50 ans de changements

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Mercredi 19 mai 2021


2 - L’Oeil Régional - Mercredi 19 mai 2021 - 50 ans de changements


DE CHANGEMENTS

FONDÉ EN 1970

Regard sur la région Johanne Marceau Directrice générale de L’Œil Régional

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ans de changements poussent notre équipe à toujours se renouveler pour mieux informer ses lecteurs. Malgré tous ces bouleversements, nous ne remettons jamais en doute la pertinence d’un média local et régional comme L’Œil Régional. Dans une région aussi active que la Vallée-duRichelieu, l’information d’un média régional est au centre de notre vie démocratique. L’ŒIL s’est d’abord donné comme mission d’informer les lecteurs sur les enjeux de la région, qu’ils soient politiques, commerciaux, scolaires, de santé, culturels ou sportifs. Un journal se doit aussi d’être partie prenante de sa communauté. D’abord comme bon citoyen corporatif, nous nous devons de promouvoir les événements communautaires et les activités commerciales. L’Œil Régional s’est toujours impliqué dans son milieu et restera sensible aux besoins de ses lecteurs et de ses annonceurs. Le journal se veut le reflet de sa région et des résidents qui l’habitent. Nous avons la chance d’évoluer dans une magnifique région; magnifique jusque dans sa montagne, sa rivière, ses gens. Une belle région, en bonne santé et prospère. Notre devoir est de la faire rayonner depuis maintenant 50 ans. Nous pouvons le faire grâce à ses nombreux artisans que je remercie du fond du cœur. J’en pro-

fite pour remercier aussi notre équipe actuelle : Benoit, Sonia, Abigail, Sarah-Eve, Denis, Vincent, Monique, François, Robert, Pierre, Guillaume, Gilles, Martin et toutes les personnes qui nous accompagnent pour le montage et l’impression du journal. Je m’en voudrais de ne pas souligner le travail de nos distributeurs et camelots. Je tiens aussi à remercier chaleureusement tous nos partenaires, nos clients et nos annonceurs. Vous nous permettez d’informer les gens de la Vallée-du-Richelieu et de distribuer gratuitement le journal à la population. Un merci tout particulier à nos lecteurs. Nous préparons chaque semaine ce journal pour vous. La pertinence du journal prend vie grâce à vous. Pour reprendre les sages paroles d’un ancien collègue : « Un journal n’a de valeur que s’il est lu. » Bonne lecture!

Merci Gilbert Le journal tenait à souligner un collègue de longue date en la personne de Gilbert Desrosiers. Gilbert aurait souhaité terminer sa carrière au journal avec la réalisation du projet 50e anniversaire de L’Œil Régional. La vie en a décidé autrement. Gilbert nous a quittés en mars dernier. Merci Gilbert pour toutes ces années à promouvoir la région de la Vallée-du-Richelieu.

La directrice de L’Œil Régional, Johanne Marceau. Photo Abigail Boucher-Bédard

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DE CHANGEMENTS

FONDÉ EN 1970

Information, mémoire et prospérité Vincent Guilbault Directeur de l’information de L’Œil Régional

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uelle est la mission d’un journal? Informer, bien sûr. C’est dans son ADN. Mais un journal régional, comme L’Œil Régional, doit faire beaucoup plus que ça. Son rôle est d’abord de parler des gens d’ici : célébrer nos athlètes, valoriser les œuvres de nos artistes, souligner les réussites commerciales, garder un œil sur la bonne gestion de nos villes et de notre argent. Cinquante ans plus tard, cette mission est encore et toujours vraie. C’est aussi un rôle d’archives, de témoins de l’actualité, mais aussi du passé. Un rôle de préservation du patrimoine, de mise en valeur de notre région. Le rôle de favoriser l’achat local, de permettre à nos commerces de rester en santé et de contribuer à garder notre région prospère. Plus qu’un témoin, un journal régional doit s’impliquer et s’investir dans sa communauté. Lorsque nous avons célébré le 45e anniversaire du journal, nous avons publié une rétrospective historique de la région. Cinq ans plus tard, dans le cadre du 50e , il aurait été impensable de refaire la même chose. Nous avons donc cogité un peu sur le sens de notre journal. Sur les rôles et les missions du journal des gens d’ici. Nous en sommes venus à la conclusion que nous n’étions pas les seuls à partager ces mêmes valeurs.

Oui, L’ŒIL a un devoir de mémoire. Mais la Société d’histoire aussi, elle qui préserve notre patrimoine et garde un œil sur le passé. Oui, L’ŒIL veut une économie forte et une région prospère, mais la Chambre de commerce aussi travaille à soutenir ses entreprises membres. Oui, L’ŒIL se dévoue chaque semaine pour souligner les exploits de nos sportifs. Mais jamais autant que tous ces bénévoles qui rendent le sport local et régional possible. Oui, L’ŒIL expose le travail des artistes, mais un organisme comme le Musée des beaux-arts dédie son existence même à protéger notre culture. Nous avons donc rapidement décidé de contacter ces personnes, ces organismes, ces groupes qui partagent les mêmes valeurs que notre équipe. Ces gens qui ont la région tatouée sur le cœur. Nous en avons aussi profité pour prendre un temps d’arrêt sur 50 ans d’information et pour nous projeter vers l’avenir. Notre équipe vous invite donc à découvrir quelques-uns des artisans derrière le succès de notre région. Cette liste n’est pas exhaustive, loin de là. Mais chacun d’entre eux partage au moins l’une de nos valeurs, que ce soit l’information, la mémoire ou la prospérité de la région. Et bien sûr, merci à vous, chers lecteurs. Ce travail, nous le faisons d’abord pour vous! Bonne lecture

Le directeur de l’information, Vincent Guilbault. Photo Abigail Boucher-Bédard


DE CHANGEMENTS

FONDÉ EN 1970

L’Œil Régional et l’avenir de la presse locale

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a révolution numérique a bouleversé les méthodes de travail des journalistes et les habitudes des lecteurs. Même après 50 ans d’existence, L’Œil Régional doit faire face aux mêmes défis que la presse locale et nationale vis-à-vis du web. Éditeur de L’Œil Régional et président de DBC Communications, Benoit Chartier agit aussi à titre de président de l’association Hebdos Québec et est l’un des membres fondateurs de la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec. En tant que propriétaire de journaux, M. Chartier a connu l’âge d’or de la presse écrite et les bouleversements des dernières années. « Le travail a énormément changé depuis 2012, avec l’arrivée de Facebook et la croissance de Google. Je l’ai senti tout de suite, souligne l’éditeur. Encore aujourd’hui, Facebook égraine la force du média local et régional, car tout le monde se dit journaliste. Nous n’avons plus cette “exclusivité”. Pour le public, le travail d’un journaliste qui possède une formation a parfois la même valeur que la niaiserie de n’importe quel internaute sur les réseaux sociaux, même si le journaliste fait une recherche rigoureuse, fouille ses

dossiers et appelle des gens pour trouver la nouvelle. Facebook nous fait perdre de la notoriété. » Le média social a non seulement brassé les cartes au niveau de la diffusion de l’information, mais il a joué un rôle énorme concernant la baisse des revenus publicitaires. « [Les journaux] n’ont jamais été autant lus et consultés, autant sur papier que sur le web, mais les annonceurs sont de moins en moins présents dans nos pages », soulève M. Chartier. Baisse des revenus Comme éditeur, Benoit Char tier a connu l’âge or de la presse. « De 1990 jusqu’au début des années 2000, l’argent entrait. Nous étions les seuls à fournir de l’information, nous avions le monopole de la publicité, mais ça, c’est fini. Notre information est toujours rigoureuse, mais elle est diluée dans les réseaux sociaux. » Devant la révolution numérique et la perte de revenus publicitaire, M. Chartier et Hebdos Québec ont participé en 2016 à la création de la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec. La coalition, qui regroupe 180 journaux, s’est donné comme mandat de talon-

ner les gouvernements pour la mise sur pied de programmes de subvention. « Au Canada et au Québec, les États ont réagi rapidement, reconnaît M. Chartier. Le travail de journaliste est reconnu par l’État comme nécessaire au fonctionnement de la démocratie. » Avenir Même s’il se dit plutôt inquiet pour l’avenir de la presse écrite en général, Benoit Chartier pense que les journaux hebdomadaires sauront tirer leur épingle du jeu, sur tout en région. « Plus on s’éloigne de Montréal, plus les journaux sont en santé, dit celui qui possède aussi des hebdos à SaintHyacinthe, Acton Vale et Sorel-Tracy. Dans ces villes, on trouve encore une bonne masse critique de gens fiers de leur communauté. » L’Œil Régional évolue dans une communauté en pleine croissance, qui est assez retiré du Grand Montréal, pense l’éditeur. « Beloeil est encore une banlieue, mais elle a un cœur bien vivant, avec sa vie de quartier et de ville. Le journal y a encore sa place et il profite d’un fort sentiment d’appartenance. » Chez les propriétaires indépendants de journaux locaux, les modèles de l’organisme sans but lucratif ou de la

coopérative s’imposent de plus en plus. « C’est une tendance pour les journaux quotidiens, mais pas encore pour les hebdomadaires, car nos coûts sont encore moins élevés et les annonceurs locaux font encore confiance aux journaux. Mais le futur des médias passe par les subventions. » Par Vincent Guilbault

Benoit Chartier, éditeur de L’Œil Régional et président de DBC Communications.

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D’INFORMATION

La presse locale et la politique : une relation incontournable

ean-Pierre Charbonneau a connu les coulisses du journalisme avant d’être mis à l’avant de la scène en devenant député à l’Assemblée nationale. Pour lui, les hebdos régionaux, sur le même pied d’égalité des médias nationaux, ont joué un rôle essentiel dans sa carrière politique. Sans quoi son travail serait resté dans l’ombre. Jean-Pierre Charbonneau a été journaliste et chroniqueur pour les journaux Le Devoir et La Presse dans les années 1970. En 1976, il a été élu député une première fois pour le comté de Verchères sous les couleurs du Parti québécois. Il y a représenté les citoyens jusqu’en 1989. « Quand je suis devenu politicien, disons que je n’avais pas été en contact avec le monde des hebdos. Je n’étais pas attentif à ça. […] Je considérais qu’un journaliste d’un hebdo était aussi important qu’un journaliste d’un quotidien. Faire de la nouvelle nationale ou de la nouvelle régionale, pour moi, c’était du pareil au même. Il n’y avait pas de hiérarchie des journalistes. Pour un député, ça passe d’abord par son ancrage territorial », affirme-t-il. Pendant sa pause politique, il a participé à différents projets médiatiques, notamment en tant que chroniqueur pour L’Œil Régional en 1990. Quelques années plus tard, il a effectué un retour en politique en se faisant élire comme député dans Borduas en 1994. « J’aurais eu beaucoup de difficulté à faire ma job de député pendant 25 ans s’il n’y avait pas eu d’hebdo comme L’Œil Régional. La difficulté que j’avais dans ma première vie politique, c’était que le comté allait jusqu’à Contrecoeur, La Présentation, etc. C’était éclaté. Il y avait des coins où il n’y avait pas de journal. C’était plus difficile de maintenir le lien avec les citoyens et avec les groupes communautaires. Tu ne peux pas faire de la politique juste en faisant du porte-àporte. La vie politique passe par la communication. L’homme et la femme politique a le besoin de savoir ce qui se passe dans son milieu », ajoute-t-il. Il se rappelle que durant certaines périodes, L’Œil Régional avait diminué son intérêt envers son travail de député puisqu’il avait des responsabilités au niveau national en tant que ministre ou président de l’Assemblée nationale.

« Aujourd’hui, on a un député [Simon Jolin-Barette] qui est ministre aussi. Parfois, on accorde moins d’attention au travail du député local. Certains vont dire qu’ils sont bien couverts par les médias nationaux, mais le travail dans son comté mérite d’être couvert, mais mérite aussi qu’on y apporte un œil critique. Le vieil adage dit qu’on ne voit les politiciens que pendant les élections et on ne les voit plus après. La seule façon d’être vus, c’est par le prisme des médias. Si les médias ne nous couvrent pas, tu es mal barré pour avoir une présence. Tu peux être

très actif dans ton comté, mais personne ne le sait. Je ne voyais jamais autant de monde en une semaine dans les événements que de personnes qui lisent le journal » mentionne-t-il. Une relation respectueuse Sa relation avec les hebdos était donc très importante. « Quand je suis arrivé ici et qu’il y avait L’Œil Régional établi, pour moi c’était un incontournable. Je ne pouvais pas penser être en relation avec la population si je ne travaillais pas avec le journal. Je m’étais dit que

je considérais les journalistes comme des professionnels. Et puis, je leur donnais l’heure juste. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils soient des agents de presse ou des agents de relations publiques pour moi. À un moment donné, il y a eu des critiques. Mais en général, ils couvraient bien ce que je faisais. » Il dit avoir toujours eu du respect pour L’Œil Régional considérant l’hebdo comme un « vrai journal » et non comme un feuillet publicitaire, en se référant à d’autres médias régionaux. « Je ne m’attendais pas à ce que les journalistes soient complaisants. J’ai été chanceux, j’ai toujours eu une belle relation. Chaque fois que les journalistes m’appelaient pour des précisions, je leur donnais l’heure juste. C’était bien important. » Chroniqueur à nouveau Il a terminé sa carrière politique en 2006. Il a alors eu l’occasion de rédiger à nouveau des chroniques dans le journal régional. Selon lui, c’était une offre qu’il ne pouvait pas refuser. Même s’il a trouvé difficile de maintenir un rythme hebdomadaire, il admet avoir aimé cette responsabilité. « Ça a permis de continuer ma relation que j’avais avec la population, par tager mon expérience et ma lecture des événements nationaux et régionaux. Ce qui était le plus difficile, c’était de trouver un angle régional. Chaque fois que c’était possible, j’essayais de l’accrocher à quelque chose qui se faisait dans le milieu. J’aimais ça. C’est rigoureux. Chaque semaine, il faut que tu produises. Ça me forçait à réfléchir, à trouver un angle pour que les gens lisant un hebdo se sentent interpelés », se souvient-il. Souhait de renforcer la presse régionale Pour M. Charbonneau, un hebdo est l’ancrage d’une communauté. Il permet d’entretenir des échanges entre les citoyens et les différents acteurs d’une communauté. « Ce qu’on peut souhaiter pour L’ŒIL, c’est non seulement qu’il perdure dans le temps, mais qu’il maintienne sa capacité d’offrir une salle de rédaction suffisamment importante pour couvrir tout ce qu’il y a à couvrir et éventuellement même se renforcer. »

Jean-Pierre Charbonneau a été tour à tour journaliste, chroniqueur et politicien.

Par Sarah-Eve Charland

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Merci de recycler ce journal.

655, avenue Sainte-Anne, Saint-Hyacinthe, Québec, J2S 5G4 dbccomm.qc.ca Imprimé par l’Imprimerie Transcontinental s.e.n.c., division Transmag, 10807, rue Mirabeau, Anjou, Québec, H1J 1T7 et distribué par Publi Sac pour plainte ou requête: 450 773-6028 ISSN 0839-7864 Toute reproduction des annonces ou des informations est interdite


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D’IMPLICATION

Un partenaire indispensable

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Œil Régional a servi de portevoix pour bien des organismes à but non lucratif, incluant La Maison Victor-Gadbois qui offre des soins palliatifs. Mais la relation entre les deux entités va plus loin que la transmission du message, de l’avis des administrateurs de la Maison. Par son implication diverse, le journal a contribué à faire battre le cœur de la Maison pendant près de 30 ans. Cette implication a débuté avant même qu’ait lieu la première pelletée de terre. Le fondateur de L’ŒIL, Guy Gilbert, siégeait au comité de création. C’était tout à fait naturel pour lui de mettre la main à la pâte pour ce projet. « Je croyais en l’implication du journal. Que ce soit la création de la chambre de commerce, la Fondation Mira ou encore la venue du CLSC dans la région, il faut être présent, croire en sa région, aimer sa région », soutient M. Gilbert. André Dér y, embauché comme directeur général de l’organisme quelque temps après l’ouverture de la Maison en 1992, se rappelle aussi très bien l’effort déployé par le milieu pour la mise sur pied d’un centre de soins palliatifs. « Beaucoup de gens locaux s’étaient impliqués. Il y avait une cam-

pagne de financement de porte-à-porte. Mon épouse s’impliquait dans cette campagne, alors que moi, je ne savais même pas encore que j’irais travailler à Victor-Gadbois. J’avais demandé à mon épouse ce qu’ils feraient avec l’argent si le projet ne fonctionnait pas. Mais le résultat est que ç’a ouvert et opère encore aujourd’hui, notamment grâce à L’ŒIL qui parlait de la maison chaque semaine », ajoute M. Déry, qui a pris sa retraite à la fin de 2017. Rôle clé dans les campagnes de financement L’Œil Régional a donné un gros coup de main pour le financement de la Maison par divers moyens. Guy Gilbert a mis sur pied en 1998 le premier encan au profit de l’organisme, une idée qu’il avait empruntée à l’époque à Pierre Péladeau, fondateur du Journal de Montréal. « L’ŒIL participait, ramassait des cadeaux pour l’encan crié et silencieux, se rappelle M. Gilbert. Nous avions réussi à amasser cette annéelà 35 000 $. » L’initiative se poursuit aujourd’hui et, l’an dernier, ce sont 350 000 $ qui ont été récoltés, renchérit Nathalie Savard, une employée de longue date de la Maison occupant maintenait la direction générale.


FONDÉ EN 1970

de La Maison Victor-Gadbois Le journal agissait comme partenaire important du tournoi de golf bénéfice de la Maison VictorGadbois. « Ce tournoi était une autre activité de financement importante pour nous. Quand on arrivait au Club de golf la Madeleine, il y avait un grand panneau qui nous rappelait que le journal était partenaire. Il y avait même un trou commandité par L’ŒIL », souligne André Déry.

Nathalie Savard et André Déry. Photo gracieuseté

Courroie de transmission unique La contribution du journal va au-delà de l’aspect financier, de l’avis de Mme Savard. « En parlant de nos services, L’ŒIL aide à l’accès au soin de la population. Depuis l’ouverture de la Maison en 1992, nous avons étendu notre offre de services, notamment avec la Clinique de gestion de symptômes et le centre de jour. Le journal a même parlé du fait que des soins et suivis ont été offerts pendant la pandémie le printemps dernier. Et là, on a un nouveau projet, Une pause avec Victor, qui s’adresse spécifiquement aux proches aidants. » Bien que L’Œil Régional ait changé de mains plusieurs fois dans les années 2010, la relation entre la publication et l’organisme est toujours demeurée solide, assure Nathalie Savard. « Le lien d’intimité est toujours là. Encore aujourd’hui, nous avons ainsi une grande proximité privilégiée avec la communauté grâce au journal. » La Maison Victor-Gadbois a même eu comme administrateur le président de DBC Communica-

tions, Benoit Chartier, bien des années avant que ce dernier n’achète L’Œil Régional. « Il pouvait voir que c’était bien administré. M. Chartier et son équipe nous invitaient d’ailleurs à l’Expo de Saint-Hyacinthe. » Rendre la pareille Les responsables de la Maison se sont toujours fait un devoir de témoigner leur appréciation au journal par divers petits gestes qui font chaud au cœur. « Je me suis toujours assuré qu’il y a des copies du journal dans la salle d’attente. La seule chose que pouvait lire la personne en attendant qu’on vienne la chercher était L’ŒIL. […] Nous avions même amené le journal au Stade olympique. Un dignitaire de la maison avait fait le lancer protocolaire et on avait vu sur l’écran géant le logo de L’Œil Régional », tient à mentionner M. Déry. « Le journal fait partie de notre famille. Les gens de l’équipe font toujours partie de la liste pour recevoir notre cadeau de Noël annuel qui change d’année en année », poursuit sur la même lancée Mme Savard. Sur un ordre plus officiel, Guy Gilbert a reçu en 2001 le prix Gérard-Dupont remis aux gens travaillant de façon engagée pour la survie de la Maison. Puis, l’organisme a installé en 2018, dans un lieu très visible, une plaque remerciant L’ŒIL pour son engagement. Par Denis Bélanger

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DE MÉMOIRE

FONDÉ EN 1970

La grande responsabilité de préserver l’histoire

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Alain Côté, président de la Société d’histoire et de généalogie Beloeil–Mont-Saint-Hilaire.

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Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

u cours des 50 dernières années, la Société d’histoire et de généalogie Beloeil– Mont-Saint-Hilaire s’est appliquée à entretenir le devoir de mémoire, une mission qu’a partagée L’Œil Régional depuis sa création. La région a connu quelques publications, comme L’Écho des Monts, relatant les nouvelles du coin avant les années 70, mais il n’en reste que des parcelles. « Malheureusement, on n’a pas conservé ces journaux. Quelques numéros ont été déposés à la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec), mais c’est fragmentaire. On a réussi à mettre la main sur quelques numéros. Si on veut faire une recherche dans les années 50, ces journaux-là sont manquants. On perd énormément d’informations. À partir des années 70, on est capable de retourner en arrière et de voir les événements qui se sont déroulés. [Le journal] n’est pas la seule source d’informations, mais c’en est une essentielle pour la recherche », souligne le président de la Société, Alain Côté. La mission de la Société d’histoire est de favoriser la recherche, la conservation du patrimoine et la diffusion des connaissances acquises, dans le but de faire connaître l’histoire locale et la généalogie à un public de tous âges. Pour y arriver, l’accès aux contenus médiatiques locaux est important, assure-t-il. C’est notamment l’une des raisons qui ont poussé l’organisme à détenir le fonds de photo du

journal il y a plus de 10 ans. La Société d’histoire a approché L’ŒIL pour acquérir les photos puisqu’elle avait régulièrement besoin d’images ou de photos d’époque. Cela a bien accommodé le journal puisque l’archivage s’est avéré difficile au fil des années. « C’était le bordel. Ils n’arrivaient plus à se retrouver. D’un commun accord, on a trouvé que c’était à l’avantage des deux partis que ça soit nous les gardiens de ces photos. La tâche [d’identifier les photos] est titanesque », ajoute-t-il. Une bénévole s’y attèle depuis une dizaine d’années. Elle doit retrouver les photos dans les journaux afin de bien les identifier et les archiver. Selon le président, près de 15 % du travail a été réalisé. « Imaginez le travail que ça prend. Idéalement, il faudrait qu’on puisse un jour tout mettre dans une base de données pour que ce soit beaucoup plus facile à s’y retrouver. On n’en est pas encore rendu là. Il reste encore beaucoup de travail à faire. » Rendre accessibles les documents historiques représente un grand défi, reconnaît M. Côté, surtout lorsque la technologie entre en ligne de compte. Parfois, des documents intéressants se retrouvent sur des médiums qui doivent être lus par des appareils en voie de disparition. Le virage numérique, tout comme le journal, représente l’un des principaux enjeux pour l’organisme. Par Sarah-Eve Charland


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D’INFORMATION

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Police et presse : une collaboration pour mieux informer le public

laude Lafrenière a endossé l’uniforme de la Sûreté du Québec pendant plus de 30 ans. En fin de carrière, le sergent occupait le poste de directeur adjoint au poste de SaintMathieu-de-Belœil. Le poste de police patrouillait dans les villages riverains de la rivière Richelieu. Pendant ces neuf années comme directeur adjoint, et jusqu’à sa retraite en avril 2015, il a été responsable des relations avec les médias. C’est de cette manière qu’en tant que journaliste, j’ai eu le privilège de le côtoyer. Avec les années, nous avons su bâtir une belle relation de confiance et d’échange. Bien sûr, nos deux métiers nous plaçaient parfois dans des positions de confrontation, mais notre relation de confiance aura été bénéfique pour les lecteurs du journal. « J’ai toujours trouvé intéressant de parler avec les médias, me raconte Claude au téléphone. Ça donnait au poste la chance d’être présent dans la communauté, d’informer la population et de passer des messages d’intérêts publics, comme des campagnes de prévention et de sensibilisation. Ou encore pour nous aider à retrouver des individus ou mettre le public en garde. »

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Même si les tensions entre médias et policiers sont parfois palpables, M. Lafrenière pense que les bénéfices de collaborer avec les médias sont plus grands que les inconvénients. « J’ai toujours pensé que la police devait montrer ses bons coups. Lorsqu’on entrait en période d’opération cisaille [contre la culture de cannabis], les communiqués dans les médias nous donnaient la crédibilité pour obtenir la confiance des agriculteurs lorsqu’on demandait leur coopération. » Un peu plus Claude Lafrenière allait au-delà de son mandat de communication. Il m’a permis de participer à des opérations dans les champs pour trouver le cannabis, m’a fait rencontrer les maîtreschiens, m’a fait visiter le centre d’appel d’urgence. J’ai eu la chance de faire un peu de radar et de participer à des barrages pour l’alcool au volant. Tout ça au bénéfice du lecteur. « C’était important pour moi de faire voir un autre volet de la police, de montrer les nombreuses spécialisations de la SQ, ajoute Claude Lafrenière.

Comme nous avions une bonne collaboration, je me permettais de te donner ces accès et d’en parler. Et j’avais énormément de feedback de mon entourage, surtout lorsque le site web de L’ŒIL a vu le jour. On me parlait de nos opérations médiatisées. » Le sergent a même poussé l’audace à me faire arrêter par un de ses collègues à la patrouille, sous un prétexte de contravention impayée; juste pour me faire subir une arrestation, une prise d’empreinte et pour me laisser moisir une heure dans une cellule. Certains reportages ou articles ou même certaines photos publiées dans nos pages ont été rendus possibles par cette collaboration privilégiée. Cette confiance, qui a servi les deux organisations, avait toujours pour but d’informer le public. « Et Claude Lafrenière avait à cœur les médias locaux. « Les médias nationaux ne s’intéressaient pas à nous, sauf pour des opérations majeures ou des disparitions. Et les relationnistes nationaux de la SQ n’avaient pas le temps de tenir informés les médias locaux, alors c’est nous qui le faisions. On prenait le temps de fournir du contenu, mais de mon côté, ça me per-

Maintenant à la retraite, Claude Lafrenière consacre plus de temps à jumeler ses passions pour l’aviation et la photographie. Photo gracieuseté

mettait de transmettre aussi de l’info. Cette collaboration était fructueuse et, depuis mon départ, je déplore qu’il y ait moins d’info de la SQ dans les hebdos. C’est une perte d’information locale. Contrairement à d’autres policiers, je n’ai jamais vu la collaboration avec les médias comme un mal nécessaire; c’était primordial », conclut le sergent à la retraite. Par Vincent Guilbault


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DE PATRIMOINE

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Le legs culturel d’André Michel

ire de Mont-Saint-Hilaire qu’elle est une ville d’artistes est un euphémisme. Après 50 ans à couvrir les arts, les spectacles et la culture de la région, les artisans du journal se devaient de rencontrer des artistes pour parler de culture dans ce cahier spécial. Et en recensant les noms qui ont bouleversé la région culturelle dans les dernières années, le nom d’André Michel s’est imposé. La liste des faits d’armes de l’artiste d’origine française est longue : fondateur du Musée des beaux-ar ts de Mont-Saint-Hilaire et de la Maison amérindienne ainsi que fondateur du Regroupement des artistes professionnels de Mont-Saint-Hilaire (RAP). Artistes aux nombreux talents, ses œuvres embellissent la région et il est impensable de circuler sans remarquer sa touche sur les bords de la rivière ou devant les impor tants bâtiments de la ville. Lui et moi avons correspondu au fil du temps, surtout en lien avec l’actualité hilairemontaise, qu’elle soit politique ou culturelle. Mais il aura quand même fallu attendre près de 15 ans pour une première entrevue officielle. C’est dans son atelier de la montée des Trente, dans un ancien manège militaire transformé en milieu de création,

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qu’il m’a reçu pour parler de l’importance des musées de la région. Pour comprendre son implication, il faut remonter à ses origines en banlieue d’Avignon, là où il a passé son enfance. Entourés d’œuvres, lui et moi parlons de ses études en philosophie et de l’enseignement, métier qu’il abandonnera au profit du dessin, qu’il a peaufiné à l’École des Beaux-Ar ts d’Avignon. Il confirme que sa rencontre avec Salvador Dali et sa première exposition à Paris, à 21 ans, ont cimenté son désir de vivre de son art. C’est pour cette raison qu’il s’exile de son pays, d’abord à l’île Maurice, puis finalement au Québec en 1970. « Je voulais repeindre le plafond de l’opéra d’Avignon, avec tout le front que ça exigeait pour un jeune qui n’avait pas encore 20 ans, reconnaît l’artiste. J’avais réalisé les maquettes, calculé la quantité de peinture, le nombre d’échafaudages; un travail de fou. Je suis allé voir le maire de la Ville qui m’aimait. Il m’a dit non, car j’étais trop jeune. J’étais en maudit que ma jeunesse me nuise. » Une situation qui n’arrive pas au Québec, dit-il, ce qui illustre bien la différence entre les deux nations. De ses dires, M. Michel a reproposé à la Ville un projet de muraille tout aussi

Le peintre et sculpteur André Michel pose devant le Musée des beaux-arts de Mont-SaintHilaire, qu’il a fondé en 1995. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

ambitieux, mais s’est encore une fois buté à un refus en raison de l’âge. « Je me suis mis à haïr les Français. J’avais compris qu’il fallait des relations ou de l’argent. J’ai pris mon fils et j’ai quitté la France pour l’île Maurice. » À travers les rencontres, le retour en terre natale et le raffinement de son art, l’artiste finit par aboutir au Québec en 1970, dans la région de Sept-Îles. Il y passera les 18 années suivantes. Contact avec les Innus C’est en dessinant dans le bois qu’il croise des gens du peuple innu, qui bouleverseront sa vie à tout jamais. Il y rencontre notamment Jean-Marie Mckenzie, un chasseur-trappeur et artiste traditionnel, un homme qui deviendra son mentor spirituel. « Il m’a adopté, d’une certaine façon. Calme et posé, il n’était jamais en colère. Menu, pas très costaud, un peu comme moi. Mais tout ce qu’il faisait, c’était bon. » M. Michel a accompagné les Innus dans le bois pendant 15 ans. « J’ai développé une relation intime avec eux qui a marqué ma vie, même si je n’y attachais pas d’importance au début. Mais petit à petit, en allant vivre dans le bois avec eux, j’ai découvert qu’ils étaient supérieurs à moi dans la nature. Eux chassaient et pêchaient; moi je dessinais. J’ai appris à les aimer en les regardant. » L’époque était différente aussi, reconnaît-il. « Je n’aurais pas pu vivre cette expérience aujourd’hui, ça a trop changé. Dans les années 1970, tout le village partait dans le bois. Maintenant, ce n’est que quelques familles. Les dernières fois que je suis allé dans le bois avec des jeunes, là où le cellulaire s’arrêtait, ils s’arrêtaient. » C’est en vivant avec eux qu’André Michel parviendra à ramasser différents objets et artefacts qui le mèneront à ouvrir le Musée des Sept-Îles, en 1975, dans une vieille bâtisse municipale. Lors de la première année, plus de 5000 visiteurs passeront les portes du musée, clame l’artiste. Avec le décès de M. Mckenzie, André Michel décide de quitter Sept-Îles et il se dirige vers Mont-Saint-Hilaire, en 1988. Le Musée des beaux-arts André Michel s’est impliqué dans sa collectivité comme artiste d’abord, en fondant le Regroupement des artistes professionnels de Mont-Saint-Hilaire. Il militera aussi bien sûr pour l’ouverture

d’un musée. Il était impensable pour lui que Mont-Saint-Hilaire ne possède pas de musée dévoué aux peintres Ozias Leduc, Paul-Émile Borduas et Jordi Bonet. Il veut d’abord consacrer un lieu à Paul-Émile Borduas. « C’était le mal-aimé des trois, le marginalisé, l’auteur du Refus global. Exilé à New York, il est mort presque seul à Paris. » Pour accueillir le musée, une première étude suggère de convertir l’érablière qui abrite aujourd’hui la Maison amérindienne, mais le maire de Mont-SaintHilaire, Honorius Charbonneau, forcera le musée à s’installer à côté de l’hôtel de ville, à son lieu actuel. Pour y joindre la bibliothèque, d’abord, mais pour avoir un œil sur le musée, souligne André Michel. Même s’il est déçu à l’époque du choix de l’endroit, il reconnaît avec le recul que c’était la bonne chose à faire. Surtout que l’érablière accueillera ensuite la Maison amérindienne, autre musée pensé par M. Michel. Le Musée des beaux-arts, qui voit le jour en 1995, met en vedette le travail de Leduc, Bonet et Borduas. Pourquoi? « Sinon, ils vont disparaître. Je trouve important d’honorer la mémoire de ces trois peintres qui ont marqué le Québec, chacun d’une façon différente. » Ozias Leduc, c’était le peintre impliqué dans sa communauté, dit-il. Conseiller municipal, très cultivé. Borduas a de son côté marqué le destin du Québec et mis sa tête sur le billot en rédigeant le Refus global. « J’ai dû me battre pour enterrer ses cendres ici », affirme M. Michel. Et Bonet, c’est l’immigrant type, « la preuve, comme moi, que les Québécois ne sont pas racistes; sinon, nous n’aurions jamais pu réussir ici. Il a créé des œuvres partout dans le monde. C’est phénoménal. » Célébrant son 25 e anniversaire de création en 2020, le Musée des beauxarts a encore la même mission originale, fait savoir l’ar tiste. « Le but est de mettre en valeur les artistes régionaux, mais aussi internationaux. On a exposé Dali, Picasso, de grandes expositions. » Et les œuvres de la collection doivent encore aujourd’hui avoir un lien avec Mont-Saint-Hilaire, qu’elles proviennent d’artistes qui y ont exposé, y ont vécu ou y ont travaillé. Les œuvres reflètent la région. Par Vincent Guilbault


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D’IMPLICATION

Q

La Chambre de commerce au cœur des transformations régionales

uelques semaines avant la pandémie, L’Œil Régional s’était entretenu avec Julie La Rochelle et Me Marie-Claude Duval, respectivement directrice et présidente de la Chambre de commerce et d’industrie Vallée-du-Richelieu (CCIVR). Nous avions discuté du rôle de la Chambre, de ses mandats et des défis à venir. Nous avions aussi parlé abondamment de la révolution numérique et du concept de 4.0, qui inclut le télétravail et les nouvelles méthodes de travail. Nous n’aurions pas pu nous douter que ces idées feraient partie si rapidement de notre vie dans les jours à venir. Rôle de la Chambre Juste avant la pandémie, la CCIVR a voulu définir son identité en nommant concrètement sa mission, son rôle et ses valeurs, plus spécifiquement le respect, l’ouverture, la détermination, l’innovation et l’unité. Le rôle de la Chambre est resté sensiblement le même avec les années : regrouper les gens d’affaires afin d’assurer le développement de saines entreprises et un milieu social fort. « Nous voulons jouer un rôle de leader positif dans le milieu, explique Mme La

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FONDÉ EN 1970

Rochelle. Endosser nous-mêmes concrètement ces valeurs nous permet de mieux les transmettre à nos entreprises et de les aider à être prospères. Et je ne parle pas simplement d’un point de vue de rentabilité, mais aussi de développer des valeurs d’intégrité, d’écoresponsabilité. Qu’elles deviennent de meilleures entreprises. » La pandémie a démontré que le rôle d’une chambre de commerce est d’outiller les entreprises en fonction de l’écosystème, qui peut complètement changer et évoluer. Être au centre du changement, explique Mme Duval. « Nous sommes des communicateurs et des transmetteurs d’information pour nos membres. Nous tentons de rester branchés sur les courants pour mieux les transmettre. » Les défis de la révolution numérique Le 4.0, ou la 4e révolution industrielle, correspond aux nouvelles et futures façons d’organiser le travail, en incluant la convergence entre le monde virtuel et le monde réel. Selon les deux femmes, même les entreprises locales doivent embrasser les nouvelles façons de faire, et non pas d’en être effrayées.

Il est certain qu’avec la pandémie, cette révolution s’est accélérée, mais il reste encore du chemin à faire. Au-delà du web, le 4.0, c’est aussi la gestion de l’informatique, des nouvelles technologies ou encore de l’intelligence artificielle. Avec les difficultés de trouver de la main-d’œuvre qualifiée, le numérique peut jouer un rôle. « Le but n’est pas de remplacer des employés, mais plutôt d’aider l’entreprise à soutenir le monde en place, souligne Mme Duval. « Comme avocate, ce qu’on voit, ce sont des secrétaires virtuelles ou des adjointes de bureau qui peuvent réaliser leur travail à distance. La Chambre peut venir en aide aux entreprises pour ces transitions. » La CCIVR a d’ailleurs revu presque tous ces processus avec la pandémie, en commençant par le Bureau des véhicules qui est resté ouvert pendant le confinement. « Au début du confinement, le renouvellement des permis, c’était la folie; comme le papier de toilette!, illustre Julie La Rochelle. Le bureau s’est métamorphosé et la SAAQ a aussi modifié son offre. Nous sommes maintenant en mode hybride avec rendez-vous et sans rendez-vous. »

Une économie verte Si on se projette dans les 20 prochaines années, la CCIVR aime imaginer une région peuplée d’entreprises saines, riches et prospères. Mais cette prospérité passe par l’écoresponsabilité et le mieux vivre ensemble. « Nous voulons nous positionner en faveur de l’écoresponsabilité; nous n’avons pas le choix de développer une conscience verte et d’en faire la promotion. C’est un travail de longue haleine pour certaines entreprises, mais nous sommes présents pour aider », insiste Mme Duval. Il faut convaincre les entreprises que c’est bon pour la business d’être vert. Et pas question ici de greenwashing, c’està-dire du marketing vert sans conscience environnementale réelle. « Je parle d’avoir recours à des notions comme la récupération ou l’économie circulaire. » Achat local L’achat local entre 2010 et 2021 a complètement changé. « Oui, le défi, c’est encore Saint-Bruno ou même SaintHyacinthe, explique Mme La Rochelle. Mais nos entreprises sont aussi en compétition contre Amazon. C’est encore plus frappant depuis la pandémie. »


La présidente du conseil d’administration de la CCIVR, Me Marie-Claude Duval, et la directrice générale Julie La Rochelle. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

C’est pour cette raison que les campagnes d’achat local comme « Choisir local, c’est gagnant! » mettent l’accent sur l’entrepreneur d’ici. « Au lieu de chercher un peu partout, on peut encourager des entrepreneurs d’ici et être fiers d’eux. Soutenir un entrepreneur, c’est soutenir sa famille, son réseau. » Et être une chambre proactive, c’est d’aller au-delà des fuites commerciales. C’est aussi d’attirer les gens ici, rappelle Mme La Rochelle. « Nous sommes à l’extrémité de la Communauté métropolitaine de Montréal, collés sur Saint-Hyacinthe. On veut donc développer un milieu où les gens sont fiers d’habiter. Naturellement, la pandémie a forcé la CCIVR à « se retourner sur un dix cennes ». La campagne d’achat local prévue en 2020 a changé de visage.

« Nous devions lancer un site web Choisir local, c’est gagnant! en mars 2020, mais nous avons modulé la campagne autrement. Nous avons proposé une soixantaine d’entrevues en direct sur Facebook, organisé divers concours et collectes de fonds. » La CCIVR a développé un balado, En prenant l’apéro, qui met en vedette des entrepreneurs d’ici, en plus d’organiser le Mini-Gala des Lotus pour souligner la persévérance de nos entreprises. Même le Salon Week-end s’est converti au virtuel, tout comme d’autres initiatives. « La pandémie a été tout sauf une pause pour la CCIVR; elle a même ravivé chez nous la flamme. Elle a prouvé la pertinence de la Chambre », conclut Julie La Rochelle. Par Vincent Guilbault

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D’IMPLICATION

FONDÉ EN 1970

Au cœur du milieu communautaire

L’

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Œil Régional a toujours appuyé le milieu communautaire en se faisant le relais des organismes de bienfaisance et même en collaborant avec certains projets mis de l’avant. Les Chevaliers de Colomb de Beloeil ont bénéficié à plusieurs égards de la couverture du journal qu’ils considèrent comme un partenaire clé dans la mobilisation communautaire. Périodes des fêtes après périodes des fêtes, les Chevaliers de Colomb recueillent dans leur territoire des denrées et des dons pour renflouer leur comptoir alimentaire et nourrir les gens dans le besoin et à faibles revenus. « C’est important un journal local dans une localité. Ça nous permet de rejoindre plus de gens. Les projets des Chevaliers n’auraient pas été réalisés à leur plein potentiel sans L’ŒIL. Nous voyons des effets concrets de la couverture médiatique alors que les dons commencent à rentrer pour la guignolée virtuelle du printemps, rapporte le Grand Chevalier Claude Lebrun. Ça permet aussi aux lecteurs d’en apprendre plus sur nos différents loisirs. » Ce dernier ajoute que le journal permet à l’organisme de faire une certaine reddition de compte auprès

Claude Lebrun. Photothèque | L’Œil Régional ©

des lecteurs. « Les gens nous confient de l’argent. Nous avons un devoir d’informer la population sur ce que nous faisons avec l’argent. Ils voient que c’est dépensé aux bonnes fins et

que ce n’est pas utilisé pour des choses inutiles. C’est important de maintenir ce lien de confiance. » Le bénévole ajoute que l’organisme a un devoir d’entretenir ses liens avec le

journal local. « J’ai toujours été à l’aise et ouvert de parler aux médias. Il faut s’en occuper et leur fournir du matériel. Si nous ne faisons pas ça, nous ne serons peut-être pas contents du résultat, mais ce sera de notre faute. » Ces dernières années, des membres de l’équipe du journal ont aussi prêté leur voix aux projets des Chevaliers de Colomb. Le représentant publicitaire feu Gilbert Desrosiers a été président de la Guignolée. Un rôle qui lui collait parfaitement, car il était aussi membre des Chevaliers. Notre représentante Sonia Dupré participe aussi à la collecte depuis plusieurs années. En 2019, les Chevaliers de Colomb de Beloeil ont repris la clinique d’impôt et c’est la directrice de L’ŒIL, Johanne Marceau, qui occupe depuis la présidence d’honneur. « Les gens ont vraiment hâte de lire le journal chaque semaine. Il y a des lecteurs de tous les âges. Bien qu’il soit disponible en ligne plus tôt, beaucoup de personnes que je connais préfèrent encore la version papier. Je ne crois pas que le support papier est sur le point de disparaître », conclut M. Lebrun. Par Denis Bélanger


D’INFORMATION

FONDÉ EN 1970

La force des hebdos : l’actualité hyperlocale

L

es journaux hebdomadaires qui ont su survivre aux différentes ventes de journaux au cours des dernières années sont ceux qui ont su se concentrer sur l’actualité hyperlocale, tout en délaissant les articles promotionnels sur les coupures de ruban ou les pelletées de terre, soutient le professeur de journalisme Patrick White. À l’époque où il travaillait pour l’Agence QMI, le professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) se rappelle que le contenu de L’Œil Régional était régulièrement utilisé pour les différentes plateformes de diffusion de Québecor. « Ç’a été une grosse perte [pour Québecor] de laisser aller les hebdos.

C’était une richesse exceptionnelle. Ça aurait été une excellente stratégie d’avoir des antennes en région. Ce sont maintenant des petits groupes de presse qui ont les hebdos. C’est aussi une bonne chose parce que les décisions sont prises localement. Ce ne sont plus des décisions centralisées comme c’était le cas avec TC Media et Québecor », souligne-t-il. En 2011, Québecor Média a fait l’acquisition des Hebdos Montérégiens, incluant L’Œil Régional. La publication sera par la suite vendue au groupe Transcontinental en 2013 et à DBC Communications en 2017. « Les hebdos qui ont fermé avec les ventes, ce sont ceux qui n’ont pas compris qu’il fallait être hyperlocal. Ça

tombera nécessairement sur les archives du journal. Encore de nombreux défis Même si les hebdos réussissent à tirer leur épingle du jeu, les défis demeurent nombreux afin d’être pertinents plus que jamais. Il y a maintenant plusieurs journalismes, ajoute M. White, que ce soit le journalisme de solution, d’enquête ou de données. Les médias peuvent aussi faire appel à l’intelligence artificielle pour traiter des communiqués ou les événements sportifs ou encore collaborer avec les universités. « Il y a plein d’opportunités qui permettent d’avoir des textes qui intéresseront les lecteurs. Si les médias font le même journalisme qu’il y a 10 ans, ça ne fonctionne plus. » Par Sarah-Eve Charland

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Patrick White, professeur de journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal. Photo gracieuseté

doit être du vrai contenu et non du publireportage. Les photos de pelletées de terre et de coupures de ruban, ça ne déplace plus les gens. La force de L’OEIL, c’est son contenu hyperlocal parce que les médias nationaux couvrent très mal la Vallée-du-Richelieu. Le journal offre du contenu hyperlocal sur toutes ses plateformes », observe M. White. Les hebdos ont su trouver leur marque en se concentrant sur les conseils municipaux tout en proposant des contenus praticopratiques. « C’est ça, la force des hebdos : être collés sur la réalité. La région est très mal desservie par les médias nationaux. On voit moins les journalistes sur le terrain, surtout en Montérégie. C’est hallucinant quand on pense que Longueuil est à 5 minutes de Montréal et Belœil à environ 25 minutes quand il n’y a pas de trafic. Et les hebdos vont gagner la guerre, avec du contenu de qualité. Si L’ŒIL ne couvre plus les conseils municipaux, il n’y a plus personne pour le faire. » Il souligne l’importance du devoir de mémoire au-delà de l’actualité pure et simple. N’importe qui qui souhaite faire une recherche sur Belœil et la région


DE MÉMOIRE

D

Des milliers d’étoiles sportives sont nées en un demi-siècle

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epuis 50 ans, L’Œil Régional partage avec ses lecteurs les victoires et les joies, les défaites et les pleurs, les embûches et les agréables surprises de plusieurs jeunes sportifs issus de nombreuses disciplines. Ces récits procurent de la fierté aux familles. Ils offrent aussi aux organismes et aux clubs sportifs une visibilité et un rayonnement précieux qui leur permettent encore aujourd’hui de former chaque année de nouveaux gymnastes, judokas, golfeurs, hockeyeurs, etc. Des parents et des entraîneurs envoient assidument des photos et des résumés de compétition à notre bureau. Ils ont toujours hâte pour les jeunes que l’article soit publié et font des suivis rigoureux auprès du pupitre de la section sportive. « C’est l’endroit où les parents et les citoyens se retrouvent et peuvent découvrir des nouveautés sur notre région. Chaque semaine, la distribution est attendue », fait remarquer la présidente de l’Association de baseball de Mont-Saint-Hilaire/Otterburn Park, Mélissa Bastien. Les pages spor tives du journal restent rarement intactes par les lec-

teurs. Les parents, les entraîneurs, les athlètes, leurs proches vont prendre une paire de ciseaux pour découper et conserver précieusement l’article de presse se retrou-

vant ainsi sur des babillards d’arénas, des cadres décoratifs, dans des scrapbooks et dans bien d’autres endroits. L’Association du baseball mineur de Beloeil rédige d’ailleurs des

Le tournoi de hockey bantam de Beloeil a été l’un des nombreux événements sportifs couverts par le journal. Photothèque | L’Œil Régional ©

chroniques d’histoires à partir d’articles de L’ŒIL à l’occasion de son propre 40e anniversaire. « La reconnaissance étant un besoin essentiel pour tous, le fait de voir leurs photos et leurs citations dans le journal est toujours très apprécié par les par ticipants, mais encore plus pour les jeunes d’ici. Je peux vous assurer que de nombreux jeunes de la région ont une aisance incroyable devant les journalistes et les lentilles du journal », renchérit Frédéric Brisson, bénévole de longue date pour le tournoi de hockey bantam de Beloeil. Bien que les médias sociaux prennent une place importante aujourd’hui dans les stratégies de communication, un article papier vaut toujours son pesant d’or, selon Yves Richer du Club de canotage d’Otterburn. « Mais comment remplacer la photo de nos jeunes, sourires fendus jusqu’aux oreilles, exposant fièrement leurs médailles durement gagnées lors de nos régates? Comment ces mêmes jeunes, et futurs leaders de notre monde, pourraient-ils obtenir autant de reconnaissance et de fierté après leurs longues heures d’entraînement? »


FONDÉ EN 1970

Le nom de milliers de rameurs membres du Club de canotage d’Otterburn a été mentionné dans les pages du journal alors que l’organisme souligne cette année son 100e anniversaire. Sur la photo, on aperçoit une régate de rabaska. Photothèque | L’Œil Régional ©

Selon Frédéric Brisson, les reportages des activités sportives locales permettent aussi de mettre de l’avant de nombreux autres acteurs, dont les bénévoles. « Ils sont précieux, mais trop souvent dans l’ombre. Il a toujours été important pour nous de faire rayonner nos bénévoles, car sans eux, il n’y aurait tout simplement pas de tournoi bantam. » Les exploits rapportés en inspirent d’autres à emprunter le même chemin, opine le président du Club de soccer de la Vallée-du-Richelieu, Nicolas Gamache. « Les jeunes (et moins jeunes) ont besoin de lire des articles inspirants afin de leur permettre de

découvrir d’autres sports ou centre d’intérêt et les OBNL bénéficient grandement de cette publicité positive. » Le président de l’organisation de football des Pirates du Richelieu, Cédric Rioux, reconnaît que chaque reportage sur ses activités suscite toujours de l’engouement et de l’intérêt. « Nous avons eu beaucoup de rétroaction à la suite de la publication d’une photo de Laurent DuvernayTardif accompagné de jeunes joueurs en uniforme des Pirates. C’était à l’occasion d’un événement-bénéfice tenu dans le Vieux-Belœil. » Par Denis Bélanger

50 ans de changements - Mercredi 19 mai 2021 - L’Oeil Régional - 21


EN IMAGES

50

Les vrais yeux de L’ŒIL

ans d’information, c’est aussi 50 ans d’images. Les photographes de L’ŒIL ne sont pas seulement des artistes, ils sont d’abord les ambassadeurs du journal. Ils sont souvent le lien entre le terrain et la salle de rédaction. Il était donc important dans le cadre de ce cahier de leur laisser un peu d’espace. Entretiens avec Luc Giard et Yann Canno, deux anciens photographes pour le journal, et avec nos photographes actuels, Robert Gosselin et François Larivière.

22 - L’Oeil Régional - Mercredi 19 mai 2021 - 50 ans de changements

Luc Giard Aux yeux de Luc Giard, le photographe est le membre de la salle de rédaction le plus présent sur le terrain. Il devient d’office le représentant du journal. Un chapeau qu’il a porté fièrement pour L’Œil Régional. « Des fois, les gens me croisaient sur leur chemin et me donnaient de l’information à relayer aux journalistes. Je recevais aussi beaucoup de rétroaction des lecteurs concernant les articles. Je rencontre encore des gens qui pensent que je suis toujours à l’emploi du journal », raconte-t-il. M. Giard a commencé à travailler pour L’Œil Régional vers le milieu des années 1990 en sous-traitance. Il est devenu un membre de l’équipe peu de

temps avant le nouveau millénaire. Il a continué à croquer des images pour le journal jusqu’en 2007. Avant de se convertir au numérique au début des années 2000, Luc Giard a connu l’ère du film. « Sur le plan technique, les deux façons se ressemblent. Mais ton nombre de poses était limité avec un film, tu avais douze essais, tout au plus, pour prendre une bonne photo. Pour les groupes, il fallait s’assurer que tout le monde regardait au bon endroit. Mais tu ne pouvais pas voir le résultat sur-le-champ comme c’est le cas avec une caméra numérique », se remémore-t-il. Des conférences de presse, des élections, des inaugurations, des spectacles; Luc a photographié de tout. « Il n’y avait pas grande assignation que je n’aimais pas faire. J’aimais les galas et les remises de prix, car la joie était au rendez-vous. Les gens dans ces moments-là sont contents de se faire prendre en photo. » Il a dû toutefois capturer avec sa lentille des événements plus tristes. Il a assisté à plusieurs funérailles de personnalités marquantes, dont l’épicier Serge Pepin et la comédienne Marie-Soleil Tougas. « C’est difficile, car tu entres dans l’intimité des gens. »

Luc Giard. Photo gracieuseté

Yann Canno Yann Canno est arrivé en 2007, alors que le journal abandonnait complètement la photo sur pellicule en faveur du numérique. « L’ŒIL faisait déjà un peu de numérique, mais il n’y avait pas de méthodes ou d’archives. On a pas mal travaillé à monter un système. Je devais aussi faire attention de ne pas déposer des photos en trop grandes résolutions pour ne pas faire planter le serveur », se souvient le photographe.

Avant L’ŒIL, Yann Canno n’avait aucune expérience comme photographe de presse. Ancien employé de Bombardier, il a tout quitté pour se lancer dans la photographie en suivant un cours spécialisé en photographie au Collège Marsan, à Montréal. Après avoir suivi pendant un an un photographe professionnel pour parfaire son art, il est revenu dans sa région pour devenir le photographe officiel du journal. « Tout était différent dans la photo de presse. Je fonctionnais sur appel, j’étais toujours dans la région. Et ça m’a permis d’être quelqu’un ici. Je connaissais tout le monde, tout le monde me connaissait. » Le métier permet aussi une belle vie de coulisse, reconnaît le photographe. « Ça permet de voir comment fonctionne une usine de traitement d’eau, par exemple. Qui a la chance de faire ça? D’être là live. » Ça permet aussi de côtoyer des politiciens, qui s’attirent beaucoup de critiques, « mais nous n’avons aucune idée du travail qu’ils font », rappelle-t-il. « On voit leur côté humain, la personne derrière le personnage. Ou encore des personnes célèbres, comme le cinéaste Michel Brault que j’ai photographié quelques jours avant son décès. »


FONDÉ EN 1970

Yann souligne d’ailleurs quelques souvenirs indélébiles, comme d’avoir tiré du pistolet avec les policiers, d’avoir couver t les inondations, d’avoir pris en image un écrasement d’avion sur la 20 ou l’énorme carambolage. Il se souvient notamment de l’incendie qui a ruiné l’église Maria-Goretti, à Belœil, et de sa photo spectaculaire de l’effondrement du clocher.

De ces souvenirs, il reste marqué par l’incendie de l’usine de BPC, à SaintBasile-le-Grand, en 1988. Ou encore de l’incendie de pneus à Saint-Amable, en mai 1990. « On avait loué un avion pour survoler l’incendie et prendre des photos; c’était très spectaculaire. »

remporté un prix avec sa photo de l’artiste Guylaine Tanguay lors de son passage au Festibel en musique, en 2019. « Ce type d’assignation, j’adore ça. Mais je déteste couvrir des incendies; ton linge sent la fumée pendant une semaine », dit-il en riant. Par Denis Bélanger et Vincent Guilbault

François Larivière. Photo gracieuseté

Robert Gosselin. Photo gracieuseté

Yann Canno. Photo gracieuseté

50 ans de changements - Mercredi 19 mai 2021 - L’Oeil Régional - 23

Robert Gosselin Robert Gosselin travaille pour L’ŒIL depuis l’acquisition de DBC Communications en 2017. Mais Robert a une longue histoire avec le journal des gens d’ici. « J’ai travaillé pour L’ŒIL entre 1987 et 2001, dans l’air du négatif. Je m’occupais donc aussi de développer les photos et de les imprimer, deux fois par semaine », se souvient-il. Robert Gosselin se souvient d’avoir fait la première page frontispice en couleur de L’Œil Régional. « C’était une fuite de gaz devant le Jean Coutu de Belœil. J’ai aussi fait la première page couleur du Courrier de SaintHyacinthe. » C’était une photo du jeune gardien et étoile montante Martin Brodeur, qui jouait à l’époque pour le Laser de Saint-Hyacinthe, une ancienne franchise de la LHJMQ.

François Larivière François Larivière travaille aussi pour L’Œil Régional depuis le rachat par DBC Communications, en 2017, mais il a réalisé ses premiers contrats dans le métier en 1983. Il travaille avec Robert Gosselin à ses débuts pour le journal avant de se lancer comme indépendant. En plus de la photo de presse, il a gardé quelques clients dans le monde commercial et le corporatif, en plus de faire de la retouche pour d’autres photographes. En plus de L’ŒIL et du Courrier de Saint-Hyacinthe, il a déjà pris des photos pour d’autres journaux de la RiveSud comme La Seigneurie, le Journal de Saint-Bruno ou L’information de Sainte-Julie. « Avec la photo de presse, j’aime que le travail soit toujours différent pour chaque rendez-vous. En dehors de la pandémie, c’est un métier d’action. » François se décrit surtout comme un « gars de studio », mais adore faire du terrain lors de grands événements ou pour des spectacles. Il a d’ailleurs


DE SAVOIR

FONDÉ EN 1970

Transmettre sa passion pour la nature par le biais du journal

S

24 - L’Oeil Régional - Mercredi 19 mai 2021 - 50 ans de changements

a passion pour la nature et les espèces tant animales que végétales a toujours été présente pour Kees Vanderheyden. Directeur du Centre de la nature du mont SaintHilaire pendant 20 ans, il a pris son rôle de chroniqueur pour L’Œil Régional très au sérieux. Après avoir rédigé près de 250 chroniques, il espère avoir aidé les gens de la région à mieux connaître leur environnement. « Une de mes préoccupations comme directeur du Centre de la nature était de faire découvrir cette montagne et son importance dans la vie de tous les jours. C’est un environnement vieux de plusieurs millénaires. Ça donne une idée de ce qu’on y retrouve comme plantes et animaux. Ce sont les mystères de la vie qui m’ont toujours fasciné. Je ne pouvais pas ne pas en parler », raconte-t-il. Pour lui, la montagne, c’est beaucoup plus que des sentiers. Sa chronique mensuelle était donc l’occasion de rejoindre un grand nombre de personnes pour non seulement partager sa passion, mais aussi inciter les gens à prendre davantage soin de leur environnement. « Je pouvais difficilement me promener chez tout le monde. En écrivant aux gens, j’étais ancré dans leur mémoire. Je voulais que les gens qui viennent à la montagne soient fascinés par les mystères de la vie. Je me disais que, si les gens aiment les animaux, ils voudront les protéger et en savoir plus. Je voulais insister sur la relation

entre l’humain et les éléments de la nature. Je ne voulais pas que le contenu scientifique éclipse le contenu affectif. Il faut d’abord aimer pour vouloir protéger », ajoute-t-il. C’est dans cet esprit qu’il a écrit ses centaines de chroniques, mais aussi ses contes de Noël. Pendant plusieurs années, il a écrit des contes de Noël pour L’Œil Régional dans lequel il mettait en vedette un animal. M. Vanderheyden souligne d’ailleurs n’avoir jamais manqué d’inspiration. Au moment de quitter la direction du Centre de la nature, sa collaboration avec le journal s’est terminée, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’avait plus rien à dire, reconnaît-il, alors qu’il s’est dit fier de collaborer avec L’Œil Régional. « J’avais des commentaires des gens qui aimaient beaucoup mes chroniques. C’était un rendez-vous régulier grâce au journal. C’était publié dans un journal proche des gens. L’ŒIL est rattaché à Beloeil, à Mont-Saint-Hilaire, aux gens d’ici. Si je parlais d’un arbre en particulier, les gens pouvaient venir le voir à la montagne », poursuit-il. M. Vanderheyden se réjouit d’ailleurs de voir les citoyens de la région se mobiliser concernant des dossiers environnementaux depuis plusieurs années. « On vit tous ensemble sur la même terre, que ce soit les humains, les animaux ou même les plantes. » Par Sarah-Eve Charland

Kees Vanderheyden. Photothèque | L’Œil Régional ©


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D’INFORMATION

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L’

FONDÉ EN 1970

Rencontre avec Guy Gilbert Sr, le fondateur du journal

Œil Régional a vu le jour dans un petit bureau, situé dans l’arrière-boutique d’une tabagie de la Place Beloeil, en février 1970. Le fondateur Guy Gilbert Sr avait pour table de travail une planche de bois sur deux caisses de liqueur. Il utilisait son numéro personnel, le 450 467-1821 (le même numéro 50 ans plus tard), pour prendre les annonces de ses clients. « La première année, nous sortions un journal de 12 pages, parfois 8 pages. Si je publiais un 20 pages, nous étions fiers en maudit. » Avec un journal de 8 pages, les revenus bruts en publicité pouvaient grimper à 400 $! « Personne ne s’est mis riche la première année », rapporte le fondateur. Pourquoi L’Œil Régional? « Parce que j’avais déjà fondé un autre journal, le Journal de Beloeil en 1969, sans expérience, mais en m’associant avec un partenaire d’affaires. » La relation s’est mal terminée, mais l’expérience lui aura donné les munitions pour fonder L’ŒIL. Mais malgré l’expérience, le défi allait être difficile à relever, notamment en raison de l’existence d’un hebdomadaire appartenant au groupe Power Corps, qui était déjà publié dans une grande partie de la Rive-Sud. « Tout le monde me disait que j’allais me casser la gueule. Mais j’avais tout à gagner. J’étais un ancien militaire, je n’avais pas d’argent, mais je n’avais peur de rien. » Même s’il ne venait pas de la région, Guy Gilbert Sr a persisté. Pour faire sa place, il écrivait des textes, vendait de la pub, montait le journal et prenait des photos. Il allait aussi donner un coup de main pour la distribution. « Il fallait travailler fort. Le journal était très artisanal, mais j’aimais ça. J’avais un front de bœuf. » Il s’entêtait à cogner aux portes de commerçants. « Pour faire de la vente, je montais le boulevard Laurier et je le redescendais. Je cognais à toutes les portes des commerces. »

« J’ai eu un client que j’allais voir chaque semaine et il ne m’encourageait jamais. Il a fini par prendre une petite annonce et il s’est attiré une nouvelle clientèle. » L’ŒIL est devenu vraiment local, contrairement à un journal comme L’Écho, décrit le fondateur. « Les clients ont commencé à s’afficher dans nos pages et à nous lire. Les gens ont découvert le marché local et régional. Et le journal est devenu très crédible. » C’est comme ça qu’il a compris que les gens voulaient s’intéresser à leur communauté et parler de leur région. « Parler des gens d’ici. C’est de cette façon que L’ŒIL s’est imposé dans la région, et que les autres journaux qui sont venus s’installer ici n’ont pas duré. Oui, les débuts ont été difficiles, mais si tu aimes ce que tu fais, ça devient une passion. Et quand ton travail est une passion, tu excelles! » Impacts sur la communauté Au-delà de la publicité et des commerçants, L’ŒIL est aussi devenu un poids lourd de l’information locale. « Nos politiciens commençaient même à avoir peur de nous. On ne visait pas ça, mais en rapportant les faits et en les commentant, les politiciens se demandaient toujours ce que nous allions publier dans nos pages. Ça a donné une crédibilité au journal et le succès de L’ŒIL reposait sur ça. Le journal émettait des opinions franches et directes. Le pouvoir d’influence de L’ŒIL était fort. » Pour Guy Gilbert Sr, ce pouvoir et cette influence du journal n’étaient pas malsains, surtout parce que les répercussions positives sur la région étaient plus importantes. « On se servait aussi de notre notoriété pour aider. » Si la nouvelle chambre de commerce a vu le jour et si le CLSC des Patriotes est situé là où il se trouve, et non à Saint-Bruno, c’est en grande partie grâce au journal, dit-il. La Maison Victor-Gadbois ou le Fondation Mira, par exemple, ont aussi pu bénéficier de l’appui de L’ŒIL.

Retraite Guy Gilbert Sr a pris officiellement sa retraite en 2011. Le journal venait de passer entre les mains de Québecor. L’éditeur laissait aller un journal fort, qui avait remporté de nombreux prix, autant pour sa qualité publicitaire que rédactionnelle. « Il s’est hissé parmi les meilleurs devant parfois 250 hebdos; il gagnait des prix pour son graphisme, ses journalistes, au niveau de sa qualité. » Ce n’était pas étranger au fait que M. Gilbert avait aussi créé Photocompo L’Œil, quelques années après la création du journal. Cet atelier de montage et de graphisme a permis à L’ŒIL, et plus tard à d’autres journaux qui ont été édités par l’atelier, de se démarquer. Lorsqu’on le questionne sur la plus grande fierté de son héritage, M. Gilbert n’hésite pas une seconde à parler des gens. « J’ai eu une équipe formidable, je me suis entouré de gens qui ont toujours cru à L’ŒIL. D’excellents journalistes, de représentants publicitaires ou de secrétaires. Des gens qui s’impliquaient. J’ai gardé encore d’excellents contacts avec ces gens qui ont aimé ce journal autant que moi. Nous formions une famille, nous faisions nos partys ensemble. Je suis fier de tout ça. » Par Vincent Guilbault

Guy Gilbert Sr, fondateur du journal. Photo Yann Canno

À propos de la presse locale Le visage du journalisme et la réalité de la presse papier ont évidemment bien changé depuis 50 ans. La presse locale n’échappe pas à toutes ces transformations. Guy Gilbert Sr croit encore au potentiel de la presse locale. Mais les journaux hebdomadaires doivent s’activer. « La presse a besoin d’un coup de pied au cul pour survivre. Il va falloir que les décideurs fassent bouger les choses. Notamment en revenant à la base. Le journal doit être près de la communauté. Et les directions de journaux locaux doivent croire au travail des journalistes. » L’important, c’est le contenu et le travail journalistique. « Je voulais que les journalistes sortent. Quand je vois que des journalistes laissent place à des chroniqueurs, je trouve ça malheureux; ce n’est pas de la nouvelle, c’est du commentaire de nouvelle. La priorité d’un journal, c’est d’avoir des journalistes qui fouillent l’actualité. »


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