LMA Sept/Oct 2018

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Dans le monde entier, l’artisanat français, tous secteurs confondus, c’est l’art du « faire », du savoir-faire parvenu à une maturité inégalée. Savamment allié à leur savoir-faire unique, l’usage des nouvelles technologies fait d’eux des leaders. Sur le plan de la haute technicité, au service de l’excellence, et donc de l’innovation. Osons donc affirmer que l’avenir de l’économie française est dans la main, leurs mains.

T

out part de la main, d’un savoir-faire peau-

finé pendant des siècles et arrivant jusqu’à

l’ex-apprenti devenu artisan. Il y a en effet un art de la plomberie « à la française »,

de la boucherie « à la française », etc. « L’avenir de la

boucherie est aujourd’hui de revenir au savoir-faire ancestral avec des outils modernes », affirme Laurent Rigaud, boucher à Wambrechies (Nord) (lire ci-des-

sous), qui a investi dans un laboratoire permettant d’optimiser la découpe, la maturation et la conservation de la viande. Car le geste, il l’a acquis, et « il n’y a pas 36 façons de découper la viande ! ». Pour

écrire l’avenir, l’artisan doit associer le « faire » aux

nouvelles technologies, quelles qu’elles soient. Nicolas Bard, cofondateur de Make Ici, réseau de fablabs en

France (350 résidents à fin 2018) voit plus loin. « Les métiers de l’artisanat auront un grand rôle à jouer.

Un écosystème d’artisans est une source d’innovation hallucinante. Il y a chez nous un savoir-faire incroyable sur les nouveautés (matériaux) et techniques. » Un savoir-faire que l’on vient chercher.

INNOVER AUTREMENT

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Laurent Rigaud (Boucherie Rigaud et filles, dans le Nord) peaufine son savoir-faire depuis trente ans. « Pendant quinze ans j’ai eu un élevage et un chevillard (l’intermédiaire entre le champ et le boucher). » Il y a neuf ans, il vend ses quatre entreprises pour investir (1,50 M€) dans une seule boucherie (17 personnes), summum de l’excellence : magasin très moderne, laboratoire fonctionnel, chambres de maturation… « À tout moment le client peut venir visiter notre outil de production, nous travaillons dans la propreté absolue. L’innovation c’est d’abord la transmission de nos compétences à nos salariés. » Résultat, un CA en constante augmentation (1,30 M€ en 2017). Il mise désormais sur l’humain : « Nous allons intégrer un jeune trisomique, nous nous sommes battus pour qu’il rentre dans un CFA ordinaire. » L’entreprise pilote, suivie par le Conseil régional des Hauts-de-France, servira de modèle d’intégration de

© MÉLANIE KOCHERT

www.boucherie-rigaud.fr

Le Monde des artisans ❘ septembre/octobre 2018

© O. MULLIE-DUBUS - CLAIR D’IMAGE 2012

personnes en difficulté.


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