GTA - Avril 2019

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Jeudi 11 avril 2019 | Volume 44 | 4 e Numéro

RELÈVE AGRICOLE

Une relève impliquée et innovante!

Aussi dans cette édition : Concours Tournez-vous vers l’excellence! .........p. 17 L’intérêt du programme Arterre............................p. 18 L’Espace connecté de La Coop fédérée .............p. 27 Photo François Larivière | Le Courrier ©


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FERME MISSIO-LAIT - CONTRECŒUR

Le parcours sans faute de Nicolas Cormier de la soudure agricole, mais le but ultime reste toujours d’avoir sa propre ferme.

Trouver SA ferme! Véronique LEMONDE GTA

De la Gaspésie à Varennes, en passant par Montréal, Nicolas Cormier a maintenant atteint la ligne d’arrivée en gérant son propre troupeau de vaches Holstein à Contrecœur. Relève non issue d’une ferme familiale, il a su prouver hors de tout doute que posséder sa production laitière est peut-être plus accessible qu’il n’y paraît. « Je ne pensais pas du tout aller dans ce domaine-là au départ, relate le Gaspésien de naissance. C’est vraiment à l’adolescence, lorsque j’ai eu la possibilité de travailler chez un voisin agriculteur, que cela a piqué ma curiosité. Il faisait des grandes cultures, mais il avait aussi des bovins de boucherie et c’est vraiment l’aspect qui me plaisait le plus. » Le jeune homme décide alors de faire son cours en gestion d’une entreprise agricole (GEEA à l’époque), à l’ITA de Saint-Hyacinthe, en 2008. Débrouillard et manuel, Nicolas Cormier choisit la production laitière pour son amour des animaux. Après ses études, il travaille pour certains producteurs et fait

Trouver une ferme dans le cadre d’une relève non apparentée n’est pas chose aisée de prime abord. Pourtant, Nicolas Cormier a su user de ses contacts pour dénicher une exploitation qui attendait sa relève. « J’ai cherché pendant un certain moment, puis un autre producteur de Varennes m’a signalé que l’un de ses oncles allait faire sous peu encan de sa ferme laitière, faute de relève. J’ai donc été rencontrer les Hébert à Contrecœur et le courant a très bien passé entre nous », explique Nicolas Cormier. En août 2017, le jeune producteur achète donc le troupeau de M. Hébert et signe un contrat pour louer son étable et conserver le troupeau sur place. Le couple retraité habite toujours sa maison sur la ferme et aide Nicolas à l’occasion. « Présentement, j’ai 32 vaches en lactation et une dizaine de taures. M. Hébert avait cessé la reproduction et le côté élevage, c’est un aspect que je tente de relancer depuis mon arrivée. J’ai donc acheté quelques sujets et j’essaie d’avoir un élevage qui me permettrait toujours de combler près des trois quarts de mes besoins en choisissant les meilleures vaches. » Nicolas a rénové les stalles à l’hiver 2018 et s’affaire toujours à apporter des

RÉDACTEUR EN CHEF : Martin Bourassa ADJOINTE À LA RÉDACTION : Annie Blanchette TEXTES ET COORDINATION : Véronique Lemonde CONTRÔLEUR : Monique Laliberté DIRECTEUR DU TIRAGE : Pierre Charbonneau

C’est en s’impliquant dans des comités liés à la relève que Nicolas Cormier a rencontré les bonnes personnes qui ont su le diriger jusqu’à la ferme des Hébert, d’où l’importance du réseautage dans le domaine agricole. Aujourd’hui, Nicolas Cormier est président du comité VRAC, soit Verchères relève agricole Chambly. Il

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26 500 exemplaires distribués dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe et par la poste aux producteurs agricoles dans les régions suivantes : Montérégie-Est

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Montérégie-Ouest Centre-du-Québec

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DIRECTEUR DE LA PUBLICITÉ ET PRODUCTION :

S’impliquer et apprendre

est également premier vice-président de l’ARASH, représentant de la relève à l’UPA pour le syndicat Marguerite-d’Youville et représentant relève pour les Producteurs de lait du Québec, section MontérégieEst. « C’est important l’implication selon moi, car tu rencontres plein d’autres producteurs qui te donnent la chance de progresser dans tes techniques et d’en savoir plus. C’est un métier qui est assez solitaire, car moi, je suis pas mal seul avec mes animaux de 5 h du matin jusqu’au soir, lance-t-il en riant. Donc, tu rencontres d’autres producteurs comme toi, tu te fais des amis et des contacts souvent très pratiques. » C’est ainsi qu’à force de persévérance et de travail acharné que Nicolas Cormier effectuera sûrement d’ici cinq ou sept ans un transfert non apparenté (pour la terre et les bâtiments) en achetant complètement la ferme Missio-Lait de Contrecœur. « J’adore mon métier, mes animaux et je me sens à ma place ici », conclut-il.

Nicolas Cormier est président du comité VRAC, soit Verchères relève agricole Chambly. Il est également premier vice-président de l’ARASH.

Photos François Larivière | Le Courrier © ÉDITEUR : Benoit Chartier

améliorations à l’étable. Il a pu obtenir un prêt-relève de 5 kg de quotas pour un total de 43 kg de quotas pour l’ensemble de la ferme. « Mon principal défi présentement, c’est de rentabiliser et d’augmenter ma production de lait en améliorant le bienêtre de mes vaches. J’ai modifié certains éléments de leur alimentation et je fais un suivi serré avec mon représentant. J’ai remplacé plusieurs matelas pour vaches et je sens déjà les effets positifs de mes changements. Avec le même troupeau, ma productivité a augmenté, de même que la longévité de mes animaux. »


LES DÉLICES DU RAPIDE - SAINT-HYACINTHE

De résilience et d’innovation Véronique LEMONDE GTA

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Marc-Antoine Pelletier et sa famille sont de ces gens qui savent parfaitement se relever d’un événement malheureux pour aller encore plus loin dans le dépassement de soi. Dynamique et rempli de projets, le jeune ingénieur mécanique a su prendre rapidement les rênes de la ferme familiale lors du décès de son père en 2016. Ayant aussi commencé un projet de production de camerises avec ce dernier, Marc-Antoine Pelletier a alors décidé de foncer tête première dans l’aventure de ce petit fruit bleu, avec l’aide de sa conjointe Emmanuelle Plante. « En 2015, mon père était en rémission d’un cancer, mais en 2016, il a appris que son foie était atteint à cause des nombreux traitements qu’il avait subis. Donc, tout s’est passé très vite en 2016 et nous avons dû nous retourner rapidement, car les semences étaient commandées et les contrats déjà signés », relate Marc-Antoine Pelletier qui réside avec sa petite famille à La Présentation. Le projet de cultiver des plants de camerises était alors au stade expérimental et était censé être un à côté pour le jeune homme qui a aussi un emploi à l’extérieur. « Disons que nous avons rapidement pris la décision de lancer le projet vu les circonstances et comme je devais déjà prendre en charge la gestion d’une bonne partie de la ferme. » La ferme familiale produit princi-

palement du seigle, du maïs-grain et du soya en bandes alternées.

L’aventure de la camerise

Marc-Antoine commande ses plants de camerises - 16 000 plantés en 2017 - de l’Université de la Saskatchewan qui hybride des plants spécialement pour le climat canadien depuis environ 2009. « Le marché de la camerise s’est ouvert vers

2009. C’est à la base du chèvrefeuille comme on en retrouve au Japon ou en Russie. C’est une plante qui fleurit en avril et dont les fleurs sont très résistantes. Même pendant la floraison, la température peut descendre à -7 degrés Celcius sans problème. Disons que ses caractéristiques très rustiques ont enligné notre choix de s’en aller vers la production de camerises », explique Marc-Antoine

Pelletier qui souhaitait au départ expérimenter et aller vers l’autocueillette. Dès les débuts de sa production, il fait le choix du biologique avec conviction, devenant ainsi le premier producteur de camerises biologiques au Québec (certifié Écocert), les gros joueurs de la camerise sur la Côte-Nord et dans le Centre-du-Québec faisant dans le conventionnel. « Nous n’avons pas de

Emmanuelle Plante et Marc-Antoine Pelletier dans leur champs de camerises, en 2018. Photos Martin Lacasse


gros volumes encore, mais le biologique c’est ce qui fait notre distinction par rapport aux autres producteurs. » Comme les plants prennent trois ans avant d’être pleinement fournis de fruits, Les Délices du Rapide n’a récolté que 1500 kg pour l’instant, l’an passé. En comparaison, la production de camerises a atteint les 135 000 kg pour l’ensemble du Québec en 2018, soit le double de la production 2017. « La camerise est vraiment sur une lancée au Québec. C’est pourquoi l’association Camerise Québec a été créée il y a quelques années pour améliorer la mise en marché de ce fruit et le faire connaître aux gens », indique M. Pelletier qui s’implique activement au sein de ce groupe.

Des outils pour la relève

Marc-Antoine Pelletier a eu la chance d’obtenir une bourse de la relève agricole de la MRC des Maskoutains, à la fin de l’année 2018, bourse qui lui donnera un peu d’aide pour améliorer son équipement pour le conditionnement des fruits (tapis de triage, ensacheuse, etc.). « Tout est à faire dans la camerise et tout est à apprendre. Pour notre part, nous collaborons avec la Coop Culture Innov de Saint-Camille, en Estrie. Cette organisation nous épaule et nous aide dans nos suivis. » Après la plantation de 16 000 autres plants de camerises en 2018, pour un total de plus de 30 000 plants pour le moment, Les Délices du Rapide poursuivra avec un

Les Délices du Rapide ont planté plus de 30 000 plants de camerises en 2017 et 2018.

autre 7000 plants cet été. « En 2020, nous pourrons vraiment parler de notre première récolte commerciale et déjà nous planifions la mise en marché de cette récolte. Nous souhaitons nous diversifier le plus possible et, en plus de

l’autocueillette, avoir un kiosque à la ferme et développer d’autres points de vente. Le marché des sachets congelés est aussi à développer. » La prime à l’établissement et la garantie de prêt aident aussi le jeune producteur à

relever ces défis passionnants qui ne s’arrêtent pas ici. En effet, M. Pelletier fait également de l’œil à la culture du chia, une autre aventure qu’il espère vivre avec sa petite famille d’ici quelques années. Page Facebook Les Délices du Rapide

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FERME KOBEC - SAINT-BERNARD-DE-MICHAUDVILLE

Produit niché, relève motivée! Véronique LEMONDE GTA

Une tranche de bœuf Wagyu peut facilement coûter 50 $! Pourtant, Simon Hamelin et Mélissa Daigle ont une liste de clients qui attendent impatiemment leur demi-boeuf Wagyu emballé sous vide dans une variété de coupes de boucherie. Tellement, qu’ils savent déjà quel animal ira à quel client pour les deux ans à venir! Installé à Saint-Bernard-de-Michaudville, juste à côté de la ferme des parents de Mélissa, le couple n’avait pourtant aucune véritable expérience en production animale avant 2012. « J’ai grandi sur une ferme laitière, mais rendue à l’adolescence, je voulais essayer autre chose. Je ne pensais pas me diriger en agriculture. J’ai donc fait du design de mode et de la décoration. C’est dans ce contexte que j’ai connu Simon qui était en décoration commerciale. Puis, l’idée de revenir à la campagne pour y avoir une famille s’est imposée. Nous cherchions donc un projet motivant pour notre couple et pour une meilleure qualité de vie », explique Mélissa Daigle. C’est lors d’une visite à l’Expo de SaintHyacinthe, alors que le couple rencontre un producteur de bœufs Wagyu croisés Angus que le déclic se fait. Le coup de cœur pour la Wagyu est instantané! « Nous savions que nous partions de zéro, mais notre but ultime était, et est encore, de monter un troupeau de Wagyu 100 % pur, soit full blood », ajoute Mme Daigle.

Simon Hamelin et Mélissa Daigle posent avec leurs trois enfants dans la toute récente étable de leur troupeau de Wagyu. Photos François Larivière | Le Courrier ©

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Un animal précieux

Dans l’étable de Mélissa et Simon, une cinquantaine de Wagyu broutent allégrement du foin et du grain. Tranquilles, les animaux se laissent flatter et tous ont un nom personnel! Les deux aînées du couple s’occupent dans le bâtiment, tandis que le petit nouveau de 10 mois regarde encore curieusement ces grosses bêtes. « Notre première vache est venue de l’État de Washington, puis nous avons mis ses embryons dans des vaches porteuses Holstein. Nous souhaitons la meilleure qualité de viande possible et comme le bœuf Wagyu est très persillé et rempli d’un gras bon pour la santé, nous voulons un troupeau pur, dont aucun des ancêtres n’était croisé par exemple. C’est un processus fastidieux et très technique, mais l’avenir dans la génétique est très intéressant aussi », précise Mélissa Daigle. Signifiant tout simplement « vaches japonaises » en japonais, les Wagyu sont extrêmement précieuses et vénérées au pays du soleil levant, tellement que son importation est pratiquement impossible. « D’où l’importance d’avoir un troupeau le plus pur possible, car ces animaux sont très rares en Amérique du Nord. Nous pouvons donc vendre également des embryons, des taureaux de reproduction ou des femelles. »

le déguster en gardant l’intérieur saignant et fondant. « Nous avons beaucoup de demandes pour des restaurants, mais nos clients particuliers attendent déjà deux ou trois ans pour acheter notre viande, signale Simon Hamelin. Naturellement, c’est très bon pour nous, car avec leurs dépôts de réservation, cela nous permet d’avoir un bon fonds de roulement pour notre élevage. Malgré le prix très élevé de cette viande, la demande est là et déjà nous savons que nous devrons doubler la superficie de notre étable. »

Les Wagyu sont des bêtes très rustiques qui partent à l’abattoir vers 28 mois de vie environ. « Nous rendons nos bouvillons à 28 mois, car leur gras s’intensifie à partir de 22 mois. C’est une viande qui est très goûteuse et qui goûte vraiment le bœuf, de dire M. Hamelin en riant. Le bœuf conventionnel perd souvent de sa saveur, car il est élevé très rapidement. Nous parlons de productivité dans ce cas-là. Pour nous, il ne s’agit pas de production de masse, donc la qualité prime et le bien-être de nos animaux. »

Pour démarrer sa production de bœufs Wagyu, Mélissa Daigle a complété un DEC en Production de bovins de boucherie à l’École professionnelle de Saint-Hyacinthe en 2013. « J’ai eu la chance d’avoir accès à la subvention de Soutien au travail autonome afin de faire des recherches sur les Wagyu et pour monter mon plan d’affaires. » Mme Daigle a aussi obtenu une bourse du CLD, une prime à l’établissement et a fait un stage au Vermont pour se perfectionner, grâce au programme Chapeau les filles!.

Une viande de prestige

Très persillé, le bœuf Wagyu est une viande dont le gras, comparable à de bons oméga 3, fond pratiquement à la température ambiante. Nul besoin de gras pour le saisir dans la poêle et par la suite,

Les Wagyu sont considérés comme un trésor national au Japon.

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Vous avez manqué le premier tour? GUYLAINE MARTIN

Répondante en formation agricole Collectif en formation agricole Centre-du-Québec

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La date magique pour s’inscrire à un programme en agriculture est le 1er mars, mais il est possible de s’inscrire après cette date. Le Cégep de Victoriaville a déjà annoncé sa bonne performance au premier tour. Son programme Gestion et technologies d’entreprise agricole a reçu un total de 101 demandes d’admission, soit 33 de plus que l’an dernier à pareille date. Le Cégep propose quatre profils : productions animales, production légumière biologique, production fruitière biologique et pour la première fois en aout 2019, agriculture urbaine. Cette nouvelle voie de sortie a attiré à elle seule 19 élèves. Le profil productions animales a quant à lui reçu 33 demandes d’admission soit le double de l’an dernier. Du jamais vu depuis au moins quinze ans. Le programme Gestion et technologies d’entreprise agricole est également offert à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA), campus de SaintHyacinthe et au Cégep Saint-Jean-sur-

Richelieu. Cette formation prépare à gérer une ferme. Les technologies ont été intégrées dans la dernière révision du programme pour tenir compte des nouvelles réalités agricoles. Les diplômes d’études professionnelles (DEP), pour leur part, durent en général moins de deux ans. Ils sont offerts en productions animales, en horticulture et en grandes cultures. Là encore, ils sont offerts à Beauharnois au Centre de formation professionnelle des Moissons, à l’École d’agriculture de Nicolet et à l’École professionnelle de SaintHyacinthe. Une formation en horticulture est disponible en anglais au Centre de formation professionnelle Huntingdon Adult Education and Community Centre. Les formations, peu importe l’ordre d’enseignement, comportent plusieurs stages. Au niveau secondaire, elles sont dispensées en alternance travail-études. Tous les établissements d’enseignement, secondaire ou collégial, offrent l’activité « Élève d’un jour ». Il est possible de vivre la journée d’un élève en passant une journée à l’école. C’est une occasion de s’informer du programme qui nous intéresse, des installations de l’école et des emplois qui attendent les diplômés. Pour plus d’information sur les programmes en agriculture, consultez www.inforoutefpt.org. Ce site redirige sur le Service régional d’admission.

Le Cégep de Victoriaville ajoute le profil « Agriculture urbaine » à son programme en agriculture.


FERME C. ISABELLE ET FILS - SAINT-MICHEL-DE-NAPIERVILLE

Experte en pommes de terre ou de l’autre, de ceux qui prendront leur retraite par exemple. C’est un processus qui se fait d’une manière bien naturelle. »

Être à la fine pointe Véronique LEMONDE GTA

Depuis 1946, les Isabelle ont toujours été dans la pomme de terre. Sur 1300 acres de terres fertiles dans le sud de la Montérégie, la Ferme C. Isabelle et fils a avancé année après année avec la conviction profonde d’offrir toujours les meilleurs produits qui soient. Et surtout, dans un esprit très familial, même si l’entreprise agricole compte, en grosse saison, une cinquantaine d’employés. Père, mère, oncle, cousin, tante, etc., tous les membres de cette tribu tissée serrée se concentrent sur le succès de la ferme. « Tout jeune, je me souviens que j’allais avec ma famille au marché central de Montréal pour vendre nos produits, de dire Gabriel Isabelle, le plus jeune de la relève familiale à 31 ans. Sur la ferme, chacun a ses responsabilités, ce qui permet de ne pas trop se piler sur les pieds. Pour ma part, je m’occupe des ventes, des achats et du plan d’emballage. » Gabriel est à temps plein au sein de l’entreprise depuis près de cinq ans, à la suite d’un DEC en gestion commerciale. D’autres de ses cousins, toujours sur les bancs d’école, comptent aussi venir rejoindre les rangs de la Ferme C. Isabelle. « Au fur et à mesure, nous prendrons les tâches de l’un

Experte en pommes de terre, la Ferme C. Isabelle produit diverses variétés comme les pommes de terre à chair blanche, jaune, rouge et Russet. Pendant plusieurs années, l’entreprise a aussi produit des carottes nantaises. Depuis de

nombreuses années, la ferme a développé d’excellentes alliances stratégiques, comptant sur une clientèle d’hôtels, de restaurants et d’institutions, aussi bien que de distributeurs et de grossistes. « Nous utilisons le moins de pesticides possible, notre usine possède toutes les certifications requises quant à la salubrité », ajoute Gabriel Isabelle. Ainsi, afin de se conformer à la fameuse norme

Canada GAP, la Ferme C. Isabelle applique certaines mesures telles que le recouvrement des lumières afin d’éviter tout éclat de verre dans les légumes. Elle répertorie aussi toutes les semences, pesticides et engrais appliqués dans les champs dans un registre informatique afin de satisfaire aux critères de traçabilité, et veille à la formation complète de chaque employé. Également, depuis 2010, les inspections de la ferme sont effectuées par des firmes externes et les bâtiments et les registres de salubrité et de traçabilité sont contrôlés afin de valider la conformité de l’entreprise au programme. La distribution, quant à elle, se fait jusqu’en Floride, rien de moins!

En mode promotion

Il peut sembler banal de cultiver des pommes de terre, mais la Ferme C. Isabelle et fils ne lésine pas pour autant sur la promotion de ses produits avec une page Facebook particulièrement attrayante et dynamique. Recettes variées, vidéos de l’usine et des champs et photos servent à mettre de l’avant le travail à la ferme. De plus, l’entreprise s’implique en étant commanditaire de nombreux événements ou même l’hôte de certains. Par exemple, l’été dernier, la Ferme C. Isabelle était l’hôte du barbecue annuel de l’Association de la relève agricole de la Montérégie-Ouest (ARAMO). Sur cette photo, Gabriel Isabelle, Michel Isabelle, Louise Isabelle, Daniel Isabelle et Patrick Prud’homme, tous de la Ferme C. Isabelle et fils. Photo gracieuseté

isabelleinc.ca

Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 11 avril 2019 - 11


La CUMA et les coûts de production LAURENCE GENDRON AGRONOME

Conseillère en économie et en gestion Direction régionale de la Mauricie MAPAQ

Une série d’articles parus dans La Terre de chez nous en février dernier retient l’attention. Ils traitent de la détérioration de la santé financière des fermes laitières et de la façon que des conseillères en gestion accompagnent les entreprises dans le but ultime de les sortir d’une situation difficile. Parmi les éléments reconnus pour plomber la rentabilité des entreprises, la machinerie vient en tête de liste, et même s’il est question de fermes laitières dans l’article, on peut avancer que ce constat s’applique aussi aux entreprises à l’œuvre dans d’autres secteurs de production, tels que les grandes cultures. « Un parc de machinerie dont la taille est supérieure aux besoins de l’entreprise fait augmenter les coûts de production et gruge les liquidités1. »

Maîtriser les charges liées à la machinerie

L’Étude sur les coûts de production. Céréales, maïs-grain et oléagineux 2014 révélait que le poste des dépenses consacrées à l’entretien de la machinerie et de l’équipement représente des charges de l’ordre de 10 à 40 $/t, selon le type de culture2 (cela exclut donc les paiements de capital sur l’équipement, le cas échéant). Les charges liées à la machinerie peuvent ainsi exercer rapidement une pression sur le coût de production,

notamment pour l’entreprise qui opte pour l’achat de matériel neuf. Un tel choix présente certes des avantages, vu l’évolution rapide de la technologie et l’efficacité accrue attendue d’un équipement de pointe. Or, le matériel neuf n’est pas toujours facile à rentabiliser. Pour s’assurer de maîtriser ses coûts de production, le producteur doit envisager l’achat de matériel usagé, la location d’équipement ou les travaux à forfait. Et s’il envisageait l’achat en commun?

Les coopératives d’utilisation de matériel agricole

Les coopératives d’utilisation de matériel agricole – les CUMA – offrent aux entreprises agricoles qui en sont membres un cadre juridique qui leur permet de mettre en commun et d’utiliser au moindre coût possible de la machinerie et de l’équipement, mais aussi des intrants et de l’outillage. Créées en France en 1945, les CUMA sont au nombre de plus de 12 000 dans ce pays aujourd’hui. Le Québec a vu naître ses premières CUMA en 1991 et, récemment, on y en comptait 60. Le principe de la CUMA est simple : une branche d’activité est mise sur pied au sein de la CUMA pour les producteurs membres qui sont intéressés par un même matériel. Les producteurs de la branche d’activité visée se partagent 20 % du coût d’achat du matériel, alors que le paiement de 80 % du coût du matériel est soutenu par une institution financière sous la forme d’un prêt accordé à la CUMA. C’est donc la CUMA qui est propriétaire de l’équipement. Finalement, chaque membre de la branche d’activité paie, annuellement, la CUMA pour l’utilisation qu’il a faite de l’équipement.

Certains se demanderont si le jeu en vaut la chandelle. Est-ce qu’un tel achat en commun est intéressant sur le plan économique pour l’entreprise agricole?

Simulation

Considérons l’achat d’une déchaumeuse neuve, d’une valeur de 56 000 $, selon qu’elle est acquise par un seul individu ou achetée en commun, par l’entremise d’une CUMA au sein de laquelle est créée une branche d’activité « Déchaumeuse » formée de quatre membres. Les coûts annuels totaux établis en fonction de la forme d’achat sont présentés dans le tableau 1. Même si les coûts annuels totaux sont plus élevés par l’entremise de la CUMA qu’au moyen d’un achat individuel, le coût par hectare est, lui, plus faible (12 $/ha contre 45 $/ha). Pour couvrir une superficie identique, il en coûte moins cher à l’entreprise si elle adhère à la branche d’activité « Déchaumeuse » de la CUMA que si elle achète toute seule la déchaumeuse neuve. Le tableau 2 chiffre les économies annuelles qu’enregistre chacune des fermes membres de la branche d’activité dans notre exemple. Le tableau 2 montre que l’achat en commun a l’avantage de réduire les charges de mécanisation de 4900 $ à 6300 $, selon l’entreprise, par rapport au même achat fait de manière individuelle. La CUMA donne ainsi accès, à un coût moindre, à de l’équipement performant (et neuf). L’achat par le truchement d’une CUMA est donc une option à considérer pour des raisons économiques. C’est aussi l’esprit coopératif : partager, échanger, s’appuyer. Vous n’êtes pas convaincu? Faites le calcul pour un équipement et une super-

ficie correspondant à votre situation. Vous serez agréablement surpris. Pour accroître l’efficacité de vos activités sans exercer de pression sur le coût de production de vos cultures, communiquez avec la CUMA près de chez vous. Notre démonstration était peut-être le petit coup de pouce qu’il vous manquait!

Mesure d’appui pour l’adhésion à une CUMA ou à une CUMO

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation met à la disposition des entreprises agricoles une aide financière pour l’adhésion à une CUMA et à une CUMO (coopération d’utilisation de maind’œuvre partagée). L’aide financière peut atteindre 2000 $, par activité, pour la durée du programme (jusqu’en 2023). Consultez les détails de la mesure dans le site Web du Ministère, à l’adresse suivante : www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/md/programmesliste/developpementregional/Pages/appuiagroalimentai reregion.aspx 1 MÉNARD, Martin. « 4 éléments qui plombent

la rentabilité », La Terre de chez nous, 13 février 2019. Également disponible au https://www.laterre.ca/actualites/economie/4-elements-qui-plombent-larentabilite. 2 CECPA (Centre d’études sur les coûts de production en agriculture), 2014. Rapport final. Étude sur les coûts de production. Céréales, maïs-grain et oléagineux 2014, [En ligne], juin 2016, 70 pages. http://www.cecpa.qc.ca/?rub =2&typeProduction=15&typeRapport=1& datePublication=”http://www.cecpa.qc.ca/?rub =2&typeProduction=15&typeRapport=1& datePublication=#liste

Tableau 1 - Coûts annuels totaux de la déchaumeuse selon la forme d’achat ACHAT PAR LA CUMA BRANCHE D’ACTIVITÉ « DÉCHAUMEUSE »

ACHAT INDIVIDUEL

8089 $ 2056 $

-----

---

4480 $

--560 $

1120 $ 560 $

1 260 $ 1 260 $

560 $ ---

560 $

---

Coûts annuels totaux Superficie totale couverte

13 785 $ 290 ha

6720 $ 150 ha

Coûts annuels par unité de superficie

12 $/ha

45 $/ha

Paiements annuels (prêt de 5 ans au taux de 5%)1 – Capital – Intérêts Dépréciation (10 ans; valeur résiduelle de 20 %)

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Intérêts annuels moyens (5 %) Assurances, entreposage et immatriculation2 Entretien et réparations2 Frais généraux2 Frais de secrétariat2

1

Le plus souvent, la durée de l’emprunt par une CUMA est courte et correspond à la durée du contrat d’engagement qui lie les producteurs de la branche d’activité, soit généralement une période de cinq ans.

2 Les assurances, l’entreposage et l’immatriculation, l’entretien et les réparations, les frais généraux, ainsi que les frais de secrétariat sont exprimés en pourcentage du coût total de l’équipement (de 1 % à 2,25 %).

Tableau 2 - Économies annuelles par ferme membre de la CUMA grâce à l’achat en commun COÛTS ANNUELS TOTAUX MEMBRE

NOMBRE D’HECTARES PAR MEMBRE

ACHAT EN CUMA BRANCHE D’ACTIVITÉ « DÉCHAUMEUSE »

ACHAT INDIVIDUEL

ÉCONOMIES ANNUELLES

Ferme A

60

713 $

6720 $

6007 $

Ferme B

45

535 $

6720 $

6185 $

Ferme C Ferme D

35 150

416 $ 1783 $

6720 $ 6720 $

6304 $ 4937 $


FERME KÉVIN RICHARD - LA PRÉSENTATION

Démarrer de A à Z Véronique LEMONDE GTA

Récipiendaire d’une bourse pour la relève agricole de la MRC des Maskoutains, en décembre dernier, Kévin Richard se rapproche de plus en plus de son projet de démarrage d’une production avicole d’œufs classiques blancs. Agroéconomiste enseignant à l’ITA et fils d’un producteur agricole de Saint-Jude, il part pourtant de zéro pour bâtir son ambitieux projet, car pour l’instant, Kévin Richard n’a ni poule ni bâtiment! Ayant grandi sur une ferme porcine et de grandes cultures, la Ferme Benoit Richard de Saint-Jude, il a vite su que l’agriculture serait son domaine de prédilection. « La ferme familiale est assez petite et pour m’y greffer, il faudrait une certaine expansion. J’ai donc décidé de démarrer en parallèle mes propres projets tout en gardant un grand intérêt pour la relève familiale dans plusieurs années. Comme mes parents sont encore jeunes, ce serait sûrement un transfert très progressif. Mais avant toutes choses, je tenais vraiment à me perfectionner en gestion agricole, donc j’ai fait mon baccalauréat en agroéconomie à l’Université Laval », explique M. Richard. Après ses études, Kévin Richard travaille comme conseiller en gestion agricole durant deux ans à SaintHyacinthe, puis, depuis cinq ans, il enseigne à l’ITA dans deux programmes. « L’enseignement, c’est parfait pour moi présentement, car cela me laisse l’été

pour aider sur la ferme familiale et pour ma production d’ail. » Car oui, le dynamique agroéconomiste vend aussi depuis quelques années de l’ail et de la fleur d’ail dans la région, sous le nom Production Richard. Comme rien ne semble l’arrêter, voilà qu’il souhaite maintenant se diversifier en se lançant en aviculture!

Le défi d’une nouvelle production

Le projet est en branle depuis près de six ans, puisque Kévin Richard travailla deux hivers chez des producteurs avicoles afin de se perfectionner et donna sa candidature à quelques reprises pour le Programme d’aide au démarrage de nouveaux producteurs d’œufs, un programme fonctionnant à la fois au mérite et par tirage au sort. C’est finalement en novembre 2018 que M. Richard se voit décerner le Mérite Philippe-Olivier ainsi qu’un droit de production à vie de 6000 unités de quota de poules pondeuses. Depuis 2006, la Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ) a remis 82 000 unités de quota via son programme qui vise à assurer une relève en production d’œufs sur l’ensemble du territoire québécois. Pour l’édition 2018, 22 dossiers de candidatures avaient été reçus et de ceuxci, trois ont été retenus pour le tirage. « J’ai acheté une terre dans le rang Sainte-Rose à La Présentation, aux limites de Saint-Jude, et cet automne j’attends l’arrivée de plus de 12 000 poules pondeuses. » Avec sa

bourse de 10 000 $ de la MRC des Maskoutains, le nouveau producteur compte défrayer certains coûts reliés aux honoraires requis par certains professionnels qui l’accompagneront dans cette aventure. Mais le plus important, bien entendu, sera la construction du pondoir qui pourrait accueillir à terme près de 18 000 poules pondeuses en cages de type enrichies, deux fois plus grandes que les conventionnelles, avec nichoir et zone de nidification. Un entrepôt pour le fumier et une salle d’empaquetage et de triage doivent aussi être construits dans le courant de l’été. « C’est quand même un peu stressant, je pars de zéro, c’est la première fois que je fais construire des bâtiments agricoles et il y a plusieurs choses à gérer. Je dois être épaulé par plusieurs professionnels. Cependant, en étant agroéconomiste, cela m’apporte plus d’autonomie, je peux moi-même monter mon plan d’affaires, faire mes analyses financières, mon budget. J’arrive très bien préparé devant les différentes institutions. »

La force de la relève

Au-delà de toutes ses multiples occupations, Kévin Richard en est à sa deuxième année comme président de l’Association de la relève agricole de Saint-Hyacinthe (ARASH) qui compte environ 400 membres. « Mon conseil d’administration et moi nous espérons aider du mieux possible la relève à s’établir. De plus, nous encourageons fortement le réseautage et nous avons

Kévin Richard est président de l’Association de la relève agricole de Saint-Hyacinthe (ARASH). Photo gracieuseté

plusieurs activités sociales qui vont en ce sens au cours de l’année. » Les défis pour la relève sont nombreux, mais entre autres, l’accessibilité aux terres, plus rare, constitue un frein majeur, de même que des investissements offrant peu de retours sur les bénéfices en grandes cultures et en production animale. « La relève doit avoir accès à de meilleurs outils pour assurer une meilleure pérennité à ses entreprises. Par exemple, en production laitière, nous sommes en pourparlers avec la fédération pour l’augmentation du quota prêt-relève et l’amélioration du prêt achatlocation pour la relève non apparentée », conclut le jeune producteur.

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FINANCEMENT AGRICOLE CANADA

Les coûts de la machinerie doivent être pris en compte dans la planification du transfert MATT MCINTOSH FAC

Pour de nombreuses familles d’agriculteurs en processus de transfert, il est important d’assurer le développement de l’entreprise. Cependant, la comptabilisation des coûts réels de la machinerie n’est pas toujours prise en considération. Or, étant donné le prix élevé du matériel agricole, il est crucial de s’assurer que les achats contribuent à la rentabilité de la ferme.

Financement de la retraite

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Selon Stuart Person, producteur de la Saskatchewan et directeur national des producteurs primaires de MNP — un cabinet national de comptabilité, de fiscalité et de conseil établi à Edmonton — les jeunes producteurs en processus de transfert doivent être conscients du fait que la machinerie peut contribuer à financer la retraite des exploitants âgés. Si les parents ont investi toutes leurs ressources financières dans la ferme, ils doivent pouvoir en retirer des liquidités. La jeune génération doit en tenir compte dans sa planification des flux de trésorerie. « Un jeune agriculteur se dit que s’il commet une erreur, il a le temps de corriger le tir, ce qui n’est pas le cas des parents qui quittent l’entreprise, souligne M. Person. On est en présence d’objectifs concurrents : la génération âgée cherche à protéger son patrimoine tandis que la jeune génération est en mode expansion. »

Louer ou acheter?

M. Person ajoute que les coûts de la location et de l’achat sont mal compris. Lorsque vous investissez 600 000 $ dans une machine, par exemple, votre acquisition va se déprécier plutôt que de prendre de la valeur. C’est un coût réel dont il faut tenir compte. Il en va de même du versement initial, lequel investit de façon permanente des capitaux propres dans la machine. La location, en revanche, ne nécessite pas de versement initial. Cette option aide les producteurs à respecter davantage leurs limites de trésorerie, ce qui est particulièrement intéressant dans un contexte où les prix d’achat sont élevés. L’inconvénient de la location d’équipement est qu’elle ne permet pas d’accumuler des capitaux propres. « C’est l’apanage de la location, dit M. Person. Les producteurs doivent consacrer plus de temps et d’effort pour bien comprendre leurs coûts de production. » John Molenhuis, spécialiste de l’analyse des activités commerciales et des coûts de production au ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, mentionne que les producteurs n’accordent pas la même attention aux coûts fixes comme l’intérêt et l’amortissement qu’aux charges d’exploitation générales comme le carburant. « Il est essentiel d’effectuer vos calculs pour vous assurer que l’acquisition répond vraiment à vos besoins. »

Paiements prévisibles

Selon Jeff McGavin, concessionnaire d’équipement de l’Ontario et président de la Canada East Equipment Dealers Association, un nombre croissant de producteurs privilégient la location parce que les paiements sont prévisibles. En général, ceux qui achètent l’équipement ne le gardent pas aussi longtemps que ceux qui le louent; ils profitent plutôt de la garantie intégrale, et lorsqu’elle est échue, ils revendent le matériel.

Calculs importants

M. Person et M. Molenhuis réitèrent l’importance d’une planification rigoureuse. « Effectuez soigneusement votre comptabilité d’exercice pour déterminer si votre activité est rentable. Tâchez de connaître vos coûts. Prenez le temps qu’il faut et n’hésitez pas à

investir un peu d’argent pour présenter correctement votre information financière. C’est indispensable », résume M. Person.

En conclusion

La machinerie représente un investissement important, mais il arrive qu’elle soit négligée durant la planification du transfert. Si la génération âgée a investi toutes ses ressources financières dans la ferme, y compris dans la machinerie, elle doit pouvoir en retirer des liquidités, ce dont la jeune génération doit tenir compte dans sa planification des flux de trésorerie. Les machines agricoles coûteuses sont parfois négligées durant la planification du transfert, mais les jeunes agriculteurs doivent être conscients que celles-ci peuvent contribuer à financer la retraite des exploitants âgés.


Concours 2019 Tournez-vous vers l’Excellence!

La FRAQ vous invite à participer à ce concours unique de la Financière agricole du Québec.

de son mentorat dans la réussite de son projet d’affaires.

Ce qu’il faut savoir

• Être en affaires dans l’entreprise depuis deux à sept ans; • Être âgé entre 18 et 40 ans; • Détenir au moins 20 % des parts de l’entreprise; • Avoir reçu une subvention à temps partiel ou à temps plein en vertu du Programme d’appui financier à la relève agricole ou avoir reçu la confirmation que cette aide sera accordée. Le concours Tournez-vous vers l’excellence! vise à mettre en lumière la contribution individuelle des entrepreneurs. Précisons qu’une seule personne

Ce concours s’adresse aux nouveaux entrepreneurs agricoles qui, grâce à leurs aptitudes professionnelles et leurs qualités de gestionnaire, se démarquent par l’excellence de leur profil. À gagner : une bourse de 5000 $, deux bourses de 2500 $ et une bourse de 1500 $ en développement durable De plus, le Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA) décernera à nouveau une bourse de 1500 $ à l’un des 10 finalistes qui se sera démarqué par la pertinence de sa formation ainsi que par l’importance de son encadrement ou

Conditions d’admission

par entreprise peut présenter sa candidature, et ce, même si l’on compte deux associés à égalité de parts Date limite d’inscription : le 26 avril 2019 Le dévoilement des lauréats se fera à l’occasion du Colloque Gestion du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), au mois de novembre prochain à Drummondville.

En réalisant ce concours, La Financière agricole du Québec, en collaboration avec le CRAAQ, démontre l’importance qu’elle accorde à la formation ainsi qu’à un ensemble de qualités et de talents ouvrant la voie à l’exercice de la profession d’agriculteur. Depuis sa création en 2005, 40 jeunes ont reçu un prix d’excellence décerné par La Financière agricole et six personnes ont reçu une bourse du FIRA, pour un montant total de 132 500 $.

Formulaire d’inscription au concours 2019

Rendez-vous sur la page suivante pour consulter les détails sur le site de la Financière agricole : www.fadq.qc.ca/a-propos-de-nous/concours-tournez-vous-vers-lexcellence/.

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ARTERRE

Augmenter l’accessibilité aux terres Véronique LEMONDE GTA

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À l’ère des applications et sites de rencontres amoureux, la relève agricole peut elle aussi espérer faire le match parfait... avec la bonne terre ou la bonne ferme! En effet, grâce au programme ARTERRE, un service de maillage axé sur l’accompagnement et le jumelage entre aspirantsagriculteurs et propriétaires, la relève agricole peut mettre en branle son projet. Comme tous n’ont pas accès à une ferme familiale dont ils prendront la relève, plusieurs jeunes intéressés par l’agriculture se retrouvent sans terre à cultiver ni bâtiment pour y élever des animaux. C’est avec ces constats, et également devant le prix élevé des terres fertiles et la rareté de ces dernières, que la MRC Brome-Missisquoi innovait en 2012 en lançant Banque de terres. « Le but premier était d’empêcher la dévitalisation de la région faute de terres accessibles. C’était une initiative assez unique au Québec, à part le CISA [Centre d’innovation sociale en agriculture], à Victoriaville, qui offrait d’associer des agriculteurs à des fermes qui n’avaient pas de relève », explique Élyse Cardinal, agente de maillage ARTERRE à la MRC Brome-Missisquoi. Devant la popularité de ces initiatives régionales - Banque de terres a conclu 35 maillages entre 2012-2017 - le CRAAQ vient tout juste, en avril dernier, de propulser le programme ARTERRE, maintenant accessible à toutes les MRC

de la province. « Il y a maintenant un système informatique panquébécois qui permet à la relève ou aux propriétaires de terres et de fermes de consulter les fiches d’un et chacun. Quelqu’un de BromeMissiquoi peut donc aussi chercher une terre dans une autre région que la sienne s’il le désire », ajoute Mme Cardinal.

Un processus humain

Pour plusieurs, le rêve d’un projet agricole mijote dans leur tête et leur cœur durant de nombreuses années. « Avec ARTERRE, cela permet à des jeunes de la relève de démarrer un projet sans trop d’engagements financiers au départ, car ils peuvent louer une terre inutilisée par un propriétaire par exemple. Ainsi, c’est un terrain d’essai parfait pour valider s’ils aiment cela, faire des expérimentations et monter un plan d’affaires solide. C’est un gros terrain de jeu : tu as un projet, nous t’aidons à trouver, selon tes besoins, l’endroit idéal pour que tu débutes. » Pour le propriétaire d’une terre ou d’une ferme inutilisée, c’est aussi d’avoir l’esprit tranquille durant quelques années de plus, le temps de prendre complètement sa retraite, dans plusieurs cas. « Savoir que sa terre ou sa ferme sera entre bonnes mains pour l’avenir, c’est très rassurant pour eux également », conclut Élyse Cardinal. En 2018, ARTERRE a complété sept maillages, alors que pour l’instant, en 2019, déjà 23 maillages sont en voie d’être achevés. arterre.ca

Location de terre inutilisée, location avec option d’achat, transfert non apparenté ou partenariat d’affaires, ARTERRE permet de mettre en contact d’aspirants-agriculteurs et des propriétaires établis. Photo Leslie Carbonneau


Culture de l’ail : comment savoir qu’il est temps de récolter? Vous vous êtes récemment lancé dans la culture de l’ail? Pour offrir des produits de qualité, vous devez impérativement les récolter au bon moment. En effet, cueillis avant leur maturité, les bulbes risquent de se ratatiner et de devenir spongieux lors du séchage; récolté trop tard, l’ail peut présenter une pelure fragile, tachée ou partiellement décomposée ainsi que des caïeux (gousses) exposés, ce qui n’est certes pas attirant pour le consommateur! Dans les deux cas, vos produits dureront moins longtemps. Alors, quand récolter? Lorsque les feuilles commencent à se faner et prennent progressivement une teinte de jaune-ocre à brunâtre de la base de la plante à la tête, c’est signe que le plant sera bientôt mature — il doit être récolté avant l’assèchement de toutes les pelures. Certains conseillent de procéder à la cueillette quand de 30 à 50 % des feuilles sont sèches. Toutefois, ces recommandations peuvent varier selon les conditions de votre ferme. Il est donc important de considérer d’autres méthodes pour bien évaluer le stade de récolte. Par exemple, examinez quelques bulbes au hasard : coupez-les transversalement, puis comptez les feuilles qui sont toujours humides. Il doit idéalement y avoir trois pelures turgescentes au moment de l’arrachage. Vous pouvez aussi peser séparément les bulbes et les feuilles : l’ail est mature si le rapport de poids entre les 2 est supérieur à 1,8. Mesurer le taux de

sucre dans la sève peut aussi permettre de déterminer la période propice à la

récolte, c’est-à-dire lorsque celui-ci cesse de s’accroître. À vous de voir, après avoir

comparé les diverses méthodes, celle qui vous convient le mieux!

Entreprenez le séchage de l’ail dès sa récolte afin d’en maximiser la conservation et de minimiser les risques d’infections fongiques.

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La pourriture à sclérote du soya : le défi de la prévision du risque de maladie YVES DION, AGRONOME

Conseiller en grandes cultures Direction régionale de la Montérégie MAPAQ

YVAN FAUCHER, AGRONOME

Conseiller en grandes cultures Direction régionale de la Montérégie MAPAQ

SYLVIE RIOUX, AGRONOME

Chercheure Centre de recherche sur les grains (CEROM)

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La pourriture à sclérotes causée par Sclerotinia sclerotiorum est une maladie importante et fréquente dans la culture du soya. C’est une maladie à champignon qui est favorisée par des conditions humides à certains stades de développement de la plante. L’infection a lieu au moment où les pièces florales flétrissent, alors que le champignon pénètre les tissus sénescents des fleurs fécondées et d’autres tissus morts de la plante. Il est important de connaître les facteurs qui concourent au risque d’infection. Différentes pratiques culturales peuvent contribuer à réduire le risque1, mais les connaissances sur l’ensemble des conditions qui affectent le risque de la maladie sont insuffisantes et elles doivent progresser dans le but de mener une meilleure lutte intégrée. La répression par des fongicides est un moyen de lutte, mais il y a lieu d’en faire un usage raisonné pour limiter le développement de la résistance du champignon

et aussi pour des considérations d’ordre environnemental. Cela implique d’en faire l’usage lorsque les conditions sont clairement favorables au champignon. Quelles sont donc ces conditions favorables à la propagation de la maladie? On doit détailler, d’une part, les conditions qui sont favorables au développement du champignon et, d’autre part, celles qui sont propices à l’infection de la plante hôte. Ainsi, un groupe réunissant des conseillers du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, des experts et des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et du Centre de recherche sur les grains (CÉROM), avec l’appui du groupe « Maladies des grandes cultures » du Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP), a lancé des études de surveillance et de monitorage de la maladie. Des sclérotes ont été implantés dans les champs de soya de plusieurs régions agricoles du Québec et on a observé la fructification des sclérotes, le développement des apothécies qui portent les spores infectieuses et le développement de la maladie dans les champs sous étude. Ces activités se sont déroulées en 2017 et en 2018. Il faudra encore beaucoup de données et d’observations pour comprendre et quantifier correctement le risque de développement de la maladie. Jetons toutefois un regard sur les cas de quelques sites pour discuter des facteurs qui ont une incidence sur le risque de la maladie dans la culture du soya. Nous prenons principalement en considération

le développement des spores infectieuses produites par les apothécies, ce qui représente la première phase de la maladie. La production des spores est déterminante pour la suite des choses, à savoir l’infection de la plante hôte par l’agent pathogène. Le cas d’un premier site en Montérégie (Montérégie-1, 2018) présente une situation où on n’a observé aucune fructification des sclérotes, soit aucune apothécie et une absence de maladie. C‘est une situation simple à saisir lorsqu’on considère la quasi absence de précipitations au moment où la plante était à un stade très favorable à l’infection (stades R1–R2). Le semis à 15 pouces d’écartement a vu les rangs se refermer tardivement, après la période critique d’infection. Ces conditions n’ont pas contribué à créer un environnement propice (sol frais et humide, ombrage) favorisant le développement des apothécies puis des spores. La fermeture des rangs amène potentiellement des conditions plus favorables au développement des spores et à l’infection. Le cas Montérégie-2 (2018) a vu des apothécies se développer (après la fermeture des rangs). Les précipitations et les conditions plus humides ont favorisé la fructification des sclérotes, mais le développement de la plante était suffisamment avancé pour éviter l’infection. Une information de cette nature permet d’avancer qu’une intervention à l’aide d’un fongicide n’est pas nécessaire. En 2017 (cas Lanaudière, 2017), les précipitations devaient être suffisantes,

puisqu’on a observé un grand nombre d’apothécies. La fermeture hâtive du couvert végétal a pu également contribuer à maintenir des conditions favorables à la fructification des sclérotes. Les apothécies sont apparues au moment où les plantes étaient à un stade de développement favorable à l’infection. Ce type de mesures et d’observation peut contribuer au développement d’un modèle prévisionnel de risque de la pourriture à sclérotes dans la culture du soya. C’est ce que le CÉROM a entrepris grâce au financement obtenu pour une période de trois ans par l’entremise du programme Prime-Vert. Une équipe formée de chercheurs, d’experts et de conseillers d’organisations publiques et universitaires s’attellera à cette tâche. Le développement ou la validation d’un modèle prévisionnel de risque exige la collecte de beaucoup de données sur plusieurs années et dans des différents sites présentant des conditions variées. Il faudra de plus vérifier l’importance de multiples facteurs : type de sol, écartement des rangs, préparation du sol, utilisation de cultures de couverture, etc. Un modèle prévisionnel fiable doit signifier ses limites. Référence 1 Agri-Réseau – « La pourriture à sclérote chez le soya » https://www.agrireseau.net/rap/documents/92969/grandes-cultures-fiche-technique-lapourriture-a-sclerotes-chez-le-soya?r=pourriture+%C3 %A0+scl%C3%A9rote+soya

Maïs-grain: Pourquoi encore parler d’azote en 2019? (1/5) GILLES TREMBLAY, AGRONOME

Direction régionale de la Montérégie, secteur Est MAPAQ

LÉON-ÉTIENNE PARENT AGRONOME

Professeur émérite Université Laval

Pourquoi encore parler d’azote en 2019? C’est une question qui vaut des millions! Depuis l’an 2000, il se cultive en moyenne 400 000 hectares (ha) de maïs-grain au Québec annuellement. Pour le maïs-

grain, le guide de fertilisation du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) recommande de façon générale un apport d’azote de 120 à 170 kg/ha selon la zone climatique et la texture du sol. Chaque augmentation de 1 kg d’azote de la dose moyenne appliquée au Québec correspond à une application supplémentaire de 400 tonnes d’azote. Uniquement dans la production du maïs-grain, les producteurs agricoles du Québec utilisent annuellement de 50 à 70 000 tonnes d’azote de synthèse, ce qui représente de 50 à 70 M$ en coûts de production.

Des trois éléments majeurs en fertilisation (azote, phosphore et potassium), l’azote constitue l’élément le plus limitant à la croissance normale du maïs-grain dans une majorité des sols agricoles québécois. Plusieurs recherches ont démontré qu’un sol en santé et riche en azote peut fournir plus du deux tiers des besoins en azote des cultures tandis qu’un sol pauvre ou compacté avec de faibles potentiels de minéralisation ne peut fournir que moins d’un tiers des besoins en azote des cultures. Pour bien comprendre la réponse d’une culture à l’apport progressif d’un élément

fertilisant, il faut absolument regarder l’ensemble de la courbe de réponse et non les valeurs associées à chacune des doses évaluées. Pour obtenir une courbe de réponse qui soit la plus représentative possible, il faut donc bien choisir les doses évaluées. Dans le cas de l’azote, les essais à la ferme devraient comporter de trois à cinq doses en plus de celle mise au démarreur. Pour tenir compte de la variabilité au champ, il faudrait que ces doses soient répétées de deux à quatre fois. L’ensemble de l’essai serait donc alors constitué de 15 à 25 parcelles, ce qui apparaît réalisable au champ.


...suite de la page 20 Maintenant, il faut passer au choix des doses. Pour avoir des courbes de réponse représentatives à partir de quatre à six doses d’azote, il faut que les doses représentent un éventail assez large. Pour atteindre cet objectif, l’utilisation de doses croissantes variant de 40 à 60 N/ha est conseillée. Cette étape franchie, on peut passer à l’analyse des résultats et déterminer la dose économique optimale selon les réalités du marché de l’azote et du commerce des grains.

Description du travail réalisé

De 1997 à 2017, près de 500 essais ont été réalisés dont plus de 90 % chez des producteurs agricoles. Ces essais ont été réalisés sous la supervision de Gilles Tremblay lorsqu’il travaillait au CÉROM. Tous les essais ont été réalisés avec la collaboration de conseillers agricoles du MAPAQ ou des conseillers de clubs conseils en agroenvironnement (CCAE). Les sites retenus ne devaient pas avoir reçu de fumier ou de lisier au cours des deux années précédentes. De plus, le semis du maïs ne devait pas avoir été exécuté après le 15 mai, ce qui

correspondait à la fenêtre optimale de semis pour cette espèce. La quantité d’azote dans le démarreur ne devait pas dépasser 60 kg N/ha. À la suite de l’application des critères de sélection à l’ensemble des 500 essais réalisés, 344 ont été retenus qui les respectaient tous. Les analyses statistiques ont été réalisées sur chacun de ces essais afin de vérifier si l’ajout d’azote avait des impacts significatifs sur la teneur en eau, le poids spécifique et le rendement en grains. Les doses économiques optimales ont été calculées en utilisant un prix du maïs de 200 $ la tonne et un coût de l’azote de 1,10 $ le kilogramme. Quel serait l’impact de modifier le prix du maïs ou de l’azote sur les doses économiques optimales (DÉO)? En se basant sur les résultats de 152 essais réalisés par l’IRDA et le CÉROM de 2006 à 2010 et leurs modèles de réponse, il aurait été économiquement rentable d’apporter de 5 à 10 kg d’azote/ha de plus à cette culture pour une augmentation de 25 $ à 50 $/t du maïs. La variation du prix de l’azote aurait des impacts similaires aux variations des prix du maïs. Dans l’optique

d’une réduction du prix de l’azote à 0,80 $ ou 0,90 $ l’unité, il serait aussi économiquement rentable d’apporter de 5 à 10 kg d’azote/ha de plus à cette culture, pas plus.

Effets de la fertilisation minérale azotée

Selon les résultats obtenus, la fertilisation minérale azotée a eu très peu d’impacts sur la teneur en eau des grains. En effet, il a été possible de mesurer cet effet sur 325 des 344 essais réalisés. Un effet significatif a été observé dans 2 de ces 325 essais, ce qui ne représente que 0,6 % des cas. L’effet de l’azote sur la teneur en eau des grains ne semble pas avoir changé au cours des 21 dernières années. Qu’en est-il du poids spécifique des grains ? Les réponses obtenues sont pratiquement les mêmes que celles observées pour la teneur en eau des grains. L’ajout d’azote n’a permis d’améliorer le poids spécifique des grains que dans un seul cas sur 335. Enfin, y a-t-il un impact sur le rendement en grains? Le constat est tout à fait

différent de ceux observés pour la teneur en eau et le poids spécifique des grains. Ainsi, l’apport d’azote s’est traduit par des augmentations de rendements dans 75 % des cas pour l’ensemble de la période de 1997 à 2017. De 1997 à 2003, l’azote a eu des effets significatifs pour 47 des 75 essais soit dans 63 % des cas. Puis, de 2004 à 2010, l’apport d’azote a permis des augmentations de rendements dans 75 % des cas, soit pour 120 des 160 essais réalisés. Enfin, de 2011 à 2017, l’ajout d’azote minéral a eu des effets significatifs sur les rendements en grains du maïs pour 91 des 109 essais, ce qui représentait 83 % des cas. De 1997 à 2017, la proportion des essais où l’azote avait un effet significatif sur les rendements en grains a donc progressé de 63 à 83 %. Cette proportion a augmenté de près de 1 % annuellement au cours des 21 dernières années. Le maïs-grain semble donc répondre de plus en plus à la fertilisation minérale azotée. Comment peut-on expliquer ce phénomène ? Dans le prochain article (2 de 5), nous poursuivrons l’analyse des résultats et tenterons d’expliquer ce phénomène.

Optimisation de la machinerie afin de réduire la compaction des sols BRUNO GARON, INGÉNIEUR

Direction régionale de la Montérégie, secteur Est MAPAQ

pneu, en identifiant la grandeur, le nom du fabricant et le mot databook (ex : 520/85R42). Vous avez besoin du poids sur la roue afin de sélectionner la bonne pression pour vos activités au champ ou sur la route. Lors des tournées de la Caravane Santé des sols, on me pose souvent la question : « M. Garon, pensezvous que je devrais ajuster la pression à chaque fois? » Au début, je me gardais

Quelques chiffres pertinents

une petite réserve, mais maintenant, avec les nouvelles recherches sur le sujet de la compaction, je réponds : oui . À titre d’exemple, prenons un pneu « 520/85R42 », la pression à six km/h pour le champ est de six Psi pour une charge de 2800 kilogrammes (kg). Cependant, pour la route ou pour des efforts élevés au champ la pression doit être 12 Psi. Pour le même pneu, si vous allez sur la route à 50 km/h la pression

Saviez-vous que la pression dans le sol à 50 centimètres (20 pouces) de profondeur doit être plus petite que 50 kilopascals (kPa) ou 7,5 Psi1 pour ne pas compacter de façon permanente? Bien que difficile à mesurer, il est impossible de respecter cette mesure si la pression dans le pneu est à plus de 12 Psi et si le poids est supérieur à trois tonnes à la roue. Vous devez utiliser la bonne charte pour votre

doit être de 14 Psi. Le poids maximum au champ à 28 Psi est de 6150 kg. L’optimisation des ajustements n’est pas facile. C’est beaucoup plus simple avec une automobile. Vous aurez des choix et des compromis à faire. Pour optimiser ces ajustements, il faut peser ou évaluer vos tracteurs et votre machinerie pour différentes situations. Un bon moyen de diminuer la compaction est de réduire le passage au champ dû moins avec une charge inférieure à trois tonnes à la roue. À ce poids, les recherches démontrent que la compaction permanente est évitée. Toutefois, attention à la pression, car pour une pression en haut de 12 Psi il sera difficile de ne pas compacter la surface. La pression dans le pneu à un effet sur la compaction à la surface, mais cette pression est ajustée selon la charge et les situations. Tandis que le poids à un impact sur la compaction en profondeur, ce qui est plus difficile à réduire. Par conséquent, la prévention pour la compaction est cruciale! La condition du sol est aussi liée à la diminution de la compaction. Plus un sol est sec, moins il est compacté par la machinerie. Cependant, un sol trop sec a plus de contraintes, car un pneu fonctionne sur ces crampons et une plus petite surface de contact au sol augmentera la compaction. Vous pouvez en faire une simulation sur www.terranimo.world/CH/default.aspx? language=fr. Les figures suivantes le démontrent.

1Source

: Mathieu Lamandé (Colloque Santé des sols 2019)

Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 11 avril 2019 - 21

Le travail dans les champs commencera bientôt! La rentabilité et la qualité de la production agricole dépendent souvent de la santé des sols et divers phénomènes de dégradation peuvent l’affecter, notamment la compaction. Voici pourquoi il est important d’optimiser vos tracteurs afin de réduire la compaction des sols. À l’hiver, vous avez probablement augmenté la pression des pneus pour vos tracteurs qui ont été entreposés dans le garage ou qui étaient utilisés pour effectuer le déneigement. Si ces pneus sont restés à basse pression, c’est-à-dire à moins de 10 Psi (livre-force par pouce carré), soyez prudent! À l’arrivée du printemps, de nombreux producteurs installent des roues doubles et/ou ajustent la pression des pneus de leur équipement. Cependant beaucoup de tracteurs ont des pressions trop hautes, puisque certains ajustent celles-ci sans faire de vérification. Ils se fient aux conseils du garagiste ou ajustent une pression identique pour tous les types de travail. La pression dans les pneus est alors trop haute pour certaines activités et elle risque d’être trop faible pour d’autres. Pour vous aider à ajuster la pression selon le poids des roues, plusieurs applications sont disponibles sur le Web, tout comme les différentes chartes des pneus des compagnies. Pour faire un bon

ajustement, vous devez prendre en considération certains éléments tels que : le poids à chaque roue, le type de travail que vous ferez avec ce tracteur durant la saison, etc. Posez-vous certaines questions telles que : « Le tracteur passera-t-il sur la route ou traversera-t-il le chemin? », « Est-ce que le tracteur transportera des charges importantes sur une longue distance? ».


Comment prévenir l’épuisement professionnel en milieu agricole? Grande fatigue, sentiment d’échec et désintérêt au travail, perte d’appétit, manque de concentration, changements de comportement (repli sur soi, agressivité, etc.), propos exprimant le désespoir… l’épuisement professionnel touche de nombreux agriculteurs aux prises avec un stress constant.

Des statistiques préoccupantes

• Fixer des attentes claires et réalistes à chaque travailleur et s’assurer que chacun les comprend bien; • Développer et encourager le soutien aux travailleurs; • Tenir régulièrement des réunions d’équipe et régler collectivement les problèmes ou les dysfonctionnements au sein de l’entreprise;

• Informer les travailleurs sur l’épuisement professionnel, les moyens de le prévenir et les différentes ressources d’aide à leur disposition.

Des stratégies individuelles

À titre personnel, élaborer des stratégies pour prendre soin de vous (méditer, écouter de la musique, lire, faire des étire-

ments, etc.) et déterminer des priorités raisonnables pour la semaine, le mois et l’année à venir sont de bons moyens de préserver votre bien-être mental. Les agriculteurs sont parmi les professionnels les plus à risque de se retrouver en situation de détresse psychologique.

L’Organisation mondiale de la Santé estime que l’agriculture est l’un des secteurs les plus à risque en matière de détresse psychologique et de suicide, dont le taux serait de deux à trois fois plus élevé chez les agriculteurs. Ceci s’expliquerait par la combinaison de facteurs tels que la charge de travail colossale, l’imprévisibilité de la météo, l’instabilité des marchés, la mondialisation, le prix des quotas, l’endettement et les obligations environnementales.

Des mesures concrètes

Pour prévenir l’épuisement professionnel, les gestionnaires peuvent appliquer diverses mesures, dont les suivantes : • Évaluer l’échéancier et réguler la charge de travail de façon à conserver l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée; • Offrir une formation continue aux employés; • Développer des mécanismes participatifs; • Mettre en place un système de reconnaissance du travail;

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Le chia : une culture émergente au Québec Réputé pour ses nombreuses vertus santé — comme sa haute teneur en oméga-3, en fibres et en protéines —, le chia jouit d’une popularité grandissante depuis quelques années. Ainsi, l’intérêt croissant de la part des consommateurs pour ce « superaliment » pourrait se révéler très avantageux pour les agriculteurs québécois. Sans l’ombre d’un doute, la culture du chia s’avère prometteuse. Poursuivez votre lecture pour en apprendre davantage! D’entrée de jeu, il faut savoir que le chia est une plante originaire d’Amérique du Sud. Puisqu’elle ne supporte pas très bien le froid et qu’elle a une grande résistance à la sécheresse, elle est normalement cultivée dans les pays dont le climat est chaud et aride. De plus, pour qu’elle puisse fleurir et produire des graines, elle nécessite une photopériode courte, c’est-à-dire un temps d’exposition

plus bref à la lumière. Alors, en considérant tous ces facteurs, comment peut-on arriver à l’implanter efficacement en Amérique du Nord? En fait, sa culture est maintenant rendue possible grâce à des travaux menés par des chercheurs du Kentucky. Ces derniers ont su développer des variétés de chia fleurissant à jours longs — elles sont donc parfaites pour une production dans des pays au climat variable. Bien qu’elle soit encore à un stade de développement au Québec, la culture du chia attire déjà l’attention de plusieurs agriculteurs. Les spécialistes en recherche et développement agricole affirment que sa production — en tant que culture d’appoint — pourrait contribuer à la diversification et à la rentabilité des fermes québécoises. Intéressant, n’est-ce pas?


Comment rédiger un plan d’affaires pour votre entreprise agricole? Un plan d’affaires est un outil précieux pour tout propriétaire d’entreprise agricole. En plus de vous permettre de bien définir vos objectifs professionnels, ce document important représente une excellente façon d’approcher les divers organismes de financement de votre région. Voici cinq conseils pour vous aider à rédiger le vôtre :

4. Définissez la gestion organisationnelle de votre entreprise : décrivez la structure de votre entreprise en précisant les rôles et les responsabilités de chaque membre du personnel. Pensez

aussi à révéler vos différentes politiques relatives au travail (rémunération, avantages sociaux, horaires, etc.). 5. Analysez votre situation financière : effectuez un bilan de votre situation

financière et faites des prévisions quant à la rentabilité de votre entreprise. Indiquez quelles sont les dépenses à prévoir et incluez les états financiers des dernières années, le cas échéant.

1. Décrivez votre projet agricole : expliquez brièvement votre vision d’affaires et vos plans entrepreneuriaux pour l’avenir. Assurez-vous également de mentionner les activités ou les produits offerts par votre entreprise et d’inclure vos objectifs à court, à moyen et à long terme. 2. Procédez à une analyse de marché : dressez un portrait de votre secteur agricole et définissez votre clientèle cible. Identifiez les principaux concurrents au sein de votre industrie, faites une liste de leurs forces et de leurs faiblesses et comparez-les aux vôtres. 3. Élaborez votre stratégie marketing : présentez votre plan de commercialisation (prix de vente, mise en marché, réseaux de distribution, etc.). Déterminez par la suite la manière dont vous ferez la promotion de vos produits pour attirer et fidéliser vos clients (médias sociaux, site Web, publicités imprimées, etc.).

L’irrigation des cultures : un investissement qui rapporte! L’irrigation par système goutte-à-goutte favorise en outre la concentration d’intrants, lesquels atteignent plus facilement les racines. Ainsi, non seulement le rendement des terres est amélioré par l’irrigation, mais les produits présentent une qualité accrue et uniforme, pour le plus grand plaisir des producteurs… et des consommateurs! De bonnes pratiques en matière d’irrigation permettent également : de limiter l’érosion des sols; de diminuer la multiplication des maladies racnaires; de protéger les cultures du gel (dans le cas de l’irrigation par aspersion); d’optimiser l’utilisation de l’eau en milieu agricole; de réduire le lessivage des engrais et des pesticides. Bref, l’irrigation est un atout indéniable, voire indispensable, en agriculture. Bien entendu, s’équiper correctement représente une dépense substantielle, mais en regard des multiples bienfaits de l’irrigation, celle-ci doit avant tout être considérée comme un investissement.

L’irrigation accroît le rendement des terres et la qualité des produits.

Plantes fourragères : comment faire les bons choix? Les plantes fourragères sont principalement utilisées pour nourrir les animaux d’élevage. Lorsqu’elles sont judicieusement sélectionnées, celles-ci peuvent également contribuer efficacement à la santé et à la prospérité de votre terre agricole, d’où l’importance de choisir des variétés qui sont reconnues pour leurs divers bienfaits. Lisez la suite pour en savoir plus!

Critères de sélection

Pour être en mesure de déterminer quelles espèces fourragères vous devriez semer, tenez d’abord compte de l’usage que vous ferez de votre terre. Souhaitezvous en faire un pâturage ou plutôt un pré

de fauche? Par la suite, considérez le type de sol (humide, sec, acide, etc.) et le climat de votre région. Pensez en outre à la période de récolte souhaitée (printemps ou été) ainsi qu’au nombre d’années d’exploitation prévues. Finalement, avant d’arrêter votre choix, songez à la vitesse d’implantation des différentes espèces et à leur valeur nutritive en fonction des besoins alimentaires de vos animaux.

Principales espèces

Les plantes fourragères se divisent en deux catégories, soit les graminées et les légumineuses. Voici les espèces que les agriculteurs utilisent le plus fréquemment :

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Le brome; Le dactyle; La fétuque; La fléole; La luzerne; Le trèfle. Si vous souhaitez améliorer la longévité et la diversité de votre culture ainsi que la teneur du sol en azote, privilégiez un mélange de graminées et de légumineuses. Évitez toutefois d’intégrer des espèces envahissantes comme le brome inerme et l’agropyre à crête, car celles-ci se propagent trop rapidement et peuvent à long terme nuire au bon développement de votre plantation.

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Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les terres irriguées ne représentent qu’environ 20 % des superficies cultivées à travers le monde. Or, elles fournissent quelque 40 % de la production agricole! Autrement dit, l’irrigation des cultures maraîchères permet d’obtenir de meilleurs rendements, soit généralement de deux à trois fois supérieurs. Pas étonnant, donc, que de plus en plus de terres soient irriguées. Se doter d’un bon système d’irrigation comporte en effet plusieurs avantages pour les entreprises agricoles. Cela permet notamment de mieux gérer le calendrier d’arrosage et d’ainsi fournir aux cultures l’eau dont elles ont besoin au moment requis. En d’autres mots, fini le temps où les récoltes dépendaient exclusivement de la volonté de dame Nature — voilà assurément de quoi réduire le niveau de stress des agriculteurs!


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Exploiter la physique pour optimiser la germination et le rendement des récoltes MATT MCINTOSH

AgInnovation Ontario

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La physique, la science du cosmos, est essentielle à notre compréhension du monde naturel et, sous un angle plus concret, pourrait contribuer à améliorer les rendements agricoles. Selon les entrepreneurs et anciens étudiants de l’Université de Waterloo, Amir Zhumagulov et Ilyas Ashirov, la physique – ou une force que la science appelle électromagnétisme – peut être utilisée pour favoriser la germination précoce des semences des céréales et accroître leur productivité. Selon M. Zhumagulov, si elle est utilisée au moment propice, la stimulation électromagnétique de semences de céréales comme le blé, le maïs et le riz peut accélérer le temps de germination et favoriser un développement plus rapide du système racinaire. Pour les agriculteurs, il en résulte des cultures plus uniformes et hâtives, ce qui peut se traduire par des rendements plus élevés et constants. « Chaque graine contient ses propres éléments nutritifs qui lui permettent de commencer à pousser, explique M. Zhumagulov. Avant la mise en terre, l’électromagnétisme basse fréquence peut être utilisé pour stimuler la vitesse à laquelle les enzymes de la graine commencent à décomposer l’amidon et les protéines qu’elle contient, ce qui donne à la graine un départ plus

vigoureux. Le développement plus rapide du système racinaire s’explique également par l’accélération de la synthèse des protéines dans la graine. » « Nous avons observé une croissance initiale pouvant commencer jusqu’à deux jours plus tôt que les semences non traitées », ajoute-t-il. Cette technologie d’amélioration du rendement a démontré une augmentation moyenne de 20 % des rendements du blé lors d’essais expérimentaux en champ de grande envergure dans les steppes d’Asie centrale au Kazakhstan et en Russie – qui sont également les régions natales de M. Zhumagulov et M. Ashirov et le lieu d’origine de la technologie. Des améliorations ont également été constatées lors d’essais à plus petite échelle réalisés en Ontario au cours de la dernière saison de croissance. Cependant, la stimulation électromagnétique des semences nécessite à la fois un algorithme permettant de déterminer le moment où une graine doit être traitée – en fonction de l’emplacement de la ferme – ainsi qu’un dispositif transportable pour effectuer la tâche. M. Zhumagulov explique que l’algorithme est conçu de façon à tenir compte de la différenciation biologique entre les graines. Plus précisément, cela signifie que l’algorithme analyse la teneur en protéines, les types d’amidon et les autres caractères des graines pour déterminer le moment optimal pour le traitement.

« Comme le moment optimal pour le traitement peut varier, nous ne pouvons pas exploiter une installation fixe de la même façon que le font les entreprises spécialisées dans l’enrobage des semences, signale M. Zhumagulov. Notre dispositif doit permettre une utilisation mobile et flexible; il doit effectivement pouvoir se déplacer de ferme en ferme pour que le traitement soit viable. Actuellement, le prototype fonctionnel tient dans un porte-documents standard et il est alimenté par une batterie de voiture. » M. Zhumaglov indique que l’équipement actuel permet de traiter de 30 à 40 tonnes de semences en moins de 30 minutes. Après le traitement, les agriculteurs disposent d’un délai de deux semaines pour planter les semences

Photo AgInnovation Ontario

avant que le traitement électromagnétique ne commence à s’atténuer. Après cette période, l’effet commence à diminuer progressivement. M. Zhumagulov et M. Ashirov viennent tout juste d’établir leur propre entreprise, Upgrain Inc., et ils comptent maintenant étendre leurs activités de recherche canadiennes à de plus grandes parcelles au cours de la prochaine saison de croissance. Leurs travaux seront concentrés plus particulièrement sur le blé, bien qu’ils envisagent d’étendre leur méthode à d’autres cultures par la suite. « Au bout du compte, nous espérons que notre nouvelle technologie aidera à répondre à la demande alimentaire mondiale sans cesse croissante », conclut M. Zhumagulov.


L’ESPACE CONNECTÉ DE LA COOP FÉDÉRÉE

De nouvelles fonctionnalités ajoutées De nouvelles fonctionnalités ont été ajoutées à l’Espace connecté, une plateforme virtuelle innovatrice de La Coop fédérée dans le but d’aider les producteurs agricoles canadiens à simplifier les tâches de gestion et à optimiser le rendement des investissements.

Fonctionnalités de la plateforme

Cette plateforme exceptionnelle offre un bon nombre de nouvelles fonctionnalités et d’améliorations permettant une meilleure expérience et facilitant les relations entre les représentants commerciaux et les producteurs. * Gestion documentaire optimisée : La fonctionnalité « Gestion documentaire » permet maintenant aux coopératives et aux détaillants de téléverser, de catégoriser et de partager tout type de documents avec les producteurs dans l’Espace connecté. Une fois le document téléversé dans cet espace, une alerte est envoyée au producteur par courriel ou par messagerie texte. Les producteurs peuvent simplifier les tâches relatives à la gestion d’une exploitation agricole en utilisant l’espace connecté comme une plateforme centrale pour les documents administratifs et autres outils de gestion des exploitations agricoles comme les données d’agriculture de précision, les résultats de LactaScan, les plans agroenvironnementaux et plus. * Bon de commande en ligne : Les représentants commerciaux du secteur des cultures peuvent commander des semences, des produits de protection des cultures et faire du travail à forfait par l’entremise de cette interface virtuelle. Ils ont également accès aux inventaires de produits actualisés. Afin de simplifier le processus de commande, le bon de commande en ligne est aussi offert en mode hors-ligne (sans connexion Internet). Les producteurs peuvent consulter les factures, les états de compte et constater l’état des commandes. * Outil « Bureau de commande » : En plus d’une gestion de contenu autonome, les coopératives et les détaillants pourront suivre les renouvellements de commandes des producteurs laitiers grâce à une plateforme intégrée d’alertes

envoyées par SMS et par courriels. Les producteurs peuvent confirmer le renouvellement de commande par messagerie texte. * Outils de soutien et de marketing : Deux importantes fonctions ont été intégrées à la plateforme. Les détaillants peuvent consulter en temps réel l’écran d’un producteur afin d’offrir un soutien à distance (diagnostics, etc.) De plus, des messages-guides apparaîtront afin d’aider les utilisateurs à naviguer entre les menus (par exemple, un tour guidé, des fenêtres contextuelles qui offrent des conseils et des trucs).

Une initiative 360 degrés : les objets connectés

Bien que l’Espace connecté pour les producteurs agricoles soit certainement au centre du programme numérique, l’équipe informatique travaille également sur de nombreux autres projets conçus pour simplifier la vie du gestionnaire d’une exploitation agricole. Actuellement, l’équipe s’affaire à concevoir des capteurs qui pourraient mesurer toute une gamme d’éléments (solides, liquides, températures, etc.) à l’intérieur des silos à moulées et d’autres types d’installations d’entreposage et d’équipements.Ceci fournirait aux détaillants un accès en temps réel au niveau des aliments (ou d’autres produits), et ainsi, les producteurs pourraient recevoir la marchandise sans devoir la commander.

Le Programme numérique de La Coop

Le Programme numérique de la Division agricole de La Coop fédérée représente le résultat d’une réflexion stratégique transposée dans le monde numérique moderne. Basé sur un mode de conception réactif, le programme intègre constamment de nouvelles fonctionnalités et des outils qu’il lance par séries de livraisons. L’Espace connecté se prépare à un déploiement à la grandeur du pays et il sera prêt en début d’année. Nous invitons les détaillants souhaitant tester l’Espace connecté et les outils numériques à communiquer directement avec nous.

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