CHARLOTTE ROCHEZ TÉMOIN DE L’EXPOSITION LOÏC GESTIN
HABITER L’ENSEMBLE, PENSER L’AVENIR
Le logement collectif, bien plus qu’une réponse fonctionnelle à la densité urbaine, est une question d’intérêt général. Il interroge nos manières de vivre ensemble, notre rapport à l’intimité, au voisinage, au paysage, à la ville. Avec cette exposition, Habiter L’Ensemble, le CAUE Var vous propose un autre regard sur ces architectures du quotidien, souvent perçues comme ordinaires, mais qui révèlent une richesse insoupçonnée.
Dans notre département, ces bâtiments – tours, barres, résidences, habitats intermédiaires
– ont marqué le paysage et la mémoire collective. Ils ont abrité des générations de varois, et continuent de le faire. Aujourd’hui, ils nous posent une question essentielle : comment transformer sans renier ? Comment réhabiliter sans effacer ? Comment concilier exigence environnementale, qualité d’usage et héritage architectural ?
Le rôle du CAUE est précisément d’éclairer ces questionnements. En valorisant ce patrimoine, en mettant en débat les enjeux du vivre-ensemble, il contribue à construire une culture partagée de l’architecture, du paysage et de l’urbanisme.
Je salue ici le travail de toute l’équipe du CAUE Var, les regards croisés de Loïc Gestin et Charlotte Rochez, et remercie les acteurs qui permettent à cette exposition d’exister. Ensemble, continuons à faire du logement collectif un levier d’innovation, de solidarité, et de qualité de vie.
Hier, aujourd’hui & demain
MARC LAURIOL, PRÉSIDENT DU CAUE VAR
Cette année le CAUE Var s’interroge sur le logement collectif de la seconde moitié du XXe siècle, pour poursuivre les réflexions de l’an passé sur le vivre ensemble, avec l’exposition “Se rencontrer” consacrée aux espaces publics.
“Habiter l’ensemble” invite à se questionner sur nos lieux de vie quotidiens que l’on oublie de regarder, voire d’habiter.
L’habitat collectif se pense et se vit à toutes les échelles, du logement au grand territoire. Il est un vaste sujet au croisement des enjeux environnementaux, économiques et sociaux actuels.
Le territoire varois est riche d’une multitude de réponses et de nombreux projets remarquables. L’équipe du CAUE Var et Loïc Gestin, architecte et urbaniste, ont fait l’exercice complexe de proposer une sélection de projets hétéroclites permettant d’aborder différentes réponses possibles. Pour révéler ce choix, le CAUE a fait appel à la photographe Charlotte Rochez, dont le regard sensible était déjà animé par ce sujet.
Cette exposition se compose de vingt photographies organisées en diptyques - visant à mettre en regard le projet dans son contexte et des détails de qualité d’usage. Les typologies présentées sont ainsi très diverses une tour, une barre, du petit collectif, de l’habitat intermédiaire, un nouveau hameau, une greffe urbaine, une résidence parc, des logements en bande, un nouveau quartier, un îlot urbain.
Les logements collectifs produits à cette époque, nous posent la question de leur devenir : conservation, réhabilitation énergétique, aménagement des abords,… ; mais également sur la façon d’habiter ensemble demain pour répondre à la nécessaire transition écologique.
L’ÉQUIPE DU CAUE VAR
TÉMOIN DE L’EXPOSITION
Je collabore depuis de nombreuses années avec le CAUE Var, et c’est un véritable honneur de contribuer activement à la conception de l’exposition 2025. Cette nouvelle saison culturelle consacrée au logement collectif dans le Var, se concentre sur la seconde moitié du XXe siècle. Un thème aussi riche implique d’engager une réflexion à de multiples échelles, mêlant les approches territoriale, urbaine, architecturale, paysagère, sociale et environnementale.
Pour répondre à cette commande, j’ai aidé à la constitution d’un panel de projets offrant des réponses très diverses à un programme commun : celui du vivre ensemble. Se pose alors la question de ce que signifie vivre « à côté » et, inévitablement, « avec » l’autre dans un contexte de densité. Vivre les uns avec les autres, parfois contre, parfois les uns sur les autres… Comment réussir cette équation entre intimité et proximité ? Il n’existe pas « une » réponse mais des réponses que l’architecte peut imaginer selon l’inscription dans le site, le rapport au paysage, le lien au quartier, à la ville, selon aussi le programme donné résidences de tourisme, sociale, haut de gamme, etc...
À l’heure où nous vivons une crise du logement sans précédent, aux facteurs multiples tels que l’effondrement de la production, des terrains moins nombreux et plus chers, des recours systématiques, la mobilité résidentielle en berne, le mal logement, la hausse des taux d’intérêt et des coûts des travaux, des factures d’énergie.
À l’heure où les mutations sociétales nous font repenser nos modes d’habiter : télétravail, maintien à domicile des personnes âgées, monoparentalité, colocations.
À l’heure où l’urgente adaptation de nos villes aux changements et risques climatiques se fait concrètement sentir, nous sommes désormais contraints de faire avec l’existant et de travailler sur une densité qualitative tout en nous éloignant du rêve de la maison individuelle et du périurbain…
À nous, architectes, de réinterroger notre manière de concevoir le cadre de vie !
À nous de travailler pour faire société, de favoriser le lien, d’offrir des parties communes, des lieux de rencontre et d’échange au quotidien, de préserver nos commerces et nos équipements de proximité, de renforcer nos lieux de mixité pour permettre l’appropriation, l’identification et le bien-être des habitants.
LE REGARD DE LA PHOTOGRAPHE
Ce projet photographique est né d’un besoin de regarder autrement les formes d’habitat collectif qui jalonnent le territoire varois. Trop souvent réduits à des clichés négatifs ou laissés dans l’angle mort de notre mémoire urbaine, ces bâtiments racontent pourtant une histoire riche celle de l’après-guerre, de l’utopie moderniste, des politiques de peuplement, mais aussi celle de l’intime, de la vie quotidienne.
Mon objectif n’est pas d’illustrer, encore moins de juger. Je cherche à capter la poésie silencieuse de ces lieux : une façade qui accroche la lumière, un balcon fleuri, une piscine vide, un palmier planté au milieu du béton. À travers le cadrage, la couleur, la répétition des formes, je m’efforce de rendre visible ce que l’on ne voit plus. Ma démarche est autant photographique qu’architecturale. Elle s’ancre dans une histoire personnelle – celle d’une enfance bercée par les récits d’architectes – et s’inscrit dans une volonté de documenter, sans nostalgie mais avec précision, des espaces souvent oubliés.
Deux artistes ont particulièrement nourri mon regard. Le travail de Richard Caldicott, pour son minimalisme et sa maîtrise de la couleur, m’a appris à composer avec peu, à chercher l’abstraction dans le réel. Celui de Romain Laprade, pour sa sensibilité au détail, aux textures, à la lumière naturelle, m’a encouragée à voir le banal comme un terrain d’élégance discrète. Leurs influences résonnent dans mon approche formelle, mais aussi dans ma façon de chercher la beauté là où elle semble absente. Ce travail est aussi une invitation celle de ralentir, d’observer, de réévaluer nos paysages construits. De se demander comment on habite un lieu, et ce que ces lieux disent, en creux, de nous.
CHARLOTTE ROCHEZ
LE CONCORDE
Architectes : Pierre PASCALET, Paul LUYTON
Localisation : Toulon
Date : 1958
HABITER UNE TOUR
Une des premières tours de Toulon, elle marque l’entrée ouest de la ville comme signal urbain. Programme mixte : elle se compose de logements, de bureaux et de commerces en rez-de-chaussée. L’architecture est dessinée dans les moindres détails, du motif de mosaïque en pâte de verre en façade, jusqu’au garde-corps.
LA COUPIANE
Architectes : Jean DRAVET, Pierre FRIES, Georges BORDES
Localisation : La Valette-du-Var
Date : 1964
HABITER UN NOUVEAU QUARTIER
Dans la ZAC de la Coupiane, le quartier s’invente à partir du quotidien. Au départ, une école, un cinéma, une médiathèque, une piscine. Puis des bureaux, des commerces, une place et neuf cents logements s’organisent sur des principes bioclimatiques, dans une ville qui se construit par étapes.
MAISONS DE BERTHE
Architecte : Serge MIKELIAN
Localisation : La Seyne-sur-Mer
Date : 1954
HABITER LA CITÉ
Entre les grands ensembles, quelques volumes bas à l’apparence de grandes maisons. Chaque bâtiment composé de quatre logements s’inscrit dans un plan en damier alternant séquences piétonnes et plantées. La pinède compose avec l’habitat un paysage discret, plus diffus, plus poreux. Un autre rapport à la ville, plus calme, plus horizontal.
LA CAILLE
Architectes : Alfred HENRY (Architecte en chef ZUP : S.Mikelian)
Localisation : Toulon
Date : 1971
Habiter une barre
La Caille prend place dans un ensemble de tours et de barres aux noms d’oiseaux qui sonnent comme un appel à plus de légèreté pour la ZUP de la Rode.Ce bâtiment, plus long projet du quartier, se déploie sur cinq étages de logements traversants, orientés nord-sud pour capter la lumière et laisser passer l’air. Des percées sculpturales en double hauteur traversent le socle commercial et invitent à se glisser vers un jardin central.
LE HAMEAU DE LA MADRAGUE
Architectes : Pierre FORMIGE, Pierre LERAMBERT
Localisation : Saint-Cyr-sur-Mer
Date : 1970
HABITER UN NOUVEAU HAMEAU
Un ensemble de maisons mitoyennes, de petits immeubles collectifs et de placettes s’organise dans la pente. Par le traitement soigné du cheminement et le dessin des sols, ainsi que le choix d’un stationnement souterrain, l’échelle piétonne et le caractère villageois constituent l’essence du projet.
LE DOMAINE DE LA COUDOULIÈRE
Architecte : Jean-Pierre SIAME
Localisation : Six-Fours-les-Plages
Date : 1995
HABITER DANS UN PARC
Sur une ancienne briquèterie et carrière d’argile, un vaste ensemble d’une vingtaine de résidences hétéroclites bénéficie d’un immense parc préservé autour de deux lacs, un milieu humide riche, régénérant et refuge au quotidien pour les habitants et pour les nombreux animaux amenés à cohabiter dans ce lieu.
GRAND HORIZON
Architecte : Jean-Georges NARKISIAN
Localisation : Toulon
Date : 1962
HABITER DANS LA PENTE
Depuis le quartier du bas Faron, on rentre chez soi comme on suit un sentier. Onze logements en gradins, comme des villas superposées, imbriquées dans la pente, ouvrent sur le paysage. Le Grand Horizon est une expérimentation autour de l’habitat intermédiaire qui vise à préserver l’intimité au sein du collectif.
NOUVEAU VILLAGE DE GASSIN
Architecte : François SPOERRY
Localisation : Gassin
Date : 1983
HABITER UNE GREFFE URBAINE
Une extension du village historique qui suit la pente et s’insère dans le paysage lointain. Composé de petits immeubles collectifs et de maisons de village, le projet est l’opportunité de mettre en place des nouveaux équipements et des commerces de première nécessité. Redynamiser le vieux Gassin pour faire venir de nouveaux habitants, là-haut, perché.
PARC îLOT DE L’ÉPARGNE
Architectes : Henri Bertrand ARNOUX, Jacques LE BARBE
Localisation : Toulon
Date : 1958
HABITER UN ÎLOT URBAIN
Cette résidence a été construite autour d’une bastide et de son jardin, un cœur vivant, frais, intime, paisible, et commun. Un ensemble d’immeubles aux noms de végétaux, Les Dahlias, Les Eglantiers, Les Fougères, Les Bruyères, Les Amandiers, Les Cèdres, entoure ce parc formant un nouvel îlot urbain, dans un quartier gagné par l’habitat pavillonnaire.
SIMONE BERRIAU
Architecte : Pierre PASCALET
Localisation : Hyères-les-Palmiers
Date : 1982
HABITER LA MARINA
Situés aux pieds d’une tour et de barres, ces logements en bande, sont sans doute les plus discrets de la résidence, mais pour autant dessinés avec soin. Conçus pour habiter au bord de l’eau pendant les vacances, ils sont composés de petits duplex avec jardinets privatifs préservant l’intimité des vacanciers.
LOÏC GESTIN
Loïc Gestin, architecte DPLG urbaniste, a collaboré avec de grandes agences européennes à Barcelone, Rotterdam et Paris, après avoir vécu dans plusieurs villes françaises et européennes. Il a travaillé aux côtés d’Enric Miralles, Renzo Piano, JeanMichel Wilmotte, NOX Architekten, Nicolas Michelin ou Rémy Marciano sur des projets tels que la Cité Internationale de Lyon, la Maison Folie de Lille 2004 ou le marché Santa Caterina à Barcelone.
Diplômé en 2001 de l’École d’Architecture de Marseille, il fonde GESTIN Architectes en 2007. L’agence intervient sur des sites prestigieux et sensibles comme la restructuration du téléphérique du Mont Faron, de l’Escale Casabianca, du Sémaphore de Porquerolles, ou encore le Parcours des Arts à Hyères, primé en 2018 et 2022.
L’agence développe aussi de nombreux projets culturels (scénographie, signalétique, musées) et conçoit des espaces publics comme les parcs de La Motte, de la Favière à Bormes ou la place Clémenceau à Fréjus. Elle réalise également des études urbaines à différentes échelles.
Son travail est régulièrement publié dans des ouvrages d’architectures. Enseignant vacataire en BTS Design d’Espace à Toulon depuis 2009, il a aussi enseigné à KEDGE Toulon. Son diplôme a été exposé à Istanbul en 2003 parmi les meilleurs projets internationaux.
Photographe autodidacte, je développe depuis plusieurs années un travail centré sur l’architecture du quotidien et les paysages construits. Mon regard s’attache aux formes que l’on ne remarque plus, aux bâtiments traversés chaque jour sans y prêter attention, aux géométries familières qui peuplent notre environnement.
Mon intérêt pour l’architecture ne vient pas de nulle part : je suis fille, petite-fille et nièce d’architectes. J’ai grandi entourée de plans, de maquettes et de discussions sur l’espace. Cette sensibilité familiale m’a formée à observer les volumes, à comprendre les intentions derrière un agencement, une matière, un alignement.
C’est à travers la photographie que j’ai trouvé ma manière d’entrer en dialogue avec cette mémoire visuelle. Mon approche est instinctive, mais nourrie d’une attention particulière à la lumière, aux rythmes, à la couleur. Deux artistes ont particulièrement influencé ma pratique Richard Caldicott, pour son minimalisme et sa recherche formelle autour des aplats colorés, et Romain Laprade, pour son regard sensible porté sur les textures, les détails architecturaux et les ambiances lumineuses. Leur travail m’a aidée à affiner ma propre manière de traduire le réel en image.
Cette première exposition, consacrée au logement collectif dans le Var, est le fruit de plusieurs mois d’exploration de terrain. J’y interroge la beauté discrète des cités d’aprèsguerre, la singularité des ensembles balnéaires modernistes, l’équilibre entre nature et béton. À travers une photographie précise mais sensible, j’essaie de capter l’émotion silencieuse qui habite ces lieux – entre mémoire collective et présence graphique.
CHARLOTTE ROCHEZ
REMERCIEMENTS
Marc Lauriol
Président du CAUE Var, Conseiller départemental et Chargé de mission auprès du Président du Conseil Départemental «aides financières et techniques aux communes»
Wilfrid Jaubert
Directeur Général du CAUE Var
et le conseil d’administration du CAUE Var
remercient pour leur soutien, leur accompagnement, leur engagement
Ministère de la culture, DRAC PACA, Direction Départementale des Territoires et de la Mer du Var, Châteauvallon-Liberté, scène nationale, Office de Tourisme de Toulon, Inspection Académique du Var, Université de Toulon, Fédération Nationale des CAUE, Centre des Monuments Nationaux, Abbaye du Thoronet, La Ressourcerie de la Rade, Image de Ville, Architecture en ligne, Cinéma Le Royal, Ciné Bleu, Fédération Française du Paysage, Syndicat des Architectes du Var, CAUE 74, COFOR ALEC 83 , RATP DEV, ESAD TPM, Delphine Tourte, Delphine Ratier, Christian Luyton, Jean-Luc Coulomb, Valentin Heinrich, Laurent Lehmann, Julien Hubert, Eve Roy, Marc Esponda, Valérie Michel, Jeanne Guyon, Laure Poggini, Lucile Bordes
et les acteurs ayant participé à la réalisation de cette exposition et à la programmation de sa saison ainsi que les anonymes présents sur les photos.
Avec HABITER L’ENSEMBLE... le CAUE Var participe à la vie culturelle du centre-ville de Toulon, de la politique culturelle à l’échelle de la Métropole TPM et du Département du Var.
EN SAVOIR PLUS...
SCANNEZ-MOI
Pour découvrir gratuitement nos évènements organisés tout au long de la saison culturelle 2025 !
N° ISBN : 9 782492 259081
Prix 5 € (participation aux frais d’impression)
SIRET : 330 783 416 000 51
Impression Août 2025 – Imprimé en France
TVA non applicable, art. 293 B du CGI
Édité par : CAUE Var, 26 place Vincent Raspail 83000, Toulon
Directeur de publication Wilfrid Jaubert
Photographies : Charlotte Rochez
Rédaction, conceptions graphiques et illustrations L’équipe du CAUE Var & Loïc Gestin
Imprimé par CCI Imprimerie Marseille (13)
Cette contribution couvre une partie des coûts liés à l’impression du catalogue. Aucun bénéfice n’est réalisé.
«L’ARCHITECTURE
EST UNE EXPRESSION DE LA CULTURE.»
LOI N°77-2 DU 3 JANVIER 1977 SUR L’ARCHITECTURE
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