COMMENT TRANSFORMER UNE PEAU BRUTE
EN UNE FOURRURE SOYEUSE
Le processus de fabrication chez Neuenschwander
Le traitement des peaux et du cuir exige beaucoup de soin et de savoir-faire, car ces produits naturels sont fragiles. Pour garantir une qualité optimale, Neuenschwander mise donc sur des méthodes douces et respectueuses de l’environnement. Découvrez ici comment la matière première est transformée progressivement en un produit de haute qualité.
100 % Swiss made
Neuenschwander produit chaque année des dizaines de milliers de peaux dans sa propre tannerie-corroierie à Oberdiessbach (Emmental) : des peaux de lapin aux peaux d’agneau et de vache en passant par les peaux de martre. Les peaux d’agneau brutes proviennent principalement de l’abattoir de Thoune voisin. Les peaux d’animaux sauvages, provenant exclusivement de la chasse de régulation des populations, sont fournies à l’entreprise par des chasseuses et chasseurs de toute la Suisse, principalement de l’Oberland bernois.
Soyez de la partie !
Vous souhaitez assister à la production de peaux sur le terrain ? Inscrivez-vous à une visite de l’entreprise (10 personnes minimum, 30 personnes maximum, apéritif compris): info@neuenschwander.ch | 031 771 14 11
Nous serons ravis de vous accueillir !
Mélange d’artisanat et de technologie moderne
Les peaux sont des produits naturels et ce fait est à prendre en compte lors des processus de finition: même si Neuenschwander utilise en partie des techniques modernes, les méthodes employées ici sont fondamentalement celles utilisées depuis plus d’un siècle. « Le tannage et le corroyage prennent du temps », explique le directeur Bernhard Neuenschwander. « Il est clair que nous aimerions accélérer nos processus. Mais nous devons nous adapter à la nature. »
De nombreuses tâches ne peuvent donc pas être déléguées à des machines : l’artisanat traditionnel est toujours très demandé – de même que des collaboratrices et collaborateurs possédant ce sens infaillible et irremplaçable du matériau. À propos de sensibilité : les professionnel-le-s de Neuenschwander savent déterminer avec précision l’origine d’une peau en fonction de la texture de sa structure laineuse. L’entreprise renonce totalement aux peaux ou fourrures provenant d’élevages d’espèces animales protégées ou de la chasse au piège.
Du « sous-produit d’abattage » à la fourrure soyeuse
« Déchets », « sous-produits d’abattage », voire « déchets d’abattoir » : les termes utilisés pour désigner les peaux et fourrures brutes ne sont pas vraiment flatteurs. Lorsque Neuenschwander récupère les matières premières chez les bouchers et dans les abattoirs, on parle d’« élimination ».
En transformant les sous-produits d’abattoir en fourrures de haute qualité, Neuenschwander contribue à une utilisation judicieuse des produits naturels.
Respect de l’environnement
Il est malheureusement inévitable que les nez sensibles se froncent à proximité des locaux de Neuenschwander. L’« odeur d’écurie » caractéristique a toujours été très présente. Ce n’est pas un hasard si, autrefois, les tanneurs se voyaient attribuer des quartiers à l’extérieur de la ville : on voulait tenir à distance cette activité malodorante.
Neuenschwander a toutefois réduit toutes les autres émissions à un niveau tel que l’entreprise ne pollue pas l’environnement. Ce que l’on appelle les bains de tannage, de l’eau enrichie en tanins, sont pompés et réutilisés après le processus de tannage. Après environ 10 à 15 cycles, un bain de tannage est acheminé vers l’installation de séparation, où se déroule l’extraction des tanins. Les eaux usées pré-épurées s’écoulent de l’installation de séparation vers le système public d’épuration des eaux usées, après avoir été contrôlées par les autorités et déclarées sans danger.
Arrivée au dépôt de peaux
Les premières étapes du processus de transformation sont effectuées dans le dépôt de peaux, où sont entreposées les peaux encore brutes. À leur arrivée, elles sont d’abord réfrigérées.
Préparation
Les peaux brutes sont débarrassées des résidus de graisse et de chair les plus grossiers et leurs bords sont mis en forme.
Chaque peau présente des caractéristiques différentes. C’est dans le dépôt de peaux que l’on décide de son utilisation future : en fonction de sa qualité, de sa couleur, du type de laine et de la longueur des poils, elle sera transformée en différents articles en peau ou en cuir.
Récupération du numéro d’identification
Les commandes sont passées par des chasseurs et d’autres clients qui font traiter leurs peaux par Neuenschwander. Comment reconnaître plus tard l’origine d’un produit fini ?
Pour garantir une identification sans faille des peaux, les collaboratrices et collaborateurs du dépôt de peaux réalisent un tour de force technologique qui s’étend littéralement sur plusieurs siècles : dans la base de données électronique, ils récupèrent d’abord un code d’identification pour la peau.
Estampage du code d’identification
À l’aide d’un marteau à pointe, ils estampent ensuite le code d’identification sur la peau. À la fin du processus de finition, celle-ci est identifiée à l’aide de l’estampe.
Conservation par le sel
Le sel absorbe l’humidité des peaux et empêche ainsi leur décomposition. Cette méthode est utilisée pour une conservation à court terme avant la transformation.
Conservation par séchage
Les peaux sont séchées à l’air libre afin de prolonger leur conservation.
Stockage
Jusqu’à leur transformation chez Neuenschwander ou chez les acheteurs, les matières premières sèches sont stockées de manière peu encombrante.
Trempe
Les peaux sont transférées de l’entrepôt temporaire à la tannerie. La première étape consiste à restaurer l’état naturel de gonflement de la peau et à éliminer les salissures, les protéines solubles et les conservateurs. Pour ce faire, les peaux sont trempées dans un bain pendant environ une journée, dans de l’eau à environ 30 degrés additionnée de détergents.
Écharnage
Après le trempage, l’écharneuse élimine les particules de graisse et de chair restantes ainsi que les salissures qui pourraient encore adhérer.
Picklage et graissage
Les peaux sont maintenant préparées pour le tannage. Objectif : elles doivent absorber les tanins de manière aussi uniforme et optimale que possible. Lors du picklage, les protéines sont extraites de la section transversale du cuir, ce qui crée des cavités dans la peau (vue en coupe transversale).
Lors du graissage, les fibres de la peau sont enrobées d’une couche de graisse qui agit comme un lubrifiant : elle assouplit le cuir et lui confère un toucher particulier. Dans le même temps, le graissage renforce les propriétés physiques uniques du cuir, telles que l’élasticité, la résistance à la déchirure, la mouillabilité et l’imperméabilité à l’eau ainsi que la perméabilité à l’air et à la vapeur d’eau.
Refendage
Ce travail exige beaucoup de doigté, d’habileté et une concentration maximale : le refendage consiste à réduire la couche de cuir à son épaisseur optimale. Si elle est trop épaisse, la peau devient dure. Si elle est trop fine, la peau peut se déchirer ou présenter des zones dégarnies à cause des racines des poils coupées. Le refendage permet aux peaux d’absorber les tanins de manière optimale et au cuir de rester beau, souple et soyeux.
Tannage
La peau est désormais prête pour le tannage proprement dit. Elle repose pendant environ une journée dans un tambour en acier ou un tonneau en bois, pendant que les tanins agissent. Toutes les deux heures, tout le contenu est remué pendant deux minutes. Au cours du processus de tannage, les fibres de la peau sont réticulées et le développement de la pourriture est stoppé.
Le tannage confère au cuir ses propriétés inimitables : d’une part son élasticité, qui procure une sensation de confort inégalée, et d’autre part son côté respirant, qui lui permet d’absorber et d’évacuer l’humidité.
Quatre méthodes de tannage –un seul principe
Neuenschwander utilise quatre méthodes de tannage. Toutes sont respectueuses de l’environnement et répondent aux normes les plus strictes en matière d’émissions polluantes. Les recettes de tannage sont conservées dans un coffre-fort : elles sont soumises à la plus stricte confidentialité, car elles sont le fruit de décennies d’expérience et d’innombrables perfectionnements !
Tannage blanc
Dans le tannage blanc, les sels d’alun servent d’agents tannants. Ils conviennent à toutes les peaux dont les couleurs naturelles doivent être conservées. Les fourrures finies ne sont toutefois ni résistantes à la chaleur, ni lavables.
Tannage Tara/minéral
Le tannage idéal pour toutes les peaux teintes, telles que les peaux décoratives et les peaux pour sièges de voiture. Un tanin naturel (le tara) est utilisé à cet effet. Les fourrures finies sont résistantes à la chaleur et lavables.
Tannage médical
Les peaux destinées aux bébés et toutes les peaux à usage médical, comme les alèses ou les coussins pour fauteuils roulants, nécessitent un traitement spécial. L’agent tannant synthétique glutaraldéhyde s’inspire des tanins végétaux. Les avantages : les fourrures sont particulièrement douces pour la peau, durables et lavables.
Tannage biologique au mimosa
La nature à l’état pur : le tannage au mimosa, également appelé tannage biologique ou tannage naturel, utilise exclusivement des tanins végétaux. Ceux-ci proviennent généralement de l’écorce ou du bois de cœur de l’acacia. Neuenschwander utilise principalement cette technique pour les peaux destinées aux bébés et au bien-être, telles que les alèses.
Essorage
Après le tannage, les peaux tournent dans la centrifugeuse afin d’être déshydratées.
Mise au vent
Une journée dans la baignoire, puis un essorage vigoureux : rien d’étonnant à ce que les peaux soient un peu froissées. La mise au vent leur redonne leur forme. Les peaux sont étirées encore humides, ce qui leur permet de retrouver leur souplesse et leur taille d’origine.
Tension et séchage
La peau est mise en forme sur le cadre de tension et séchée pendant environ dix heures dans une pièce chauffée. La tension n’est d’ailleurs pas une tâche pour les machines : les spécialistes évaluent avec une grande précision la texture et l’élasticité de la peau. La tension doit être répartie de manière aussi uniforme que possible afin d’éviter que les fibres ne collent entre elles et que le cuir ne durcisse.
Découpe et pré-tri
Les peaux sont enfin sèches ! Elles sont alors découpées, et les parties inutilisables éliminées. C’est également à ce stade que l’on décide de l’utilisation finale de la peau, en fonction de critères tels que la taille, la qualité et la longueur de la laine.
Nettoyage dans la Rolls Royce
Parmi les machines de la tannerie, la machine de nettoyage moderne est pour ainsi dire la « Rolls Royce ». Elle permet d’éliminer les graisses de la peau et de la laine. Résultat : le cuir reste bien souple et la laine perd son odeur animale.
Dégraissage dans la Deux-Chevaux
Il existe également une autre méthode : dans un tambour, les peaux de petite taille comme celles du lapin, du renard ou de la martre sont mélangées à de la sciure de bois. Cela permet de dégraisser davantage les poils et de donner un bel éclat à la fourrure. Cette méthode peut sembler archaïque, mais jusqu’à présent, aucun spécialiste n’a mis au point un procédé plus efficace.
Ponçage et grattage
Le ponçage et le grattage du côté cuir de la fourrure éliminent les tissus résiduels.
Peignage
Cette tâche, qui paraît facile, est en réalité assez fatigante : le travail à la peigneuse nécessite une force considérable. La laine est « ouverte », ce qui lui donne plus de volume et rend la fourrure plus belle. De plus, la machine élimine l’excès de laine. Celui-ci est aspiré, collecté et réutilisé, par exemple comme matériau de rembourrage.
Tonte
Les fourrures destinées à la médecine, aux bébés et aux sièges auto sont tondues exactement à la hauteur de laine souhaitée.
