d’achat local. Il y a un partage d’informations qui se fait. Il y a des collaborations, des partenariats et des alliances à faire », a déclaré Hélène Benoit.

D’ailleurs, l’UPA DI juge que les points de vue de ces différents pays sont pertinents à l’heure des grandes conférences internationales que sont la COP27 sur les changements climatiques, qui vient de se terminer, et la COP15 sur la biodiversité, qui a lieu du 7 au 19 décembre à Montréal.

AgricolesJeudi 8 décembre 202219
Gestion et Technologie
Des représentants d’organisations agricoles africaines étaient de passage à la ferme Cabri génétique international à Saint-Damase le 23 novembre. Photo François Larivière | Le Courrier © Adaée BEAULIEU GTA
20Jeudi 8 décembre 2022Gestion et Technologie Agricoles

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