Magazine BUSINESS AFRICA - Mai 2019

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Credit photo: Aboubakari Traoré

Le Magazine de la nouvelle élite économique africaine - N°140 - 05/ 2019 - businessafricamag.com

SPORT BUSINESS

Badou SAMBAGUE “Le sport peut être en Afrique un facteur de croissance économique”



EDITORIAL

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“En Afrique nous avons la croissance, il nous manque le développement”

C

ombien de fois j’ai du attendre cette affirmation dans des conférences et colloques consacrées au continent africain, et souvent de la bouche de ceux là mêmes qui ont en charge la gouvernance au plus haut niveau de nos pays. Que se passe t-il donc ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à transformer cette formidable croissance, que tous nous envient, en prospérité économique pour nos populations. Autrement dit, comment faire en sorte que ces 5, 8, souvent 10% de taux de croissance annuelle dont se félicitent, à longueur de discours, les gouvernements africains, servent à améliorer le quotidien de nos concitoyens. Car, faut-il le rappeler, la croissance “ne se mange pas” et comme le soutenait fort justement, l’économiste américain Joseph Stiglitz “par

Abba Singoro TOURE Directeur de Publication

ailleurs Prix Nobel d’économie”: “sans une vraie politique de distribution, l’objectif d’accroissement du produit intérieur brut, bénéficie au

bout du compte essentiellement au 1% le plus riche ”. Le paradoxe est tel que certains économistes de renom ont fait apparaître une nouvelle controverse : la croissance est-elle une condition suffisante pour réduire considérablement la pauvreté ? En effet, si elle est une condition nécessaire pour accroître les ressources financières des individus des pays en développement, force est de constater qu’elle ne se diffuse pas toujours à l’ensemble de la population de manière équitable. Sans rentrer ici dans un débat de politique économique, (qu’il conviendrait par ailleurs d’ouvrir), il semble utile de s’interroger sur l’efficacité des leviers d’action dont disposent nos gouvernants, pour mieux redistribuer les fruits de la croissance et donc mieux lutter contre la pauvreté.

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EVENEMENT

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REAO - MALI

Les mécanismes de financement en débat lors de la rentrée annuelle En cette soirée du vendredi 03 mai 2019, les chefs d’entreprises maliens semblaient avoir retrouvé la vigueur dans l’expression. Vigueur qui leur avait fait défaut depuis quelques temps. Pour cause, le débat d’idées, la confrontation intellectuelle (de haut niveau bien entendu) notamment sur les questions économiques, ne sont pas légion dans ce pays, pourtant pourvoyeur d’entrepreneurs de très grande qualité. A travers sa rentrée annuelle, qui s’impose désormais comme le cadre d’échange de référence entre pouvoir public et secteur privé, la section malienne du Réseau de l’Entreprise en Afrique de l’Ouest (REAO-MALI) maintient le dialogue, constructif et indispensable.

L

a Rentrée annuelle du REAO Mali

le Secteur Public que le Secteur Privé.

sont loin d’être satisfaits, particulière-

promesses. Elle était présidée par

nière volontariste, des réformes d’ordre

duction (ressources longues) mais aussi

aura tenu, cette année, toutes ses

le tout nouveau Premier Ministre malien, Dr Boubou Cissé, et animée par Mon-

sieur Lionel Zinsou, Ancien Premier Mi-

nistre du Bénin, Banquier d’affaires et

De ce fait, il importe d’engager de marèglementaire, juridique et institutionnel

visant à améliorer notablement l’efficacité du système financier.

Des besoins insatisfaits

nancement d’une économie émergente :

Lionel Zinsou précisera que la crois-

Quels chaînons manquants au Mali ? ».

Des réformes à engager

Pour ses initiateurs le choix de ce thème

se justifie par l’importance du secteur

des finances dans le développement de l’activité économique d’un pays.

Cependant, au Mali, les difficultés d’ac-

cès au financement constituent un obs-

tacle majeur à surmonter aussi bien par

Dans son intervention, le conférencier M. sance d’un pays émergent est toujours soutenue par des entreprises compétitives, innovantes et qu’un des leviers im-

portants pour une entreprise est son financement adéquat.

Abondant dans son sens, M. Houd BABY, Président du REAO-MALI indiquera que malgré l’existence de plusieurs

banques

commerciales

les Start up, les TPE et les PME.

Pourtant, de multiples instruments de fi-

nancements alternatifs ou complémentaires peuvent être envisagés.

éminent économiste. La thématique abordée portait sur « Mécanisme de fi-

ment en ce qui concerne celui de la pro-

qui

financent les entreprises, les besoins

Parmi ceux-ci, on peut citer: les fonds de

capital-risque, les fonds de capital amorçage, les sociétés de financement d’achat à crédit, les sociétés d’affactu-

rage, les sociétés de cautions mutuelles, le crédit hypothécaire pour l’accès au logement.

M. Houd BABY a également rappelé la

question de la création d’une caisse de

dépôt et de consignations réclamée par le Conseil National du Patronat Malien

lors de sa 2ème Rentrée Economique :

“Le secteur Privé dans son ensemble a


EVENEMENT

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De gauche à droite : M. Mossadeck BALLY, Vice-président de REAO Mali M. Lionel ZINSOU, Ancien Premier Ministre du Bénin, Conférencier Dr Boubou CISSE, Premier Ministre du Mali M. Houd BABY, Président du REAO Mali soutenu cette initiative, qu’il espère voir

toutes les personnes physiques et mo-

Rappelons que le Réseau de l’Entreprise

ment efficace de financement de toute

des jeunes entrepreneurs” a indiqué M.

une association professionnelle de chefs

réalisée un jour, car il constitue un instruéconomie”.

Enfin, il a informé l’audience de la mise en place d’une association dénommée MABAN (Malian Business Angels Network) destinée au financement des Start-

up. “Cette association est ouverte à

rales désirant contribuer au financement BABY.

Pour sa part le premier ministre malien,

Dr Boubou CISSÉ s’est dit engagé à conduire toutes réformes visant à renforcer et améliorer le tissu économique national.

en Afrique de l’Ouest (REAO-MALI) est

d’entreprise, affiliée au REAO sous régional qui est une ONG internationale.

Son objectif est de mobiliser ses compétences en faveur de l’amélioration du climat des affaires en Afrique de l’Ouest. G.Fofana


TRANSPORTS

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AIR SENEGAL Ibrahima KANE aux commandes C’’e est d dé ésorrm maiis s IIb brra ahiim ma K KA AN NE E,48 ans, E, s, polly ytte echniic ciie en et iin ngéniie eu r d de es Pontts s et chaussées qui a la l lo l urd rde rd de tâ t che de d condu d ir du ire re la l comp m ag mp a nie i publi ie liq li ique AIR I SEN IR ENE EN NEGA G L v rs ve r de d nouve v ll ve lle les ave v nture ve r s, re s que to t us esp s ère sp r nt ra re r di die ieuses. N mmé en re No r mp m la l cement du fr fra rançais i Ph is P il ili lip ipp ppe BOHN HN, HN N, dé d mis i sio is i nnair io ire ir re, e, l’e ’ex ’e ex bra r s ra dro dr roit du min i is in i tr tre re Amado d u HOTT (l do (lo lors r qu’i ’il ’i ils ls éta t ie ta i nt au FO F NS N IS IS) S), ), sait qu’i ’il ’i il aura r fo ra f rt à fa f ir ire re pour assure r r le re l vé v ri r ta t ble l dé le d coll lla ll lage du d pavi vil vi ill llo lon nati tio ti ional, l à l’h l, ’ eure ’h r où le re l Pr Pré résid ide id dent sénég é ala ég l is la i Ma M cky k SA ky S LL enta t me son second et ulti ta tim ti ime manda d t. da t

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umulant une vingtaine d’années d’expérience professionnelle et de direction dans l’industrie agro-alimentaire et des mines en France. Ibrahima KANE a déjà travaillé au Cameroun, en Côte d’ivoire et en Mauritanie avant de rentrer au Sénégal. D’abord co-fondateur et administrateur de la première unité industrielle sénégalaise, opérant dans le domaine laitier, Ibrahima KANE occupera les fonctions de directeur exécutif du FONSIS, en charge des Infrastructures, de l’agriculture et de l’Agrobusiness. A la nomination de Amadou HOTT, alors Directeur Général du FONSIS (Fonds Sénégalais pour les Investissements Stratégiques) comme vice-président de la BAD, Ibrahima KANE le remplace. Sa nomination à la tête de la compagnie publique AIR SENEGAL est une vraie surprise car l’homme n’a pas une grande expérience dans le secteur aérien. Cette méconnaissance du secteur pourrait-ce être un handicap ?

Pas nécessairement.

De solides compétences en management

Contrairement aux critiques qui émettent des doutes sur la capacité du nouveau Directeur à tenir la barre, son inexpérience dans le secteur aérien, pourrait être son atout majeur. C’est quelqu’un qui vient de l’extérieur, il peut arriver avec une feuille de route vierge, une nouvelle approche managériale. Au cours de sa carrière, Ibrahima KANE a développé de solides compétences de management, de stratégie, de gestion des relations sociales, de marketing, de gestion financière et opérationnelle. Il a été en particulier un des artisans du développement et de la modernisation du FONSIS. Ces différentes expertises et compétences devraient lui être d’un apport significatif dans l’exercice de ses nouvelles charges, tant les défis à relever sont importants.

A la tête d’AIR SENEGAL, le nouveau Directeur devra poursuivre la mise en oeuvre du projet d’expansion du réseau à travers le continent africain, ainsi que le développement de la flotte.

Redéfinir la stratégie

Dans le cadre de ses responsabilités, Ibrahima KANE devra également redéfinir la stratégie de la compagnie avec l’ambition d’ériger un véritable hub autour de l’Aéroport Blaise Diagne. Fondée en 2016, après la faillite de Sénégal Airlines, AIR SENEGAL est détenue par l'État à travers la Caisse des Dépôts et Consignation du Sénégal. Elle débute ses opérations commerciales le 14 mai 2018 avec une flotte composée alors de seulement deux ATR72-600. Au second semestre 2018, avec deux nouveaux Airbus A319 elle étend son réseau aux destinations régionales avec l'ambition de devenir un acteur majeur du transport aérien en Afrique de l'Ouest. A.C. Diallo


TRANSPORTS

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Ibrahima KANE

Directeur Général d’AIR SENEGAL

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RH - EMPLOI

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“Le marché de l’’emploi en Afrique sera l’un des plus novateurs”

Deffa KA

Manager FED AFRICA

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effa KA dirige le Cabinet FED AFRICA, spécialisé dans le recrutement de cadres en Afrique. Après une licence en langues étrangères appliquées aux relations internationales, elle obtient son Bachelor in Business Administration à l’IAM Dakar et s’envole pour la France afin de poursuivre son cursus en Master Management d’entreprise. Elle débute sa carrière en tant que International Programme Manager puis Directrice de clientèle chez ESCP Europe où elle était chargée d’organiser, piloter et développer les programmes MBA et Executive Mastères, destinés aux cadres dirigeants. Elle s’occupait également du volet “Développement de partenariats internationaux” notam-

Deffa KA Manager FED AFRICA ment avec la Chine et Hong Kong, où elle se rendait régulièrement.

Elle intègre par la suite le groupe Jeune Afrique au sein de la division Event en tant que Business Development Manager pour le Africa CEO Forum ainsi que d’autres évènements partenaires. Au cabinet FED, Deffa KA dirige FED AFRICA qui opère depuis 9 ans sur le continent africain. A ce titre elle a la responsabilité de mettre en œuvre et déployer la stratégie de FED AFRICA en Afrique, aidée en cela par une équipe de consultants et recruteurs. Elle doit également développer le portefeuille clients et assurer une gestion de relation client adaptée. Enfin, elle pilote l’activité de “chasse” de profils et sourcing de candidats à fort potentiel afin de proposer les meilleurs talents pour les recrutements en Afrique.


RH - EMPLOI

Quelles évolutions majeures observez-vous, ces dernières années, sur le marché de l’emploi des cadres en Afrique ? L’évolution majeure se situe clairement dans la diversité et la qualité des profils que l’on trouve actuellement sur le marché africain. Tant dans les pays francophones, qu’anglophones ou lusophones, je note clairement un niveau de profil attractif et très qualifié. Quels sont, aujourd’hui, les secteurs d’activités qui embauchent les cadres, notamment issus de la diaspora qualifiée ? Les secteurs qui embauchent sont surtout corrélés aux chantiers de développement prioritaires dans les différents pays. Par exemple, on note clairement de grands projets d’infrastructures, de construction et industriels notamment portuaires, aéroportuaires, mais aussi dans l’énergie, qui se mettent en place dans plusieurs pays subsahariens. Naturellement, ces secteurs

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sont générateurs de besoin de maind’œuvre. Il faut également noter le boom des Télécoms ces dernières années ainsi que les services digitaux qui ne cessent de croitre. Beaucoup de postes de cares sont aussi à pourvoir dans le secteur des mines et du pétrole. Enfin, nous observons des start-up et PME qui se structurent et ont, eux aussi, de plus en plus des besoins d’experts sur des fonctions spécifiques. On remarque ces dernières années, une vague de retour des cadres des diasporas africaines. Ce mouvement va-t-il, selon vous, se poursuivre ? si oui, pourquoi ? Il continuera puisqu’au niveau mondial, la croissance forte se trouve en Afrique. Tous les indicateurs qui l’attestent sont au vert. De ce fait, les personnes qui ont un lien, quel qu’il soit, avec l’Afrique voudront jouer leur partition et saisir les opportunités qui s’y trouvent. Quelle analyse faites-vous sur les

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perspectives du marché de l’emploi des cadres en Afrique ? J’ai tout de même la sensation que le marché va se transformer. Actuellement, il est en pleine phase de croissance, dû au nombre important de personnes qui entrent sur le marché de l’emploi en Afrique. Dans les dix prochaines années, je pense qu’on fera face à un marché très « uberisé » c’est-à-dire qu’on fera de plus en plus face à des individus, experts dans leurs domaines, qui proposeront leurs savoir-faire aux entreprises. Si les règlementations le permettent, comme c’est le cas aujourd’hui, le marché de l’emploi africain sera, certainement, l’un des marchés les plus libres et novateurs. Les entreprises ont donc tout intérêt à prévoir, dès maintenant, des plans de succession, notamment sur les fonctions critiques, et ne pas hésiter à aller jusque dans les universités et écoles pour cibler les formations prioritaires afin de capter au plus tôt leurs futurs talents. Propos recueillis par A.C. Diallo


ENERGIE

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“ Nos visons à devenir un acteur majeur sur les marchés décentralisés”

Yoven MOOROOVEN

Directeur Général de ENGIE AFRIQUE Combler son déficit énergétique est certainement un des défis majeurs que l’Afrique doit relever. En effet, le continent africain présente le taux moyen d’électrification le plus faible parmi les régions en développement (42%). Ce taux descend même en dessous de 10% dans les zones rurales d’Afrique sub-saharienne. La problématique de l’accès en électricité est d’autant plus cruciale que la population africaine devrait doubler d’ici 2050, et atteindre 4,2 milliards d’habitants (soit 40% de la population mondiale) d’ici la fin du siècle. L’urbanisation croissante, conjuguée à l’essor d’une classe moyenne au mode de vie plus intense en énergie, contribuera par ailleurs à intensifier une demande en électricité déjà difficilement satisfaite. A titre de comparaison, l’ensemble de la production énergétique en Afrique subsaharienne représenterait environ la production de l’Allemagne. Cela donne une idée des besoins énergétiques qui restent à satisfaire. Comment combler ce déficit croissant tout en impactant socialement et en respectant les équilibres environnementaux ? C’est en substance cette équation que la société ENGIE (née de la fusion Gaz de France et Suez) s’est engagée en partie à résoudre. BUSINESS AFRICA a rencontré son Directeur Afrique, Yoven Moorooven, lors d’un point de presse à Paris.


ENERGIE

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Yoven MOOROOVEN Directeur Général ENGIE AFRIQUE

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ENERGIE

A

ctive sur le continent africain depuis une cinquantaine d’années, ENGIE Afrique représente aujourd’hui 3000 personnes dont 98% sont basées en Afrique avec une concentration au Maghreb et en Afrique du Sud. L’ensemble des infrastructures (éolien, gaz et réseau central d’énergie) exploitées par l’entreprise sur le continent africain représente environ 3000 Mégawatts (en service ou en cours de mise en œuvre). Plus de 2 millions de clients équipés en installations solaires domestiques et en micro-réseaux locaux ENGIE Afrique propose des solutions d'accès à l'énergie répondant aux besoins les plus spécifiques : la production et le stockage d’électricité mais aussi des solutions décentralisées destinées aux clients hors réseau (entreprises, collectivités et ménages). Plus de 2 millions de clients sont déjà équipés en installations solaires domestiques et en micro-réseaux locaux. Une centrale solaire a été mise en service en février en Afrique du Sud, deux (de 30 mégawatts chacune) sont en construction au Sénégal et d’autres sont en cours de réalisation, notamment en Egypte (250 mégawatts). Ces centrales, de dernière génération, sont réalisées en consortium avec des partenaires et des acteurs locaux et bénéficient de l’apport d’organismes financiers internationaux. Pas moins d’une cinquantaine de projets sont par ailleurs en gestation, dont certaines à très haute technicité. Leur mise en œuvre demeure, cependant, laborieuse du fait notamment de la

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lenteur administrative. « Les appels d’offres prennent parfois du temps et certains pays africains n’ont pas encore de cadre juridique et régulatoire bien établi. Cela peut engendrer quelques lenteurs dans les projets », dé-

plore Yoven Moorooven, le Directeur Afrique d’ENGIE. Ces obstacles n’entament cependant pas sa détermination à accroître les activités sur le continent, en misant fortement sur le développement des mini-grids, ces réseaux électriques de petite taille qui fonctionnent indépendamment du réseau électrique national.

Seul opérateur qui propose toutes les offres de la chaine de valeur énergétique « Les mini-grids représentent en Afrique un modèle qui marche et qui pourrait même être exporté en Europe. Nous visons à devenir un acteur majeur sur les marchés décentralisés », précise le Directeur Afrique. Du reste, ENGIE est en Afrique le seul opérateur qui propose toutes les offres de la chaine de valeur énergétique. Un avantage comparatif conjugué à une volonté de privilégier les énergies durables. A ce propos, M. Moorooven indiquera :« la stratégie du groupe est de poursuivre le développement des activités dans les énergies renouvelables et de diminuer considérablement les centrales en charbon » ajoutant que l’objectif poursuivi n’est pas d’être présent

Yoven Moorooven dans les 54 pays que compte le continent africain, mais d’être leader dans les pays où ENGIE est implantée. Et surtout d'y avoir un impact social significatif. En ce sens, deux points lui paraissent essentiels : la soutenabilité des activités et l’implication des acteurs locaux. « Nous avons mis en place un programme important de formation des techniciens locaux pour qu’ils puissent réaliser nos travaux et prendre plus tard le relais » précise M. Moorooven. Rappelons qu’ENGIE Afrique a été nommée Entreprise internationale africaine de l’année au dernier Africa CEO Forum, sur des critères basés sur le niveau d’investissement (plus de 380 millions d’euros en 2018) le nombre d’africains au management et le développement socio-économique lié à ses activités, notamment la RSE. A.S. Touré



TRIBUNE

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“Utilisons le Franc CFA tel qu’il est pour développer nos économies” Par

Alain NKONTCHOU

Co-fondateur et CEO de ENKO CAPITAL

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l faut que les africains dépassionnent le débat sur le franc CFA et se concentrent sur l’essentiel. Le fait, par exemple, qu’il y’ait la constitution de réserve de change auprès de la Banque de France ou que la monnaie soit imprimée en France n’est pas, à mon avis, un problème en soi. La véritable question est de savoir si cette monnaie sert notre économie et ce que nous devons faire afin qu’elle puisse la servir davantage.

Beaucoup de choses erronées

Alain NKONTCHOU

J’estime qu’il y’a beaucoup de choses erronées dans le débat sur le franc CFA. Le FCFA couvre une population d’environ 170 millions d’habitants, cette monnaie bénéficie d’un taux fixe par rapport à l’euro et la zone CFA présente une inflation faible en plus d’une stabilité monétaire, ainsi que des taux d’intérêts relativement bas. Voilà, à mon avis un environnement qui, bien exploité, devrait sans doute pouvoir profiter à notre zone économique, si elle prenait la démarche de s’intégrer davan-


TRIBUNE

tage, de diversifier son économie et d’attirer des investisseurs qui seront rassurés par le fait que la monnaie ne va pas fluctuer constamment. Par ailleurs, je suis assez surpris que l’on soit si émotif par rapport au compte d’opération existant entre la BCEAO et la Banque de France. Toute banque centrale a, parmi ses missions, la constitution de réserve pour le compte d’un pays tiers. Ces réserves servent de monnaie d’achat des importations et de paiement de la dette extérieure entre autres. Il se trouve que la zone CFA a signé avec l’Etat Français et non avec la Banque Centrale Européenne, un accord pour la garantie de sa monnaie. Des pays essentiellement producteurs de matières premières On pourrait évidemment rattacher le Franc CFA à un panier de devises qui refléterait notre balance de paiement. Mais il ne faut pas oublier que la plupart des pays dont on parle, sont essentiellement producteurs de matières premières. Cela veut dire que leur cycle économique est en grande partie, basé sur la

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fluctuation des prix de ces matières premières. Il est, en revanche, vrai que les pays de la zone Franc CFA n’ont pas une grande marge de manœuvre par rapport à la politique monétaire. Par ailleurs, on parle beaucoup de compétitivité des économies africaines mais regardons simplement autour de nous. Au Ghana, le coût minimum horaire est de 80 dollars us par mois, au Nigéria c’est à peu près pareil, en Afrique francophone, on est autour de 90 euros. La différence n’est donc pas notable. Dans un cas, vous avez des pays qui ont fait face à 50% voire 100% de dévaluation de leur monnaie, au cours des trois dernières années, à cause des matières premières, comme le Ghana, le Nigéria a fait une dévaluation de 60%, l’Egypte 50% avec une inflation à 15%. Il faut plûtôt une bonne politique macro-économique et fiscale Je pense qu’en tant investisseur, et d’un point de vue purement économique, toute chose étant égale par ailleurs, je préfèrerai nettement investir dans une zone avec un accès à un marché de 170 millions d’habitants, et des infrastruc-

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tures qui tiennent à peu près la route. Ceci dit, il y’a bien sûr le défi de la diversification des économies, il est important de les faire moins dépendre du cycle des matières premières. Et pour cela il faut que nos Etats mènenet des politiques macro-économiques et fiscales beaucoup plus créatives et incitatives. Le Franc CFA, un atout essentiel En résumé, je pense que le franc CFA, malgré la limite implicite qu’elle nous impose sur la capacité de création monétaire, pourrait constituer un atout essentiel pour le développement de nos économies, à condition que la zone CFA s’intègre davantage et se diversifie économiquement. Ce que cette monnaie nous apporte c’est la stabilité monétaire, des taux d’intérêts relativement bas et une inflation faible. Alors utilisons-la telle qu’elle est, pour pouvoir développer assez rapidement nos économies, élargir nos marchés et arriver au point où la masse critique qu’elle représentera, sera telle que la garantie, matérialisée par les réserves de change, ne sera plus nécessaire.


A LA UNE

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“ Le sport peut être en Afrique, un facteur de croissance économique ”

Badou SAMBAGUE Avocat Associé BS LAW

Badou SAMBAGUE Avocat Associé BS LAW


A LA UNE

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C’est une tendance lourde de ces dernières années : de nombreux sportifs africains engagés dans des carrières internationales, ont de plus en plus recours à des cabinets d’avocats pour les conseiller. Ces derniers leur apportent une expertise pointue et leur évitent bien d’écueils. Dans ce secteur BS LAW, fondé par Badou SAMBAGUE, avocat d’origine malienne et ancien sportif de haut niveau, s’impose comme une référence. Rencontre avec un avocat au parcours singulier.

L

e rendez-vous était pris à son cabinet, dans un immeuble cossu à quelques centaines de mètres de la très chic Avenue des champs Elysées. De nature décontractée, l'avocat nous reçoit sans protocole, débute alors un échange à bâton rompu.

Une enfance entre foot et études

« Je suis né à Vernon au cœur de la Normandie » nous déclare t-il d’emblée. Son père est arrivé en effet de Fatao (Mali) quelques années plus tôt, à la faveur d’une des vagues migratoires vers la France. L’enfant grandira dans une famille nombreuse, très modeste mais soudée. Ses parents auront à cœur de transmettre à leurs enfants les valeurs de solidarité, de respect et de travail. Elève plutôt brillant, le jeune Badou fait ses premières classes sans difficultés mais sa passion à lui : c'est le foot. L’adolescent rêve alors de devenir footballeur et embrasser la carrière de Zidane et autres stars du ballon rond dont il scrute les prestations à chaque match. Mais son père et son frère aîné ne l'entendaient pas de cette oreille. Sans briser son rêve, il lui suggère de mener de front ses études et sa passion. Grâce à sa détermination et sa grande capacité d'organisation Badou arrive à concilier ces deux objectifs. Le voilà donc à Paris, en ce début d'année 2006 licencié du Red Star FC, mythique club, fondé en 1897, installé à Saint-Ouen dans la banlieue nord de la capitale depuis 1909. «J’y ai joué une saison entière, ce fut pour moi une de mes plus belles expé-

riences sportives » précise-t-il. Une expérience néanmoins éprouvante physiquement puisqu'il devait faire des allers-retours réguliers entre Saint Ouen (où se déroulaient les entraînements) et Évreux (Fac de Droit). Sur conseil de l'avocat du club de foot, il s'inscrit à la Sorbonne, pour l’obtention d’un Diplôme d'université en Droit du sport, qu'il décroche en même temps que son Master II en droit des affaires. En 2011, une blessure au genou met brutalement fin à sa carrière sportive. Badou passe alors l’examen du barreau, qu’il réussit et part aux États Unis pour quelques mois d'actions sociales dans le quartier défavorisé du Bronx à New York.

Combler une attente

Le jeune avocat comprend, très tôt qu'il existe une attente des sportifs en termes d'assistance juridique et d'accompagnement dans la gestion de leur carrière. Après quelques expériences au sein de plusieurs cabinets d’affaires parisiens, il crée son cabinet, BS LAW et attire tout de suite, d'abord le premier cercle de connaissances, puisqu’étant lui-même issu du monde sportif. Parallèlement il décroche un poste de chargé d'enseignement en droit du sport à la Sorbonne et intervient au sein du Master II Droit du Sport à l'université de Lille. L’avocat développe également une activité d'accompagnement auprès de club amateurs qui ont peu de moyen, en France mais aussi en Afrique. Concernant ce continent, il déplore que les enjeux du sport et notamment du

football ne soient pas bien perçus par les dirigeants politiques : « Le sport et particulièrement le football peut être pour les pays africains un véritable facteur de croissance économique, à condition qu’il y’ait la mise en œuvre d’une vraie politique alliant développement des infrastructures sportives et formation de l’encadrement à tous les niveaux (sportifs, marketing, administratif, juridique…). Il faut en Afrique des instituts nationaux permettant de donner naissance à une élite sportive à la dimension de Clairefontaine en France par exemple ». nous confie t-il.

Perspectives africaines

Pour Badou SAMBAGUE, les États africains doivent donner l'impulsion et susciter par exemples les joueurs binationaux ou d'origine africaine à s'impliquer véritablement dans la promotion économique du football en Afrique : « Il ne faut pas se limiter à un objectif d'images mais élaborer une vraie politique en la matière. Cela passe également par une structuration des fédérations nationales de football afin qu'elles aient des compétences spécifiques notamment dans le cadre de la négociation et la défense de leurs droits ». Sur les perspectives de son cabinet, l’avocat est plutôt confiant, il n’exclut d’ailleurs pas à moyen terme, l'ouverture de bureaux en Afrique, pour être selon lui, plus proche de la clientèle africaine en constante évolution et aussi pour contribuer à cette nécessaire implication des binationaux qu’il défend ardemment. Propos recueillis par A.S. TOURE


INTERVIEW

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Oulimata SARR

Directrice Régionale p.i pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre à ONU Femmes “ Malgré des progrès réalisés, l’autonomisation des femmes est encore loin d’être une réalité” Oulimata SARR est diplômée de HEC Montréal. Elle débute sa carrière chez Ernst & Young Sénégal et poursuit une expérience enrichissante dans le transport aérien en Afrique du Sud pendant 8 ans avant de rejoindre la SFI en 2005. Elle y restera 10 ans et occupera plusieurs fonctions en Afrique de l’Est, notamment au Burundi et au Kenya. En 2016, elle rejoint ONU Femmes pour travailler à temps plein sur l’égalité des genres, un sujet qui la passionne. Une des priorités du plan stratégique d’ONU Femmes est de développer le portefeuille de programmes phares en autonomisation économique des femmes. Oulimata SARR occupe aujourd’hui la fonction de Directrice Régionale par intérim pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre à ONU Femmes. Elle est basée à Dakar. Un retour aux sources, Dakar étant la ville où elle a passé son cursus scolaire du primaire au secondaire à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc. Quelles sont vos principales responsabilités au sein de ONU FEMMES ? Il faut avant tout rappeler que ONU Femmes est l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. ONU Femmes a été créée pour accélérer les progrès dans la réponse apportée aux besoins des femmes et des filles partout dans le monde. Avec une équipe de plus de 280 personnes, la Direction Régionale de ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, que je dirige, couvre vingt-quatre pays allant du Sénégal à la République Démocratique du Congo.

Nous mettons en œuvre des programmes adaptés à chaque pays, en collaboration avec les gouvernements, le système des Nations Unies et la société civile. Nos stratégies visent à promouvoir la participation politique des femmes, à renforcer leur autonomisation économique, à éradiquer toutes les formes de violences dont sont victimes les femmes et les filles, et à la pleine participation des femmes dans les processus de paix et de sécurité. Nous mettons également en œuvre des programmes de lutte contre le HIV et à l’hygiène menstruelle au profit des femmes.

Enfin, notre mission est de s’assurer que l’égalité des sexes est placée au centre des processus de planification et de budgétisation au plan national. Comment jugez-vous la situation des femmes en Afrique (notamment Afrique de l'Ouest et Centre) et quels sont les moyens dont dispose ONU FEMMES pour l’améliorer ? Malgré quelques progrès accomplis ces dernières décennies pour promouvoir l'égalité des sexes, notamment par des accords historiques tels que la Déclaration et le Programme d'action de Beijing de 1995 et la Convention sur l'élimina-


INTERVIEW

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Oulimata SARR

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INTERVIEW

tion de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), largement ratifiée par les États, force est de constater que les droits des femmes et leur autonomisation sont encore loin d’être une réalité dans la plupart des pays. Des normes et des constructions sociétales discriminatoires demeurent. Des écarts persistent à plusieurs niveaux : Sur le plan Économique, l'écart de rémunération entre les sexes est universel. Partout dans le monde, les femmes sont payées 24% de moins que les hommes, et les femmes font presque deux fois et demi plus de services non rémunérés et de travail domestique que les hommes. Les femmes continuent également d'être confinées dans des catégories de travail précaires et informels. Sur le plan des droits humains, les niveaux alarmants de violence contre les femmes et les filles persistent dans tous les pays et sous de nombreuses formes. Quelque 35% des femmes (une sur trois) font l'expérience de violence sexuelle causée soit par un partenaire intime ou par un tiers. En matière de paix et sécurité, bien que les femmes aient mené des mouvements de paix et guidé le relèvement communautaire après un conflit, elles

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sont presque complètement absentes des négociations de paix. Entre 1990 et 2018, seulement 11% des accords de paix ont même mentionné les femmes ou les questions de genre. Sur le plan du leadership, les femmes continuent d'être exclues de la prise de décision à tous les niveaux. Au rythme actuel, il faudra encore 170 ans avant de voir une représentation égalitaire entre hommes et femmes en politique. A ce jour, seuls 19 pays ont des femmes à la tête de l'État ou du gouvernement, seulement 17% des mi-

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nistres sont des femmes et un peu plus de 22% de tous les parlementaires nationaux sont des femmes. Cela signifie que près de 80% des parlementaires du monde sont des hommes. Pourtant, nous constatons que dans les pays où les femmes sont habilitées en tant que leaders politiques, une plus grande attention est accordée à des questions prioritaires comme la santé, l'éducation, les infrastructures, la violence contre les femmes et la qualité de vie. Pour finir, dans le secteur privé, sur les 500 entreprises majeures au niveau mondiale seules 22 sont dirigées par des femmes soit 4,4%, alors que les recherches ont prouvé que les entreprises qui génèrent plus de profits sont celles qui comptent une bonne représentativité des femmes dans leurs conseils d'admi-

nistration. Cela veut dire qu’il y a encore un long chemin vers l'égalité des sexes. Mais nous restons très optimistes car nous pensons que partout il y a des hommes et des femmes qui sont convaincus que les choses doivent changer et qui œuvrent tous les jours pour un monde plus juste. Car le combat des femmes n’est pas qu’une affaire de femmes mais il vise un mieux-être pour toutes les communautés.


INTERVIEW

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Quel est le positionnement de ONU FEMMES face aux autres associations de défense des Droits des Femmes et à la collaboration avec les Etats ? Nous sommes le partenaire privilégié de la Société Civile à travers la Commission sur la Condition de la Femme (CSW). C’est le principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes. Durant sa session annuelle qui a duré deux semaines en Mars 2019, des représentants des États membres, des organisations de la société civile et des entités des Nations Unies se sont réunis au siège des Nations Unies à New York pour faire le point sur les progrès accomplis et s'accorder sur les prochaines actions. Les conclusions et les recommandations de chaque session sont transmises au Conseil économique et social (ECOSOC), instance de supervision de la Commission, qui se charge du suivi de leur mise en oeuvre. ONU Femmes appuie tous les aspects du travail de la Commission. Nous facilitons également la participation de représentants de la société civile à ces activités. Quels sont les résultats obtenus jusque-là par ONU FEMMES en Afrique de l’Ouest et du Centre ? Pensez-vous qu’ils sont satisfaisants ? Dans notre région, les filles sont maintenant aussi susceptibles que les garçons d’être inscrites dans l’enseignement primaire et des progrès

importants ont été accomplis en matière de scolarisation des filles aux niveaux secondaire et supérieur. La voix et le leadership des femmes dans la prise de décision politique ont connu des progrès dans une certaine mesure. J’en veux pour preuve certaines femmes qui ont occupé les fonctions de chefs d’État. J’en veux également pour preuve une représentativité paritaire au parlement dans des pays comme le Sénégal, et un nombre de plus en plus important des femmes dans certaines collectivités locales. Par ailleurs, des réformes juridiques sans précédent ont été entreprises au niveau africain pour lutter contre la vio-

lence à l'égard des femmes. Comme je le disais tantôt, nous demeurons optimistes. Le continent africain a démontré son engagement à promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Presque tous les pays ont ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes; plus de la moitié ont ratifié le Protocole de l’Union africaine sur les droits de la femme en Afrique. La déclaration de l’Union africaine de 2010-2020 sur la Décennie de la femme africaine est une autre étape importante. Nous veillerons à la mise en œuvre effective de ces engagements.


INTERVIEW

Pouvez-vous nous parler du programme AgriFeD Sénégal ? Le programme phare de ONU Femmes : Agriculture, Femmes et Développement Durable (AgriFed Senegal) est un programme d’autonomisation économique des femmes à travers une agriculture résiliente aux changements climatiques. Il vise à lever quatre contraintes majeures que sont : l’accès équitable à la terre et aux ressources productives, l’accès aux techniques agricoles et aux variétés de semences résilientes aux changements climatiques, l’accès aux financements adaptés aux activités des agricultrices ainsi que l’accès aux marchés porteurs à travers des relations contractuelles avec les grands acheteurs du secteur privé (industriels, exportateurs, etc.) Ce programme qui couvrira les régions à fort potentiel agricole du Sénégal comme Saint Louis, Kolda, Tambacounda, Ziguinchor et la zone des Niayes, envisage d’impacter plus de 30 000 agricultrices sénégalaises, avec pour but de les aider à gagner en autonomie économique mais aussi de renforcer la résilience au changement

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climatique de l’agriculture sénégalaise Quelle est la contribution de ONU FEMMES dans l’atteinte des ODD ? Les Objectifs de Développement Durable offrent une réelle opportunité d’apporter un changement durable en matière des droits des femmes et d’égalité des sexes. ONU Femmes a le mandat d’aider les partenaires à apporter un changement universel, global et transformateur dans la vie des femmes. L’ODD 5 "Atteindre l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles" qui a connu de nombreux progrès durement acquis, vise à lever plusieurs obstacles structurels qui freinent les femmes et les filles. On peut citer à titre d’exemple : les taux alarmants de violences à l'égard des femmes et de pratiques néfastes; le travail non rémunéré effectué par les femmes et les filles; le nombre marginal de femmes occupant des postes à responsabilités dans tous les domaines; les lois et politiques discriminatoires; ou encore les violations persistantes des droits à la santé sexuelle et reproductive.

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Au niveau national, ONU Femmes veille à ce que l'égalité des sexes soit une priorité des États dans la planification budgétaire et se reflète à tous les niveaux des politiques publiques visant à mettre en œuvre les objectifs de développement durable de manière inclusive. Nous œuvrons à que les instances de prise de décision soient plus représentative et que les femmes participent à la prise de décision. Ce travail, nous le faisons avec tous les acteurs clés, surtout avec les gouvernements et les organisations de femmes qui sont nos principaux partenaires au niveau national. Comme je l’ai dit, et je me répète, la lutte contre la discrimination est l’affaire de tous. Personne ne peut tout faire mais chacun peut faire quelque chose : en ne fermant pas les yeux sur l’une injustice, en luttant contre toutes formes de pratiques discriminatoires, en appelant les gouvernements à établir des budgets tenant compte de la problématique hommes-femmes et des parlements plus inclusifs, en manifestant un soutien aux femmes et aux filles qui pourraient avoir besoin d’aide, en participant activement au mouvement pour l’égalité des sexes. Propos recueillis par A.C. DIALLO



BANQUE - FINANCE

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Joseph MINKA Directeur Crédit ECOBANK INTERNATIONAL

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BANQUE - FINANCE

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3 QUESTIONS A… Joseph MINKA

Directeur du Crédit - ECOBANK INTERNATIONAL Joseph MINKA débute sa carrière chez Natixis, en financements structurés des matières premières agricoles (soft commodities ). Il s’occupa, entre autres, d’une opération de syndication bancaire de près d'un milliard de dollars US en faveur d’un organisme parapublic au Ghana. Il rejoint le groupe Société Générale en 2008, juste après la fameuse affaire Kerviel, en tant qu’analyste de crédit corporate, spécialisé sur l'Afrique et le Moyen Orient. Il y restera 5 ans avant de travailler pour la direction des risques Groupe Société Générale en charge des activités Private Banking. Il rejoint ensuite une banque parisienne spécialisée sur les activités de Trade Finance et de Venture loan comme Directeur du Crédit, avant d’être recruté par le Groupe panafricain Ecobank, comme Directeur du Crédit de sa filiale Ecobank International dont le siège est à Paris. La forte fluctuation du cours des matières premières impacte négativement les économies africaines. Quelles sont, selon vous les mesures à prendre pour inverser la tendance ? Je pense qu'il est indispensable que les marchés africains de matières premières soient régulés. Peut-être même doivent-ils être régulés au niveau régional. Je fais un constat simple. La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, le Ghana en est le deuxième ou troisième producteur mondial selon les années. A eux deux, ils fournissent près de 80% de la production mondiale. Le marché ivoirien est dérégulé alors que celui du Ghana est régulé. Cela veut dire qu'au Ghana, il y'a une seule entité qui achète l'ensemble de la production nationale de cacao et qui le revend sur le marché international. De ce fait, les ghanéens peuvent avoir un meilleur prix. Imaginons que ces deux pays se réunissent et imposent leur prix sur le marché international, l'im-

pact en termes de marge sur les recettes d'exportation serait considérable. Les producteurs auraient, par ailleurs, une meilleure rémunération de leur travail. L'autre alternative pour pallier à la forte fluctuation ne serait - elle pas d’accélérer la transformation, même primaire, de ces matières premières ? Oui évidemment, car ce qui fait de la valeur ajoutée c'est bien la transformation en produit fini ou semi fini. Il faut également savoir que les matières premières agricoles sont différentes des autres matières premières comme le pétrole par exemple. La baisse du prix du baril ne dépend pas forcément de l'offre et de la demande, contrairement aux matières premières agricoles. S’agissant de ces dernières, lorsqu'il y a une baisse de prix, c'est qu’en général les récoltes ont été abondantes.

Dernière question, du haut de votre poste d'observation, quel est votre

sentiment sur la situation économique du continent ? Êtes-vous optimiste ou plutôt pessimiste sur les perspectives ? Il est difficile d'avoir une appréciation globale sur l'ensemble des 54 états qui constituent le continent africain. Si on prend par exemple les pays de la zone franc, en distinguant ceux de l'Afrique de l'Ouest et ceux de l'Afrique centrale, je suis assez optimiste concernant les pays de l'Afrique de l'Ouest. Je pense qu'ils opèrent de bonnes réformes économiques et ont mis en œuvre les bases d'une transition politique. En outre, Ils investissent davantage sur les infrastructures que les pays de l'Afrique centrale. Dans ces derniers, on attend encore la transition politique, il n'y a pas de développement des infrastructures, je suis donc assez pessimiste sur les perspectives économiques des pays de la CEMAC. Et bien sûr, je suis très optimiste pour les pays anglophones.


OIL & GAS

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Le Groupe TOTAL affiche ses ambitions pour le gaz africain Le géant pétrolier français est prêt à débourser 8 milliards d’euros pour asseoir sa présence stratégique en Afrique. Il lui faut pour cela acheter les actifs d’Anadarko, société américaine présente en Algérie, au Ghana, au Mozambique et en Afrique du Sud. TOTAL deviendrait ainsi le second opérateur mondial de gaz naturel liquéfié.

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’est dans le cadre d’un accord avec un autre groupe, Occidental Petroleum, qu’apparaît Total en tant qu’associé. C’est Occidental Petroleum qui, dans la pratique, réalise l’acquisition. "Si elle se réalise, l'acquisition d'Anadarko nous offre l'opportunité d'acquérir un portefeuille d'actifs de classe mondiale en Afrique, ce qui renforcerait notre position de leader parmi les sociétés privées internationales sur le continent", a expliqué le PDG de Total, Patrick Pouyanné dans un communiqué.

Un projet majeur

C’est notamment dans le domaine du gaz naturel liquéfié (GNL) que le groupe français place de grands espoirs. Au Mozambique, l’acquisiMomar NGUER, Président de la division marketing & services tion d’Anadarko permettrait et membre du comité exécutif du Groupe TOTAL de prendre une participation de 26,5% dans un projet de darko représente 1,2 milliard de barils GNL dont la production est estimée à équivalent pétrole dont les trois quarts 12,8 mégatonnes par an. en gaz. L’ensemble des actifs de la société Ana- Total, qui négocie toujours, met en avant

ses compétences. "Nous pourrions ainsi tirer parti de notre expertise dans le GNL en opérant un projet majeur au Mozambique et dans l'offshore profond au Ghana et nous deviendrions opérateurs d'actifs pétroliers majeurs en Algérie dans lesquels nous sommes déjà partenaires", avance le communiqué.

Etre parmi les leaders

Selon l’AFP qui cite le cabinet spécialisé Wood Mackenzie, "cette opération établirait confortablement Total comme le deuxième vendeur de GNL au monde parmi les compagnies privées, derrière l'anglo-néerlandaise Shell. En comptant les géants publics du secteur, le groupe français se hisserait à la quatrième position après Qatargas, Shell et le malaisien Petronas. Mais l’affaire n’est pas encore bouclée. Et pour acheter ces actifs les enchères grimpent. Car un autre géant est sur les rangs, il s’agit de l’américain Chevron. Ce dernier avait dans un premier temps la préférence d’Anadarko. Une offre de rachat "valorisée" de la part d’Occidental Petroleum remet le tandem franco-américain dans la course. G.Y


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NOMINATION

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MALI: Nomination d’une femme à la tête du Ministère en charge des investissements

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’est un nouveau Départem e n t ministériel à triple compétences que le Président malien IBK vient de confier à Mme Safia Boly, à la faveur du récent remaniement ministériel, instituant au Mali, un Gouvernement dit de large ouverture. Mme Boly qui occupait précédemment le Département de la réforme de l’administration et de la transparence de la vie publique, aura désormais en charge le Ministère de la promotion de l’investissement privé, des PME et de l’Entrepreneuriat national. Une fonction presque taillée sur mesure pour celle dont beaucoup louent la capacité d’écoute, le sens de la rigueur et la grande maîtrise des dossiers. Dans ses nouvelles attributions, Mme Boly aura pour principale mission d'accroître les investissements et de renforcer le tissu des petites et moyennes entreprises.

Mme Safia BOLY

La création de ce ministère aux larges compétences, intervient dans un contexte particulier, marqué par une crise sécuritaire susceptible de freiner l’intérêt de potentiels investisseurs in-

ternationaux vers la destination Mali. Le parcours académique et l’expérience professionnelle de Mme Safia Boly seront certainement des atouts non négligeables dans la réussite de sa mission. Faut-il rappeler que c’est au sein de l’Organisation des Nations Unies et plus précisément au PNUD que Mme Boly a effectué l’essentiel de sa carrière professionnelle, après avoir décroché son diplôme de Maîtrise en Gestion des entreprises à l’Ecole Nationale d’Administration du Mali en 1997, ainsi que son MBA à l’Université de l’Etat de Floride, aux Etats-Unis en 2000. Elle a également travaillé pour le groupe de la Banque mondiale, au Département Gestion de la comptabilité du Fonds d’affectation spéciale et portefeuille et comme assistante spéciale auprès du Secrétaire général adjoint en charge des services centraux d’appui de l’ONU. G. Sy


NOMINATION

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ECOBANK

Cheick TRAVALY nommé Directeur exécutif régional Afrique centrale, de l’Est et australe

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heick Travaly, précédemment Directeur Général d’Ecobank Burkina Faso et directeur des opérations de la région Afrique centrale, de l’Est et australe, remplace Samuel Ashitey Adjei qui a fait valoir ses droits à la retraite, après 29 ans de bons et loyaux services. Cheick Travaly, le nouveau récipiendaire, possède 28 ans d’expérience professionnelle, dont 14 en tant que directeur exécutif responsable de six pays. Il est titulaire de deux masters, l’un en administration des affaires et l’autre en économie. M. Travaly a débuté sa carrière dans le secteur minier en Guinée, avant de rejoindre l’industrie bancaire. A ses débuts, il a exercé la fonction de directeur des grandes entreprises locales pour Citibank Sénégal et rejoint Ecobank en 2015 pour prendre la fonction de directeur de la Banque de grande entreprise de Ecobank Sénégal. Cheick Travaly a consacré ces dernières années à modeler la stratégie panafricaine du Groupe Ecobank faisant de l’établissement bancaire l’un des tout premiers acteurs bancaires sur le continent. Il a ainsi contribué à bâtir un modèle robuste alliant croissance durable, innovation et recherche d’efficacité sur un continent en pleine effervescence, avec une attention toute particulière portée au développement des talents locaux. Il a également su se forger une excellente connaissance de la clientèle entreprises, grandes et petites.

Cheick TRAVALY Enfin, il a contribué à maintenir une dynamique commerciale soutenue et engagé les transformations ambitieuses pour s’adapter aux évolutions technologiques et aux nouveaux comportements des clients. Pour le groupe Ecobank, l’expertise sera d’autant plus nécessaire que les règles du jeu ont changé.   La concurrence est beaucoup plus intense aujourd’hui et oblige à être beau-

coup plus pro-actif commercialement. L’exploitation personnalisée des données au service des clients devrait, par ailleurs, accélérer ce mouvement . Pour se défendre face aux nouveaux entrants non bancaires qui visent principalement le marché des paiements, il faut désormais et avant tout, miser sur son capital confiance et sur le besoin de sécurité des transactions. Binta Sall


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