[ HORLOGERIE
FÉVRIER 22
KARL-FRIEDRICH SCHEUFELE
«NOUS AVONS CONSTRUIT LA MANUFACTURE DANS LE PLUS GRAND SECRET» TEXTE [[[ Isabelle Cerboneschi
La manufacture Chopard de Fleurier vient de fêter ses 25 ans. Elle est le résultat d’une longue restauration d’un bâtiment industriel racheté par étapes. Interview de Karl-Friedrich Scheufele, coprésident de Chopard.
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orsqu’en 1996, une poignée de journalistes ont découvert la manufacture Chopard de Fleurier, personne ne s’attendait à se retrouver devant un immeuble industriel de plusieurs étages, posé au milieu du village. Chopard, à l’époque, en louait un demi-étage : ce n’était pas l’idée que l’on se faisait d’une manufacture. Vingt-cinq ans plus tard, la maison possède l’immeuble tout entier. Ce bâtiment a été entièrement restauré, en respectant à la fois le passé et le présent, notamment la nécessité d’y abriter les ateliers de la manufacture. Il s’agit d’un lieu hybride avec une partie historique construite en 1903 qui fut étendue en 1947 ainsi qu’une aile sud, plus récente, datant de 1966. La partie moderne pouvait recevoir des machines lourdes. Idéal pour une manufacture horlogère. Sous les poutraisons, qui ressemblent à un navire à l’envers, les visiteurs peuvent découvrir le L.U.Ceum, un néologisme créé à partir de Louis Ulysse Chopard et Museum, un musée où l’on peut suivre l’évolution des inventions qui ont servi à calculer le temps,
depuis les origines. La restauration de l’immeuble, qui totalise 3300 m2, a duré environ cinq ans. « Nous avons créé une double peau tout autour de la structure, qui est à la fois esthétiquement intéressante et qui permet une meilleure isolation », confie le coprésident de Chopard. En 2009, Chopard a agrandi son fief à Fleurier en ouvrant un nouveau site industriel - Fleurier Ebauches - dédié à la production de mouvements en grande série, sur une ancienne friche industrielle laissée à l’abandon et un an après, le Chopard Forum fut inauguré au sein d’une bâtisse du XVIIIe siècle que le coprésident de Chopard avait acquise en 2004. Lorsque vous avez décidé de créer la manufacture, le Swatch Group n’avait pas encore décidé d’encourager les entreprises à l’indépendance. Avez-vous eu l’intuition d’un changement radical de l’industrie horlogère ? Je ne vais pas prétendre que j’avais eu cette vision-là, mais j’avais le sentiment que le marché allait se rétrécir