Personal project design of plant and scenography in a ruins

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A X E L L E V E R G LA S MASL2 TOME1



SOMMAIRE

# INTRODUCTION # NOTE SUR LE LUXE

# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS MATERIEL

Composante topologique de l’espace

A- La matérialité des ruines. B- L’ombre des ruines sur le présent : La présence de l’abscence.

Expérimentations n°1 : Paysages dystopiques

C- La ruine et le sol : La mémoire qui s’incarne par un fragment.

Expérimentations n°2 : Fragmentation du sol

# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS IMMATERIEL

Composante sémiologique de l’espace

A- La lutte contre l’érosion du souvenirs. B- La tragédie du paysage : la ruine et le paysage. Expérimentations n°3 : Hétérotopie C- Espaces autres. ENTREVUE : Thomas Jorion - Photographe

# DEVENIR DES RUINES A- Les espaces emergents B- L’empreinte du vide

C- Microarchitecture

Expérimentations n°4 : L’empreinte du vide

# CONCLUSION # BIBLIOGRAPHIE


INTRODUCTION

L’expérience de la perte, phénomène constitutif de la ruine, projette au devant de la scène tout un champ d’invisibles. Le fragment et le sentiment de manque dirigent notre perception vers ce qui est absent, la perte de repère identitaire et de statut dans l’histoire. Le luxe quand à lui c’est tout le contraire, il est présent, on le voit, et il est même parfois opulent. Comment le luxe peut-il s’implanter dans les lieux laissés à l’abandon en conservant leur mémoire et leur patrimoine historique ? Comment réaffecter une dimenion luxueuse dans un espace désaffecté ? Comment réaffecter un espace désaffecté en lieu d’exceptions (sans réhabilitations) ?

Notamment sur ce principe de Michel Foucault « L’hétérotopies a le pouvoir de juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs espaces qui sont en eux-mêmes incompatibles.» Comment faire coexister en un seul lieu des espaces de nature différente ? De superposer des temps (histoire) distincts ? Ma démarche de projet s’approche de l’installation éphèmére, investir un lieu laissé à l’abandon. Appréhender des lieux vers des formes et des cadres non conventionnels. Les enjeux sociaux devront questionner sur les valeurs du luxe : Sortir de la vision commune des espaces de luxe réservés à la commercialisation. Le luxe n’est pas uniquement lié à la consommation mais plûtot à une histoire, un style de vie et un certain savoir-faire.


Cette première partie examine différentes composantes des ruines en étudiant leur perception, leur organisation mentale et physique. À élucider le rapport indissoluble que chaque civilisation entretient avec les ruines. Certaines confient à des monuments gigantesques le soin de perpétuer le souvenir, d’autres à l’image des poètes, font plus confiance à la magie de l’élan poétique pour conserver la mémoire de ce qui est advenue. C’est cette tension entre matériel et immatériel, entre permanence et impermanence, que je propose d’explorer.


CHAMP LEXICAL L’authenticité, l’histoire, le passé, diversité de pensée, sentiment de liberté spatiale, le temps, le rêve, l’imagination, la liberté, l’émerveillement, la contemplation.


NOTE SUR LE LUXE

Quand le luxe rencontre la décadence.

Le luxe à la fois un pan de la consommation et un phénomène de société est aujourd’hui conquerant, il a le pouvoir et l’influence d’une économie en croissance. L’ampleur du phénomène offre des opportunités nombreuses et des perspectives de croissance alléchantes. Comment sortir de cette vision du luxe de la surenchère ? L’histoire montre combien le luxe, essentiellement protéiforme, a connu des variations au gré des cultures, des époques ou des circonstances. Le caractère mouvant et protéiforme du luxe rend non seulement compte de la grande diversité de ses expressions, mais aussi de la possibilité d’en explorer d’autres, marginales, sinon à l’écart de la sphère marchande : le temps, la liberté, la solitude, le silence. Par exemple, les clients de brocantes, leur définition du luxe n’est pas économique, c’est ce qui a trait à l’exception, à la discrétion, au savoir-faire. C’est aussi du temps volé dans un bel endroit. Le luxe est conduit à ce processus de régénération pour capter de nouveaux clients, au risque de conduire à un moment donné au déclassement de ses propres standards et normes.

La décadence renvoie à une perte de valeurs, de prestige, la disparition d’une splendeur passé. L’ effondrement d’une société, la décadence de certains empires. Le luxe quand à lui est rattaché systématiquement à un flux de valeurs, aux traditions, aux savoir-faire, aux marques, à la rareté, à la qualité, la durabilité, au plaisir, au raffinement, à la valeur monaitaire. Comment réinsuffler des valeurs de luxe dans une ruine ou un lieu laissé à l’abandon ?


A- LA MATÉRIALITÉ DES RUINES. B- L’OMBRE DES RUINES SUR LE PRÉSENT : La présence de l’abscence. Expérimentations C- LA RUINE ET LE SOL : La mémoire qui s’incarne par un fragment. Expérimentations


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS MATERIEL

Composante topologique de l’espace

LES RUINES UN ENJEU ESSENTIEL DANS LA PERMANENCE DES CIVILISATIONS. Les ruines constituent un reste, un legs des hommes qui nous ont précédés. De même qu’il n’existe pas d’humanité sans mémoire il ne peut y avoir de sociétés sans ruines. Les ruines c’est ce qui reste, c’est quelque chose de nécessaire et à la fois inquiétant, mais l’on ne peut s’en passer. C’est le pont entre le passé et le présent, elles incarnent le passé mais elles sont présentes pour ceux qui les protégent, les observent, ceux qui les détruisent. C’est l’équilibre entre la mémoire et l’oubli. La ruine fait écho à la tragédie de la guerre, des dévastations climatiques, ou au déclin d’une civilisation. C’est le reflet d’un état de crise d’une société, l’échec de l’utopie collective. Chaque société à le pouvoir de choisir entre les deux possibilités, suivant les périodes, il y a une volonté de conservation ou de destruction.


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS MATERIEL

Composante topologique de l’espace

A - LA MATÉRIALITÉ DES RUINES. « Tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines. Ce sentiment tient à la fragilité de notre nature, à une conformité secréte entre ces monuments détruits et la rapidité de notre existence. » Chateaubriand, 1802.

Réaménagement de la Grande Galerie du Louvre, Hubert Robert, 1796

[1]

La ruine comme conséquence du futur. Que l’homme ai été hanté par l’idée du futur et de la qualité de ses traces face à l’érosion, l’une des dimensions politique de son existence, peut être considéré comme un problème actuel. Comme exemple de cette vision entre passé-présent / présent-futur, La grande galerie du Louvre peinte par Hubert Robert en 1796. [1] ; [2] (livre Ravage) « Je marche entre deux éternités. De quelque part que je jette les yeux; les objets qui m’entourent m’annoncent une fin, et me résigne à celle qui m’attend. Qu’est-ce que mon existence éphémère, en comparaison de celle de ce rocher qui s’affaisse, de ce vallon qui se creuse, de cette forêt qui chancelle, de ces masse suspendues au dessus de ma tête et qui s’ébranlent ? Je vois le marbre des tombeaux tomber en poussière, et je ne veux pas mourir. » Diderot

[2] La Grande Galerie du Louvre en ruine peinte la même année, Hubert Robert, 1796.

Chateaubriand montre le caractère transitionnel et fugace de l’homme dans l’univers et la corruption de toutes les matières. Leur transformation physique nous rappelle que leur dépérissement est le reflet de notre vie éphémère.


Regarder le passé et les constructions du passé c’est réflechir à la qualité, pas seulement esthétique mais d’ordre fonctionnel et d’ordre historique. Ce n’est pas par hasard que Freud, dans son beau texte sur Rome, utilise l’image de la construction d’une ville comme métaphore des mécanismes inconscients. Dans le psychisme humain, nous dit-il, rien ne se perd. Tout subsiste, au moins à l’état de trace. « A l’emplacement du palazzo Caffarelli se dressait de nouveau sans qu’on ait besoin de raser cet édifice, le temple de Jupiter Capitolin... Là où maintenant se dresse le Colisée, nous pourrions aussi admirer la Domus area de Néron, qui a disparu; sur la place du Panthéon actuel, tel qu’il nous fut légué par Hadrien, mais aussi sur le même terrain de construction originelle de M. Agrippa...» Sigmund Freud, Le malaise dans la culture, Paris. Transformer les édifices, c’est refuser d’effacer les mémoires qu’ils recèlent. Un monument ne vaut que si il a dans sa modernié un peu d’antiquité, cela vaut pour les bâtiments d’apparâts, les palais. Le passé qui domine le présent par sa qualité, sa splendeur. Les théologistes ne réflechissent pas à la splendeur de la ville mais au trou, aux événenements divers, humain ou non humain qui avait contribué à faire un paysage de ruine.

[3]

Giovanni Paolo Pannini, Galerie de vues de la Rome antique, 1758, Paris, musée du Louvre

« Les idées que les ruines rêveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Il n’y a que le monde qui reste. Il n’y a que le temps qui dure. Qu’il est vieux ce monde. » Diderot,1767


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS MATERIEL

Composante topologique de l’espace

Pont de Manhattan, New York


Vue du film Maze Runner, film de science-fiction, 2015 Ruine du pont de Manhattan, New York


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS MATERIEL

Composante topologique de l’espace

B - L’OMBRE DES RUINES SUR LE PRÉSENT : PRÉSENCE DE L’ABSENCE.

La force et la monumentalité d’un édifice tombé en désuétude, peut réveler la puissance du passé. Abandonnées après des catastrophes industrielles, des désastres naturels ou faute de financement, les villes fantômes racontent l’histoire de la folie des hommes. Il y a un destin d’érosion, de destruction qui travaille les cités jusque dans leurs fondations. La mélancolie poétique qui est l’un des moyens d’apprivoiser l’horreur de la destruction. La nudité, l’abscence, la solitude totale d’une ville abandonnée devenu la proie des animaux sauvages. Comme les sites atomiques d’Ukraine et du Japon. «L’histoire de ces lieux,» explique Vincent J. Stocker photographe, «c’est l’histoire de nos crises, l’histoire de nos projets utopiques. Ils dévoilent l’envers, fonctionnent comme des antimondes. Ma série est un hommage aux petits, autrefois monuments porteurs de grandes espérances.» La trace d’un passage que l’on cherche à nier, à l’altérer, à l’effacer ou au contraire à la préciser et à l’imprimer, il est nécessaire de maintenir un équilibre entre passé et présent.

Série de photo de la ville fantôme de Detroit parut dans Brain Magazine, 2015. Detroit, l’ancienne capitale de l’industrie automobile américaine a perdu la moitié de ses habitants.


Photo de Pripyat, la ville fantôme après Tchernobyl, 1992. Les progrès fulgurants de l’industrialisation dans la seconde moitié du XXe siècle ont aussi engendré des villes fantômes. Pripiat, ville annexe de Tchernobyl, est quittée en quelques heures par ses habitants évacués d’urgence.

Hiroshima mon amour, film De Alain Resnais et Marguerite Duras, 1959. Le film pose la question de la macération et de la mémoire de la guerre. L’enjeu , constamment posé, est la réappropriation du traumatisme. L’avancée du film orchestre la remontée du souvenir traumatisant pour l’exorciser. Il s’agit d’abord de ne pas perdre la mémoire, le film se définit comme une réaction contre l’horreur de l’oubli. Il s’agit conjointement de surmonter l’horreur, d’aller au-delà. Sur ce plan, la fin du film témoigne d’un désir de «donner à l’oubli» le souvenir douloureux.

Extrait du film Lost River -2014 Detroit, «Souviens-toi, le sang c’est ce qui nous lie, Tu peux tromper ni la mort, ni la vie. Rien du tout en faite ... C’est pour ca qu’on a l’impression de vivre sous l’eau ...» Les protagonistes du film sont comme noyés dans un autre espace-temps, la déchéance de la grande ville du Michigan, Detroit, aura eu raison d’eux.


# EXPERIMENTATIONS N°1 Paysages dystopiques

DYSTOPIES. Les paysages constituent ici une projection de la folie des hommes. Ces contresutopies dépeignent une société qui sombre dans un chaos. L’apparence fantomatique que les couleurs recreer par des nuances de gris et de tonalités plus électrique, montrent comment les décombres accumulés par l’histoire récente et les ruines surgies du passé ne se ressemblent pas. J’ai travaillé cette expérimentation en photo-montage pour pouvoir apprécier la superposition des difféntes couches de temps et d’espaces. L’écart est grand entre le temps historique de la destruction, et les ruines du temps qui a perdu l’histoire ou que l’histoire a perdu.



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Teste : accumulation et superposition de deux photos d’espaces différents sur photoshop. Volonté de créer comme des objets fantômatique.


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En souvenirs de moments partagĂŠs ... Jeu de carte + livre ancien.



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Superposition de même éléments mais disposé de manière différentes dans l’espace : Saturation



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Jeu d’apparition, de disparition. DÊpeint un paysage dystopique.







# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS MATERIEL

Composante topologique de l’espace

C - LA RUINE ET LE SOL : LA MÉMOIRE QUI S’INCARNE PAR UN FRAGMENT.

Tout part du sol et s’y prolonge. Les usages évoluent. C’est pourquoi «il n’y a de lieu que hanté par des esprits multiples», écrit Michel de Certeau. « Les lieux sont des histoires fragmentaires et repliées, des passés volés à la lisibilité par autrui, des temps empilés qui peuvent se déplier mais qui sont là plutôt comme des récits en attente.» Des récits que Gordon Matta-Clark active, quand il découpe ses maisons et dévoile les matériaux superposés par leurs occupants successifs. Les couches d’architecture sont des strates de mémoires. [2]

[1]

Gordon Matta-Clark - Conical Intersect, 1975.

Les ruines sont dites comme matériaux confus de bâtiment considérable, dépérit par succession de temps. La ruine comme transformé en élément du sol, reprise par le sol. Sous les ruines se cache les trésors de l’art. Un sol artefact d’où vient se détacher quelques éléments qui survivent. Le sol est considéré comme étendue mais surtout en tant qu’épaisseur, une profondeur fertile. L’accumulation des strates du temps sur le sol, la richesse du sous-sol. Le sol est un monde mouvant en perpetuelle mutation. Il peut transformer en ruine un édifice.

[2]


Avec le triomphe du végétal sur le minéral, le monument tend à s’inscrire dans une histoire de la Terre. Le couple Poirier commence dès 1971 sa poétisation de sites archéologiques dans des maquettes. L’obscurité nocturne, les scintillements de l’eau, les perspectives spatiales labyrinthiques évoquent les «mythes, rêves et désirs d’un inconscient collectif.» [1] A la même époque à New York, l’américain Charles Simonds installe les villages miniatures d’un peuple fictif dans des brèches des murs en ruine de Lower Eastside.[3]

[3]


Urs Fischer, installation «You» en 2007.



# EXPERIMENTATIONS N°2 Fragmentation du sol

Ce jour-ci, dans une carrière de sable, mes recherches ce sont stoppées sur ces «couches du temps», la contemplation d’une période inscrite dans le sol par le biais de la sédimentation à permis d’enrichir mes expérimentations. De retrouver par le sol une certaine métaphore à la ruine de bâtiment comme un code graphique, dans la finesse et le relief que provoque le passage du temps, ce qu‘il en reste. Un jeu entre les pleins et les vides, ce qui à disparu et les fragments qui persistent.







A - LA LUTTE CONTRE L’ÉROSION DU SOUVENIR. B - LA TRAGÉDIE DU PAYSAGE : La ruine et le paysage. Expérimentations C - ESPACES AUTRES. ENTREVUE : Thomas Jorion - Photographe


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS IMMATERIEL

Composante sémiologique de l’espace

LES RUINES UN ENJEU DANS LA RENAISSANCE ÉTERNELLE DE LA CRÉATION. Cet équilibre instable entre passé et présent, entre la matérialité et l’immatérialité, ce qui se dit des ruines, la transmission d’une histoire. La ruine a quelque chose de poétique, la structure même de la ruine convoque une poésie. La poésie a quelque chose d’immatériel. C’est l’atrait pour la poésie de la ruine que je tente d’exposer. Tout est corruptible, le sentiment du passage du temps, de l’inéluctable liaison fragile, du pacte impossible entre la vie de l’homme et la vie de la nature. D’une civilisation à l’autre, la tradition de la fragilité des témoignages, de la reversibilité des fortunes, de la fragilité de l’homme au monde et de la permanence des souvenirs est une des conditions de l’être.


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS IMMATERIEL

Composante sémiologique de l’espace

A - LA LUTTE CONTRE L’ÉROSION DU SOUVENIR. Quel rapport y’a t-il entre la mémoire vivante des hommes et la mémoire physique inscrit dans le sol ? L’artiste peut-il être plus résistant qu’un monument ? les paroles inscritent plus forte que les mûrs qui s’effondrent ? Qu’est-ce que le sentiment du passé ? Est-ce que les bâtiments du passé peuvent être visibles sans être encore présents ? Est-ce qu’il y a dans les ruines une présence de l’abscence ? « Une seule lettre brille entre deux points, Et seul ce signe L marque le prénom. Ensuite est gravé un M qui, je crois, n’est pas entier ... La pointe a sauté avec un morceau de pierre cassé. Est-ce un Marius, un Marcius ou un Metellus qui repose ici ? personne ne peut le savoir à des marques certaines. Les lettres arrachées gisent, leurs lignes mutilées, Et dans la confusion des caractéres tout sens a disparu, Nous étonnerionsnous que les hommes soient morts ? Les monuments s’effritent : Le trépas arrive même pour les pierres et les noms. » Ausone, Epitaphia Heroum, 31 La réflexion mélancolique qui suit le poéme, le destin des hommes, la briéveté de la vie et la continuité de la mémoire. Une continuité qui est inscrite dans le sol. Face à ces éléments matériels, face à cette sublimité de l’architecture s’oppose pourtant d’autre force, les forces de l’écriture et de la poésie.

La splendeur, la résistance, la capacité de durée de cette oeuvre et en même temps la conscience de cette lente dégénérescence. Quel est le sens de cet abandon ? L’idée du désastre, de l’oubli, de l’incommensurable qui vient toucher les hommes au plus profond d’eux mêmes. Tout concours a ce sens de la perte et la perte s’ennonce comme irrémédiable. L’inconstance du temps produit la décrépitude des hommes et des choses. La mort consume tout, et le temps qui ronge les choses, détruit tout.

Forest Swords The Weight of Gold by Benjamin Millepied

VALTARI Choreography by Sidi Larbi Cherkaoui


«...il s’agit de visions utopiques greffées sur la contre-utopie de l’aliénation et de la désaffection.»

Les Chorégraphes contemporain s’inspirent beaucoup des ruines. Ces ruines apportent une dimension supplémentaire à l’émotion, elles décuplent le sentiment de perte, de fragilité, d’un corps céleste en mouvement dans l’univers. Un sentiment de grande légéreté émane de ces performances. Souvent retranscrite par la vidéo cela accentue la volonté de lutter contre l’érosion d’un souvenir, d’une émotion.


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS IMMATERIEL

Composante sémiologique de l’espace

B - LA RUINE ET LE PAYSAGE. DES TRACES EN TROMPE L’OEIL La ruine, représentée au sein du paysage, est ainsi tout d’abord un motif rappelant l’inscription de celui-ci dans le temps. Mais on constate aussi, l’émergence d’une pratique nouvelle où la ruine, bien qu’encore présente, tend progressivement à littéralement disparaître au sein du paysage. Le paysage lui-même devient ainsi ruine par effet d’enfouissement. Ces jeux d’émergences et d’enfouissement entraînent un véritable trompe l’oeil c’est une métaphorisation de la ruine. Le conflit des éléments s’est subsitué à celui des hommes. Clair-Obscur de la nature. Nous donne à voir l’histoire naturelle, les luttes et les défaites. Les crépuscules solanels et peuplés d’ombres projetent sur la vue qui s’efface intensifie le sentiment. Le charme de la ruine consiste dans le fait quelle présente une oeuvre humaine tout en produisant l’impression quelle est une force de la nature.

John Constable, Old Sarum, 1834 Par exemple une œuvre de John Constable, Old Sarum, simple tumulus herbeux où paissent des moutons dont rien n’indique, si ce n’est le titre, qu’il contient en réalité les ruines d’une cité antique, une ville transformée en paysage.


CONFLIT DES ÉLÉMENTS : MOTIF ET TRAME D’UNE PEINTURE

Victor Hugo, Chemin de ronde d’un château effondré, vers 1850, plume, pinceau. Oscillant entre site historique et fragment de nature, mystérieux monument dont le sens s’est perdu avec le temps fait du paysage une sorte de mémoire défaillante, sous la forme de trace. Le paysage recèle en son sein comme si l’on conservait un secret.

Caspar David Friedrich, Abbaye dans une forêt de chênes, 1809-1810 L’artiste oppose à la continuité plusieurs type d’écran, la ruine, la brume, le brouillard, le nuage qui sont autant d’obstacles à la possession de l’ensemble du paysage par l’oeil du spectateur. La ruine vient peindre et provoquer le trouble de la vision. Vision romantique et empirique.


# FONCTION & NATURE DES RUINES : SENS IMMATERIEL

Composante sémiologique de l’espace

Gaspar David Friedrich, la ruine du monastère Eldena, près de Greifswald, 1824-1825. La ruine semble prendre la même forme et le même matériau. C’est ce type de dispositif que développe le peintre, réintégration par la ruine du monument dans un ordre naturel. Victoire de la nature sur le monument et la présence tel un élément de la végétation de cette chaumière. Tel le signe d’une forme d’ancrage du paysage vers le vernaculaire. Cette construction locale faisant corps tel une plante avec le sol fécond. Ici le sol gagne deux fois par la construction et la destruction. Cette naturalisation de la ruine est étroitement liée avec une modalité singuliaire du tragique et avec elle une pensée particulière de la temporalité.

Stalker de Andreï Tarkovski, 1979. Les phénomènes atmosphérique recouvrent les ruines du lieu. Les débris, les traces, la précarité ... une vision tragique de l’histoire qui joue au sein de cette oeuvre un sentiment de mystère qui hante cette zone, lieu dont personne ne connait la nature. La tragédie naturelle ici à reprit sur le tragique humain. Révélation mystique ?


Carl Blechen, Eglise gothique en ruines 1826.

Thomas Jorion, Cisterna - Cement works, Italy – 2009. Une oeuvre humaine presque percu comme une oeuvre de la nature. C’est tout l’atrait des ruines de permettre qu’une oeuvre de la nature soit presque percu comme un produit de l’art. Les clichés sont icic à la fois la relève et la trace d’une histoire défaillante. Un paysage c’est ce lieu idéale où l’histoire n’existe plus que sous la forme de trace.

Sur cette peinture ce n’est pas la rupture mais bien la continuité qui est via la ruine inscrite dans le paysage, cette fusion ruine-nature manifeste au delà de la destruction une forme de continuité voir de pérénisation via la nature de ce que l’histoire n’a pas su conserver. Detruit le monument revit tel un organisme vivant entre ses racines souterraines et ses pouces nouvelles tendues vers le ciel. Là où Hubert Robert ouvre sa ruine vers le ciel, c’est ici une double ouverture, synonyme d’inscription du monument dans le temps qui est donné à voir. La ruine ici figure dans un partie prise dans un tout dont elle n’est qu’un monument, comme une strate dans une coupe de terrain entre ciel-sol et soussol. Ruiné le monument perd son statut d’excroissance inassimilable au monde naturel pour redevenir fragment incorporé à un tout organique.


Vincent J. Stoker Hétérotopie IEGDII La série de photo Hétérotopia de Vincent J. Stocker affirme que cela peut être intéressant de remarquer que le principe d’hétérotopie est renforcé par la photographie qui fige, immobilise et reste silencieuse.

«La ville qui n’existait pas» de Christin et Bilal. L’hétérotopie, lieu qui n’en est pas, un lieu illusoire de désillusions mais aussi d’émancipations pour les esprits débordants qui souhaitent s’évader de la prison de la réalité. Les écrivains excellents dans la création d’espaces imaginaires. Christin et Bilal s’inventent une ville utopique entre réalité et fiction.

C - ESPACES AUTRES. Étymologiquement, du Grec « hetero » qui veut dire l’autre et « topos » le lieu. Les hétérotopies sont les «autres lieux». C’est un concept du philosophe Michel Foucault, dont l’écriture m’a permis d’apporter et murir ma réflexion sur la poétique de la ruine. Il y a des lieux hors de tout lieu, des lieux que l’on ne trouve sur aucune carte géographique, des lieux nés dans la tête des hommes. Ces lieux, on les appelle utopies. Il y a, évidemment, les espaces bien réels dans lesquels nous vivons : les rues, les cafés, les plages, les hôtels, le chez-soi… Et puis, il y a une sorte de lieux qui se distingue absolument des autres, quelque part entre lieux réels et fictions utopiques, des lieux réels qui s’opposent à tous les autres et fonctionnent comme des contestations de l’espace dans lequel nous vivons. Ces lieux là, Foucault les appelle hétérotopies.


Je vous invite à lire cette conférence de Foucault « Des espaces autres, les hétérotopies ». J’y ai trouvé un écho avec mon projet. Il me semble que les ruines sont surdéterminés en tant qu’hétérotopies, ce sont des hétérotopies en puissance. Dans ce texte, Foucault explique que les hétérotopies sont liées à un découpage singulier du temps. Le temps ne s’y écoule pas comme dans la vie ordinaire, on n’est pas dans le temps de la montre. Il prend l’exemple des bibliothèques et des musées où le temps s’accumule. Les ruines donnent à voir une sédimentation du temps. Ils font se rejoindre le passé et le futur dans une temporalité qui n’est plus fléchée. Le temps n’y est pas linéaire, il ne s’écoule plus de manière continue mais plutôt sur le mode d’une suspension. Ces lieux ont perdu le fil qui les relie a leur passé, comme des « vaisseaux qui auraient rompu leurs amarres, et qui vogueraient hors de tout repère spatio-temporel convenu ». Ils sont sortis du temps de l’Histoire et contemplent, peut être avec un sentiment mêlé de tendresse et d’effroi, le devenir incertain des humains qui continuent de s’agiter autour d’eux sans se rendre compte. D’autre part, le spectateur est amené à faire un va-et-vient temporel. Il s’imagine l’édifice dans sa jeunesse par un travail mental de reconstitution et parachève de le ruiner dans un mouvement d’anticipation imaginaire. On joue avec le temps qui semble s’apparenter à une illusion. Celle-ci montre au présent un temps passé et se présente toujours sous la forme d’un fragment. Tel les photos à droite de la gare Lisch.

Stalker de Andreï Tarkovski, 1979. Ces lieux « autres » non répertoriés par la bulle culturelle habituelle sont aussi des ailleurs. Ces lieux se transforment en espaces propices à l’élaboration de fictions et autres imaginaires que les artistes, les cinéastes transposeront sur la réalité.


# EXPERIMENTATIONS N°3 Hétérotopie

Par le croquis, réalisé au sein de zones oubliées où à l’abandon, j’ai tenté de retranscrire, le sentiment d’un trouble. Ce trouble n’est que le sentiment d’une abscence, les lieux sont désertés la plupart du temps, la trace de l’homme, sa présence à disparu, pourtant en plein coeur de Paris, on entend de ces lieux l’agitation de la ville. Le jeu des lignes double ce sentiment, provoque une trame .







ENTREVUE

THOMAS JORION Thomas Jorion, un artiste photographe, utilise comme principale source d’inspiration des lieux laissés à l’abandon, il retranscrit avec un oeil aiguisé des clichés de ruines, véritable base de sa création. Cela m’a beaucoup apporté de pouvoir échanger avec lui, j’ai pu avoir un dialogue ouvert, basé sur l’échange et la spontanéité. Un entretien d’environ une heure, j’ai donc condensé les réponses pour créer un extrait de notre entrevue. Comment arrivez-vous à trouver ces espaces ? Cela a demandé beaucoup de travail de recherches, de contacts et aussi un peu de chance. Pris dans son ensemble, je réalise que cela représente beaucoup de lieux et de voyages. Mais la série s’est montée naturellement petit à petit. La découverte de chaque lieu est différente. Certains sont assez connus, même par des gens qui s’intéressent peu au sujet : Détroit, Hashima (Ile minière Japonaise abandonnée). Les trouver n’est pas très compliqué. D’autres nécessitent plus de recherches (google earth, analyse d’images, contacts). Sur quels critéres vous les sélectionnez ? Je décide d’une destination après avoir vu plusieurs lieux qui me paraissent intéressants. Je détermine ces lieux suivant différentes origines ; contacts, internet, veille économique. Pour la partie shooting, je ne m’impose pas de règle, je suis mon inspiration. Comme je rentre toujours dans ces lieux par mes propres moyens, je n’emporte que le strict minimum : pied photo et appareils. Je n’utilise jamais d’éclairage d’appoint, il faut donc composer avec la lumière du moment. C’est peut-être ça qui fait l’originalité de mes photos.


ENTREVUE

Velum Palace, Italie - 2012

Porpora Villa, Italie - 2010


ENTREVUE

Le puit, 2010.


ENTREVUE

Quelle vision avez-vous de ces paysages en ruine ? Ces différents espaces à l’abandon ont un passé encré dans les murs. Ils font parfois références à différentes époques, classe sociale, style de vie. La série de photo «les palais oubliés», ces lieux imprégnés d’une puissance et d’une majestée à une certaine époque, qui se retrouve en perte de ses valeurs procurent parfois le sentiment d’être un capteur d’image de l’histoire car il s’agit d’inscrire, de mémoriser ces ruines. Est-ce que dans vos photograhies, vous souhaitez conserver la mémoire de ces espaces ou au contraire leur apporter une autre dimension ? Peut-être plus utopique ou dystopique ? Ni utopique ni dystopique. Je laisse libre cours à l’imaginaire de celui qui la regarde. Diriger sa sensibilité, réussir à la canaliser pour transmettre une image. Sans prétention de vouloir transmettre absolument une vision utopique ou dystopique. La photo parle à chacun. Se laisser happer par l’image pour ensuite imaginer tout un univers qui est propre à soi. Ma vision n’est pas pré-défini par une idée ou une valeur à transmettre. La photo je la vois comme un souffle qui permet de se couper de la réalité. Peut-être ephémere car ces lieux à l’abandon son inscris dans une époque définie. Nous avons pu finir notre échange par une note très positive, je vais surement être amené à le revoir, notamment lors de son vernissage le 7 novembre. Je pourrais peut-être par la suite lui proposer une collaboration, entre étudiant - artiste photographe. En essayant de retranscrire par la photo une mise en scène spatiale dans un lieu en ruine. Cet échange m’a permis de me poser des questionnements, notamment sur l’étude des différentes typologies d’espaces, qui n’ont pas le même impact, l’écart entre la friche industrielle et le luxe / la ruine d’un palais qui est déjà empreint d’une dimension luxueuse pour y réinsérer la majestée et la puissance du luxe. Quelle histoire je veux raconter ? Quelle prise de position ?


A - LES ESPACES EMERGENTS B - L’EMPREINTE DU VIDE C - MICROARCHITECTURE Expérimentations


# DEVENIR DES RUINES

LES RUINES UN ENJEU DANS L’ORGANISATION DES CENTRES CULTURELS. Dans bien des villes du monde, l’idéalisation de la friche par les artistes dont le nombre ne cesse de s’accroitre s’explique par le jeu des analogies et des relations symboliques avec la renaissance éternelle de la création que celle-ci provoque. Ces lieux étaient appelés «lieu intermédiaire», « entre-deux», «lieu hybride», sans oublier combien le concept de «non-lieu», Marc Augé a pu servir de nouveau mythe urbain. La désignation de la friche suggère toujours l’idée de «ce qui est en puissance», de ce qui peut advenir de la création contemporaine. «Dans l’espace sémantique de la friche urbaine se manifeste avec une vigueur particulière l’idée selon laquelle la ruine, le délabrement, le ravagé, le déglingué, le dévasté, le démantelé, le désaffecté sont la condition même du rajeunissement, de la reviviscence, du renouveau.» Jean-Loup Amselle, L’art de la friche, 2005.


# DEVENIR DES RUINES

A - LES ESPACES EMERGENTS

[1]

Dans les années 70, les espaces alternatifs newyorkais revendiquent l’esthétique du taudis, héritée de leur précarité, en opposition au monde de l’art établi et marchand. Les artistes apprivoisent alors l’espace en l’intégrant directement à leurs productions artistiques : les caractéristiques architecturales des espaces alternatifs deviennent une matrice, une source d’inspiration permanente pour les artistes. Il y avait également une réelle envie de redonner de la vie aux espaces morts et abandonnés de la ville, la volonté d’utiliser les matériaux dont l’industrie légère du quartier ne voulait plus. Dans la même volonté de faire Thomas Hirschhorn utilise uniquement des déchets, matériaux recyclés, ses oeuvres dictent leur loi, celle d’un certain chaos. [1] De manière plus résente, sur le bord du périphérique parisien, à porte de la villette, mes recherches ce sont stoppées sur cette masse géante de béton. Sous un pont de métro, l’exposition «My Girls want to Party all the time» [2] organisé par de jeunes artistes autour du thème du monde de la nuit. Ce lieu imprenable, envoie encore après des années de désaffection et de squate, les vibrations puissantes de tout les coups qu’il a successivement encaissés. La puissance des décibels que les mûrs ont due encaisser, à l’intérieur des cloisons bricolées en parpaing et briquette rouge. Une odeur acre hante ce lieu, comme un parfum, un doux souvenir des événements passés. Le lieu ne paie pas de mine, sûrement un ancien garage de la ratp, niché sous le pont du métro. Malgrès tout, le lieu m’impressionne comme les gens qui ont vécu plus de vies que les autres, de trafics en tous genres. Et c’est un mélange explosif. Il y’a d’un coté une extrême froideur qui émane de ces mûrs : garage, métro, auto, périphe, ... Et de l’autre une extrème chaleur par l’ambiance et les personnes que l’on croise au fur et à mesure de l’expostion. Un projet, une envie, peut-être un moyen de militer en dehors de la société. J’ai pu croiser le chemin de Sarah, jeune artiste, qui fait partie de cette bande, on a pu discuter, échanger sur ces lieux empreints de ce même gêne, de cette même vibration.

Thomas Hirschhorn, Abschlag 2014.

[2]

«My Girls want to Party all the time», péripate 2015.


[2] Il ne s’agit , le plus souvent, que de bâtiments désaffectés dont la durée de vie est temporaire. Sans doute est-ce une telle «éphémérité» qui consacre une stimulation de la création. Les squats d’artistes ont joué le même rôle en s’installant parfois juste avant la démolition d’un bâtiment, en référence à la Tour 13. [2] Si elles doivent disparaître un jour, les friches auront au moins eu l’utilité de multiplier les lieux d’émergence et de visibilité de la création artistique. Seuls les bâtiments qui font l’objet d’une réhabilitation semblent protéger «l’esprit muséal» comme un principe nécessaire à l’attraction conventionnelle du public. Mais le musée peut à son tour simuler la friche. L’exemple du Palais de Tokyo [4] à Paris : les plafonds éventrés évoquent l’atmosphère de la friche à l’intérieur d’un espace monumental et prestigieux dans un quartier de la grande bourgeoisie parisienne. Le décor de la friche apparaît comme un théatre mental idéalisé d’une dynamique de la création artistique contemporaine. Ceci-ci a-t-il valeur de substance ? Les figures contemporaines de la réversibilité viennent-elles combler la perte de sens de l’histoire ?

Tour 13, 2014.

[4]

Quel sens accorder encore aujourd’hui à cette tentative de conserver des traces de ce qui a été dans un espace transformé ? La superposition de traces, tels des vestiges de ce qui fut là dans les temps passés, est destinée à l’abstraction. Comment faire persister l’empreintes de la vie passée des ruines? Hall du Palais de Tokyo.


# DEVENIR DES RUINES

B - L’EMPREINTE DU VIDE Les bâtiments transformés sont bouleversés sans que nous en soyons troublés. Cet étonnant renversement mérite pourtant d’être questionné. La ruine permet d’entretenir des liens organiques avec un passé qui nous a derterminé et dont nous souhaitons qu’il reste influent. Le passé fuyant nos repères se brouille. Les choses anciennes sont intéressantes parce qu’elles nous restent essentiellement étrangères. Elles procurent des impressions qui nous attirent mais témoignent de réalités qui nous échappent. La présence de l’histoire peut nous enchanter, voire nous rassurer, mais elle ne nous donne de l’épaisseur qu’à la condition de nous faire réfléchir sur notre état présent. Quelle est le meilleur moyen de révéler l’histoire d’une architecture ? Par quels dispositifs?

The weather project, installation de Olafur Eliasson pour The Unilever Series, Turbine Hall, Tate Modern, Londres, 2003. (Explorer les idées de l’expérience, de la médiation et de la représentation.) Le miroir qui reflète l’espace montre le potentiel du plafond, ce plafond né de l’industrie est un bâtiment singulier. L’expérience n’aurait pas pu voir le jour sans cette architecture particulière.

LE REFLET

Architecture de Lumière - l’ancienne buanderie et la prison - de la Chartreuse de Villeneuve. La lumière est ici un bon moyen de souligner la singularité du bâtiment. Elle permet «d’augmenter» l’architecture, d’ouvrir des plongées immersives. La lumière permet donc de transporter ces lieux et leurs espaces vers une architecture nouvelle, transcendée, une architecture de lumières.

LA LUMIERE

«Pansement» 5.5 designer : pansement pour les objets. Cette greffe pour objets défaillants, permet de concerver son authenticité tout en apportant une modernité, en lui réstituant sa fonction.

LA GREFFE


Le livre blanc, philippe Vasset. « Avant que quoi que ce soit n’apparaisse, on ne voit que des murs et des clôtures. La carte dit qu’il n’y a rien derrière, mais difficile de la croire : si ces zones sont effectivement vierges, pourquoi cette débauche de protections ? »

Stalker on. Collectif qui marche de ville en ville, sur différentes typologies de lieu abandonné dans un esprit de mémoire. Et qui donne différent point de vue et cadrage de l’environnement à observer.

LE PARCOURS

Thomas Jorion. Le positionnement du photographe en temps que cadreur du paysage, permet de révèler une réalité trouée, fraible, et infiniment plus mystérieuse qu’une simple vision d’ensemble.

Ces points de vues mettent en lumière un détail que l’oeil n’aurait pas su retenir. Accentue une idée ou affirme une nuance.

LES POINTS DE VUES


# DEVENIR DES RUINES

C - MICROARCHITECTURE Le temps d’un moment, comme une greffe éphèmere, le projet tend en une microarchitecture proposant un corpus d’oeuvre, mis en scène, de manière à entrer en dialogue avec la ruine. Coudre, joindre, tisser deux éléments opposées, pour créer une harmonie. C’est à la recherches des stigmates du passé que mon projet s’oriente. A la recherche d’un caractère propre au lieu. - Recherche de dispositif d’exposition d’oeuvres pour : photos, vidéo, mapping, texte, performances (redonner vie à la ruine par l’essence humaine : chorégraphie) , musique expérimentale (resonnance du corps de la ruine, écho...) - Faire un programme de circulation = Comment observer ce dialogue? (points de vue) - Se faire des expos pour trouver des manières innovante de mettre en scène une oeuvre. L’enjeu étant d’établir une continuité qui respect l’esprit de la ruine tout en développant un autre vocabulaire. Espace d’expérimentation, opération de greffe de structures dans une ruine, qui amènenent à travailler dans l’épaisseur de la nouvelle peau afin de trouver d’autres spatialités : surélévations, trouble miroir, parcours, cheminement qui densifient en stimulant l’imaginaire.

PISTES / AXE DE RECHERCHES : #1 Principe d’hétérotopie : Principe jouant sur l’illusion, la fragmention, la dispariton ... une vision onirique, tel des brides de rêves ou encore la vision imaginaire que l’on se fait d’un lieu. Parfois illusoire de désillusion. Mettre en exergue ce principe pour en tirer des codes spatiaux. #2 Phénomène de rémanence : La trace produit en l’instant présent, comme dans le rêve, par la puissance de la rémanence qu’elle engendre, une condensation des temporalités. Elle n’apparait pas nécessairement dans le champ du visible, même si un élément symbolique sauvegardé ( telle une cheminée d’usine devenue inutile) sert d’indicateur de temporalité des usages des lieu, elle se perd et se retrouve dans l’état présent du lieu. Un aspect très présent dans ce parcours est le rapport qu’il sous-tend entre le matériel et l’immatériel. Ce rapport entre matérialité des lieux et immatérialité de la lumière est le principe même du projet.


Heterotopie_KDEABI_Vincent Stoker


# EXPERIMENTATIONS N°4 L’empreinte du vide

Le latex par sa composition a réussi à capter toute les aspérités de l’objet, comme une seconde peau, cet élément sert d’empreinte. Ci-dessous d’autre essais de moulage en latex :

Expérimentation Latex avec choux.

Expérimentation Latex avec choux.

Expérimentation Latex avec champignon.

Expérimentation Latex avec feuille.


ExpĂŠrimentation Latex avec champignon.


EXPLORATION URBAINE

« À la recherche d’espaces vacants » Traque photographique en île-de-france

Ouverture sur le ciel, Parking désaffecté, Boulevard Ney - 18 ème

Piscine en friche, gare de Fontainebeau-Avon.

Velodrôme abandonné, périphérie de Blois.

Fosse du parc de Montsouris.

Fosse du parc de Montsouris.

Fosse du parc de Montsouris.


C O N C LU S I O N

Depuis la Renaissance les ruines posent une question de poétique. Mais encore faut-il que ces ruines en question aient une présence matérielle. En quelque lieu qu’elles soient situées, urbain, rural ou désertique, s’il ya des ruines, c’est qu’on les a laissées , voire parfois installées, là où elles sont. Cela même et à interroger : à quelle négligence, à quel oubli ou à quelles intentions répond l’existence de ces objets qui en appellent à la mémoire? Et quel rôle ont joué les artistes et les écrivains dans le sort qui leur est ainsi fait ? L’idée qu’on puisse ériger la ruine en monument, peut-être caractéristique de l’époque moderne, répond à des péoccupations implicites ou explicites, diverses, multiples et contradictoires. Quelle image une société entend-elle donner elle-même par l’ostentation, la destruction ou l’abandon des vestiges, qu’ils soient les siens ou ceux de sociétés perçues comme autres ? Quand un morceau de l’histoire disparait c’est un bout de l’humanité qui s’effondre. Au terme de ce tome 1 beaucoup de questionnement reste en suspens. Ma démarche ne cherche pas a en proposer les réponses mais tente tout du moins d’en poser les termes, ainsi supposer de ne pas se limiter, mais de croiser les approches et les démarches. Notamment à travers des principes philosophiques, d’oeuvres d’artistes, de photographes, de l’archéologie, ainsi, que la littérature. Cette démarche peut s’inscrire au travers de la pensée de Michel Foucault. Dans «Des Espaces Autres», le philosophe établit le concept d’hétérotopie, un espace concret abritant l’imaginaire. Dans lieux qui sont dessinés par l’instituion d’une société, mais qui définissent un contre-emplacement, un «lieu autre» permettant de superposer des temps d’histoire distinct.


Serre à l’abandon dans la périphérie de Londre.


BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux

Michel Foucault, «Des espaces autres», les dits et écrits, t. IV, 1980-1988, Bibliothéque Nationale de France, Paris.

Michel Foucault, «Le corps utopique, Les hétérotopies», éditions Lignes, 2009.

Marc Augé, «Non-lieux», éditions du Seuil, 1992.

Edward T. Hall, «La dimension cachée», éditions du Seuil, 1966, New York.

Enki Bilal/Pierre Christin, «La ville qui n’existait pas», éditions Les Humanoïdes associés, 1990. Thomas Hirschhorn, phrases entendues et notées par l’artiste, 19921993, «Une volonté de faire», Introduction par Sally Bonn, éditions Macula. Pierre Bergé / Olivier Assouly, «Le luxe, essais sur la fabrique de l’osentation», éditions Regard.

Fernando Pessoa, «Le livre de l’intranquilité», édition intégrale.

«Un bâtiment, combien de vies ? La transformation comme acte de création» , coédition par la cité de l’architecture et du patrimoine, Paris, SilvanaEditoriale.

Philippe Vasset, «Le livre blanc», édition Fayard.

Sous la direction de Chantal Liaroutzos, «Que faire avec les ruines? Poétique et politique des vestiges.», Collection Interférences.

Alfred Franklin, «Les ruines de Paris en 4908».

Filmographie

Hiroshima mon amour, de Alain Resnais et Marguerite Duras, 1959.

Lost River, de Ryan Gosling, 2014.

Stalker, de Tarkovski, 1979.

Entrevue

Thomas Jorion, octobre 2015.


Webographie La SNCF s’ouvre à la création artistique : http://www.naja21.com/fr/ espace-journal/la-sncf-souvre-a-la-creation-artistique/ Essor et déclin des espaces alternatifs : http://www.laviedesidees.fr/Essoret-declin-des-espaces.html

Espace Berlinois à l’abandon : http://www.abandonedberlin.com

Le château Rothschild, fantôme de Boulogne : http://www.sppef. fr/2014/12/04/le-chateau-rothschild-fantome-de-boulogne/ La Gare Lisch : http://www.europe1.fr/culture/la-gare-lisch-sera-t-ellesauvee-de-la-ruine-2241347


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