Le démembrement de l'Empire Ottoman

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Le démembrement de l’Empire ottoman



Le démembrement de l’Empire ottoman Un colosse aux pieds d’argile En 1914, l’Empire ottoman est encore un vaste empire qui s’étend de l’Europe (autour de Constantinople) à la péninsule arabique et à la frontière perse en Asie. Il est pourtant l’ « homme malade de l’Europe» ! Endetté auprès des grandes puissances européennes qui contrôlent ses finances ainsi qu’une bonne partie de ses infrastructures et de ses activités économiques, il est en butte à leur interventionnisme : la France et la Russie se posent en protectrices des minorités chrétiennes et des Lieux saints. Le recul de l’Empire ottoman s’est accéléré au 19 e siècle : en Afrique du Nord et en Égypte devant l’expansion coloniale française, italienne et anglaise ; en Asie devant les Russes ; dans les Balkans face à l’Empire austro-hongrois et aux indépendances grecque, serbe, roumaine, bulgare... Sélection des documents de la vitrine sur l’Empire Ottoman avant 1914 et pendant la guerre :ICI


La défaite de l’Empire ottoman et le traité de Sèvres La Guerre de 1914-1918 est déterminante. Elle voit les Ottomans se joindre aux empires centraux (Allemagne et Autriche-Hongrie) contre les Alliés (France, Royaume-Uni, Russie). Leur empire s’effrite sous les coups de ces derniers. Les Anglais soutiennent la révolte arabe contre les Turcs, conduite par le roi hachémite Fayçal et Lawrence d’Arabie jusqu’à Damas, et envahissent la Palestine. Mais dans le même temps, les accords Sykes-Picot, conclus secrètement en 1916, préparent le partage du Proche-Orient entre Français et Britanniques ! Élément supplémentaire de complexité, la Grande Bretagne, par la célèbre déclaration Balfour de 1917, se dit favorable à « l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif ». Tandis que l’armée turque subit de graves échecs contre les Russes dans le Caucase, le triumvirat au pouvoir issu du parti des « Jeunes Turcs » (Enver Pacha, Talaat Pacha et Djemal Pacha) organise la déportation et le massacre des Arméniens, traités comme des ennemis de l’intérieur : deuxtiers de la population arménienne sont ainsi exterminés.


L’armistice de Moudros (30 octobre 1918) sanctionne en orient la défaite de l’Empire ottoman face aux Alliés. Le traité de Sèvres, accepté par le Sultan Mehmet VI le 10 août 1920, prive les Turcs de leurs possessions arabes, cède la Thrace orientale et les côtes de la mer Égée à la Grèce, mais réduit aussi le territoire turc en Anatolie, au profit des minorités : il prévoit la fondation d’une Arménie indépendante et d’un Kurdistan autonome.


Mustapha Kemal et le traité de Lausanne Mais un réveil nationaliste des Turcs rend le traité caduc. Le général Mustapha Kemal réunit une assemblée nationale à Ankara, nouvelle capitale, prend le pouvoir et prononce la déchéance du Sultan. Il rejette le traité de Sèvres et repousse après d’âpres combats les troupes grecques débarquées en Asie mineure (1920-1922). Prenant acte de la nouvelle donne en Turquie, un autre traité est négocié à la conférence de Lausanne, entre les Alliés (Français, Anglais, Italiens, Grecs, Roumains, Japonais, Yougoslaves), les Russes, les Bulgares et les Turcs dont la délégation est conduite par Ismet Pacha. Le traité de Lausanne, effaçant celui de Sèvres, est signé le 24 juillet 1923. Il consacre en premier lieu la disparition de l’Empire ottoman, dont les possessions arabes passent sous le contrôle de la France (Syrie et Liban) et du Royaume-Uni (Palestine, Transjordanie et Mésopotamie) : si les Français du général Gouraud ont mis fin au rêve syrien de Fayçal et donné naissance au Liban, les Anglais ont « inventé » l’Irak et la Transjordanie... Le traité de Lausanne reconnaît d’autre part l’indépendance du nouvel État turc solidement assis sur son pré carré (Anatolie et Turquie d’Europe autour de Constantinople).

Sélection des documents de la vitrine sur les traités de Paix : ICI


Les privilèges économiques des Européens en Turquie (les « Capitulations ») sont définitivement abolis. Aspect nouveau, de vastes transferts réciproques de populations sont intégrés au traité, visant à régler drastiquement la question des minorités : 400 000 Turcs de Grèce sont troqués contre 1,6 million de Grecs d’Asie Mineure ! La Grèce d’Asie n’est plus qu’un souvenir. Pour Kurdes et Arméniens, il n’est plus question ni d’indépendance ni d’autonomie. Comme le fait remarquer Churchill : « Dans le traité de Lausanne [...], l’Histoire cherchera en vain le mot d’Arménie ». Pour les Turcs, une république unitaire et laïque succède à l’Empire ottoman des sultans, et Mustapha Kemal devenu « Atatürk » se pose en modernisateur du pays, parachevant le projet nationaliste des « Jeunes Turcs ». Sélection des documents de la vitrine sur la Turquie et le partage de l’Orient : ICI


Photos présentées dans la vitrine

Terre Sainte : maison d'Ananie à Damas ICI


Saint-Jean d’Acre ICI

Mosquée de Djenin (Cisjordanie) ICI


Juillet-août 2021


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