Poussière

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Poussière

michel lombardo Clair Charpentier

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Et courageusement l'arbre s'élève toujours plus haut toujours plus bas Et courageusement tu suis ton rêve toujours plus las toujours plus las

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Ton absence laisse froid le lit de ma mémoire Je hais cette chimère aux yeux caves martelant mes murs Que vient-elle à nouveau écorcer mes paupières ? Ton absence a glacé le lit de ma mémoire.

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Théorêve

I) Vie = attente angoissée de la mort Mort = état du nul besoin : la vie est inutile ! II) la vie est inutile je peux choisir : que choisis-tu ? ... Et courageusement l'arbre s'élève toujours plus haut toujours plus bas...

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L'armoire est close La porte est close l'armoire est close tout est clos fermé Il est impossible de se faire ouvrir les portes de se faire entendre Les organes des sens intensément se tendent vers le néant individuel Rien n'existe plus que SOI Soi n'est pas, soi soit L'armoire est close, les yeux les oreilles les pores les narines les papilles sont clos Il rit il raille il dort il est clôturé l'AUTRE Une barrière l'englobe le défend

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Acte

L'arbre mûrit dans ton ventre fertile tu sens ton épiderme rayonner de racines tes pores enfantent. Il est l'heure de la vraie récréation. Quelle flamme tout à coup appelle à ton visage ce cuivre vibrant ? Ce gong à ton gosier ! cuivre vibrant ! C'est l'été des globules. L'arbre éclate ses fruits en ton ventre fertile.

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Alter Ego Je suis celui qui ne t'attends plus Avec la craie du bonheur Je souligne tes frissons Et je t'ai rejointe aux portes des aubes insoumises au soleil Nous sentîmes ensemble l'ivresse des rosées évaporées Maintenant Je suis celui qui ne t'attends plus Je fus celui qui t'attendais Je ne savais rien alors des flammes fleurs fragiles inouïes Je ne savais rien alors du sourire des racines tentantes Je fus celui qui t'attendais Je suis celui qui ne t'attends plus Avec les larmes du soleil je crée un nuage brodé Avec les doigts du vent je soulève la poudre des étoiles Et nous voilà noeuds du même tronc Maintenant je suis celui qui ne t'attends plus Je suis celui qui t' attendais J'avais froid j'avais faim je voulais approfondir mon sommeil et voir après J'avais faim j'avais soif d'une fontaine essentielle Je suis celui qui t'attendais Je suis celui qui ne t'attends plus "J'apprends l'alphabet aux fourmis" Je déserte l'armée des ombres caverneuses et je poursuis un souvenir ineffable, fabuleux : Nous ! Et je t'ai rejointe sur un phare ensemble nous voilà Racines du même jardin Maintenant je suis celui qui ne t'attends plus Je suis celui qui t'attendras encore encore encore pendant quatre vingt six mille quatre cents secondes chaque jour

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le vent la vie la vie le vent vent joli vent sauvage sauvage insoumis et mouvant le vent la vie courage le vent l'espoir l'espoir le vent vent courant vent sauvage sauvage insoumis et mouvant le vent l'espoir la rage le vent l'amour l'amour le vent vent brillant vent sauvage sauvage insoumis et mouvant le vent l'amour la cage le vent et toi toi et le vent vent ĂŠmu vent sauvage sauvage insoumis et mouvant le vent et toi trop sage le vent la mort la mort le vent vent cruel vent sauvage sauvage insoumis et mouvant le vent la mort outrage

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L'Impasse

Le temps souffre d'ennui. Musique grinçante. Non, je ne veux pas ! Mais qui suis-je ? Le temps souffre d'ennui. Soupirs incandescents. La rue qui lentement déverse ses instants de bitume ne rencontre que la rue Longue ville trop longue vie Il est partout des murs dressés à perte de regards Tu peux savoir fouiller au travers Mais il te faut du temps, longue litanie de secondes. Le temps souffre d'ennui Les toits suintent leurs tuiles au fil des nuits pleureuses sur les vitres opaques des façades. Longue ville Tous les arbres ici sont équipés de grilles contre le vice des chiens Toi tu peux déléguer ta main au travers et caresser la rugosité de l'écorce Mais tu n'as pas le temps tu passes trop vite. Musique grinçante Chacun au coude à coude sur les trottoirs luisants divorce d'avec la multitude et bousculé par tous piétine l'envers de ses yeux cernés Trop longue vie Chaque forteresse resserre ses créneaux ! Lâchez la herse ! Hissez le pont-levis ! Tu peux passer à l'abordage tendre la main et comprendre Tu ne peux reposer que sur toi. Alors tu vas, tu vas. Soupirs incandescents.

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Tu regardes. Tu regardes dans la cheminée se consumer le bois. Tu regardes. Tes yeux fixés sur l'or des flammes. Tu regardes, emportés sur les vagues brûlantes. Tu regardes. Tu regardes souffrir la braise dans la cheminée. Tes yeux blottis sur l'or incandescent. Le regard vague, vague, tu regardes... Tu regardes. Tu regardes les doigts des flammes. Mains ouvertes, offertes. Tu n'as rien retenu. Pas pu retenir. Tu regardes. Tu n'as pas retenu. Pas pu retenir. Fumée. Tu regardes saigner la bûche. Tu l'as regardée. Les yeux vagues, vagues, tes yeux fixés sur l'or des flammes emporté sur un fleuve de lave tu regardes tu regardes mouvantes étincelles le coeur de braise qui saigne. Souffrir ? Tu regardes ta souffrance braise lumineuse dans la cheminée. Tu regardes. Tu regardes. Tu regardes les doigts brûlants. Mains crispées dans la cheminée. Doigts brisés, souvenir brisé. Tu regardes. Tu n'as pas retenu. Tu regardes. Tu regardes. Tu n'as rien retenu. Pas pu retenir. Flamme folle fumée. Tu regardes. Tu emplis tes yeux de flammes. Tes yeux vidés de flamme. Tu regardes tes mains devant la flamme. Tu les regardes, les retournes plusieurs fois sous le feu de ton regard. Tu remues tes doigts un après l'autre. Tu crochètes tes doigts un après l'autre. Tous ensemble, comme s'il fallait retenir. Tu regardes en contre flamme tes mains. Tu regardes jusqu'en perdre le souffle. Tu les tournes, les retournes sous tes yeux. Par elles tu captes la chaleur des braises saignantes. Tu regardes la flamme. Pirouette. Tu l'as regardée lentement s'évaporer. Tu regardes. Mains crispées. Doigts brisés. Tu regardes la flamme. Pirouette. Tu l'as regardée lentement s'évaporer. Tu regardes tes mains capter la chaleur des flammes doigts tendus maintenant. Tu regardes ton cri éclater sur tes lèvres. Tu regardes éclater le bois de la bûche. Tu retiens ton cri bouche ouverte, offerte à la flamme. Tu regardes. Tu te laisses pénétrer par la chaleur des flammes tendues vers tes doigts. Coeur de braise à vif. Tu regardes. Tu regardes. Les yeux fixés par-delà la lumière. Tu regardes, regardes. Pirouette tu l'as regardée se fondre dans la brume de la rue. Tu regardes chaudes couler les ravines sur ton visage éclairé. Tu regardes. Tu regardes. Fumée folle flamme. Livres lus verres bus, abandonnés au souvenir. Tu regardes trembler les flammes. Tu regardes tes doigts qui vacillent. Tu n'as pas retenu. Tu regardes. Pas pu retenir. Tu n'as rien retenu. Tu regardes. Souffrir ? Tu regardes fleurir ta souffrance, braise lumineuse. Tu regardes. Tu regardes un cri lentement monter vers tes dents. Tu regardes. Tu l'as regardée prendre au coin de la rue un éternel départ. Tu regardes. Tu cries. Tu crispes. Tu regardes. Tu tombes tu crispes tu cries tu cries tu tombes tu regardes... Et tu vois. Tu vois s'enfuir au loin. Tu vois s'évaporer -au loin- s'évaporer, s'évaporer en voiles fluides dentelles de lune froides et blanches. La mort. Tu vois une ombre nuage évaporé. Une odeur d'enfer, tu vois. Un dégoût immense, tu vois. Angoisse, tu vois. Tout s'enfuir au loin. Tout, c'est un nuage, c'est une espérance d'éternité. Déçu. Tu vois. S'évaporer au loin, s'évaporer s'évaporer. Tu vois yeux clos, bouche offerte, bras attentifs tu vois. Tu vois une vague submerger tes cils, tu vois un vent souffler le luminaire dans ton coeur. Tu as peur, tu vois, tu t'angoisses, tu pleures. Une vague te submerge. Tu te noies, tu étouffes, tu souffres, tu cries tu tombes, tu te noies, tu souffres, tu cries, tu tombes Tu vois Tu l'as regardée S'ENFUIR.

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Tout tourne autour de toi. Tu sens l'alcool crever ta panse, labourer tes tripes sales. Tu sais le sang battre tes tempes. Tu souffres. A hurler. Tu imagines l'alcool irriguer ta pauvre cervelle débile. Tu hurles. Tout tourne autour de toi. Tes yeux sont profonds comme un verre de vin vidé. Tu penses l'alcool crever ta panse, arracher tes intestins souillés. Tu as mal. Tu cries, tu renverses la tête. Tu égares ton regard. Chaque étoile s'égare dans ton regard. Les yeux noyés, lavés, délavés, avalés, emballés enflés rouges. Tu sens l'alcool crever... Tu crèves, tu souffres, tu hurles. Ton cri s'enfle, s'écrase, s'évapore, coule sur tes lèvres, emplit chaque pore de ta peau fatiguée. Tout tourne autour de toi. Tu sens crever l'alcool crever ta panse. Tu as mal. Tu cries. Tu renverses la tête, le ciel t'éclabousse comme un vomis. Tu enfonces entre tes dents jaunies une main tremblante. Tu mords. Tu as mal. Tu cries. Tu taraudes ton ventre d'un poing pénétrant. Tu surgis tout à coup au fond de toi; tu ne te reconnais pas. Tu te perds et tu es heureux de t'égarer. Tu as mal. Tu accueilles ta souffrance mains tendues. Tu la vénères et la divinises, lui édifies un autel liquide. Tu as mal. Tu souffres tu es bien. Tu tournes autour de tout. Manège. Musique. Tu bourdonnes. Tout bruit, tout écho. Tu renverses le ciel, les étoiles sur tes dents vibrent de toutes parts. Tu cherches une falaise pour jouir du vertige. Tu sais l'alcool tentaculer dans tes membres exténués. Fatigué de vivre. Tu appelles l'angoisse. Tu as mal. Tu es bien. Tu cries. Ton poing fouille ton estomac -tu cries- ton cri saigne sur le pavé de la nuit. Brillant. Baroque. Tu sens l'alcool crever tes entrailles, fluidifier tes testicules, dissoudre tes vertèbres. Tu as inconscience de ton corps. Tu souffres. Tu es bien. Tes yeux se creusent. Tout à coup, tu ris, ris, ris, ris si fort. Tu trembles, tu ventes. Tu te ressembles. Tu es perdu. TU ES PERDU. Mais tu t'en fous. Adieu. Tous. Alcool. Tu cries, tu ris tu as mal, tu souffres, tu es bien, tu attends. L'instant. Tes yeux se vaguent, se voilent. C'est fini, tu t'endors.

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Exprimer ce flux sans cesse mouvant Des mots seuls rivés sur le blanc de la page ne sont que l'imparfait reflet de cette marée Mots noirs en deuil des pensées Un alignement de croix : la page cimetière. Mais aussi ils nous entraînent loin loin si bas Hors de nous mêmes, n'est-ce pas ? Que ce passe-t-il ? tout à coup ? Plus rien. Il en faut revenir à la traditionnelle introspection. Oui, enfin tu avoues. Et tu laisses la parole à toi-même. Ne rien trouver en toi qui ne puisse servir à te rendre un sourire. Un néant un désir de néant. Un affolement général des cellules cérébrales ne te sauve pas. Dire que tu es malheureux ? Pourquoi ? Cela est faux. Malheur est indéfinissable donc tu n'es pas malheureux. Vide, simplement vide. -Avoir un coeur vide et ne rien trouver à mettre dedans. -Allusion vaseuse pour dire que le contenu ne répond pas au contenant.

... Et courageusement l'arbre s'élève toujours plus haut toujours plus bas ...

____________________________________________ Inexorablement tu t'en vas vers la conviction de ta fin prochaine et volontaire INEXORABLEMENT ..............

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...Inexorablement tu chemines vers ta fin prochaine et volontaire Et pas besoin de justification Seul le besoin de communiquer encore et encore peut-être pour t'accrocher encore encore et encore peut- être pour t'accrocher encore enc... Ici le dérapage littéraire est d'un grand secours Pour dissimuler une soif de vivre Mais le verre est vide.

Qui te servira à boire Allons bonnes gens un bon geste Allons allons allô ? Non ? personne. Bon tant pis tu meurs de soif. Pas besoin de communication Seul le besoin de justifier peut-être. Peux-tu être ? Inexorablement tu rampes vers ta... ........................................ Et courageusement l'arbre s'élève toujours plus haut toujours plus bas

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Vieux écrits en n'y prenant pas garde.

Impulsion

vague vague roule roule haute haute s'abat s'écrase homme homme coule coule bas bas broyé écrasé trompette tempête vent souffle houle bouge barque éventrée soufflée vague vague foule foule compacte serrée soulève barque éventrée soufflée broyée homme homme chien hurle hurle mort enveloppe embrasse vague divague saoule saoule bute débute titube rebute chute homme souvenirs noyés perdus enfouis broyés

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Vieux écrits en n'y prenant pas garde. Jour de crise : 1) Ah, ces jours mornes visqueux d'ennuis ces pales nuits vides sans bornes Ah, ces jours mornes fuyant la vie ces jours d'ennui vides sans bornes Ces mornes jours jours de pâleurs vides d'amour Plus de chaleur finie la vie rien que l'ennui !

2) Ah, la barbe! s'exclame l'imberbe Il me rase! répond le mur l'imberbe ouvre des yeux ronds étonnés mais ne vois pas le mur il s'y cogne et en crève.

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3) Un arbre du jardin pointe dans le soir ses branches effeuillées Et nargue les nuages Ah, arbre fou Un arbre du jardin s'écrase dans le noir sur l'herbe délavée la foudre s'est vengée arbre fou

4) Il était un enfant pâle et sans force Il était un enfant blond yeux délavés malades malades Et lui aussi était malade fiévreux Il mourut au premier jour de pluie au premier jour d'automne Le ciel pleure toujours les enfants morts à l' automne

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Vieux écrits

Foetus crématoire

Décor : Deux vieux amants deux personnages d'un certain âge cherchent un salut dans la fécondation

Extrait d'un quotidien quelconque : (dire très vite) A vingt heures hier soir un enfant est mort-né 16


Vieux écrits P(a)=======>P(b) ou Orgueil Proposition a : Fou, fou, fou je bois bois comme un trou c'est le rhum le sérum (pourquoi ? [à ne pas prononcer à haute voix]) Proposition b : Avez-vous lu Verlaine ? Avez-vous lu Rimbaud ? Si vous pleurez leur peine si vous aimez leurs haines vous aimez Lombardo ....!

C.Q.F.D.

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Vieux écrits (moins anciens)

Du coeur en branche douze fleurs blanches bouquet de coeurs douze fleurs Amour tout court arbre en coeurs boisson charme larme un pot de coeurs verre à liqueur Ivresse Caresse Blesse Du coeur au ventre

RENTRE à la maison polisson 18


Piètre illusion, tu n'appartiens qu'à mes pensers. Et quand j'ai le bonheur de voir flotter ton ombre, Je ne peux m'empêcher, je suis fou, je le sais, D'avoir une âme sombre.

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.../... dans cette chambre pâle tu le sais, tu vas mourir et tu attends tu attends tu attends l'Ordre Final ! l'ultime révolte de ton corps Tes secousses anciennes frissonnent encore L'instant pluvieux de ta naissance se projette sur ta rétine fatiguée. La souffrance de ta mère pénètre ton coeur et le déchire te blesse et tu saignes comme les cris de ta mère Et tu cries toi aussi des contractions de ses entrailles Fin du bonheur foetal fin de la natation orgasmique fin des nourritures communes l'ombilic est sectionné ! Définitivement. C'est le commencement de ta chute qui te mènera devant ce gibet volontaire qui te fascine Puis sans secousse tu regardes ta lâcheté en face Ce jour où tu as refusé, la peur hachant tes tripes tu t'es frayé un passage dans la fuite devant cet autre gamin que tu ne savais pas haïr et qui te haïssait Cet alter ego agressif... Tu as fui, lâche ! par peur d'abîmer ta face laide, d'abîmer les vêtements qu' Elle avait mis sur ton corps débile. Et tu enrages de cette ridicule fuite grotesque tu hais cet enfant tu le hais comme tu aimes sa mère devant ce gibet volontaire Plus tard sur la pente de ta vie une femme est passée qui ne ressemblait pas à la matrice de ton corps La croyance ou l'espoir de te libérer du schisme entre l'amour et l'amour impossible que les ciseaux castrateurs avaient consommé un jour pluvieux. Vanité. Toi-même tu t'es fait créateur d'autres angoisses qu'on appelle ton fils qui perpétuera Inutilité! Tu as offert tes poignets volontairement au même sacrifice Angoisse Angoisse Abîme

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Abîme du cerveau qui se perd dans ces similitudes jusqu'à l'ultime certitude du gibet volontaire que tes doigts manipulent et renversent dans un sens dans l'autre pour en percer le véritable sens comme l'insecte de plomb brûlant percera ta tempe froide.

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LABOURAGE DE CRANE

Un puits de sciences pour COMBLER un gouffre d'ignorance ! Absurdité ou gag ?

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Il y en a qui veulent écrire qui veulent dire à l'âme froide du papier des mots apparemment suivis. - des mots, quoi ! Il y en a qui veulent écrire écrire les symboles alphabétiques épousant les circonvolutions le bulbe torturé, pressé, suinte de larmes, des larmes intellectuelles - de vraies larmes, quoi ! Il y en a qui veulent écrire alors ils se taisent, quoi ! 23


Guitares {-MI-} Guitare Sur toi ses doigts se posent et délimitent ton corps de femme pleine Sur ta peau de velours chaud et vivant comme du bois chaud et vivant est gravée de mains impies la Rose aux ténèbres engageantes le vaste réceptacle des obsessions de Mars

{-LA-} Guitare Sur toi ses doigts se posent et te créent femme enfant sur ses genoux offerte à son désir Par la seule force de ses circonvolutions cérébrales il te fait l'Amour un amour exotique brutal caressant Et de ta bouche prisonnière de tes cordes vocales s'échappent tes soupirs assouvis

{-RÉ-} Guitare Ses doigts t'appellent toujours prête à l'accueillir, fragile, dans ton chant à le bercer Il boit le lait anesthésiant de ta voix Tu es son refuge le toit sous lequel il cache son corps souillé

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{-SOL-} Guitare Ses doigts t'appellent Mère charnelle Vierge d'amour de tes lèvres d'acier cheveux vague mer de musique Écume tu soulève ses plaintes tu voyages ses rires autour d'un réseau de nerfs attentifs

{-SI-} Guitare ambiguïté de ton sexe Ses doigts te tremblent excitent ton phallus et pénètrent ton corps Tu réveilles en lui l'amour sacrilège pour son propre sexe la nostalgie du plaisir solitaire

{-MI-} Guitare Ses doigts te tremblent tu lui soumets le problème insoluble de ton androgynie Ange ou Verlaine Il ne sait pas Mais ton mystère est un vertige profond insoutenable et attirant

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{-MI-LA-RÉ-SOL-SI-MI-} Guitare L'espoir est dans tes courbes crucifiÊes au pivot de ta verge L'espoir est dans ses mains vibrantes au rythme de ta voix ... et la vibration de vos dents veut pulser la conque du ciel universel...

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Riez, riez, gens de foi chancelante ! Gaussez-vous, contractez vos entrailles, bourgeois aux gestes fatigués, et que de ce rot nauséeux l'odeur vous empoisonne. Riez, riez, vous qui ne saurez jamais goûter après l'angoisse infinie de ne rien attendre, de n'espérer rien ! Riez ! Riez ! riez ! vous qui n'oublierez pas d'accrocher vos symboles à vos objets. La pauvre angoisse sera morte avant d'avoir vécu. Riez, riez ! de ceux dont les gorges éclatent et se rompent ceux dont les peaux éructent une fièvre sale et poisseuse dont les coeurs descendent les escaliers des ténèbres de ceux dont les yeux les oreilles bourdonnent de couleurs qui poignardent ceux dont les doigts tressautent et s'égarent dont les voix trébuchent et les mots agonisent de ceux enfin qui accueillent dans leur chair et leur âme la divine angoisse d'avoir tout perdu. Riez, riez, gens de foi chancelante, gaussez-vous , contractez vos entrailles, bourgeois aux gestes fatigués...

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