État de l’industrie canadienne de l’électricité 2021 - année de renouveau

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RE-NOU-VEAU Nouvel épanouissement; apparition de formes nouvelles

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TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION : ÉTAT DE L’INDUSTRIE CANADIENNE DE L’ÉLECTRICITÉ 2021, ANNÉE DE RENOUVEAU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 CHAPITRE 1 FAIRE FACE À LA PANDÉMIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Situation actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 Faire face à la pandémie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Collaboration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 CHAPITRE 2 L’ÉLECTRICITÉ, LA VALEUR LA PLUS SÛRE POUR ATTEINDRE LA CARBONEUTRALITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Situation actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Qu’est-ce que la carboneutralité? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Rebâtir en neuf de façon durable pour demain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 CHAPITRE 3 UN COUP DE BARRE S’IMPOSE – MODERNISATION DES SYSTÈMES PROVINCIAUX ET TERRITORIAUX DE RÉGLEMENTATION DE L’ÉNERGIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Situation actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Un paysage de l’électricité en mutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Appel à l’action : Feuille de route pour l’efficacité de la réglementation dans le secteur de l’électricité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 CHAPITRE 4 – LES GENS AU SEIN DU SECTEUR DE L’ÉLECTRICITÉ OU DANS SON CHAMP D’ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Situation actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Promotion de l’équité, de la diversité et l’inclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Promotion de la diversité des genres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Appui à la clientèle canadienne en mutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 CONCLUSION : QUE LE RENOUVEAU COMMENCE! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

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INTRODUCTION : ÉTAT DE L’INDUSTRIE CANADIENNE DE L’ÉLECTRICITÉ 2021, ANNÉE DE RENOUVEAU Tous les ans, l’Association canadienne de l’électricité (ACE) prend du recul, fait le point et, en tentant de son mieux de formuler des avis éclairés, s’efforce de décrire l’état de l’industrie canadienne de l’électricité. Ces avis éclairés s’imposent du fait que, pour décrire efficacement l’état de ce secteur, il faut non seulement dépeindre son état actuel, mais aussi jeter un regard vers son avenir. Or, pour ainsi nous projeter dans l’avenir, nous devons tout d’abord examiner non seulement où nous en sommes, mais aussi le chemin que nous avons parcouru. Il y a un an, pratiquement personne n’avait prédit la pandémie de COVID-19 et les effets dévastateurs qu’elle aurait partout dans le monde (à l’exception de Bill Gates, qui y avait fait allusion dans son discours TED désormais célèbre de mars 2015). Depuis, la pandémie a fait couler beaucoup d’encre. On a parlé du fait qu’elle a exposé la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales; la très mauvaise préparation de la société à faire face à une situation d’urgence de longue durée; la précarité de certains secteurs de l’économie, autrefois considérés comme stables, et leur grande vulnérabilité à l’instabilité économique; ainsi que les limites de la capacité de notre système de santé à répondre à une intensification de la demande. En revanche, la pandémie a aussi mis en lumière la résilience de nos infrastructures essentielles. Le ralentissement économique a eu des répercussions financières également sans précédent sur les entreprises et les particuliers. En mars et en avril 2020, l’économie canadienne s’est contractée plus rapidement que jamais auparavant. Certaines régions du pays où la situation économique était déjà difficile, par exemple en raison des prix historiquement bas du pétrole et du gaz, ont subi encore plus durement le contrecoup de la pandémie.

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La fermeture d’entreprises et la hausse du chômage ont réduit la capacité des clients des compagnies d’électricité à respecter leurs engagements financiers. Au printemps, les factures d’électricité en souffrance se sont traduites par une hausse du nombre de reports et de retards de paiement. Des provinces et des territoires ont mis en place des programmes pour alléger la pression subie par les clients. Toutefois, dans certains cas, les problèmes de liquidités des clients ont simplement été transférés aux sociétés de distribution locale. Cette situation s’est inscrite dans un contexte où les bouleversements politiques et sociaux prenaient de l’ampleur au sud de la frontière. En plus d’être notre plus important partenaire commercial, les États-Unis sont le pays avec lequel pour partageons la gouverne du réseau de production-transport d’électricité nordaméricain. Même la COVID-19 est devenue un enjeu dans le discours politique chez nos voisins du Sud. La politisation du port du masque, pendant une période où le nombre de cas était en hausse, a provoqué une énorme disparité dans les taux d’infection et de décès entre le Canada et les États-Unis. En effet, ces taux étaient respectivement plus de quatre fois et deux fois et demie plus élevés aux États-Unis qu’au Canada.


Il s’en est suivi une fermeture de la frontière sans précédent : depuis le 21 mars 2020, « la plus longue frontière non défendue de la planète » est fermée à toute circulation non essentielle. En plus des difficultés liées à la pandémie, la société américaine doit composer avec l’agitation sociale provoquée par la mort d’Afro-Américains non armés aux mains de la police. Aux États-Unis, la période électorale a été marquée par des manifestations, des contremanifestations et des camps de manifestants installés pendant des semaines dans les grandes villes. Les troubles politiques et sociaux ont culminé avec l’attaque contre le Congrès américain quelques semaines avant l’assermentation du président et de la vice-présidente élus. Au début de 2021, les conditions météorologiques hivernales difficiles ainsi que leurs répercussions douloureuses et, dans certains cas, mortelles ont rappelé, en particulier sur le territoire desservi par ERCOT, au Texas, le caractère essentiel de la fiabilité du réseau d’électricité aux États-Unis. Le soutien des producteurs d’électricité canadiens et de nos équipes de travailleurs qui se sont rendus sur place pour contribuer au rétablissement du courant témoigne de la culture d’assistance mutuelle inscrite dans l’ADN du secteur. On étudiera plus tard les causes et les conséquences de ces pannes pour en tirer des leçons mais, pour l’heure, l’évolution et l’état du réseau d’électricité dans cet État suscitent déjà la controverse dans la sphère politique.

La reine Elizabeth a peutêtre popularisé l’expression annus horribilis en l’employant pour qualifier l’année 1992, marquée par des catastrophes mais, pour bien des gens, ces mots résument le mieux à l’année 2020.

Pendant ce temps, la situation politique au Canada, quoique moins instable, n’était néanmoins pas exempte de controverses. Dans un premier temps, les commentateurs ont louangé le gouvernement fédéral pour ses interventions face à la COVID-19. Durant l’automne et l’hiver, toutefois, le gouvernement a envoyé des signaux de plus en plus opaques, laissant entrevoir qu’il souhaitait accorder la priorité à une « relance verte », à la prudence financière et à la préparation aux « vagues » à venir de la pandémie. Le fort sentiment de soulagement suscité par l’annonce du déploiement des vaccins s’est depuis estompé pour laisser place à des préoccupations liées aux difficultés d’approvisionnement et au scepticisme vaccinal. Or, pour assurer l’immunité collective, il faut surmonter ces obstacles. Après avoir concentré ses efforts sur la pandémie pendant la majeure partie de 2020, le gouvernement fédéral est allé de l’avant avec deux de ses priorités stratégiques phares. Ainsi, à la fin de 2020, il a présenté deux cadres législatifs pour donner suite à deux engagements qu’il avait pris dans le cadre des élections de 2019, à savoir l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050 et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). La reine Elizabeth a peut-être popularisé l’expression annus horribilis en l’employant pour qualifier l’année 1992, marquée par des catastrophes mais, pour bien des gens, ces mots résument le mieux à l’année 2020. Cela ne signifie pas que rien de positif n’est ressorti de la dernière année : les efforts mondiaux de recherche de vaccins contre la COVID-19 ont rapidement porté leurs fruits, plusieurs vaccins ayant été approuvés ou étant en cours d’approbation réglementaire; la société a reconnu le rôle crucial des travailleurs de la santé et des autres travailleurs essentiels et apprécie davantage leur apport; chaque nouvelle journée a mis en lumière des récits d’humanité et d’empathie face à l’adversité; et, tandis que certains secteurs chancelaient sous les répercussions de la pandémie, les Canadiens ont pu être témoins de la résilience remarquable de l’infrastructure de notre pays. En rétrospective, l’ACE fait le bilan des leçons tirées de 2020 et se tourne vers l’avenir. Il y a un an, nous prévoyions que 2020 serait une année de transformation. Nous avions d’ailleurs eu recours à cette expression à l’époque dans l’État de l’industrie canadienne. Au lieu de cela, 2020 a été une année de résilience, sujet qui avait été (ironie du sort!) notre thème de l’année précédente. Si la résilience est la capacité de se relever rapidement après des difficultés, l’année qui vient de s’écouler a montré la résilience du secteur canadien de l’électricité.

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Les transformations que nous attendions à très court terme à la même période l’an dernier ont peut-être été mises en veilleuse, mais les grands impératifs sociaux, environnementaux et politiques fondamentaux qui influeront sur notre avenir n’ont rien perdu de leur importance. Ils ont simplement été reportés pendant que le monde lutte contre la pandémie. Pour 2021, nous avons retenu un nouveau thème, à savoir celui du renouveau. Par définition, le renouveau consiste à reprendre une activité ou un état après une période d’interruption et à remplacer ou à réparer quelque chose qui est usé ou brisé. Après la pandémie, nous nous retrouverons dans un monde où : • il y aura consensus à l’échelle mondiale au sujet de l’évolution du climat, lequel pourra s’exprimer par l’entremise de l’Accord de Paris, qui s’appuie sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques; • le gouvernement du Canada sera déterminé à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA); • les systèmes de réglementation tarifaire, peu propices à l’innovation, ne seront plus adaptés aux marchés émergents ni aux nouvelles technologies; • l’évolution en périphérie du réseau remettra en question les structures traditionnelles du secteur; • les cybermenaces seront plus présentes que jamais. Enfin, nous constatons que les clients et la société ont des attentes de plus en plus grandes en ce qui a trait aux services, à la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux et des problèmes de gouvernance ainsi qu’à la progression de l’équité, de la diversité et de l’inclusion.

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01 FAIRE FACE À

LA PANDÉMIE Situation actuelle Le secteur de l’électricité a l’habitude de se préparer à affronter les difficultés imprévues, comme des conditions météorologiques extrêmes et imprévisibles ou des travaux d’entretien inattendus. Nous nous préparons à ces situations. Nous gardons une réserve de pièces d’équipement essentielles et réduisons le risque dans la mesure du possible. Pour être aussi prêts que faire se peut, nous nous exerçons à exécuter les travaux éventuels dans des situations extrêmes. Et nous continuons ainsi de nous préparer encore et encore. Il va sans dire que la COVID-19 diffère des feux de forêt et des ouragans. D’ordinaire, pour résoudre un problème, nous demandons à des gens de s’en occuper. Dans le cas de la pandémie, c’était la chose à ne pas faire. Le virus en soi ne peut pas causer de pannes, mais il peut représenter un risque pour le réseau en mettant en danger une ressource extrêmement rare : nos gens. Si un poteau électrique est arraché ou qu’il faut remplacer un transformateur, nous disposons du matériel de remplacement nécessaire. Ce n’est pas le cas pour les ressources humaines. Lorsque la pandémie de COVID-19 a soudainement obligé les gens partout dans le monde à adapter leur mode de vie et de travail, les compagnies d’électricité ont réagi rapidement – renoncer à fournir un approvisionnement fiable en électricité aux Canadiens (ou à maintenir les infrastructures essentielles) n’a jamais été une option pour elles. Grâce à sa culture axée sur la sécurité, à sa détermination à fournir un approvisionnement fiable et sécuritaire, à sa résilience et à sa souplesse, le secteur canadien de l’électricité a été – et demeure – prêt à fournir aux Canadiens un service essentiel.

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Faire face à la pandémie La sécurité d’abord

Comme de nombreux autres milieux de travail, une grande portion du secteur canadien de l’électricité est très rapidement passée en mode télétravail. Les appels Zoom et les tables de cuisine ont remplacé les réunions et les cubicules. Cette situation a apporté son lot de difficultés pour toutes les organisations concernées, notamment des problèmes de santé mentale et de cybersécurité ainsi que les préoccupations liées au maintien d’une culture d’entreprise. Toutefois, dans notre secteur, de nombreuses tâches ne peuvent être accomplies à distance et ont donc exigé des précautions particulières. La sécurité a toujours fait partie intégrante de la culture du secteur de l’électricité. Notre travail est essentiel, mais il présente toujours des dangers attribuables aux tâches à exécuter en hauteur, à l’équipement lourd ou à l’électricité même. La COVID-19 a donné lieu à des difficultés uniques en leur genre au chapitre de la sécurité de nos employés et des collectivités que nous desservons. Outre l’impératif d’offrir au personnel un environnement de travail sécuritaire, d’un point de vue pratique, l’exploitation du réseau requiert des compétences que l’on ne peut remplacer facilement. Les monteurs de lignes, les techniciens de centrale et le personnel de salle de commande possèdent des compétences irremplaçables à court terme. Sans eux, il n’y aurait pas de réseau. Le secteur de l’électricité s’est adapté en trouvant des moyens de poursuivre ses activités en toute sécurité, dont voici quelques exemples. • Les entreprises limitent les contacts entre les employés. Elles ont créé des bulles pour les équipes de travail, c’est-à-dire que les employés travaillent chaque jour avec les mêmes collègues. • Elles limitent le nombre de personnes dans les véhicules pour les déplacements à destination et en provenance du site des travaux. • Elles utilisent une salle de commande de secours pour permettre aux équipes d’entretien ménager de faire un nettoyage en profondeur entre les quarts de travail. • Elles confinent les travailleurs essentiels sur place, dans des véhicules récréatifs ou des caravanes, pour assurer leur sécurité. • Elles vérifient régulièrement la température des employés et, au besoin, procèdent à des tests de dépistage de la COVID-19.

Ces mesures sont efficaces : le secteur canadien de l’électricité n’a été aux prises avec aucune interruption de service attribuable à la pandémie. De plus, il n’y a eu aucune éclosion importante de la maladie dans les milieux de travail.

Collaboration Si la sécurité constitue le premier principe directeur du secteur, la collaboration est le deuxième. Des entreprises canadiennes et américaines ont convenu de se prêter mutuellement assistance pour réparer les dommages causés par des tempêtes ou des conditions météorologiques extrêmes. Lorsque des clients sont privés de courant, notre objectif collectif consiste à les rebrancher. La lutte contre la pandémie dans le secteur de l’électricité a bénéficié des relations et des processus en place pour résoudre les problèmes urgents. Le secteur a ainsi pu mettre en commun les leçons apprises et les pratiques exemplaires et, au besoin, partager des ressources. La coopération sectorielle, gouvernementale et internationale a été au cœur de cette démarche. L’ACE a commencé à coordonner l’échange d’information entre ses membres dès la découverte des premiers cas de COVID-19 au Canada. Nous avons notamment dressé la liste des personnes-ressources clés au sein de chaque entreprise membre, tenu régulièrement des conférences téléphoniques pour échanger de l’information avec les membres et aménagé un portail Web spécial. Nous avons ensuite ajouté une conférence téléphonique hebdomadaire pour les présidentsdirecteurs généraux de l’ensemble du secteur. Tous les acteurs du secteur de l’électricité savaient donc à qui s’adresser pour poser leurs questions. De plus, en voyant ce qui avait fonctionné ou non ailleurs, ils pouvaient comprendre comment leurs pairs remédiaient à des problèmes difficiles. Le gouvernement du Canada a mis en place un processus similaire. Le Forum national intersectoriel (FNI) est un organisme de concertation public-privé sous les auspices de Sécurité publique Canada. Il assure la liaison et la coordination avec les industries dont les activités portent sur des infrastructures essentielles – entre autres le secteur de l’électricité – ainsi qu’entre elles. Ce n’est pas d’hier que l’ACE participe activement à cet organisme, dont elle assure actuellement la coprésidence. Nous avons relayé aux responsables des infrastructures essentielles partout au Canada l’information recueillie par l’entremise de réunions virtuelles régulières, de bulletins et d’un portail Web.

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Les États-Unis se sont dotés d’un processus semblable à celui qui est en place au Canada. L’Electricity Subsector Coordinating Council (ESCC), sous la gouverne de l’industrie, a assuré la liaison entre l’industrie et le gouvernement. En plus de recevoir régulièrement des mises à jour émanant de l’administration américaine au sujet de la lutte contre la pandémie, l’ESCC a mis sur pied une série d’« équipes spéciales » chargées d’élaborer et de promouvoir des pratiques exemplaires pour le secteur. Il a ainsi été possible d’élaborer, à la lumière d’un ensemble de travaux, un guide qui a permis au secteur privé de se préparer et de prendre des mesures de lutte contre la pandémie. Grâce à la collaboration déjà établie entre les administrations publiques et à la participation directe d’organismes canadiens à l’ESCC, les secteurs canadien et américain de l’électricité ont pu travailler ensemble de façon intégrée. Outre toutes les activités officielles, chacune de ces structures a permis au secteur de trouver, par des moyens moins structurés et plus souples, des solutions aux difficultés liées à la pandémie. Il fallait absolument savoir qui avait l’information et qui prenait les décisions afin que notre secteur puisse réagir rapidement et poursuivre ses activités. Le secteur canadien a pu collaborer sur divers aspects, par exemple pour définir la notion de « travailleurs essentiels », assurer l’approvisionnement et la mise à l’essai de l’équipement de protection personnelle et répondre aux besoins financiers.

Ces processus ont mis en évidence les principaux points à retenir, c’est-à-dire : • Il est important d’agir dès le début et de manière vigoureuse. Les mesures progressives contre la COVID-19 ont été inefficaces et ont peut-être même été contre-productives. • Les relations déjà établies au sein de chacun des secteurs et entre eux sont essentielles pour assurer une réponse rapide et efficace. L’ACE a travaillé régulièrement avec les membres du secteur canadien de l’électricité, le FNI et l’ESCC. Même s’ils n’avaient aucun lien avec une pandémie virale, les exercices que nous avions faits pour nous préparer aux situations d’urgence nous ont permis de rehausser notre niveau de préparation. • Il est essentiel de faire connaître les besoins et les attentes. Notre industrie a bénéficié du fait que le gouvernement avait formulé des demandes claires et précises – qu’il soit question des fournitures nécessaires, de l’aide financière ou de précisions concernant l’application des restrictions liées à la pandémie. Les réponses du gouvernement étaient parfois floues, notamment en raison de la nature changeante de la situation. L’état de préparation et les interventions reposent toutefois sur une communication des exigences en temps opportun et sur la clarté des attentes.

Comme de nombreux autres milieux de travail, une grande portion du secteur canadien de l’électricité est très rapidement passée en mode télétravail. Les appels Zoom et les tables de cuisine ont remplacé les réunions et les cubicules.


La pandémie n’est pas encore terminée. Au moment de la rédaction du présent rapport, le Canada a consacré une année à travailler sans relâche, tout en composant avec certaines restrictions de santé publique. Or, on voit une lumière au bout du tunnel. L’approvisionnement en vaccins augmente, quoique peut-être pas aussi rapidement que certains pourraient l’espérer, et les gouvernements se sont engagés à vacciner d’ici l’automne tous les citoyens qui le souhaitent. Bon nombre des travailleurs les plus vulnérables et essentiels ont déjà été vaccinés. Notre pays va s’en sortir. Nous reprendrons de nombreux pans d’une vie normale. Certains changements précipités par la COVID-19 – par exemple les régimes de travail flexibles pour le personnel de bureau – se poursuivront sous une forme quelconque. Même après le retour à la normale, le secteur de l’électricité continuera de subir les répercussions de la pandémie pendant un certain temps. Le ralentissement économique se répercutera sur les clients, grands et petits, et par le fait même sur tout le secteur. Le maintien des protocoles sanitaires sur les lieux de travail fera grimper les coûts à court terme et accroîtra la complexité des projets. De plus, la perturbation des chaînes d’approvisionnement de biens pourrait se poursuivre à court terme. Personne n’était prêt à faire face à la COVID-19. Toutefois, grâce à la culture axée sur la sécurité du secteur de l’électricité, nous nous étions déjà dotés des processus et des pratiques nécessaires pour réagir rapidement et avec souplesse. Fort de l’expérience de la COVID-19, notre secteur sera encore plus prêt à affronter les difficultés à venir, quelles qu’elles soient.

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Rapport sur la pandémie L’Association canadienne de l’électricité et Ressources humaines, industrie électrique du Canada ont publié conjointement le rapport intitulé Surmonter l’adversité, ensemble : Le leadership en électricité pour passer à travers la pandémie. Ce rapport est basé sur des entrevues et des sondages réalisés auprès de cadres supérieurs de compagnies d’électricité d’un océan à l’autre. Il analyse l’expérience du secteur de l’électricité jusqu’à présent dans le contexte de la pandémie et formule des recommandations pour l’aider à progresser. Le rapport montre comment les expériences vécues dans la lutte contre la pandémie permettent déjà de tirer des leçons quant aux mesures que peut prendre le secteur pour travailler encore mieux à l’avenir. Par exemple, il y a des leçons à tirer de la pandémie pour créer un effectif plus résilient et en meilleure santé mentale. En outre, le rapport insiste sur le fait que la tradition d’établissement de partenariats – au sein du secteur ainsi qu’avec des institutions gouvernementales, des organismes de réglementation, d’autres secteurs et nos homologues aux États-Unis – contribue à fournir aux clients un approvisionnement fiable en électricité et à assurer la sécurité des employés. La pandémie n’est pas encore terminée. Il reste encore bien des aspects auxquels il faut réfléchir, par exemple les difficultés et les possibilités liées à d’autres facteurs. Cela dit, fort de l’expérience de la COVID-19, le secteur sera mieux préparé à bâtir un avenir plus radieux pour les Canadiens.


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02

L’ÉLECTRICITÉ, LA VALEUR LA PLUS SÛRE POUR ATTEINDRE LA CARBONEUTRALITÉ Situation actuelle L’Institut canadien pour des choix climatiques est un groupe de réflexion financé par le gouvernement. Il a analysé 60 trajectoires qui pourraient, à son avis, permettre d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. L’Institut a classé comme « valeurs sûres » ou « paris risqués » diverses mesures de réduction du carbone. Il considère comme des valeurs sûres toutes les mesures associées à une augmentation de la consommation d’électricité. L’année 2021 semble être celle où le Canada sera véritablement passé à l’action dans la lutte contre le changement climatique. Cette année, la Chambre des communes devrait adopter une loi en vue d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Le gouvernement fédéral a aussi indiqué clairement qu’il faudrait rebâtir en mieux dans le cadre de tout effort de relance économique après la pandémie, notamment les mesures de lutte contre le changement climatique. À cet égard, il s’est engagé, en décembre 2020, à investir des milliards de dollars dans le réseau d’électricité, les véhicules électriques et de l’efficacité économique. Un nouveau plan climatique, également publié en décembre, indique le parcours qu’empruntera le gouvernement. Mais le gouvernement fédéral n’est pas le seul à intensifier sa lutte contre le changement climatique. Le Royaume-Uni a aussi tracé la voie qu’il suivra pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pour sa part, l’Union européenne tire parti des efforts de relance économique pour s’attaquer au changement climatique. Plus près de nous, la nouvelle administration Biden considère que le changement climatique constitue l’une des quatre catastrophes convergentes qui frappent les États-Unis. Elle s’est engagée à construire davantage d’installations de production d’énergie renouvelable afin que le réseau d’électricité américain atteigne la carboneutralité d’ici 2035.

Depuis 2000, le secteur canadien de l’électricité a réduit ses émissions de GES de

47 %

D’autres secteurs font aussi un virage similaire. Shell a annoncé qu’elle estime avoir atteint le pic de sa production de pétrole. General Motors, qui avait jusqu’à présent résisté à l’imposition de mesures plus rigoureuses en matière d’efficacité énergétique, s’est engagée à proposer 30 modèles de véhicules électriques d’ici 2025. Le Canada a besoin du secteur de l’électricité pour atteindre la carboneutralité. Non seulement notre secteur affiche déjà une réduction appréciable de son profil d’émissions, mais aussi une production carboneutre sera essentielle pour faire progresser le reste de l’économie sur ce front. Il reste à déterminer comment nous nous y prendrons. État de l’industrie canadienne de l’électricité - 2021, année de renouveau | 15


Qu’est-ce que la carboneutralité? L’atteinte de la carboneutralité consiste à avoir des émissions de gaz à effet de serre (GES) nulles au pays. Cela ne signifie pas que l’on éliminera toutes les émissions de GES, mais simplement que l’on compensera celles qui sont inévitables en réduisant les émissions ailleurs ou en ayant recours à une technologie de captage de carbone. Rappelons que le gouvernement fédéral s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Répartition de la production CANADIENNE d’électricité selon la source, 2018

TOTAL

641 tw

Quoi qu’il en soit, l’atteinte de la carboneutralité passe par une augmentation de la consommation d’électricité. D’entrée de jeu, le Canada est très bien placé. Le réseau d’électricité canadien est l’un des plus propres au monde. Plus de 80 % de la production d’électricité provient de sources non émettrices et le secteur a déjà réduit ses émissions de plus de 47 % depuis 2005. Ainsi, notre secteur de l’électricité, qui a déjà fait davantage que tout autre pour décarboniser l’économie canadienne, jouera un rôle encore plus grand à l’avenir. Cette position de force ne signifie pas que le secteur canadien de l’électricité peut se reposer sur ses lauriers. Selon le nouveau plan climatique du gouvernement fédéral, intitulé Un environnement sain et une économie saine, le Canada devra, pour atteindre la carboneutralité, produire deux ou trois fois plus d’énergie propre qu’il ne le fait maintenant. À cette fin, le gouvernement devra permettre dès maintenant un renforcement de la capacité de production.

Rebâtir en neuf de façon durable pour demain

Énergie hydroélectrique

60 %

Nucléaire

15 %

Charbon

7%

Gaz, mazout et autres

11 %

Énergies renouvelables autres que l’énergie hydroélectrique

7%

À l’heure actuelle, le Canada rejette dans l’atmosphère environ 730 mégatonnes de GES chaque année. Comment le gouvernement trouvera-t-il un équilibre à cet égard à mesure que l’économie croîtra et que la population augmentera? Même les plus petites améliorations sont importantes et le parcours vers la carboneutralité variera en fonction du moment où les technologies modernes verront le jour et deviendront rentables et de la façon dont cela se fera.

Fort heureusement, on observe un mouvement axé sur l’expansion du réseau d’électricité. Le gouvernement du Canada a indiqué clairement que tous les efforts de relance économique après la pandémie seront structurés. Il n’est pas question de simplement remettre les Canadiens au travail. On devra aussi faire progresser des dossiers de grande envergure, entre autres la lutte contre le changement climatique. Si nous rebâtissons en neuf, il est logique de rebâtir en mieux. Comme nous l’avons mentionné, l’administration Biden accorde aussi une grande priorité à la réduction des émissions de GES et considère le changement climatique comme l’une des quatre catastrophes convergentes qui frappent les ÉtatsUnis. Elle a déjà pris des mesures pour réintégrer l’Accord de Paris sur le climat. En outre, le président a promulgué le jour même de son arrivée au pouvoir un décret ordonnant à l’administration fédérale de s’attaquer aux objectifs climatiques et prévoyant l’atteinte de la carboneutralité dans le secteur de l’électricité d’ici 2035. Comme le Parti démocrate est majoritaire à la Chambre des représentants et au Sénat, on peut s’attendre à de vastes modifications législatives.

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Le fait que le Canada et les États-Unis adoptent la même orientation en ce qui a trait à l’électricité et à la lutte contre le changement climatique nous offre une occasion unique. En travaillant ensemble, nous pouvons faire de l’Amérique du Nord un géant de l’énergie propre, en mesure d’assurer sur tout ce territoire un approvisionnement en électricité fiable à prix abordable. Quelles devraient être les priorités du Canada en matière d’investissements? En 2020, l’ACE a dressé une liste de mesures pour atteindre la carboneutralité. Collectivement, ces mesures représentent un cadre pour l’élaboration d’un plan d’électrification ciblé, destiné à contribuer à l’atteinte de la carboneutralité. Ce cadre devrait : • refléter la diversité régionale : Comme dans toutes les sphères d’activité au Canada, le fédéralisme fait en sorte que nous avons 13 réseaux d’électricité distincts. Chaque réseau a des besoins et des possibilités d’interconnexion avec les autres qui lui sont propres. Une approche souple s’impose. • assurer des tarifs abordables pour les clients : Chaque mesure devrait être évaluée par rapport à son incidence sur les tarifs d’électricité que paient les Canadiens. On doit ainsi s’assurer que les mesures ne fassent pas involontairement augmenter les tarifs.

• promouvoir une utilisation efficace de l’énergie : Il faut s’engager auprès des clients résidentiels, industriels et commerciaux et des autres parties prenantes à appuyer l’efficacité énergétique, notamment en mettant à jour les codes et les normes dans le domaine. • contribuer à la mise à l’échelle des technologies naissantes : Il faut établir des partenariats avec des membres de l’industrie pour investir dans des projets pilotes de stockage par batterie à l’échelle commerciale, les petits réacteurs modulaires, les piles à hydrogène, les micro-réseaux et les autres ressources énergétiques distribuées afin d’utiliser efficacement des ressources énergétiques à faibles émissions de carbone et de nous préparer au réseau de l’avenir, sans pour autant faire augmenter les tarifs d’électricité ni réduire la fiabilité du réseau. • mettre en place un système national et international d’échange de droits d’émission : L’échange de droits d’émission sera crucial afin d’assurer l’aspect « neutralité » de la carboneutralité. Le Canada doit se doter d’un système national d’échange de droits d’émission et d’un régime pour la création de droits d’émission transparent, économique et vérifiable cadrant avec ses objectifs pour 2050. Il doit aussi participer à la mise en place d’un système d’échange à l’échelle internationale.

Le Canada devra, pour atteindre la carboneutralité, produire deux ou trois fois plus d’énergie propre qu’il ne le fait maintenant. À cette fin, le gouvernement devra permettre dès maintenant un renforcement de la capacité de production.


• appuyer la recherche, le développement et la commercialisation : Le secteur de l’électricité a besoin d’un soutien stratégique et de mécanismes de réglementation clairs pour les technologies novatrices susceptibles d’ouvrir de nouveaux marchés pour le Canada, entre autres les réseaux intelligents, le stockage par batterie à l’échelle commerciale, le captage, l’utilisation et de stockage de carbone, l’hydroélectricité, les petits réacteurs modulaires et l’hydrogène. Afin d’accélérer la recherche, le développement et le déploiement, il faut élargir le rôle des subventions et des crédits d’impôt accordés pour les technologies à faibles émissions de carbone et les services accessoires par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi que le rôle des investissements réalisés à ce titre, pour permettre l’aménagement d’un réseau d’électricité intelligent pour l’avenir. Par ailleurs, on doit financer adéquatement les stratégies de mise en œuvre introduites par le gouvernement. • moderniser les modèles de réglementation provinciaux et territoriaux : Les marchés de l’électricité et les tarifs sont régis par les organismes de réglementation provinciaux ou territoriaux. Il faut actualiser les cadres législatifs pour permettre l’innovation dans le secteur de l’électricité et la diversification des activités à l’appui d’une électrification efficace. Nous traitons cet aspect en détail dans un prochain chapitre. • investir dans la résilience climatique : Alors que le Canada comptera davantage sur l’électricité pour répondre à ses besoins énergétiques, il faudra s’assurer que le réseau demeure fiable. Le gouvernement fédéral devrait collaborer avec les administrations et les parties prenantes locales afin d’accélérer les efforts actuellement déployés pour, d’une part, comprendre les projections de variabilité climatique à long terme et, d’autre part, favoriser les investissements des compagnies d’électricité dans les mesures d’adaptation au changement climatique et l’amélioration de la résilience du réseau. En raison de l’augmentation de la demande des consommateurs et de l’évolution de la technologie, le réseau d’électricité canadien est en pleine expansion. Pour atteindre la carboneutralité, le Canada devra élaborer des politiques favorisant une expansion encore plus considérable du réseau. Le secteur canadien de l’électricité investit des milliards de dollars chaque année dans la modernisation et l’entretien du réseau. Un soutien ciblé de la part du gouvernement, notamment l’adoption de politiques claires pour régir l’électrification, contribuera à accroître et à accélérer l’expansion du réseau, tout en préservant sa durabilité, sa fiabilité et son abordabilité.

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Technologies émergentes Stockage à l’échelle du réseau : La capacité de stocker l’électricité en vue d’une utilisation ultérieure constituera un précieux atout lorsque la demande augmentera au Canada et que le secteur modifiera les modes de production d’électricité. Le stockage d’une puissance inutilisée pour s’en servir plus tard permettra une utilisation plus efficiente des énergies renouvelables et renforcera la fiabilité du réseau. Des installations à petite échelle sont déjà en place au pays, notamment dans des collectivités éloignées, où elles permettent de réduire le recours au diesel. Petits réacteurs modulaires : Les petits réacteurs modulaires offrent la possibilité de fournir, à prix abordable, de l’électricité que l’on pourra ensuite acheminer là où on en a besoin. Ils pourraient servir en renfort aux énergies renouvelables intermittentes, comme l’énergie éolienne ou solaire, remplacer la production au moyen de diesel et alimenter des procédés industriels qui exigent beaucoup de chaleur. La technologie en est encore à ses balbutiements, mais ces réacteurs offrent la possibilité de fournir à l’avenir une charge de base sans émissions. Le marché des petits réacteurs modulaires qui verra le jour partout dans le monde ouvrira des débouchés pour l’industrie nucléaire canadienne. Hydrogène : Même si son atome est le plus simple de tous, l’hydrogène offre une solution énergétique complexe. Produit à partir d’énergie sans émissions ou en combinaison avec le captage de carbone, il constitue un combustible propre et polyvalent. Ces caractéristiques en font en quelque sorte une utopie énergétique – le recours à l’énergie éolienne excédentaire pour produire de l’hydrogène, qui sera ensuite reconverti en électricité lorsque la demande le justifie, constitue une forme de stockage d’énergie. L’utilisation d’hydrogène pour alimenter les véhicules lourds de transport ou des procédés industriels ou, encore, son mélange avec du gaz naturel classique équivalent à une électrification de ces secteurs. Captage, utilisation et stockage de carbone : Pour aménager le réseau de l’avenir, il ne suffira pas de mettre à l’échelle de nouvelles technologies de production sans émissions. On devra aussi trouver des moyens d’éliminer les émissions des technologies actuelles. Le captage, l’utilisation et le stockage de carbone aideront le secteur canadien à assurer l’aspect « neutralité » de la carboneutralité en empêchant le rejet dans l’atmosphère des émissions de carbone générées par la production d’électricité. Les compagnies d’électricité canadiennes sont déjà des chefs de file du captage, de l’utilisation et du stockage de carbone. En 2014, la centrale Boundary Dam de SaskPower est devenue la première centrale au monde à intégrer la technologie de captage et de stockage de carbone. La prochaine étape consistera à aller au-delà du simple stockage pour mettre le carbone en valeur. Capital Power prévoit de commencer à produire commercialement des nanotubes de carbone à sa centrale Genesee dès la fin de 2021. Conducteurs, plus résistants que l’acier et plus légers que l’aluminium, ces nanotubes peuvent servir à renforcer des matériaux comme le béton. Ils permettront de transformer des déchets en un produit de grande valeur. Utilisée en complément des énergies renouvelables intermittentes, la technologie de captage, d’utilisation et de stockage de carbone pour contribuer à fournir la charge de base nous permettra de nous doter d’un ensemble de modes de production propre, stable et équilibré.


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03

UN COUP DE BARRE S’IMPOSE – MODERNISATION DES SYSTÈMES PROVINCIAUX ET TERRITORIAUX DE RÉGLEMENTATION DE L’ÉNERGIE Situation actuelle L’année 2020 a marqué un tournant. C’est l’année où une violente secousse a ébranlé les façons de penser et de faire les choses dans le monde entier. Cette secousse, causée par la pandémie de COVID-19, nous a rappelé l’importance de faire preuve de souplesse et d’imagination pour permettre une plus grande latitude en prévision des difficultés et des possibilités à venir. Le moment est venu pour les gouvernements, en particulier ceux des provinces et des territoires, de préparer l’avenir en modernisant le cadre qui réglemente leur secteur énergétique respectif. Il n’est pas nécessaire de modifier en profondeur la réglementation des réseaux d’électricité provinciaux et territoriaux, mais les gouvernements doivent actualiser de façon urgente le mandat des organismes de réglementation afin de permettre l’innovation dans le domaine de l’énergie propre, d’appuyer l’électrification des transports et l’infrastructure de recharge connexe, de faciliter l’intégration des technologies de l’information et des communications de manière à optimiser les activités et de moderniser le réseau d’électricité pour répondre efficacement aux besoins des clients. Les gouvernements doivent moderniser la structure de réglementation actuelle afin de répondre aux attentes changeantes concernant la décarbonisation, la décentralisation, la numérisation et la démocratisation du réseau d’électricité. Ces enjeux sont complexes, mais les gouvernements provinciaux et territoriaux doivent commencer sans tarder à modifier la réglementation, faute de quoi, en plus de freiner les progrès du secteur, ils auront leur part de responsabilité dans notre prochaine catastrophe – le changement climatique planétaire de même que les répercussions et les vulnérabilités qui en découleront pour les particuliers, les collectivités et les entreprises.

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De fait, les leçons tirées de la pandémie de COVID-19 ont accru à la fois l’urgence et la volonté de réduire les GES d’origine anthropique à l’échelle mondiale en transformant le secteur énergétique. Comme nous l’avons mentionné au chapitre 2, le Canada et de nombreux autres pays se sont déjà engagés à l’échelle internationale à dépasser les objectifs en matière de changement climatique qu’ils s’étaient fixés pour 2030 et à s’efforcer d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Ces pays investissent maintenant des milliards de dollars dans des solutions technologiques propres actuelles et émergentes – entre autres les technologies de réseau intelligent, les véhicules électriques, l’hydrogène et les petits réacteurs modulaires – pour accélérer cette transformation, tout en soutenant la relance économique. Ainsi, l’adoption de mesures réglementaires novatrices pour faciliter l’intégration de ces technologies constitue un impératif majeur. Même si le gouvernement fédéral a une forte présence dans certains domaines du secteur de l’électricité, sur le plan constitutionnel, ce sont les gouvernements infranationaux qui détiennent principalement les pouvoirs législatifs et réglementaires.

C’est d’eux que relèvent les leviers stratégiques qui déterminent le fonctionnement des marchés de gros et de détail de l’électricité, le coût des services pour les clients et les décisions d’investissement dans les principales infrastructures. Dans la plupart des provinces et des territoires, les organismes ou commissions de réglementation ou, encore, les tribunaux administratifs ont le pouvoir décisionnel dans ces domaines. Leur mandat est orienté par les cadres législatifs provinciaux et territoriaux, traditionnellement axés sur l’offre de services au coût marginal le plus bas lorsque l’on évalue les investissements dans l’infrastructure. Ce système a bien rempli sa fonction pendant la majeure partie du XXe siècle. Toutefois, compte tenu de l’importance croissante maintenant accordée à de vastes considérations sociales, comme la réduction des émissions de carbone et des autres sources de pollution, ces systèmes réglementaires archaïques sont mal outillés pour surmonter les difficultés de l’heure, sans mentionner celles à venir. Il s’ensuit un écart considérable entre, d’une part, la façon dont le secteur de l’électricité est réglementé et, d’autre part, celle dont il devrait l’être. Les systèmes de réglementation actuels n’ont tout simplement jamais eu pour objet de répondre à de vastes objectifs stratégiques.

Perspectives pour 2021 et répercussions sur la politique réglementaire •

On s’attend à ce que le gouvernement fédéral accélère la lutte contre le changement climatique en offrant un financement pour l’électrification, le stockage d’énergie, l’hydrogène, les petits réacteurs modulaires, la technologie de réseau intelligent, les ressources énergétiques distribuées et les autres sources d’énergie renouvelables. Les compagnies d’électricité ont besoin du soutien des gouvernements et organismes de réglementation provinciaux et territoriaux pour tirer parti de ces initiatives et intégrer efficacement ces technologies.

Par suite de l’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration américaine, l’introduction de mesures communes de lutte contre le changement climatique par le Canada et les États-Unis semble plus vraisemblable. Les compagnies d’électricité canadiennes auront besoin d’une réglementation souple pour s’adapter rapidement aux changements de politique, notamment aux nouvelles initiatives touchant le transport d’électricité.

Le monde se dirige vers une plus grande intégration des options en matière de ressources de production distribuées, de production d’énergie renouvelable et de stockage d’énergie. Les gouvernements doivent mettre en place les cadres nécessaires afin que les organismes de réglementation puissent appuyer l’innovation au sein des compagnies d’électricité aux fins de l’intégration de ces ressources, notamment la convergence des systèmes de technologie d’information et de technologie opérationnelle, au besoin, pour assurer la résilience, l’efficacité et la fiabilité du réseau de distribution.

La demande de véhicules électriques et d’infrastructure de recharge rapide monte en flèche. Les organismes de réglementation doivent pouvoir autoriser les compagnies d’électricité à investir dans l’infrastructure de recharge (lorsqu’elles ne le font pas déjà) et s’attaquer aux problèmes inhérents à la conception des tarifs.

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Au Canada, bon nombre de compagnies d’électricité sont particulièrement bien placées pour soutenir la croissance dans le segment du transport électrique – non seulement en produisant de l’électricité, mais aussi en faisant des investissements stratégiques dans l’infrastructure de distribution et de recharge rapide.

Un paysage de l’électricité en mutation Le secteur de l’électricité se transforme en réaction à l’évolution des attentes des clients et de la société en matière de décarbonisation, de décentralisation, de numérisation et de démocratisation. • La décarbonisation constitue la tendance prédominante dans le secteur en raison de l’urgence de lutter contre le changement climatique et de la hausse fulgurante des investissements dans l’énergie propre. • La décentralisation favorise l’adoption des microréseaux et d’autres ressources énergétiques distribuées, en particulier dans les collectivités éloignées ayant un accès limité au réseau provincial ou territorial. • La numérisation stimule des améliorations considérables de la technologie des communications pour optimiser l’exploitation du réseau grâce à des technologies de pointe, comme l’intelligence artificielle, la chaîne de blocs et la robotique. En plus de réduire les coûts, ces technologies accroissent les gains d’efficience à la fois pour les producteurs et les consommateurs d’énergie. • La démocratisation, dans certaines provinces ou certains territoires, permet l’entrée de nouveaux acteurs dans le marché de l’électricité. Ces tendances ont pour effet de transformer le secteur de l’électricité. On ne tient toutefois pas compte des entreprises qui s’adaptent afin de répondre aux nouveaux enjeux dans le cadre des systèmes de réglementation tarifaire en place.

Bien que de nombreuses compagnies d’électricité aient commencé à renforcer leurs capacités et leur offre de services grâce à l’innovation par l’entremise de filiales exerçant des activités à tarifs non réglementés, il est impératif, dans l’intérêt public, de permettre ce type d’innovations également dans le cadre des systèmes de réglementation tarifaire. En n’autorisant pas les compagnies d’électricité à prendre plus de risques et à innover davantage pour s’adapter à ces conditions changeantes, non seulement on entraverait les progrès et la modernisation du secteur, mais aussi on nuirait aux clients à plusieurs égards – tarifs, mode de prestation des services et options en matière de gestion énergétique. L’évolution des attentes des gouvernements et de la société en matière d’électrification des transports constitue le principal enjeu dans les quatre axes de transformation du paysage de l’électricité. La transition vers l’électrification des transports s’accélère partout dans le monde. Or, le succès du secteur de l’électricité à long terme repose sur sa capacité à répondre efficacement à cette demande croissante. Au Canada, bon nombre de compagnies d’électricité sont particulièrement bien placées pour soutenir la croissance dans le segment du transport électrique – non seulement en produisant de l’électricité, mais aussi en faisant des investissements stratégiques dans l’infrastructure de distribution et de recharge rapide. Là encore, une réglementation plus novatrice s’impose par l’entremise de directives émanant des gouvernements provinciaux et territoriaux – ce besoin de réglementation étant plus grand pour certains d’entre eux – afin de créer des catégories de tarifs adaptés aux différents besoins de recharge et d’autoriser les entreprises à intégrer dans la base tarifaire les coûts d’infrastructure associés au déploiement des bornes de recharge rapide.

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Appel à l’action : Feuille de route pour l’efficacité de la réglementation dans le secteur de l’électricité Gouvernement fédéral

• Établir un mécanisme de coordination des politiques fédérales, provinciales et territoriales : Les forums des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux chargés de l’énergie et des mines (Conférence des ministres de l’Énergie et des Mines ou CMEM) ou des questions environnementales (Conseil canadien des ministres de l’Environnement ou CCME) n’ont pas réussi à faire approuver par les organismes de réglementation des projets novateurs du secteur de l’électricité. Il est donc impératif que ces deux forums priorisent cet enjeu lors de leurs prochaines réunions, qu’ils envisagent de créer un mécanisme de consultation conjoint pour coordonner les mesures stratégiques en réponse aux enjeux d’intérêt national et qu’ils obtiennent l’adhésion des provinces et des territoires pour les projets de directives à l’intention des organismes de réglementation de l’énergie. Le gouvernement fédéral est bien placé pour collaborer avec les provinces et les territoires sur des enjeux comme les investissements dans les réseaux intelligents, les petits réacteurs modulaires, le stockage par batterie, l’électrification et l’hydrogène. Les directives provinciales et territoriales aideraient les compagnies d’électricité à atteindre les objectifs stratégiques fixés par le gouvernement de la province ou du territoire où elles exercent leurs activités. • Simplifier le financement axé sur l’innovation : Au lieu de faire des gagnants et des perdants à l’issue de fastidieux processus de demandes de financement, le gouvernement fédéral devrait cerner les enjeux prioritaires (p. ex. l’efficacité énergétique, l’électrification et l’hydrogène), trouver des agents d’exécution (p. ex. les compagnies d’électricité) et allouer des crédits selon une formule appropriée (p. ex. au prorata du nombre d’habitants ou de clients). De cette façon, tous y gagneraient – le gouvernement, les entreprises et les clients.

Gouvernements provinciaux et territoriaux

• Émettre des directives à l’intention des organismes de réglementation : Les gouvernements provinciaux et territoriaux devraient aller au-delà des lois régissant traditionnellement le secteur de l’électricité (p. ex. la Loi nationale sur l’Office de l’énergie) et émettre des directives en temps opportun pour favoriser les mesures réglementaires novatrices et les processus connexes. Ainsi, les organismes de réglementation pourraient envisager d’approuver des projets novateurs du secteur de l’électricité pour répondre aux objectifs stratégiques des gouvernements et appuyer les efforts de recherche et développement, d’assouplir les processus réglementaires et de réduire les délais et les coûts associés aux demandes tarifaires.

• Établir des systèmes de réglementation de nature non antagoniste : Les gouvernements provinciaux et territoriaux renforceraient ainsi la confiance et la collaboration entre les principaux acteurs dans le but de répondre aux priorités stratégiques gouvernementales et de procurer des avantages aux clients.

Organismes provinciaux et territoriaux de réglementation de l’énergie

• Adopter pour les approbations réglementaires une approche axée sur le système : Les organismes provinciaux et territoriaux de réglementation de l’énergie devraient examiner le rôle du secteur de l’électricité dans l’atteinte des objectifs nationaux de décarbonisation et rendre possible la poursuite d’initiatives novatrices, susceptibles de contribuer à l’atteinte des objectifs environnementaux, sociaux et économiques. • Encourager la transformation numérique : Les structures réglementaires actuelles n’encouragent pas les investissements dans la numérisation. Ainsi, du fait qu’ils ne donnent pas lieu à des investissements physiques, les services d’infonuagique ne sont généralement pas admissibles en vertu des taux de rendement réglementés. Pour cette raison, on ne priorise pas les investissements dans ce type de systèmes, même s’ils se traduisent souvent par des économies et des gains d’efficacité.

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Points névralgiques de la réglementation provinciale et territoriale • Les systèmes de réglementation n’ont pas la souplesse voulue pour réagir aux orientations et aux tendances en matière de politiques internationales, nationales, provinciales et territoriales. Leur mandat devrait prévoir des objectifs sociaux plus vastes, par exemple une réduction des émissions de carbone. • Les structures réglementaires actuelles interdisent l’examen d’initiatives novatrices, qui présentent un profil de risque élevé uniquement en raison de variables économiques et du coût éventuel pour les clients. On néglige les facteurs environnementaux et sociaux associés à l’innovation. • Les organismes de réglementation hésitent à financer les projets de recherche et de développement et les projets pilotes en raison de la possibilité d’échec des futures innovations. À l’instar des entreprises d’autres secteurs, les compagnies d’électricité devraient être autorisées à faire des investissements réglementés dans ce type de projets. • Des coûts inutiles sont engagés (et refilés aux clients) parce que les systèmes de réglementation font activement la promotion de procédures opposant les compagnies d’électricité et les intervenants. • Le traitement des documents déposés par les compagnies d’électricité en application des règlements accuse un retard considérable. À terme, les abonnés assument les coûts financiers qui en découlent. • On ne reconnaît pas que les clients classent maintenant les enjeux selon un nouvel ordre de priorité. Ils se soucient énormément de l’abordabilité, mais accordent aussi de l’importance à la protection de l’environnement, à la fiabilité et à la résilience ainsi qu’à la capacité de gérer leur consommation d’énergie. Le prix n’est qu’un facteur parmi d’autres.


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LES GENS AU SEIN DU SECTEUR DE L’ÉLECTRICITÉ OU DANS SON CHAMP D’ACTION Situation actuelle L’année 2020 a été marquée par des troubles sociaux, alors que les gouvernements, les politiciens et tous les Canadiens se livraient à une introspection de leurs préjugés et de leur possible situation privilégiée. Au-delà de la crise sanitaire causée par la pandémie, les manifestations suscitées par la brutalité policière contre George Floyd et par les inégalités sociales aux États-Unis ont eu des répercussions dans le monde entier. De notre côté de la frontière, des manifestations ont été organisées dans toutes les provinces et les grandes villes. Dans l’ensemble du Canada, toutes les industries doivent maintenant déterminer la réaction à adopter face à l’agitation sociale qui a été mise à l’avant-scène en 2020. Au cours de la dernière année, plusieurs initiatives en phase avec l’actualité ont progressé à l’ACE, notamment la présentation d’un engagement à collaborer avec les entreprises membres sur le front de l’EDI en milieu de travail, l’élimination de l’écart dans la représentation des hommes et des femmes dans les corps de métier spécialisés au sein du secteur ainsi que la recherche d’une meilleure compréhension des changements observés au sein de la clientèle canadienne.

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Promotion de l’équité, de la diversité et l’inclusion Engagement de l’ACE à faire progresser l’équité, la diversité et l’inclusion Promouvoir des cultures de travail inclusives •

Les membres de l’ACE reconnaissent le rôle crucial que joue l’inclusion dans l’efficacité des programmes d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI).

Mettre l’accent sur le talent et l’égalité des chances •

Les membres de l’ACE reconnaissent l’importance de recruter des personnes de talent, de les maintenir à l’effectif et d’assurer la relève sans discrimination ni préjugés.

Promouvoir la participation au sein de la collectivité •

Les membres de l’ACE comprennent l’importance de participer activement à la collectivité qu’ils desservent et d’établir de solides relations avec les organisations communautaires.

Appuyer l’éducation et la sensibilisation •

Les membres de l’ACE reconnaissent que l’éducation joue un rôle clé pour éliminer les préjugés inconscients, les stéréotypes et les autres obstacles à l’atteinte des objectifs d’EDI.

Promouvoir des achats durables •

Les membres de l’ACE peuvent être des porte-parole progressistes pour favoriser une intégration accrue de l’EDI dans les chaînes d’approvisionnement. Pour avoir accès à la version intégrale de l’engagement, cliquez ici.

Le secteur canadien de l’électricité ne ménage aucun effort pour éliminer les inégalités sociales et les écarts entre les hommes et les femmes, promouvoir la réconciliation avec les Autochtones et assurer la diversité en milieu de travail. La clientèle canadienne et le milieu de travail, qui est également en mutation, se trouvent au cœur de l’exploration de ces enjeux par le secteur. En novembre 2020, le conseil d’administration de l’ACE a approuvé un engagement à faire progresser l’EDI, lequel cristallise deux années d’efforts sur ce front et témoigne d’un consensus autour de ces enjeux cruciaux touchant la main-d’œuvre dans le secteur canadien de l’électricité. Les membres du secteur font des progrès pour ce qui est d’attirer des employés de divers horizons, de les maintenir à l’effectif et de favoriser leur avancement, mais il reste matière à amélioration. Au cours des cinq prochaines années, l’ACE collaborera avec les entreprises membres pour construire et renforcer un secteur où l’EDI fera partie intégrante de leurs stratégies opérationnelles. Le consensus suscité par cet engagement du secteur de l’électricité a une incidence considérable. Grâce à la mise en commun des pratiques exemplaires, aux partenariats conclus entre les organisations et à l’établissement d’une communauté de pratique numérique, le secteur accélérera la résolution des problèmes de racisme et de sexisme systémiques, tout en favorisant des pratiques axées sur la diversité et l’inclusion.

Promotion de la diversité des genres En 2019, l’ACE a adhéré à la campagne Parité d’ici 30, initiative mondiale vouée à assurer l’égalité au chapitre de la rémunération, des chances et du leadership pour les femmes d’ici 2030. Cette campagne a recueilli l’adhésion de douze pays et de centaines d’organisations. L’ACE a pris divers engagements dans le cadre du volet canadien de cette initiative, qui relève de Ressources naturelles Canada. Ainsi, elle s’est engagée à créer des possibilités d’épanouissement pour les femmes, à servir de tribune pour la mise en commun des pratiques exemplaires en matière d’équité des genres et à promouvoir la diversité des genres et l’équité au sein du secteur de l’électricité. L’accession de femmes aux postes de leadership ne constitue qu’un aspect de la diversité des genres au sein du secteur énergétique.


En 2020, le Conseil de la distribution de l’ACE a mené une étude sur les femmes dans les métiers spécialisés, les obstacles à leur entrée dans les corps de métier et un parcours vers les programmes d’études et de formation. D’après la recherche consacrée au secteur des métiers spécialisés dans son ensemble, les femmes représentent actuellement moins de 10 % des travailleurs spécialisés au Canada. Il faut remédier à cette sous-représentation pour des raisons à la fois commerciales et sociales. Selon un rapport publié en 2016 par le Forum canadien sur l’apprentissage, les femmes de couleur sont encore moins nombreuses dans les métiers spécialisés. Ainsi, il n’y a aucune femme membre d’une minorité visible quelconque dans la moitié des métiers désignés Sceau rouge et on en compte entre 1 et 12 % dans l’autre groupe. Plusieurs facteurs historiques et culturels expliquent la sous-représentation actuelle des femmes. Mentionnons les pratiques de recrutement, les réseaux de soutien centrés sur les hommes, le nombre limité de femmes mentors et les pratiques intrinsèquement partiales. En encourageant les filles à suivre des cours en sciences, en technologie, en mathématique et en génie à l’école secondaire, on peut leur ouvrir la porte à de plus grandes possibilités.

Des compagnies d’électricité arrivent à accroître la représentation des femmes dans les métiers par divers moyens : • modification des pratiques de recrutement; • mise sur pied de réseaux de soutien; • élaboration de programmes d’études et de formation; • adaptation des outils, de l’équipement et des vêtements de travail. Le secteur de l’électricité sait qu’une augmentation du nombre de femmes dans les métiers spécialisés permettra de renforcer les organisations en améliorant la diversité, l’inclusion et la collaboration. Les troubles sociaux de 2020 ont amplifié la nécessité, d’une part, de créer un effectif diversifié et un milieu de travail respectueux et sécuritaire sur le plan psychologique et, d’autre part, de reconnaître que les pratiques axées sur la diversité et l’inclusion renforcent les organisations.

Les entreprises du secteur de l’électricité doivent prioriser l’équité, l’inclusion et la diversité dans leur effectif et s’assurer que tous les travailleurs se sentent en sécurité, appuyés et dotés d’une capacité d’action.


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Appui à la clientèle canadienne en mutation

La pandémie met les compagnies d’électricité à rude épreuve, alors que le Canada peine à relancer l’économie et à déployer rapidement les vaccins.

L’effectif du secteur de l’électricité n’est pas le seul à changer. En 2020, des sondages ont révélé que la clientèle canadienne – qui consomme l’électricité – change aussi.

Selon les résultats du sondage, toutefois, les clients commerciaux et industriels estiment que les compagnies d’électricité peuvent jouer un rôle dans la relance économique. Une majorité de répondants (69 %) souhaitent que ces compagnies offrent une aide au titre des tarifs aux entreprises directement touchées par la COVID-19 et les deux tiers estiment que ces compagnies devraient privilégier l’achat au Canada. Une majorité d’entreprises sont favorables à une accélération des investissements prévus dans l’infrastructure afin de créer des emplois dès maintenant. Le pourcentage d’entreprises favorables à cette mesure est le plus élevé dans le secteur manufacturier et industriel (62 %).

La pandémie de COVID-19 a modifié les préférences et l’intérêt pour les nouvelles technologies et, par le fait même, la façon dont les compagnies d’électricité interagissent avec les clients et répondent à leurs besoins. Les membres de l’ACE n’ont pas tardé à réagir et à appuyer les clients touchés par la pandémie en interrompant les activités de débranchement et de recouvrement, en offrant des options en matière de paiement et en assouplissant les modalités de paiement grâce à des programmes ciblés. Une compagnie d’électricité a lancé un fonds pour offrir un crédit pendant trois mois sur la facture d’électricité des clients admissibles ayant perdu leur emploi en raison de la COVID-19. Les fournisseurs d’électricité entretiennent une relation plus directe avec les gros clients commerciaux et industriels. Tout au long de la pandémie, ils ont travaillé avec chacun de ces clients pour évaluer ses besoins et lui apporter un soutien adapté à sa situation. Des membres de l’ACE ont aidé leurs clients en leur offrant des modalités de paiement flexibles et des reports de paiement et en suspendant les activités de débranchement et de recouvrement. Certains ont aussi mis en place des fonds spéciaux et des programmes ciblés. Un membre a restitué les dépôts de sécurité pour aider les entreprises aux prises avec des problèmes de liquidités. Un autre a exempté des frais d’électricité pendant une période pouvant atteindre trois mois les petites entreprises admissibles qui ont été contraintes de fermer leurs portes en raison de la COVID-19. Selon le Sondage national 2020 de l’ACE sur la satisfaction de la clientèle, les mesures directes prises par les compagnies d’électricité ont contribué à améliorer la satisfaction des clients résidentiels. On observe une nette amélioration du niveau de satisfaction concernant la confiance à l’égard de la marque, la conscience sociale des entreprises, la transparence, le souci du service à la clientèle et la consultation des clients avant la prise de décisions. L’environnement économique général et la gestion de la pandémie par le gouvernement en 2020 ont aussi contribué à l’opinion favorable des clients à l’égard de leur compagnie d’électricité. Ainsi, les clients commencent à considérer qu’ils obtiennent un meilleur rapport coûts-résultats dans le domaine l’électricité. Leur opinion concernant le prix et la valeur de l’électricité s’est améliorée en 2020. La pandémie demeure une situation difficile pour tout le monde. Selon le sondage mené en 2020 auprès des clients commerciaux et industriels, 81 % de ces clients avaient bon espoir que leur entreprise survivrait à une deuxième vague de la pandémie, alors que 16 % avaient perdu espoir à ce propos.

Dans ce contexte, les sondages de l’ACE ont également examiné l’opinion des Canadiens concernant un virage écologique en matière de consommation d’énergie, sur fond des récentes annonces du gouvernement portant sur la carboneutralité. En plus de révéler une amélioration de l’opinion des clients concernant le prix et la valeur, les résultats montrent que les clients sont favorables à une économie plus verte. Les trois répondants sur cinq qui souhaitent une électrification accrue font généralement partie de ceux qui connaissent le mieux le réseau d’électricité. Par conséquent, en 2021 et au cours des années à venir, il sera essentiel de communiquer avec les clients ainsi qu’avec les gouvernements et les organismes de réglementation concernant le mode d’exploitation du réseau d’électricité et les obstacles qui attendent le secteur sur son parcours vers l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050. Il faudra aussi renseigner les clients sur les innovations qui sont déjà en œuvre pour réduire davantage les émissions. Les entreprises du secteur de l’électricité doivent prioriser l’équité, l’inclusion et la diversité dans leur effectif et s’assurer que tous les travailleurs se sentent en sécurité, appuyés et dotés d’une capacité d’action. Il y a beaucoup de travail à faire pour rebâtir en mieux. On a besoin de travailleurs qualifiés de divers horizons afin de réduire l’écart. Les organisations doivent continuer à trouver des mentors, à créer des environnements inclusifs et à faire connaître les groupes de soutien à la disposition des femmes. En 2021, les fournisseurs de services d’électricité s’attacheront à prendre davantage conscience des changements survenus au sein de leur clientèle. Ils saisiront les possibilités qui s’offrent à eux d’informer les clients de l’importance de l’électricité, de déployer des efforts au chapitre de la décarbonisation conformément aux attentes des clients et aux engagements climatiques du gouvernement et de réagir comme il se doit aux débranchements et aux autres répercussions qu’a la COVID-19 sur leur clientèle.

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Réconciliation avec les Autochtones Le secteur canadien de l’électricité est déterminé à établir des relations solides et mutuellement bénéfiques qui feront progresser la réconciliation économique avec les peuples autochtones. Depuis plusieurs décennies, des membres de l’ACE ont mis en place une série d’initiatives témoignant de leur détermination à faire de la réconciliation une réalité. Ainsi, en plus de mener des consultations préliminaires constructives auprès de communautés autochtones locales, ils ont donné aux Autochtones un accès équitable à des emplois, à des études et à une formation, participé à des partenariats ou à des coentreprises portant sur des projets d’infrastructure et offert à leurs propres cadres supérieurs et employés une formation sur la culture autochtone. Ces initiatives sont fondamentales pour parvenir à une réconciliation véritable avec ces peuples. Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, publié en 2015 avec l’aide financière du gouvernement du Canada, renferme 94 appels à l’action qui demandent à tous les ordres de gouvernement et aux entreprises de modifier les politiques et les programmes dans un effort concerté visant à réparer les torts causés par les pensionnats indiens et à faire progresser le processus de réconciliation. Plus précisément, l’appel à l’action no 92 demande au secteur privé de s’engager à tenir des consultations constructives, à établir des relations respectueuses, à veiller à ce que les peuples autochtones aient un accès équitable aux emplois et à la formation et à donner aux cadres supérieurs et aux employés de l’information sur l’histoire des peuples autochtones.

Cette recommandation cadre avec l’engagement du secteur de l’électricité à travailler avec les communautés autochtones. L’ACE a publié en 2020 le rapport intitulé Prise de mesures : Collaboration avec les collectivités autochtones, qui présente plusieurs initiatives importantes mises en place par certains de ses membres. Ainsi, des entreprises ont offert une formation sur la culture autochtone; ont mis en place des bourses et des babillards d’emploi réservés aux Autochtones pour accroître les possibilités d’emplois et de formation offertes dans les communautés autochtones locales, se sont impliquées dans les communautés autochtones et se sont engagées à collaborer avec elles le plus tôt possible, de façon continue et constructive. En outre, le secteur de l’électricité constitue un important moteur économique pour de nombreuses communautés autochtones partout au Canada. Par exemple, des membres du secteur forment des coentreprises avec elles, leur fournissent des biens et des services ou leur offrent des emplois et de la formation. D’après le rapport intitulé Accelerating Transition, publié récemment par le réseau Indigenous Clean Energy, près de 2 500 projets de production d’énergie auxquels sont associés des Autochtones se trouvent actuellement en activité ou à l’étape de la planification. De ce nombre, 197 projets de moyenne ou grande envergure portent sur la production d’énergie propre. Pour l’avenir, le Conference Board du Canada estime que le secteur de l’électricité devra investir environ 1,7 billion de dollars d’ici 2050 afin d’assurer un avenir énergétique résilient et sobre en carbone.


Cet investissement sans précédent que doit faire le secteur représente une possibilité formidable pour les communautés autochtones. Certes, le Canada s’est engagé dans une nouvelle voie vers la réconciliation avec les peuples autochtones. Il était grand temps. Le contexte politique, juridique et stratégique qui tend vers la reconnaissance des droits des Autochtones et la réaffirmation des relations entre le Canada et les peuples autochtones a pris beaucoup d’ampleur au cours des dernières années. Par ailleurs, l’inclusion des Autochtones au sein du secteur énergétique s’est aussi beaucoup améliorée. Ainsi, l’ACE appuie les efforts déployés récemment par le gouvernement du Canada pour faire progresser la réconciliation avec les peuples autochtones, notamment en respectant l’esprit et l’intention de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), conformément au projet de loi C-15. Cependant, la mise en œuvre de ce type de déclaration internationale doit être précédée d’une étude, de consultations et de débats. À cet égard, l’ACE juge important de définir clairement l’intention, la portée et le processus de la mise en œuvre de la DNUDPA et de les énoncer dans la loi régissant cette mise en œuvre. Des renseignements clairs à ce propos permettraient au secteur de poursuivre sa collaboration avec les peuples autochtones et ses efforts vers l’atteinte d’une réconciliation véritable.

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CONCLUSION : QUE LE RENOUVEAU COMMENCE! L’année 2020 a exposé bon nombre de points faibles et de lacunes au Canada. En particulier, les Canadiens ont découvert que leur pays était mal préparé pour faire face à une situation d’urgence de longue durée. L’état de certains grands secteurs de l’économie demeure précaire. Notre système de santé n’a pas la capacité de répondre à une intensification de la demande pour traiter un problème sanitaire de grande envergure. De nombreuses chaînes d’approvisionnement comportent des maillons faibles. Voilà pour les mauvaises nouvelles. En revanche, les Canadiens ont aussi pris conscience de la résilience des infrastructures essentielles du pays. La résilience repose sur deux facteurs : premièrement, la capacité de se relever rapidement après des difficultés, comme l’a fait le secteur de l’électricité en 2020; et deuxièmement, la capacité de se renouveler après une longue période de stress, ce qu’il doit faire en 2021. Le renouveau passe par la mise à profit des leçons que nous avons tirées de la pandémie de COVID-19. Nous avons appris la valeur durable de la collaboration à l’échelle du secteur, du pays et du continent; la nécessité de communiquer clairement les besoins et les attentes aux gouvernements; les avantages de la sécurité et de la préparation, qui permettront au secteur de réagir rapidement et avec souplesse à la prochaine catastrophe. Le renouveau passe par l’amélioration et l’expansion immédiates du réseau d’électricité. Pour que le Canada atteigne la carboneutralité d’ici 2050, le secteur doit investir des milliards de dollars tous les ans dans l’amélioration du réseau. En parallèle, le pays doit adopter des politiques qui encouragent le secteur à agrandir le réseau d’électricité rapidement, de façon fiable et à un coût abordable. Le renouveau passe par la modernisation des cadres provinciaux et territoriaux de réglementation de l’énergie. Pour répondre aux nouvelles attentes sociales concernant la décarbonisation, la décentralisation, la numérisation et la démocratisation, chaque gouvernement provincial ou territorial doit améliorer les conseils et l’orientation qu’il donne à son organisme de réglementation. En plus de permettre au secteur d’innover, la modernisation des cadres réglementaires contribuera à créer un réseau plus fiable, sécuritaire, résilient, souple et économique au bénéfice des Canadiens. Le renouveau passe par une sensibilisation accrue des entreprises du secteur aux besoins des autres. Toutes les entreprises doivent mettre la réconciliation avec les peuples autochtones au cœur de leurs activités. Elles doivent aussi attirer davantage de femmes et s’assurer que ces recrues se sentent en sécurité, appuyées et dotées d’une capacité d’action. En outre, les entreprises du secteur doivent continuer de consulter les clients pour comprendre l’évolution de leurs préférences et répondre à leurs besoins changeants. En s’appuyant sur leur bonne compréhension du renouveau, le secteur canadien de l’électricité et ses partenaires doivent – et vont – consacrer l’année 2021 à traduire ces connaissances en actions concrètes non seulement pour reprendre le terrain perdu, mais aussi pour rebâtir en mieux que jamais auparavant. Que le renouveau commence!

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