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Parole d’expert Des mesures simples pour baisser sa consommation d’énergie

Des mesures simples pour baisser sa consommation d’énergie

Même si la pénurie énergétique annoncée pour cet hiver semble s’éloigner, la hausse vertigineuse du prix de l’électricité rend les économies plus pertinentes que jamais. Sans grands investissements immédiats, il est possible de faire diminuer sa facture.

TEXTE JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL@CVCI.CH

Le risque de pénurie d’électricité et de gaz semble s’estomper. Le Conseil fédéral a publié un communiqué début novembre dans lequel il juge que «la sécurité d’approvisionnement en électricité de la Suisse pour l’hiver 2022/2023 n’est pas gravement menacée », même s’il ajoute que «des pénuries ne peuvent toutefois pas être exclues ». Dans le même temps, il arrive à la conclusion que ni la situation économique ni l’inflation ne justifient une intervention étatique, «notamment pour ce qui concerne la possibilité, pour les entreprises, de quitter le marché libre de l’électricité pour revenir à l’approvisionnement de base ». C’est à se demander s’il a pris la mesure des problèmes que vont rencontrer de nombreuses entreprises en voyant leur facture exploser.

Quoi qu’il en soit, les entreprises doivent développer sans attendre un plan d’action pour réduire rapidement leur consommation d’énergie. Des mesures simples permettent d’y parvenir. C’est l’avis de Rija Rakoto, président et directeur d’Enerplan, à Villars-Ste-Croix. «La politique aujourd’hui plaide absolument pour une substitution de production au lieu de rationaliser les consommations. En tant qu’expert, j’affirme qu’en rationalisant, on peut facilement faire descendre la consommation d’une PME de 20 à 30 % sans investissements coûteux et sans impact sur le confort ou la production consommateurs. »

INVENTAIRE À FAIRE

La première démarche que doit faire une entreprise consiste à procéder à un inventaire des installations techniques consommateurs et influençables (puissance, débit et heures de fonctionnement, rendement, etc.). «A partir de là, on peut se demander s’il est utile, alors que les employés arrivent à 8h au bureau, qu’il fasse déjà 24° à 7h dans le bâtiment. Il faut ramener la prestation plus proche de la production.» L’expert constate qu’à l’intersaison, qui représente 80 % de la période d’utilisation, la plupart des installations sont surdimensionnées, en particulier les chaufferies. Et c’est pareil pour l’électricité.

Comme première mesure, après inventaire de la consommation, Rija Rakoto conseille de se pencher sur le débit de la pompe qui sert à distribuer la chaleur dans les bâtiments. «En réglant simplement ce débit en fonction des conditions climatiques extérieures, on peut facilement économiser 30% de sa consommation (électrique et thermique), qu’il s’agisse de chaudière à mazout, de pompe à chaleur, de gaz ou de solaire. »

Le potentiel d’économie pour l’éclairage lui paraît aussi important car, la plupart du temps, les entreprises allument partout dans les ateliers et les couloirs. Il faut donc songer à sectoriser, à définir des temporisations dans les zones communes comme les couloirs, plutôt que de laisser allumer en permanence. Il juge l’équipement d’un détecteur de mouvement dépassé : il faut selon lui le remplacer par des détecteurs de présence qui décèlent la température corporelle humaine. Ce faisant, estime-t-il, on arrive globalement à 50 % d’économie sur l’éclairage. Si on veut aller plus loin, sur les tubes luminaires, on doit substituer par des selfs électroniques les starters ferromagnétiques, qui consomment 50 % de la puissance des tubes lumineux. tion selon l’Opair (rendement et émissions des gaz nocifs). Toutes les chaudières qui dépassent certaines valeurs au niveau des rejets polluants ou du rendement doivent être assainies ou remplacées ou être mieux réglées. « On doit donc réfléchir au rendement d’exploitation des brûleurs. L’impact thermique permet des économies de l’ordre de 10 à 15% sans investissement matériel, mais un peu d’investissement de matière grise. »

RECOURIR À DES SPÉCIALISTES

Dans le domaine de la livraison, il juge également le potentiel important. Il suggère de rapprocher et de regrouper les commandes au lieu de les étaler. « En concentrant les livraisons, on optimise la logistique, c’est juste une question d’organisation et de bon sens.»

Pour en revenir à l’inventaire énergétique, Rija Rakoto conseille de recourir aux services d’un spécialiste, qui va remettre en question les choses sans être influencé. « Il faut un regard extérieur. Un inventaire effectué par un spécialiste reviendra à environ 1000 francs pour un jour de travail ; avec d’autres analyses, cela peut monter à 2000 ou 3000 francs. Le jeu en vaut la chandelle. Et c’est à partir de la liste effective que les échanges avec les exploitants peuvent être engagés. »

Pour conclure, l’expert rappelle qu’il parle là de mesures d’optimisation. Si une entreprise veut aller plus loin, «les investissements pour conserver un patrimoine industriel doivent faire l’objet de mesures qui remettront en cause les concepts existants. » Mais pour lui, « avant d’investir, il existe des solutions ‹mesurettes› permettant de réaliser des économies substantielles sans dépenser trop ».