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“BOMBE” PATRONALE À BOSAL ANNEZIN

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CONTRE LA PRIVATISATION DE LA POSTE

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CONSTITUER UN LARGE FRONT

POUR SAUVER LA POSTE PUBLIQUE

LE TRADITIONNEL RENDEZ-VOUS D’ÉTÉ DES COMMUNISTES DU PAS-DE-CALAIS AURA LIEU

LE JEUDI 20 AOÛT À SALLAUMINES À PARTIR DE 18 HEURES AUTOUR D’UN BARBECUE RENDEZ-VOUS ESPACE VERT DELEURY (FACE À LA MAIRIE PAR LA RUE DE SOLESMES)

128, B OULEVARD B ASLY - 62300 LENS -T ÉL . 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : liberte.62@wanadoo.fr) - 1,30

€ - N°872 DU V ENDREDI 31 J UILLET AU J EUDI 6 A OÛT 2009


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Tribune libre HLM, L’INSTAURATION DU SURLOYER, LA MIXITÉ SOCIALE ET LE DROIT AU LOGEMENT M N CJ

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« LE DERNIER JOUR DE SE DONNER LA MAIN » ?

PAR JACK RALITE, SÉNATEUR DE SEINE-SAINTDENIS

E 21 août 2008, au moment de la grande dispersion, le gouvernement, par un décret de sa ministre du Logement de lʼépoque, madame Boutin, a décidé que des résidents étaient devenus indésirables dans les HLM. Ce décret, en effet, établit une nouvelle norme pour le droit à un logement HLM. Cette norme décide dʼaugmenter, en fonction des revenus, le loyer de locataires qui ne sont pas considérés comme pauvres, dʼexpulser ceux dʼentre eux nʼayant pas 70 ans refusant de sʼy soumettre, et dʼabaisser le plafond de ressources pour accéder à un logement HLM avec effet rétroactif, cʼest-à-dire en bafouant des contrats de location. Ainsi, le décret Boutin considérait que les HLM ne doivent être habités que par des « hommes à part », des « hommes dépréciés », qui sont supposés ne pouvoir vivre quʼentre eux, sans autre voisinage que leur double, des êtres à qui il est demandé de se faire oublier, des êtres entrés par force dans des histoires closes, que lʼon oblige à rester à quai comme assignés à résidence dans une portion de lʼespace social à échanges et responsabilités limités, des êtres privés du «risque de vivre», comme tout le monde, seul moyen pourtant dʼavoir le «risque de gué-

rir». Non, non et non ! Ces êtres que le président de la République a osé appeler « racailles » à Argenteuil, a menacés du Karcher à La Courneuve quand leurs souffrances les ont conduits à des actes désespérés, a trouvé indignes de lire la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, ces êtres ne sont pas des gens «à part» et sont même sources dʼinnovations à la mesure des déchirements dont

ils sont victimes. Ces êtres souvent précaires et comme suspendus ainsi dans le vide paraissent à ceux qui ne les rencontrent jamais, étranges (lʼétrange pauvre et le pauvre étranger) alors quʼils avaient créé un lien dʼintimité, dʼhumanité, de sociabilité avec leurs quelques voisins ayant une situation nettement meilleure que la leur et qui ne les rejetaient pas. Ils avaient réussi une alchimie sociale où lʼinhospitalité était exclue, où la tendresse nʼétait pas interdite. Certes, depuis un certain temps, ces rapports étaient déjà devenus moins fréquents, parfois même rares, et souvent était prononcée lʼexpression : «On va devenir un ghetto.» Le décret du 21 août 2008, dont madame Boutin ose dire quʼil va donner des logements pour les plus

leurs HLM, y vivant depuis longtemps et ayant participé à lʼhistoire de ce lieu. Apportons la preuve de leur supposée richesse et de lʼintraitabilité gouvernementale, par ailleurs si douce aux spéculateurs. À Aubervilliers, où il y a près de 8 000 HLM publiques, 14 locataires étaient jusquʼà présent concernés par le surloyer. Une dérision caricaturale existante dans beaucoup dʼautres offices HLM. Pour que ça nʼatteigne pas une nuance comique, révélant lʼopération gouvernementale, le décret du 21 août 2008 a diminué le plafond de ressources pour avoir accès à un logement HLM et fait que des gens qui étaient jusquʼici normalement locataires deviennent des locataires anormaux : avec les 14 historiques, lʼoffice HLM

pauvres, alors quʼelle en construit trop peu et en tout cas pas assez, trouve sans doute que ce compagnonnage de proximité était de trop puisquʼelle tente avec son décret de lui porter un coup fatal tout en répétant son attachement à la mixité sociale. Madame Boutin et le

dʼAubervilliers a 154 locataires devenus sans droits ! Quelques exemples significatifs : Vous êtes logés depuis 1980 dans 84 mètres carrés. Les enfants sont partis depuis quelque temps, vous restez à deux personnes, vos retraites sʼélèvent à 3 700 euros par mois. Vous payez

mentation de 100 euros par mois, vous devrez payer un surloyer de 89,25 euros. Si lʼautre obtient la même augmentation, le surloyer sera alors de 131,25 euros. Bref, plus vous allez croire gagner plus, plus vous allez devoir payer plus : avec 200 euros de plus par mois, vous aurez 131,25 euros de surloyer. Veuve depuis un an, vous occupez un logement de 65 mètres carrés, votre retraite est de 1 500 euros par mois, vous touchez depuis un an la pension de réversion de votre mari, vous payez actuellement 311 euros par mois de loyer. Votre surloyer serait de 258,37 euros, soit avec les charges 769 euros par mois. Vous êtes un ménage avec deux enfants de 18 et 21 ans, logés dans un 86 mètres carrés, avec 5 600 euros par mois pour 4 personnes, vous ne payez pas de surloyer. Mais lʼun de vos enfants trouve un travail comme stagiaire à 1 000 euros par mois, vous devrez alors payer 58,05 euros par mois de surloyer. Pas de chance ! Votre deuxième enfant trouve aussi un travail à 1 000 euros par mois, votre surloyer sera alors de 367,65 euros par mois, avec les charges cela fera 1 067 euros par mois. Si lʼun de vos enfants a le malheur de gagner plus de 1 776,50 euros par mois, il ne pourra même pas sʼinscrire pour demander un HLM. On pourrait prendre dʼautres exemples dans dʼautres villes. En Seine-SaintDenis, et particulièrement dans

gouvernement nous mettent à un «moment brèche» qui nécessite un refus à lʼétage voulu. Il faut dire la vérité : ce ne sont pas des occupants riches que la ministre dulʼHumanité PATRICK NUSSBAUM Logement, au nom du gouvernement et du président de la République, veut chasser des HLM, ce sont des gens modestes qui ont lutté, appris et réussi à avoir un statut décent, ce sont des personnes originaires de la ville où sont

actuellement 402 euros de loyer (700 euros avec les charges). Si la loi est appliquée vous devrez payer 296,10 euros de surloyer, soit un total de 996,10 euros. Vous êtes un jeune ménage dans 70 mètres carrés, vous travaillez tous les deux et gagnez chacun 1 584 euros par mois. Vous êtes éligibles au surloyer, car vous gagnez 20 % de plus que le plafond et allez devoir payer 47,25 euros de plus. Lʼun de vous deux obtient une aug-

les huit villes de Plaine Commune, le décret Boutin multiplie les proscrits dʼHLM par 10. Dans le parc de lʼoffice départemental HLM du 93, 42 payaient le surloyer, 500 devront le payer… Vous ne savez pas tout ! Une modification de la loi de finances, votée le 30 décembre 2008, offre un dégrèvement fiscal à celui qui investit dans le logement dont on sait que le loyer de sortie est supérieur au logement social. Le

“ Il nʼy a pas dʼautre solution que de se battre ensemble, en voisinage de lutte, comme on vivait jusquʼici en voisinage de palier.”

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dégrèvement est de 75 000 euros par logement. Cʼest une niche fiscale débouchant sur des loyers inaccessibles aux expulsés soi-disant riches des HLM. Cʼest une réédition de la loi de Robien qui avait créé une démarche semblable et dont beaucoup des logements ainsi construits avec un avantage fiscal nʼont pas trouvé preneurs. On est vraiment dans le règne de lʼinsensé, de lʼarrogance, de la pollution des rapports humains, de lʼanalphabétisme social, de lʼabsence dʼune pensée, même restreinte de lʼ«encommun » et du « vivre ensemble». Cʼest à se demander si madame Boutin et son circonvoisinage politique et gouvernemental ne souhaitaient pas quʼarrive «le dernier jour de se donner la main» (Aragon). Le processus est dʼailleurs commencé. Autrefois, un pauvre menacé dʼexpulsion sʼen allait à «la cloche de bois». Aujourdʼhui, pendant lʼannée de répit qui a été arrachée pour appliquer le décret, ces ouvriers qualifiés, ces cadres moyens sont en train de partir un à un, en silence, du logement où ils étaient heureux de vivre. Cʼest dʼautant plus inacceptable que les logements privés de la Ville de Paris qui ont tant fait parler en leur temps, avec des loyers bas pour des personnes à hauts revenus, ont été exonérés du décret du 21 août 2008. Continue toujours parallèlement la résistance des maires ne voulant pas de logements sociaux et nʼappliquant pas la loi Gayssot qui exige que chaque commune construise 20 % de logements sociaux. Finalement, en France, il nʼy a que les très riches qui sont fiers de lʼêtre. Les pauvres et les couches moyennes sont culpabilisés par la politique du pouvoir. Les premiers parce quʼils sont accusés de ne pas faire dʼefforts, les seconds parce quʼils ont lʼaudace de gagner un peu plus. Une bataille parlementaire a eu lieu où les groupes communistes ont joué un grand rôle, non sans succès. Mais la charitable madame Boutin a rattrapé, par un vote nocturne, lʼessentiel de ce qui avait été gommé. Il nʼy a pas dʼautre solution que de se battre et de se battre ensemble, en voisinage de lutte, comme on vivait jusquʼici en voisinage de palier. On doit pouvoir faire reculer le gouvernement soit en remettant en cause le décret, ce qui serait le mieux, soit en faisant en sorte, dans une ville comme Aubervilliers, que tout le territoire soit classé en ZUS, ce qui rendrait le décret inapplicable. Il faut en finir avec la ségrégation sociale, et il nʼest pas question de faire des accommodements. Ne nous limitons pas à sa constatation lucide, transformons-la en un mouvement, et le mot nʼest pas trop grand, de civilisation, puisquʼil sʼagit du respect et de la dignité dʼhommes et de femmes, ceux et celles qui sont chassés, ceux et celles qui vont rester avec le risque de la ghettoïsation. Liberté 62 n°872 - Le 31 Juillet 2009


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Événement CONTRE LA PRIVATISATION DE LA POSTE Mercredi, le conseil des ministres a examiné le projet de loi transformant lʼentreprise en société anonyme. Le comité national contre la privatisation prépare une journée de consultation nationale en date du 3 octobre.

CONSTITUER UN LARGE FRONT POUR SAUVER LA POSTE PUBLIQUE

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E R C R E D I , le conseil des ministres examinait le projet de loi «relatif à lʼentreprise publique La Poste et aux activités postales» qui sera déposé au Parlement à la rentrée pour être discuté à lʼautomne. Un texte relativement court – onze pages- mais qui engage un tournant dans lʼhistoire de La Poste, tant pour le personnel que pour les usagers. En même temps que les ministres mettaient le doigt dans lʼengrenage dʼune nouvelle privatisation, à Arras et dans de nombreuses grandes villes de France, les organisations syndicales tenaient des conférences de presse pour tenir un tout autre discours. Une initiative, qui, à Arras, avec la CGT, FO et la CFTC sʼest élargie à Jean Claude Danglot, Sénateur PCF, Hervé Poly, Secrétaire de la Fédération du Pas-de-Calais du PCF et Catherine Genisson, responsable départementale du PS. Il faut savoir que la gauche, les syndicats et quelque quatre vingt associations font partie du Comité National contre la privatisation de La Poste. Les syndicats soulignent que La Poste est un service public plébiscité par les Français. Un service public qui garantit lʼégalité de tous en matière de distribution du courrier, aux citadins des grandes villes comme aux ruraux de nʼimporte quel petit village. Un service public qui pourra devenir la proie dʼinvestisseurs privés, lesquels ne manqueront pas dʼoccuper les créneaux les plus rentables. Le travail de sape est dʼailleurs largement entamé en conformité avec les directives européennes qui parachèvent la libéralisation complète du secteur postal, en ne laissant plus rien échapper à la sacrosainte loi de la concurrence. Selon les syndicats la suite de lʼhistoire est prévisible : derrière le change-

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ment de statut transformant lʼentreprise en société anonyme, le gouvernement créé les conditions pour une entrée des capitaux privés, y compris majoritaires. Le syndicat prend lʼexemple de France Télécom pour rappeler comment une entreprise publique peut être complètement vidée de son statut dʼorigine. Les syndicats ne sont guère rassurés par le fait que le texte rappelle que La Poste SA (société anonyme avant privatisation) continuera de remplir ses quatre missions de service public (aménagement du territoire, transport et distribution de la presse, accessibilité bancaire et service universel postal). En effet, il nʼest nulle part préciser les modalités dʼune telle affirmation. Le passé récent est révélateur dʼune autre réalité.

La préparation de la privatisation de La Poste sʼest accompagnée dʼune baisse brutale des effectifs, lʼallongement des files dʼattente aux guichets, lʼinterdiction faite aux salariés de discuter avec les usagers sʼil ne sʼagit pas de leur vendre un produit... Désormais, la charge de travail de chaque facteur est calculée à la seconde dʼoù le manque de temps pour perpétuer le rôle social du facteur et notamment envers les personnes âgées. Avec le regroupement des boites aux lettres au bout de la rue, lʼincertitude pour les plus démunis de pouvoir continuer à retirer des petites sommes aux guichets, un prix du timbre qui risque dʼexploser.... les usagers nʼont rien de bon à attendre de la privatisation de La Poste. Les syndicats font état de la situation de La Poste en Suède, premier pays à privatiser ce secteur public à la fin des années 1990 et

E S salariés de BOSAL à ANNEZIN sont en train de recevoir leur lettre de licenciement. Lâché par son principal donneur dʼordre, RENAULT (où lʼEtat est encore actionnaire !), lʼentreprise de fabrication de pots dʼéchappement a cessé sa production. Et le repreneur de proposer aux salariés des reclassements …en HONGRIE, pour 425 euros mensuels. Je connais plus dʼun salarié de

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Les parlementaires communistes appellent à la mobilisation

Jean-Claude Danglot rappelle le travail important des parlementaires communistes depuis lʼannonce du changement de statut, il y a un an. Sʼagissant du texte, le Sénateur communiste constate quʼil est à double détente, puisque, dʼune part, il prévoit la transformation de La Poste, exploitant public, en société anonyme, au 1er janvier 2010, et dʼautre part, organise la transposition en droit français de la directive européenne postale de février 2008, qui libéralise totalement le marché du courrier au 1er janvier 2011. Le gouvernement essaie de faire croire que lʼouverture à la concurrence rend obligatoire le changement de statut de La Poste, pour lui permettre de se battre à armes égales avec les opérateurs privés qui vont arriver sur le marché. Catherine Génisson, responsable départementale du PS, va dans le même sens en soulignant que la directive européenne nʼexigeait nullement la privatisation de la Poste française et que cette stratégie est uniquement dictée par la logique ultralibérale du gouvernement français.Elle fait également remarquer que le mois de juillet est le mois des mauvais coups. Elus de gauche et organisations syndicales estiment que tous ensemble, postiers et population en première ligne, il est possible de remettre en cause ce projet de loi.Tous souhaiteraient que le gouvernement organise un référendum sur un dossier aussi sensible. Ne se faisant pas beaucoup dʼillusion sur la volonté de Sarkozy dʼaller vers cette expression démocratique, le Comité National contre la privatisation de La Poste organisera le 3 octobre une consultation nationale pour permettre aux usagers de dire «NON» au changement de statut. Les mois dʼaoût et de septembre seront à nʼen pas douter extrêmement utiles pour apporter les explications nécessaires à la constitution dʼun large front pour sauver la Poste publique. Jean-Michel HUMEZ

Elus de gauche et syndicalistes réunis mercredi à la Maisons des Sociétés à Arras

Édito

dont les habitants se plaignent aujourdʼhui des conséquences désastreuses.

De gauche à droite : Jean-Claude Danglot, Jean-Luc Flahaut, collaborateur au Sénat, Hervé Poly et Catherine Génisson

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JEAN-CLAUDE DANGLOT ET LES SÉNATEURS DU GROUPE CRC-SPG AUX CÔTÉS DES COMITÉS DE DÉFENSE DE LA POSTE CONTRE LE PROJET DE LOI PROPOSÉ PAR LE GOUVERNEMENT

UJOURD'HUI, UJOURD'HUI 29 juillet, vont se tenir, dans toute la France, des initiatives organisées par les comités de défense de la Poste pour s'opposer à la privatisation de cette entreprise publique. Celle-ci est en effet programmée dans le projet de loi examiné en conseil des ministres ce jour et que le gouvernement souhaite soumettre au vote du Parlement dès la rentrée. Je confirme avec lʼensemble des parlementaires communistes, députés et sénateurs, mon opposition totale, non seulement au changement de statut de l'établissement public, mais également à la transposition de la directive votée en 2008 qui prévoit la libéralisation totale des activités postales au 1er janvier 2011. Nous estimons que loin de donner de nouvelles marges de manœuvre à ce groupe public, cette nouvelle déréglementation prive «La Poste» des moyens de mener à bien ses missions de service public notamment en termes d'aménagement du territoire et de satisfaction des besoins de nos populations et ce , quelque soit leur lieu dʼhabitation. Aujourd'hui déjà, la «Poste» est soumise à des pressions importantes pour améliorer sa compétitivité économique au détriment de ses missions au service du public. De nombreux bureaux de postes ont déjà été fermés, transformés en simples points de contact ou en agences postales communales, des suppressions d'emplois ont conduit à réduire l'amplitude d'ouverture des bureaux. L'accessibilité bancaire est largement remise en cause par la filiali-

LE TEMPS DU MEPRIS…

cette entreprise qui regrettent amèrement aujourdʼhui, de ne pas avoir fait … «sauter la boîte», comme dans le feu de lʼaction, ils lʼavaient envisagé . Bien sur, ce nʼest pas la solution ; mais le mépris patronal finira par causer des catastrophes. Et lʼEtat qui ne fait rien ! Où sont les discours de SARKOZY, sur la «moralisation du capitalisme» ? Le président nʼavait pas de mot assez dur pour stig-

matiser les «excès du système», pour menacer les grands groupes dʼune intervention de lʼEtat, si nécessaire. Tout cela est fini, et bien fini. « Victoire » aux européennes, opposition affaiblie, syndicats à la peine, SARKOZY a tourné la page de la « moralisation du capitalisme » et relance les «réformes» que patrons et libéraux appellent de leurs vœux : retraite à 67 ans, travail du dimanche, privatisation de la -3-

poste, taxe carbone… Pris entre sentiment de révolte et fatalité, le monde du travail subit la loi du capital. Les entreprises ferment ou licencient ; le droit du travail vole en éclat et la riposte nʼest pas à la mesure de lʼampleur de la crise et de lʼoffensive libérale. Un automne chaud, ça ne se décrète pas…mais ça sʼorganise. Les organisations syndicales auront à tirer les enseignements des limites des jour-

sation de la banque postale ainsi que par banalisation du livret A. De plus, cette ouverture du capital, malgré les assurances données que celui ci reste 100% public, constitue de fait un premier pas vers la privatisation de la poste. En effet, les exemples sont aujourd'hui nombreux où l'ouverture du capital des établissements publics s'est finalement transformé en une privatisation pure et simple, comme cela fut le cas pour EDF et GDF ou bien encore pour France Telecom. Le refrain est bien connu: on transforme en société anonyme puis on privatise. Les sénateurs du groupe communiste, républicain et citoyen et les sénateurs du parti de gauche soutiennent les initiatives du comité de défense de La Poste et notamment la tenue de votations citoyennes le 3 octobre prochain, dans le plus grand nombre de localités. Par conséquent, ils demandent au Président de la République le retrait du texte en l'absence de mise en œuvre d'un référendum institutionnel sur l'avenir du service public postal. En tout état de cause, ils seront, si ce texte est examiné par le Sénat, des opposants déterminés à ce projet de loi qui lamine ce service public de proximité, auquel les citoyens sont attachés. Pour ma part je mʼengage dès aujourdʼhui à faire aboutir dans la plus grande concertation, avec tous les acteurs concernés, cette mobilisation dans notre département du Pas de Calais. Arras le 29 Juillet 2009

nées dʼaction espacées. Quant à la responsabilité des forces de gauche, elle est immense : proposer une alternative crédible ; favoriser tout ce qui rassemble pour vaincre. La lutte qui a commencé est impitoyable : elle broie les hommes par milliers. Cessons dʼêtre naïfs et donnons à la classe ouvrière les moyens de se défendre, maintenant. Bertrand PERICAUD


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Département AUCHEL M N CJ

LES ÉLUS DES LISTES DE L’OPPOSITION «TOUS UNIS POUR AUCHEL», «AGIR POUR AUCHEL» ET «L’AVENIR ENSEMBLE AUTREMENT». S’INSURGENT CONTRE LE MÉPRIS DES RÈGLES RÉPUBLICAINES

La communauté républicaine et laïque auchelloise sʼest fortement étonnée de découvrir par voie de presse que les enfants du centre de loisirs, géré par la communauté du Béthunois placé sous le contrôle municipal, avaient participé à une séquence éducative encadrée par des missionnaires dʼune congrégation religieuse. aperçu en image de lʼactivité : confection dʼobjets en ballons de baudruche ! Mais voilà que cette image nous montre la croix du crucifix ! Nous avons alors beaucoup de mal à nous convaincre quʼil sʼagissait dʼune animation sans arrière pensée, quʼil nʼy avait pas en filigrane un message, tout ceci sous lʼœil averti dʼune équipe Laïque, dans des locaux communaux et sous la tutelle de la Direction départementale de la Jeunesse et des sports… Il est temps de rendre des comptes à nos concitoyens sur les intentions dʼoffrir ce type de tribune aux enfants auchellois et sans le consentement parental ! Aujourdʼhui cʼest lʼéglise réformée, pourquoi pas demain lʼéglise de scientologie, les témoins de Jéhovah ou partis politiques…

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Le Centre de Loisirs soumis au contrôle républicain

ʼ E S T dans le cadre de

la semaine de lʼEvangile à lʼéglise baptiste dʼAuchel quʼune délégation de sept témoins internationaux de lʼévangile sʼest invitée au centre de Loisirs avec lʼaccord de monsieur le Maire. Leur présence avait pour objectif dʼencadrer les enfants confiés au centre de loisirs dʼAuchel. Leur visite nʼavait rien de religieux mais seulement un but ludique. La directrice précisant que les choses étaient claires « Nous nous sommes mis dʼaccord pour quʼils ne parlent pas de 128, boulevard Basly 62300 Lens 03 21 74 89 89 Fax : 03 21 74 89 88 E-Mail : Liberte.62@wanadoo.fr

S.A.R.L. D’ÉDITION PRESSE HEBDO SARL au capital de 7.622,45 euros SIR 389 113 333000 22 Banquet Scalbert-Dupont 62300 Lens n°229 100 105 390 • Gérant Directeur de la publication : Hervé Poly • Responsable du Comité de Rédaction : Hervé Poly. Commission paritaire : n°83075 Dépôt légal : ISSN 160-822 X. Publicité : • MULTIPUB, SARL DʼÉDITIONS PRESSE HEBDO au capital de 7.622,45 euros • Comédiance : 32, rue Jean-Jaurès - 93528 Saint-Denis Cedex. Journal dʼannonces légales. Montage et photogravure : Liberté62. Membre inscrit à « Diffusion Contrôle » Bureau de la presse payante : OJD Imprimé à l’imprimerie de l’Avesnois L’Observateur, rue Pierre Charpy à Avesnes/Helpe.

religion au cours des activités », et le pasteur dʼajouter « Nous essayons dʼouvrir nos portes tout en respectant les croyances de chacun, nous souhaitons briser certaines idées toutes faites sur les évangélistes et montrer que nous sommes bien intégrés dans la société Française. Les évangélistes ne sont pas des sectes. Nous sommes des citoyens ordinaires». Toutefois, lʼillustration photographique à lʼappui de lʼarticle de lʼAvenir de lʼArtois du jeudi 23 juillet 2009 nous donne un

Le centre de loisirs qui accueille chaque année des centaines dʼenfants dont la plupart sont issus des familles les plus humbles est un service public répondant à lʼesprit de la République c'est-à-dire Laïque. Tous concepts politiques ou religieux doivent être bannis à lʼimage de lʼécole. Il existe dʼautres structures dʼaccueil (écoles libres, clubs privés, structures dʼanimation confessionnelle…) qui permettent aux parents de se déterminer dans un mode de garde pour leur enfant en parfaite harmonie avec leurs pensées. Parce que cʼest leur choix dʼy inscrire leurs enfants, lʼaccueil en centre de Loisirs Laïque se doit de respecter la croyance

On s’abonne à Liberté 62 ! Nom : ...................................................................................................... Prénom : ................................................................................................. Adresse : ................................................................................................ .................................................................................................................. .................................................................................................................. Ville : ....................................................................................................... Code postal : .......................................................................................... Signature Durée de l’abonnement : ❐ 1 an ➔ 65 euros ❐ 6 mois ➔ 35 euros ❐ 3 mois ➔ 17 euros ❐ 1 mois ➔ 7 euros Coupon à retourner à LIBERTÉ 62 128, boulevard Basly - 62300 - LENS (Pour plus de renseignements, faites le 03 21 74 89 89)

philosophique et religieuse de chaque usager en proposant des activités éducatives plaçant lʼenfant ou le jeune au cœur dʼapprentissages dans un environnement ludique. Cʼest parce quʼil y a cette convivialité au centre de loisirs que les messages éducatifs passent plus facilement entre lʼadulte et lʼenfant. Le rythme des activités proposées pouvant se gérer en phase avec le rythme biologique de lʼenfant (pas de programme académique imposé), lʼenfant se trouve plus réceptif aux actes éducatifs qui lui permettent de construire sa personnalité. Cʼest donc auprès de ce public plus captif quʼil sʼagit dʼêtre vigilent en garantissant le plus grand respect de neutralité. Les garants de cette neutralité ont failli !

En premier lieu, Madame BLASZCZYK adjointe au Maire, déléguée à cette mission municipale qui a cautionné la présence des missionnaires pour encadrer les activités alors que des personnels qualifiés étaient recrutés pour cette fonction. Dʼailleurs, ces intervenants étaient-ils diplômés du Brevet dʼAnimation comme lʼexige la réglementation au regard du taux dʼencadrement ? En second lieu, la responsabilité de la Communauté du Béthunois est engagée puisque les déclarations auprès du ministère de tutelle relève de sa compétence. Nous demandons au Président de la Communauté du Béthunois ainsi quʼaux élus en charge de ce secteur de sʼexpliquer. Les

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choses doivent être claires : qui pilote le projet éducatif des centres de loisirs placés sous son autorité ? Enfin, lʼadministration départementale de la jeunesse et des sports qui délivre les habilitations dʼouverture de ce type de structure dʼaccueil de mineurs doit rendre compte aux représentants du peuple que nous sommes de lʼexamen de cet écueil et définir les manquements dans cette hiérarchie diluée qui est soumise au pouvoir politique partagée entre deux entités. Nous nʼaccepterons pas que les agents recrutés à lʼencadrement de ce centre soient sanctionnés si les vrais responsables étaient les élus qui auraient exercé des pressions sur le personnel pour accepter cette visite. Nous sommes très respectueux des différentes formations religieuses, de ces femmes et ces hommes qui prêchent pour des idées auxquelles chaque citoyen peut adhérer librement pour y construire sa conscience, son sens critique et philosophique, cela ne peut se conduire sous le patronage dʼune institution soumise aux règles républicaines de neutralité constitutionnelle. La responsabilité du maire est donc aujourdʼhui de démettre son adjointe défaillante de sa délégation pour manquement aux règles républicaines qui se trouvent placées au dessus des lois et de leurs intérêts personnels. Il doit également présenter ses excuses aux autres confessions religieuses et aux républicains pour son manque de vigilance quant au respect de la laïcité au sein de son service dʼaccueil dʼun public captif.

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LES QUARTIERS D’ETE 2009 ONT PERMIS DE PASSER UN BON MOMENT

ʼ E S T par un bel aprèsmidi estival ensoleillé que les quartiers dʼété 2009 se sont posés sur la plaine Faucquette de la Grande

Résidence de Lens, avec le concours du Conseil régional et les moyens techniques de la ville. Les associations regroupées au sein du F.P.H. (Fonds de Participation des Habitants) ont durant la journée fourni un énorme travail pour faire passer dʼagréables moments aux nombreux enfants venus en famille. A la fin de la journée un spectacle fut offert ainsi quʼune brochette pour terminer en douceur cet après-midi riche en émotions. Photo J.L.D

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Social

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VINGT CINQ ANS APRES LA FERMETURE DE MASSEY FERGUSON A MARQUETTE- LEZ- LILLE

UN ANNIVERSAIRE POUR RESTITUER QUELQUE SOIXANTE ANNEES DE TRAVAIL ET DE LUTTE

Le dernier combat des salariés de cette entreprise de machinisme agricole est encore dans de nombreuses mémoires.

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I N juin, les retraités et les anciens salariés de Massey-Ferguson, (Marquette-lez-Lille ) sʼétaient donné rendez-vous pour célébrer les vingt cinq ans de la fermeture de cette entreprise spécialisée dans le machinisme agricole. Une démarche qui peut paraître inconvenante au premier abord mais qui trouve sa justification dans lʼhistoire même de cette entreprise qui vit le jour à Marquette en 1925. Les soixante ans dʼexistence de cette entreprise dans le Nord furent marqués par de nombreux combats contre le patronat, le gouvernement et même contre lʼenvahisseur nazi. A la fermeture, lʼusine de Marquette comptait 2 200 personnes, licenciées en quelques mois, en deux tranches dont une première tranche de 600 dans un premier temps. La fin de cette histoire industrielle fut ressentie comme un véritable cataclysme sur le secteur mais également dans toute la région et au-delà. En organisant ces deux journées

de rencontre, en ce vingt cinquième anniversaire de la fermeture de lʼentreprise, il sʼagissait de se souvenir le plus dignement possible de ce qui à fait son vécu tant sur le plan travail que sur le plan humain ainsi que du contexte de lʼépoque où parallèlement une autre entreprise du machinisme agricole, la CIMA, installée à quelques kilomètres à Croix, taillait elle aussi dans les effectifs passant de quatre mille à lʼépoque à trois cents aujourdʼhui. Cette année 2009 est également celle du centenaire de lʼimplantation, de cette entreprise à Croix. Cʼest cette histoire commune qui a poussé les ex-salariés des deux entreprises à créer lʼassociation « Mémoire ouvrière du machinisme agricole Marquette, Beauvais, Croix, Saint-Dizier » à lʼorigine du programme des 19 et 20 juin concocté par deux anciens de Massey Ferguson Marquette et de la CIMA, Claude Painault et Roger Demortier, respectivement président et viceprésident de lʼassociation.

Lors d’une des multiples manifestations contre les licenciements

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Luttes et solidarité

De nombreuses luttes ont marqué lʼhistoire de lʼusine de Marquettelez-Lille. Des luttes globales mais également des luttes sectorielles (fondeurs, soudeurs, professionnels...) des luttes pour les salaires mais également pour lʼembauche de jeunes, des luttes pour la dignité mais également des luttes en solidarité des peuples opprimés (Vietnam...) mais également pour les mineurs en grève et autres salariés dans le besoin... Lorsquʼen 1984, la direction installée à Toronto, au Canada, décide de licencier 50 000 personnes dans le monde, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie, en Ecosse, et Allemagne et en France, la CGT décide dʼintensifier ses contacts avec les syndicats des entreprises européennes concernées. Auguste Parent, responsable du syndicat UFICT-CGT (ingénieurs, cadres et techniciens) et secrétaire de lʼassociation «Mémoire ouvrière du machinisme agricole» se souvient fort bien des dernières années de lʼentreprise et des ultimes combats qui sʼétalèrent sur quelque huit années. En 1991, eurent lieu les dernières discussions sur le plan social. Auguste Parent replace ce conflit dans un contexte particulier à lʼentreprise de Marquette réputée pour sa combativité et par son syndicalisme de masse. La CGT avec ses 1 000 syndiqués recueillait 70% des suffrages aux élections professionnelles aussi bien dans le collège ouvriers et employés que dans le collège cadres, techniciens et agents de maîtrise. suite page 6 ☛

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Une délégation de la CGT de Marquette avec leurs camarades italiens. On reconnaît sur la photo Jean-Michel Humez, dernier responsable du syndicat ouvrier CGT (debout 1er à gauche) et Auguste Parent, dernier responsable du syndicat UFICT - CGT (debout 1er à droite).

Recueillement devant la stèle des travailleurs de Massey Marquette, morts en déportation. On reconnaît sur la photo Patrice Humez, dernier secrétaire du Comité d’Entreprise (à gauche chemise blanche)


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«Ca nʼa jamais été facile pour la direction et quand il a sʼagit de porter lʼestocade, elle a utilisé toutes les ficelles. En jouant sur la division, en licenciant 600 salariés, pour disait-elle sauver les 1 600 autres» rappelle le responsable CGT. Il ne manque pas de souligner que la multinationale avait bénéficié auparavant dʼune subvention du Ministre de lʼIndustrie de 100 millions de francs à lʼépoque (environ 15.2 millions dʼeuros). Cʼest pourquoi Mauroy, Delebarre, et Fabius ont subi lʼassaut des responsables syndicaux qui réclamaient des comptes auprès des pouvoirs publics. Un film dʼune vingtaine de minutes réalité par la fille de lʼancien responsable CFDT de lʼépoque, Dieudonné Demolin, permet dʼailleurs de voir comment les politiques et notamment Laurent Fabius ont pris de haut les revendications des salariés qui ont du lutté pied à pied durant des années pour obtenir les compensations les plus élevées. Premières délocalisations avec détournement des fonds publics

En transférant sa production en Norvège, la direction MasseyFerguson inaugurait les premières délocalisations telles quʼon les connaît aujourdʼhui. Finalement, les méthodes au capitalisme se perpétuent. Comment ne pas faire le rapprochement avec la crise actuelle ? Car lʼentreprise de Marquette est reconnue pour la qualité de ses fabrications. En 1956, la télévision française (lʼORTF à lʼépoque) a déplacé une équipe sur place pour réaliser un documentaire dans les différents

Social ateliers. Moment dʼhistoire précieux, puisque la caméra a enregistré de nombreux postes de travail : parc aciers, forges, tôlerie, fonderie, ligne de montage... Ce film était axé sur la fabrication du tracteur Pony qui on a vu souvent sillonner les champs dans les années cinquante et soixante. Un tracteur qui fonctionne encore dans certaines fermes, ce qui prouve la robustesse de cet engin. La mémoire du passé facilite la mesure exacte du présent

Comme il nʼy a pas véritablement de politique de réutilisation des friches industrielles on peut se féliciter de lʼintervention directe et massive de lʼEtat pour la réhabilitation de la filature Motte-Bossut, dans le centre de Roubaix, qui abrite les archives du monde du travail. Cʼest en ces lieux que les salariés de Massey-Ferguson et de la CIMA (parmi dʼautres) ont déposé leurs archives et cʼest dans ces mêmes lieux quʼils ont décidé de passer une partie des deux journées de rencontre des 19 et 20 juin. Ce fût lʼoccasion pour la directrice des Archives du monde du travail, Françoise Bosman de souligner la volonté des salariés du machinisme agricole de continuer à se faire entendre. Après avoir fait remarquer que lʼon a davantage lʼhabitude dʼhistoires patronnées, de près ou de loin, par les services de relations publiques des entreprises, ayant à cœur dʼaméliorer lʼimage de marque de la firme, Françoise Bosman considère que «Les Massey sont les témoins et les acteurs de grands moments du syndicalisme aujourdʼhui en péril». Pourtant est-ce que les choses ont vraiment changé entre hier et aujourdʼhui ? Cʼest toujours le

même combat à reprendre à chaque génération. La simple disparition du mot ouvrier dans le vocabulaire est lourde de signification. Il y a toujours des gens qui triment pour gagner leur croûte. Le SMIC reste le SMIC et les médias montrent assez peu de gens du travail, excepté ceux qui se chargent du maintien de lʼordre : la Police et la justice qui occupent largement les écrans. Pour Françoise Bosman le voile est épais qui laisse dans lʼombre la vie des travailleurs, leur dignité et leurs combats. Cʼest pourquoi les Massey et dʼautres encore sʼattachent à perpétuer le vécu des travailleurs de leurs entreprises respectives avec lʼidée que la mémoire du passé facilite la mesure exacte du présent. Perdre son passé –ou en être privé – cʼest perdre une dimension de sa liberté. Lʼentreprise ayant une vocation économique, seule la technicité des travailleurs, calculée en terme de rentabilité, est reconnue ; les compétences humaines sont assimilées aux moyens techniques. Avec leurs photos, avec leurs textes, avec leur film, les ex-salariés de Masey-Ferguson ont voulu reconstituer cette identité non altérée du travailleur, pas seulement «agent économique» voué exclusivement à la production, mais être humain qui vit pleinement son travail, fait de rencontres, dʼéchanges et de créativité, qui participe aux luttes qui forgent le statut social. Comme lʼa écrit le poète René Char : «La dignité dʼun homme seul, ça ne sʼaperçoit pas. La dignité de mille hommes, ça prend une allure de combat».

La stèle en mémoire des déportés a été transférée, lors de la fermeture de l’entreprise, au cimetière de Marquette.

Lors de la projection des films retraçant l’activité et la lutte des Massey

J.M.H.

Les “Massey toujours là” et notamment par l’intermédiaire de la section syndicale des retraités.

Une partie des militants CGT lors d’une distribution de tracts à Lille

PROGRAMME DES DEUX JOURNEES QUI SE SONT DEROULEES FIN JUIN

Vendredi 19 juin : 14 h 45 :Rendez-vous à la salle du Parvis, Grand-Place à Marquette-lez-Lille. 15 h 00 :Dépôt de gerbes à la stèle Massey (au cimetière), en hommage aux déportés de lʼentreprise 16 h 00 :Réception salle du Parvis avec projection dʼun film de lʼORTF sur la fabrication du Pony en 1956. 18 h 00 :Le Cabaret de lʼUnion à Roubaix « Les grandes familles patronales ». Samedi 20 juin : 9 h 00 : Réception salle du Parvis. 11 h 00 :Départ des bus avec passage devant lʼex-usine Massey et usine CIMA 11 h 30 :Rassemblement au Pont-levis (Archives du monde du travail) 12 h 00 :Intervention, projection, exposition 13 h 00 :Réception 14 h 00 :Repas et après-midi dansant. Durant toute la journée, exposition photographique visible aux Archives nationales du monde du travail : 150 photos dʼhier et aujourdʼhui. -6-

A Roubaix, dans les bâtiments des Archives du monde du travail.On reconnaît Claude Painault, CGT Marquette, Françoise Bosman, directrice, Dominique Maugez, CGT Beauvais, Jean Fatoux , CGT Marquette et au fond Roger Demortier, CGT CIMA.

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Histoire AVES LES AMIS D’EDWARD GIEREK RÉÉCRIRE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION POLONAISE

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En 1926, ils représentent un tiers des effectifs des concessions minières du Pas-de-Calais. A Marles-les-Mines ou Rouvroy, presquʼun habitant sur deux est de nationalité polonaise. Invités à assurer la relance de la production charbonnière, les immigrés polonais contribuèrent, dans lʼentre-deux-guerres, au relèvement de la région. Ils sʼimaginaient la France comme un Eldorado «où le miel coulait dans les rivières». Confrontés à un patronat des mines uniquement soucieux de rentabilité, ils déchantèrent très vite. Les Amis dʼEdward Gierek se proposent de retracer lʼhistoire de lʼaile gauche de la Polonia organisée au sein du PCF ou de la CGTU et dont les acteurs se placeront sous la menace constante dʼun licenciement, dʼun emprisonnement ou… dʼune expulsion pour prétendu «trouble à lʼordre public» ! De fait, la réflexion de lʼassociation sʼétend à la problématique de lʼintégration de ce groupe ethnique dans la société française. Aujourdʼhui présentée comme «exemplaire», le processus dʼassimilation fut au contraire largement chaotique.

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UX côtés de leurs com-

pagnons dʼinfortune, Français, Belges ou Italiens, les mineurs polonais ont, très tôt, revendiqué sur les carreaux de fosse et au cœur des cités, de meilleures conditions de travail et dʼexistence… Ils sʼorganisent au sein du Parti communiste français qui prend vite conscience que «la conquête de la main-dʼœuvre étrangère est quelque chose dʼurgent et dʼindispensable», à travers la constitution de sections étrangères spécifiques dites «groupes de langues». Même raisonnement au sein de la CGT Unitaire soucieuse dʼassocier les Polonais aux luttes des autochtones pour empêcher le patronat, en leur faisant jouer un rôle de régulateurs de salaires, «de se servir dʼouvriers étran-

gers pour nous affamer là où le hasard nous a fait naître». Aussi, lors des grèves de 1936, au sein des Francs-Tireurs et Partisans dans la résistance armée à lʼoccupant nazie ou, plus tard, comme artisans de lʼhéroïque grève de lʼautomne 1948, des Polonais de France ont fait le choix de la lutte des classes et de lʼinternationalisme. Cet engagement au service dʼun idéal dʼune société égalitaire débarrassée des miasmes de lʼexploitation capitaliste, ils lʼont de suite payé au prix fort. Répression tous azimuts

Pour le seul arrondissement de Béthune, lʼEtat français a, entre décembre 1920 et juin 1922, déjà prononcé une quarantaine dʼexpulsion à lʼendroit de com-

munistes polonais. Le pouvoir craint lʼinfluence de militants parfois chevronnés qui auraient pu être au contact de la Révolution dʼOctobre. Ces mesures de représailles sont alors censées détourner la masse des travailleurs de lʼaction publique. «Il existe bien entendu des individus ayant des opinions bolcheviques, mais la crainte de lʼexpulsion les fait se tenir assez tranquilles», révèlent aussitôt les Renseignements généraux. Cette logique prévaut pendant trente ans, de 1920 à 1950. Au pays des Droits de lʼHomme, hormis à la Libération, il ne fera jamais bon être membres de la CGT Unitaire ou du PCF. Dʼorigine galicienne, Thomas Olszanski, pourtant naturalisé français dans les années 1920, lʼapprend à ses dépends. Propagandiste de la Fédération des mineurs de la CGT Unitaire, extrêmement populaire dans les milieux polonais, il est dénaturalisé en 1932 avant dʼêtre expulsé deux ans plus tard. 1934, cʼest lʼannée de la grève de Leforest. Pour protester contre lʼexpulsion de compatriotes, les Polonais de la fosse 10 de la Compagnie des Mines de lʼEscarpelle entament une grève au fond du puits. Quelques jours plus tard, 77 dʼentre eux sont eux-mêmes expulsés vers la Pologne nobiliaire, aux mains du dictateur Pilsudski et bientôt des Colonels ! A la Libération, lʼembellie née de la présence de ministres communistes au gouvernement est de courte durée. Dès leur éviction en mai 1947, dans un contexte dʼantisoviétisme exacerbé par la Guerre froide, lʼEtat français fait interdire les organisations favorables à la Pologne populaire : la section française du Parti ouvrier poloAu sujet des Amis dʼEdward Gierek

Lʼassociation a pris le nom dʼEdward Gierek, une «figure emblématique de lʼaile gauche de lʼimmigration polonaise en France» dans la mesure «où ce mineur, syndicaliste et militant communiste, sera reconduit à la frontière en vertu dʼun décret dʼexpulsion signé le 8 août 1934, -8-

nais (PPR) en 1948, puis les associations dépendant du Conseil national des Polonais en France (RNP), en janvier 1950. Le quotidien Gazeta Polska, lʼorgane de référence de la gauche polonaise en France, subit le même sort. Pendant la grève des mineurs de lʼautomne 1948, le ministre socialiste de lʼIntérieur Jules Moch menace dʼexpulsion les travailleurs polonais qui ont lʼoutrecuidance de manifester ! Réalité occultée ?

Cette réalité est aujourdʼhui largement méconnue «quand elle nʼest pas délibérément occultée par les faiseurs dʼimage ou les dicteurs dʼopinion proches de la Mission catholique polonais en France ou de la très conservatrice Maison de la Polonia basée à Hénin-Beaumont. Ces derniers passent sous silence cet engagement, préférant, pour des raisons idéologiques, se concentrer sur la dimension culturelle ou religieuse de ce courant migratoire. De ce fait, ils enjolivent le passé et confortent le mythe dʼune assimilation facile et sans histoires malheureusement repris à lʼunisson par les autorités françaises comme ce fut encore le cas lors de lʼAnnée de la Pologne décrétée par le Conseil général du Pas-deCalais, en 2007», estime lʼassociation des Amis dʼEdward Gierek. Aussi, celle-ci compte bien rappeler le «rôle incontournable joué par les travailleurs polonais dans les luttes sociales» et «détricoter ainsi la fable dʼune intégration exemplaire». Loin de la «légende rose», lʼassociation évoque volontiers «les rapatriements forcés de centaines de travailleurs polonais et pour son rôle au cours de la fameuse grève au fond de Leforest». N° 1, de 1970 à 1980, du Parti ouvrier unifié (POUP) au pouvoir en Pologne, il est lʼéquivalent dʼun chef dʼEtat. Pourtant toujours interdit de séjour en France, il est reçu en grande pompe par le président Georges Pompidou en 1972 à lʼoccasion dʼun voyage officiel qui lui permet de rencon-

de leur famille, dans des conditions souvent dramatiques, dans les années 1930, en conséquence de la crise structurelle du capitalisme ou encore, à la Libération, les départs, volontaires cette fois, de citoyens polonais ». Une autre approche de lʼimmigration polonaise

Paraphrasant volontiers lʼhistorien Gérard Noiriel, les Amis dʼEdward Gierek sont persuadés que lʼon a jusquʼà présent «écrit lʼhistoire des vainqueurs au détriment des vaincus, lʼhistoire de ceux qui ont laissé une trace de leur passage au détriment des invisibles, des sansvoix». Longtemps, bien que se situant dʼemblée sur le terrain de la francisation, la Fédération des mineurs CGT ou lʼassociation France-Pologne ont porté cette mémoire spécifique. Aujourdʼhui, désireuse de ne pas abandonner lʼhistoire de lʼimmigration polonaise à sa seule frange cléricale et droitière, lʼassociation des Amis dʼEdward Gierek sʼest lancée dans une vaste entreprise de collecte de témoignages et de recherches archivistiques. En attendant de solliciter Adam Gierek, le propre fils dʼEdward, aujourdʼhui député européen, elle sʼest trouvée un président dʼhonneur en la personne dʼHenryk Skirlo qui vit aujourdʼhui à Gliwice, en Silésie. Ce dernier, natif de Libercourt, gagna la mère-patrie en mai 1946 à lʼappel du gouvernement polonais en charge de la reconstruction, sur des bases novatrices, dʼun pays ravagé par six ans dʼoccupation nazie. Tout un symbole ! Jacques Kmieciak

trer dʼanciens amis de Leforest, à lʼambassade de Pologne à Paris.

Les personnes intéressées par lʼactivité de lʼassociation peuvent sʼen rapprocher au 03.21.64.10.94 ou écrire à : Amis dʼEdward Gierek, 22, rue nationale, 62150 Rebreuve-Ranchicourt. Liberté 62 n°872 - Le 31 Juillet 2009


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Juillet en Liberté

ON CHANGE DE LOISIRS M N CJ

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N bord de mer la principale occupation de nos loisirs reste la baignade. Pour bien en profiter encore faut-il prendre quelques précautions et notamment en ce qui concerne les enfants et tous ceux qui nʼont pas encore dʼaffinité avec lʼélément liquide. Pourtant au commencement de sa vie de barboteur, le bébé nʼa en théorie besoin de rien, fort des réminiscences de sa vie en milieu maternel. Encore doté de tous ses réflexes dʼhumain amphibie, il se meut dans la piscine comme un poisson dans lʼeau. Mais bientôt, les lois de la gravité et de la tasse se rappellent un souvenir de lʼintrépide. Lʼurgent est de rester la tête hors de lʼeau. Alors, à lʼâge des premiers pâtés de sable, lʼenfant se dandine fièrement sur les plages, bouée en plastique autour des hanches. De son illusoire gloriole de pouvoir nager seul et sans effort, il viendra fièrement informer chacun de ses proches qui sʼassureront régulièrement du bon état de la bouée. Il faut savoir que la bouée tient historiquement son prestige de sa fonction de sauvetage en mer. Apparue dès le XIXème siècle chez les Anglais, on retrouve ses traces en France au poste de sauvetage de Boulogne-sur Mer, le premier en France. Des images montrent des ceintures faites de liège, lointaines ancêtres de nos classiques bouées orange en mousse de polystyrène, accrochées à tous les navires, selon les normes en vigueur à lʼépoque dans la marine marchande. Mais si celles-là sont fiables, et extrêmement contrôlées il nʼen est pas de même pour leur cousine des plages. Selon certains spécialistes, «si un enfant se retourne dans lʼeau avec sa

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bouée, il nʼaura pas la force de sortir sa tête de lʼeau. En plus, sur les plages, les bouées sʼenvolent, et les enfants courent après, ce qui peut être dangereux. Les parents ont tout intérêt à donner des bracelets gonflables à leur enfant». Les brassards nʼont pas plus dʼambition olympique que leur rivale. Apparus grâce aux acquis cumulés des congés payés et de la technologie de la soudure du plastique gonflable, ils nʼaideront personne à apprendre à nager. Mais les brassards savent tout simplement, humblement mais avec assurance, remplir leur mission de flottaison simple. Châteaux éphémères

Pour les plus petits sʼamuser avec le sable reste en même temps le terrain idéal pour lʼapprentissage des rapports sociaux. En témoignent Bruno et Martine en cet après-midi ensoleillé. Lorsque Bruno lui arracha la pelle des mains, Martine eut la réplique immédiate : elle reverse le seau plein de sable humide sur la tête de son petit camarade, qui se mit à pleurer, à trépigner. Leurs chamailleries de gamins se terminaient toujours de la même façon. Les parents de Bruno et ceux de Martine étaient exaspérés. Ils avaient pourtant tort de se plaindre ! Pourquoi nʼavaient-ils pas acheté une pelle et un seau à chacun ? Tout avait pourtant bien commencé. Les premiers jours, les enfants avaient joué calmement sur le sable. Bruno eut envie de construire, de construire nʼimporte quoi, pourvu que ça sʼélève le plus haut possible : «Je veux un château » insista Martine. Un château, cʼet bien beau, mais où ? Seul le sable imbibé dʼeau est assez compact pour

édifier quoi que ce soit. Il faut donc sʼinstaller près des flots. Bruno se rapprocha des flots, trop au goût de Martine : «Ici les vagues vont détruire notre château ! » Bruno ne voulut rien entendre, ce serait ici et pas ailleurs. Avec la pelle, Martine remplissait le seau, que Bruno renversait dʼun geste rapide et sûr. Pâté après pâté, les murs sʼélevaient. Bruno était fier de son œuvre, lʼaide de Martine étant à ses yeux négligeable. Ce château, pensait-il était assez solide pour résister à toutes les attaques. La marée montante poussa une vague plus importante qui sapa lʼédifice. Le château sʼaffaissa, Martine fondit en larmes. Une scène que les bâtisseurs en herbe reproduisent de génération en génération. Le hublot des profondeurs

Pour les plus grands la trempette cʼest dépassée et le nec plus ultra cʼest de se faufiler sous les flots, lʼair en bouche et les mirettes au sec. Sʼil lʼavait pu, Poséidon aurait certainement troqué son trident contre un masque : immortel ou pas, on est tous myope ou hypermétrope sous lʼeau. Le masque, lui, rétablit le contact air-œil, donc la netteté de lʼimage. Facile, au fond. Mais encore fallait-il y penser. On raconte que les plongeurs antiques laissaient échapper de leur bouche de petites quantités dʼhuile qui, passant devant les yeux, rétablissaient une vision plus ou moins claire. A partir du XIXème siècle, on utilise les premières lunettes de plongée sans parvenir à un résultat concluant. A cette époque, seul le scaphandre lourd permet de gambader sous lʼeau en permettant dʼy voir clair. Il faut attendre 1936 pour voir -9-

lʼinvention du masque tel quʼon le connaît aujourdʼhui. Le masque nʼest plus lʼapanage de lʼélite de la plongée et la formule hublot a évolué il y a trentecinq ans avec la jupe qui couvre le nez quʼon peut ainsi pincer pour décompresser. Question raffinement, la fin du fin reste quand même les modèles avec verres correcteurs pour myopes, hypermétropes, astigmates et autres presbytes. Impossible de louper une sirène. Mais rétablir une vision nette ne peut se faire quʼau prix de quelques contraintes : distances réduites, champ visuel rétréci et vision latérale déformée. Attention, enfin, aucun masque nʼest antibuée et cʼest là que le tuba entre en jeu. Il est le complément idéal du masque. Allez savoir pourquoi, ce sont les Grecs qui ont inventé cet objet à la forme longue, fine et cylindrique au IVème siècle avant J.C. ? Et dont le premier brevet ne date que de 1932 ! vieux comme le monde, ce sont les chasseurs sous-marins qui lʼont remis au goût du jour pendant lʼentre-deux-guerres. Le pilier des grèves

Qui, en vacances, au bord de mer, nʼa jamais, jeune ou moins jeune, cédé à la pêche à marée basse. Cʼest là que lʼépuisette entre en scène. Les origines de cet instrument se perdent dans lʼhistoire de la pêche. Chaque région de France possède la sienne. Bouteux, bouqueton, truble, cadre, troublette, puisette..... Elle est la «bonne à tout faire du pêcheur ». Cʼest au début du siècle dernier, avec les premiers bains de mer, que les estivants découvrent les joies de la pêche sur les grèves. Ces épuisettes de loisirs apparaissent alors en devanture des

premiers bazars balnéaires. Depuis, les techniques de fabrication se sont améliorées. Dans les contrées océanes, partir pêcher à la crevette devient une véritable expédition. Carnet des marées dans une main, seau, grattoir et gros sel (pour faire sortir les couteaux) dans lʼautre, lʼépuisette sous le bras et le panier à crevettes en bandoulière, on part tôt le matin à lʼassaut des grèves. Une ou deux heures plus tard, les plus téméraires laissent tomber lʼinstrument et farfouillent à la main sous les rochers, sans savoir à quels dangers ils sʼexposent. Entre anémone de mer qui pique et crabe qui pince. Mais dans les règles de lʼart, il faut, dʼun mouvement délicat du poignet, soulever les algues des rochers pour surprendre les bouquets, petits crustacés délicieux mais très malins. Ou pousser, dʼun geste continu, la «bichette» au long manche sur les bancs de sable pour piéger les crevettes grises. Parfois, on tombe sur un beau banc et cʼest la pêche miraculeuse. Pour optimiser vos chances, sachez respecter quelques consignes. Se méfier du vent, qui pousse les crevettes à migrer vers le large, dans des fonds marins moins agités. Préférez une mer pas trop claire, car les petits crustacés ne sʼaventurent pas dans les eaux transparentes. Pas folle la crevette ! Penchez aussi pour lʼeau tiède et allez-y dès aujourdʼhui, car cʼest en juillet et en août que les crevettes prolifèrent sur nos côtes. Ainsi, de retour à la maison, vous pourrez les plonger dans lʼeau bouillante et les déguster après une dure journée de labeur... Epuisante épuisette. Jean-Michel HUMEZ


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Livre LUCIEN SUEL, SOUFFLEUR DE VERS

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A la limite de la Flandres et de lʼArtois, entre son jardin et ses livres, Lucien Suel sème et récolte. Son dernier livre Mort dʼun jardinier est un véritable plaidoyer pour la vie. Un artiste polyphonique nous dévoile une fraction de son univers. Portrait dʼun auteur qui nʼoublies pas son enfance.

«S

I le livre deviens très célèbre, on pourrait organiser un jeu concours ? » facétieux Lucien Suel ? Le jeu littéraire est son dada. Et le lecteur attentif a tout intérêt à lʼêtre bien plus encore. Sous des airs très sages de jeune retraité, se cache un Punk. Mais pas orthodoxe, un punk des champs. « Jʼai toujours vécu à la campagne, jʼai toujours eu un jardin ». Une seule exception, lʼécole Normale dʼinstituteurs dʼArras, dans le Pas-de-Calais, où il arrive en 1963. Il nʼa pas encore 15 ans. Jospin (ministre de lʼEducation nationale à lʼorigine des IUFM) nʼavait pas encore tué la vieille et noble institution républicaine. Il va y découvrir les joies de la ville, le cinéma, les librairies, la bibliothèque « cʼétait vraiment des années de formation. Je cherchais un auteur après jʼen découvrais un autre… » . Et la fin des clopes en cachette, la liberté. Et lʼécriture déjà prend forme. « Jʼécrivais des poèmes qui ont été publiés dans la revue de lʼécole normale » se souvient-il en souriant. Et lʼécriture sʼinstalle. Il édite une revue dans les années 70 « The Stars Screwer », le baiseur dʼétoiles… « Je faisais tout de A à Z. Même lʼimpression à la ronéo le soir à la mairie… » Pendant quatre ans, Lucien publie des traductions de ses auteurs favoris, Burroughs, Bukowski… ou les paroles françaises des chansons des Clashs ou des Sex-Pistols, de Patty Smith. « Cʼest lʼépoque de la découverte de la contre culture, de la beat génération. Première poste dʼ « instit » dans un petit village près de Lens. Nous sommes en 68… Il y découvre le militantisme syndical. Ensuite, cʼest la lutte contre les centrales nucléaires, lʼachat une maison en Ardèche. « Jʼai failli créer une communauté, mais pour moi la première communauté cʼest la famille » souligne-til. « Je trouvais anormal que ceux qui se disaient « écolos »habitent en ville »…écolo il lʼest toujours mais à sa façon. « Par exemple quand on a un jardin, c'est une façon de lutter contre les supermarchés,» pestent-t-ils contre ceux qui tondent leurs pelouses

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O U S manquerions de place pour citer la liste des ouvrages déjà parus de Lucien Suel en voici néanmoins une liste toute suggestive et non exhaustive :

- Sombre Ducasse . Troisième édition, le Mort-qui-trompe, Nancy, 2007.

- Chapelet . Ecbolade éditions, Béthune, 1996.

- La Justification de l'abbé Lemire . Editions Mihàly, Gennevilliers, 1998 - Têtes de porcs, moues de veaux (photos de P. Roy). Ed. Pierre Mainard, Bordeaux, 1999. - Visions d'un jardin ordinaire (photos de Josiane Suel). Ed.

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chaque samedi. Il se retrouve aussi parmi les pionniers des radios libres. En 1982 il hérite de la responsabilité de Radio Banquise à …Isbergues. «Cʼest ma femme qui avait trouvé le nom» avoue-t-il savourant encore. Aujourdʼhui cʼest sur la «toile » que Lucien sévit. Communication et écriture, sur trois sites, pas moins. Dont un blog, A Noir et Blanc, avec son épouse, Josiane. Pour elle les images, pour lui les poèmes. Lʼaccord parfait. Lucien Suel donne aussi dans la musique depuis 1990 avec son groupe Rock-Punk «Potchük». Autre corde à son arc, le mail art, quʼil pratique avec des correspondants du monde entier, jusquʼà ce que les coûts postaux internationaux explosent avec la libéralisation des services publics et lʼapparition dʼinternet. Dissert tant sur le jardin que sur la littérature

Et lʼécriture toujours, plus importante que tout. A part le jardin peut-être. «Jʼai découvert justement en écrivant sur l'abbé Lemire, la correspondance qu'il peut y avoir entre l'écriture et le travail du jardin. La correspondance qu'il peut y avoir le jardin comme un lieu de mémoire, entre temps mon grand père est mort,…. » Confie-t-il. « En me rappelant tous ses gestes, je me rends compte que le jardin est un lieu où on reproduit ceux qui ont été faits par nos ancêtres et des générations des générations avant nous, ce sont plus que des réminiscences; oui c'est carrément un lien, un lien très fort avec le passé, « la tradition », je fais exprès d'employer le mot tradition. Ce qui n'empêche pas d'être résolument moderne ». Même à lʼavantgarde? « Peut-être ». La terre toujours et les étoiles encore… Il a bâti sa maison avec son épouse, sans machines. Un seul principe, nʼutilisez que des techniques éprouvées. « On a mis trois ans et on est content du résultat ». Derrière sʼétend le terrain, en pente. Une partie fleurie et arborée, avec « une pelouse qui lʼest devenue à force de tontes ». Des du Marais, Hazebrouck, 2000. Semailles . Editions Sansonnet, Coll. Récits d'ici, Lille, 2000. - Coupe Carotte . Editions Derrière - - La Salle De Bains, Rouen, 2002.

- Ultime arithmogramme pour Ch'Vavar . Editions de l'Agneau, collection Poème du Jour, Saint-Quentin de Caplong, 2003. - Canal Mémoire . Marais du Livre, Hazebrouck, 2004

- Un trou dans le monde . Aux éditions Pierre Mainard, Nérac, 2006.

- La limace à tête de chat (dessins). Station Underground dʼEmerveillement Littéraire, La

arbres et puis cʼest le jardin potager défriché par le propriétaire. 600m2 où tout est fait à la main, pas de machines à moteur dans le jardin. Adepte des méthodes traditionnelles, le jardinier nʼutilise pas de produits. « À part lʼanti-limace, difficile de faire sans », et se sert du compost pour enrichir sa terre, de la rotation des cultures. « À la limite, je peux laisser une partie en jachère pendant un an pour planter des patates ou autre chose l'année suivante, je ne suis pas un jardinier très intensif. » Une passion familiale héritée de père en fils. Moi j'ai vu mon grand-père, qui cultivait à la main, avec sa bêche, et mon père aussi qui cultivait son jardin et on été abonné au JOF, les graines des jardins ouvriers de France; à Valenciennes, ça n'existes plus, ça été repris par une espèce de prospectus, ... quand j'étais gamin, j'avais un bout de jardin à moi où je pouvais semer les radis, les graines dont ils ne voulaient pas. Il y a une transmission, par imitation, observation. Et puis il a une période d'adolescence, de jeunesse, où on en avait rien à faire du jardin parce qu'on avait autre chose à faire ». Il y reviendra grâce au jardin attenant un logement de fonction quʼil occupe après son mariage. Et fera partager son savoir à ses élèves qui sʼen souviennent encore. Lʼengouement littéraire vient du tréfonds également. Les lectures adolescentes dʼabord, de Michel Strogoff aux Trois Mousquetaires. « Vers 21 ans, cʼest Lautréamont, avec les chants de Maldoror, ça ma vraiment fait un choc, la façon d'écrire, les thèmes abordés, la noirceur, le coté désespoir .Enfin ce sont des impressions que j'ai de l'époque, je nʼai pas relu depuis. Un choc esthétique, émotionnel; après évidemment il y a la lecture de Rimbaud,…les poèmes de Baudelaire et Verlaine » tous trois incontournables. Cʼest à lʼinvitation dʼIvar ChʼVavar, fondateur de la revue Amiénoise Le Jardin Ouvrier quʼil se lance dans un feuilleton en 42 épisodes sur la vie de lʼAbbé Lemire. « Çà m'intéressait parce que j'en avais entendu parler quand j'étais gamin mais je ne connaissais pas plus que ça.

Tiremande, 2004.

A paraitre

Prochain roman, le second donc, toujours aux Editions de La Table Ronde : « La patience de Mauricette », écrit dans le cadre dʼune résidence à lʼEtablissement Public de Santé Mentale dʼArmentières sera en librairie le 24 septembre 2009.

- « Livre des esquisses », traduction de « Book of Sketches » de Jack Kerouac, Editions de La Table Ronde, sera disponible en novembre 2009.

- « Les versets de la bière Journal 1986-2006 » à paraître

en janvier 2010 aux éditions du Dernier Télégramme.

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photo Franck Jalubec

Je savais que j'allais pouvoir parler de la guerre 14, éventuellement de l'enfance à cette époque là, de jardins, tout ce qui m'intéresse ». Le résultat donnera au final La justification de lʼAbbé Lemire (épuisé en librairie). Il est sorti de lʼenseignement trois ans avant la retraite, en disponibilité sans traitement. Le poids des inspecteurs, les dossiers dʼélève dès la maternelle… : terminé. Il a découvert quʼil pouvait vivre, simplement mais librement, de sa plume en alternant ateliers dʼécriture et résidence. Mais la médaille

Le paradis du bêcheur

La mort cʼest la vie dans les lignes de Lucien Suel ; comme dans son jardin. À chaque page, sa surprise, écho littéraire, plaisir ou émotion. On ne peut pas ne pas penser à «Ulysse» de James Joyce pour le caractère singulier de contraction du temps. Seul lʼévénement annoncé dans le titre est imaginaire. «il y a un coté très autobiographique, c'est très intime, cʼest très précis, le jardin en pente,…la part d'imagination en gros dans ce livre, c'est la mort du jardinier et sa maladie...en ce qui me concerne il n'y a pas de problèmes; je suis allé voir mon médecin à Guarbecque avant d'écrire ce chapitre, pour décrire les symptômes, et on en a discuter devant un bon petit whisky» confesse lʼéternel jeune homme. Le flot, rythmé, évocateur, faisant rejaillir passé, sensations et souvenirs, nʼest pas sans évoquer «Je

à son revers : « avant je connaissais quasiment tous mes lecteurs, avec le succès de Mort dʼun jardinier, çà mʼéchappe un peu.»

Franck Jakubec

Sur internet

Lucien Suelʼs Desk : http://luciensuel.blogspot.com/

Silo Académie 23 : http://academie23.blogspot.com/

A noir e blanc : http://anoir-eblanc.blogspot.com/

me souviens» de Perec. Le livre vibre à chaque virgule comme le sol résonne à chaque pas du jardinier. Cʼest une invitation à la découverte. Le lecteur y croisera, sans parfois même s'en rendre compte, un « geai gélatineux » fleurant la craie de lʼenfance. Ou, la chanson de Craonne, en plein Artois, cœur aussi des boucheries de 14-18. Lʼauteur se plait à semer au fil des pages. Les phrases sont chapitres, les chapitres font sens. La virgule est maitresse du rythme dans un déchainement de contraintes. Les pages sʼenchainent truffées de clins dʼœil. A lire au soleil ou sous la pluie, à midi ou à minuit, mais dans son jardin. FJ

Mort d'un jardinier, roman de Lucien Suel, novembre 2008, aux Editions de La Table Ronde, en librairie.


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France

EXPLOSION D'UNE «BOMBE» PATRONALE À BOSAL ANNEZIN

M N CJ

Jusqu'où peut aller le cynisme du grand patronat automobile...Très loin si l'on considère, alors que les lettres de licenciement tombent depuis lundi, deux offres de reclassement faite par la direction de Bosal à ses ex-salariés : magasinier chez Bosal Autoflex Hongrie, 425 euros mensuels, 40 heures de travail hebdomadaire... Langue utilisée : Hongrois.

R

E N D U E publique le vendredi 10 juillet, la décision du tribunal de commerce d'Arras concernant l'avenir de l'entreprise Bosal d'Annezin placée en cessation de paiement depuis le début de l'année se déclinait en deux parties. La première engageait la liquidation de l'activité de production de pots d'échappements sur le site. La seconde donnait son aval à l'offre de reprise de l'activité de distribution de pièces de rechange par Daniel Cassier, ex-directeur marketing de Bosal France. En tout, près de 300 licenciements programmés et une grand amertume chez les salariés de cette entreprise en lutte contre une opération de restructuration télécommandée par la direction de Bosal International, multinationale belgo-néerlandaise, avec en vue, la délocalisation de l'activité industrielle vers l'est européen, ses bas salaires et ses promesses de surprofit. Au mépris de la vie des travailleurs

Signé huit jours après la décision du tribunal, le protocole de fin de conflit avait mis un terme, le samedi 18 juillet, à

une grève totale qui durait depuis le 15 juin avec occupation du site. La tension retombait... Après l'entreprise Staf d'HéninBeaumont qui avait proposé à ses employés licenciés de les reclasser au Brésil avec un salaire de 315 euros mensuels ou encore la société Carreman de Castres qui avait proposé des «offres de reclassement» à Bangalore, en Inde, pour 69 euros par mois, Bosal France s'est invitée cette semaine au bal des faiseurs de «propositions indécentes» pour salariés licenciés en proposant aux «siens» – à prononcer en Ch'ti, peut-être, pour mieux saisir-, à titre d'«offres de reclassement», deux postes de travail chez Bosal Autoflex, en Hongrie, emplois rémunérés à 425 euros par mois, à raison de 40 heures par semaine. L'«offre» précise : " Langue utilisée : Hongrois ". Réagissant immédiatement, les élus CGT de Bosal Annezin ont jugés ces propositions scandaleuses et « illégales » et ont décidé de contre-attaquer. De son côté, la mairie d'Annezin a arrêté de prêter des locaux communaux au cabinet Altedia, en charge du reclassement.

Un patronat « conscient » et militant

Nommé jusqu'au 15 septembre par le liquidateur et les administrateurs judiciaires, le gestionnaire de transition de la société, Jean-Marc Wieczorek a expliqué, pour dédouaner Bosal France sur ce point, que cette démarche relevait de l'«obligation légale», adopté fin juin en première lecture par l'Assemblée nationale, un texte de loi imposant à une entreprise qui procède à un licenciement économique d'assortir ses offres de reclassement à l'étranger d'une " rémunération équivalente " à un salaire français. Le représentant de Bosal dénonçait en passant le " millefeuilles du code du travail ". " On répond à une obligation administrative par une procédure administrative " a-t-il expliqué. Ainsi donc, non contente de pratiquer la provocation, Bosal International «milite» sur les ruines encore chaudes d'une entreprise dont elle a programmé la liquidation, et ceci doublement. D'une part en dénonçant la « complexité » du code du travail français – rengaine permanente du grand patronat, adepte, c'est bien connu, de clarté, de transparence et de - 14 -

simplcité en ces matières (en ces matières seulement), sectateurs du MEDEF ou de l'UIMM en tête. D'autre part, en prétendant établir, sur la base d'un argument infaillible, l' « équivalence » d'un salaire Français et, en l'occurence, Hongrois. « En relation avec les coûts de la vie »

La note accompagnant l'« offre » signée par André Wagner, DRH de Bosal France, est on ne peut plus explicite sur le caractère agressivement « militant » de la démarche de la multinationale belgo-néerlandaise une fois essuyées les larmes de crocodile qui en troublent la lecture. Noir sur blanc : « Nous sommes conscients que le niveau de rémunération proposé est bien en deçà de ce qui se pratique couramment en France, cependant il est en relation avec les coûts de la vie dans ce pays .» En relation avec les « coûts de la vie » en Hongrie, le salaire d'un travailleur, en France, est donc équivalent, selon Bosal International, avec le salaire d'un travailleur en Hongrie. Poursuivons le raisonnement : ...donc en Bulgarie, en Tunisie, donc à Singapour, donc, donc...

sur l'Ile de Pâques. Continuons, continuons : donc à ... zéro. CQFD Tout n'est donc qu'une question de « perspective ». Tout, sauf le profit bien sûr qui lui reste un absolu dont la croissance de la croissance doit rester intangible : +15%, +50%, +100%, +400%... - Ah, le rêve ! Et « en relation avec les coûts de la vie » dans les quartiers chics, toujours si « petit », que c'en est une misère. Quelle qu'en soit la taille, le fauve teste toujours sa cage. Le grand patronat « voyou », en France, avide de délocalisation et de superprofit, peut remercier l'Etat UMP de lui avoir taillé, avec la peau des travailleurs, une loi sur mesure et à la mesure du mépris qu'il affiche pour leur vie et la vie de leurs familles. Pour l'instant, le journal de vingt heures n'a pas encore fait de « gros titre » sur l'ultra-violence de ce grand patronat, sur les « saccages » auquels il se livre, sur ces vies qu'il « séquestre » et sur ces « bombes » qu'il pose autour de tant d'entreprises industrielles. Il est vrai, celles-ci explosent effectivement; cet été, à la pelle. Jérôme Skalski

Liberté 62 n°872 - Le 31 Juillet 2009


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