Migrations. Enfants sur les chemins de l’exil

Page 1

no 2 - Année scolaire 2018-2019

LE M

NDE

MAGAZINE D’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ MONDIALE ET SOLIDAIRE – 6 À 12 ANS

MIGRATIONS

Enfants sur les chemins de l’exil Camps de réfugiés et centres fermés



PROF

PAGE 1

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT.E

INTRODUCTION

Centres fermés et camps de réfugiés « Lutte contre les migrations », « chasse aux illégaux » ou encore « tsunamis de migrants », autant d’imaginaires autour des migrations trop souvent relayés par des organisations xénophobes et certains partis politiques. Autant de préjugés, d’amalgames et de discriminations qui tendent à véhiculer l’image des personnes migrantes comme une menace. Accusées d’être source d’insécurité, elles seraient aussi responsables de prendre les emplois des Européens ou encore de peser sur la sécurité sociale. D’après le dernier rapport de l’OIM paru en 2018 , 244 millions de personnes vivent dans un autre pays que celui de leur naissance2 et entrent ainsi dans la catégorie de « migrants ». Il s’agit de 3,3 % de la population mondiale qui réside dans un autre pays que celui où il a vu le jour. Cette proportion est relativement stable au fil des ans. Tandis qu’une grande majorité de la population mondiale est sédentaire, la plupart des personnes qui migrent le font pour trouver un travail. Une étude réalisée par l’OCDE a d’ailleurs démontré que ces déplacements de personnes migrantes ont un effet marginal, voire positif sur l’économie et l’emploi des pays d’accueil. 1

Rappelons-nous également que les migrations sont un phénomène mondial, universel et humain. Que l’on pense à l’histoire même de l’Homo Sapiens. Apparu d’abord en Afrique il y a 200.000 ans, l’Homo Sapiens se déplace, il y a 60.000 ans, vers d’autres contrées pour faire face aux difficultés croissantes de son environnement. Les dernières recherches scientifiques pointent ainsi un refroidissement du climat, qui aurait provoqué un premier déplacement majeur de population3. L’histoire des continents est marquée par les courants migratoires qui ont forgé, à des époques plus ou moins récentes, la diversité culturelle existante : du chapitre noir des traites négrières4 1. https ://www.iom.int/wmr/chapter-2 2. http ://www.un.org/fr/sections/issues-depth/migration/ 3. https ://genographic.nationalgeographic.com/human-journey/ 4. En additionnant les trois traites négrières (occidentale, intra africaine et arabo musulmane), l’estimation la plus haute parle de 42 millions de victimes.

aux colonisations de peuplement d’Amérique du Sud, en passant par les migrations vers l’Amérique du Nord. Les migrations sont donc un fait social et intemporel qui existe depuis la nuit des temps. Or, aujourd’hui, nous sommes submergés d’images et de discours qui tendent à nous faire croire que ce flux migratoire, au niveau international, est devenu ingérable. Cette « crise des migrants » n’est-elle pas en réalité une crise de l’accueil, de l’hospitalité ? D’après les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, seuls 35% des migrants internationaux se déplacent vers les pays du Nord. Ils sont même plus légèrement nombreux (36%) à se rendre du Sud vers le Sud. La perception selon laquelle la migration est principalement un phénomène du Sud vers le Nord ne donc correspond pas à la réalité. Le nombre de réfugiés au sein des migrants est relativement réduit. Les réfugiés ne représentent qu’environ 10% des personnes migrantes. Par « réfugié », nous entendons « toute personne qui a quitté son pays d’origine parce qu’elle craint pour sa vie ou sa sécurité personnelle du fait des persécutions liées à ses origines ethniques, sa religion, sa nationalité, son appartenance à un groupe social déterminé ou ses opinions politiques 5» et qui s’est vu octroyer le statut de réfugié selon la Convention de Genève. Selon l’UNHCR6, 85% de ces réfugiés, dont la moitié sont des enfants, sont accueillis dans les pays en développement. Ces chiffres démontrent que les pays riches sont loin d’accueillir « toute la misère du monde ». Pourtant, aux portes de l’Europe, poussés à l’exil par la guerre, les persécutions ou les violations des droits humains, les traversées des migrants ne sont pas sans risque. La Méditerranée est ainsi devenue un cimetière pour ces personnes migrantes en quête de vie décente ou de protection. En 2015, un triste record : 5350 personnes ont trouvé la mort durant leur parcours migratoire, dont 3771 en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. 5. CNCD 11.11.11, Pour une justice migratoire. Dossier de campagne, p.5 6. UNHCR, http ://www.unchr.org/576408cd7.pfd

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 2

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT.E

INTRODUCTION

Malgré ces chiffres, l’Europe prétend « ne pas pouvoir accueillir tous les réfugiés du monde ». Les préjugés, vous voulez dire ? Ainsi, en 2017, l’Union Européenne a enregistré 705.705 demandes d’asile au sein de ses États membres. Sur une population totale de 511,8 millions d’habitants, cela représente 0.01% de la population. Avec un PIB largement supérieur à celui des pays en développement, l’Europe doit être à même d’ouvrir plus largement la porte aux personnes migrantes et leur offrir un avenir sûr. Les réponses politiques pour relever le défi de l’accueil sont de plus en plus restrictives et régressives. En envisageant la construction de centres fermés supplémentaires, la Belgique choisit de placer le droit des personnes migrantes sous le signe de l’expulsion. Au-delà de conditions de détentions très souvent comparées à celles de la prison, l’enfermement bafoue les droits fondamentaux des personnes migrantes, dont ceux des enfants.

A travers les projets que nous menons dans le cadre de l’Opération 11.11.11, nous agissons en vue d’éradiquer les inégalités abyssales entre les pays du Nord et ceux du Sud afin que chacun puisse vivre dignement là où il le souhaite. Parce que la migration est un phénomène qu’il faut comprendre pour éviter de tomber dans le piège des préjugés et des amalgames, ce sixième numéro du Monde en Classe est consacré à la thématique de l’exil. Vous y découvrirez des pistes d’exploitation ludiques pour aborder la question des migrations dans une perspective Nord/Sud. L’accent sera mis sur les centres fermés (niveau mm) et sur les camps de réfugiés (niveau m et mmm). Organisées en 3 temps (activité d’information, de création et de mobilisation), les séquences pédagogiques proposées ont pour objectif de permettre aux élèves d’être des acteurs de changement et de répondre à l’un des grands défis du 21e siècle : celui du droit à la mobilité juste et égal pour tous.

Est-ce ça, l’hospitalité dont l’Europe se vante ? Face à ces drames, les réponses de l’Union Européenne sont irresponsables. La fermeture des frontières et le renforcement des contrôles policiers pousse des milliers de personnes à emprunter des routes de plus en plus dangereuses. De plus, cela permet à des réseaux mafieux de prospérer et se pérenniser. Calais, Ceuta, Melila, Idoméni, Lampedusa sont devenus des lieux emblématiques de la situation chaotique et violente aux frontières de l’UE. Face à ces drames, les réponses de l’Union Européenne sont hypocrites. L’Europe continue de construire des centres fermés, antichambre de détention avant tout départ forcé vers des pays en guerre, vers des pays où l’on persécute, vers des pays où les inégalités sont pourtant présentes. Il est donc urgent d’interpeller les politiques et d’exiger de rétablir une justice migratoire basée sur les notions fondamentales de solidarité, de respect des droits et d’égalité. La notion de justice implique de conférer les mêmes droits à tout être humain, quel que soit l’endroit où il est né et quel que soit son revenu de base.

ET LA QUESTION DU GENRE DANS TOUT ÇA ? Afin de répondre à l’importance d’inclure le genre dans nos outils pédagogiques, nous avons veillé à alterner des personnages masculins et féminins comme héros et héroïnes de nos récits et à ne pas reproduire de stéréotypes sexistes sur les activités des filles et des garçons. Dans le jeu de plateau « Dans la peau d’une personne migrante », nous avons choisi d’inclure des cartes « genre » car les parcours migratoires peuvent être vécus différemment en fonction que l’on soit un homme ou une femme. Enfin, nous avons également privilégié le langage épicène qui se veut favoriser les noms neutres. Ce choix est difficile par moment et, pour certains termes, nous n’avons pas encore trouvé la formule idéale. Pour le mot « enseignant », nous avons donc gardé le substantif au masculin. toutes vos idées, remarques ou suggestions sont les bienvenues !

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 3

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT.E

SOMMAIRE PROF

ÉLÈVE

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT·E Introduction PAGE 1 Sommaire PAGE 3 Récapitulatif des compétences PAGE 4 Photo-langage PAGE 7 Mémo de vocabulaire PAGE 8

PHOTO-LANGAGE

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES m S’INFORMER Les habitats du monde S’INFORMER À la découverte du pays d’Asia, la Syrie S’INFORMER Dans ma valise, j’emporte … ACTIVITÉ CULTURELLE Théâtre : La guerre des buissons

FICHES ÉLÈVE m MICRO-RÉCIT La traversée d’Asia S’INFORMER Les habitats du monde S’INFORMER A la découverte du pays d’Asia, la Syrie S’INFORMER Dans ma valise, j’emporte …

PAGE 9 PAGE 9 PAGE 10 PAGE 11

FICHE 1 FICHE 2 FICHE 3 FICHE 4

FICHES ÉLÈVE mm

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES mm S’INFORMER Mina, la basketteuse d’Afghanistan. Destins croisés PAGE 12 PAGE 13 S’INFORMER Pourquoi migre-t-on ? S’INFORMER L’enfant migrant et ses droits PAGE 14 CRÉER Hommage à Sémira Adamu et à Mawda PAGE 16 SE MOBILISER La valise d’urgence PAGE 17 SE MOBILISER On n’enferme pas un enfant. Point PAGE 17 ACTIVITÉ CULTURELLE Théâtre : La guerre des buissons PAGE 18

Mina, la basketteuse d’Afghanistan FICHES 1 ET 2 S’INFORMER Mina, la basketteuse d’Afghanistan. Destins croisés FICHE 3 S’INFORMER Pourquoi migre-t-on ? FICHE 4 S’INFORMER L’enfant migrant et ses droits FICHE 5 S’INFORMER Extraits du journal de Mina FICHE 6 CRÉER Hommage à Sémira Adamu et à Mawda FICHE 7

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES mmm S’INFORMER Moi, Hamid, réfugié syrien S’INFORMER La traversée d’Hamid S’INFORMER Pourquoi migre-t-on ? S’INFORMER Dans la peau d’une personne migrante : jeu de plateau CRÉER « Maison » de Warsan Shire CRÉER Le journal d’Asia SE MOBILISER La valise d’urgence SE MOBILISER Projet « École hospitalière » ACTIVITÉ CULTURELLE Red Star Line Museum (Anvers)

FICHES ÉLÈVE mmm RÉCIT Moi, Hamid, réfugié syrien FICHES 1 À 4 S’INFORMER Mots croisés FICHE 5 S’INFORMER Éléments à relier FICHE 6 S’INFORMER Carte du monde FICHE 7 S’INFORMER Dans la peau d’une personne migrante – Personnages FICHE 8 – Jeu de plateau FICHES 9 ET 10 – Règles du jeu FICHES 11 À 15 CRÉER « Maison » de Warsan Shire FICHE 16 CRÉER Le journal d’Asia FICHE 17

PAGE 19 PAGE 21 PAGE 22 PAGE 22 PAGE 23 PAGE 23 PAGE 24 PAGE 24 PAGE 25

BANDE DESSINÉE

Coordination et rédaction : Caroline Leroy Illustrations : Jérémy Van Houtte – Graphisme : Élise Debouny et Louise Laurent Éditeur responsable : Arnaud Zacharie, quai du Commerce 9, 1000 Bruxelles

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT.E

RÉCAPITULATIF DES COMPÉTENCES

PAGE 4

NIVEAU m Compétences

Objectifs

Français

Savoir lire - lire un récit court et répondre à des questions - relier des éléments entre eux - comprendre des consignes Savoir parler - prendre la parole pour partager ses idées et donner son avis

Histoire et géographie, Interculturalité

- situer la Syrie sur la carte du monde - découvrir la Syrie (langue, religion, politique, traditions culturelles, musicales et culinaires) - découvrir différents types d’habitats et les associer à certaines régions du monde (yourte, igloo, kasbah, buildings, etc.) - s’interroger sur les différents types d’habitation et découvrir un habitat « particulier » : les camps de réfugiés - ouvrir le dialogue interculturel et créer des ponts entre les cultures (Syrie, Belgique)

Philosophie et citoyenneté

- comprendre une des causes de la migration (la guerre) - se mettre dans la peau d’une personne migrante et ressentir de l’empathie - faire le lien entre les notions suivantes : sentiment de protection et habitat - exprimer son ressenti et faire part de ses émotions - participer à une activité théâtrale en lien avec la thématique de la guerre et de l’exil (théâtre de marionnettes)

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT.E

RÉCAPITULATIF DES COMPÉTENCES

PAGE 5

NIVEAU mm Compétences

Objectifs

Français

Savoir lire - lire un récit court (bande dessinée), dégager sa trame narrative et comprendre l’implicite. - relier un texte à sa représentation imagée - décoder une image allégorique Savoir écrire - composer une chanson pour « rendre hommage » Savoir parler - émettre des hypothèses. Confirmer ou infirmer celles-ci - prendre position et faire part de ses réflexions à l’ensemble de la classe. Savoir écouter - compléter un texte à trous

Géographie et histoire

- situer l’Afghanistan sur une carte du monde - découvrir le climat politique en Afghanistan

Philosophie et citoyenneté

- comprendre les causes de la migration forcée : politiques, culturelles, religieuses et climatiques - découvrir certaines notions liées aux centres fermés : demandeur d’asile, statut de réfugié, Convention de Genève - se mettre dans la peau d’une personne migrante (migration forcée) - s’interroger sur les droits des personnes migrantes à travers la lecture des articles de la Convention internationale des droits de l’enfant - découvrir une figure emblématique de la lutte contre l’enfermement - poser un acte citoyen en participant à une campagne de mobilisation « On n’enferme pas un enfant. Point » - participer à une activité artistique en lien avec la thématique de la guerre et de l’exil (théâtre de marionnettes) - s’interroger sur le côté universel et intemporel des migrations

Éducation artistique

- faire part de son ressenti sur la thématique de l’enfermement des enfants en utilisant un support artistique (dessin, chanson, création de slogans, etc.)

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT.E

RÉCAPITULATIF DES COMPÉTENCES

PAGE 6

NIVEAU mmm Compétences

Objectifs

Français

Savoir-lire - lire un récit long, le remettre en contexte et comprendre l’implicite - mettre en évidence la trame narrative d’un récit et pourvoir le transposer à un autre type de support: une carte du monde schématique Savoir-écrire - se mettre dans la peau d’une personne migrante et imaginer une page de son journal intime Savoir- parler - prendre part à un débat citoyen et faire part de ses réflexions sur la question de la migration sous forme d’un échange oral - mobiliser ses compétences et se mettre dans la peau d’un guide musée (organisation d’une exposition sur les migrations)

Histoire

- comprendre le contexte (politique, religieux, culturel et climatique) qui pousse les hommes et les femmes à migrer en approfondissant les exemples suivants : 1/La Syrie et la guerre civile – 2/L’Afghanistan et les persécutions (culturelles, religieuses, etc.) – 3/ La Guinée et la problématique des mariages forcés – 4/Haïti et les conséquences du réchauffement climatique - comprendre le contexte politique à l’origine du conflit syrien (printemps arabe, montée au pouvoir de Bachar el-Assad, naissance de groupes rebelles, etc.)

Géographie

- situer sur la carte du monde certains pays particulièrement touchés par le phénomène migratoire : Syrie, Turquie, Grèce, Afghanistan, Haïti, Guinée

Philosophie et citoyenneté

- découvrir certaines notions et concepts liés au contexte migratoire actuel: hotspot, demandeur d’asile, camp de réfugiés, statut de réfugié, passeurs, Office des Étrangers, CGRA, centres fermés, Convention de Genève, Règlement de Dublin - s’interroger sur les inégalités liées au droit à la mobilité dans une perspective Nord/ Sud et découvrir ses conséquences (problématique des passeurs, voies illégales, etc.) - déconstruire les stéréotypes généralement véhiculés sur les personnes migrantes - se mettre dans la peau d’une personne migrante et découvrir les différents obstacles, abus, frustrations qui jalonnent très souvent son parcours - comprendre que la migration est un phénomène universel et intemporel - s’interroger sur le sens du mot « hospitalité » dans le contexte migratoire actuel - s’impliquer dans un projet destiné à rendre son école hospitalière et poser un acte citoyen en s’engageant à : 1/Intégrer une personne migrante dans la vie scolaire et extrascolaire à travers la mise en place de différentes activités –2/Véhiculer un discours positif sur les migrations – 3/Diffuser ses connaissances auprès d’un public plus large (exposition du sein de l’école) - prendre part à un jeu de plateau sur le thème des migrants et faire preuve d’esprit d’équipe, de solidarité et d’entraide

Éducation artistique

- découvrir un texte engagé sur la thématique des migrants et se l’approprier en utilisant un support artistique (peinture, slam, chanson, affiches, slogan, etc.)

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 7

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT.E

PHOTO-LANGAGE 1

6

2

7

3

8

4

9

Alep, deuxième plus grande ville de Syrie détruite à cause de la guerre civile. Depuis 2011, plus de 11 millions de Syriens ont été forcés de quitter leur pays.

Femmes qui fuient la Somalie pour échapper à la sécheresse, à la famine, à la pauvreté. Les réfugiés climatiques seront de plus en plus nombreux et particulièrement dans les pays en voie de développement.

Enfants syriens accueillis dans un camp de réfugiés à la frontière turque. La plupart des déplacés syriens ont trouvé refuge dans les pays limitrophes (50% en Turquie, 25% au Liban et 13% en Jordanie).

Réfugiés syriens qui arrivent aux portes de l’Europe en quête de vie décente et de protection. En 2015, 5350 migrants ont perdu la vie en traversant la Méditerranée.

5

Des personnes migrantes sont stoppées par la police entre la Grèce et la Macédoine. Les politiques migratoires européennes sont orientées sur la fermeture des frontières et le renforcement des contrôles de police.

Femme syrienne qui arrive à Idoméni, un camp de réfugiés en Grèce.

Image du centre fermé 127 bis de Steenokkerzeel. Détention illégale, expulsion, absence de liberté, atteinte aux droits de l’homme sont autant de termes qui caractérisent ce lieu.

Famille de demandeurs d’asile incarcérée au centre fermé 127 bis de Steenokkerzeel avant d’être expulsée. De nombreux acteurs du monde associatif se sont mobilisés pour lutter contre la détention illégale en centre fermé (voir la campagne « On n’enferme pas un enfant. Point »).

Un bel élan de solidarité pour répondre à la « crise de l’hospitalité » ? Le travail réalisé par les bénévoles du parc Maximilien et de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés. Ils accueillent, soutiennent et hébergent des personnes migrantes en quête d’une vie décente.

10

Rassemblement à Bruxelles pour défendre la « justice migratoire » : éradication des inégalités, mise en place de voies d’accès légales et sûres et la lutte contre les préjugés figurent parmi les revendications des manifestants.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

INFORMATIONS POUR L’ENSEIGNANT L’ENSEIGNANT.E

MÉMO DE VOCABULAIRE

PAGE 8

Personne migrante Personne qui quitte son pays pour aller vivre sur un autre territoire pour de multiples raisons. Il s’agit d’une personne qui vit de façon temporaire ou permanente dans un pays dans lequel elle n’est pas née. Certains migrants se déplacent de leur plein gré, d’autres y sont forcés (difficultés économiques, conflits, atteinte aux droits humains).

Hotspot Lieu de contrôle, mis en place en 2015, établi aux frontières de l’Europe (en Grèce et en Italie) où l’on identifie, trie et sélectionne les migrants susceptibles d’être relocalisés (ou pas) dans des pays de l’UE en fonction de critères. Il s’agit d’un lieu de passage obligatoire. A titre d’information, 2448 demandeurs d’asile ont été relocalisés en Belgique en 2015.

Demandeur d’asile Terme juridique qui désigne une personne qui a quitté son pays en quête d’une protection internationale, qui a déposé une demande pour bénéficier d’une protection dans un pays d’accueil, mais qui n’a pas encore obtenu le statut de réfugié ou une autre forme de protection. Elle attend que sa demande soit définitivement acceptée ou rejetée par son pays d’accueil.

Règlement de Dublin Le règlement de Dublin est la règlementation européenne qui prévoit qu’un seul État membre de l’UE est responsable du traitement d’une demande d’asile. En vertu de ce règlement, le premier pays d’entrée dans l’UE est le plus souvent considéré comme étant le seul responsable du traitement de la demande d’asile. Par exemple, un migrant arrivé en Europe par l’Italie, et qui demande l’asile en Belgique, peut être renvoyé en Italie par le traitement de sa demande.

Personne réfugiée Personne qui, selon la Convention de Genève des Nations Unies relative au statut des réfugiés de 1951, craint avec raison d’être persécutée du fait de son identité (origine ethnique, nationalité, appartenance à un certain groupe social), de ses convictions religieuses ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays de sa nationalité et qui ne peut, ou du fait de sa crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays. Elle bénéficie donc d’une protection internationale. Camp de réfugiés Un camp de réfugiés est un espace temporaire construit par des gouvernements ou des ONG pour recevoir des réfugiés. C’est un espace humanitaire fondé sur un système urbain pour une durée limitée à la suite d’une catastrophe naturelle ou d’une crise politique. Certains camps peuvent accueillir jusqu’à plusieurs milliers de personnes. Le camp de réfugiés a pour but d’assurer les besoins fondamentaux des victimes de guerre ou de catastrophes (nourriture, hygiène, sécurité, etc.)

Convention de Genève La Convention de Genève (1951) définit ce qu’est une personne réfugiée ainsi que les droits et les devoirs de ces personnes. (Voir personne réfugié) Centre fermé Un centre fermé est un lieu de détention géré par l’Office des Étrangers et dans lequel sont détenues des personnes étrangères, soit parce qu’elles sont en situation irrégulière (ne possédant pas les documents requis), soit parce qu’elles sont en attente d’une décision de l’Office des Étrangers suite à leur demande d’asile (recours). En Belgique, il existe 5 centres pour une capacité totale de 700 places.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 9

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU m S’INFORMER

Les habitats du monde OBJECTIF : se représenter différents types d’habitats

à travers le monde et découvrir la réalité des « camps de réfugiés » DURÉE : deux périodes de 50 minutes MATÉRIEL : FICHE m 1 micro récit : « La traversée d’Asia », FICHE m 2 « Les habitats du monde », PHOTOS 1, 2 ET 3

La traversée d’Asia : analyse du récit

Le professeur commence par lire le micro récit « La traversée d’Asia » et revient sur les éléments importants du texte. – Comment s’appelle le pays dans lequel vivent Asia et sa famille ? Ils vivent en Syrie – Savez-vous où se trouve la Syrie ? La Syrie se trouve au cœur du Moyen-Orient. L’enseignant leur montre où se trouve ce pays sur la carte du monde – Asia et sa famille ont dû quitter leur pays. Que se passe-t-il ? La Syrie est en guerre depuis 2011 (PHOTO 1) – Asia explique qu’elle a dû fuir son pays et abandonner sa maison. A ton avis, à quoi ressemble une maison en Syrie ? Les élèves émettent des hypothèses et sont interrogés à tour de rôle.

La vie dans un camp de réfugiés

Le professeur revient ensuite sur la deuxième partie du récit et interroge les élèves : – La famille d’Asia a quitté la Syrie. Où sont-ils maintenant ? Pour fuir la guerre, Asia et ses parents se sont

tournés vers un pays dans lequel ils pouvaient se sentir en sécurité. Ils ont marché jusqu’en Turquie (pays voisin) et ont trouvé la protection dans un camp de réfugiés (PHOTOS 2 ET 3) L’enseignant expliquera qu’un camp de réfugiés est une zone de transit construit par des gouvernements ou des ONG. Il a pour but de protéger et d’assurer les besoins fondamentaux de victimes de guerre, de catastrophes naturelles, de persécutions, etc. Les déplacés reçoivent de la nourriture, un logement d’appoint et des soins de base. Afin de permettre aux élèves de se faire une image mentale d’un camp de réfugiés, l’enseignant leur montrera la PHOTO 3 du photo langage. Sur base de cette explication et pour assurer la continuité avec l’activité sur les habitats du monde, le professeur invitera les enfants à colorier la tente UNHCR car elle correspond à l’habitat momentané de la famille d’Asia.

S’INFORMER

À la découverte du pays d’Asia, la Syrie OBJECTIF : ouvrir le dialogue interculturel (Belgique/

Syrie) et créer des ponts entre ces deux cultures

DURÉE : une période de 50 minutes MATÉRIEL : FICHE m 3 « A la découverte du pays

d’Asia, la Syrie » + télécharger un extrait musical contenant de l’oud.

Le professeur propose aux élèves de partir à la découverte du pays d’Asia, la Syrie. Il fait émerger les représentations des enfants sur ce pays du Moyen-Orient et oriente la discussion à l’aide des questions suivantes : que mange-t-on en Syrie ? Quelle langue parle-t-on ? Quelle religion les Syriens pratiquent-ils ? A quels jeux les enfants jouent-ils, etc. L’enseignant laisse à chacun le temps de s’exprimer et leur remet ensuite la FICHE m3 : « A la découverte du pays d’Asia : la Syrie ».

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 10

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU m

L’objectif de cette activité est d’amener les élèves à découvrir différentes facettes de la culture syrienne : ses traditions culinaires, culturelles, musicales, sa langue et ses religions. Le professeur ouvre ainsi le dialogue interculturel et amène les élèves à établir des comparaisons avec leur propre culture.

5. Au niveau des traditions musicales, la Syrie est un pays aux influences métissées. L’oud fait partie des instruments traditionnels. Les enfants ont-ils déjà entendu quelques notes de cet instrument ? Ontils remarqué les liens avec son cousin, la guitare ? Cet exercice pourrait être l’occasion de partir à la découverte de la musique traditionnelle du Moyen-Orient. 6. Enfin, l’enseignant aborde la thématique des religions en Syrie. Ce pays est composé de 76% de musulmans sunnites. On y trouve également d’autres minorités religieuses : les musulmans alaouites (10%), les chiites (3,5%) et les chrétiens (10%).

1. L’enseignant commence par présenter la Syrie d’un point de vue géographique. La Syrie est un pays du Moyen-Orient qui entouré de différents voisins : le Liban, l’Irak, la Turquie. Il situe deux villes importantes : Damas, la capitale, et Alep. 2. En Syrie, on mange un plat traditionnel : le keshke (prononcez « keche »). Ce petit déjeuner est composé de boulghour, une céréale à base de grains de blé que l’on mélange à du yaourt. On trempe ensuite le pain (la charwarma) dans la préparation. Les élèves ont-ils déjà goûté des plats qui viennent d’ailleurs ? Que mangent-ils, eux, au petit déjeuner ? 3. Le professeur s’intéresse ensuite à la question de la langue. La plupart des Syriens parlent l’arabe syrien. On y retrouve d’autres langues comme le kurde (9%) ou l’arménien (0.8%) à cause de la proximité géographique avec ces deux pays. Les élèves découvrent un petit texte écrit en arabe afin de se représenter cette langue d’un point de vue graphique. Ont-ils compris ce qui est écrit ? C’est la recette du keshke ! Les enfants connaissent-ils d’autres langues aux graphies particulières ? 4. L’enseignant poursuit ce voyage à la découverte de la Syrie et aborde la question des jeux traditionnels. Dans ce pays du Moyen-Orient, les enfants jouent au jeu du barjis. Les joueurs se placent aux quatre coins du plateau (un tissu local) et font avancer leurs pions (coquillages) jusqu’à la cuisine (le centre du plateau). Les élèves ont-ils relevé que le barjis est le cousin du jeu des petits chevaux ? Et eux, à quoi jouent-ils ?

S’INFORMER

Dans ma valise, j’emporte … OBJECTIF : se mettre dans la peau d’une personne migrante DURÉE : une période de 50 minutes MATÉRIEL : FICHE m 4 « Dans ma valise, j’emporte… », PHOTO 2 + des crayons de couleur

Le professeur revient sur le début du récit et rappelle que, le jour où Asia et sa famille ont entendu des bombes s’abattre sur leur maison, ils se sont sentis en danger et ont immédiatement quitté le pays. Il invite les élèves à se mettre dans la peau d’une personne migrante et leur pose la question suivante : « Imaginez que vous devez quitter votre pays précipitamment, quels objets emporterez-vous ? Après avoir écouté les différentes propositions des élèves, l’enseignant leur remet ensuite la FICHE m4 : « Dans ma valise, j’emporte… ». Les enfants découvrent une valise entourée de différents objets : de l’argent, de la nourriture, des jeux, un téléphone, des vêtements, des bijoux, de l’eau, une photo de famille, un passeport, un pyjama, des draps de lit, une brosse à dents et un doudou.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 11

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU m

Le professeur invite les élèves à réfléchir à ce que la famille d’Asia aurait pu/dû emporter au moment du départ. Par groupe, ils s’interrogent sur l’utilité de chaque objet et en choisissent trois. Ils font part de leur sélection à l’ensemble de la classe. L’enseignant leur expliquera qu’en fonction de la situation, il n’est pas toujours possible de préparer son voyage ni d’emporter avec soi tout ce que l’on voudrait. Très souvent, les personnes migrantes ne retrouvent jamais les objets ni les endroits auxquels ils tiennent.

ACTIVITÉ CULTURELLE

En voici un petit résumé : La guerre des buissons, c’est le récit de l’exil de Toda, une petite fille de 7 ans, une petite fille d’ici ou de là-bas, peu importe. Dans son pays, les uns se battent contre les autres et il faut fuir. Toda ne comprend pas bien le conflit, elle le subit et essaie tant bien que mal de se l’expliquer avec sa logique : Qui sont les uns et qui sont les autres ? Et si tous les soldats ont le même manuel de camouflage, à quoi cela sert-il de se camoufler ? À quoi reconnaît-on une frontière ? Et si je ne connais pas mes tables de multiplication, quelle famille voudra de moi ? L’histoire raconte avec poésie la traversée de la petite Toda, son déracinement, pour atteindre « là-bas », où elle sera en sécurité.

Théâtre des quatre mains : La guerre des buissons (7 ans et +) OBJECTIF : découvrir un théâtre de marionnettes sur la thématique des migrants DURÉE : 1H30 CONTACT : reservations@ccvn.be

Si vous souhaitez proposer à vos élèves une pièce de théâtre qui aborde la thématique des migrations, nous vous recommandons de découvrir la compagnie des quatre mains en consultant le lien suivant : https ://theatre4mains.be/la-guerredes-buissons/ Présenté sous forme d’un spectacle de marionnettes, la pièce « La guerre des buissons » touche à la thématique de la guerre et de l’exil, tout en l’abordant de manière légère. Notez que la compagnie se déplace dans les écoles et qu’elle accompagne chaque représentation par un moment de débat avec les enfants.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 12

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mm S’INFORMER

Mina, la basketteuse d’Afghanistan. Destins croisés OBJECTIF : découvrir les notions suivantes : centre fermé, demandeur d’asile, statut de réfugié DURÉE : une période de 50 minutes MATÉRIEL : bande dessinée « Mina, la basketteuse d’Afghanistan » FICHES mm 1 ET 2 + FICHE mm 3 : « Mina, la basketteuse d’Afghanistan. Destins croisés » + fiche « vocabulaire » + PHOTOS 6, 7 ET 8

Mina, la basketteuse d’Afghanistan. Mots croisés

Les élèves lisent individuellement la bande dessinée « Mina, la basketteuse d’Afghanistan » et expriment ensuite leur ressenti par rapport l’histoire de cette famille afghane. Savaient-ils qu’aujourd’hui encore, en Belgique, des enfants sont détenus dans des centres fermés ? Le professeur proposera aux élèves de réaliser l’exercice du mot croisé et approfondira chaque question pour ne laisser aucun élément en suspens. Les élèves auront pour mission de découvrir la phrase « On n’enferme pas un enfant. Point ». Celle-ci est directement inspirée de la campagne de mobilisation à laquelle ils auront l’occasion de participer. Dans l’ordre, voici les mots à découvrir pour ce mot croisé : Afghanistan, centre fermé, prison, asile, réfugié, non, expulsés, chrétienne.

Proposition méthodologique

Avant de démarrer l’activité du mot croisé, nous vous suggérons de tester le jeu « Dans la peau d’une

personne migrante » (FICHES mm 8 À 17). Les élèves auront déjà une connaissance (même passive) des obstacles, des violences, des frustrations et des abus qui jalonnent très souvent le parcours d’une personne migrante depuis son pays d’origine jusqu’à son arrivée dans un pays dit « d’accueil ». En passant par les cases « centres fermés » ou « contrôles de police », les enfants se représenteront sans doute mieux le vécu de Mina et sa famille depuis l’Afghanistan jusqu’à leur enfermement dans le centre fermé de Steenokkerzeel.

Analyse de la bande dessinée – Quel est le pays de Mina ? (question 1) Mina et sa famille sont originaires d’Afghanistan Le professeur situera ce pays sur une carte du monde. – La famille de Mina se trouve actuellement en Belgique dans un endroit assez particulier. Comment ce lieu est-il décrit dans le texte et dans les images ? À quoi cela te fait-il penser ? (questions 2 et 3) Mina et sa famille trouvent dans le centre fermé 127 bis de Steenokkerzeel. Ça ressemble à une prison. Dans la bande dessinée, cet endroit est décrit comme un lieu assez froid et impersonnel. Les élèves relèveront certainement les grillages et barbelés, mais également les caméras de surveillance et les fenêtres barricadées à l’intérieur du centre. Comme Victor, les élèves feront très vite le lien avec la prison. Le professeur utilisera la PHOTO 7 du photo-langage pour amener les élèves à confronter la réalité avec la fiction. – Mina explique que sa famille est enfermée car ses parents « n’ont pas les bons papiers ». As-tu compris l’explication de la maman de Victor ? (questions 4, 5 et 6) La famille de Mina a introduit une demande d’asile afin d’obtenir le statut de réfugié, mais ce statut leur a été refusé.

Mais maman, ça ressemble à une prison  !

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 13

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mm Le professeur expliquera le concept de « statut de réfugié » en se basant sur la proposition suivante : Mina et sa famille se sont sentis en danger en Afghanistan à cause des persécutions religieuses qu’ils vivent dans leur pays. En effet, ils ne sont pas libres de pouvoir choisir leur religion. Ils ont fui l’Afghanistan et sont arrivés en Belgique car ils espèrent obtenir une protection internationale et se sentir en sécurité. Ils ont introduit une demande d’asile afin d’obtenir le statut de réfugiés (PHOTO 6). Pour obtenir ce statut et vivre légalement en Belgique, ils doivent prouver qu’ils sont en danger dans leur pays. Ce statut de réfugié n’est pas toujours évident à obtenir. Un texte de loi, la Convention de Genève, signée en 1951 par les pays de l’UE, autorise le séjour sur son territoire à toute personne qui se trouve persécutée dans son pays du fait de sa race, sa religion, sa nationalité, son appartenance à un groupe social ou ses opinions politiques. Notez que, même si le taux de reconnaissance des demandeurs d’asile afghans en Belgique est assez élevé, le CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides) estime que le taux de sécurité de la ville du demandeur d’asile peut être déterminant. Les Européens considèrent, en effet, que certaines villes afghanes sont plus sûres que d’autres. Le professeur laissera supposer que c’est le cas pour la famille de Mina. – Que va-t-il se passer demain pour Mina et sa famille ? (question 7) Mina et sa famille vont être expulsés vers l’Afghanistan. L’enseignant leur expliquera que Mina et sa famille ont épuisé toutes les possibilités légales pour rester en Belgique (regroupement familial, demande de visa humanitaire, etc.). Contre leur volonté, ils seront expulsés en avion vers l’Afghanistan. En 2016 par exemple, 144 familles ont reçu un ordre de quitter le territoire belge. – Mina dit qu’elle a peur de retourner dans son pays. As-tu compris pourquoi ? (question 8)

En Afghanistan, les chrétiens subissent des persécutions liées à leur religion. Le professeur leur expliquera que les chrétiens afghans subissent des persécutions quotidiennes par des milices religieuses extrémistes (les talibans). En plus de la déchéance du droit de propriété, ces minorités subissent des châtiments corporels (torture, lapidation, emprisonnement, etc.) s’ils refusent de se convertir à l’Islam. Des dizaines de milliers de civils ont déjà été tués ou blessés depuis 2001. L’enseignant leur expliquera que, dans ce contexte extrême, la famille de Mina n’a pas eu d’autre choix que de fuir. – Victor et sa maman sont indignés du sort réservé à Mina et sa famille. Que dira la maman de Victor à la fin du récit ? Et toi, quel est ton avis sur l’enfermement des enfants ? (question 9) La maman de Victor clôture la visite en disant : « On n’enferme pas un enfant. Point » (phrase à découvrir en horizontal). Le professeur laissera aux élèves le temps d’exprimer leurs ressentis, leurs questions, leurs inquiétudes sur l’enfermement illégal. Il leur rappellera que plus de 300 associations luttent actuellement contre la détention d’enfants en Belgique.

S’INFORMER

Pourquoi migre-t-on ? OBJECTIF : découvrir les causes de la migration DURÉE : une période de 50 minutes MATÉRIEL : FICHE mm 4 « Pourquoi migre-t-on ? » + fiche « vocabulaire » + PHOTOS 1 ET 2 UNE PHRASE À RETENIR : contrairement aux idées

reçues, la migration n’est pas toujours un choix, mais une nécessité.

Dans la continuité de l’activité précédente, le professeur interrogera les élèves sur les causes de la migration. Les enfants ont compris que Mina et sa famille ont décidé de fuir, non pas par choix mais par nécessité. Ont-ils en tête d’autres raisons qui expliqueraient que des hommes et des femmes sont parfois contraints de quitter leur pays ?

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 14

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mm L’enseignant laissera les élèves s’exprimer et écrira leurs propositions au tableau. Le professeur débutera la discussion en rappelant que l’histoire des êtres humains, depuis l’Homo Sapiens, est une histoire migrante. De tous les temps, les hommes et les femmes ont cherché un lieu de vie adéquat. Ces migrations ont eu des motivations différentes en fonction des époques et des régions : sécheresses, pénuries alimentaires, colonisations, guerres, etc. Sans ces déplacements de population, l’espèce humaine se serait probablement éteinte. L’enseignant distribuera la FICHE mm 4 « Pourquoi migre-t-on ? » et demandera aux élèves d’analyser quatre pictogrammes. Ceuxci représentent des cas de migrations forcées et illustrent une partie du paysage migratoire actuel. Pour chaque illustration, le professeur fournira quelques éléments de contexte basés sur l’actualité. Sous chaque pictogramme, les élèves rédigeront une courte phrase qui résumera une des causes de la migration. 1. Sur le premier pictogramme, on peut observer des bombardements et des maisons entièrement détruites. Les élèves comprendront que nos personnages fuient ici la guerre civile et les conflits. Selon les chiffres du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, des conflits ont éclaté dans plus de quinze pays en l’espace de cinq ans. Le professeur illustrera son propos en donnant l’exemple significatif de la Syrie. En effet, depuis 2011, le pays est le théâtre de violents affrontements entre différents groupes rebelles. Plus de la moitié de la population, soit 11 millions d’habitants, ont été contraints de fuir le pays (PHOTO 1). 2. Le second pictogramme illustre la thématique des mariages forcés. Les inégalités hommes femmes et la question du genre est également l’une des causes de la migration. Le professeur expliquera aux élèves qu’en Afrique de l’Ouest (Guinée, Nigéria, etc.), il est courant que des jeunes filles soient données en mariage à des hommes âgés. L’enseignant rappellera l’exemple de Sémira Adamu, cette jeune nigériane forcée de se marier avec un Togolais de trois fois son ainé.

Si le contexte de la classe le permet, le professeur pourrait aborder la question de l’excision, couramment pratiquée sur des fillettes de 6/7 ans dans ces régions du monde.

3. Le troisième pictogramme évoque la question des migrations climatiques. En Haïti, comme au Bangladesh, les ouragans, inondations entrainent sur leur passage, des famines, des maladies et des conflits, contraignant ainsi les populations à se déplacer (PHOTO 2). Le professeur rappellera que ce sont les pays les plus pauvres qui subissent le plus les conséquences du changement climatique alors qu’ils sont les moins armés pour y faire face. Ce nouveau type de migration risque de prendre beaucoup d’ampleur ces prochaines années et il nous semble important de l’aborder avec les enfants. 4. Sur le dernier pictogramme, on voit des groupes religieux extrêmes qui détruisent des lieux de culte (église) et des symboles chrétiens. Cette image illustre les tensions politiques et les persécutions subies par de nombreuses populations à travers le monde. Le professeur expliquera que dans beaucoup de pays, des citoyens sont menacés à cause de leurs opinions politiques ou de leur appartenance à un groupe religieux ou culturel spécifique (gay, lesbiens, etc.). Les menaces ou poursuites peuvent prendre différentes formes (lapidations, tortures, pillages, enfermement). Les élèves feront le lien avec l’histoire de Mina (en Afghanistan) où des groupes religieux extrêmes, les talibans, tyrannisent les minorités chrétiennes qui refusent de se convertir à l’Islam.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 15

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mm S’INFORMER

L’enfant migrant et ses droits OBJECTIF : découvrir la Convention internationale des droits de l’enfant DURÉE : deux périodes de 50 minutes MATÉRIEL : FICHE mm 5 « L’enfant migrant et ses droits » + FICHE mm 6 « Extrait du journal de Mina » + PHOTO 8 UNE PHRASE À RETENIR : Tout enfant, même migrant, a des droits

L’enfant et ses droits

Dans la continuité de notre séquence consacrée aux centres fermés, il nous a semblé pertinent d’aborder avec les élèves la question du droit des migrants. Le professeur commencera par interroger les élèves : savent-ils si les enfants, de manière générale, ont des droits ? Quels sont-ils ? Ces droits sont-ils les mêmes pour les enfants migrants ? Après avoir noté chacune de leurs propositions au tableau, le professeur leur parlera de la Convention internationale des droits de l’enfant (ou CIDE). Ce texte de loi a pour but de définir et de protéger les droits spécifiques des enfants. L’enseignant propose aux élèves de partir à la découverte de ces lois. Il leur remet la FICHE mm 5 et leur demande d’associer les quatre articles de le CIDE avec l’illustration correspondante. Les élèves découvriront ainsi que : Tout enfant a le droit de se sentir protégé et en sécurité dans le pays dans lequel il se trouve (illustration n°4) Tout enfant a droit à la liberté. Il peut circuler librement dans n’importe quel pays et choisir son lieu de résidence (illustration n°2) Tout enfant a le droit d’aller à l’école et d’avoir accès à l’éducation (illustration n°1) Tout enfant a le droit de vivre dans un logement décent et bénéficier de soins (illustration n°3)

Les droits des personnes migrantes : l’exemple de Mina

Dans la deuxième partie de cet exercice, le professeur rappellera que la Belgique, comme d’autres pays de l’Union Européenne, a signé ce texte de loi en 1989 et doit l’appliquer à tout enfant qui séjourne sur son territoire. Il leur montre la PHOTO 8 du photo-langage et interroge les élèves : sur base de la CIDE, considérez-vous que les droits de Mina, en tant qu’enfant, sont respectés ? L’enseignant explique aux élèves qu’avant d’être expulsée vers l’Afghanistan, Mina a laissé son journal intime au centre fermé (situation fictive). Il leur propose d’en lire quelques passages significatifs. Pour chacun de ces extraits, le professeur leur demande de faire le lien avec les articles de la CIDE découverts dans la première partie de l’exercice. Par exemple : La Belgique décide d’expulser Mina et sa famille en sachant que la guerre en Afghanistan n’est pas réellement terminée. Son enfermement au centre fermé est une atteinte à sa liberté. Il s’agit d’un lieu de détention où l’on enferme des criminels. La fillette se demandera d’ailleurs quel est son crime. Mina est une bonne élève qui s’inquiète pour sa scolarité. Elle se demande si elle pourra poursuivre l’école à son retour en Afghanistan. Mina explique de depuis qu’elle sait qu’elle va devoir quitter la Belgique, elle fait des cauchemars car elle se sent terriblement angoissée. Ces troubles psychiques sont assez fréquents chez les demandeurs d’asile et nécessitent des soins spécifiques. Les élèves comprendront très vite que les droits de notre jeune afghane, en tant qu’enfant, sont bafoués. Ils seront sans doute étonnés, interrogatifs ou révoltés par la situation. Le professeur leur expliquera que de nombreuses organisations telles que la Plateforme Mineurs en Exil et UNICEF Belgique se battent contre la détention illégale d’enfants en centre fermé. Si les élèves ont envie de se mobiliser pour faire valoir les droits de Mina (ou pour d’autres enfants), ils auront l’occasion de participer à l’action de mobilisation « On n’enferme pas un enfant. Point » que nous proposons plus loin dans la séquence.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 16

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mm CRÉER

Hommage à Sémira Adamu et à Mawda OBJECTIF : découvrir une figure emblématique de

lutte contre l’enfermement en centre fermé DURÉE : deux périodes de 50 minutes MATÉRIEL : FICHE mm 7 : « Hommage à Sémira Adamu et à Mawda » + télécharger la chanson « Sémira » de Claude Sémal UNE PHRASE À RETENIR : « On a tué une femme, pas son combat »

Il nous a semblé important de faire découvrir aux élèves un personnage emblématique dans la lutte contre l’enfermement en centre fermé. Les enfants ont peut-être déjà entendu parler de Sémira Adamu mais connaissent-ils son histoire ? L’enseignant rappellera le combat de la jeune femme en se basant sur les quelques éléments de biographie que nous vous proposons ci-dessous. Il fera ensuite écouter aux élèves la chanson « Sémira » de Claude Sémal et leur demandera de compléter le texte à trous. Dans la foulée, le professeur présentera une autre victime de la politique migratoire belge : la jeune Mawda, décédée l’an dernier d’un tir par balle. Après avoir expliqué l’histoire tragique de cette famille kurde, l’enseignant proposera aux élèves de rédiger un couplet afin de rendre hommage à la fillette dans le cadre du premier anniversaire de sa mort. Les enfants pourraient se baser, pour ce faire, sur le refrain de Claude Sémal et partager ensuite leur chanson en la postant sur notre groupe Facebook CNCD 11.11.11 - Ecoles en mouvement.

Sémira Adamu : On a tué une femme, pas son combat

Sémira Adamu est née le 15 avril 1978 au Nigéria. Son père a tenté de la marier de force avec un Togolais, trois fois plus âgé qu’elle, polygame et brutal. A 20 ans, elle décide de s’opposer au choix de sa famille et fuit vers la Belgique. Elle rêvait de devenir musicienne mais le destin en a décidé autrement.

enfermée au centre 127 bis de Steenokkerzeel. Cloisonnée en quatre murs, elle est rapidement devenue une figure militante, engagée, et bien décidée à faire entendre ses droits. Sémira Adamu a toujours refusé cette décision injuste, estimant qu’elle avait le droit de vivre libre et de refaire sa vie ailleurs. Le jour de son expulsion vers le Togo, le 22 septembre 1998, la jeune femme s’est longuement débattue. Dans l’avion, elle a crié, chanté afin d’attirer l’attention de tous les passagers. Pour la faire taire, les policiers l’ont étouffé avec un coussin et l’ont tuée. « Ils ont tué une femme, pas son combat ». La force et le courage de Sémira Adamu a retenti audelà des murs de la prison. Son combat continue aujourd’hui à travers le travail de nombreuses associations qui luttent contre la détention illégale de personnes en centre fermé.

Mawda, le visage de l’innocence

Mawda est une petite fille kurde de 2 ans. Elle a été tuée par balle lors d’une course poursuite avec des policiers alors que ses parents tentaient de rejoindre la France. Grièvement blessée, les parents de Mawda n’ont pas été autorisés à accompagner leur fille à l’hôpital. Les policiers ont choisi de les menotter pour les emmener en cellule. A l’aube du premier anniversaire de sa mort, les parents de la victime viennent à peine d’être pris en charge par les autorités belges.

Après avoir reçu pour la cinquième fois un ordre de quitter le territoire, la jeune nigériane a été Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 17

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mm SE MOBILISER

La valise d’urgence OBJECTIF : se mettre dans la peau d’une personne migrante DURÉE : 15 minutes MATÉRIEL : différents objets à placer (voir ci-dessous)

Dans le prolongement de l’activité « Pourquoi migre-t-on ? », il nous a semblé pertinent de proposer une action symbolique : « La valise d’urgence ». L’espace de quelques minutes, les élèves vont être amenés à se mettre dans la peau d’une personne migrante, contrainte de quitter son pays pour des raisons politiques, culturelles, climatiques, etc. Le professeur place au centre de la classe un petit sac à dos (sans leur expliquer la raison à ce stadeci) et met en scène la situation suivante: : – « Il est 21 heures et tu viens de monter au lit. Ta maman vient de te raconter ton histoire préférée. Tu dors paisiblement depuis quelques heures quand tu entends le bruit d’une bombe. En jetant un rapide coup d’œil par la fenêtre, tu comprends que la maison de ton voisin vient d’être touchée. Tu descends les escaliers à toute vitesse et tu attrapes ton sac à dos. Tu voudrais le remplir et emporter avec toi des objets qui te sont chers. Qu’emportes-tu ? » L’enseignant aura préalablement déposé différents objets sur une table : de l’argent, de la nourriture, une bouteille d’eau, des jeux, un GSM, des vêtements, des bijoux, une photo de famille, un passeport, un pyjama, une brosse à dents, un doudou, un bulletin, des draps de lit, etc.

symbolique, les enfants prendront conscience qu’il n’est pas toujours possible de préparer son voyage. Le départ est parfois précipité et peut être vécu comme une épreuve douloureuse. Bien souvent, les personnes migrantes ne retrouvent pas leur maison ou les objets auxquels ils tiennent. De plus, certains documents officiels peuvent leur être réclamés lors de leur arrivée dans un pays d’accueil (passeport, attestations, bulletins, certificats, etc.). Ces documents constituent des « preuves » essentielles que ces personnes ne sont pas toujours en mesure de fournir.

SE MOBILISER

On n’enferme pas un enfant. Point OBJECTIF : prendre part à un acte de mobilisation citoyen en participant à la campagne « On n’enferme pas un enfant. Point » DURÉE : une après-midi MATÉRIEL : matériel artistique (feutres, feuilles, crayons de couleurs, matériel de récupération) + PHOTO 8 + une caméra ou un smartphone UNE PHRASE À RETENIR : « On n’enferme pas un enfant. Point »

En août 2018, plusieurs acteurs du monde associatifs, tels que la plateforme Mineurs en Exil ou encore UNICEF Belgique, ont lancé une campagne de mobilisation pour dénoncer l’ouverture d’une unité familiale dans un centre fermé existant. Ces associations revendiquent l’idée selon laquelle l’enfermement prive l’enfant de ses droits les plus fondamentaux et que cela est contraire à la CIDE.

Il explique aux élèves qu’ils ont trois minutes, montre en main, pour choisir trois objets qu’ils vont emporter avec eux. Le professeur précisera également que les objets emportés ne peuvent pas dépasser le contenu du petit sac à dos.

Dans le cadre de cet atelier de mobilisation, le professeur aura la possibilité de mettre ses élèves en projet. Comme le font déjà de nombreuses organisations, les enfants pourront soutenir la campagne lancée par la plateforme Mineurs en Exil et UNICEF Belgique en donnant la réplique à la vidéo suivante : www.onnenfermepasunenfant.be

Lors du débriefing, l’enseignant écoutera les raisons qui ont poussé les élèves à choisir tel objet plutôt qu’un autre. À travers cette action

Dans la continuité des trois ateliers précédents, les enfants ont découvert certaines raisons qui

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 18

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mm expliquent les migrations forcées. Lors de la lecture de la bande dessinée, les élèves ont découvert les persécutions vécues par les minorités afghanes (atelier 1). Incarcérés en centre fermé, les droits les plus fondamentaux de Mina et de sa famille sont bafoués (atelier 2). Les élèves ont également découvert le combat mené par Sémira Adamu, figure emblématique de la lutte contre la détention illégale (atelier 3).

Dans la deuxième partie de cet atelier, l’enseignant donnera la parole aux enfants. Chacun expliquera le contenu de son dessin et exprimera son ressenti sur la problématique de l’enfermement illégal. Le professeur pourrait filmer chacune de leurs interventions et recueillir les questions des élèves à adresser aux hommes et aux femmes politiques à l’aube des élections avant de les compiler dans un montage vidéo. Il leur expliquera que ce reportage pourrait être diffusé sur les réseaux sociaux pour faire entendre « la voix des enfants migrants » et faire réagir les partis politiques sur la question. Nous pensons, en effet, que la voix d’un enfant peut avoir du poids, parfois plus qu’un long plaidoyer. Afin de laisser une trace de votre projet et donner l’impulsion à d’autres écoles, nous vous proposons de diffuser cette vidéo sur le groupe CNCD 11.11.11 - Ecoles en mouvement.

ACTIVITÉ CULTURELLE Les élèves vont maintenant mobiliser tout ce qu’ils ont découvert au travers de ces différentes activités. En utilisant un support artistique de leur choix (peinture, dessin, collage, etc.), les enfants sont invités à exprimer ce qu’ils ont retenu de l’histoire de Mina, depuis son départ de l’Afghanistan jusqu’à sa détention en centre fermé. Ils s’exprimeront sur le non respect des droits fondamentaux des enfants migrants : le droit à la vie, à la protection, à la scolarité et aux soins.

Théâtre des quatre mains : La guerre des buissons (7 ans et +) Voir « Activité culturelle niveau m »

Le professeur débutera l’activité en proposant la situation de départ suivante : – Ce qu’il se passe actuellement en Belgique est très grave et pourtant, aujourd’hui encore, plus de 350 enfants sont détenus en centre fermé. Imaginez que vous voulez passer un message aux femmes et hommes politiques pour dénoncer cette situation, qu’auriez-vous envie de dire ? Prenez l’exemple de Mina.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 19

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm S’INFORMER

Moi, Hamid, réfugié syrien. Mot croisé OBJECTIF : découvrir les notions suivantes : réfugié, migrant, demandeur d’asile, Convention de Genève, camp de réfugiés, hotspot DURÉE : une période de 50 minutes MATÉRIEL : FICHES mmm 1 À 4 « Moi, Hamid, réfugié syrien » + FICHES mmm 5 « Mots croisés » + FICHE mmm 6 « Éléments à relier » + FICHE mmm 7 « La traversée d’Hamid. Carte » + fiche « vocabulaire » + PHOTOS 1 À 6 + télécharger le clip « Rentrez chez vous » de Bigflo et Oli

Le professeur commence par lire avec ses élèves le récit « Moi, Hamid, réfugié syrien » et vérifie la compréhension du texte à l’aide de l’exercice du mot croisé proposé en annexe. NB : Les questions choisies pour le mot croisé sont organisées de manière à faire ressortir le champ lexical de notre thématique. Dans l’ordre, voici les mots à découvrir : Syrie, Bachar (el-Assad), État (Islamique), camp, asile, réfugié, Izmir, bâteau, passeur. Les élèves auront pour mission de découvrir le mot « hospitalité ». Ce terme est directement lié à l’action de mobilisation qui sera proposée plus loin dans la séquence.

La guerre en Syrie (questions 1, 2 et 3)

Les trois premières définitions du mot croisé ont pour but d’aborder le contexte politique syrien. Les élèves savent-ils ce qu’il se passe actuellement dans ce pays du Proche-Orient ? (PHOTO 1) Le professeur leur expliquera que dans le sillage du Printemps arabe, des contestations sociales et populaires ont eu lieu en Syrie pour réclamer des élections libres et le départ de Bachar el-Assad. Le président syrien a réagit brutalement à ces manifestations pacifiques en instaurant un climat de terreur (arrestations, emprisonnement, absence de liberté de presse, etc.). Des groupes rebelles se sont créés dans la foulée (dont l’Etat Islamique) et ont déclenché la guerre civile de 2011. Dans la lettre n°2 « Fuir la guerre», les élèves relèveront que les opposants politiques au

régime de Bachar el-Assad risquent la torture, l’emprisonnement, voire la peine de mort. Le père d’Hamid, journaliste pour un quotidien local, a dénoncé les manifestations anti régime et est désormais activement recherché dans tout le pays. Il devra d’ailleurs se cacher dans le coffre du pickup pour éviter de se faire repérer. Les élèves découvrent également que des groupes rebelles (ici l’Etat Islamique) ont pris possession du pays et tyrannisent les populations. Hamid a d’ailleurs très peur de passer le poste frontière. À travers ces différents exemples, les élèves comprendront mieux le contexte qui a poussé Hamid et sa famille à quitter la Syrie. L’enseignant leur expliquera qu’à l’heure actuelle, plus de la moitié de la population syrienne a été contrainte de fuir.

L’arrivée d’Hamid dans le camp de réfugiés (questions 4, 5 et 6)

Les questions 4, 5 et 6 du mot croisé permettent d’aborder la thématique de l’accueil des personnes migrantes. Le professeur demandera aux élèves s’ils ont une idée des endroits (ou pays) vers lesquels les Syriens vont pouvoir se rediriger pour fuir la guerre ? L’enseignant leur rappellera que depuis le début des conflits en Syrie, près de la moitié de la population a fui le pays en quête d’une protection internationale. En s’aidant de la FICHE mmm 7 « La traversée d’Hamid. Carte », il leur expliquera que 50% des Syriens se trouvent actuellement en Turquie, 25% sont au Liban et 13% ont trouvé refuge en Jordanie. Moins de 10% se sont dirigés vers l’Europe. NB : Le professeur attirera l’attention sur le fait que, contrairement aux idées reçues, tous les Syriens ne dirigent pas systématiquement vers l’Europe. Une grande partie d’entre eux fuient vers les pays limitrophes comme le prouvent les chiffres ci-dessus. Il déconstruira avec les élèves le stéréotype selon lequel l’Europe accueille « tous les réfugiés du monde ». En réalité, seuls 35% des migrants internationaux se déplacement du Sud vers le Nord. Les trois

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 20

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm quarts des réfugiés sont accueillis dans des pays en développement. Ainsi, le Kenya, la Jordanie, le Liban, le Pakistan et la Turquie, qui représentent ensemble 1.6% de l’économie mondiale, accueillent un tiers des réfugiés. Les six pays les plus riches, qui représentent plus de la moitié de l’économie mondiale, en accueillent moins de 9%. Si vous souhaitez approfondir cette thématique en classe, le jeu des chaises, proposé dans la mallette pédagogique « Justice migratoire » du CNCD 11.11.11, pourra vous y aider. Le professeur relira ensuite la lettre n° 3 « Notre arrivée au camp de réfugiés d’Izmir » et demandera aux élèves de décrire le camp. Les enfants relèveront que nos deux personnages y ont trouvé un logement (une tente) et ont reçu de la nourriture de subsistance. Hamid explique d’ailleurs que le camp ressemble à une petite ville et qu’on y trouve des produits de première nécessité (PHOTO 3).

L’enseignant reviendra ensuite le rôle de ces camps. Il leur expliquera que ces zones de transit sont destinées à assurer la sécurité des populations qui se trouvent en danger dans leur pays. Affaiblis par la guerre et par cette longue traversée, nos personnages se sont donc rendus jusqu’en Turquie et ont trouvé refuge dans un camp de réfugié d’Izmir. Afin de bénéficier de cette protection, Hamid et son père ont introduit une demande d’asile en vue d’obtenir le statut de réfugié. Le professeur

leur expliquera qu’un texte de loi, la Convention de Genève, accorde ce statut à toute personne qui a quitté son pays d’origine parce qu’il/elle craint pour sa vie ou sa sécurité personnelle du fait de persécutions liées à ses origines ethniques, sa religion, sa nationalité, son appartenance à un groupe social déterminé ou ses opinions politiques. Les élèves comprendront très vite le lien entre le contexte politique syrien et l’obtention de cette protection (PHOTO 6).

La traversée d’Hamid (questions 7, 8 et 9)

Enfin, les trois dernières questions du mot croisé vont permettre de revenir sur le parcours d’Hamid depuis Alep jusqu’à l’île de Lesbos, en Grèce. Nos personnages ont traversé la Turquie en pick-up pour arriver au port d’Izmir. Ils ont rencontré un passeur (Monsieur X) qui s’est occupé « d’organiser » leur traversée en bateau jusqu’à l’île de Lesbos, en Grèce (PHOTO 4). Une fois ces mots découverts, le professeur sensibilisera les élèves à la problématique des passeurs. Au travers l’exemple d’Hamid, ontils compris les dangers liés à la traversée ? L’enseignant relira la lettre n°4 « Une dangereuse traversée » et attirera l’attention des enfants sur les éléments suivants : Le bateau sur lequel nos personnages embarquent est peu sécurisé : en effet, il est en caoutchouc et est peu adapté aux dangers de la traversée. Au niveau de sa capacité, le bateau était prévu initialement pour douze personnes alors que plus d’une trentaine de personnes migrantes y ont pris place. Notez que même si la situation est relativement courante dans les faits, cela risque sans doute d’attirer l’attention des élèves. La position dans le bateau peut également constituer une réelle source de danger. Le père d’Hamid a réussi à s’installer au centre du bateau et explique que les places sur les côtés sont plus dangereuses. En effet, le mélange entre le sel de mer et le carburant peut causer de fortes brûlures. Les conditions météorologiques peuvent également compliquer la traversée. Hamid explique que ce dangereux périple s’est soldé par une pluie qui a fait tanguer le bateau.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 21

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm Enfin, le récit sous-entend que la traversée vers l’Europe a couté énormément d’argent. Le père d’Hamid a remis « une liasse de billets verts » au passeur pour assurer leur traversée. Le professeur rappellera que des milliers de personnes ont déjà perdu la vie en empruntant des voies d’accès « illégales ». En 2018, par exemple, plus de 2250 personnes sont décédées en Méditerranée. L’enseignant insistera sur la nécessité de démanteler le trafic des passeurs qui s’enrichissent sur le compte de la misère humaine et rappellera l’importance d’ouvrir des voies d’accès plus sûres.

« Rentrez chez vous » de Bigflo et Oli : une réflexion sur la question de l’hospitalité

L’enseignant pourrait prolonger l’activité de lecture du journal d’Hamid en montrant aux élèves le clip de Bigflo et Oli « Rentrez chez vous ». Au-delà des nombreuses similitudes avec l’histoire d’Hamid et de sa famille, l’originalité de ce clip, présenté sous forme de dessin animé, fait écho aux attentats de Paris. La vidéo retrace l’histoire fictive d’une France en proie à la guerre civile : la Tour Eiffel est détruite, le pays est entièrement bombardé et les réfugiés français tentent de fuir de l’autre côté de la Méditerranée. On suit alors le parcours d’un personnage qui tente de retrouver son amie dans les décombres de la capitale et qui recueille une orpheline sous son aile. Il embarque finalement dans un bateau pour traverser la Méditerrané avant d’accoster dans un pays du Maghreb. Arrivé dans un camp de réfugiés, le personnage est confronté au rejet des Maghrébins qui brandissent une pancarte sur laquelle il est écrit « Rentrez chez vous ! ».

Ce clip permettra d’amorcer une belle réflexion sur la question de l’hospitalité et fera écho au mot mystère découvert lors de l’exercice du mot croisé. En effet, les rôles sont inversés ici et les élèves pourront certainement mieux s’identifier au réfugié français. Le professeur laissera la question en suspens et invitera les élèves qui le souhaitent à s’exprimer : et si un jour, les rôles étaient inversés, comment aimeriez-vous être accueillis ?

S’INFORMER

La traversée d’Hamid OBJECTIF : se représenter visuellement le parcours d’une personne migrante DURÉE : deux périodes de 50 minutes MATÉRIEL : FICHE mmm 6 : « La traversée d’Hamid. Éléments à relier » + FICHE mmm 7 « Carte du monde » + PHOTO 4 + feuille vierge A3 SUGGESTION : partenariat avec Caritas International

L’objectif de cette activité est de proposer une activité plus visuelle qui constituerait une sorte de synthèse du périple vécu par le personnage d’Hamid. L’enseignant remettra aux enfants la FICHE mmm 6 « La traversée d’Hamid. Éléments à relier » et leur proposera d’associer chaque étape du parcours d’Hamid avec son explication. Au total, les élèves découvriront sept images représentant les étapes suivantes : guerre en Syrie (Alep), transport en pick-up à travers la Turquie, arrivée dans le camp de réfugiés d’Izmir/obtention du statut de réfugié et rencontre avec le passeur, traversée en bateau jusqu’à l’île de Lesbos et arrivée dans un hotspot Les élèves recevront ensuite une carte du monde (FICHE mmm 7) et numéroteront les différentes étapes de la traversée d’Hamid depuis Alep jusqu’à Lesbos. Une fois la carte complétée, le professeur proposera à l’un des élèves de réexpliquer les différentes étapes de la traversée de notre personnage. L’idéal serait que l’enfant puisse intégrer toutes les notions découvertes durant le mot croisé.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 22

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm Suggestion : Cette activité pourrait être prolongée par une rencontre en classe avec une personne migrante. Cela permettrait aux élèves de se rendre compte que cette réalité dépasse le cadre de la fiction. Si vous souhaitez mettre en place une telle activité, vous pouvez contacter Caritas International. Cette ONG, active dans le domaine de l’asile et de la migration, pourrait être le point de départ d’une activité qui donnera du sens aux apprentissages.

S’INFORMER

Pourquoi migre-t-on ? Voir « S’informer FICHE mm 4 »

S’INFORMER

Dans la peau d’une personne migrante : jeu de plateau OBJECTIF : s’approprier toutes les notions découvertes sous forme d’un jeu de plateau MATÉRIEL : FICHE mmm 8 « Dans la peau d’une personne migrante. Personnages » + FICHES mmm 9 ET 10 « Jeu de plateau » + FICHES mmm 11 À 17 « Règles du jeu ». NB : Ce jeu nécessite quatre pions de couleurs différentes + la confection artisanale d’un dé « situation ». Tous les chiffres pairs seront ainsi remplacés par des situations . Les chiffres impairs seront remplacés par des situations . PUBLIC : 9 ans et + DURÉE : 2 périodes de 50 minutes

Afin de travailler la thématique de manière plus ludique, nous avons réalisé le jeu de plateau « Dans la peau d’une personne migrante ». Ce travail a été réalisé en partenariat avec Nadia Echadi Bouchaâla (professeur et bénévole de Plateforme de Soutien aux Réfugiés) ainsi que Cécile Vanderstappen (chargée de recherche sur la Justice migratoire au CNCD 11.11.11).

Objectifs pédagogiques

L’objectif général du jeu « Dans la peau d’une personne migrante» est d’amener les élèves à s’interroger sur les inégalités liées au droit à la question de la mobilité dans une perspective Nord/Sud. Les enfants tirent au sort un personnage migrant et s’approprient son histoire, son parcours de vie, sa traversée. Ils découvrent ainsi les raisons toujours entremêlées (politiques, culturelles, religieuses ou climatiques) qui poussent les hommes et les femmes d’aujourd’hui à migrer. L’enseignant profitera de l’occasion pour rappeler aux élèves que depuis l’Homo Sapiens, les êtres humains se sont déplacés (recherche de nourriture, de terres fertiles, etc.) L’histoire de l’Humanité a toujours été influencée par la recherche d’un lieu de vie adéquat. Sans ces migrations, l’espèce humaine se serait probablement éteinte. Après avoir découvert la FICHE mmm 8, les élèves comprennent très vite que tous les personnages du jeu sont en danger dans leur pays d’origine. Le professeur expliquera que ceux-ci ont tenté d’obtenir un visa par voie légale (via le droit au regroupement familial, l’asile, etc.), mais ces voies d’accès leur ont été rendues inaccessibles à cause de critères et de procédures trop compliquées. Ils sont contraints, conscients pour la plupart des risques encourus inhérents aux migrations irrégulières, de prendre la route en vue d’accéder à un pays d’accueil (dans le cadre de notre jeu, la Belgique) afin d’y trouver des conditions de vie décentes.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 23

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm En se mettant dans la peau de leur personnage, les élèves découvriront les différents obstacles, violences, frustrations et abus qui jalonnent très souvent le parcours d’une personne migrante depuis son pays d’origine jusqu’à son arrivée dans un pays dit « d’accueil ». Les enfants prendront également conscience que l’accès à la mobilité est profondément injuste et inégal.

Les personnages

Les élèves tirent au sort un personnage (FICHE mmm 8) et racontent le parcours de leur personnage à l’ensemble de la classe. Nous avons choisi de développer quatre situations qui illustrent une partie du paysage migratoire actuel : 1. Hamid, Asia et sa famille fuient la Syrie pour échapper à la guerre civile à cause du régime tyrannique mis en place par Bachar el-Assad (migration politique). 2. Mina et sa famille appartiennent à la minorité chrétienne afghane, persécutée par des autorités et milices religieuses extrémistes (migration religieuse). 3. Fatou est Guinéenne. Elle a 14 ans et a décidé de fuir son pays car sa famille veut la marier avec un homme de 45 ans (migration culturelle). 4. Edson et son papa quittent leur pays, Haïti. Cette famille a perdu une grande partie de ses terres suite aux fortes inondations et ouragans qui ont dévasté leur région (migration climatique). Notez que ce type de migration est utilisé dans le jeu de manière « symbolique » car les Haïtiens auront plutôt tendance à migrer vers les États-Unis. Enfin, il nous a semblé important s’insister sur la notion de « genre ». À certains moments, les élèves auront la possibilité de vivre une situation en se mettant dans la peau d’un homme ou d’une femme. Ils découvriront ainsi que ce parcours d’exil peut prendre des tournants différents en fonction de cette réalité.

Règles du jeu

Les élèves placent leur personnage sur la case « départ » et démarrent symboliquement le parcours depuis la Syrie, l’Afghanistan, la Guinée ou Haïti. À l’image du vécu de nos personnages, le but est d’arriver dans un pays d’accueil (dans le cadre de notre jeu, cela sera représenté symboliquement par la Belgique) afin d’y introduire une demande d’asile. Les enfants ne savent pas encore si leur personnage obtiendra le statut de réfugié, car cela dépendra de leur situation personnelle ou de celle du pays dont ils sont originaires. Ils découvriront s’ils ont obtenu (ou non) leur permis de séjour à la fin de la partie. Ils le vivront certainement comme une frustration énorme, compte tenu des difficultés liées au parcours de leur personnage. Les élèves lancent le dé chiffré pour avancer. S’ils tombent sur une case « action », ils découvrent une situation inspirée de la réalité : le transport par camion ou bateau, l’enregistrement dans les hotspot, un éventuel contrôle de police sur le territoire européen et ses conséquences, etc. Pour chacune de ces réalités, les apprenants lancent alors le dé « /  » et découvrent si la situation proposée leur est favorable ou non. Notez que pour varier les situations, plusieurs scénarios ont été proposés pour les actions liées au transport. Pensez à les exploiter au maximum. Pour enrichir le jeu et amener les élèves à découvrir la pluralité des parcours possibles, les joueurs doivent s’arrêter sur toutes les cases « action » qui se trouveront sur leur chemin. Le but est que tous les personnages arrivent ensemble sur la case « arrivée » (drapeau) et obtiennent un permis de séjour (et dans certains cas, une protection internationale). Notez qu’il est très probable que certains personnages perdent un ou plusieurs membres de leur famille durant l’exil. Le professeur leur rappellera que ce jeu est à l’image de la réalité. En effet, un migrant sur dixneuf perd la vie durant la traversée en empruntant des voies irrégulières. L’enseignant insistera sur la nécessité d’ouvrir l’accès aux voies légales afin de démanteler le trafic de passeurs et de trafiquants.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 24

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm Notons que pour des raisons évidentes, les élèves ne formeront pas des « équipes », mais seront solidaires dans le parcours des différents personnages du plateau. La notion d’entraide nous semble essentielle dans ce type de jeu.

CRÉER

« Maison» (Warsan Shire) OBJECTIF : découvrir un texte engagé sur la thématique des migrants et se l’approprier en utilisant un support artistique de son choix DURÉE : une après-midi MATÉRIEL : FICHE mmm 18 « Maison » de Warsan Shire

Dans le prolongement du jeu « Dans la peau d’une personne migrante », l’enseignant mettra en place un cercle de parole afin que les élèves puissent exprimer leur ressenti, leurs peurs ou encore leurs questionnements par rapport à la question migratoire (ou crise de l’accueil). Le professeur lira avec eux le texte « Maison » de la poétesse somalienne Warsan Shire. Ecrit en 2010 et traduit de l’anglais, ce poème engagé fait écho au parcours de vie de cette jeune femme qui a fui son pays en pleine guerre civile. Les enfants découvriront ensuite la vidéo youtube : https :// www.youtube.com/watch ?v=flhU9SJ0K9c.

Comment les enfants comprennent-ils la phrase « Personne ne pousse ses enfants sur un bateau sauf si l’eau est plus sûre que la terre ferme » ?

L’enseignant proposera aux élèves de s’approprier cette citation en utilisant un support artistique de leur choix. Certains enfants pourraient l’illustrer sous forme d’un dessin, d’un collage, d’une peinture. Un autre groupe pourrait exploiter l’aspect sonore de ce poème en l’adaptant en chanson ou en slam. Une troisième équipe se chargerait de réaliser une vidéo la thématique des migrants. Enfin, la création de slogans engagés donnera lieu à une quatrième activité. L’enseignant pourrait ensuite partager les productions artistiques de ses élèves et participer au concours de création que nous lançons sur le groupe Facebook CNCD 11.11.11 - Ecoles en mouvement.

CRÉER

Le journal d’Asia OBJECTIF : se mettre dans la peau d’une personne migrante et écrire un récit de fiction DURÉE : 2 périodes de 50 minutes MATÉRIEL : récit « Moi, Hamid, réfugié syrien » + FICHE mmm 19 « Le journal d’Asia »

Afin de créer des ponts avec le cours de français, le professeur proposera aux élèves de participer à un atelier d’écriture. Comme nous avons pu le voir dans le récit « Moi, Hamid, réfugié syrien », notre personnage a raconté les différentes étapes de sa traversée sous forme d’un journal intime. Au début de l’histoire, nous apprenons qu’Hamid a une sœur jumelle, Asia et qu’ils sont très liés. Lors des bombardements à Alep, Asia et sa maman ont fui de leur côté. C’est à ce moment-là que les chemins de nos personnages se sont séparés. Les élèves se mettront dans la peau d’Asia et raconteront un morceau de son histoire sous forme d’une lettre à envoyer à Hamid. L’enseignant éveillera leur imagination en utilisant une technique empruntée à la psychanalyse. Il invitera les élèves à fermer les yeux et à se laisser guider par sa voix. À titre d’exemple, voici quelques questions qui vous permettront de démarrer l’atelier d’écriture :

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 25

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm – Lors des bombardements, Asia et sa maman ont fui vers une petite ruelle. Où sont-elles allées ? Ont-elles rencontré une personne qui les a aidées ? Ont-elles pris un transport ? Quel était ce transport ? Visualisezle. Dans quel pays sont-elles arrivées ? Comment ont-elles été accueillies ? Quels étaient leurs espoirs et leurs rêves en arrivant dans ce nouveau pays ? Le professeur compilera ensuite toutes les lettres des élèves et reconstituera ainsi le journal de notre jeune afghane. Il partagera ensuite des bribes du parcours d’Asia à l’ensemble de la classe.

SE MOBILISER

La valise d’urgence Voir « Se mobiliser niveau mm »

SE MOBILISER

Projet « École hospitalière » OBJECTIF : impliquer les élèves dans un projet

citoyen destiné à accueillir des personnes migrantes au sein de leur classe ou de leur école DURÉE : le projet peut être échelonné sur une année scolaire MATÉRIEL : PHOTOS 9 ET 10

Dans la continuité de l’action « Haute école hospitalière » lancée par le CNCD 11.11.11 (Voir www.universitehospitaliere.be), nous proposons aux élèves du primaire de s’engager en faveur de l’accueil de personnes migrantes (demandeurs d’asile, réfugié, etc.). L’objectif du projet « École hospitalière » est de permettre aux élèves de mener des actions concrètes au sein de leur école afin de la rendre plus hospitalière. Ils seront amenés à prendre des engagements forts et à agir en tant que citoyens responsables et interpellés par l’accueil des migrants.

Le professeur commencera par rrappeler aux élèves le mot découvert dans la FICHE mmm 5 (hospitalité) et les interrogera sur le sens de ce mot. Quelles sont les valeurs véhiculées autour du mot « accueil » ? Et eux, que sont-ils prêts à mettre en place (à titre individuel ou à l’échelle de la classe) afin de rendre leur école plus « hospitalière » ? L’enseignant fera un tour de table et utilisera le photo-langage pour présenter aux enfants deux autres initiatives citoyennes. A titre d’exemple, nous avons choisi de mettre à l’honneur le travail réalisé par les bénévoles de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés (PHOTO 9) qui accueillent, intègrent et hébergent des personnes migrantes. La deuxième action choisie est celle la manifestation destinée à appeler à une plus grande justice migratoire (PHOTO 10). Voici quelques propositions qui pourraient inspirer votre projet de classe (ou d’école) : Assurer des cours, des tables de discussion ou des animations culturelles en français pour aider les personnes migrantes à acquérir les bases de la langue. Les élèves pourraient être impliqués dans ce processus d’enseignement en devenant des « assistants de français ». Soutenir une personne migrante dans la découverte des codes (scolaires ou extrascolaires) en s’engageant à l’intégrer dans une activité sportive, culturelle. À titre individuel, les élèves pourraient intégrer une personne migrante à une activité sportive à laquelle ils participent, pourraient l’emmener découvrir un musée, etc.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


PROF

PAGE 26

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

NIVEAU mmm Mettre en place des activités interculturelles afin de permettre à une personne migrante de s’exprimer sur son parcours, son vécu, sa culture et d’en faire profiter l’ensemble de la classe. Ces moments d’échange pourraient être l’occasion pour vos élèves de se réinterroger sur leur propre culture tout en découvrant le parcours, le vécu d’une personne migrante. Valoriser les élèves les plus impliqués en leur attribuant, par exemple, un prix de citoyenneté. Organiser une journée de sensibilisation à la question des migrations (Nord et Sud) à l’échelle de l’école. Le professeur pourrait faire appel aux chargés de campagne du CNCD 11.11.11 ou à d’autres ONG actives sur ces questions (Caritas International, Plateforme Mineurs en Exil, Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés, etc..). Durant cette journée, vous pourriez organiser la projection d’un film ou d’un court métrage, inviter des intervenants (témoignage de migrants ou d’experts), organiser une exposition avec le photo-langage de cette revue. Durant cette journée, les élèves pourront jouer le rôle de guide et animer le jeu de plateau « Dans la peau d’une personne migrante ». Enfin, la journée se clôturerait par l’exposition des productions des élèves réalisées au départ de la chanson de Warsan Shire (mini concert de slam, productions artistiques, montage vidéo etc.).

ACTIVITÉ CULTURELLE

« Red Star Line Museum » à Anvers OBJECTIF : découvrir les migrations de l’Europe vers

les États-Unis

DURÉE : 2 heures CONTACT : redstarline@antwerpen.be

Si vous souhaitez aborder les migrations à travers un autre angle (de l’Europe vers les États-Unis), nous vous invitons à découvrir le Red Star Line Museum à Anvers. Ce musée vous invite à voyager sur les traces des émigrants belges à la découverte du Nouveau Monde. Le temps de la visite, vous embarquerez pour cette traversée imaginaire et découvrirez des histoires aussi passionnantes et surprenantes. Le parcours retrace l’histoire de millions d’Européens, en quête d’une vie meilleure, qui ont tout laissé derrière eux. Les élèves découvriront un autre visage de la migration tout en s’interrogeant sur son côté universel et intemporel.

Comme vous pouvez les constater, les initiatives visant à intégrer une personne migrante au sein de la classe ne manquent pas. Elles pourraient même susciter des vocations et façonner des citoyens plus engagés encore. N’hésitez pas à partager quelques bribes des projets citoyens que vous mettez en place au sein de votre école en les postant sur le groupe Facebook CNCD 11.11.11 - Ecoles en mouvement.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


Wikimedia commons

1



© Tobin Jones

2



© Christophe Petit Tesson/MAXPPP

3



© Isopix

4



5

cc Dragan Tatic



6

© FAsylum Seekers



© BELGA - HERWIG VERGUL

7



8

Š Belga image



9



10



ÉLÈVE

La traversée d’Asia

m

FICHE 1

Asia et sa famille sont d’origine syrienne. Un jour, la guerre a éclaté à Damas, la capitale. Ils ont cherché un autre pays où ils pouvaient se sentir en sécurité.

Asia et sa famille sont arrivés dans un camp de réfugiés en Turquie. Ils ont reçu de la nourriture et un logement.

Demain, ils prendront le bateau pour arriver en Grèce. Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

m

FICHE 2

S’INFORMER

Les habitats du monde Asia et sa famille vivent en Syrie. A ton avis, à quoi ressemble une maison dans ce pays ? Relie les différents habitats à leur nom et colorie la maison d’Asia.

v

Maison en bois sur pilotis

v v

v

v v

Igloo

Yourte Maison traditionnelle en brique

v

Building

v v

v

v v

Tente

Kasbah

v

v

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

m

FICHE 3

S’INFORMER

A la découverte du pays d’Asia : la Syrie

La Syrie est un pays du Proche-Orient situé à l’est de la Méditerranée. C’est six fois plus grand que la Belgique ! Sa capitale est Damas. La langue officielle de la Syrie est l’arabe. On y parle aussi d’autres langues comme le kurde et l’arménien.

En Syrie, au petit déjeuner, on mange le keshke. On mélange du yahourt avec du boulghour, une céréale faite à base de grains de blé. On trempe ensuite le pain (la chawarma) dans la préparation. En Syrie, les enfants aiment jouer au jeu du barjis. Ils placent les coquillages sur un morceau de tissu et font ensuite avancer les pions (coquillages) en lançant le dé. Les Syriens aiment beaucoup la musique. Ils jouent de l’oud. C’est un instrument à cordes de la famille de la guitare.

Plus de 80% des Syriens sont musulmans. Ils pratiquent l’Islam. On y trouve aussi des chrétiens.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

m

S’INFORMER

FICHE 4

Dans ma valise, j’emporte Asia et sa famille ont dû fuir leur pays à cause de la guerre. Si tu étais à leur place, qu’aurais-tu emporté avec toi? Colorie 3 objets qui te semblent importants et discutes-en avec ton professeur.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

Mina, la basketteuse d’Afghanistan

mm

FICHE 1

J’ai rencontré Mina au parc des Etangs. Ses longues nattes tressées, ses grands yeux verts pistache et son sourire du bout du monde ont ensoleillé ma journée. Mina était d’origine afghane, et malgré sa petite taille, elle jouait vraiment bien au basket …

Avec notre bande de potes, on a passé toutes nos après-midi à s’entrainer pour le match des juniors. Hey Mina, ça te dit de rejoindre notre équipe pour le match de samedi ?

Le grand jour du match arriva et Mina n’était pas là. On était tous super tristes de ne pas la voir, et en plus, on a perdu contre la Lion’s Team.

Ce serait super! Compte sur moi Victor !

Sur le chemin du retour, j’étais inconsolable. mais ça, ce n’était rien par rapport à ce que j’ai entendu à la radio … UNE MÈRE AFGHANE ET SES 4 ENFANTS SONT DÉTENUS AU CENTRE FERMÉ  27 BIS À STEENOKKERZEEL. ILS DEVRAIENT ÊTRE EXPULSÉS DEMAIN MATIN. DES NOMBREUSES FAMILLES SE SONT MOBILISÉES POUR…”

MINA!!

Avec maman, on a décidé de se rendre au centre fermé  27 bis pour retrouver Mina. Mais maman, ça ressemble à une prison !

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

J’étais tellement heureux de retrouver ma princesse afghane que mon cœur battait à du mille à l’heure…

mm

FICHE 2

VICTOR !

MINA !!

Et pourquoi ? Qu’est-ce que tu fais dans cette prison Mina? Viens, on va te sortir d’ici !

J’aimerais bien Victor, mais ma famille n’a plus le droit de rester en Belgique.

Demain, on devra repartir en Afghanistan …

Ben, c’est juste qu’on n’a pas les bons papiers, c’est tout.

Dans la voiture, maman m’a expliqué cette histoire de « papiers ». Elle m’a dit que sa famille a introduit une demande d’asile afin d’obtenir le statut de réfugié. Mais ce papier leur a été refusé. J’avoue que je n’ai pas tout compris... En plus, en Afghanistan, Et vous allez faire quoi là-bas ? on est en danger de mort ah bon ?

Ben oui Victor ! Les chrétiens, comme nous, qui ne se convertissent pas à l’Islam sont maltraités.

Je ne sais pas. Je ne connais même pas la langue de mon pays. Et puis, je me suis fait plein d’amis ici… comme toi. Le temps de parole est écoulé. Veuillez vous diriger vers la sortie le plus rapidement possible…

Maman, pourquoi on enferme des familles, des enfants dans notre pays?

Moi aussi Victor, je suis triste. J’ai dû mal à comprendre. On n’enferme pas un enfant. Point. Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mm

S’INFORMER

FICHE 3

Mina, la basketteuse d’Afghanistan. Destins croisés 8.

Réponds aux questions du mot croisé et découvre la phrase mystère.

2.

4. 7.

A 1. 6. 9.

3.

E X

5.

P

R

P

S

Horizontal 1. Quel est le pays de Mina ? 2. La famille de Mina se trouve actuellement en Belgique dans un endroit un peu particulier. Comment s’appelle ce lieu ? 3. Victor compare ce lieu à une ... 4. La famille de Mina a introduit une demande d’... 5. Ils souhaitent obtenir le statut de ... 6. Ont-ils obtenu ce statut ? (oui ou non ?) 7. Demain, Mina et ses parents vont devoir quitter la Belgique contre leur gré. Trouve un terme plus fort pour dire qu’ils ne sont pas d’accord. On dit qu’ils vont être ... 8. Mina appartient à une minorité religieuse. Laquelle ? Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

Vertical 9. Victor et sa maman sont tristes du sort réservé à Mina et sa famille. Que dira la maman de Victor à la fin du récit? Découvre la phrase mystère. MIGRATIONS


ÉLÈVE

S’INFORMER

mm

FICHE 4

Pourquoi migre-t-on ? Observe attentivement les quatre illustrations ci-dessus et découvre les causes de la migration. Rédige ensuite une courte phrase sous chaque dessin.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mm

S’INFORMER

FICHE 5

L’enfant et ses droits Relie les articles de la Convention internationale des droits de l’enfant aux illustrations correspondantes.

1.

Tout enfant a le droit de vivre. Il doit pouvoir se sentir protégé et en sécurité dans le pays dans lequel il se trouve.

v v

(Articles 6 et 22 CIDE)

2.

Tout enfant a le droit d’aller à l’école et d’avoir accès à l’éducation.

v v

(Article 28 CIDE)

3.

v

Tout enfant a le droit de bénéficier de soins.

v

(Articles 3 et 24 CIDE)

4.

Tout enfant a droit à la liberté. Avec ses parents, il peut circuler librement dans n’importe quel pays et choisir son lieu de résidence.

v

v

(Article 37 CIDE)

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mm

S’INFORMER

FICHE 6

Extraits du journal de Mina Découvre quelques extraits du journal de Mina et fais le lien avec ce que tu as découvert dans le FICHE 5 mm. Indique, sous chaque extrait, quel droit n’est pas respecté.

Le 10 janvier 2011, Vous avais-je dit que je suis née à Hazara, une petite ville d’Afghanistan ? Un jour, les Talibans sont entrés dans notre maison et ont enlevé ma sœur Enaiat. Ils ont menacé de la tuer si elle refusait d’embrasser un des soldats. Nous ne sommes plus libres dans notre pays et nous avons décidé de fuir. Droit à

Le 4 janvier 2019, Je sens que j’étouffe dans ce centre. Quand je lève les yeux, je vois des caméras, des barreaux, des grillages. Le jour où on est arrivés au centre de Steenokkerzeel, les policiers ont menotté mes parents comme si c’étaient des criminels. J’ai l’impression d’être dans une prison et je me demande quel est notre crime. Moi j’aimerais plutôt me promener au parc, dessiner et retrouver mes amis de l’école. Droit à

Le 5 mars 2017, Ce que j’aime le plus à l’école, c’est que je me suis fait plein d’amis : Jérôme, Morgane, Marie, Lucie et Jean-Gabriel. J’ai appris le néerlandais et j’ai même remporté le concours de dictées. Ici, il n’y a pas de professeur pour me donner cours et je m’ennuie. Droit à

Le 8 janvier 2019, Depuis que je sais que nous devons rentrer en Afghanistan, je fais des cauchemars tous les soirs. J’ai peur de revivre cet enfer que je ne dors plus. Je pense aux bombes, aux groupes rebelles et tout ça me fait très peur. Droit aux

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mm

CRÉER

FICHE 7

Hommage à Sémira Adamu et à Mawda Tu viens de découvrir l’histoire de Sémira Adamu et de la jeune Mawda. Écoute maintenant la chanson de Claude Sémal et complète le texte à trous. Dis-moi Sémira Pour atterrir dans mon pays froid Quel désir ou quel effroi T’as fait partir de là-bas Dis-moi Sémira La vie des femmes au Ton amour tu le choisiras Ici ou là-bas Dis-moi Sémira Est-ce un crime d’être né là-bas ? Pourquoi sans-papiers signifie-t-il Centres fermés ou Sabena ? Va dire en Afrique à tous tes voisins Comment les flics en Belgique accueillent tes cousins Va dire en Afrique à tous les enfants Qu’on met leur parents dans des Dis-moi Sémira Craignaient-ils donc tellement ta voix Qu’ils se soient mis à douze à la fois Pour te faire cela ? Dis-moi Sémira Le premier te tenait les bras Le second écrasait ta voix Et le dernier filmait tout ça

Dis-moi Sémira Quand la foule a pleuré sur toi Fallait-il pour qu’elle t’admirât T’arracher la voix Dis-moi Sémira Ton corps n’était pas encore froid Qu’un journal a craché sur toi Pour t’étouffer une seconde fois Va dire en Afrique dans tous les micros Ce que les flics en Belgique racontent aux journaux Mais dis-leur aussi d’en reparler quand Nous aurons fait fermer ces camps Dis-moi Sémira Si tu veux nous prêter ta voix Ta chanson s’envolera Ici ou là-bas Dis-moi Sémira Ta chanson s’envolera Pour répéter comme un coeur qui bat La

Va dire en Afrique à tous tes cousins Ce que les flics en Belgique font avec les coussins Va dire en Afrique à tous les parents Qu’on met des enfants dans les camps

Mawda

Sémira

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS



ÉLÈVE

mmm

J

e m’appelle Flavia et je travaille au camp de réfugiés de Moria sur l’île de Lesbos, en Grèce. Hier, durant la ronde de nuit, j’ai retrouvé ce petit carnet de notes. Sur la première de couverture, il était indiqué « Moi, Hamid, 10 ans, réfugié syrien ». Je me souviendrai toujours de ce petit garçon aux sourcils épais et aux cheveux noirs en bataille. Il était à la recherche de sa sœur et de sa maman. Je vous partage, à travers ces lettres, un morceau de son histoire.

FICHE 1

Moi, Hamid, 10 ans, réfugié syrien

Lettre 1 : Le jour où notre maison a explosé 12 avril 2012 Cher journal, Il était 21 heures quand nous sommes montés au lit, Asia et moi. Asia, c’est ma sœur jumelle et on dort ensemble depuis qu’on est nés. Maman nous avait lu notre conte préféré et Asia dormait paisiblement, quand une bombe s’est abattue sur notre maison. Ma vie d’enfant a basculé dans ce chaos de débris et de missiles. Totalement paniqué, papa a immédiatement débarqué dans notre chambre. Il m’a pris dans ses bras et a ordonné à Asia de le suivre. J’ai jeté un dernier regard sur la pièce : mes figurines préférées et mes jouets étaient en train de brûler. J’avais le cœur fendu.

Nous avons descendu les escaliers à toute allure. La maison n’était plus qu’un tourbillon de briques, de vaisselle fendue, de meubles en feu. Après avoir franchi la porte, nous nous sommes cachés dans la cabane de Mahmoud, notre voisin. Notre maison n’était pas la seule touchée. Tout le quartier était encerclé. Autour de nous, les gens couraient dans tous les sens. Ils étaient couverts de poussière et de sang. Une autre bombe s’est abattue à quelques mètres de notre cachette. J’ai suivi papa et nous avons couru très vite. Dans cette nuée de poussière grise, je pense avoir aperçu maman et Asia fuir à travers une des ruelles d’Alep. Mon cœur s’est serré très fort. C’est la dernière fois que je les ai vues.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

Lettre 2 : Fuir la guerre et traverser les zones de conflit

FICHE 2

15 avril 2012 Cher journal, Nous étions une dizaine à avoir embarqué dans un pick-up. Autour de moi, les passagers étaient en deuil. Certains avaient laissé un de leurs proches en chemin. Moi, je pensais tout le temps à Asia et maman et je me demandais si elles avaient pu trouver un abri. Mon père, un opposant politique au régime de Bachar el-Assad, était particulièrement recherché dans tout le pays. Il était journaliste pour un quotidien local et avait réclamé, comme de nombreux Syriens, le départ de notre président. Il avait d’ailleurs écrit quelques articles sur les soulèvements et les manifestations qui avaient éclaté un peu partout dans le pays. Evidemment, cela n’avait pas plu à Bachar el-Assad !

Pour ses articles de presse, il risquait la torture, l’emprisonnement, voire même la peine de mort. Plusieurs des amis de mon père avaient déjà été tués. Tout le pays était contrôlé à présent, même nos conversations sur Internet ! Pour éviter qu’on ne se fasse repérer, le conducteur avait caché mon père dans le coffre du pick-up, le temps du trajet. Le pays n’est plus qu’un grand bain de sang. En effet, pour combattre le régime en place, des groupes rebelles, dont l’Etat Islamique, s’étaient créés. Les combattants étaient disséminés partout dans le pays et nous tyrannisaient avec leurs armes. J’ai vraiment peur de les croiser aux postes frontière, mais surtout qu’ils ouvrent le coffre et trouvent mon père.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

Lettre 3 : Notre arrivée au camp de réfugiés d’Izmir en Turquie

mmm

FICHE 3

2 mai 2012 Cher journal, Nous avons traversé toute la Turquie en pick-up et le trajet a été long et éprouvant. Le conducteur nous avait déposés à une cinquantaine de kilomètres d’Izmir. Nous avons marché encore de longues heures avant d’arriver aux portes du camp. Le soleil était brûlant et nous étions fatigués et affamés. Mon père dissimulait tout le poids de sa tristesse et de son désespoir sous sa longue barbe noire. Nous étions comme des âmes en peine, à la recherche d’un pays qui puisse nous protéger des bombes. Des milliers de réfugiés, comme nous, faisaient la file. Tout ce qu’ils possédaient tenait dans des valises, des sacs poubelle ou des taies d’oreillers. J’entendais des gens parler dans des langues que je ne connaissais pas et ça me donnait le vertige. « Pour la demande d’asile, revenez demain » nous a dit le douanier en claquant la porte. Après avoir fait la file toute la journée, cette phrase était comme un choc.

A la tombée du soir, nous avons pu rentrer à l’intérieur du camp. Des milliers de tentes s’étendaient à perte de vue. C’était presque comme une ville, mais sans arbre, sans parc, sans terrain de foot. Une large allée traversait le camp et des petites échoppes parsemaient ce triste paysage. On y vendait des produits de première nécessité : des cartes de téléphone, des boites de conserve, des biscuits et des boissons sucrées. J’ai oublié de vous dire qu’une bénévole s’est occupée de nous. Elle avait l’air gentille même si je ne comprenais pas sa langue. Quand elle nous a montré une tente remplie de lits, j’ai compris que c’est là que nous passerions la nuit. Tout près de notre tente, des gens faisaient la file en attendant de recevoir à manger. Je jetais des coups d’œil furtifs en attendant notre tour. Maman et Asia étaient peut-être déjà dans la file? En voyant tous ces visages tristes, mon cœur s’est serré une seconde fois. Maman, Asia, où êtes-vous ?

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

Lettre 4 : Une dangereuse traversée

1er juin 2012 Cher journal, Mon père a passé de nombreux coups de téléphone avant de convenir d’un lieu de rendez-vous avec monsieur X (je ne me souviens plus de son nom). Nous l’avons retrouvé au snack de l’étoile à Izmir. Ils ont discuté très longtemps, parfois à mi-voix. Moi je sirotais mon soda, la tête dans mes pensées. Mon père a sorti une liasse de billets verts et vu le nombre, ça devait faire pas mal d’argent. En me concentrant sur leurs chuchotages, je pouvais comprendre l’objet de leur conversation : bateau, samedi, 23 heures, port d’Izmir. En route pour la Grèce ! Ma déception était à la mesure de la faim qui me gagnait ce soir-là. Le bateau convenu n’était pas un bateau. C’était un canoë en caoutchouc noir, gonflable, prévu pour une douzaine de personnes. Et nous étions plus d’une trentaine à attendre pour embarquer. Nous avons réussi à négocier nos places avec le passeur pour embarquer au centre du bateau. Papa m’avait expliqué

FICHE 4

que les places sur les côtés étaient plus dangereuses car le mélange entre le carburant et le sel de la mer pouvait provoquer de fortes brûlures. L’un de nos compatriotes de voyage a d’ailleurs été brûlé. La traversée a été longue et difficile. Plusieurs femmes ont été malades car le bateau bougeait beaucoup à cause des vagues. Mais ce n’était pas le pire : nous avions à peine commencé notre dangereux périple qu’il s’est mis à pleuvoir. Quand la mer a commencé à se déchainer, je ne songeais plus qu’à une seule chose : quitter ce bateau. Selon le passeur, les côtes de Lesbos n’étaient qu’à une centaine de kilomètres de là. Pour moi, c’était une éternité qui me séparait des portes de l’Europe. J’essayais de me concentrer sur de chouettes souvenirs : l’odeur du jasmin, les éclats de rire d’Asia, la douceur de maman. La seule pensée de nous imaginer réunis tous les quatre a suffi à me garder en vie.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 5

S’INFORMER

Moi, Hamid, réfugié syrien. Mots croisés Réponds aux questions du mot-croisé et découvre le mot caché.

2.

5.

4. 8.

3.

6.

mot caché

7. 9.

1.

1. Nom du pays d’Hamid. 2. Prénom du président syrien qui est au pouvoir depuis 2000. 3. Nom d’un des groupes rebelles qui terrorise la population syrienne : _ _ _ _ Islamique. 4. Lieu de protection internationale et de transit où Hamid arrive à Izmir . 5. Terme qui désigne une personne qui a quitté son pays en quête d’une protection internationale. C’est un demandeur d’ _ _ _ _

6. Statut que l’on accorde à des personnes qui sont en danger dans leur pays. Il dépend de la Convention de Genève. 7. Ville portuaire qui se situe entre la Turquie et la Grèce. Lieu d’embarquement pour Hamid. 8. Moyen de transport utilisé par Hamid pour arriver sur l’île de Lesbos en Grèce. 9. Autre mot pour désigner « monsieur X ».

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 6

S’INFORMER

La traversée d’Hamid. Eléments à relier Relie chaque étape du parcours d’Hamid à son explication.

1.

v v

2.

v

3.

v

v

5.

v v

6.

v

7.

Moyen de transport utilisé par Hamid pour traverser la Turquie et arriver jusqu’à Izmir. Personne peu recommandable à laquelle Hamid et son père recourent pour prendre le bateau entre Izmir (Turquie) et la Grèce. C’est l’autre nom de monsieur X.

v

v v

v

Zone de contrôle où Hamid et son père vont arriver après avoir pris le bateau jusqu’aux frontières de l’Europe. Il en existe deux principales: en Italie et les îles grecques (Lesbos). On y applique le Règlement de Dublin. En fonction de certains critères, Hamid et son père seront redirigés (ou non) vers un des pays de l’Europe.

v

Situation de la Syrie depuis 2011

CAMP DE RÉFUGIÉS

v

HOTSPOT

PASSEUR

v v

v

STATUT DE RÉFUGIÉ

v

v

GUERRE

v

BATEAU

v

v

Statut juridique qu’Hamid et son père espèrent obtenir après avoir introduit une demande d’asile. Sur base de la Convention de Genève, on leur accordera peut-être ce statut car ils sont persécutés en Syrie du fait de leurs opinions politiques.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

v v

Moyen de transport utilisé par Hamid pour quitter Izmir et arriver jusque l’île de Lesbos, en Grèce

v

v

4.

Zone de protection et d’accueil dans lequel Hamid et son père ont trouvé refuge en Turquie. Il en existe aussi en Jordanie, au Liban. On y reçoit de la nourriture, un logement et des soins.

v

v

CAMION PICK-UP

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 7

S’INFORMER

La traversée d’Hamid. Carte Visualise les différentes étapes du parcours d’Hamid en te basant sur la carte du monde ci-dessous. Fais le lien avec ce que tu as découvert dans la FICHE 6 mmm et indique le numéro de chaque étape de la traversée dans le petit encadré.

GRÈCE TURQUIE

Istambul

Lesbos

Izmir Alep

SYRIE

LIBAN Damas

JORDANIE

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 8

S’INFORMER

Dans la peau d’une personne migrante Les personnages du jeu

Hamid et Asia, Syrie

Fatou, Guinée

Je m’appelle Hamid et je suis né à Alep, une ville au nord de la Syrie. Mon père, un opposant au régime tyrannique de Bachar el-Assad, est menacé de mort car il a osé affirmer qu’il souhaitait des élections libres. Dans la foulée, des groupes rebelles ont pris possession de la ville et ont transformé notre pays en un bain de sang. La Syrie est en guerre depuis 2011 et vie y est devenue insupportable.

Je m’appelle Fatou, j’ai 14 ans et je suis originaire de Guinée, un pays situé en Afrique de l’Ouest. Je suis l’ainée d’une famille de six enfants et mes parents veulent me marier avec un homme de 48 ans particulièrement violent. Plutôt que d’accepter ce mariage forcé, j’ai préféré fuir mon pays.

Mina, Afghanistan

Edson, Haïti

Je m’appelle Mina et je suis née en Afghanistan. Dans mon pays, nous ne sommes pas libres. Nous subissons la pression des talibans, un groupe religieux extrême, et nous sommes obligés de vivre notre foi dans le plus grand. Privés de notre liberté de culte et sans cesse menacés de mort, nous n’avons pas eu d’autre choix que de fuir.

Peut-être as-tu déjà entendu parler de mon pays, Haïti ? Cette petite île des Caraïbes a été touchée par le terrible ouragan Matthew en 2016. Depuis lors, les tempêtes, cyclones et pluies torrentielles s’enchainent. Notre maison a été emportée et les terres cultivées par mes parents ont été inondées. Nous sommes à la recherche d’un pays où nous pourrons vivre décemment.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


Jeu

Dans la peau d’une personne migrante

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

ÉLÈVE

mmm

FICHE 9

MIGRATIONS



ÉLÈVE

mmm

FICHE 10

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS



ÉLÈVE

mmm

FICHE 11

S’INFORMER

Règles du jeu Case

Situation

Tu as dû réunir toutes tes économies pour payer le passeur. Ta famille, qui est restée au pays, s’est endettée. Après avoir déjà payé la 1re et 2e tranche, le passeur vient te voir dans un ghetto à Agadès au Niger (lieu de transit avant d’aller prendre le bateau sur les côtes en Libye). Il te demande de payer la 3e et dernière tranche : celle-ci s’élève à 500 euro.

Tu les lui donnes mais ce sont les économies de toute une vie. Tu n’as maintenant plus d’argent et le parcours qui t’attend jusqu’à l’arrivée est encore très long et dangereux.

Tu es sur le bateau et la nuit tombe. Il fait très froid et il commence à pleuvoir. Au loin, tu vois que les vagues s’agitent.

Le trajet dure toute la nuit mais c’est très long et éprouvant vu les conditions météorologiques et le climat d’insécurité dans lequel tu te trouves.

Le réservoir d’essence a été rempli avant la traversée. En pleine mer, tu entends que le moteur est en train de s’essouffler. Tu comprends très vite qu’il n’y a aura pas assez d’essence pour que le bateau puisse arriver à destination.

 Tu n’as pas assez d’argent pour payer le passeur et tu cherches un « deal » pour monter dans le pick-up qui t’emmènera sur le bateau. Le passeur te propose de payer « autrement » TIRE LA CARTE « GENRE » Tu es un homme : pour payer la traversée, tu es rendu en esclavage. Tu es forcé de travailler sans rémunération et le passeur te violente. Tu es une femme : pour payer ta traversée, le passeur te contraint à te prostituer.

TIRE LA CARTE « GENRE » Tu es un homme : tu n’as pas réussi à négocier ta place et tu te trouves assis sur les côtés du bateau. C’est un endroit particulièrement dangereux mais tu n’as pas le choix. Tu arrives sur les côtes sain et sauf mais tu t’es brulé le bras durant la traversée. En effet, la réaction chimique entre l’essence et le sel de la mer produit un liquide qui brûle la peau. Tu es une femme : après de nombreuses demandes, tu as réussi à négocier ta place au milieu du bateau. Même si cet endroit n’est pas des plus confortables et que tu te sens écrasée, il offre au moins l’avantage de ne pas t’exposer aux dangers des côtés. Après avoir stagné durant plusieurs jours, sans eau ni nourriture suffisante, tu aperçois, au loin, un autre bateau qui semble venir dans ta direction. En effet, le droit maritime oblige d’assister les naufragés et on vient te porter secours.

La mer est particulièrement agitée cette nuit et le bateau (gonflable) pour lequel tu as payé s’est retourné en pleine mer. Un des membres de ta famille n’a pas survécu à la traversée. Prends la photo de ta famille (carte personnage) et marque une croix sur l’un des visages. Ta famille n’arrivera donc pas au complet.

Faute de carburant, le bateau pour lequel tu as investi toutes tes économies n’arrivera finalement jamais à destination. Tu sais que les bateaux des ONG sont bloqués dans les ports sur décision politique. Comme ce fut le cas pour 2260 personnes qui ont perdu la vie en Méditérannée en 2018, toi et ta famille mourrez. Vous êtes éliminés du jeu.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 12

Case

Situation

Le trajet en camion pick-up a été long mais il n’y a eu aucun contrôle de police. Tu arrives en Lybie pour prendre le bateau. Tu peux continuer à avancer.

Tu es au Niger. Ce pays vient justement de voter une loi interdisant le transport de personnes migrantes vers la frontière libyenne. Malheureusement, le pick-up dans lequel tu as embarqué vient d’être contrôlé. Le véhicule a été confisqué par la police.

Afrique (Niger) - plateau de gauche Le pick-up dans lequel tu as embarqué roule de nuit afin d’éviter les postes de contrôle officiels. le trajet a été plus long que prévu.

Toi, tu es embarqué au poste de police. Rends-toi sur la case « prison ». Le reste de ta famille ainsi que tes compatriotes de traversée, quant à eux, ont été abandonnés dans le désert. Malheureusement, le climat est aride et il n’y a aucune possibilité de boire ou de se nourrir. En prison, tu apprends que l’un des membres de ta famille a perdu la vie. Marque une croix sur sur son visage.

Europe (Belgique) - plateau de droite Tu viens d’embarquer dans un camion pour lequel tu as dépensé tes dernières économies. Tu entends que le chauffeur est en train de discuter avec la police. Un contrôle se prépare : la police passe une tigette sous la bâche de ton camion pour voir s’il y a des émissions de CO2 (à travers des respirations). C’est une manière de vérifier si le camion transporte des êtres vivants (et des migrants). Tu es conscient.e que tout peut basculer d’un instant à l’autre et tu te tiens prêt.e à toute éventualité. Avant d’embarquer, le passeur t’a expliqué que si un contrôle de police se présentait, tu serais obligé.e de respirer dans un sac plastique pour éviter d’émettre du CO2 et attirer l’attention des policiers.

Tu suis les instructions du passeur et tu respires trois minutes, la tête dans le sac. Tu survis à cet exercice très dangereux.

Malheureusement, l’un de tes compatriotes a suffoqué en tentant de respirer dans le sac, ce qui a attiré l’attention de la police. Un autre est décédé car ce procédé de respiration est très dangereux. En plus d’avoir perdu l’un de vos amis, toi et ta famille êtes embarqués par la police. Rends-toi sur la case « police » la plus proche.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 13

Case

Situation Après plusieurs jours de marche, tu arrives dans un camp de réfugiés UNHCR (en Turquie, au Liban ou en Jordanie par exemple). Un camp de réfugiés, c’est un endroit où tu te sens un peu plus en sécurité et où tu peux demander l’asile. Les conditions de vie y sont basiques. Tu vis dans une tente. Tu as droit à de la nourriture de subsistance, des soins de santé et l’accès à l’éducation. Une vie s’organise mais tu constates que les violences de genre (homme/femme) y sont malgré tout présentes. La nuit, par exemple, tu as peur d’aller aux toilettes. Tu espères obtenir le statut de réfugié·e et bénéficier d’une réinstallation dans un pays de l’Union Européenne.

 Tu as obtenu le statut de réfugié.e et tu vas être réinstallé.e en Belgique. Avance jusqu’à la case arrivée (drapeau). Ton périple est enfin terminé !

 Tu quittes le camp après plusieurs mois car on t’a refusé le statut de réfugié. Tu reprends la route sans savoir vraiment où te diriger.

Case

Situation Tu arrives à la frontière avec l’UE par la Méditerranée et tu débarques dans un hotspot. Un hotspot, c’est un endroit qui ressemble à un camp d’accueil. En Europe, il y en a deux principaux : en Italie et en Grèce. Toi, tu atterris en Grèce. Dans un hotspot, on y fait deux choses : D’abord, on t’identifie en prenant tes empreintes digitales. Ensuite, on s’intéresse aux raisons de ton exil. Concrètement, on fait le tri entre les personnes migrantes : Certains et certaines bénéficieront d’une relocalisation (en Europe ou ailleurs) en fonction de leur situation personnelle ou du degré de danger dans lequel ils se trouvent dans leur pays. D’autres n’y auront pas droit car ils sont « hors critère ». Ils·elles seront alors expulsé·e·s

Ton dossier est examiné et les nouvelles sont positives. Tu vas pouvoir être relocalisé.e en Belgique. Rends-toi directement sur la case CGRA (deux personnes qui discutent). Ta demande va seulement être étudiée

Tu penses que, vu ta situation personnelle, tu n’obtiendras pas le statut de réfugié·e et tu ne pourras pas être relocalisé·e. Pour éviter d’être expulsé·e, tu décides de brûler tes bouts de doigts afin qu’on ne puisse pas relever tes empreintes lors du contrôle d’identité. (C’est ce qu’on appelle « être dubliné !). C’est très douloureux mais tu n’as pas d’autre choix si tu veux continuer ta route. Etre dubliné … explication Le Règlement de Dublin a été signé par les pays de l’Union Européenne. On considère que le premier pays de l’UE dans lequel tu atterris doit s’occuper de ta demande d’asile. C’est pour cela qu’on relève les empreintes digitales. Très souvent, les personnes migrantes arrivent en Italie ou en Grèce car ce sont les pays les plus proches de la Méditerranée.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 14

Case

Situation La police organise des rafles auprès des écoles, dans les gares et les places publiques pour contrôler l’identité des personnes sur son territoire. Tu es arrêté.e et auditionné·e par la police. Ton permis de séjour n’est pas en règle.

Tu reçois, pour la première fois, un ordre de quitter le territoire. La police finit par te relâcher.

C’est déjà la 2e fois que tu reçois un ordre de quitter le territoire. La police décide de te placer en centre fermé en vue de t’expulser. Rends-toi sur la case « centre fermé ».

Case

Situation

Tu voudrais introduire une demande d’asile à l’Office des Etrangers afin d’obtenir ton permis de séjour. Tu as déjà fait la file plusieurs jours et à chaque fois, on te dit de revenir plus tard. Le CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides) veut t’entendre sur ton parcours. Mets-toi dans la peau de ton personnage et raconte toute son histoire depuis le début (le pays que tu as quitté, ta rencontre avec les passeurs, le passage dans les camps de réfugié, etc…)

Le CGRA estime ton histoire « crédible ». Tu vas peut-être obtenir le statut de réfugié.e et pouvoir rester en Belgique. Avance jusqu’à la case à côté (Visa accepté).

Le CGRA estime que ton discours n’est pas crédible. En effet, tu leur as semblé.e légèrement incohérent.e et certains éléments de ton récit se contredisent. De plus, tu n’as aucune preuve en ta possession (certificat, attestation, documents valables, etc.) permettant de vérifier tes dires. Reste sur cette case jusqu’à ce que tu tombes sur . pour le moment, tu es un·e sans papier.

Case

Situation Aujourd’hui, tu as de la chance !

Virginie, une hébergeuse du parc Maximilien t’accueille, toi et ta famille, le temps que tu trouves tes marques en Belgique. Tu vas pouvoir respirer un peu. Tu viens de retrouver un ancien compatriote de ton pays. Il te fait découvrir la Belgique et t’aide dans les démarches administratives.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 15

Case

Situation Tu as introduit une demande d’asile qui a été « entendue » par le CGRA. Il te reste une dernière étape : savoir si ta demande sera acceptée ou non.

Le CGRA vient d’examiner ton dossier. Ta demande de protection sera acceptée (ou non) en fonction de ton personnage : Tu es Hamid (Syrie) : tu es accepté En effet, la Belgique considère que tu es en danger en Syrie. Tu es Fatou (Guinée) : tu es acceptée En effet, tu es mineure et tu bénéficies d’une protection particulière. Tu es Mina (Afghanistan) : tu n’es pas acceptée En effet, la situation de sécurité en Afghanistan est jugée comme assez « sûre » par le CGRA. Tu es Edson (Haïti) : tu n’es pas accepté En effet, il n’existe pas de statut de « réfugié climatique » Si ta demande a été acceptée, rends-toi sur la case « arrivée ». PS : Si tu n’as pas réussi à obtenir ta demande d’asile, tu continues à vivre en Belgique mais tu vis sans permis de séjour. Tu ne peux pas trouver de travail, de logement ni avoir accès à une mutuelle. Tu restes donc un.e sans-papier.

Case

Relance le dé. S’il indique  Si tu n’as pas réussi à obtenir ta demande d’asile, tu continues à vivre en Belgique mais tu vis dans la clandestinité. Tu ne peux pas trouver de travail, de logement ni avoir accès à une mutuelle. S’il indique  Tu es en danger dans ton propre pays mais le gouvernement ne veut pas l’entendre. Tu reçois un ordre de quitter le territoire. Rends-toi sur la case « centre fermé ».

Case

Situation

Situation Ta demande d’asile a été acceptée et tu obtiens ton statut de réfugié.e. Tu peux désormais louer un appartement, trouver un travail et t’inscrire à une mutuelle et ouvrir un compte en banque.

Tu te trouves au centre fermé. Demain, tu seras expulsé.e vers ton pays d’origine ou vers lequel tu as transité avant d’arriver en Europe (Grèce ou Italie). Tu sais qu’un grand danger t’attend mais tu n’as plus le choix.

Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 16

CRÉER

« Home » de Warsan Shire Personne ne quitte sa maison A moins d’habiter dans la gueule d’un requin Tu ne t’enfuis vers la frontière Que lorsque toute la ville s’enfuit comme toi. Tes voisins courent plus vite que toi Le goût du sang dans la gorge Celui qui t’a embrassé à perdre haleine Derrière la vieille ferronnerie Traine un fusil plus grand que lui Tu ne quittes ta maison Que quand ta maison ne te permet plus de rester. Personne ne quitte sa maison A moins que sa maison ne le chasse Le feu sous les pieds Le sang qui bouillonne dans le ventre Tu n’y avais jamais pensé Jusqu’à sentir les menaces brulantes de la lame Contre ton cou Et même alors tu conservais l’hymne national A portée de souffle Ce n’est que quand tu as déchiré ton passeport Dans les toilettes d’un aéroport En t’étranglant à chaque bouchée de papier Que tu as su que tu ne reviendrais plus. Il faut que tu comprennes, Que personne ne pousse ses enfants dans un bateau A moins que la mer te semble plus sûre que la terre Personne ne brûle ses paumes Suspendu à un train Accroché sous un wagon Personne ne passe des jours et des nuits dans le ventre d’un camion Avec rien à bouffer que du papier journal A moins que chaque kilomètre parcouru Compte plus qu’un simple voyage. Personne ne rampe sous des barrières Personne ne veut être battu Ni recevoir de la pitié Personne ne choisit les camps de réfugiés Ni les fouilles à nu. Qui laissent ton corps brisé Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS


ÉLÈVE

mmm

FICHE 17

CRÉER

Le journal d’Asia

Le

(date)

Cher Hamid,

Ta sœur, Asia Centres fermés et camps de réfugiés - Le Monde en Classe no 2 - Année scolaire 2018-2019

MIGRATIONS



Le CNCD-11.11.11 regroupe près de nonante organisations actives dans le domaine de la solidarité internationale, parmi lesquelles des ONG et des syndicats. Il a pour mission la sensibilisation, le plaidoyer politique et la récolte de fonds (Opération 11.11.11). Abonnement gratuit www.cncd.be/le monde en classe

Le Monde en Classe, kesako ? Le Monde en Classe est un outil trimestriel d’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire. Il permet d’aborder, avec les élèves de l’enseignement primaire, des grands enjeux mondiaux tels que les inégalités, l’agriculture et l’alimentation, les migrations et les changements climatiques. Dans chaque dossier, nous partons de la réalité de communautés du Sud que nous connaissons via nos partenaires et ONG membres. Leur situation est en général difficile, mais nous l’abordons à travers des fictions qui mettent en scène des enfants d’environ 6-12 ans. Ces fictions comportent une part de rêve et de fantaisie. Nous imaginons ainsi des histoires correspondant aux trois niveaux de complexité qu’offre Le Monde en Classe et qui couvrent les besoins de l’enseignement primaire. Ces niveaux sont symbolisés par des étoiles m. Par ordre croissant de complexité, Le Monde en Classe offre un micro-récit, une bande dessinée et un récit illustré. Il comporte aussi un photo-langage en couleurs. Ces histoires sont le point de départ de séquences pédagogiques. Chaque dossier en propose ainsi l’exploitation, et ce, sur des modes différents : s’informer, créer, se mobiliser. Les élèves plus âgés seront amenés à réfléchir aux problèmes concrets des communautés du Sud illustrés dans le récit, et à quelle solution

leur donner. Ils découvriront aussi les réponses réelles apportées par les associations locales du Sud avec lesquelles travaillent nos ONG membres. Ces informations sont reprises sous le titre « changer le monde ». Et comme ce genre de situation n’est bien souvent qu’un exemple parmi des milliers d’autres, on amène les élèves à prendre conscience de la dimension souvent planétaire du problème qu’ils découvrent. Ce faisant, ils se dotent d’acquis nécessaires à exercer leur rôle de « citoyens mondiaux et solidaires ». Un dossier du Monde en Classe se compose de fiches « PROF » et de fiches « ÉLÈVE ». Les premières offrent à l’enseignant des informations et des propositions de séquences pédagogiques à faire en utilisant les fiches ÉLÈVE. Les fiches ÉLÈVE sont à photocopier et distribuer aux élèves. Elles comportent les histoires à lire et des supports graphiques pour les activités de type s’informer, créer et se mobiliser, ainsi que les informations de type « changer le monde ».


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.