50. couleur & ville, tome 2 : la ville multicolore

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&

tome 2, la ville multicolore

... vu de l’atelier

COULEUR VILLE



l’inspiration La couleur est un voyage. Syracuse, Corfou, Tombouctou, Rio, Samarkand... sont autant de destinations évocatrices que de villes mythiques, porteuses d’un rêve en couleur. Dans l’esprit du voyageur, dans l’âme de ces voyages, proches ou lointains, imaginaires ou réels, quotidiens ou exotiques, la couleur est le souvenir prédominant, couleur d’un lieu, d’une ville, trace d’une origine, d’un matériau de construction, d’une pratique culturelle héritée du passé. Un territoire urbain est ainsi lié à jamais à une couleur qui en devient la plus belle et la plus emblématique des communications, un levier parfaitement maîtrisé et utilisé pour la promotion du lieu, de son attractivité et de son activité touristique. L’imagination vagabonde s’enflamme et part sur les traces vivantes de ces villes connues pour et identifiées par leur couleur emblématique, une couleur urbaine forgée au fil des siècles ou sous l’influence récente des hommes et de leur culture. De ces couleurs géographiques, de ces couleurs de matériaux ou de pratiques culturelles, de ces voyages et de ces traditions, anciennes ou modernes, les villes y ont gagné une signature en couleur…



la respiration Ce carnet de couleurs est un carnet de voyage, plein de notes et d’images, à la recherche des villes connues pour leur usage de la couleur, couleur dont elles se nourrissent et qui véhicule une grande partie de leur image de marque. Ces trésors, autant culturels, historiques que géographiques, ces lieux mythiques et ces destinations de rêve ont un rapport particulier avec la couleur, celle qui fait rêver, entre géographie et climat, distance et acclimatation, voyage intérieur et exotisme. À un tel point qu’une couleur finit par être associée à une ville, à un lieu... La mission ardue et passionnante du coloriste est de retrouver, faire revivre, ranimer des couleurs coupées de leur origine, arrachées à leur lieu. Leur expatriation les fait rentrer dans un discours partagé de la couleur, en tant que nouveau vocabulaire. L’objectif de ce carnet est que chaque page de ce cahier ramène un souvenir de voyage, chaque étalon de couleur dresse l’état des connaissances, comme un conservatoire salutaire et bienvenu de l’esprit coloré et magique d’un lieu unique.



LA VILLE EN

MULTICOLORE



AMÉRIQUE

DU NORD



San Francisco San Francisco est l’une des villes américaines où, malgré les tremblements de terre et l’incendie de 1906, l’on trouve le plus de maisons victoriennes ou édouardiennes, une architecture développée durant l’époque victorienne, de 1849 à 1915, aux EtatsUnis. Sur les 48.000 de la grande époque, il en reste 14.000 à San Francisco et elles ont acquis le statut d’icônes architecturales de la ville. Magnifiquement colorées, emblématiques de l’identité culturelle de la ville, elles arborent beaucoup de couleurs vives, croulent sous les ornements (principalement, le style Queen Anne), ont des formes hors du commun et de vastes espaces intérieurs. Les américains les aiment tellement qu’ils leur ont donné un nom : the painted ladies (les dames peintes), car elles sont peintes en plusieurs couleurs (en général 3 teintes maximum), afin d’en souligner les détails. Sur Alamo Square, la rangée de maisons victoriennes aux couleurs pimpantes, surnommées les sept sœurs, est très souvent utilisée pour la promotion touristique de la ville. Russian Hill, Castro, Haight Ashbury sont les autres quartiers riches en maisons victoriennes, avec une vue inégalée sur la baie de San Francisco et le Golden Bridge.



Miami Miami est le centre financier et culturel de la Floride, sur la côte atlantique des Etats-Unis. L’ouragan de 1926 ayant dévasté la pointe de Miami Beach, rasant littéralement les maisons de pacotille, il fallut reconstruire avec des matériaux bon marché, pour faire face au krach boursier de 1929. Le style Art Déco étant né à Paris, en 1925 avec l’Exposition internationale des arts décoratifs, Miami Beach en fait alors sa propre interprétation avec le style TropicalDeco.Lesbâtimentssontpeintsenblancparsouci d’économie et la couleur est réservée aux ornements. Au total, plus de 800 bâtisses et édifices sont construits entre 1926 et 1944 sur Ocean Drive où l’on trouve les plus beaux bâtiments Art Déco de Miami Beach. Des couleurs tendres et des lignes verticales, des motifs abstraits et des toits plats, le style Tropical Deco caractérise l’architecture des plus belles rues de “Sobe“ (South Beach) et reste le témoin du raffinement de ce quartier où se mêlent plusieurs styles d’Art Déco: le traditionnel, le plus ancien, le Streamline Moderne, plus futuriste, le Mediterranean jusqu’au Deco Dazzle des années 80, typique avec ses tons pastel et ses formes géométriques,. Le quartier Art Deco de Miami regroupe plus de 900 bâtiments d’origine, pour la plupart transformés en hôtels et restaurants, donnant un air rétro et charmant au quartier.



La Havane La Havane s’est figée dans le temps après la révolution cubaine des années 60 et son atmosphère trouble encore aujourd’hui les occidentaux qui débarquent. Les rues de la ville débordent de vie, la musique s’échappe des balcons, les vieilles voitures américaines sont garées à chaque coin de rue, les messages de propagande ornent les murs... Le charme de Cuba est intact et La Havane, une ville hors du temps, s’affirme paradoxalement par la couleur. Situés dans la province cubaine de Sancti Spíritus, les bâtiments de la ville de Trinidad, datant du XVIe siècle, reflètent l’environnement naturel : le vert de la canne à sucre, le bleu de l’océan et le jaune du soleil, parfois tous mélangés sur la façade du même bâtiment. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Trinidad a été construite grâce à l’argent provenant de la traite des esclaves. L’héritage de cette culture afro-cubaine est partout présent dans les rues colorées. C’est une explosion permanente et constamment renouvelée de couleurs qui masquent la difficulté de la vie quotidienne et la noie dans un tourbillon de fêtes et d’insouciance. Une belle leçon de vie…



Willemstad Willemstad est située sur la côte sud-ouest de l’île. La baie de Sint Anna coupe l’ancien centre-ville en deux moitiés, d’un côté, le district d’Otrabanda, de l’autre, celui de Punda. Toutes les maisons ont des façades colorées, mais c’est l’ensemble des maisons sur le côté de Punda qui est mondialement célèbre. Les couleurs éblouissantes qui ornent la capitale hollandaise de cette île des Caraïbes ont pour explication une source peu probable de… maux de tête. Selon la légende locale, dans les années 1800, le gouverneur général de la colonie hollandaise, Albert Kikkert, a décidé que la couleur blanche lui causait des maux de tête, migraines qu’il attribuait à la réflexion du soleilsurl’architectureblanchedelacapitale.Ilémitdoncun décret selon lequel les bâtiments de Willemstad devraient être peints autrement qu’en blanc. La conséquence en fut une multitude de belles teintes de couleurs pastel qui ornent encore les bâtiments historiques. Aujourd’hui, cette ville colorée est une cité coloniale néerlandaise parfaitement préservée, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Avec plus de 750 maisons et bâtiments aux couleurs pastel lumineuses à Curaçao, rien d’étonnant que l’Organisation cherche à encourager l’identification, la protection et la préservation d’un ensemble architectural unique du patrimoine mondial.



San Juan, Puerto Rico Le 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1992 a été l’occasion d’une rénovation majeure de l’architecture coloniale de Porto Rico. Le patrimoine architectural y est majoritairement espagnol, avec des rues pavées étroites et sinueuses, des bâtiments de couleurs pastel, des balcons ornés et de lourdesportesenboisouvrantsurdescoursintérieuresdans le style andalou du sud de l’Espagne. Les projets actuels de restauration se concentrent sur le vieux San Juan, où l’on estime à 400 les structures de valeur historique, y compris certainsdesplusbeauxexemplesdel’architecturecoloniale espagnole dans le Nouveau Monde. Le vieux San Juan a été le principal centre de commerce et de pouvoir militaire d’Espagne aux Antilles depuis près de quatre siècles. Le roi d’Espagne avait ordonné que la ville soit protégée par des murs de grès et une forteresse massive, puisque l’île était le premier port d’escale pour les galions entrant aux Antilles et ledernierportsûrpourlesnavires,chargésdetrésors,faisant route vers Cadix ou Séville. Ainsi, la plupart des anciennes structures ont-elles plutôt bien survécu depuis le XVIe siècle aux outrages du temps. Le vieux San Juan, circonscrit dans son fort, n’avait donc pas de possibilité d’expansion, garantissant en cela la protection et la conservation d’un habitat coloré authentiquement historique.


EUROPE




Nuuk Nuuk, la capitale du Groenland, est une fabuleuse ville colorée qui compte 17.000 habitants au bord du deuxième plus grand fjord du monde. Elle est belle, dynamique, passionnante, une ville dont il est facile de tomber vite amoureux, tant cette capitale arctique multicolore est en plein boom, véritable étendard de la culture des Inuits et symbole d’un Groenland en pleine métamorphose. Ici, sur la plus grande île du monde, presque entièrement couverte de neige et de glace, les villages sont comme des îlots isolés les uns des autres sur une mer de blanc. Nuuk est fascinante avec ses maisons multicolores, repérables facilement sous la neige. La ville se caractérise par les couleurs arc-en-ciel de toutes ses architectures. Elles sont rouges, jaunes ou bleues dans le quartier historique où un une règle de la couleur est en vigueur, et violettes, roses, pistaches ou n’importe quoi d’autre dans les nouveaux quartiers, là où les habitants ont le droit de s’exprimer et de s’en donner à cœur joie. Se promener dans Nuuk sous le soleil est complètement psychédélique. Nuuk est un coup de cœur absolu groenlandais.



Illulissat Illulissat, petit village danois de 5.000 habitants au Groenland, est connu pour son fjord et ses passages d’icebergs gigantesques. Le Groenland est une terre de contraste. Si le paysage hivernal peut afficher une monochromie intraitable, les habitations colorent ponctuellement le littoral, tels des petits confettis urbains. Cette coloration remarquable n’a pas toujours existé, car avant la colonisation danoise, les maisons étaient faites de terre, de toile ou de neige. Ces maisons préfabriquées et standardisées sont importées de Scandinavie mais bénéficient d’une variété de coloris, pour une raison simple: à l’origine, la couleur des maisons indiquait la profession de l’occupant. Même si cette disposition est bien pratique pour distinguer les bâtiments au premier coup d’œil, les déménagements successifs ont rendu ces indications caduques, en particulier dans les grandes villes. Traditionnellement, les maisons jaunes étaient celles des professions de santé, les rouges, celles des instituteurs ou des commerçants, les vertes, celles des métiers de la communication, les bleus, celles des métiers de l’énergie, de la pêche ou de la chasse. Les noires sont traditionnellement celles des policiers et des juges, des fonctionnaires du droit et de l’ordre public.



Bosa Lors d’un voyage dans la province d’Oristano en Sardaigne, Bosa est une étape à ne pas manquer. Prendre la direction de Bosa surnommée “le trésor des pastel“, c’est s’aventurer sur les routes ondulées à travers les collines douces du cœur de l’ile, avec une vue magnifique sur la mer. Nichée dans la montagne, Bosa, élégante et colorée, accueille joyeusement les visiteurs, car la couleur de ses maisons est son principal atout, outre qu’il est sans aucun doute l’un des plus beaux bourgs sardes. Vues de loin, les maisons aux mille nuances s’imbriquent les unes aux autres. Le robuste château s’impose fièrement. La vieille ville, appelée aussi Sa Costa, est blottie à ses pieds, et c’est elle qui captive le plus. Se perdre dans les étroites ruelles pavées et les tortueux escaliers est un exercice plein de charme. Les maisons de pierre se sont magnifiquement parées de couleurs chatoyantes et parfois de vieux balcons en fer forgé. La petite commune s’anime de visiteurs, enchantés d’apprécier sa beauté et le charme de balades nonchalantes et romantiques. Malgré sa popularité, Bosa est restée loin de la modernité qui défigure parfois. Et elle a su conserver son ambiance de vieux village, calme et authentique, ses couleurs locales de terres et d’ocres.



Santa Maria, Açores L’île de Santa Maria fait partie du groupe oriental de l’archipel des Açores. La couleur verte des champs, les cultures traditionnelles, les cheminées des maisons blanchies à la chaux, la terre ocre foncé, les plages dorées et leurs eaux bleu turquoise, le climat chaud et sec qui favorise la sécheresse de la végétation d’un ton jaunâtre, tout concourt à ce que Santa Maria porte le nom d’île du soleil ou d’île jaune. Les jeux chromatiques sont extrêmement présents sur les maisons traditionnelles de Santa Maria, la plupart s’inspirant de l’architecture traditionnelle de l’Alentejo et d’Algarve d’où provenaient les premiers habitants de l’île en 1439. Ces maisons se caractérisent par leur forme rectangulaire, leur toit à 4 pentes et à tuiles rondes, un four arrondi d’où pointe une cheminée cylindrique reposant sur une pyramide tronquée. Sur l’île, la couleur sert de repérage et de signe d’appartenance à tel ou tel canton, appelé ici paroisse civile. Chacune des cinq paroisses civiles de l’île a adopté une couleur contrastant avec la blancheur chaulée de la maçonnerie. Cette couleur souligne le soubassement et les angles des architectures et signe une appartenance: bleu, indigo, jaune, rouge cuit et vert foncé.



Longyearbyen Longyearbyen est une petite ville minière charbonnière située sur l’île de Spitzberg, dans l’archipel norvégien du Svalbard. Située tout près du pôle Nord, elle est aussi la capitale administrative la plus nordique de la planète. Ville noire de tradition minière, cette ville arctique de la Norvège septentrionale, connue pour la vue exceptionnelle qu’elle offre sur les aurores boréales, a décidé d’utiliser la couleur au-delà de cette stupéfiante curiosité naturelle. Les aurores boréales créent un trafic de touristes curieux du phénomène, et tous ont la possibilité de loger dans de nouvelles installations hôtelières dont la couleur renforce l’attractivité de la ville. Appréciée des globe-trotters pour ses paysages uniques, la ville présente une caractéristique pour le moins singulière : depuis 1950, il est interdit d’y mourir. Une mesure qui pourrait sembler totalement absurde, mais s’explique par les températures polaires qui traversent la ville, le froid permanent empêchant en effet les corps de se décomposer! Pour les vivants, la ville est donc travaillée en couleur, pour regonfler le moral des habitants, un travail de couleur à la réussite esthétique certaine.



Procida Dans la baie de Naples, outre les bien connues Capri et Ischia, il y a encore bien cachée, Procida, la plus petite et la plus protégée des iles italiennes. Elle est censée aussi être la plus authentique, la plus attachée aux traditions locales et la moins touchée par le tourisme de masse. Sur le port de Marina Corricella et ses couleurs émouvantes, il est difficile de ne pas avoir de coup de cœur pour les petites chapelles, églises, maisons aux teintes pastel représentant l’architecture traditionnelle de l’île. Les volumes sont généralement de gros cubes recouverts de chaux colorés, destinés à l’origine à entreposer les bateaux en hiver. Aujourd’hui les hangars à bateaux sont devenus des habitations aux couleurs légères, magnifiées par le soleil qui éclaire et anime leur façade. Le charme opère vite sur cette île ensorcelante aux couleurs roses, rouges, jaunes…, des couleurs de bonbons typiques de la douceur de vie à l’italienne. Les couleurs de la vieille ville historique, le vieux centre de Terra Murata, les couleurs de la charmante Procida sont un condensé de dolce vita, une expression de l’art de vie à l’italienne, raison majeure d’une invitation sensuelle au voyage.



Cinq Terre Le domaine des Cinque Terre, aujourd’hui reconnu pour son caractère extraordinaire, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les Cinque Terre se composent de 5 villages pluricentenaires, situés sur le littoral accidenté de la Riviera italienne, au sud de Gênes. Les maisons y sont vivement colorées et les vignobles s’accrochent à des terrasses escarpées. Les ports minuscules accueillent de nombreux bateaux de pêche dont les couleurs joyeuses ont largement débordé sur les façades des architectures. Les maisons sont donc largement colorées, offrant des palettes de couleurs harmonieuses, changeantes selon l’orientation des villages et l’heure du jour : plus froides dans l’ombre d’un contre-jour, plus chaudes au coucher du soleil, plus claires sous le soleil de midi. Le vert foncé prédomine nettement dans les couleurs des volets. Les versants de la montagne sont si abrupts que les maisons semblent être empilées les unes au-dessus des autres, constituant des décors presque irréels. Le sentier de randonnée à flanc de falaise du sentiero azzurro relie les villages entre eux et offre une vue panoramique sur la mer.



Tenby Depuis le début du XIXe siècle, Tenby a été une destination de vacances à la mode pour les Gallois et les Anglais. Aujourd’hui, Tenby est l’une des plus charmantes villes balnéaires du Pays de Galles et permet de d’aller explorer tout le Sud du comté de Pembrokeshire. Petite par la taille (4.500 habitants), la ville médiévale, accrochée sur son promontoire rocheux, est cependant grande par son charme et son attractivité. Les maisons y sont en effet colorées pour susciter intérêt et curiosité et accroître une fréquentation touristique bienvenue. La station balnéaire et son port y ont acquis une dimension pittoresque, au point que Tenby est considéré depuis peu comme une «Petite Angleterre au-delà du Pays de Galles» et que la ville reste le coin le plutôt anglicisé du Pays de Galles. La coloration de la ville médiévale et ses attractions pour les vacanciers sont de plus en plus attirantes aujourd’hui, avec les plages fantastiques que la ville propose et la mise en valeur d’une certaine qualité de vie. Ses cafés, ses restaurants, ses ruelles pavées et ses façades colorées sont une valeur ajoutée à ce tourisme anglo-saxon local.



Cork Fièrement nichée sur une île au milieu du fleuve Lee, Cork est une collection animée de cafés branchés, de galeries d’art pleines de vie, de musées insolites et d’excellent pubs. L’ambiance de la ville se rapproche de celle d’un village ; la vie y est décontractée et un sentiment d’insouciance y flotte. Agréablement compacte, accueillante et pleine d’humour, Cork fait les choses à sa façon, des festivals de jazz aux bières artisanales, dans ses rues étroites et si typiques de l’Irlande, tout en admirant les façades arborant de nombreuses couleurs différentes. Cork, c’est un concentré de l’Irlande et de son charme, avec ses maisons colorées, ses rues pavées et pentues, ses vieux bâtiments aux façades souvent peintes de couleurs vives. Du bleu, du rouge, du vert, de l’orange pour une ambiance sans pareil, faite de joie de vivre et de convivialité. Cork serait-il le meilleur endroit au monde ? C’est en tout cas ce que pensent ses habitants qui l’ont élu ville la plus cool de la planète. Il est en effet aisé de s’apercevoir rapidement que cette rafraîchissante ville cosmopolite du sud-ouest de l’Irlande inspire une dévotion inégalable de la part de ses habitants.



Sighiosoara Ville attachante et étonnante, Sighişoara est la cité féodale la mieux conservée de Transylvanie. Au cœur de la Roumanie, la ville médiévale a pour fondation un ancien castrum romain, colonisé au XIIIe siècle par les Saxons. Son cœur historique arbore toute la palette des tons pastel qui colorent les façades anciennes dans un chatoiement coloré charmant et harmonieux. Au détour d’une rue étroite et sinueuse, il est possible de découvrir les teintes joyeuses de la tour de l’horloge, de l’église, du monastère ou de la maison natale et légendaire de Vlad Dracul, le père de Vlad Tepeş, dit Vlad l’Empaleur. Celui-ci qui inspira le célèbre personnage de Dracula à Bram Stoker. La citadelle de Sighişoara et ses magnifiques ruelles colorées ont été classées au Patrimoine mondial de l’Unesco, un festival de couleurs à découvrir et que l’on vante dans toute la Roumanie et bien au-delà. Le tourisme y trouve un but de promenade et un sujet de curiosités pour tous ceux qui aiment l’architecture ancienne urbaine vivifiée et redynamisée par la couleur.



Tirana Tirana, capitale de l’Albanie, garde les traces encombrantes de son passé communiste, tandis que son architecture garde celle des très nombreux buildings gris, tristes et cubiques de l’ère soviétique. Un vaste de plan de modernisation initié par Edi Rama, alors Maire de Tirana et devenu aujourd’hui Premier Ministre, a permis une intense opération de rénovation urbaine menée en 2000, afin de redonner des couleurs et de la gaieté à la ville. Tirana est aujourd’hui connue pour son architecture colorée, mêlant les époques ottomane, fasciste et soviétique. La place Skanderbeg, centre névralgique de la ville qui doit son nom à la statue équestre d’un héros du pays, est entourée de bâtiments aux couleurs pastel. Partout ailleurs, de très nombreux bâtiments dispersés dans la capitale albanaise ont été repeints dans ce que l’on appelle à Tirana “les couleurs d’Edi Rama“ (rose étincelant, jaune solaire, vert éméraude et violet mauve). Moralité de cette idée très lucrative en termes d’attractivité touristique : Tirana fait désormais partie des sélections de destinations estivales favorites depuis 2015. Il n’y a pas de coïncidence !



Wroclaw Si Cracovie et Varsovie sont bien les plus grandes villes touristiques de Pologne, Wrocław vaut également le détour. Son charme unique, son architecture magnifique et ses couleurs vives en font l’une des plus belles villes polonaises, rappelant son origine gothique, au carrefour de l’ancienne “route de l’ambre“ et véritable creuset d’influences slaves et latines. Médiéval, le “Rynek“ ou place du Marché est le cœur névralgique de Wroclaw, l’une des plus grandes places de Pologne et sans doute l’une des plus pittoresques et plus belles d’Europe. Elle a été presque entièrement reconstruite après 1945, mais a su garder sa beauté : la place est bordée de maisons de ville et de restaurants colorés. La vieille ville est un labyrinthe sinueux de ruelles pavées, de clochers d’église et de maisons aux couleurs vives. C’est le quartier où se trouve la plupart des monuments historiques de la ville, là où mènent tous les chemins, toutes les promenades. Des demeures aux frontons décorés et colorés, de style médiéval ou Renaissance, enserrent magnifiquement la place de l’Hôtel de Ville. Le bâtiment lui-même, le “Ratusz“, splendide exemple d’architecture gothique bourgeoise et de style Renaissance, en est le bijou architectural, revalorisé encore par sa coloration affirmée.



Balat, Istanbul Balat, le vieux quartier Juif d’Istanbul est un véritable kaléidoscope de couleurs. Établi et blotti sur les rives européennes de la Corne d’Or, les juifs s’y installèrent après avoir été chassés d’Espagne au XVe siècle. Le lieu attira une grande variété de résidents depuis toute l’Europe et pendant des siècles, si bien que le quartier est aujourd’hui devenu l’un des plus vastes et des plus agréables d’Istanbul. Une histoire aussi riche s’accompagne d’une large variété de couleurs, et les maisons rouges, bleues et vertes de l’ère ottomane ont récemment été rénovées, afin de leur redonner tout leur prestige d’antan. Suite à cela, Balat est devenu l’un des endroits les plus prisés, avec ses nombreux cafés chics, ses boutiques et ses galeries d’art dispersés à chaque coin de rue. Les maisons de bois repeintes, les ruelles abruptes, pentues et étroites portent l’âme d’Istanbul dans son expression la plus sincère, la plus simple et la plus authentique. Le coup de foudre absolu pour ce quartier en pleine renaissance est magnifié par la couleur qui porte et anime cette résurrection sociale réussie et si pleine de charme. .



Gamla Stan, Stockholm Gamla Stan qui signifie vieille ville en suédois et le cœur historique de Stockholm, l’autre Venise du nord. A l’instar de ces villes nordiques, toutes les maisons médiévales et celles des XVII et XVIIIe siècles arborent des palettes très fortement ocrées que l’on ne leur imaginait pas. En fait, que ce soit Stockholm, Copenhague ou Oslo, ces capitales nordiques n’ont rien à envier à l’Italie et les atmosphères urbaines y sont tout autant colorées et riches. Les maisons anciennes aux façades ocrées ont un charme fou, d’autant qu’elles bénéficient d’un éclairement solaire et d’une lumière jaune tout à fait particulière. La particularité de ce charme scandinave est l’association des habituels tons ocrés (jaune d’or, orange, rose, rouge) mais avec la ponctuation locale des noirs et des gris en soubassements, portes et fenêtres. L’ensemble apporte une force et une dimension très graphique à un patrimoine architectural de grande qualité, magnifiquement soigné et entretenu. La mise en valeur de ces bâtiments a un impact touristique indéniable sur les quartiers historiques devenus ceux de la fête, de la convivialité et du partage, abritant cafés, restaurants, placettes accueillantes….


ASIE

DU SUD-EST




Singapour, Koon Seng Road En bord de mer, Katong est, jusqu’au tournant du XXe siècle, l’ancien quartier résidentiel malais de Singapour. Il abrite aujourd’hui la classe moyenne Peranakan, descendants de mariages mixtes entre Indiens, Chinois, Malaisiens et Indonésiens. On y retrouve l’atmosphère si charmante et si typique d’une ville traditionnelle, petites maisons, petites ruelles sinueuses, l’endroit idéal pour baguenauder, prendre un café, s’asseoir en terrasse, déjeuner. Dans cette ambiance de maisons de poupées, les 518 shophouses ont leur mot à dire : ce sont les maisons traditionnelles mitoyennes, de style colonial Art Déco tardif. Le rez-de chaussée était destiné à un usage commercial, alors qu’on vivait dans les étages supérieurs. Elles comportent toujours des passages couverts sur le devant pour se protéger du soleil ou de la pluie. Il y en a à plusieurs endroits dans Singapour, plus ou moins bien conservées, mais la rue Koon Seng est l’un des endroits les plus charmants pour observer ces jolies maisons en bois peintes de couleurs pastel et rehaussées de céramique. La polychromie est partout, chaque détail est souligné par la couleur, les maisons rivalisent de couleurs et d’inventivité et le soin apporté aux façades est vraiment un plaisir à voir. Cette découverte est devenue l’argument d’une visite touristique incontounable...



Gamcheon, Corée du Sud Gamcheon est un bidonville de Corée du Sud, apparu spontanément dans une banlieue pauvre, pour abriter les réfugiés après la seconde guerre de Corée, dans les années 50. Riche en histoire nationale, le quartier à l’abandon est devenu une destination touristique après une intervention artistique en 2009, au moment où les étudiants d’art ont décidé d’égayer le quartier, en apportant des touches de couleurs sur les escaliers de la ville, les ruelles, les façades des maisons et les places. Point de départ favorable : l’étagement de ce quartier sur une colline pentue et la qualité fantastique des toitures coréenne d’un bleu profond. Aujourd’hui, Gamcheon, surnommé le Santorin du Moyen-Orient, est un centre culturel extrêmement actif, une communauté colorée et originale de maisons, de cafés, de restaurants et de galeries qu’on dirait construite en briques de Lego, idéale comme but de balade, riche en points de vue pittoresques idéaux pour des photos comme l’époque les aime : spectaculaires, colorées, arty. Le charme est partout dans le village, centre d’une nouvelle créativité un rien décalquée. La couleur est à nouveau l’artifice de la revitalisation d’un quartier à la recherche d’un nouveau souffle.



AMÉRIQUE DU SUD



Valparaiso L’affluence d’immigrants européens au cours du XIXe siècle a marqué l’architecture et les institutions culturelles de Valparaiso, ville portuaire située sur la côte chilienne. Valpo est connue pour ses funiculaires à fort dénivelé et ses maisons colorées qui se dressent au sommet des falaises. Accrochées dans les collines, de petites maisons faites de tôle ondulée trouvée abandonnée sur le port et d’adobe, cette brique de terre crue, sont colorées des restes de peintures à bateaux. Après la couleur suit le graphisme. Valparaiso est la deuxième ville au monde la plus riche de Street art, après Sao Paulo. Cette spécificité a valu à Valparaiso la reconnaissance de patrimoine mondial de l’UNESCO. De grands artistes ont égayé la ville avec leur talent, et bon nombre de propriétaires acceptent que leur façade soit taguée car cela leur assure gratuitement un mur net et repeint. En revanche, le moindre espace blanc est mis à profit pour faire des tags rapides et sans grand intérêt. Le tout donne une des villes les plus colorées et les décorées qui soit, dans un joyeux capharnaüm créatif qui en font une ville alternative, bohême, haute en couleurs et séduisante, un rien décalquée.



Pelourinho de Bahia Pelourinho est un quartier de Salvador de Bahia dont le nom vient du mot portugais “pilori“, retraçant une partie de son histoire terrible. Bahia a été la première capitale du Brésil, de 1549 à 1763 et Pelourinho abritait le premier marché des esclaves du continent. Lorsque l’esclavage a été interdit en 1835, la ville a été désertée puis a commencé à se dégrader, en concentrant pauvreté et prostitution, tout en poursuivant et abritant une expérience humaine fascinante de métissage entre les cultures amérindienne, européenne et africaine. En 1985, Pelourinho est classé site du patrimoine mondial de l’UNESCO et le quartier commence sa lente reconstruction. Aujourd’hui, la culture du Pelourinho est aussi vivante, intense, envoûtante que ses façades et ses maisons colorées. Les touristes du Brésil et du monde entier affluent vers le centre historique pour manger, danser et visiter la ville, notamment le Museu afro-brasileiro. Il y a une tonalité tout à fait particulière à Pelourinho qui rappelle le Portugal, grâce à un ensemble architectural de très grande qualité, de jolis bâtiments restaurés, une revitalisation et une sécurisation du centre historique à destination des touristes.



La Boca, Buenos Aires Dans les années 1830, les immigrants du monde entier, et notamment de Gênes, d’Espagne et d’Europe centrale furent attirés par les possibilités d’emplois dans les entrepôts et les chantiers navals qui entouraient les docks du port de Buenos Aires. L’Argentine était un nouvel Eldorado, propice à une nouvelle vie. Proche du quartier populaire de San Telmo, La Boca s’étendit et devint une banlieue pauvre, bâtie de maisons construites en ferrailles de récupération, assemblées avec une touche typiquement européenne. Ces façades de maisons désormais légendaires ont été relancées par l’artiste Quinquela Martín dans les années 1950, qui a encouragé les résidents à redécorer leurs maisons et à restaurer l’histoire colorée de ce quartier. Depuis lors, grâce à la revitalisation par la couleur, La Boca s’est transformée en un quartier bohême, animé et habité par des artistes, où le théâtre en plein air et les danseurs de tango font partie des curiosités régulières dans ses rues. Pleine de charme, La Boca, Buenos Aires a acquis le statut de quartier incontournable lors de toute visite de la capitale.



Santa Marta, Rio de Janeiro Parmi les 800 recensées à Rio de Janeiro, Santa Marta, petite favela au sud de la ville, vit une très réussie dynamisation touristique grâce à la couleur. Les favelas constituent aujourd’hui des objets de curiosité pour les touristes, nombreux à arpenter la “cidade maravilhosa“. Au-delà des représentations négatives des favelas véhiculées par les médias, les touristes cherchent à découvrir ces lieux emblématiques de la ville de Rio de Janeiro qui demeurent difficiles d’accès et mal connus. Santa Marta est un ensemble d’habitations informelles qui constitue un véritable musée à ciel ouvert pour les touristes. Le duo d’artistes Haas&Hahn a tenté de transformer la colline avec un projet solidaire, le Favela Painting. Aidés seulement de subventions de l’Etat, de quelques litres de peintures et des compétences locales, ils ont su redonner un second souffle à ce quartier délabré, en colorant absolument tout, du simple petit mur jusqu’aux rues toutes entières. Santa Marta arbore désormais des couleurs étincelantes, boostant ainsi la fierté et l’esprit communautaire, redonnant aux ghettos de Rio de Janeiro, après 10 ans de coloration, une meilleure réputation et attractivité.



Guatape Guatape offre aux visiteurs une explosion de couleurs dans ses rues, puisqu’il s’agit du village le plus coloré de Colombie. Ici, les rues sont plus belles les unes que les autres, et l’impression de traverser un décor de cinéma ou de dessin animé saute rapidement aux yeux. Dans les années 80, cette petite ville a été délaissée par ses habitants ; car le gouvernement l’avait condamnée à inonder une partie du village, pour y construire un barrage hydroélectrique. Les habitants décidèrent alors de remettre le village en état et de paver les rues. Tout le monde y apporta sa contribution et la coloration des architectures y est vécue depuis comme une résistance à la mort programmée du village, comme un acte de survie et la volonté manifestée de vivre au pays. La couleur devient un acte citoyen pour protéger la ville, l’animer et la faire vivre et revivre. Cette volonté populaire s’exprime librement partout, tout est coloré, les marches, les murs, les véhicules, les lampadaires, les façades, les bancs… L’impression générale de la vie y est d’une grande gaieté, une vraie qualité de ville joyeuse, bordélique, festive et unique. Le miracle de la couleur au quotidien…



Pachuca Berceau du football mexicain, situé à cent kilomètres au nord de Mexico, Pachuca n’était pas jusqu’à présent une destination touristique. En cause, des tensions entre les différentes communautés. Tout a changé depuis que le collectif mexicain d’artistes de rues “Germen Crew“ a lancé le pari de repeindre le quartier de Palmitas, à flanc de colline de Pachuca. Le quartier est devenu haut en couleurs, les façades des maisons arborant désormais les couleurs de l’arc-en-ciel. Au total, 20.000 m2 de murs et de ruelles ont été recouverts de bombes de peinture criarde, soit 209 maisons, avec l’aide des habitants du quartier. La réalisation de la fresque géante a nécessité cinq mois et demi de travail, en fournissant un travail rémunéré aux habitants pendant la durée du programme.. Soutenu par le gouvernement mexicain, le projet a atteint tous ses objectifs : enjolivement de la ville, rassemblement des communautés, réduction des violences. Aucun acte de criminalité n’a été signalé depuis le début du chantier. Fort de ce résultat, le collectif “Germen Crew“ a confié vouloir “utiliser la culture pour influer sur le tissu social et consolider le rapport à l’identité“..



AFRIQUE DU SUD



Bo-Kaap Bo-Kaap est un quartier de la ville du Cap en Afrique du Sud, situé dans le City Bowl, en plein centre de la ville. Son nom signifie “Au-dessus du Cap“ en afrikkans et se réfère à la situation du quartier, sur les flancs de la montagne “Signal Hills“. Bo-Kaap abrite une forte concentration de Cape Muslims (les Musulmans du Cap), descendants des populations originaires d’Inde, de l’actuelle Malaisie et d’Indonésie, déportées par la Compagnie des Indes Orientales, afin de servir de main-d’œuvre dans la colonie hollandaise, à partir du XVIIIème siècle. Aujourd’hui, Bo-Kaap est l’un des quartiers les plus pittoresques de la ville du Cap avec ses ruelles pavées, ses maisons colorées et ses mosquées dont l’architecture rappelle celle de l’Asie du sud-est. Depuis le retour à la démocratie dans le pays, les maisons y sont peintes de couleurs vives. Le recours à la couleur dans ce qu’elle a de plus libre et de plus joyeux est un symbole, car à l’époque de l’esclavage, les populations avaient interdiction de porter des vêtements de couleur et étaient toujours habillées de blanc. Les habitants sont les principaux animateurs du Carnaval du Cap le 2 janvier de chaque année, manifestant à nouveau en cela leur amour de la couleur et de la liberté.



Transvaal Plus qu’une ville, c’est tout le Transvaal en Afrique du Sud, une région incarnée par un peuple, les Ndebele, qui porte magnifiquement un travail de couleur de son architecture jusqu’à une forme d’art. En quelques années seulement, en pleine période de boycott culturel international contre l’apartheid, les Ndebele sont parvenus à faire reconnaître leur culture, grâce à leurs techniques de peinture murale et à leur production d’ouvrages perlés. La géométrisation des motifs et les contrastes de couleurs en aplats ont séduit les chercheurs blancs sud-africains, les média et les touristes étrangers. L’émergence de cette “esthétique traditionnelle récente“ s’inscrit dans une stratégie de reconnaissance identitaire du peuple ndebele. Désormais reconnue au niveau international, cette revendication culturelle veut que chaque maison ndebele soit décorée de motifs géométriques aux couleurs vives. Dans une société jusqu’à présent polygame, l’apprêt et la peinture des façades en torchis des maisons ndébélé sont de la seule responsabilité des épouses. Depuis la fin de l’apartheid se pose la question du devenir de ce style et de cette pratique qui a parfaitement fonctionné pour la reconnaissance de ce peuple et de sa culture.



couleur + les couleurs de quelque part Il était un temps où l’on mourrait là où l’on naissait. Cela suffisait à son propre bonheur. Aller à la ville était en soi tout un voyage, une expédition rarement effectuée. Ce sédentarisme a pendant des siècles conservé aux lieux leur identité propre, leur homogénéité, leur cohérence. Renfermés sur eux-mêmes, les patrimoines, les terroirs se sont construits au gré de la géologie, des ressources locales des matériaux de la construction, de savoir-faire protégés, de traditions transmises, d’héritages culturels légués de génération en génération. Les goûts étaient locaux, conservés à l’abri des rares influences extérieures, tels des conservatoires de traditions populaires extrêmement localisées, à l’instar des patois, des costumes régionaux, des dialectes, des recettes locales, des régionalismes. De ce statu quo, la France a sans doute hérité d’une munificente richesse de terroirs, de guerres de clochers et de particularismes territoriaux… Nulle part ailleurs, le principe de couleurs locales n’a su se manifester avec une telle richesse et une telle diversité. Les couleurs venaient de quelque part.



couleur les couleurs de partout Puis, comme pour Ulysse, le bonheur fut dans les beaux voyages. La facilité des transports, la culture mondialisée, le goût des expéditions et de l’exotisme, l’attrait de la nouveauté et de la surprise, la diffusion, pour ne pas dire la dilution des informations ont mélangé les territoires, fondu les influences dans une interpénétration générale. Ce vaste mouvement de fusion mondialisée, ce nomadisme gigantesque, s’ils ont eu le grand avantage d’ouvrir les esprits, de favoriser la curiosité sur les autres, de brasser les cultures et les influences, ont aussi eu le revers de fondre dans un creuset universel toutes les spécificités locales, de gommer toutes les aspérités, de policer toutes les différences. Le monde est désormais en voie d’uniformisation, les influences se mélangeant et se partageant internationalement. Ce que Vasarely appelait l’esperanto visuel de l’humanité est arrivé au pouvoir, comme un patrimoine universel et un partage culturel généralisé. Dans cette harmonisation généralisatrice et banalisante, le rouge d’Artois a-t-il encore un sens et un avenir, face au rouge de Chine, du Brésil ou du Japon ?


sensiblement différent

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Atelier 3D couleur


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