Paroles Suivantes
à l’ombre des chênes le chat plisse des paupières — paisible il s’endort
dès la première heure l’été pèse sur le souffle crissant des cigales
le café tiédit à l’ombre déjà brûlante de l’auvent futile
dans le ciel venteux un gros bourdon jaune et rouge tournoie et vrombit
les fourmis pas sottes contraintes à un dur labeur font le tour par l’ombre
le vent a cessé la fournaise est revenue l’été plie l’échine
la mue de cigale entre les rides du pin — costume de scène
frisson à six heures — je voudrais le conserver jusqu’après midi
des vapeurs torrides serpentent de la vallée jusqu’à l’ombre inquiète
le ventilateur ahane d’un souffle moite — la journée s’étire
les fleurs de troène délient leur parfum gravé de chaleur pesante
le soleil domine à midi dans les collines l’horreur des cigales
matin encore frais — les ombres sont à l’affut des taches solaires
dans le ciel violent ils tournent-tournent sans cesse les gros bourdons lents
un geai sans frayeur glane dans la trace-même des lames grondantes
les ombres s’estompent — farouchement les nuages vaincus par le ciel
pas le moindre souffle pour rider la peau épaisse de la canicule
encore timide le soleil semble hésiter à franchir la butte
la scie des cigales brise le bourdonnement du ventilateur
lent labeur du temps — la fraicheur du matin même n’arase mes rides
le chemin ondoie sous la caresse brûlante d’un soleil féroce
pour la déplacer le moindre geste m’épuise — mon ombre est pesante
d’une aile nerveuse le loriot change de chêne pour se mettre à l’ombre
glissant sur les tuiles pour capturer les étoiles le chat vit sa nuit
un peu moins timide un loriot sur l’olivier près de la piscine
un flux de fournaise force la fenêtre ouverte sur l’été féroce 154