LES PRAIRIES ORDINAIRES 2011

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LES PRAIRIES ORDINAIRES WWW.LESPRAIRIESORDINAIRES.FR


LES PRAIRIES ORDINAIRES

2011

CATALOGUE

LES PRAIRIES ORDINAIRES 1 AVENUE DE SÉGUR 75007 PARIS +33 6 89 65 53 76 infos@lesprairiesordinaires.fr www.lesprairiesordinaires.fr Diffusion-distribution : Les Belles Lettres Impression : Normandie Roto Fondateur : Rémy Toulouse Éditeur : Nicolas Vieillescazes Administrateur : Thierry Perret Secrétariat d’édition : Louise Guilbaud Conception graphique : Maëlle Dault


Depuis leur création en 2005, Les Prairies ordinaires cherchent à faire découvrir des auteurs majeurs et des objets nouveaux, à donner accès à des travaux essentiels dans le domaine des sciences humaines et sociales, avec le souci constant d’allier sérieux académique et vision politique. Ce catalogue est l’occasion de faire un premier bilan du travail accompli, et surtout de présenter une actualité riche et passionnante. La collection Essais (13 titres) regroupe des textes d’auteurs francophones, qui offrent des prises de position fortes sur le monde contemporain, et qui disent, sous la cacophonie des discours dominants, médiatiques ou « politiques », quelque chose du monde qui reste mal ou insuffisamment pensé. Cet automne, Jérôme David nous propose, avec Spectres de Goethe, une histoire de l’une des notions les plus débattues dans le domaine des études littéraires, celle de littérature mondiale. Cet ouvrage inhabituel parcourt les pays et les époques, sous la forme d’un dialogue dans la veine de Diderot. La collection Penser/Croiser (25 titres) a pour objectif de diffuser des travaux internationaux de tout premier ordre dans le domaine des sciences sociales, de l’esthétique et de la philosophie. En quatre ans d’existence, elle a défriché de nouveaux territoires et fait découvrir des auteurs restés trop longtemps méconnus du public français. Elle s’enrichit à présent de deux titres : Cloning Terror, le dernier livre de W.J.T. Mitchell, père des études visuelles, est consacré à la guerre des images depuis le 11 Septembre. Dans Le Complexe art-architecture, Hal Foster poursuit sous un angle plus historique la réflexion polémique entamée dans Design & Crime. Notre nouvelle collection, Singulières modernités, rassemble des classiques dans les domaines de l’histoire politique, artistique, littéraire ou sociale, et entend explorer une modernité éclatée dans l’espace et le temps, dispersée sur différentes époques et divers continents. Elle s’ouvre avec Paris, capitale de la modernité, un ouvrage du grand géographe anglais David Harvey, sur le Paris du Second Empire. Enfin, un ouvrage collectif hors collection, publié en coédition avec Capricci, livre la première analyse exhaustive en langue française de la série culte The Wire.


Si la modernité est morte, supplantée par la postmodernité, Singulières modernités en sera le tombeau : tombeau des avant-gardes, des luttes politiques et des espoirs d’émancipation. Collection de classiques dans les domaines de l’histoire politique, artistique, littéraire ou sociale, Singulières modernités entend explorer une modernité éclatée dans l’espace et le temps, dispersée sur différentes époques et divers continents, et parler des futurs passés ou de ces autres mondes qui ont paru possibles. Non pas seulement pour en conserver l’archive et en perpétuer la mémoire, mais aussi pour les réactiver, transformer la trace en potentialité.

Collection dirigée par Nicolas Vieillescazes

SINGULIÈRES MODERNITÉS


DAVID HARVEY

PETER WOLLEN

PARIS, CAPITALE DE LA MODERNITÉ

DÉVALISER LE FRIGO

Traduction coordonnée par Matthieu Giroud ISBN 978-2-35096-051-7 550 pages 70 illustrations 29 euros Parution 24 octobre 2011

Comment, au milieu du XIXe siècle, Paris a-t-elle pu devenir l’incarnation urbaine de la modernité ? Pour répondre à cette question, David Harvey a exploré les mutations connues par la ville à cette époque : transformation physique, avec les grands projets d’Haussmann, qui remplace le plan médiéval par les grands boulevards : transformation économique, avec une nouvelle forme de capitalisme dominée par les puissances financières et industrielles ; transformation culturelle, avec l’irruption de ce qu’on appellera plus tard le modernisme ; transformation sociale, avec l’émergence de violents antagonismes de classes qui atteignent leur paroxysme dans les révolutions de 1848 et de 1871. En présentant la ville moderne comme le produit instable de forces hétérogènes et contradictoires, David Harvey nous offre une image vivante du fonctionnement de Paris ainsi qu’une vision panoramique de la période capitale que fut le Second Empire. Mais cette analyse de la ville moderne est aussi l’occasion d’une réflexion magistrale sur la ville contemporaine – sur la part de la population dans l’urbanisation, sur son accès aux ressources, en somme sur le « droit à la ville ».

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Contre-histoire de l’art du XXe siècle

Traduction Nicolas Vieillescazes ISBN 978-2-35096-052-4 256 pages 25 euros Parution février 2012

On croit tout savoir de la modernité artistique, qui a fétichisé le style, érigé l’artiste ou l’auteur en figure sacrée, et creusé un fossé presque infranchissable entre l’art et la vie. Ces clichés se retrouvent souvent, aujourd’hui encore, sous la plume des critiques. Dans cet ouvrage classique et définitif, Peter Wollen met précisément à mal les récits et les oppositions qui ont structuré l’histoire du modernisme : le fonctionnel et le décoratif, l’esthétique et la politique, le masculin et le féminin, le naturel et l’artificiel, la machine et le corps, l’Est et l’Ouest. Il nous livre ainsi un authentique contre-récit de l’histoire de l’art moderne, depuis Matisse et Paul Poiret jusqu’à Komar & Melamid, en passant par Pollock, Warhol et l’Internationale situationniste. Au moment où le modernisme cède la place au postmodernisme, le monde de l’art connaît un soudain élargissement. Désormais, les artistes de l’ancien tiers-monde « dévalisent le frigo » de l’Occident en réactivant, dans des directions nouvelles, les styles de son passé. L’une des grandes leçons de Peter Wollen est bien celle-là : l’histoire de l’art est l’histoire de la récupération des formes, une dialectique impure de déterritorialisation et de reterritorialisation qui s’effectue toujours depuis les marges.

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La collection Penser/Croiser a pour objectif de diffuser des travaux internationaux de tout premier ordre dans le domaine des sciences sociales, de l’esthétique et de la philosophie dont est aujourd’hui privé le public français. Penser/Croiser accueille aussi bien des « classiques contemporains » que des interventions novatrices de jeunes auteurs, portés par une même exigence théorique et critique, à l’intersection du travail théorique des sciences humaines et du combat politique ou « culturel », que ce soit dans le champ universitaire ou du côté des mondes artistiques. Chaque livre de cette collection est ainsi « posté » à la rencontre de ces deux espaces, dans une zone tampon qui relie (et sépare) subjectivité et communauté, luttes politiques et créations imaginaires.

PENSER / CROISER

Collection dirigée par François Cusset, Rémy Toulouse et Nicolas Vieillescazes.

L E S

P R A I R I E S

O R D I N A I R E S


W.J.T MITCHELL

HAL FOSTER

CLONING TERROR

LE COMPLEXE ART-ARCHITECTURE

Traduction Maxime Boidy et Stéphane Roth ISBN 978-2-35096-050-0 240 pages 26 euros Parution 15 septembre 2011

Traduction Nicolas Vieillescazes ISBN 978-2-35096-034-0 256 pages 22 euros Parution 24 octobre 2011

ou la guerre des images du 11 Septembre au présent

Les attentats du World Trade Center et la brutale réplique qu’ils ont suscitée de la part du gouvernement américain n’ont pas seulement engendré de lourdes pertes humaines, ils ont aussi produit de nouvelles images qui ont durablement marqué les esprits. Pour W.J.T. Mitchell, ce qu’il s’agit de comprendre, c’est l’entrelacement formé par les événements et les images : laisser un instant de côté la signification des images, leur pouvoir ou les idéologies qu’elles véhiculent, examiner la manière dont les images produites durant la « guerre contre le terrorisme » ont fabriqué des réalités et des affects politiques. En un mot, prendre les images au sérieux. Depuis le 11 Septembre, le terrorisme est devenu indissociable du paradigme du clonage, et la reproductibilité infinie des images a donné naissance à la figure du terroriste clone, anonyme, insaisissable, innombrable, capable de semer la terreur partout et à tout moment. La « clonophobie » contemporaine est à la fois nouvelle et ancienne : nouvelle, parce que la peur du terrorisme s’inscrit pleinement dans notre « âge biocybernétique », défini par l’image numérique et les nouveaux médias ; ancienne, parce que la clonophobie est une forme d’iconophobie, vieille peur d’une copie douée d’une âme et d’une vie propre. Cloning Terror, en explorant les différents avatars de cette « image vivante » ressuscitée, s’acquitte magistralement de son principal objectif : poser les bases d’une iconologie du présent.

Dans Design & Crime, Hal Foster analysait l’omniprésence du design dans le monde contemporain ; il déplace ici la focale pour interroger la fin des séparations entre art et architecture qui caractérisaient le modernisme. Non seulement les interactions entre ces deux médiums se sont multipliées depuis une trentaine d’années, sous la forme de citations, d’emprunts, voire de fusion pure et simple (land art, installations, par exemple), mais elles sont devenues si profondes que l’on peut désormais parler d’un véritable « complexe artistico-architectural ». Ainsi, intrigué par la récente émergence d’un « style global » en architecture (dont Richard Rogers, Renzo Piano, Norman Foster, et bien sûr Frank Gehry sont les principaux représentants), Hal Foster explique que le bâtiment fonctionne désormais sur un mode iconographique : soulignant la spécificité du lieu où il est bâti, il est en même temps un symbole destiné à une consommation mondiale. Pour Hal Foster, il s’agit de mettre en exergue les implications politiques de l’espace et de son expérience. Que se passe-t-il quand la représentation s’insinue dans l’espace « concret » ? Quand l’illusion auparavant confinée dans l’espace virtuel du film ou du tableau se met à produire la réalité vécue ? Quand le symbole ou l’image devient non seulement indissociable de l’objet matériel, mais consommable comme un objet ? En retraçant les mutations des rapports entre art et architecture depuis le pop art, cet ouvrage démontre que bâtiments et œuvres d’art participent de l’émergence d’un nouveau sensorium dominé par une forme pré-programmée d’expérience : aujourd’hui, « l’espace semble percevoir à notre place ».

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PERRY ANDERSON

LES ORIGINES DE LA POSTMODERNITÉ Traduction Natacha Filippi et Nicolas Vieillescazes ISBN 978-2-35096-018-0 192 pages 18 euros

Perry Anderson retrace l’histoire de la notion de postmodernité, depuis l’avant-garde littéraire de l’Amérique hispanique des années 1920 jusqu’aux courants post-marxistes européens, avec Lyotard à Montréal en 1979, puis Habermas à Francfort en 1980. En 1982 à New York, Fredric Jameson lui fait subir une mutation fondamentale, en l’utilisant pour montrer la cohérence de notre époque globalisée, dont la caractéristique majeure tient à la subordination tendancielle de la culture à la logique du capital. La sphère esthétique, massivement colonisée, est aujourd’hui incapable de trouver l’espace dans lequel continuer d’exprimer une transgression ou de tendre vers une alternative. Le postmodernisme confine au système parfait, un système en mesure d’intégrer à sa logique ses propres dysfonctionnements.

WENDY BROWN

MURS

Les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique Traduction Nicolas Vieillescazes ISBN 978-2-35096-008-1 192 pages 15 euros

En ce début du XXIe siècle, des murs sont construits frénétiquement aux quatre coins du monde. Alors que le siècle précédent avait prétendu se clore sur la promesse d’une ère d’échanges et de prospérité, des tensions nouvelles sont apparues, entre la fermeture et l’ouverture, l’universalisation et la stratification. Et ce monde qui se pensait en termes de flux n’a cessé de mettre en place des filtres et des dispositifs, largement dématérialisés, de surveillance et de contrôle. Dans ce contexte, que peuvent bien signifier ces murs terriblement concrets, d’acier et de béton, grillagés ou couverts de barbelés, sortes de survivances d’un autre âge ? S’ils se révèlent largement inefficaces sur le plan fonctionnel, leur pouvoir discursif, symbolique et théâtral est incontestable. Là où l’interprétation dominante en déduit que ces murs sont les symptômes d’Étatsnations renforcés, Wendy Brown y décèle au contraire un déclin avancé de la souveraineté étatique. Celle-ci s’efface au profit d’entités désormais plus puissantes : le capital et la religion.

SUSAN BUCK-MORSS

LES HABITS NEUFS DE LA POLITIQUE MONDIALE

VOIR LE CAPITAL

Traduction Christine Vivier, avec Philippe Mangeot et Isabelle Saint-Saëns Préface Laurent Jeanpierre Avant-propos Wendy Brown ISBN 978-2-35096-016-6 144 pages 12 euros ÉPUISÉ

Traduction et préface Maxime Boidy et Stéphane Roth ISBN 978-2-35096-033-3 224 pages 18 euros

Néolibéralisme et néo-conservatisme

La démocratie libérale, comme forme sociale et historique, est en train de mourir, sous les coups de deux mouvements a priori antagonistes : le néolibéralisme et le néo-conservatisme. Le premier fonctionne d’abord comme une rationalité politique, un mode de régulation générale des comportements, et le second lui est devenu nécessaire. Car si le néolibéralisme est l’ensemble des techniques de contrôle d’autrui et de soi par accroissement plutôt que par diminution de la liberté, la liberté y sera d’autant plus sûrement autolimitée qu’elle se trouvera moralisée – c’est là la fonction du néolibéralisme. Au-delà d’une telle analyse, Wendy Brown pose la question d’un avenir pour la gauche, qui passe selon elle par un travail de deuil : deuil d’une conception du pouvoir comme souveraineté, deuil d’un horizon de rupture politique défini dans la logique démocratique-libérale, mais aussi deuil d’une radicalité qui prend trop souvent la forme d’un désir de purification morale.

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WENDY BROWN

Théorie critique et culture visuelle

Explorant les représentations cartographiques de l’économie capitaliste depuis le XVIIIe siècle, la flânerie urbaine chez Benjamin, ou encore la déliquescence des images utopiques de la ville, les essais qui composent ce livre esquissent une histoire culturelle de la modernité tout en posant les fondements d’une anthropologie philosophique de l’image. De l’Art Nouveau au métro moscovite, du schéma managérial capitaliste au plan économique soviétique, l’analyse des imaginaires de la production et de la consommation dévoilent la réciprocité des utopies de l’Est et de l’Ouest. Sauver l’élan utopique qui les animait, ou bien encore briser l’anesthésie sensorielle qui fit le terreau du nazisme sont quelques-unes des tâches que notre époque hérite de la modernité. Dans ce cadre, l’image n’est pas une forme idéale et neutre, mais un vecteur politique, une prise sur l’histoire par laquelle peuvent se réactualiser les expériences passées et s’exprimer un désir qui animait déjà la pensée de Benjamin : celui de voir le capital.

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JEAN ET JOHN COMAROFF

ZOMBIES ET FRONTIÈRES À L’ÈRE NÉOLIBÉRALE Le cas de l’Afrique du Sud post-apartheid Traduction et préface Jérôme David ISBN 978-2-35096-028-9 192 pages 17 euros

En cherchant à décrire les causes et les mécanismes de la violence de la transition néolibérale en Afrique du Sud, les Comaroff développent une anthropologie historique de la « culture du capitalisme », de la manière dont le néolibéralisme imprègne l’univers symbolique. Les zombies qui prolifèrent aujourd’hui dans le nord du pays ne sont ni les signes d’un retour aux « traditions » ni les restes d’une supposée « irrationalité ». Ce sont au contraire l’une des réponses régionales aux évidences tacites du néolibéralisme, notamment à ces idées très répandues que l’on peut consommer sans produire, ou s’enrichir sans effort. Ils exemplifient cette promesse d’accumulation presque magique de la richesse qui séduit toujours plus d’habitants de la planète. Qu’est-ce que le zombie, sinon la contrepartie clandestine et ténébreuse de l’Euromillions ? Et que sont les sociétés du Sud, sinon les laboratoires privilégiés pour comprendre ce que sont déjà, ou en passe de devenir, les sociétés du Nord ?

À NOUVEAU DISPONIBLE MIKE DAVIS

LE STADE DUBAÏ DU CAPITALISME Traduction Hugues Jallon et Marc Saint-Upéry Postface François Cusset ISBN 978-2-35096-011-1 96 pages 8 euros

Village devenu métropole mondiale en moins de vingt ans, lieu de tous les superlatifs, Dubaï pourrait bien signaler l’émergence d’un stade nouveau du capitalisme, encore inconnu sous nos cieux : un système à la fois plus ludique, par la généralisation du loisir touristique et de la jouissance commerciale, et plus violent, entre chantiers esclavagistes et politique de la peur, grâce aux guerres qui font rage de l’autre côté du Golfe persique – soit une société sans vie sociale ni classe moyenne, pur mirage de gadgets sans nombre et de projets pharaoniques. L’analyse de Mike Davis pointe les rapports de force à l’œuvre derrière le phénomène Dubaï ; elle est complétée par une réflexion de François Cusset sur les défis posés aux démocraties occidentales par l’insolente réussite de Dubaï, Inc.

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À NOUVEAU DISPONIBLE MIKE DAVIS

DEAD CITIES Traduction Maxime Boidy et Stéphane Roth ISBN 978-2-35096-013-5 144 pages 12 euros

La Grande Ville capitaliste, depuis son émergence, n’a cessé d’être associée au spectre de sa destruction. S’inscrivant dans la tradition marxiste d’Ernst Bloch, Mike Davis affirme que l’aliénation cognitive produite par la mise au ban de la nature a suscité une angoisse constante tout au long du XXe siècle. Dans une veine à la fois mélancolique et optimiste, l’auteur invite à une nouvelle science urbaine qui s’appuierait sur la « dialectique ville-nature ». Celle-ci permettrait d’envisager la ville dans la totalité des interactions qu’elle entretient avec son « dehors naturel », et de déjouer les limites actuelles des études urbaines. Cela passe ici par un travail spéculatif s’appuyant sur une hypothèse – la disparition de l’homme – et sur un extraordinaire corpus littéraire et scientifique, où les espèces végétales dansent sur les cendres de nos villes mortes.

MIKE DAVIS ET DANIEL B. MONK

PARADIS INFERNAUX

Les villes hallucinées du néo-capitalisme Traduction Étienne Dobenesque et Laure Manceau Postface Éric Hazan ISBN 978-2-35096-007-4 320 pages 22 euros

Série d’études urbaines saisissantes sur Le Caire, Pékin, Johannesburg, Dubaï, Kaboul, Managua, etc., cet ouvrage pourrait être l’anti-guide des « mondes de rêve » engendrés par le capitalisme contemporain. L’imaginaire qui préside à ces nouvelles formes d’utopie est celui de l’enrichissement sans limites, de l’hyperbole constante, des dépenses somptuaires, de la sécurité physique absolue, de la disparition de l’espace public… Mais cette débauche réservée aux riches ne donne lieu à aucune expérience réelle ; elle est tout entière branchée sur les fétiches de la fantasmagorie mondiale, harnachée aux mêmes idéaux figés du marché global. L’absence d’horizon qui caractérise notre monde se redouble, dans ces outre-mondes, d’une violence faite aux pauvres, massés, toujours plus nombreux, derrière les frontières visibles ou invisibles qui transforment le territoire des riches en autant d’enclaves néo-féodales.

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ROBERTO ESPOSITO

COMMUNAUTÉ, IMMUNITÉ, BIOPOLITIQUE Repenser les termes de la politique Traduction Bernard Chamayou Préface Frédéric Neyrat ISBN 978-2-35096-023-4 256 pages 15 euros

De l’impact des biotechnologies sur le corps à l’omniprésence de la sécurité dans les programmes de gouvernement ; des guerres dites préventives à la centralité de la question sanitaire, innombrables sont aujourd’hui les symptômes qui témoignent d’une obsession létale pour l’immunisation. Selon Roberto Esposito, notre monde globalisé s’apparente de plus en plus à une bulle protégée de l’« extérieur » : il est dominé par le paradigme immunitaire.Or la communauté suppose au contraire une instabilité : tous les êtres humains ont en commun une exposition permanente à autrui. Pour stabiliser ce processus sans fond, sans fin, de la vie, les régimes politiques modernes ont mis en place des systèmes d’immunisation dont l’efficacité tend à se retourner contre les populations. Conjurer cette politique mortifère est la principale ambition de ce livre.

STANLEY FISH

QUAND LIRE C’EST FAIRE

L’autorité des communautés interprétatives Traduction Étienne Dobenesque Préface Yves Citton Postface Stanley Fish ISBN 978-2-35096-031-9 144 pages 12 euros

S’il faut lire Fish aujourd’hui, c’est au titre d’une bombe à retardement. Vingt-cinq ans après leur parution dans leur langue originale, les essais consacrés à la dimension projective de l’interprétation s’avèrent tirer un sens et une urgence renouvelés à la lumière des évolutions récentes des débats publics et des mentalités. Sa théorie du lecteur-faiseur de texte peut être mise en série avec d’autres formes contemporaines de « libération », d’« encapacitation » (empowerment) et de revendication d’« autonomie ». Sous les pavés disciplinaires de l’histoire littéraire, la plage de toutes les libertés interprétatives ! Cela ouvre le champ à une conception de la politique très différente de celle qui domine dans la France d’aujourd’hui ; une politique qui n’est à penser ni en termes d’essence, d’être ou d’action, ni en termes d’identités, mais en termes de devenirs, de transformations, de réappropriations créatrices, de détournements imprévisibles et de piratages enjoués.

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HAL FOSTER

DESIGN & CRIME Traduction Christophe Jaquet, Laure Manceau, Gauthier Herrmann et Nicolas Vieillescazes ISBN 978-2-35096-041-8 192 pages 14 euros

Compte-rendu polémique des rapports incestueux qu’entretiennent la culture et le capitalisme contemporains, cet ouvrage s’intéresse plus particulièrement aux évolutions récentes du statut culturel du design et de l’architecture, de l’art et de la critique. Avec l’avènement de l’économie post-fordiste, de ses produits ciblés et de ses marchés de niche, nous vivons dans un circuit sans fin de production et de consommation, où le display (l’étalage ou l’exposition) joue un rôle essentiel, ainsi que le design et l’architecture. S’attacher à montrer le lien entre les formes culturelles et discursives et les forces sociales et echnologiques, et les périodiser afin de souligner les singularités politiques du monde d’aujourd’hui, telle est la principale ambition de ce livre. Mais au-delà des possibilités critiques du temps présent, c’est bien « une insatiable prédilection pour l’alternative » qu’il s’agit de promouvoir.

COCO FUSCO

PETIT MANUEL DE TORTURE À L’USAGE DES FEMMES-SOLDATS Traduction François Cusset Préface Claire Fontaine ISBN 978-2-35096-012-8 128 pages, 16 illustrations couleur 12 euros

Un musulman détenu à Abou Ghraib ou à Guantanamo. Une femme-soldat mettant son zèle militaire et sa féminité au service de la Guerre contre le Terrorisme. Des manuels de l’armée sur la coercition du prisonnier, et des consignes implicites sur les « tactiques sexuelles » qu’on peut employer. Tels sont les éléments de l’interrogatoire en tant que dispositif politique. Après ceux qui firent scandale en 2004, où des violences sexuelles furent exercées par des femmes, l’artiste Coco Fusco a suivi une formation militaire à l’interrogatoire, dépouillé les archives de l’armée et du FBI, et navigué dans le vertige de forums et d’images consacrés à des actes de torture sexuelle. Ce qu’elle en ressort nous confronte non seulement à « l’état d’exception » américain et au rapport des femmes au pouvoir, mais aussi à l’énigme de la domination. Cheminant de Susan Sontag à Virginia Woolf, Coco Fusco réenvisage la question de la guerre en deça et au-delà de la différence sexuelle.

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ÁLVARO GARCÍA LINERA

DAVID HARVEY

POUR UNE POLITIQUE DE L’ÉGALITÉ

LE NOUVEL IMPÉRIALISME

Communauté et autonomie dans la Bolivie contemporaine Traduction Étienne Dobenesque Préface Pablo Stefanoni et Marc Saint-Upéry ISBN 978-2-35096-036-4 128 pages 12 euros

Une analyse des luttes sociales dans l’hémisphère Sud qui ne soit pas signée d’un intellectuel du Nord, ni d’un penseur « hégémonique ». Une élaboration théorique qui se déploie au cours même des expériences d’organisation et de révolte, accompagnant les événements au lieu de les englober. Et le croisement du projet communiste avec les formes communautaires, de l’universalité concrète du combat social avec l’indianité comme forme de vie, aussi loin du folklore multiculturaliste que du préjugé anticommunautariste de la gauche traditionnelle. Ce sont ces trois choses rares, surtout sous nos cieux, qu’accomplit ici Álvaro García Linera, « vice-président sociologue » bolivien.

À NOUVEAU DISPONIBLE DAVID HARVEY

GÉOGRAPHIE DE LA DOMINATION Traduction et préface Nicolas Vieillescazes ISBN 978-2-35096-021-0 128 pages 12 euros

Depuis la fin du XVIIIe siècle, la logique d’accumulation du capital a bouleversé les équilibres économiques et politiques mondiaux, les rapports de force et de domination, la technique et le travail, la production des richesses et les manières de les consommer... Ceci appartient à l’histoire du capitalisme ; ce qui intéresse David Harvey, c’est aussi sa géographie : le pouvoir de détruire ou de construire, de façonner les espaces, de s’approprier la terre, de reconfigurer le visage des villes, de modifier en profondeur l’urbanisme et l’architecture, de changer notre rapport au temps et à l’espace. L’auteur nous montre à quel point le capitalisme doit encourager la production de singularités culturelles locales. Ainsi peut-on lire par exemple les principales reconfigurations urbanistiques et architecturales de ces dernières années. Il s’attache aussi, dans un texte majeur, à définir une « géopolitique du capitalisme », en montrant comment la logique d’accumulation du capital l’oblige à trouver des solutions spatiales aux contradictions qui le minent.

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Traduction Jean Batou et Christakis Georgiou Préface Jean Batou ISBN 978-2-35096-004-3 256 pages 20 euros

Dans le sillage des guerres d’Afghanistan et d’Irak, David Harvey propose de réactualiser le concept d’impérialisme, pour décrire la généralisation de l’« accumulation par dépossession », soit la privatisation accélérée des biens communs, des savoirs et des services publics sous la houlette du capitalisme financier. L’impérialisme procède de deux logiques qui s’articulent et s’affrontent, l’une économique, l’autre politique. Quel est le rapport entre les dépenses astronomiques du Pentagone et le déclin économique relatif des ÉtatsUnis ? Comment l’Amérique compte-t-elle résister à la montée en puissance de l’Asie ? L’occupation de l’Irak marque-t-elle la dernière étape de ce conflit planétaire ? Pour répondre à ces questions, l’auteur combine de façon originale une triple approche théorique, historique et conjoncturelle. Il explique ainsi comment l’impérialisme reconfigure en permanence les liens entre expansion économique et domination territoriale. Il le situe dans la longue durée et le montre à l’œuvre en ce début du XXIe siècle.

FREDRIC JAMESON

LA TOTALITÉ COMME COMPLOT

Conspiration et paranoïa dans l’imaginaire contemporain Traduction et préface Nicolas Vieillescazes Postface Emmanuel Burdeau ISBN 978-2-35096-006-7 144 pages 12 euros ÉPUISÉ

Poursuivant son enquête critique sur la culture postmoderne, Fredric Jameson s’attache à montrer que le motif du complot est, dans l’imaginaire contemporain, un point de cristallisation des tensions qui agitent nos sociétés. À l’heure de la colonisation définitive de la vie sociale par la marchandise, l’impossibilité où nous nous trouvons de nous représenter le « capitalisme-monde » trouve son expression dans la forme paranoïde du complot. Les films de complot fonctionnent comme un analogon de notre cauchemar quotidien : ce système où l’on n’arrive jamais à en finir de rien, comme disait Deleuze à propos des sociétés de contrôle. Riche analyse filmique et contribution originale à la théorie politique, cet essai porte la « méthode » Jameson à son point d’intensité maximal.

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NELSON LICHTENSTEIN & SUSAN STRASSER

FRANCO MORETTI

WAL-MART, L’ENTREPRISE-MONDE

GRAPHES, CARTES ET ARBRES

Traduction Rémy Toulouse Préface Dork Zabunyan ISBN 978-2-35096-017-3 128 pages 12 euros

Wal-Mart est la plus grande entreprise mondiale, le plus grand employeur privé du monde, le huitième acheteur de produits chinois (devant la Russie et le Royaume-Uni) ; son chiffre d’affaires est supérieur au PIB de la Suisse… Mais derrière tous ces superlatifs se cache l’histoire très singulière d’une société de l’Arkansas qui, en l’espace de quarante ans, a révolutionné les vieux modèles fordistes d’organisation du travail et bouleversé toute l’économie américaine. Alors que la marge de manœuvre des gouvernements demeure restreinte, Wal-Mart semble avoir aujourd’hui plus d’influence que n’importe quelle institution, non seulement sur des pans entiers de la politique sociale et industrielle américaine, mais aussi sur le modèle de vie et de consommation mondialisé, bigot et familialiste.

W.J.T. MITCHELL

Modèles abstraits pour une autre histoire de la littérature Traduction Étienne Dobenesque Préface Laurent Jeanpierre ISBN 978-2-35096-046-3 144 pages 12 euros

Alors que le « vieux territoire » des études littéraires est soumis aux menaces du déclin et à des procès en inutilité, qu’il n’est plus guère arpenté que par quelques irréductibles, Franco Moretti semble bien décidé à en transformer la topographie avec les outils sauvages de l’objectivation scientifique : les graphes de l’histoire quantitative, les cartes de la géographie et les arbres de la théorie de l’évolution. Les premiers substituent au canon de l’histoire littéraire la totalité de la littérature mondiale. Les secondes donnent à voir les rapports réels et imaginaires que la littérature entretient avec son contexte historico-spatial. Les troisièmes osent une théorie de l’évolution des genres littéraires influencée par Darwin et la biologie contemporaine. Cette « lecture à distance » révèle une autre histoire littéraire : la connaissance des mécanismes de survie littéraire permet d’interroger les limites de notre curiosité pour les livres, de notre horizon culturel et de nos représentations du monde.

NINA POWER

ICONOLOGIE

LA FEMME UNIDIMENSIONNELLE

Traduction et préface Maxime Boidy et Stéphane Roth ISBN 978-2-35096-022-7 320 pages

Traduction Nicolas Vieillescazes Postface inédite de l’auteure ISBN 978-2-35096-048-7 128 pages 12 euros

Image, texte, idéologie 24 euros ÉPUISÉ

À la confluence de l’histoire de l’art, de l’esthétique, de la théorie littéraire et des cultural studies, une discipline proprement « inouïe » a vu le jour outre-Atlantique : les visual studies. W.J.T. Mitchell en aura été l’un des principaux instigateurs. Dans cet ouvrage fondateur, l’auteur nous pousse à considérer l’image en ce qu’elle participe de l’intégralité de la sphère sociale, mais aussi en ce qu’elle empreint toute discipline en son épistémologie même, de la littérature aux sciences, et toute politique, de l’image-making des politiciens à leurs discours – ou, comme le disait Hannah Arendt, de « la fabrication d’une certaine image » à « l’art de faire croire à la réalité de cette image ».

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Aujourd’hui, le féminisme est partout, prétexte à vendre tout et n’importe quoi, des vibromasseurs aux chaussures de luxe, en passant bien entendu par soi-même. Comment ce qui était jadis une pratique utopique et révolutionnaire a-t-il pu devenir un discours hégémonique parfaitement adapté aux exigences du marché ? Comment ses ennemis d’hier ont-ils pu se l’approprier ? L’auteure analyse de façon claire, vivante et concise ce féminisme cheval de Troie du néolibéralisme, et souligne qu’il participe d’un processus global de marchandisation : après la femme-objet, voici la femme-marchandise ! Sous couvert d’émancipation, les femmes se trouvent enfermées dans une nouvelle forme d’essentialisation et de servitude. Ce livre montre que l’unidimensionnalité n’est pas une fatalité, et que le combat féministe se trouve non pas derrière nous, mais devant nous.

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RETORT

DES IMAGES ET DES BOMBES

Politique du spectacle et néolibéralisme militaire Traduction Rémy Toulouse et Nicolas Vieillescazes ISBN 978-2-35096-002-9 208 pages 14 euros

Écrit par un collectif d’activistes et universitaires après l’entrée en guerre des États-Unis en Irak, ce livre propose un puissant décryptage de la conjoncture politique actuelle envisagée à travers le prisme des catégories de « capital » et de « spectacle ». Une nouvelle phase d’accumulation primitive se combine en effet, depuis le 11 Septembre, à un contrôle des apparences par les appareils d’État. Depuis que le « consensus de Washington » a volé en éclats, le néolibéralisme est passé en mode militaire et les grandes puissances ont pris l’habitude de contenir les passions démocratiques par le biais d’une politique spectaculaire renouvelée. L’ambition de ce livre est de dessiner des repères pour les luttes à venir. Une critique non réactionnaire, non nostalgique, non apocalyptique de la modernité, et un scepticisme radical envers tout avant-gardisme : telles sont les tâches théoriques et politiques présentes face à la désorientation stratégique d’États qui produisent des citoyennetés faibles tout en dépendant plus que jamais d’une opinion surmobilisée.

RAYMOND WILLIAMS

CULTURE & MATÉRIALISME Traduction Nicolas Calvé et Étienne Dobenesque Préface Jean-Jacques Lecercle ISBN 978-2-35096-032-6 256 pages 15 euros

La première traduction française de Raymond Williams se voudrait une introduction à un versant bien spécifique des cultural studies, envisagées comme théorie matérialiste de la culture. La pensée de Williams constitue un effort permanent pour articuler travail théorique – dans un dialogue avec la tradition marxiste – et projet d’émancipation. Ce recueil n’est qu’une brève introduction à cette œuvre prolifique, mais il en présente les multiples directions et objets, de l’analyse des mouvements d’avant-garde à la réélaboration des notions centrales de la pensée marxiste, en passant par l’examen de l’imaginaire propre à la ville capitaliste. Les cultural studies n’ont cessé d’étudier la culture, pour Williams il s’agit également de la transformer.

JALAL TOUFIC

LE RETRAIT DE LA TRADITION SUITE AU DÉSASTRE DÉMESURÉ Traduction Omar Berrada et Ninon Vinsonneau ISBN 978-2-35096-044-9 112 pages 12 euros

Après des décennies de guerre, de destructions, d’occupations, le monde arabe apparaît comme un monde en ruines. Mais il y a des ruines qui résistent aux reconstructions, les ruines immatérielles qui résultent de « désastres démesurés ». Cette notion renvoie au premier chef aux nombreuses années de guerre qui ont ravagé le Liban, mais elle désigne plus généralement les atrocités du XXe siècle, le génocide rwandais, ou encore la Shoah. L’artiste doit ressusciter le « non-mort » et amener la communauté à prendre conscience de son objet perdu. Il n’y a là nulle trace de nostalgie, nul désir de retour à une origine ou à une tradition authentique. L’artiste se situe ainsi dans le mince interstice séparant la mort de la vie. À travers une analyse essentiellement fondée sur la photographie et le cinéma, l’auteur nous offre une réflexion rare sur les pouvoirs de l’art et sur sa fonction politique, faisant écho aux analyses de Maurice Blanchot, Jacques Derrida, ou Georges Didi-Huberman.

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THE WIRE RECONSTITUTION COLLECTIVE KIERAN AARONS, EMMANUEL BURDEAU, GRÉGOIRE CHAMAYOU, PHILIPPE MANGEOT, MATHIEU POTTE-BONNEVILLE, JEAN-MARIE SAMOCKI, NICOLAS VIEILLESCAZES Coédition Capricci / Les Prairies ordinaires 180 pages 16 euros Parution 14 octobre 2011

HORS COLLECTION Diffusée sur la chaîne HBO entre 2002 et 2008, la série The Wire (Sur Écoute) est sans conteste l’une des plus originales de l’histoire de la télévision. Bien qu’elle n’ait pas connu, au moment de sa diffusion, un succès aussi important que d’autres séries de la même chaîne (Six Feet Under, Les Soprano), elle a acquis, surtout depuis sa sortie en DVD, un large public de « fans » de par le monde. The Wire commence comme n’importe quelle série policière : une unité spéciale est créée pour démanteler un réseau de trafiquants de drogue. Mais progressivement, le spectateur s’aperçoit que l’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour montrer un espace (la ville de Baltimore) et une population généralement invisible à l’écran (les habitants d’un quartier pauvre). Des espaces et des populations : tels sont les véritables objets de chacune des saisons (la seconde explore les docks de Baltimore, la troisième la politique, la quatrième l’éducation, et la cinquième le journalisme). La série jette un regard à la fois englobant et singularisé sur le monde du néolibéralisme, examine avec une grande subtilité les points de tension de la société américaine, et pose la question de l’action individuelle et collective dans un monde marqué par un degré extrême de stratification sociale. Elle tente, en somme, de repolitiser l’espace normalement privatisé, aseptisé et standardisé de la télévision. À série unique, projet unique : The Wire. Reconstitution collective étudie la série dans sa progression, afin de ne pas faire de distinction artificielle entre la « forme » et le « fond », l’esthétique et les thématiques sociales. Ce livre montre en quoi le scénario et l’image impliquent une politique de la représentation. Il fonctionne ainsi sur deux niveaux, à la fois comme une introduction cohérente à la série et comme une théorisation plurielle de cet objet.

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L E S

P R A I R I E S

O R D I N A I R E S

La collection Essais regroupe des ouvrages d’auteurs français explorant les zones complexes d’un espace critique du présent. Il s’agit de proposer des textes qui offrent des prises de position fortes sur le monde contemporain, qui disent, sous la cacophonie des discours dominants, médiatiques ou « politiques », quelque chose du monde qui reste mal ou insuffisamment pensé. Écrits par des historiens, des philosophes, des ethnologues ou des sociologues, ces livres ont en commun de remettre en question les cloisonnements disciplinaires et de déjouer les assignations préétablies. La collection Essais parle donc de territoires, des territoires sans drapeaux ni frontières à partir desquels le monde doit aujourd’hui pouvoir être pensé différemment, des territoires dont la représentation reste à inventer, les contours à définir, les imaginaires à activer.

L E S

P R A I R I E S

O R D I N A I R E S

ESSAIS

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P R A I R I E S

O R D I N A I R E S


JÉRÔME DAVID

SPECTRES DE GOETHE

Les métamorphoses de la «littérature mondiale» ISBN 978-2-35096-054-8 250 pages 16 euros Parution 23 novembre 2011

La notion de «littérature mondiale» a donné lieu, depuis une quinzaine d’années, à des débats parfois très virulents dans un grand nombre de régions du monde. Ce terme désigne-t-il une réalité ou une idée, voire une utopie ? Un patrimoine esthétique universel ou le levier conceptuel d’une analyse critique ? Est-il suspect d’occidentalocentrisme ou permet-il, au contraire, de rendre justice aux cultures littéraires dites périphériques ? La plupart des réponses à ces questions s’autorisent aujourd’hui d’exégèses souvent antagonistes, mais toujours virtuoses, des quelques réflexions parfois sybillines que Goethe a consacrées à la Weltliteratur entre 1827 et 1832. C’est que l’écrivain allemand est unanimement considéré comme le précurseur d’une histoire véritablement comparée ou globale de la littérature. Ces multiples «retours à Goethe» ont pour effet de nous faire oublier que les propositions contemporaines ne sont pas de simples relances d’un projet qui n’attendrait, depuis près de deux siècles, que d’être enfin réalisé. Les réappropriations dont la notion de «littérature mondiale» a fait l’objet entre-temps ne peuvent pas être assimilées à des sortes de faux départs désormais négligeables. Elles tissent au contraire une histoire aux bifurcations méconnues : de Weimar à New York, en passant par Petrograd et Istanbul, de Marx à Moretti, en passant par Gorki, Auerbach ou Said, cet ouvrage relate les métamorphoses d’une ambition tour à tour cosmopolite, militante, éducative, humaniste et critique. Autant d’usages passés qui pèsent sur les controverses actuelles, et dont les traditions concurrentes forment un héritage à la fois méconnu et générateur d’innombrables malentendus.

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PHILIPPE ARTIÈRES

RÊVES D’HISTOIRE

Pour une histoire de l’ordinaire ISBN 978-2-35096-040-1 176 pages 15 euros

Qu’est-ce que faire de l’histoire ? Comment naissent et se construisent les projets de recherche ? Pourquoi décider d’enquêter sur un événement, une pratique, un lieu ? Qu’est-ce qui nourrit le besoin de consacrer du temps et de l’énergie à une question relative au passé ? En dévoilant ses Rêves d’histoire, l’auteur nous invite dans les coulisses de la discipline historique, à la genèse et au cœur du travail de l’historien. Ces rêves (d’une histoire de la ceinture, de l’anonymat, de la cloison, de l’imposture, des ratages, des routes et des déviations...) sont autant d’expériences qui dessinent une géographie historique inédite. Mais il y a là aussi un enjeu politique majeur : renouer avec une pensée critique de ce qui est en train de se passer. « Rêver n’est pas renoncer, bien au contraire. »

COLLECTIF

7 IMAGES D’AMOUR ISBN 978-2-35096-025-8 168 pages 16 euros

L’amour est un rêve communément désiré, une énergie aussi. Dans un temps de troublante fragilité du lien social, quand le monde vit entre l’individualisation et l’inquiétude, l’amour se trouve bouleversé, voire malmené. Hommes et femmes s’interrogent et se construisent sans repères, ayant déserté les utopies et rejoint sans plaisir un monde fragmentaire. Pourtant, l’amour se loge parmi tous les interstices du social ; il invente et détient le pouvoir de faire vivre entre soi et ensemble. Six personnalités aux écritures et aux approches spécifiques ont choisi une image emblématique de ce qui leur semblait être une demande d’amour. Entre l’amour et la vie du monde, le lien est fort et essentiel. C’est ce que ce livre tente d’exprimer.

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PHILIPPE ARTIÈRES & MATHIEU POTTE-BONNEVILLE

D’APRÈS FOUCAULT Gestes luttes, programmes ISBN 978-2-35096-026-5 384 pages 22 euros ÉPUISÉ

Des prisonniers aux migrants, de la maladie aux formes inédites de contrôle, de la géopolitique au renouvellement des vieilles questions « que faire ? » et « d’où parlez-vous ? », de multiples raisons portent aujourd’hui à se mettre à l’écoute de Michel Foucault. Comment penser d’après lui ce qui vient après lui ? Comment se saisir de ses analyses pour renouveler la lecture du présent et les manières d’y intervenir ? Passeurs de cette œuvre dans un monde qui n’est plus le sien, Philippe Artières et Mathieu Potte-Bonneville entendent prendre appui sur elle pour crayonner les programmes d’une histoire, d’une philosophie, d’une politique à venir. Mettre le feu à la boîte pour inventer d’autres outils.

DANIEL BENSAÏD

WALTER BENJAMIN, SENTINELLE MESSIANIQUE ISBN 978-2-35096-043-2 288 pages 18 euros

Au début des années 1990, au moment où le néolibéralisme hurlait au monde sa propre nécessité et annonçait imprudemment la fin de l’histoire, Daniel Bensaïd s’est tourné vers la pensée de Walter Benjamin pour y trouver les points d’appui nécessaires à la réélaboration d’une pensée révolutionnaire et stratégique en période de défaite. Contre l’idéologie néolibérale, mais aussi contre la vulgate positiviste marxiste, il s’agissait alors de revendiquer avec Benjamin la charge explosive du messianisme juif, s’ouvrir à la théologie et à l’événement, et se tourner vers les vaincus de l’histoire pour les réintégrer aux forces de la révolution à venir. En réhabilitant un Benjamin politique, ce livre nous encourage à devenir à notre tour des sentinelles messianiques.

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BORIS CHARMATZ

JE SUIS UNE ÉCOLE

Expérimentation, art, pédagogie ISBN 978-2-35096-037-1 352 pages 19 euros

En 2003, le chorégraphe Boris Charmatz et l’Association edna ont mis en place un dispositif de recherche et de création pédagogiques intitulé Bocal. Il s’agissait de mettre l’école à l’épreuve de l’esthétique et du politique en réunissant une quinzaine de personnes de 20 à 30 ans : danseurs, médecin, plasticiens, designers, écrivains, circassien et musiciens. Tous se sont engagés dans une aventure « sans fin » dont le but était de penser l’école comme puissance de création, d’activer son potentiel émancipateur. Ce projet, qui interrogeait l’institution sans pour autant chercher à fonder un nouveau modèle, a généré un vaste répertoire d’idées, de débats et de propositions, entre action et utopie, création et enseignement. Je suis une école donne ainsi à comprendre comment la recherche d’une pédagogie singulière aide à conquérir une autonomie.

JEANNE FAVRET-SAADA

ARCHIVES DE L’INFAMIE ISBN 978-2-35096-042-5 160 pages 14 euros

Ficher les importuns, éloigner les irréguliers, reléguer les indésirables : par ces gestes d’une dangereuse actualité, le pouvoir entreprend d’investir les vies ordinaires, inscrit sa marque sur celles qui le fuient, s’étonne de leurs réticences. En publiant, en 1977, « La vie des hommes infâmes » comme la préface d’un livre à venir, Michel Foucault projetait de faire l’histoire de ces gestes – ou plus exactement de collecter, déposées dans le sommeil des archives, les traces de cet affrontement. Archives de l’infamie repart de ce projet inabouti. Proposant une nouvelle édition de la préface de Foucault, ce livre mène l’analyse serrée de ses échos contemporains et lui donne, du côté de l’archive (photos, registres, lettres, fiches...), un prolongement méthodique et rêveur. Il donne ainsi à voir le formidable dispositif d’écriture et de captation des vies constitué par nos sociétés modernes, et les résistances dont ce pouvoir fait l’objet.

FÉLIX GUATTARI

COMMENT PRODUIRE UNE CRISE MONDIALE

LES ANNÉES D’HIVER

Avec douze petits dessins

1980-1985

ISBN 978-2-35096-045-6 176 pages 15 euros

ISBN 978-2-35096-003-6 304 pages 17 euros

Ce livre est le fruit d’une enquête sur l’affaire dite des « caricatures de Mahomet » que l’auteur a menée, entre autres, dans son lieu d’origine, le Danemark, où elle a rencontré plusieurs protagonistes du conflit. Elle a examiné la situation danoise, suivi l’exportation de cette crise locale à l’ensemble des pays musulmans (sous la direction de l’Organisation de la Conférence Islamique), et observé la manière dont les gouvernements et les organisations internationales (UE et ONU) y ont répondu. Aux exigences impossibles de l’OCI (des lois antiblasphèmes, la censure de la presse), ils ont opposé la stratégie de l’édredon : faire mine d’accepter pour, finalement, ne rien lâcher. Mais les États islamiques auront démontré que l’affichage de la colère « musulmane » est payant. À condition, bien sûr, de réussir une coalition.

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COLLECTIF MAURICE FLORENCE

Une plongée dans l’hiver mondial des années 1980, avec ses poussées droitières, son triomphe du marché et ses nouveaux esclavages subjectifs. Félix Guattari en pressent avec une puissance inouïe la dimension de mutation historique et de tournant anthropologique. Plus de vingt ans après, les quelque trente textes qui composent cet ouvrage suscitent la stupéfaction : ils traitent de l’actualité, de notre actualité, de ces années d’hiver dont nous sommes loin d’être sortis. On peut donc les lire à la lumière de l’injonction que formulera Gilles Deleuze quelques années plus tard : « Il n’y a pas lieu de craindre ou d’espérer, mais de chercher de nouvelles armes. » C’est à la constitution d’un tel arsenal politique, théorique, subjectif qu’invite cet ouvrage.

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PASCAL MICHON

STORYTELLING : SAISON 1

Démocratie et capitalisme mondialisé

Chroniques du monde contemporain

ISBN 978-2-35096-001-2 320 pages 17 euros

ISBN 978-2-35096-047-0 192 pages 12 euros

La récente mutation du capitalisme nous oblige à repenser de fond en comble la question de la démocratie. Nous vivons le paradoxe d’un monde plus fluide, plus ouvert, plus libre, mais aussi plus divisé, plus inégalitaire, plus féroce qu’il ne l’a jamais été. Or la plupart des paradigmes théoriques et critiques dont nous disposons ne rendent pas compte de cette double réalité. En effet, les nouveaux modes de domination ne passent plus par des effets systémiques, ni par des disciplines, mais s’expriment plutôt à travers des techniques rythmiques fluides, qui affaiblissent les forces contestataires, diluent les résistances et démultiplient les formes de vie tout en les vidant de leur puissance d’agir et d’exister.

MATHIEU POTTE-BONNEVILLE

AMORCES ISBN 978-2-35096-020-3 32 pages 15 euros

Le temps des grands récits, progressistes ou révolutionnaires, est paraît-il fini. Tant pis, tant mieux : nous préférions les histoires brèves, contes, nouvelles ou apologues, qui laissent l’intime et le politique s’entrecroiser, en donnant sa part au silence. Amorces réunit des textes qui tentent l’exercice : pour résister au nouveau gouvernement des âmes et des corps, pour repousser le sentiment qu’il n’y a plus rien à inventer, ils tracent des figures libres qui prennent l’actualité de côté, ouvrent en elle la possibilité un peu oblique d’une fiction, arrachent la rêverie à l’espace privé pour lui donner, un instant, une portée collective. Gilles Deleuze nommait « flagrant délit de légender » cet usage de l’imaginaire, clandestin et minoritaire. Il le définissait ainsi : « Extraire du mythe un vécu actuel, qui désigne en même temps l’impossibilité de vivre. » Ceci est un livre d’images.

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CHRISTIAN SALMON

LES RYTHMES DU POLITIQUE

Si la « société du spectacle » s’efforçait de conjurer la révolte, la lutte de classe, l’insoumission, le pouvoir actuel craint par-dessus tout le désengagement, la déflation des émotions et des motivations. Ce qu’il ne supporte pas, c’est la fuite dans le « hors champ », la déconnexion, le désengagement, la désertion. Il ne lui suffit plus pour cela de conduire les conduites, mais de les « inspirer », de les mobiliser émotionnellement, de les orchestrer. C’est peut-être le fil rouge qui relie les chroniques qui forment ce livre (publiées chaque semaine dans Le Monde tout au long de l’année 2008) : s’y donne à lire une société dans laquelle les techniques du pouvoir disciplinaire et de contrôle n’ont rien perdu de leur pertinence, mais opèrent désormais dans un contexte nouveau et répondent à des exigences nouvelles de mobilisation : le maintien d’un état d’alarme permanent, c’est-à-dire un usage stratégique des rythmes, des tempi, de la tension narrative.

DAVID VERCAUTEREN

MICROPOLITIQUES DES GROUPES Pour une écologie des pratiques collectives ISBN 978-2-35096-014-2 256 pages 15 euros

Partant du principe qu’« on ne naît pas groupe, on le devient », David Vercauteren examine les conditions de possibilité d’un véritable fonctionnement collectif des collectifs militants. Il se dégage ainsi de la problématique macropolitique qui a dominé jusqu’à présent pour se focaliser sur les aspects micropolitiques de groupes envisagés comme des écosystèmes. La question n’est plus : quelle est la finalité d’un groupe, son objet ou son domaine d’intervention? mais : quel est son impensé ? comment peut-il développer une « culture des précédents », une mémoire des réussites et des échecs passés, tout en maintenant intacte l’envie d’expérimenter et de produire des formes inédites ? À travers une série de « situations-problèmes », ce livre invite les militants à envisager de nouvelles formes d’organisation politique. Mais avant tout, il s’adresse à tout lecteur soucieux de sortir des habitudes psychologisantes et individualisantes dans lesquelles la raison néolibérale voudrait aujourd’hui nous enfermer.

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CONTREPOINTS 2005-2006

LES AUTEURS

2011

CATALOGUE PIERRE BERGOUNIOUX

ARLETTE FARGE

ÉCOLE : MISSION ACCOMPLIE

QUEL BRUIT FERONS-NOUS ?

Entretiens avec Frédéric Ciriez et Rémy Toulouse ISBN 978-2-35096-035-8 224 pages 16 euros

Entretiens avec Jean-Christophe Marti ISBN 978-2-35096-000-5 224 pages 15 euros

ÉRIC HAZAN

VÉRONIQUE NAHOUM-GRAPPE

FAIRE MOUVEMENT

BALADES POLITIQUES

Entretiens avec Mathieu Potte-Bonneville ISBN 978-2-35096-005-6 144 pages 14 euros

Entretiens avec Jean-Christophe Marti ISBN 978-2-35096-010-2 240 pages 15 euros


KIERAN AARONS prépare un doctorat de philosophie à DePaul University (Chicago). Ses recherches portent sur les questions d’invididuation dans l’économie politique de la philosophie européenne aux XIXe et XXe siècles. PERRY ANDERSON enseigne l’histoire à l’université de Californie à Los Angeles. Il a dirigé la New Left Review durant deux décennies, et est l’auteur d’ouvrages traduits dans de nombreuses langues. PHILIPPE ARTIÈRES est historien, président du Centre Michel Foucault. Ses travaux, au croisement de disciplines aussi diverses que la philosophie, l’anthropologie, la littérature et l’art, portent principalement sur l’étude des écritures des hommes ordinaires du XIXe siècle. Il a notamment publié Le Livre des vies coupables (Albin Michel, 2000), et plus récemment La Vie écrite : Thérèse de Lisieux (Les Belles Lettres, 2010). DANIEL BENSAÏD (1946-2010), professeur de philosophie à l’université de Paris VIII et dirigeant politique de la LCR, est notamment l’auteur du Pari mélancolique, d’Une lente impatience ou encore d’Éloge de la politique profane. PIERRE BERGOUNIOUX est écrivain, auteur notamment de La Mort de Brune, Miette et Le grand Sylvain. Il enseigne, depuis plus de trente ans, le français dans un collège de la grande banlieue parisienne. WENDY BROWN est professeure de philosophie à l’université de Berkeley. Les problèmes qu’elle soulève se situent au croisement de la théorie politique, de la pensée féministe et de la critique culturelle. SUSAN BUCK-MORSS est professeure de philosophie politique et de théorie sociale à l’université de Cornell. Son livre Hegel et Haïti a paru récemment en français (Lignes, 2006).

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EMMANUEL BURDEAU est critique de cinéma. Ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, il est aujourd'hui directeur de collection aux éditions Capricci, où il a récemment publié La Passion de Tony Soprano et un essai sur Vincente Minnelli. Il collabore par ailleurs à Trafic, Vacarme et Mediapart. GRÉGOIRE CHAMAYOU est philosophe, chercheur au CNRS, et auteur des Chasses à l’homme (La Fabrique, 2010). BORIS CHARMATZ est danseur et chorégraphe. Il dirige aujourd’hui le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, transformé en un Musée de la danse d’un genre nouveau. Il enseigne régulièrement à Berlin, à la Hochschulübergreifendes Zentrum Tanz. Avec Isabelle Launay, il a cosigné Entretenir, à propos d’une danse contemporaine (CND-Presses du Réel). FRÉDÉRIC CIRIEZ a enseigné le français en collège et en lycée. Il est aujourd’hui chroniqueur littéraire. Il est l’auteur d’un roman, Des Néons sous la mer (Verticales, 2008). JEAN & JOHN COMAROFF, professeurs à l’université de Chicago, sont un couple d’anthropologues originaires d’Afrique du Sud dont l’œuvre aura durablement marqué le domaine anglophone de l’anthropologie sociale. JÉRÔME DAVID est professeur de littérature à l’université de Genève. Il est notamment l’auteur de Balzac, une éthique de la description (Champion, 2010). MIKE DAVIS poursuit depuis plus de vingt ans un travail d’anthropologie urbaine qui fait se rencontrer critique des rapports de domination et exploration des paysages imaginaires. Il est notamment l’auteur de City of Quartz (La Découverte).

ROBERTO ESPOSITO est professeur de philosophie à l’Istituto Italiano di Scienze Umane. Deux de ses livres ont été traduits en français : Catégories de l’impolitique et Communitas. ARLETTE FARGE est historienne, directrice d’études à l’EHESS. Elle a développé un univers qui mêle une étude rigoureuse et savante des archives de police au XVIIIe siècle à un véritable travail de création où littérature, cinéma et photographie se côtoient. JEANNE FAVRET-SAADA est ethnologue, directrice d’études à l’École pratique des Hautes études, section des sciences religieuses. Elle a notamment publié Les Mots, la Mort, les Sorts (Gallimard, 1977) et, avec Josée Contreras, Le Christanisme et ses juifs (Le Seuil, 2004). STANLEY FISH n’est pas seulement le modèle du célèbre Morris Zapp, héros des satires universitaires du romancier David Lodge. Il est l’un des plus grands théoriciens littéraires du second XXe siècle, à l’égal de Barthes et Derrida. Pragmatiste roublard, provocateur policé, il n’a cessé en quarante ans d’écriture de susciter la polémique. LE COLLECTIF MAURICE FLORENCE réunit, quelque part entre histoire, philosophie et sociologie, Philippe Artières, Jean-François Bert, Pascal Michon, Mathieu Potte-Bonneville et Judith Revel. HAL FOSTER est théoricien et critique d’art, membre du comité de rédaction de la revue October. Il enseigne l’histoire de l’art moderne à l’université de Princeton. Son livre Le Retour du réel. Situation actuelle de l’avant-garde, a été traduit en français aux éditions La Lettre volée. COCO FUSCO est artiste et curatrice. Elle est aussi professeure à Columbia University, et l’auteure de plusieurs livres, parmi lesquels English is Broken Here: Notes in Cultural Fusion in the Americas et The Bodies that were not Ours.

ÁLVARO GARCíA LINERA, né en 1962, est devenu sociologue après avoir été activiste radical (notamment au sein de l’Armée de Guérilla Tupac Katari, ce qui lui vaudra d’être torturé et emprisonné), il est depuis 2005 viceprésident de la république bolivienne. À la fois intellectuel et homme d’État, il est l’auteur de plusieurs livres, inédits en français, mêlant marxisme et indianisme. FÉLIX GUATTARI (1930-1992), psychanalyste, philosophe et activiste, est notamment l’auteur de Psychanalyse et transversalité, Chaosmose et La Révolution moléculaire. On lui doit également L’Anti-Œdipe et Mille Plateaux, écrits avec Gilles Deleuze. DAVID HARVEY enseigne l’anthropologie à l’université de New York. Il est le chef de file mondial de la « Radical Geography ». Théoricien social de renommée internationale, il a révolutionné la discipline géographique en repensant les rapports unissant l’économie à l’espace concret. ERIC HAZAN, éditeur et écrivain, dirige La Fabrique éditions. Il a publié notamment L’Invention de Paris (Seuil, 2002), Chronique de la guerre civile (La Fabrique, 2004) et Paris sous tension (La Fabrique, 2011). FREDRIC JAMESON est professeur de littérature comparée à Duke University. Il est l’un des maîtres de la théorie critique contemporaine. En 2009, il a reçu le prestigieux prix Holberg, « Nobel » des sciences humaines. Plusieurs de ses ouvrages sont aujourd’hui disponibles en français, notamment Le Postmodernisme (Beaux-Arts de Paris, 2007) et L’Inconscient politique (Questions théoriques, 2011). NELSON LICHTENSTEIN enseigne l’histoire du travail à l’université de Californie (Santa Barbara). Il est notamment l’auteur de State of the Union: A Century of American Labor.

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PHILIPPE MANGEOT enseigne la littérature de langue française. Il est membre du comité de rédaction de la revue Vacarme. JEAN-CHRISTOPHE MARTI est compositeur. Il travaille avec plusieurs ensembles de musique contemporaine et pour le théâtre, en s’attachant notamment aux rencontres entre disciplines artistiques et sciences sociales. PASCAL MICHON est agrégé et docteur en histoire, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Il a été Directeur de programme au Collège international de philosophie. Il est notamment l’auteur de Rythmes, pouvoir, mondialisation (PUF, 2005) et de Éléments d’une histoire du sujet (Kimé, 2000). W.J.T. MITCHELL est professeur de littérature et d’histoire de l’art à l’université de Chicago. Auteur de nombreux ouvrages au succès international, il dirige également la célèbre revue américaine Critical Inquiry. DANIEL B. MONK dirige le programme d’études sur la Paix et les Conflits à Colgate University. Il est l’auteur de An Aesthetic Occupation: The Immediacy of Architecture and the Palestine Conflict (Duke University Press, 2002). FRANCO MORETTI enseigne la littérature comparée à l’université de Stanford. Ses livres, traduits en quinze langues, nourrissent des débats passionnés dans le milieu littéraire international. Son Atlas du roman européen, 1800-1900 a été traduit en français aux éditions du Seuil. VÉRONIQUE NAHOUM-GRAPPE est anthropologue à l’EHESS. Au sein du CETSAH (Centre d’études transdisciplinaires, Sociologie, Anthropologie, Histoire), ses recherches s’orientent vers l’anthropologie des pratiques corporelles et de la différence des sexes dans la société contemporaine.

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MATHIEU POTTE-BONNEVILLE est philosophe, spécialiste de l'oeuvre de Michel Foucault, directeur de programme au Collège International de Philosophie, dont il préside l'assemblée collégiale. Il participe également à la revue trimestrielle Vacarme. NINA POWER enseigne la philosophie à l’université de Roehampton. Elle est spécialiste d’Alain Badiou, dont elle a traduit et édité plusieurs livres en anglais. Elle tient le blog Infinite Thought (infinitethought.cinestatic.com). RETORT est un collectif d’opposants au capitalisme et d’universitaires issus des sciences humaines, basé depuis deux décennies dans la baie de San Francisco. CHRISTIAN SALMON est écrivain et chercheur au CNRS. Il a fondé et animé, de 1993 à 2003, le Parlement international des écrivains. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Storytelling et Kate Moss Machine (La Découverte). JEAN-MARIE SAMOCKI est agrégé de lettres modernes. Il a publié une étude du film de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique, intitulée Le temps où nous rêvions (Yellow Now). À travers de nombreux articles, en particulier pour la revue Trafic, il traverse l'Amérique des images, de Ford à Dexter, en passant par Sirk, Romero ou Lynch.

NICOLAS VIEILLESCAZES est traducteur et éditeur. RAYMOND WILLIAMS (1921-1988) fut, avec Stuart Hall, le fondateur du Centre for Contemporary Cultural Studies. Il a notamment écrit The Country and the City, Keywords ou encore Marxism and Literature. PETER WOLLEN est professeur émérite de cinéma à l’université de Californie (Los Angeles). Critique, théoricien et historien d’art, il est aussi réalisateur et scénariste (il a par exemple co-écrit le scénario de Profession : reporter de Michelangelo Antonioni). Il a notamment publié Signs and Meaning in the Cinema (1969) et Paris / Hollywood. Writings on Film (2002).

LES PRAIRIES ORDINAIRES DIFFUSENT ET DISTRIBUENT LA REVUE VACARME. WWW.VACARME.ORG

SUSAN STRASSER est spécialiste de l’histoire de la consommation. Elle enseigne à l’université du Delaware. Elle a notamment écrit Waste and Want: A Social History of Trash. JALAL TOUFIC est un artiste, vidéaste et écrivain reconnu comme l’une des principales figures de la scène libanaise. DAVID VERCAUTEREN vit à Bruxelles. Son parcours militant l’a mené des Verts pour une Gauche Alternative au Collectif Sans Nom, puis au Collectif Sans Ticket.

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Gratuit ISBN 978-2-35096-038-8


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